30 juin 2009

Oppressif

J’ignore totalement ce qui m’a incité à songer au texte qui va suivre… Je ne suis ni déprimé, ni vraiment obsédé par quelques réflexions philosophiques sur la liberté d’action et de penser, et pourtant, voilà que j’éprouve l’envie de rédiger un pseudo discours d’un dictateur, le genre de propos que l’on pourrait fort bien entendre à une tribune si ne nous y prêtons pas attention dès maintenant. En effet, depuis l’élection de notre président (et je tiens à rappeler mes articles alertant l’opinion sur les potentielles dérives de ses méthodes), les gens braillent à tort à et à travers sur « une France en dictature », ou encore « Le Roi Sarkozy ». Dans ces conditions… lisez ce discours, et comparez le : vous y retrouverez peut-être des tics de nombre de despotes, et paradoxalement bien peu de liens avec les gouvernants en place en France. J’exprimerai par ailleurs mes opinions sur la situation des libertés individuelles ici bas dans un prochain article.

« Mesdames, messieurs, notre président ! »

« Mes chers concitoyens,

C’est un avec un plaisir non dissimulé, que je prends la parole pour vous annoncer, que je suis très satisfait de la situation actuelle dans notre nation. Depuis ma prise de pouvoir il y a une décennie, jamais la situation économique et sociale ne fut aussi florissante. Aux dires des experts, nous sommes entrés dans une phase de croissance sans précédent dans l’histoire moderne. Ainsi, grâce à votre plébiscite dans les urnes, puis votre détermination à mettre en œuvre notre révolution sociale, nous avons pu redresser le pays pour en obtenir le meilleur. Mes amis, je vous dis donc à tous merci.

Pendant mes années sombres où je devais taire mes idées, j’ai pu observer les microcosmes moraux, les déviances de la pauvreté, ainsi que la désagrégation des cellules familiales à cause du manque d’instruction de notre population. Drogue, alcool, luxure, tout était bon pour assouvir des besoins d’exutoires ainsi qu’une vengeance contre le système broyant les individus au profit d’oligarques sans scrupules. Quand, enfin nous marchâmes sur le parlement, quand nous fûmes élus à de nombreux postes, votre décision par les urnes put se convertir en action sur le terrain. L’unité nationale mes amis, l’unité des esprits dans un seul but : la richesse et la gloire de notre nation !

Les premières périodes où nos élus apparurent dans le paysage politique furent très difficiles : censure, rejet de l’ancienne génération et même sabotage dans les mairies et préfectures… mais tous, nous conservâmes l’esprit conquérant, celui qui qualifie le mieux l’inébranlable volonté de changement de notre parti, votre parti à tous. Ce fut rude, douloureux, et parfois violent, mais sans effort, sans le prix du sang versé par nos héros, nous n’aurions pas pu parvenir au résultat qui est le vôtre aujourd’hui ! Admirez donc nos villes, regardez nos industries qui exportent à ne plus savoir qu’en faire. Nous sommes compétitifs, efficaces, et nos voisins envieux nous craignent autant qu’ils nous respectent. Grâce à chaque voix collectée, ce sont non des hommes qui furent mis en place mais des idées : rénovation de l’éducation, rééducation des populations indigènes, restauration des pouvoirs policiers, disparition quasi-totale de la délinquance, et enfin le renouveau d’un vrai respect pour le drapeau.

Toutes ces réformes ne furent pas sans heurts : les contre révolutionnaires, anarchistes à la solde des oligarques déchus, tentèrent plus d’une fois de nous renverser. La presse tenta bien de nous souiller de leur bile, on tenta même de m’associer à des perversions innommables aujourd’hui passibles de la peine de mort, mais rien n’y fit : vous avez continué à me soutenir pour que de mes mains je puisse serrer le cou à l’hydre contestataire. Battez vous, luttez contre la réaction, montrez leur que l’unité nationale n’est pas qu’une devise, c’est aussi un acte de foi, un acte de civisme pardessus tout. Je ne saurai accepter que l’on plonge un pays dans le marasme et même le néant sous des prétextes prétentieux comme l’individualisme et le profit personnel. Tous, mes amis, connaissez précisément mon train de vie, mes revenus, ainsi que mes dépenses. C’est sur vous que repose mon pouvoir, c’est sur votre détermination à me suivre que s’appuie ma force. Ma main, c’est en quelque sorte vos millions de poings serrés, ce poing qui saura imposer sa volonté au monde. Ayons le courage de nos opinions et de nos actes, agissons ! Action !

Enfin mes amis, ne faiblissons pas, nous n’avons parcouru que la moitié du chemin. Dix ans, un anniversaire, mais dix de plus seront nécessaires pour que nous devenions le plus grand pays du monde, la nation à laquelle toutes les autres souhaiteront ressembler.

Merci à tous ! Vive la France ! »

Terrifiant… n’est-ce pas…

29 juin 2009

Sinistres voyeurs

J’espérais pouvoir rester silencieux concernant Michael Jackson, mais l’actualité m’impose de rebondir non sur son cadavre, mais sur l’attitude inhumaine et scandaleuse des médias. Que ce soit la presse écrite, la télévision, et surtout Internet, tous se sont lancés dans une campagne visant à décortiquer la vie et la mort du chanteur. D’une attitude visant à relater honnêtement l’existence d’une icône de la musique, nous sommes parvenus au démantèlement systématique du personnage. Tout y passe : ses passions, ses vices supposés, ses problèmes de santé, et enfin ce qui a causé sa mort. Est-ce vraiment intéressant (ou utile) de ressasser son passé judiciaire trouble ? A-t-on besoin de rappeler les troubles psychologiques de la star défunte ?

D’histoire, la vie devient source de voyeurisme : il faut voir, vraiment tout voir, même l’inadmissible et le scandaleux. L’information s’est muée en chair à vautours, et les busards tournent en permanence au-dessus de la carcasse décharnée du « noir devenu blanc ». Vous n’avez pas honte ? Encore une génération de grattes papier voués corps et âme à tout sauf à l’étique de la presse. Ca me rend malade rien qu’à l’idée de travailler de la sorte. Vous vous voyez, vous, fouiller les poubelles de quelqu’un pour ensuite annoncer sur la place publique que « la star bidule se drogue !! » parce que vous y avez trouvé une boîte d’aspirine vide ? Journaleux de merde, foutez la paix à la famille, elle en a suffisamment vu pour mériter un peu de repos non ?

Michael Jackson fut l’archétype de ce que la médiatisation a de pire. Enfant star, génie précoce, il fut littéralement exhibé comme un singe savant, et non présenté comme quelqu’un de talentueux. Adolescence perdue dans le show business, adulte irresponsable, immensément riche mais totalement perdu dans un monde de requins, Jackson n’aura jamais cessé d’être épié, malmené par les ragots et les affaires (supposées, puisque aucune condamnation n’a été prononcée !), pour finalement s’effondrer, à cinquante ans. Comment est-il mort ? En toute franchise… JE M’EN FOUS ! Qu’il soit mort d’overdose, suite à un suicide, d’un cancer, d’un mélanome ou de quoi que ce soit d’autre, ça ne me concerne pas, ce qui me concerne directement c’est encore une fois l’obsession des médias à fouiner afin de pouvoir dire « M.Jackson est mort à cause de … »

A tous, vendeurs de papier même pas toilette (car c’est trop irritant de se torcher avec du papier glacé), souvenez vous bien d’une chose : tôt ou tard vous paierez non financièrement mais moralement ces débordements. Je ne prendrais pour rien au monde la place d’un de ces scribouillards pour assumer leurs cas de conscience, si tant est qu’ils en aient jamais eu une. Comment dormir paisiblement en se sachant responsable de la pression médiatique sur une famille en deuil ? Comment gérer sa morale quand on a vendu des photographies d’un homme techniquement mort qu’on emmène à l’hôpital ? Comment passer outre le respect élémentaire des défunts en se répétant continuellement « c’est pour le fric et la foule ». A vomir. Je ne saurais souhaiter du mal à ces salopards, la seule chose que je puisse décemment leur souhaiter, c’est de voir leur chimiothérapie et leur décès étalés en grand dans les journaux… Mais les pourris ne sont jamais connus, ils ne sont qu’un « D.R » (droits réservés) au coin d’un cliché.

Et enfin, à vous tous, les fans, les amoureux de la star disparue, faites un acte de charité, un acte intelligent : si l’on parle de lui dans les médias, n’achetez pas. Si l’on parle de lui à la télévision, changez de chaîne. Ne commettez pas l’irréparable en les légitimant dans leur politique de matraquage médiatique, ne soyez par leur alibi ! Faites le black out sur tout ce qui saurait salir la mémoire de M.Jackson, je suis certain qu’une telle attitude saura faire honneur à vous autres, les fans, et marquer votre respect à la famille Jackson.

Par avance, merci.

26 juin 2009

Nécro d’un afro au blanco

Jeu de mots pourri s’il en est, je songe donc au non évènement qu’est le décès de Michael Jackson. Comme tous les artistes de renom et de talent, il fut tour à tour adulé, harcelé, sali par la vindicte et la rumeur, ausculté par l’opinion publique à cause de ses frasques, et finalement mort juste avant une tentative de reprendre la route et la scène. Vais-je parler de la justice américaine, des accusations de pédophilie ? En toute honnêteté… Je m’en tamponne les noix avec une babouche ! Ce n’est pas à moi de dire s’il était déviant ou pris au piège pour l’argent, ce fut à la justice de régler la question.

Pourquoi ai-je dit non évènement ? Parce qu’il ne s’agit pas là d’un évènement de l’ampleur d’un essai nucléaire, ou de la chute d’un gouvernement après un putsch militaire, c’est la mort d’une star de la musique, donc rien qui ne soit que très ordinaire finalement. Dans l’esprit, je trouve même malsain ce mouvement mondial de madeleines éplorées, versant eau lacrymale sur la future bière adulée de la vedette. Se rabattre sur un chanteur pour en faire un messie, ça me laisse plus que perplexe, pas vous ? Je n’ai même jamais vraiment compris le principe d’idolâtrer quoi que ce soit : on peut respecter, même se « plier » à une autorité aimée (la religion, et soumission au sens technique d’obéir au dogme), mais pas adorer quelqu’un qui n’a pour tout discours philosophique que « bouge tes miches sur mon morceau ». Dans la même veine, Jeff Buckley, mort en pleine ascension, auteur d’un seul album « officiel » sera mis en scène au cinéma… Comme s’il avait été le fondateur de quelque chose de vital, d’éternellement nouveau ! Ils ne sont pas les Bell, Einstein, Tesla, Fermi ou Curie qui seraient élevés avec autant d’acharnement par les foules ! Il faut donc remuer son cul sur scène, se défoncer sévèrement, avoir une vie dissolue pour être un modèle ?

A vomir.

Et pourtant, j’admets un immense talent aux deux artistes précédemment cites. Difficile en effet, de renier les qualités de danseur, auteur, chanteur et show man de M.Jackson. Tout le monde garde à l’esprit ces clips devenus de véritables films, ces morceaux devenus cultes que toutes les générations connaissent, et puis l’incomparable innovation dans la danse. Créateur de génie, le « king de la pop » s’éteint et l’on se souvient de lui. Pourtant, des années durant, seule la chronique judiciaire et les torchons de la presse se préoccupaient de lui. Qu’on lui foute la paix à présent, il mérite bien de rester propre dans l’éternité, afin qu’on se souvienne de Billy Jean, et pas de Bambi, qu’on revoie avec plaisir Thriller, et pas son entrée dans le tribunal. Avoir la gloire, c’est autant un poison qu’une joie, et M.Jackson aura payé son statut toute sa vie. Est-ce si enviable que ça, d’être constamment traqué, de ne pas connaître le plaisir d’une vie ordinaire, et de devoir se méfier de tout, et surtout de ses proches ?

A 50 ans, Michael Jackson est donc parti en laissant derrière lui un monumental cadeau au monde de la musique du XX ème siècle, avec en point d’orgue une certaine idée de la scène. Il a « inventé » le show pop, la chorégraphie, la provocation quasi sexuelle dans ses attitudes, et puis surtout ouvert la voie à toute une génération d’artistes plus ou moins compétents, mais tous héritiers de sa marque de fabrique. Il était noir, il a fini bizarre, il était afro américain, il est devenu un objet de culte made In USA. Quel retournement, dans un pays resté figé dans un racisme institutionnel jusque dans les années 70 !

Merci monsieur Jackson pour votre talent, votre œuvre. Désolé, je ne pleurerai pas sur votre tombe, je n’ai aucune relation affective avec les vedettes, pas plus que je ne dresserai d’autel à votre mémoire. Tout au plus vais-je me contenter de répéter ce que j’ai dit à l’annonce de votre décès : « Ah bon ? » Sur ce, j'ai une cigarette qui m'attend.

25 juin 2009

Vie, prends ça dans la gueule

Je n’ai de cesse de tailler en pièces celles et ceux qui se supposent supérieurs et meilleurs aux autres. Tous, nous pouvons faire preuve d’un courage sans borne, autant que d’une lâcheté indigne de notre supposée belle humanité. Pourtant, c’est face aux épreuves que les tempéraments se révèlent…

… Du moins en principe. En fait, cela ne fait que mettre en lumière le comportement pour celles et ceux qui sont ordinaires, classiques, en un mot : moi. Mais qu’en est-il quand la Vie n’est qu’une succession de marches glissantes, que l’existence même est une lutte quotidienne ? D’ordinaire, l’homme peut devenir misérable ou bien extraordinaire. On se doit d’admirer la détermination, la volonté de vivre, coûte que coûte. Le « On verra demain » s’applique tellement à cette tranche de l’humanité qui paie notre chance d’être ordinaires : fauteuil roulant, béquilles, canne d’aveugle, ils vivent, avancent, et font même avancer la science. Handicapés ? Non. Extraordinaires ? Assurément.

Regardons nous avec honnêteté : je me tiens debout, je peux marcher, je peux nager, profiter des loisirs, courir, et si le cœur m’en dit conduire sans assistance. A tous ces gens à qui la vie refuse ce quotidien, je vomis toute ma colère… puis je souris en me disant qu’eux vivent la vie, la dévorent avec un mordant que je n’égalerai probablement jamais. Un de mes meilleurs amis est tétraplégique : je le vois rire, savourer un grand crû et se payer la tête du monde. Continue ! Bordel, tu as raison, tu n’es pas invalide, tu es toi, entier et sincère, pas un handicapé, tu es mon pote, celui que j’ai vu tour à tour debout, puis allongé des mois durant à l’hôpital après ton accident de moto, et maintenant assis dans un fauteuil, hilare d’un jeu de mots vaseux sur le sexe féminin. Ne t’arrête surtout pas mon ami.

Que vous êtes malheureux de pouvoir vous laver seuls, de pouvoir monter et descendre les escaliers… Quel malheur de pouvoir lire les panneaux publicitaires, de pouvoir savourer une bonne BD. Oui la vie est une garce, hein ?

« De toute façon, mon plus grand trip dans la vie, c’est de surprendre les gens. Ca, je jubile ! »

Méditez cette phrase empreinte d’un solide sens des réalités, le tout brillant au lustre de la volonté. Un combat ? Non. Une existence, une authentique détermination à faire aboutir des rêves. SES rêves.

Je vous présente Christophe RITI : inutile de vous faire un plat sur le pourquoi du comment, sachez simplement ceci : il a décidé d’être ordinaire, de faire comme tout le monde ou presque. Oui presque : il se bat pour que son rêve d’autonomie et de voyage aboutisse, ceci sous la forme d’une remorque alimentant son fauteuil. Après deux ans de travail acharné, le prototype fonctionne, il l’a testé, et c’est avec un grand plaisir que je vous positionne deux vidéos. La première le présente en 2007, et la seconde correspond à l’aboutissement en 2009.

Merci à toi Christophe de coller une baffe à tous les geignards du monde, à tous les couineurs qui se plaignent de leur bonheur. Tu es l’exemple même de ce que je voudrais voir en l’homme : l’humilité dans la détermination, la fierté bien placée de parvenir à ses fins, et le rire jubilatoire d’être soi-même.

Le site :
ChristopheRiti.com

La vidéo de 2007

La vidéo de 2009

24 juin 2009

et un blog amusant

Par tradition (et par moquerie pour la superstition), voilà le post 594. Donc, cliquez sur le lien ci-dessous, et allez prendre une petite tranche de rire en cette époque morose!



Flepi, nous voilà!

Métier à la con

J’avais envisagé une introduction choc avec des propos provocateurs sur le massacre annoncé de la contestation en Iran, puis je me suis dit que d’une part cela n’aurait fait rire que moi, et que d’autre part cela aurait été trop hors sujet pour rester potentiellement utile ici. D’ailleurs, quitte à rire de tout, j’arrive tout de même à me gausser de mon emploi, de ma situation sociale, et pardessus le marché de moi-même. Admettez que c’est une chance que de pouvoir savourer l’autodérision que de se moquer de soi en sachant pertinemment qu’il s’agit là de cynisme et non de constat justifié par le quotidien. Moi qui vous parle, j’ai tout de même un emploi des plus classique, et sans conteste autrement moins rébarbatif que le travail à la chaîne d’un quelconque esclavagiste capitaliste… Ca y est, je repars dans du communisme de bas étage, passons de suite au chapitre suivant avant que cela ne dégénère.

Nicotine dans les poumons, prise d’air pollué pour étouffer la tumeur qui se prépare, me voilà rasséréné. Je disais donc avant de m’emporter bêtement, qu’il y a plus à plaindre que moi : le travailleur au marteau-piqueur, l’assainisseur d’égout, la femme de ménage en gériatrie, l’ouvrier agricole pataugeant dans la porcherie, ou encore l’infirmière des urgences, tous ont de quoi se plaindre concernant la difficulté de leur emploi et de leurs conditions de travail. D’autres par contre sont voués à des emplois à la con, le genre de métier que l’on ne revendique pas des masses, que ce soit à cause des quolibets qu’ils peuvent déclencher, ou pire encore parce qu’ils semblent être voués à la vindicte populaire. Allez savoir pourquoi, mais il semble en effet moins digne d’être un bourreau qu’électricien (alors que les deux vous envoient du jus dans la peau, mais un seul des deux intentionnellement). De ce fait, on peut dire qu’il y a nécessairement des jobs que l’on qualifiera de « à la con ».

Franchement, bosser dans une hotline, si ça ce n’est pas du job à la con ? Je vous plains, mesdames, mesdemoiselles (c’est quoi vot’ numéro perso ?), messieurs, car devoir supporter et gérer les hurlantes des incompétents notoires qui vous servent de clients, chapeau bas ! Chaque jour, décrocher le téléphone, rester aimable en toute circonstance, parfaire ses questions au point d’en faire des automatismes, réitérer les mêmes conseils… il y a de quoi y laisser sa santé mentale. C’est pourtant si courant : le client ne comprend pas ce qu’il a acheté, encore moins ce qu’il va faire, mais tant pis, il agira PUIS demandera conseil et assistance. Classique. Personnellement, je n’irais pas effectuer une ablation de l’appendice sans savoir le faire, mais là, non, le client, ce crétin, lui tentera l’ouverture au cutter, puis ira faire sa suture au fil à roast-beef . Ca c’est du boulot à la con, chapeau…

Dans le genre « à la con », on trouve aussi les boulots insolites dont personne ne veut : ça viendra à l’idée de qui que ce soit d’être testeur de mine antipersonnel ? Démineur (non pas le jeu sur votre ordinateur !) ? Ou bien encore sexeur de poussin (si, je vous jure, ça existe) ? Bien entendu, le démineur est une personne de vocation, qui croit en sa mission, mais les deux autres… sans rire, vous croyez, vous, à la vocation de tripoter toute la journée des poussins pour savoir si ce sont des mâles ou des femelles ? Je doute fort que l’on soit amené à prodiguer un tel service par vocation, ou alors les personnes concernées sont du genre déviantes à surveiller de très près. Enfin bon, il faut de tout, des salariés qualifiés, des « larbins » (car cela se résume bien souvent à ça), des chefs, et puis des gens condamnés à faire un métier à la con.

Je vois bien le laveur de carreau embauché par petite annonce : « laveur de carreau. Job sympa, en plein air. Activité vivifiante. Esprit d’équipe indispensable ». Jusque là, allez, pour dépanner, ça ne me paraît pas trop débile comme boulot, mais songez à la surprise de vous retrouver perché sur un plateau pendulant à hauteur du 35 ème étage, hurlant à pleins poumons votre frayeur à cause d’un embryon de tempête. Là déjà on se marre beaucoup moins, hein ! Un métier à la con, c’est finalement le métier qui semble classique, mais qui révèle ses vices qu’au dernier moment. Homme d’entretien ? Mouais, surtout dans une boîte de nuit où il y a eu une véritable orgie. Balayeur ? Faites donc les grandes avenues après un match de football ou bien au lendemain du nouvel an. Rédacteur de blog ? Faites vous bien à l’idée de vous faire insulter, provoquer par des idiots en mal de reconnaissance…

Non pour le dernier, le rédacteur de blog est LE job de dilettante par excellence : publiez quand ça vous chante, expurgez les critiques, et surtout prétendez être débordé lorsque vous loupez une journée ! Excellent, non ? Ah le con, je viens de me dénoncer…

C’est pas tout ça, mais faut que je file, j’ai du boulot !

23 juin 2009

Un petit jeu sympathique

J'aime bien aussi ne rien dire de plus que...


CLIQUEZ!

Boxmen!

Petites astuces:
- Le personnage se contrôle avec les flèches du clavier.
- Presser la touche SHIFT fait apparaître un second boxman (utile pour rester appuyé sur un bouton par exemple)
- Presser R relance le niveau en cours
- Lorsqu'on déplace son personnage, et que l'on presse SHIFT au même moment, le personnage supplémentaire court dans la direction où l'on se déplace...

A partir de là, bonne chance!

22 juin 2009

Les météorologues sont des cons

Déjà que je suis pas ami avec la communauté des médecins et autres amicaux de la blouse blanche, je vais me faire de nouveaux ennemis parmi les Mabuse de la science. Ah la météo ! Qu’en dire ? Est-ce seulement une science ? Je ne saurais trop l’affirmer tant on pourrait croire que nombre de leurs prévisions sortent plutôt d’une table de casino que d’une étude sérieuse et raisonnée. Clairement, le mot « prévision » se suffit à lui-même tant il est sujet à caution : prédire, c’est imaginer l’avenir et non fournir une certitude. Je sais bien qu’il est nécessaire d’avoir une idée avec un pourcentage d’incertitude, mais de là à nous en farcir les yeux et les tympans avant et après chaque catastrophe diffusée en boucle sur les réseaux hertziens…

La météo, c’est tremper le doigt dans le fondement d’un nuage, dire quelle est sa température, et en déduire que ce crétin d’orage tropical va tourner à gauche de la colline, au lieu de prendre paisiblement à droite par l’océan. Vous ne me croyez pas ? Une photographie satellite restitue température, ou la pression atmosphérique (selon l’équipement utilisé), et offre donc, à intervalles réguliers, les modifications qui s’opèrent dans le ciel. On fout donc un thermomètre au cul du cumulonimbus et l’on regarde s’il va se mettre en rogne, ou pas. Hé oui ma bonne dame (bonne, bonne… ça reste à prouver, mais passons), le météorologue va vous pondre, à partir de calculs mathématiques aussi obscurs que le sont vos pensées au passage du facteur, ainsi qu’en fonction de statistiques, que demain il va faire chaud dans votre coin ! Pas de bol avorton, tu as oublié l’âge du capitaine et la marque de l’antitussif (ce mot me fait marrer) du grand père Chabrol ! Donc il va faire froid, humide et gris.

Trève de moqueries gratuites : depuis deux décennies, cette science s’appuie sur la puissance de calculs des méga ordinateurs, et Météo France dispose d’un engin digne de H.A.L dans « 2001 l’odyssée de l’espace ». Et que je te fais mouliner des programmes de partout pour faire des prédictions, et que je te réanalyse tout ça pendant des plombes, et que je te ponds des tableaux à filer aux bavards de l’après génocide rwandais/terroriste taliban/rebelle de dieu sait où ! Non, sincèrement, la météo m’est aussi familière que les relations détenus geôliers furent amicales à Treblinka. J’ai en horreur qu’une morue au faciès barbouillé façon bagnole volée vienne me susurrer de ses lèvres Botox que « Temps variable, avec ondées passagères ». Hé, la grognasse, une ondée, c’est son essence de ne faire que passer, sinon on appelle ça un orage, ou pire encore la mousson !

J’adore (ironie) l’esthétique de la météo dans la boîte à images : ça vous la coupe, hein, ces spirales de nuages qui s’agitent, et puis ça fait plaisir de savoir qu’au fin fond de la Creuse (ou de n’importe où ailleurs, on s’en fout, c’est pour l’exemple) il fera entre 18 et 23° . Mein Gott ! Parfaitement incroyable ! C’est l’été, hier il faisait à peu près beau, et ça va se maintenir ! Pas de neige en Juin ? Incredible my Lord ! Sans rire, la façon de mettre en valeur le boulot de dizaines de gus acharnés sur des baromètres, des pluviomètres, le tout arrosé de composantes mathématique en logique « floue » (authentique !) a de quoi décontenancer le plus serein et blasé des téléspectateurs. C’est de vous et moi dont on se moque dans ces formats courts : petits dessins dignes des émissions pédagogiques les plus absconses, vocabulaire volontairement imbuvable pour le commun des mortels, et surtout présentateur/trice d’une vulgarité fleurant bon la prostituée sur maquillée des beaux quartiers parisiens. J’en viens même à rêver d’un moment sans présentateur, juste des animations comme certaines chaînes se sont mises, un temps, à le faire. Plus de potiche, moins de baratin, que du concret… Enfin bon, concret, ça reste à voir.

Je me moque, mais il faut savoir que l’analyse de la météo se base aujourd’hui sur la théorie du chaos. Là, tout est dit. Pourtant, nos ancêtres avaient quelques idées bien précises sur la météo : quand ça gèle, ne sors pas la pelle, quand il y a canicule, vérifie si mémé a sa canule, s’il se met à flotter, n’oublie pas de rentrer pépé. De toute façon, les plus grands experts en météo seront toujours les gens de la rue. Ah, le péquin qui vous inflige sa science des vents dominants : « moi j’dis qu’il va faire chouette ! ». Sur quel critère l’abruti ? Parce que tu l’as décrété ? Docteur, encore un qui se prend pour Dieu ! Ecoutez les donc, les fanfarons de bistrot qui disent « y a plus de saison », qui vous les brise avec « c’était mieux avant » et j’en passe. Mais fermez la : le seul véritable expert que je reconnaisse dans ce domaine, c’est le bidasse Allemand de 1942 à Stalingrad, qui, en plein siège, disant à son voisin « M’en fous que ça se calme ou pas cette foutue neige. Demain, ça va cailler comme hier, comme l’avant-veille et ainsi de suite. Alors me fais pas chier à me dire qu’il meule, je suis au courant, connard ! »

19 juin 2009

Gamine inconnue

Dis, pourquoi tu me regardes avec ces yeux écarquillés ? Qu’est-ce que j’ai, un nez rouge ? Tes jolies prunelles, gigantesques boutons logés dans une bouille arrondie, que scrutent-ils avec tant d’avidité ? Allez sois sympa, raconte nous comment tu vois ce monde débile où tout le monde court à en perdre haleine, où les gens vont de A vers B, en sachant qu’au bout de la route, c’est toujours la Mort qui nous attend ? Dans ton univers, c’est qui le gentil, c’est qui les méchants pas beaux ? Toi la gosse, expliques nous comment, avec ta dînette de plastique, tes poupées de chiffon et ton ours à la fourrure synthétique, tu arrives à faire de grand Yalta sans arme ni combat. Nous, les adultes responsables (surtout de tous les maux), on aimerait bien voir à travers ton regard les arcs-en-ciel, les fleurs qui bourgeonnent, les nuages aux formes improbables, et vivre ainsi dans un univers pastel et paisible. Aides-nous s’il te plait !

Tu es là, déambulante petite chose courte sur pattes, vêtue d’une salopette bleu marine et d’un maillot rayé, tu me regardes avec tes couettes blondes faisant antennes sur tes tempes, et tu souris. Que cache ce sourire ? Il est si sincère, si chaleureux qu’il transperce l’âme et vient se ficher droit dans le cœur. Tes mimiques ne connaissent pas les détours de l’hypocrisie, tes gestes ne sont qu’honnête tendresse ou impartial rejet des choses qui ne te conviennent pas. Alors la gosse, dis nous tout sur le secret de la vie candide, dessine moi donc un de ces châteaux de princesse où le monstre meurt toujours à la fin, j’aimerais tant savoir ce que cela fait d’être un prince, un vaillant homme capable de sauver veuves et orphelins sans doute ni intérêt personnel !

Tes petits pas font sonner le carrelage avec tes souliers vernis. Tu t’avances, sûre, fière, te tenant droite comme le « I » que l’on vient de t’enseigner à l’école. Avec une attitude digne d’une Reine, tu ânonnes ton alphabet à qui veut bien l’entendre, et tu te moques que ton auditoire soit intéressé par la politesse de ne pas te froisser plus que par tes progrès. J’adore cet aplomb, cette certitude où l’erreur n’est qu’une réponse juste mal présentée, j’aime à t’écouter brailler après l’incompréhension des grands, et j’apprécie encore plus ta franchise quand tu dis « Mais tu es bête ! ». Pourquoi faut-il que tu changes en grandissant ? C’est si chouette l’enfance il paraît !

Et puis les souvenirs que tu te fais, ils vont s’évaporer aussi rapidement que disparaissent tes rêves au soleil levant. Tu vas pousser, fruit d’amour, fruit nature mûrissant à l’éclat des choses. Ton monde s’agrandira, et plus la carte du monde te sera étroite, plus ton innocence prendra la tangente. Qu’il est dommage que l’on doive devenir des adultes, qu’il est triste d’apprendre à se contenter ! Tu es insatiable, gourmande des choses savoureuses, avide de connaissance, dévoreuse de contes et de crayons de couleurs. Tu dessines ton monde en millions de tons différents, un visage vert, un œil jaune, une voiture violette, mais qu’importe, c’est ton monde, celui que tu veux, pas celui qui s’imposera peu à peu à toi. Et dire que si nous étions tous aussi légers, nous pourrions partager notre monde avec tellement plus de facilité ! Les négociations ? Pour qui ? Pourquoi ? Quelle importance ? Le parc est bien assez grand pour tout le monde, il y aura toujours assez de pommes dans le verger, et puis un ballon pour tous, ça suffit pour jouer tous ensemble !

Alors finalement, je te regarde t’en aller, ours en peluche sous le coude, souriante, et tendant ton autre main à une mère attentive à ta sécurité et ton bonheur. Tu me souris une dernière fois, tu t’en vas, chantant une chanson inconnue, peut-être un air entendu à la radio, ou bien une comptine sans queue ni tête, mais je m’en fous, tu as été, l’espace d’une minute, un moment de pure détente. Ne grandis pas trop vite petite, prends le temps de vivre, d’exister, et non de devenir un fantôme gris, une personne tellement ordinaire ! Tu es magique, gamine...

Ah enfin, j'allais oublier: j'ai vu le film Coraline au cinéma. C'est magique, étrange et onirique. J'ai tout aimé, depuis l'esthétique si décalée jusqu'à la musique envoûtante. Allez-y en adulte, et redevenez, l'espace d'une séance, des enfants qui aiment rêver. Ce n'est pas vraiment un film pour gamins, il s'adresse à nous, adultes qui regrettent leur candeur passée. C'est fondant, amusant, tendre, et je pense qu'il mérite toute votre attention. Certains n'accrocheront pas sur l'aspect graphique, d'autres soupireront des poncifs utilisés, mais après tout... l'enfance, si ce n'est pas des poncifs, qu'est-ce donc alors?

Fiche du film et séances sur Allocine.fr

18 juin 2009

Trop de boulot

17 juin 2009

Iran, espoirs ou échec

Toute la question se pose aujourd’hui de manière aiguë : savoir si l’Iran va, ou non, opérer un virage dans sa politique avec la destitution du président en poste, ceci par la voie des urnes. Depuis 1979, l’état Iranien n’a jamais faibli ni cédé face aux possibilités de réforme ni même d’assouplissement de sa politique intérieure : contrôle des institutions par le culte, oppression et censure, répression des idées libérales, en gros une dictature stable et sûre d’elle-même. En tout cas jusqu’à présent.

L’élection présidentielle a opposé le président sortant Mahmoud Ahmadinejad à Mir Hossein Moussavi. Nous connaissons le premier pour ses prises de position concernant le nucléaire Iranien, sa décision de se passer de l’accord du monde pour entreprendre des recherches « civiles » (et potentiellement militaire, car seule la destination finale du carburant nucléaire diffère dans le processus d’enrichissement), ses mots plutôt virulents à l’encontre des USA et de l’Europe, ainsi que le maintien d’un système édifié à la chute du chah, en 1979 (révolution islamique avec l’accession au pouvoir de Khomeiny). Son alter ego, lui, semble plus obscur aux yeux de l’occident : visibilité faible pour les non avertis, discours peu voire pas diffusés à notre destination, Moussavi n’a pas du tout le profil Obama (primaires à l’américaine, médiatisation à outrance…). Tout ceci serait resté confiné à une contestation du résultat de l’élection (donnant Ahmadinejad gagnant à 63%) si les critiques à l’encontre de la régularité du dépouillement n’avaient été émises… par les tenants du pouvoir en place ! Des politiques conservateurs se sont d’ailleurs lancés dans l’arène en exigeant que l’on mette en cause toute l’élection, avec une annulation pure et simple du scrutin à la clé.

Fondamentalement, l’Iran est une nation qui a tenté sa révolution intérieure durant les dernières années de règne du chah : statut de la femme devenant quasi Européen, amélioration de l’alphabétisation, modernisation des administrations, et surtout grande réforme agraire mettant fin au monopole des grands propriétaires terrains, le pays tenta donc de faire un bond en avant, surtout sous l’impulsion de sa troisième et dernière épouse. Seulement, c’était se heurter aux traditions, provoquer les instances religieuses garantes de la cohésion morale de la patrie, et surtout remettre en doute des siècles de contrôle sur la société Iranienne. Cela a été le déclencheur final de la révolution, déjà latente pour des raisons tournant autour du rôle du chah, ainsi que de sa politique intérieure et extérieure. Une fois le mouvement engagé, l’état a alors opéré un repli vers la religion, un durcissement significatif des règles de vie, et une rupture avec le reste du monde. Tout ceci pouvait fonctionner du fait d’un soutien inconditionnel d’une partie de la population, toujours fervente religieuse, et profondément convaincue que la société n’aurait pas dû être modernisée.

Seulement, le peuple Iranien rajeunit : d’une démographie contrôlée et d’une mortalité infantile faible, le pays a vu sa part de jeune croître de manière significative. A l’heure de l’Internet, de la téléphonie mobile et de la modernisation mondiale, l’Iran ne peut plus prétendre à rester fermé au progressisme. On pourrait alors croire que la vindicte populaire, menée par le candidat perdant en Iran, ainsi que celle des Iraniens de la diaspora, sont motrices pour moderniser le pays. Dans les faits, cela me semble plus complexe. Vu que le pays s’est isolé par la censure des journaux ainsi que par la rupture des communications (réseaux mobiles déconnectés ce jour), difficile de présumer du véritable objectif des manifestants. Sortir le président en poste, sûrement, mais pour quel objectif ? Les manifestations semblent se succéder, les premières exhortant le pouvoir à se remettre en cause, les suivantes exigeant des élus de ne pas céder à la horde des déçus.

L’éclatement de l’unité religieuse et politique semble donc morte, et il est, à l’instant où j’écris, impossible de présumer de l’avenir. Si l’élection s’avère être frauduleuse, Ahmadinejad sera sacrifié comme étant le seul responsable de la fraude, et les élections seront refaites sous contrôle militaire… militaires à la solde des tenants réels du pouvoir, c'est-à-dire une unité religieuse dure. S’il n’y a pas fraude organisée, mais que le doute plane, Ahmadinejad exigera alors que le scénario soit rejoué, avec le risque d’un revirement des urnes en sa faveur. Enfin, si le recomptage valide les affirmations se Moussavi, force est de constater que Ahmadinejad sera, encore une fois, le seul responsable. Moussavi pourra potentiellement prendre le pouvoir, mais pour autant il restera encore muselé par l’organisation qui a cours dans l’administration du pays.

Ne doutons enfin pas de la détermination de la jeunesse Iranienne : elle a su être virulente à l’encontre des USA durant la guerre en Irak, s’engager (même au combat) aux côtés des Palestiniens, et aujourd’hui donner de la voix pour rappeler que son vote a autant de valeur que celui des religieux. Pour autant, est-ce une révolution ? Je crois qu’il sera très difficile de trouver une transition acceptable entre un totalitarisme politico religieux, et une voie intermédiaire située entre l’ancien régime et celui d’une nation comme la France par exemple. Je ne crois pas à la « mort » du système religieux en tant qu’instance politique, j’espère que son pouvoir sera pondéré par des pragmatiques capables de concilier histoire et modernité.

l'Iran sur Wikipedia
Le dernier Chah d'Iran
La révolution islamique de 1979
Le groupe paramilitaire "Gardiens de la révolution"
Biographie de Khomeiny

16 juin 2009

65 ans de mémoire

Je n’ai pas parlé du 65ème anniversaire du débarquement en Normandie. Si j’ai choisi ce mutisme, c’est avant tout pour ne pas « surfer » sur la pseudo polémique qui naquit dans l’esprit de quelques fouilles poubelles concernant l’invitation de la reine d’Angleterre (ne comptez pas sur moi pour lui coller une majuscule à celle là…), ainsi que de la manœuvre du président Obama à ce sujet. Ma réponse est simple et tient en deux points : un, Obama est le président des USA, donc incompétent sur le territoire Français pour décider qui devait, ou non être invité, et deux la reine n’est pas une autorité politique pas plus qu’en 44, donc c’était à un héritier moral de Churchill d’être présent, en l’occurrence le premier ministre Brown.

Trèves de parlottes sur cette imbécillité montée en mayonnaise par quelques idiots friands de scandales de quatre sous, préoccupons nous de ce que fut le 6 juin 1944. On présente aujourd’hui la chose comme étant de l’audace, de l’héroïsme, le tout avec une vanité certaine concernant la réussite du plan Overlord, et de ses conséquences sur la défaite nazie en Europe. D’un point de vue purement humain, je suis convaincu que ce fut une aventure épique pour les soldats engagés dans cette opération : être parachuté de nuit, ou bien trimballé dans des barges de débarquement sous le feu ennemi, atterrir en territoire inconnu, se frayer un chemin dans des bosquets en se demandant qui va vous tirer dessus de l’ennemi ou d’un ami égaré… Sans conteste, Overlord a démontré la capacité des hommes à s’unir pour un but commun : en finir avec le nazisme. La plus grande opération de débarquement de l’histoire a le mérite d’avoir validé qu’on peut aligner des milliers de navires, faire débarquer des centaines de milliers de soldats, et ainsi prendre de court l’adversaire. Chapeau, là-dessus rien à redire…

Je ne ferai aucune critique aux hommes et aux femmes qui furent engagés dans ces combats. Tous méritent le respect, tous méritent qu’éloges et cérémonies leurs soient dédiés. Ils font partie de l’histoire humaine, on a tous à l’esprit ces photographies de plages ravinées par les obus, de blindés en flammes, de villages et villes en ruines après les bombardements. On ne peut pas leur ôter cette bravoure d’avoir donné l’assaut, la trouille au ventre, le sel sur les lèvres, et la sueur dans les yeux. Qu’il soit également retenu qu’en face il y avait des soldats, tout aussi déterminés, tout aussi courageux et tout aussi fiers de défendre leur patrie. Les ôter du souvenir, c’est faire de l’ennemi un « monstre ». Furent-ils des monstres ? Un auteur répondit un jour, à propos des nazis (et non des Allemands) « Les nazis n’étaient pas des monstres, ils étaient des humains ; c’est ce qui les rend monstrueux ». Alors, pour la mémoire, que chacun ait le droit à sa minute de silence : le fantassin Américain, le mitrailleur Anglais, le sergent Canadien, le commando Français… mais aussi l’artilleur Allemand, le soldat Autrichien… Tous furent dans la même galère, embarqués de force par l’histoire et les gouvernants sur la galère nommée « combats ».

Mais il y a aussi un aspect que je n’apprécie pas vraiment dans la manière dont est présentée cette action d’éclat. Il suffit de regarder un calendrier pour se rendre compte de l’inepte de certains propos tenus par des propagandistes incompétents. 300.000 hommes débarquèrent sur les plages. Ce chiffre semble énorme, démesuré, et suffisant pour mettre fin à la guerre. Alors pourquoi les combats prirent fin qu’en mai de l’année suivante ? Quasiment un an de plus, un an de souffrances, d’horreurs, de batailles marquantes (l’opération Market Garden, bataille des Ardennes avec Bastogne…). Les soldats alliés étaient convaincus par la propagande qu’ils dîneraient à Berlin pour Septembre, mais de quelle année finalement ? La vérité est plus complexe, autrement plus délicate car elle implique de reconnaître le rôle Soviétique de la victoire contre l’Allemagne nazie, et ainsi donner une part des lauriers de la chute du Reich à un ennemi communiste, mais allié de circonstance.

Dès 1941, l’Allemagne avait ouvert un front est en attaquant l’URSS. Ce fut l’opération barbe rousse (« Barbarossa »). Durant les années de guerre qui s’en suivirent, ce front ne se referma jamais. Entre victoires écrasantes (chute de Smolensk et de Kiev), et échecs cuisants (Stalingrad, puis Koursk), l’armée allemande s’est débattue contre les forces soviétiques, en engageant toutes les ressources disponibles du Reich, c'est-à-dire tant des forces Allemandes que « indigènes » issues des nations envahies ou alliées : Italie, Roumanie, Croatie, Hongrie, Espagne (légion Condor) et même la France par des unités de volontaires (division Charlemagne notamment), tous ces pays versèrent des troupes dans le creuset Russe. Rapidement, Staline tenta de faire pression sur les alliés pour qu’ils ouvrent un second front, à l’ouest, pour soulager son pays du poids de la guerre. En quelque sorte, c’est l’URSS qui supporta seule les assauts Allemands jusqu’en 1944.

Ainsi, c’est tant l’inexorable affaiblissement du potentiel Allemand par l’usure à l’est que l’apparition des troupes alliées à l’ouest que l’Allemagne s’est effondrée. Quoi qu’on en dise, l’Allemagne résista jusqu’à ses dernières forces, combattant sur deux fronts des ennemis fortement supérieurs en nombre et en équipement. L’aviation décimée par les combats à l’est, les troupes exsangues après le tribut payé sur le front, tout cela n’arriva pourtant pas à démoraliser les soldats qui firent preuve d’une discipline et d’une volonté de fer. Résister aux millions de Soviétiques, et aux millions d’alliés à l’ouest, tout cela simultanément… Quel peuple, quelle nation peut prétendre à une telle détermination ? La croix gammée est une honte pour l’humanité, mais le courage des soldats ayant eu le malheur de servir sous cet étendard peut être montré en exemple.

Alors quoi ? Le 6 juin démontre qu’il faut avoir du cran pour passer outre la peur, qu’il y a des évènements dont on doit perpétuer le souvenir, mais aussi que nos politiques ont tendance à instrumentaliser ceux-ci en oubliant qu’en face, là-bas, ils furent aussi des soldats, ils furent aussi des frères d’armes.




Le courage n’a pas de patrie, l’humanité n’a pas de frontières, c’est l’Homme qui se construit des barrières.

F.HORVAT

15 juin 2009

Personnification

Parmi les habitudes humaines, certaines me laissent fortement perplexes et m’incitent à me gratter la base du crâne de circonspection. Tel un Taz surpris par l’incongruité du monde qui l’entoure (vous savez, le diable de Tasmanie), je m’interroge alors sur le pourquoi des choses, le comment nous y sommes parvenus, puis finalement de lassitude j’en hausse les épaules. Mais là, sur la personnification des choses, je reste encore interrogatif autant qu’amusé par nos petites manies.

N’avez-vous pas remarqués que nous tentons de donner une personnalité à tous les objets ou presque ? Pour autant que je sache, une friteuse reste muette à nos insultes, tout autant qu’une voiture restera froide à vos invectives en cas de panne. Alors, pourquoi s’échiner à leur donner un prénom, les insulter, ou les flatter ? Serions-nous donc encore si superstitieux que nous en sommes à croire que des objets manufacturés puissent avoir une âme ? Cela semble pourtant risible, en tout cas présenté de cette manière, mais, lorsque les contrariétés prennent le pas sur le sang-froid, il s’avère que nos vociférations rendent « vivantes » les choses, rigolo, non ?

Prenons un exemple concret : la voiture. Objet phallique par excellence, la bagnole semble être pour bon nombre d’hommes (disons plutôt « mâles » dégénérés) une extension de leur virilité. Alors, forcément, quand la mécanique devient rétive, que le gouffre financier se voit dégradé par un malotru maladroit du cerceau, c’est à coup d’insultes fleuries, voire de poings vengeurs que les choses se gèrent. Qui n’a pas poussé le tonitruant « Saloperie de bagnole de merde ! » lors d’une panne ? Qui ne s’est pas mis en rogne en braillant sur le tableau de bord devenu sapin de noël avant l’heure ? Quel vain et stupide espoir nous anime à ce moment là ? Celui que la voiture se mette à nous répondre d’un très significatif « Va te faire voir ducon, je suis en panne abruti ! » ? Certes non, la bagnole n’est pas encore au stade où elle peut tenir une conversation décente (sauf si l’on songe à ces saletés pondues dans les années 80 et qui vous rabâchait sans cesse « porte mal fermée » ou « feux non éteints »), mais clairement notre instinct nous pousse à donner une personnalité et une « âme » aux objets.

Les exemples sont légion mine de rien : depuis le téléphone portable en rade de batterie au mauvais moment, jusqu’à l’ascenseur qui vous interdit de vous emmener au huitième étage, le bestiaire d’inanimés est franchement gigantesque. D’ailleurs, la taille n’a aucun rapport avec cette façon de penser aux choses : on parle bien de la Dame de Fer pour la tour Eiffel, c’est dire. Mais allons dans le bon sens : c’est globalement la fureur qui nous amène à perdre l’intelligence de ne pas parler aux choses, c’est juste un retour au primaire, à l’animal, à l’insulte sûrement proférée à l’encontre d’une gazelle ou à un mammouth trop prompt à échapper à nos dents carnassières. En quelque sorte, le « Putain de canasson de merde, reviens ici ! » s’est transformé en « Connasse de cafetière ! Fais moi mon jus ! »

Et puis il y a le côté le plus tordu de la chose, le vice absolu, celui de donner un prénom aux choses : Titine pour la charrette, à la guitare fétiche du guitariste cocaïnomane, ou bien encore de coller un prénom féminin à un fusil (voir Full Metal Jacket de S.Kubrick pour comprendre la référence). Là c’est un autre monde : l’objet devient vivant, il se voit doté d’une présence, d’une importance, au point que j’exigerais une thérapie psychiatrique pour les plus atteints. Ce ne sont que des objets, de la manufacture, du bricolage, et les voilà affublés de prénoms. Bon, il est vrai que Marguerite c’est plus classe que « Tracteur Renault D30 »… quoique. Mais qui suis-je pour juger de la santé mentale de ces gens là ? Au fond, si ça les rassure de croire que la mécanique, l’électronique, ou la nature leur sera plus favorable en personnifiant ces bidules et ces machins, après tout, pourquoi pas, ce sera toujours moins visible qu’une patte de lapin ou un fer à cheval fixe au pare-choc !

12 juin 2009

Ce que je sais

On présume facilement de l’importance de son malheur, et au final l’on oublie que trop aisément que nous, actuels résidents d’un beau pays en paix et globalement en bon état, nous n’avons pas connus la guerre, la famine, les épurations ethniques, ou l’oppression policière. Quand on vient me lancer que la France est une dictature, c’est pétri par la colère que je m’insurge. A celui qui n’a pas vu une étoile rouge arborer toutes les rues, qui ne connaît la dictature qu’à travers la lorgnette déformante de la télévision, qui n’a pas été à Khe San ou ailleurs, tais toi. Oui, toi le geignard insatisfait, celui qui, comme moi, a le luxe de s’exprimer sur Internet, qui ne doit pas craindre la geôle pour avoir dit ce qu’il pensait, défends tes droits, mais ne dis pas n’importe quoi. La Liberté est un fondement à défendre, pas à utiliser à tort et à travers pour justifier ta propre situation. Pour ceux qui tentent de se réfugier derrière la Foi, je rappelle à toute fin utile une phrase explicite : « Aide toi, et le Ciel t’aidera ». Appliques là, toi l’égocentrique prétentieux.

Mon malheur ? A part peut-être de ne pas être plus intelligent, de devoir sans cesse remettre en question mes connaissances, j’estime être dans la plus enviable des situations : je ne suis ni affamé, ni déporté pour ma couleur de peau, ni opprimé parce que mon Dieu n’est pas celui qui convient au gouvernement en place. La complainte des gens bien logés et bien nourris me fait vomir, ceux qui, en silence, triment pour ne pas finir dans la rue, c’est à eux que l’on devrait prêter une oreille non pas condescendante, mais au contraire attentive et prévenante. Notre société se targue d’être progressiste, d’être socialement acceptable, mais elle a perdu sa foi en l’homme, sa générosité qui est devenue machinale et non naturelle. Suis-je meilleur qu’un autre ? Non, juste un rien mieux loti par le destin, ou quelque chose du genre.

Quand je me penche sur cela, je revois bien des visages. Ces traits sont parfois ridés, d’autres littéralement burinés par les épreuves, ils ont ces regards qui parlent mieux que tous les discours abscons chargés d’atténuer la « peine » qu’ils peuvent exprimer. Qu’ont-ils connus, ces portraits abîmés ? La privation, la solitude, le labeur infernal, l’exil, la guerre parfois, mais toujours la douleur de vivre, et celle pire encore de devoir survivre avec la pesante sensation d’avoir franchi certaines frontières de l’inhumanité. Pourquoi portes-tu tes yeux bleus délavés sur l’horizon ? Pourquoi as-tu tant de cheveux blancs ? Pourquoi ta chair est-elle lézardée par d’anciennes blessures encore trop visibles ? Qui es-tu derrière ce sourire de circonstance ? Souffres-tu du néant, ou du trop plein d’émotions ? Est-ce que tu en parles en dehors de tes excès de boisson ?

Les jugements hâtifs sont légions : le perdant d’une guerre est le mauvais, le gagnant le héros, celui qui a dû se rendre le lâche, celui qui a massacré des villages entiers pour la victoire un héros épique… Et l’humain ? Où est cette mère de famille qui se sacrifie pour nourrir ses enfants ? Mon impuissante révolte me tord parfois les tripes de frustration et d’énervement, tant l’on véhicule des ignominies sur le compte de trop de gens. Tous les Russes n’étaient pas des partisans du communisme, tous les Allemands n’étaient pas des nazis, pas plus que tous les Français furent des collaborateurs. La lâcheté est humaine, mais l’héroïsme l’est aussi. Antithétiques ? Au point d’être les deux faces d’une seule et même pièce de monnaie, les deux personnalités du même être humain, le bien et le mal se révélant tour à tout en chacun de nous.

En Août, comme chaque année, je vais me pencher sur une plaque de marbre noir, un bout de caillou taillé et graver pour préserver le souvenir de gens que j’aime malgré leur disparition de notre monde. Ils sont là, tangibles, toujours chers à mon âme comme peut l’être quelqu’un qu’on aime sincèrement. Fleurir une tombe ? Ce geste est devenu si faux, juste pour être « vu » par les voisins d’allée de cimetière qu’il en est répugnant. Ce qui m’intéresse, c’est de ressentir, poser ma paume sur le nom d’un homme et d’une femme, grands-parents, paysans lettrés ayant vus l’enfer, et qui surent parfois en parler.

Elle : avant la guerre, elle a été de ces paysans appelés par le Reich pour cultiver la terre. Pendant, elle devint ouvrière, parce qu’elle avait voulu fuir, et qu’elle fut reprise par la Gestapo. Par miracle, probablement parce qu’estimée non comme une Slave mais comme native d’une nation « amie », elle fut simplement sanctionnée en devant travailler sans possibilité de retour au pays, mais rémunérée. Que pouvais-je lui dire ? Lui expliquer ? Elle chantait parfois, je m’en souviens nettement malgré les années. Ces chants semblent aujourd’hui datés et politiquement marqués par l’infamie, mais ils portèrent les pas de millions d’hommes partant au front. Elle en a vu, de ces pelotons à qui l’on faisait croire à une victoire finale, elle en a vu, de ces adolescents poussés à tuer par une idéologie qu’ils ne comprenaient pas. Qu’aurait-elle eu à apprendre d’un gosse aussi chanceux que moi ? Elle a entendu le fracas des bombes, aidés au ramassage des morts, perdu des amis, de la famille, des anonymes passés par là avec qui elle avait peut-être tissé des liens. Dans sa bouche, une chanson de marche n’avait rien de fasciste, encore moins de nazi. C’étaient des hymnes au courage, des odes au désespoir de devoir se battre, encore et encore. Après la guerre, ce fut aussi attendre un époux prisonnier, élever des gosses dans la misère, dépendre de l’aide mondiale et des tickets de rationnement, et jamais, non jamais rechigner aux tâches de la ferme.

Vivre, encore et encore.

Lui, c’est une famille disparue dans les tempêtes de l’histoire, une ascendance qui ne connaissait que le père et la mère, de devoir faire le deuil de savoir d’où l’on vient. C’est ensuite revêtir l’uniforme, croire que le service militaire sera normal, juste pour savoir tenir un fusil et se dire « je suis devenu un homme ». C’est aussi un jour ordinaire, un de ces jours que l’on hait de ne pas pouvoir le distinguer des autres tout en sachant qu’il fut un tournant décisif. Des camions s’alignèrent dans la cour, à ces appelés on remit des uniformes différents, noirs, effrayants, symboles d’une guerre qu’ils ne voulaient pas faire. On l’envoya vers l’est, on leur expliqua comment tuer, comment survivre, comment creuser un trou d’homme pour s’y réfugier. Sa guerre ce fut les rigueurs du froid Soviétique, les privations, la famine, la mort si proche qu’elle en est ordinaire, et puis cette détention par l’ennemi d’hier. Marcher, encore et encore, ne pas tomber, ne pas se laisser briser, choisir de survivre plutôt que d’abandonner et faire alors partie des millions de tombes anonymes. Puis enfin, c’est le retour au pays, avec l’espoir de revoir celle qu’on aime, de reprendre une vie normale… et faire par punition un an et demi de classes par punition. Puni ? Pour n’avoir pas désobéi et finir fusillé comme réfractaire ? Ne pas avoir déserté et être repris pour être exécuté au milieu de nulle part ? Comme il le disait « c’était un morveux qui voulait m’apprendre à démonter un MP40 ». Disait-il cela avec fureur ? Quelque part, la colère était déjà morte, l’âme trop usée pour encore ressentir une quelconque animosité. Seule l’ivresse lui servait d’exutoire, une manière de pouvoir s’épancher librement de ses démons.

Survivre au passé, survivre au quotidien, avancer encore et encore, sans un mot.

Grand-mère, je suis fier de ton abnégation, de ton courage.

Jusqu’au dernier jour où, brisé par le cancer, livide, amaigri, il demanda une chose dont personne ne l’aurait crû capable : se confesser. Il s’assoupit peu après, libéré à jamais, probablement le cœur un peu moins lourd de ses péchés, ou juste heureux d’avoir parfois su faire le bien autour de lui. Le prêtre, malgré le devoir de secret, eut une phrase énigmatique : « C’était un homme bien ». Phrase ordinaire ? Allez savoir, qu’importe au fond, l’important c’est qu’il l’ait dit.

Grand-père, j’honnis cet uniforme, mais je suis fier d’être ton petit fils.

Certains sont partis, d’autres restent encore. Ils vivent, ou plutôt tentent de le faire. Ils affrontent, jour après jour, le souvenir amer des moments passés qui marquent aussi fortement qu’un tatouage. Qu’il est lourd à porter, ce matricule gravé dans l’avant bras, qu’il est surprenant de voir de la tristesse dans les yeux d’une femme âgée, tante de mon père, veuve depuis sa sortie des camps, parce que son époux, lui, n’a pas survécu d’avoir mangé du sucre à l’ouverture des portes. Que lui dire ? Qu’il m’arrive d’être un peu seul, d’être un peu triste ? Que nous sommes ridicules de nous croire si importants alors que d’autres ont le vécu, ils n’ont pas forcément les mots, mais ils ont l’histoire, ce boulet à traîner, cette peau à laver chaque matin, en y voyant des chiffres de malheur…

Comme cette peau grêlée, balafrée par les blessures, mutilée par la barbarie de geôliers trop heureux de se défouler sur un détenu. Toi, mari de ma cousine, toi qui es toujours vivant, qui a connu le front et l’enfer des prisons, que penses-tu réellement derrière ces plaisanteries potaches et ces idioties débitées juste pour le plaisir de rire de toi-même ? Tu sais plus sur la Vie que je ne saurais jamais l’écrire, tu en parles d’une manière vraiment étrange : tour à tour tu es détaché, comme si cela ne te concernait pas, puis l’instant d’après enflammé, excité presque par le souvenir, comme si tu revivais les piques d’adrénaline de l’instant évoqué.

Par les hasards de la Vie, j’ai eu à traverser ces villages fantômes, vidés de leurs habitants par la guerre. J’ai également remonté une route effrayante où les panonceaux annonçaient « mines » en plusieurs langues. J’ai écouté les récits de ces femmes ayant connus les privations de la pauvreté, je me suis fait tout petit face à la grandeur d’âme et la candeur mêlés de ces hommes jamais fiers de leurs actes, juste fiers d’être là, vivants, pour honorer leurs morts. Pas nos morts, les leurs, ceux de leurs mains, et ceux qu’ils soutinrent dans les derniers instants.

Celui qui n’a pas connu le malheur ne peut pas se permettre de juger celui des autres. Je n’ai pas eu de malheur finalement, je suis un adulte… non en fait, je suis un gosse devenu adulte, j’y ai laissé ma candeur, mais j’ai appris à vivre avec deux choses : l’inébranlable volonté de vivre, et l’infatigable détermination de faire mieux. A vous tous merci, et que ceux qui, sans cesse, se cherchent des excuses, je vous renvoie vers ces hommes qui parlent dans ces vidéos. Lisez (c’est en anglais), apprenez, et surtout, taisez vous.

Miroslav, je suis fier que ma cousine soit ton épouse.

Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 1/6)
Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 2/6)
Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 3/6)
Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 4/6)
Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 5/6)
Documentaire Turbo Vod - en anglais - (part 6/6)

11 juin 2009

Un piaf à la fenêtre

Depuis deux jours le ciel s’essore inlassablement, et ses épanchements se gorgent de la crasse urbaine pour finir en flaques huileuses sur le bitume sombre. Là, le soleil semble s’être éveillé, chassant moutons gris et fraîcheur à coups de rayons. Douce sensation d’une brise presque d’été à l’ouverture de ma fenêtre, parfum impur mais si familier de la banlieue, il serait presque agréable d’y vivre s’il ne manquait pas tant de nature par ici…

Mais un son étrange, inhabituel résonne entre les façades de verre et de béton. Est-ce une clameur, des cris d’hommes systématiquement furieux pour un feu trop rouge, une place de stationnement trop petite, ou un bus jamais à l’heure ? Non, c’est trop clair, trop étincelant pour que cela soit les chordes vocales d’un stentor mal luné. Alors quoi ? Une jeune femme piaillant sa joie de vivre, virevoltant d’une vitrine à une autre ? Encore moins, tous, en contrebas, semblent n’avoir pas remarqués l’apparition de l’astre dans les cieux ; ils sont emprisonnés de pulls et de blousons, tous sont aussi gris que l’étaient ces nuages de printemps. J’ai beau chercher du regard, je ne comprends pas, je ne vois pas, ce n’est ni un grincement, ni un chuintement, une sorte de gazouillis…

Un oiseau ? Mais où diable se cache-t-il pour que le son porte à ce point ? Du regard je balaye les façades, scrute le moindre recoin, rien ne dépasse, rien ne vient troubler l’environnement figé des immeubles. Pourtant, ce son vient bien de quelque part ! A moins que ce soit encore une de ces ruses d’architecte stupide qui irait balancer par des haut-parleurs des sons de nature, comme dans ces magasins vous vendant à prix d’or des articles supposés « écolos » et « commerce équitable ». Non. Pas de machinerie, c’est trop clair, distinct et pointu pour que cela soit un enregistrement. Où ce piaf s’ébroue-t-il pour être aussi présent dans un espace aussi grand ?

Quelques pas à l’air libre, petite brise encore plus agréable quand elle me saisit entièrement, observation lente et méthodique des murs et recoins. Rien, encore rien… toujours rien ! A se demander si je ne suis pas à en train de rêver. Pourtant, je ne suis pas le seul à chercher, et je ne suis pas le seul à avoir un sourire large et sincère. Tout autour de moi, ils sont plusieurs à chercher cet insaisissable oiseau chanteur à tue-tête, ce clairon naturel qui babille quelque chose d’inconnu et scintillant à la fois. Je m’assois, m’allume une cigarette, et savoure ce moment étrange, cette magie du son qui vient de partout et nulle part à la fois. Où es-tu, sorcier des sons, roi des réverbérations, seigneur des échos ? Où caches-tu ton plumage ?

Enfin un doigt se pointe, il est juché sur une terrasse, il se dandine et piaille à s’en époumoner. Le diablotin à plumage est un moineau, un braillard qui chasse les pigeons, qui s’est approprié les lieux pour son usage personnel. Sa tête dodeline, il chante des mélopées, improvise, module, collant tierces et octaves à sa grande joie personnelle. Ce corps chétif, pas plus gros qu’un poing d’enfant, a découvert que l’endroit permettait d’avoir une voix digne d’un orchestre philharmonique. Depuis mon bureau jusqu’à cette façade, c’est une rue, deux enfilades de bâtiments et un porche qu’il faut traverser… Mais le tour pendable est bien là : j’aurais pu le chercher sans le trouver, observer vainement ces fenêtres borgnes sans jamais découvrir sa cachette. Monsieur ou Madame Moineau, vous m’avez fait sourire…

Alors finalement, bien que ce cri puisse incommoder ou intimider, moi il m’amuse, il me fait dire que la nature ne manque pas d’humour et qu’elle se moque bien de notre modernité. Allez, chante, braille, tonitrue dans l’environnement, offre ta cantate aux passants pour que, eux aussi, puissent avoir un petit sourire détendu, un instant de paix au milieu du tohu-bohu du quotidien !

10 juin 2009

Moi, une midinette ?

Lors de mes trop récurrentes nuits d’insomnie, je me laisse aller à regarder des séries de dessins animés. Déjà, là en disant cela, je sens l’imagination peu fertiles des plus mollassons d’entres vous qui me voient rire béatement face à l’indigente production française… Alors je recadre de suite : je ne regarde pas ce genre de « trucs », mais des séries animées japonaises ! Pour ceux qui ne connaissent pas, on appelle cela simplement « animes », car un manga est une bande dessinée et non un dessin animé. Je l’admets sans difficulté, j’adore les animes japonais, d’autant plus qu’ils sont souvent destinés à des adultes et non à des enfants en bas âge. Ici, pas de choses éducatives et horripilantes comme Dora l’exploratrice (imposez vous un épisode et vous comprendrez comment l’on fait d’une jeunesse innocente une bande de psychotiques ivres de violence), mais de véritables séries bâties avec un scénario, une réflexion, et souvent une musique à l’avenant. Sur ce point, j’admets même écouter très régulièrement les bandes originales des dessins animés qui me plaisent le plus !

Notons déjà de grosses différences entre la conception européenne et japonaise du dessin animé : ici, un dessin animé c’est un média forcément destiné aux enfants, avec si possible un message sous-jacent à vertu éducative. On ne se lasse pas de « contempler » (ironiquement) les invitations à la tolérance, au partage et au respect d’autrui. L’anime, lui, décrit, raconte une histoire, et ne s’embarrasse pas vraiment d’un moralisme mal formaté. Typiquement, l’anime est au dessin animé ce que la bande dessinée est à Disney : un usage des mêmes méthodes, mais à destination de tous les âges. Au Japon, il est normal de trouver des animes pour enfants (comme par exemple Yu gi Oh), pour adolescents (généralement des bagarres à rallonge avec un héros qui progresse petit à petit comme Naruto), pour adolescentes (Princesse Sarah en est un exemple, ou bien Candy pour les plus anciens), et pour adultes (voire même pornographiques). Dans cette prolifique jungle de titres, il est effectivement difficile de s’y retrouver tant les thèmes et les titres foisonnent. Malheureusement, l’image distillée par Dorothée et son sabotage systématique des premiers animes distribués en France (titres censurés à la tronçonneuse, doublés par des stagiaires, et qui plus est remontés comme un Jenga) n’a pas permis de réellement ouvrir l’Europe aux animes. Cependant, il existe quelques titres phares, des perles connues aussi bien au Japon qu’ici même. Notez par exemple Akira, manga culte puis film symbole en son temps, puis ensuite Ghost in the Shell qui fut même primé à Cannes, ou bien encore les films de Hayao Miyazaki, incomparablement plus profonds et riches que les fades productions Disney (Pixar excepté).

Concernant la quête de l’anime idéal pour vous, sachez tout de même que l’offre francisée est relativement faible, disons de l’ordre de moins de 1% de ce qui est produit chaque année est disponible ici, et ce après quelques années… Donc, dans la plupart des cas, ce sera des versions traduites par des fans (fansub), distribués sur Internet de manière plus ou moins… illégale. Ceci dit, prendre le temps de découvrir ces animes, c’est se débarrasser des séries américaines. Pour ma part, je ne suis plus aucune série autre qu’animée, du fait même de la profondeur des scénarii, de l’humour potache, ainsi que du graphisme souvent innovant.

Ah, j’allais oublier : le format des séries japonaises est généralement basé sur des saisons de 13 épisodes. Chaque épisode dure en moyenne une vingtaine de minutes. Certaines séries ont des épisodes spéciaux (spécial noël, spécial fête du printemps…) dont la durée peut aller jusqu’à une heure. On peut également trouver ce qui est nommé OAV, qui sont des épisodes, voire même des séries complètes jamais diffusées à la télévision, mais directement distribués en vidéo. C’est souvent le cas pour des épisodes bonus ou annexes. Typiquement, si la série distille une histoire, un épisode distribué en OAV pourra se concentrer sur un personnage particulier, ou bien sur un évènement spécifique. De ce fait, ces épisodes ne sont pas forcément indispensables à la série de départ, mais ils ajoutent beaucoup à la précision du scénario. A noter que certaines séries sont excellentes, mais directement vendues en vidéo pour assouvir l’incroyable demande du marché nippon.

Voici une petite liste de séries à voir absolument : j’y mélange les thèmes et les genres, de manière à ce que chacun y trouve son compte.

Ghost in the shell : deux films au cinéma, puis deux séries de 26 épisodes, ainsi que deux films télévisés. Là, c’est tout ce que l’anime peut présenter de meilleur : un graphisme incroyablement travaillé, des scénarii torturés à l’extrême, et des personnages charismatiques. L’histoire se place dans un futur proche, où Internet et humanité ne font plus qu’un , où la machine est omniprésente, et où l’homme n’hésite plus à s’augmenter (au point d’en devenir cyborg). Tout tourne autour d’une équipe comparable au GIGN, avec un aspect espionnage bien plus présent. Les relations humaines y sont fortes, les réflexions sur l’humanité et l’âme sont mises en avant (un homme est-il encore un homme quand seul son cerveau subsiste dans un corps mécanique ?). A voir, et à écouter pour une bande son monumentale.

School rumble : deux séries de 26 épisodes, ainsi que deux OAV en prévision d’une hypothétique troisième saison finale. Elle n’aime pas vos animes brutaux ? Elle vous affirme que c’est tout sauf intéressant des robots qui se mettent sur la tronche ? Que les animes c’est rien que de la violence ? Montrez lui School Rumble ! A la base, c’est une série destinée aux adolescents, mais les adultes peuvent s’y reconnaître et en rire (ou pleurer parfois). Tout se déroule dans un lycée typique Japonais, avec ce qu’il a d’ordinaire là-bas : uniformes, traditions culinaires, fêtes organisées, découverte de l’amour… Mais le tout présenté avec une grande tendresse et énormément d’humour. Tout y est affaire d’amour, d’amitié, mais le tout contrarié par les quiproquos en pagaille, ainsi par les préjugés vertement critiqués par l’anime. Un voyou qui reprend les études par amour pour une fille adorable mais un peu cruche, des incompréhensions sur sa façon d’agir avec elle et les autres filles de sa classe… A dévorer, pour de rire !

Full metal Alchemist : Attention, série très particulière dans son traitement. Son format est déjà relativement peu ordinaire (52 épisodes et pas deux saisons de 26, plus un film), et son contenu multiplie les réflexions profondes sur l’humanité. Le scénario se place dans un monde parallèle, dans une époque proche du XIXème siècle, mais où la mécanique et l’alchimie sont répandues. Deux frères ; Alphonse et Edward Elric, tout deux fils d’alchimiste, brisent le plus grand des tabous qui soit : créer la vie, ceci pour refaire vivre leur mère récemment décédée. Ils paient le prix fort : Alphonse voit son âme fixée dans une armure vide, et Edward y perd deux membres qu’il sacrifie pour sauver son frère des enfers. La série tourne autour du précepte « échange équitable », que l’on connaît sous la forme « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». L’alchimie est traitée comme une science, l’art de changer une matière en une autre. En apparence, FMA est une série pour enfants, de par un graphisme semblant assez simple. Il n’en est rien : l’aventure de la série est de redonner un corps à Alphonse, et ainsi le libérer de son armure d’acier. Essayez, c’est l’approuver. A propos, la série est disponible en français si vous êtes réfractaires aux sous-titres. Personnellement je préfère les voix japonaises. A vous de voir.

Code Geass : Je mets cette série car elle cumule énormément d’aspects présents séparément dans d’autres séries. Les Japonais sont fascinés par la machine (d’où la création de robots gigantesques, les méchas, au point d’en faire un genre à part dans l’anime), le pouvoir dictatorial (eu égard à l’empire), les relations amoureuses, et l’ambiguïté de certaines amitiés. Code Geass cumule ces thèmes dans deux saisons de 26 épisodes. Le scénario est assez original : sur terre, la Grande Bretagne (renommée Britannia) devient un empire omnipotent et envahit nombre de nations grâce à l’usage de méchas (des robots de combat). Le Japon est envahi, devenant une zone de l’empire, un numéro parmi d’autres régions sous contrôle. Le personnage clé de la série est un noble de l’empire de Britannia, Lelouch, qui a perdu sa mère dans un attentat, et a vu sa sœur estropiée (aveugle et en fauteuil roulant), tout cela à cause de luttes intestines pour le pouvoir sur l’empire. Lelouch devient une sorte de comte de Monte Christo, motivé par la vengeance, avec pour seul désir de démanteler l’empire et se venger de son père, l’empereur en personne. Lelouch se voit confié par une fille très énigmatique nommée C.C un pouvoir hors du commun : plier à sa volonté toute personne qu’il regardera dans les yeux, mais ceci une seule et unique fois. Trahisons, décisions politiques, mensonges, assassinats, rien n’est épargné dans cette série. Je la trouve parfaitement représentative de ce que peut donner l’anime sur les côtés obscurs de l’âme humaine. Passionnant, mais hélas encore indisponible en France, du moins sans téléchargement.

Si vous souhaitez des renseignements complémentaires sur le comment trouver ces animes, faites moi signe, je vous répondrai avec joie.

Certains sites disposent de listes complètes et circonstanciées sur le sujet : notez ces quelques adresses : Animeka : un recensement très complet des séries animées.
MangaLuxe: site d'information comparable à animeka
elite Manga: où comment trouver les animes en téléchargement...

Bonnes nuits blanches!!

09 juin 2009

Omar Bongo … Qui ?

Qui ça ? Ah, un de ces nombreux dictateurs Africains, aidés par des pays anciennement colonialistes, et préférant l’enrichissement personnel au détriment des fonds publics. Bah merde alors, moi qui pensais que mes idoles politiques s’étaient définitivement toutes éteintes après la chute du mur ! Bon, il est vrai qu’on ne parle que trop rarement de la misère du continent africain, d’autant qu’il est souvent délicat pour l’Europe de s’exprimer clairement sur la question, mais mettez-vous à la place des états bon sang ! Il serait mal vu de remarquer que l’enfant soldat présenté au JT n’est pas armé d’un sempiternel AK sino-russo-serbo-Dieu sait où, mais d’un modèle hors d’âge de pistolet mitrailleur, reliquat de réformes des stocks des troupes françaises, ou belges, ou on s’en fout de quelle armée d’ailleurs. En tout état de cause, le star system africain n’est pas à la hauteur, si ce n’est pour détourner des sommes colossales et se lancer dans des projets mégalomanes comme la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro (officiellement le plus grand édifice religieux chrétien du monde !).

Rien qu’à y songer, je trouve ce monument exceptionnel : plus grand que la basilique Saint Pierre de Rome dont il est une copie en démesurée, et bâtie en Côte d’Ivoire, cette basilique démontre bien que la tradition de la démesure et même du gigantisme a encore de grandes années devant elle. Tout despote se doit de marquer son temps, tout comme l’envisagea Hitler avec sa « Germania », folie totale visant à raser Berlin, et à construire une ville monstrueuse. Oh, à vrai dire, ces folies ne sont pas récentes : c’est quoi une pyramide si ce n’est un tombeau de luxe ? Et le Taj Mahal, à part une sépulture pour une épouse d’empereur ? Sans déconner, quand on y songe, moi je me cantonnerai au mieux dans du sapin, le tout foutu sous un bout de marbre à la con, mais sûrement pas dans une bâtisse propre à faire pleurer les artisans les plus aguerris. Quoique : je pourrais toujours demander à faire ériger un monument funéraire difforme, hideux et sale, de sorte à glorifier la connerie humaine, surtout si celle-ci daignait me mettre au pouvoir d’une manière ou d’une autre.

Bon, c’est pas tout ça, mais c’est que j’ai un coup d’état à fomenter moi… Ah merde vous êtes encore là ! Admettons un dictateur appelé Tonton (pour l’exemple ça fera l’affaire), et une nation quelconque sous son joug. Il faut que tonton soit le père de la nation et non juste un oncle, sinon Staline aurait eu l’air de quoi en « petit oncle des peuples » ? Il faut donc que tonton soit papa, et que ses enfants le prennent pour tel, et non pour un oncle de passage engrossant la Marianne, toujours prompte à être prise de nausées au pire moment. Bref, le pouvoir doit s’exercer pour qu’il reste ferme, sûr de son fait, et que chaque enfant de la patrie soit convaincu des bienfaits de l’obéissance au père de chacun. Attention toutefois à ne pas mêler religion là-dedans : un père nommé Tonton, père illégitime d’un enfant du peuple, ça ferait jaser au Vatican un truc de ce genre. Non, il faut savoir simplicité garder, et donc se contenter d’un type presque ordinaire, ordinairement marié, ordinairement cocu ou cocufiant sa femme (officielle), et collant un moutard dans sa seconde femme (cachée si possible).

Omar Bongo, toi qui fus un homme politique parmi tant d’autres en Afrique, toi l’antidémocrate et le corrompu (d’après pas mal de monde, j’ai pas les dossiers, et puis j’étais pas là, puisque j’étais pas né), tu t’es décidé à passer l’arme à gauche… Allez, tu as tout un tas de copains comme toi qui t’attendent de l’autre côté. Faut dire que ça se bouscule dans ce coin : les despotes, on t’en fabrique un par génération dans chaque nation d’Afrique, tout comme on en fout deux par décennies en Amérique du Sud. C’est beau, le pouvoir, non ?

Bon, là, je peux reprendre mes activités et songer à la meilleure manière de passer pour un dictateur sympathique. Comment ça c’est antithétique ? J’vous ai demandé quelque chose moi ? Et puis allez lire ça sur Wikipedia, ça vous instruira !

Omar Bongo sur Wikipedia

Le Taj Mahal sur Wikipedia

Notre Dame de Yamoussoukro sur Wikipedia

08 juin 2009

Un peu d’aventure imaginée

J’aime cette étrange faculté de pouvoir créer, sans vraiment trop savoir comment, des mondes et des situations improbables. En quelques instants, on s’emplit l’esprit de lieux, d’images, et l’on arrive parfois à le rendre si réel qu’il semble être tangible. Ainsi, face à l’imaginaire, la réalité semble alors fade et morcelée. Quel plaisir alors de pouvoir retranscrire une ambiance n’étant présente qu’en son esprit ! Je m’amuse, je joue, pétris et déforme les éclairages intérieurs, modelant à loisir l’endroit où se dressent rêves et espoirs confinés en moi, pour enfin les laisser se déverser par mon clavier.

Moi, conteur ? Allez savoir, peut-être suis-je saisi d’images provenant d’ailleurs, de vraies mondes que je crois tirés de mon esprit, et que je suis, comme tous les autres auteurs, qu’une interface, une sorte de téléviseur intérieur où seraient diffusés la « vérité », enfin, des vérités parallèles, différentes, oniriques ou sinistres… Et là, l’imagination, terreau incroyablement fertile, génère sa floraison d’idées tordues, drôles ou tristes, agréables ou inquiétantes. Depuis l’écriture d’une aventure poétique jusqu’aux romans parlant de démons et de maléfices, tous sortent de ces cortex parfois malades, mais toujours prolifiques.

Laissez vous aller. Fermez les yeux, écoutez votre environnement, divaguez, sombrez, remontez, l’esprit doit choisir seul sa direction. Abandonnez les commandes au rêve, qu’il soit maître à bord, et que vous soyez ouverts aux mots qu’il vous chuchote. Que dit-il ? Quelle aventure narre votez songe ? Y a-t-il un endroit inconnu à percevoir ? Si vous voulez vous aider, n’hésitez pas à user et abuser de la musique. N’importe quel morceau, n’importe quelle ambiance musicale peut vous permettre d’ajouter des couleurs. Et moi ? A quoi je songe là ?

Elle s’est assise au bord de la falaise. Monumental, le cratère sous ses pieds déploie ses kilomètres de profondeur et de largeur. Telle une enfant, ses jambes emmitouflées dans sa combinaison pressurisée battent lentement la mesure. Elle rêve. Au loin, il n’y a pas d’horizon, pas de nuages, pas d’atmosphère, rien que l’espace, le vide, omniprésent, presque oppressant et pourtant si familier. De la main, elle pointe vers les astres qui brillent comme autant de prunelles rieuses la fixant pour l’éternité. C’est étrange, cette sérénité du silence, quand l’air n’existe pas et que les sons ne peuvent donc pas se diffuser. Le seul bruit qu’elle entend est celui de sa respiration, lente, pondérée, calme, comme si être assise ici représentait la plus grande des méditations possible.

Elle esquisse un sourire en décodant les messages du temps : mouvements célestes, objet volant en orbite très basse, tous ces mouvements de rotation, de translation, comme suspendus dans des mains invisibles. De la paume de son gant quadruple épaisseur, elle manœuvre la visière de protection solaire, puis savoure l’éclairage d’un astre qui vient caresser les grises collines de son astre. Ils sont parvenus jusque là, colons d’un autre genre, explorateurs de cailloux célestes, et plantés un drapeau futile, pour l’éternité ou presque. Ses camarades sont quelque part, ils doivent travailler à leur retour. Elle, quelle importance, se dit-elle en battant encore et encore la poussière de ses jambes. Elle y est, enfin, à tout jamais, éternellement arrivée au bout de la route des étoiles. « On ne voit même pas la terre » dit-elle à haute voix pour elle-même. Loin, trop loin pour percevoir le petit rocher habité, le petit morceau de vie temporaire, l’oasis au milieu du froid et de la chaleur.

D’une poussée sur ses mains elle s’envole, légère, flottant presque dans le néant. La gravité est si faible, elle n’est plus qu’une plume sans vent, un oiseau sans battre les ailes, les bras écartés, amusée comme une gosse de ne plus être pesante, de ne plus être humaine à deux jambes, piégée par l’attraction, prisonnière d’un monde ordinaire où chacun ne sait que marcher et pas voler, se traîner par terre et pas rêver, survivre et pas vivre réellement. Lentement elle redescend. Une seconde impulsion, elle remonte, encore plus haut, plus haut, toujours plus haut… à en toucher les étoiles éloignées de mille ans de voyage, d’un million d’années, d’une éternité, d’un tout de suite, ou d’un jamais. Les yeux écarquillés, elle s’enrobe de l’image du céleste, de la rougeur d’une planète vue sur la droite, du bleu azur d’une autre plus lointaine encore, du gigantisme de ce rocher qui flotte tout proche, et du minuscule de ce soleil inconnu. Tout en perspective, comme en elle, grandeur, décadence des astres, force de la gravitation, absence de pouvoir de l’âme sur le temps.

Puis enfin, après une infinité de secondes, elle se repose, ses pieds bottés lèvent une fine poussière grisâtre, une farine douce amère de pierre éternelle, signe d’un temps immuable qui parvient à tout éroder. Un voyant se rappelle à elle : il est rouge, il clignote juste sous ses yeux. A l’intérieur du casque, une voix synthétique lui parle d’oxygène, de gaz carbonique, de danger… Elle s’en moque. A quoi bon s’en soucier ? Ses camarades sont là-bas, sur le lieu du crash. Le module s’est mal posé, il y a eu une brèche. Ils sont tous morts, noyés célestes, figés par le froid de cette étoile qu’ils devaient visiter pour la gloire. Qui viendra la chercher ? Personne, trop loin, beaucoup trop loin et pas assez de temps pour elle. Elle a prévenu sa base, on lui parle, la rassure, puis elle a fini par interrompre la communication. Trop pénible d’écouter ces mensonges faits pour l’empêcher de paniquer, enfin, de les laisser paniquer là-bas. Elle s’en retourne, pas après pas, vers la partie viable qui reste du module de retour. Il filtre le gaz mortel, le dioxyde poison, cela lui laisse encore quelques jours de rêve, de voyage intersidéral, de vagabondages solitaires dans la chaleur et le froid.

La lourde porte se referme, elle pressurise. Le chuintement significatif se produit, elle se dépoussière, se décontamine, et abandonne sa combinaison pour finir légèrement vêtue. N’est-ce pas là la plus belle des sépultures ? Elle sourit. Elle a déjà alignés les corps sans vie de ses camarades, là, au dehors, sans risque de les voir perdus ou emportés par le vent. Momies modernes, ils resteront là, à jamais. Puis d’un geste elle vérifie le temps qui reste sur ses équipements, fait un bilan des vivres : dernière manie d’une femme entraînée à toutes les situations… Toutes, sauf celle d’attendre patiemment des secours qui seront en retard, ou d’attendre la Mort. Ou de la choisir. Armée d’un sourire, elle observe une dernière fois : plus qu’une journée, deux peut-être. Les autres réservoirs sont vides, ses équipements défaillants ne lui offrent plus suffisamment de répit. Ils lui ont dit « quatre jours, patientez quatre jours !». C’était hier soir, enfin soir… Leur soir à eux. Alors, rieuse, elle leur dit adieu à la radio, se tourne vers l’issue de secours, se saisit de la poignée, la tourne…

Et tire à jamais la dernière manette.

Impact

On peut me reprocher de souvent ressortir les aspects sombres de l’existence, et ainsi vilipender la bêtise des hommes, cracher sur la monstruosité ordinaire des choses, et ainsi apparaître comme un être « doté d’une conscience qu’il peut croire virginale tant il se réclame d’être pur de toute pensée négative ». Hélas, trois fois hélas, je ne vaux guère mieux que mes contemporains, je ne saurais être exclu de la masse grouillante et stupide qui se vante de consommer, qui s’inquiète temporairement (le temps d’un dîner devant TF1…) de l’avenir d’une république africaine, et qui finalement clame ses bons sentiments à des fins de propagande pour soi. Tant que la confrontation est lointaine, pas étonnant que l’on se contente de rester coi et silencieux, rien de traumatisant à l’idée que la violence soit éloignée, si possible d’un océan, d’un continent, ou au moins d’une chaîne de montagnes.

Mais certains se prennent la vérité en pleine face, comme un uppercut de poids lourd, brisant alors les images d’Epinal, dépiautant l’âme au point d’en devenir obsession. Celui qui voit, celui qui vit, celui qui subit les images apprend à ses dépends que les sentiments sont parfois insuffisants, et que l’on recèle en soi des coins si sombres que même trois millénaires de réflexion philosophique n’arrivent pas à les analyser. On ne repart pas indemne de Beyrouth, on ne revient pas de Bagdad serein, on ne décolle pas de Mogadiscio le cœur en fête, on ne prend pas le navire à Bombay sans être à jamais marqué par la ville. Touristes ? Nous le sommes quand notre regard se défile et que l’on se contente du superficiel. Menteurs ? Tous nous sommes d’affreux et criminels menteurs quand nous prétendons nous faire du souci, ceci l’espace d’une discussion ou d’une conversation très « formelle ». Ah ça, on sait dire que l’avenir du monde nous turlupine, le tout en jetant négligemment notre gobelet de plastique par terre… Et pourtant, il y a tellement pire…

Les images sont devenues de simples morceaux dépourvus de sentiments, l’impact n’est plus vraiment celui attendu. D’inquiets observateurs de l’actualité, nous sommes devenus des voyeurs friands de sensationnel et de brutale réalité. Quoi ? On parle de la famine sans montrer de gosses gonflés et difformes ? Comment ça, on ne présente pas les mutilés de guerre ? Ce sont les réactions classiques des gens d’aujourd’hui. Je fus outré quand, au détour d’une conversation, j’ai entendu « qu’on » (sans moi, je m’exclue de ce on malsain), je cite « voudrait bien voir les débris du vol 447 ». Hé oui : il faut montrer, observer, sans pour autant être inquiété par cette distance rassurante que met la télévision entre soi et les violences quotidienne de notre monde.

Et parfois certains subissent le choc, celui d’être face à face avec la mort, la haine, le quotidien des autres, celui qu’on n’envie pas, celui que l’on craint pardessus tout. Guerres, reliques de guerres passées avec les mines et les bombes non explosées, guerres futures avec la montée de la haine, et puis cette violence permanente, de celle qui terrifie le tout à chacun… jusqu’au moment où elle est acceptée comme ordinaire. Voir un môme de Gaza, ça ne fait peur à personne, voir en vrai son regard déjà vide de son innocence, là, c’est saisissant. Cherchez donc les mots qui vous font le plus souffrir ou trembler, mettez les sur leur existence, et songez donc qu’ils sont mille fois plus forts en vrai qu’en imagination, et là, éventuellement, vous pourrez un peu effleurer leur réalité. Pas celle fantasmée, pas celle des médias qui se contentent de survoler.

Leur vie, enfin, ce qu’il en reste.

Tant qu’on ne voit pas, on ne sait pas, pourrait-on dire tels des Saint Thomas d’opérette. Ce que j’ai vu ? Des villages fantômes aux murs criblés d’impacts d’armes, des façades tagguées avec des propos racistes pour l’ethnie d’en face pour leur interdire de revenir, des forêts abandonnées à cause d’un panneau mentionnant « attention, mines ». Et puis j’ai vu cette source thermale où les gens viennent faire de la rééducation, réapprendre à se servir d’un corps mutilé auquel une bombe a ôté un bras, une mine déchiqueté une jambe, ou bien encore un éclat crever les yeux et ainsi rendre à jamais aveugle. J’ai entendu la complainte de l’ancien combattant ivre mort, qui, dans sa chair, sent encore le bout de fer fiché au bas des vertèbres et que personne n’ose extraire.

Cela fait de moi quelqu’un de différent ? Je ne sais pas, je n’ai pas la prétention de l’être, et encore moins de faire la leçon à qui que ce soit. Ce que je sais, c’est qu’un dessinateur, lui, a vu des choses aussi effrayantes et ordinaires, dans cet ailleurs lointain qu’on connaît de nom sans vraiment en savoir quoi que ce soit.

Suivez le lien ci-dessous. C’est engagé, les propos sont peut-être gênants pour certaines sensibilités ou opinions, mais il a vu… Et je comprends ce qu’il dit.

Que trop bien.

Bonne lecture.

La BD en ligne

05 juin 2009

Terreur technologique

Après l’article concernant l’aspect invasif des technologies, je suis tombé sur une brève rappelant la sortie du nouveau Terminator, série cinéma (et même télévisée à travers « The Sarah Connor’s chronicles »), qui, de par son aspect novateur en son temps et son côté apocalyptique dont nous serions responsables, présente la Machine comme étant inexorablement notre ennemi. Que l’on soit du genre optimiste pour l’avenir de l’Homme avec une cohabitation en bonne entente avec la machine, ou bien perplexe et prudent comme je le suis, Terminator reste un avertissement très fort. En effet, qui ne serait pas terrifié à l’idée que l’intelligence artificielle devienne un jour notre égal, et même supérieure par son profil mécanique, donc réparable, solide, et donc quelque part plus pérenne que l’homme ?

Le Terminator a de quoi hanter les esprits : assassin implacable, ne connaissant pas les sentiments, efficace, précise et endurante, cet organisme cybernétique (cyborg) présente toutes les caractéristiques du messager de l’apocalypse. Par son impitoyable et indéfectible détermination, le cyborg symbolise clairement ce que pourrait être une société où nous confierons notre sécurité intérieure et extérieure à des programmes et non à des hommes. La machine calcule, traite, analyse, et répond en conséquence. L’homme, lui, tergiverse, louvoie, accepte les compromis, et détermine ses actions non seulement en fonction de la logique, mais également en fonction de son libre arbitre, chose qu’une machine ne possède que très artificiellement. Programmez un robot pour tuer, il ne saura pas dévier de cette ligne de conduite, cela sera sa seule et unique mission, depuis sa création jusqu’à son achèvement, ou sa destruction.

J’ai récemment abordé la question du robot autonome de sécurité, chose qui s’approche d’assez près du concept du Terminator, à la différence notable de l’absence d’une « conscience », c'est-à-dire d’une faculté de prise de décision hors d’une programmation initiale. Expliquons rapidement cette différence : un programme est constitué d’entrées et de sorties, à l’instar d’une autoroute où circuleraient des voitures représentant les informations. De fait, impossible de sortir d’une autoroute en dehors des accès prévus à cet effet, et pour un programme (en simplifiant) cela reste très analogue. De ce fait, tant que les données sont compréhensibles et que les paramètres restent gérables par la machine, les réponses, aussi complexes soient-elles, chemineront par les voies prévues à cet effet. Les plus pointus en programmation peuvent parler des « bugs » (erreurs de codage, donc de traitement), mais ceux-ci restent cantonnés à un périmètre très restreint. Dans l’absolu, un bug n’est donc qu’une anomalie du système, et pas un pan complet de son fonctionnement. Typiquement, avoir un comportement supposé aléatoire de votre PC ne l’est concrètement pas : c’est majoritairement un blocage réitérant une opération menant à une erreur. Par comparaison, c’est comme essayer de traverser un mur en marchant, et retenter sans cesse l’opération qui aura immanquablement échouée. L’idée d’intelligence, au sens humain du terme, est très différente de ce concept : c’est permettre à la machine d’identifier des paramètres, puis de créer un réseau de réponses possibles, donc de choisir de nouvelles options, ceci en lieu et place des cheminements déjà existants. C’est la faculté d’apprentissage. Prenons un exemple : un enfant en bas âge tente de marcher, échoue, mais apprend peu à peu de ses erreurs. L’IA, si rien n’est prévu pour traiter cet apprentissage, échouera à tout jamais, quoi qu’il puisse se passer. Le hasard n’a pas sa place dans l’informatique, pas plus que la créativité au sens noble du terme.

Revenons donc à la frayeur d’une machine autonome capable de raisonner : qui sera en mesure de gérer cet engin ? N’oublions pas que raisonner sous-entend juger, c'est-à-dire estimer les capacités de chaque chose, de chaque élément, et d’en peser l’efficacité. Ainsi, en tant qu’humains, nous connaissons globalement nos capacités physiques et mentales, savons nos besoins naturels tels que l’alimentation, le repos ou le sommeil, et notre résistance aux éléments ou aux maladies. La machine, elle, aura pour premier et terrible avantage d’être aisément maintenable, d’avoir une autonomie certainement supérieure à la nôtre, et de voir toute une batterie de capteurs/senseurs lui permettant d’intervenir dans toutes les conditions imaginables. L’homme ne voit pas la nuit, un robot le peut à très peu de frais. L’homme a une ouie somme toute peu fiable, un robot peut se voir doté de microphones à haute sensibilité. L’homme, enfin, n’a pas de radar, chose qu’un robot peut employer sans grande difficulté. Concrètement, si l’on se base sur une idée de « négocier » entre l’homme et la machine pourquoi la machine irait alors s’abaisser à accepter quoi que ce soit d’un être somme toute inférieur à lui ? Parce qu’ on lui a implanté un précepte proche de celui du Dieu, en l’occurrence l’homme est le créateur, donc intouchable et forcément bon ?

L’intelligence artificielle, c’est tout bonnement se prendre pour Dieu, en tout cas pour le côté philosophique de l’âme. Jusqu’à présent, nous sommes encore aux balbutiements de cette intelligence : elle réagit en fonction d’actions reçues, agit à partir de listes d’actions potentielles, et donc aura nécessairement ce que l’on appelle des récurrents. Petite précision utile à ce sujet : tout comme aux échecs, à partir du moment où l’on a des règles suffisamment précises et surtout étriquées, le joueur d’échecs ne pourra agir que d’un nombre limité de manières. Typiquement, les ouvertures aux échecs sont connues et identifiées, ce qui permet donc de connaître les éventuelles ripostes, ou actions à venir du joueur. L’intelligence artificielle actuelle peut être comparée aux échecs : les règles sont connues, le nombre de paramètres limité, et donc le nombre d’actions attendues globalement restreint. Si je caricature, admettons un robot à l’intelligence actuelle, armé d’une arme quelconque. Si rien n’est préprogrammé pour lui permettre d’agir, le robot se cantonnera à user de cette arme jusqu’à épuisement des munitions, puis se contentera, au mieux d’aller chercher des réserves, ou bien aura un comportement précis en attendant de redevenir utile. L’homme, lui, pourra improviser : usage d’outils ou d’objets présent dans son environnement, et même actions suicidaires, concept totalement inexistant en robotique (sauf, bien entendu, pour les jeux où le suicide est intégré pour un côté « fun » en cours de partie). Donc, si l’on admet d’arriver à une intelligence artificielle capable de nous défier, cela reviendra à créer de toute pièces une conscience, et donc, en quelque sorte, lui accorder une âme synthétique. Quelles seront alors nos chances de survie face à cette intelligence ?

A l’heure actuelle, nous automatisons à outrance la gestion des combats : drones, missiles autoguidés, informatisation de l’assistance à la prise de décision et j’en passe. Concrètement, nous confions donc à des intelligences tierces la vie de centaines, voire de milliers de personnes, civils et fantassins mêlés. Plus les réseaux grandissent, plus potentiellement la notion d’unité disparaît. En effet, le maillage est aujourd’hui tel qu’il est quasiment impossible de provoquer un véritable black out mondial, ou même territorial. Le terrorisme cybernétique arrive bien entendu à provoque de véritables désastres, seulement ceux-ci ciblent des équipements, des entreprises, ou des cibles institutionnelles, mais pas une nation dans son ensemble.

Fin avril 2007, L’Estonie fut la cible d’une attaque électronique via Internet pour saboter le fonctionnement de ses serveurs bancaires, des structures d’information (presse et télévision), les réseaux de sécurité (police, services d’urgence), ainsi que les partis politiques locaux. Concrètement, la réussite fut relativement faible, tout au plus ce fut la panique qui s’en suivit qui fut plus redoutable que les pannes en elles-mêmes. En quelques heures, tout fut rétabli, et donc l’Estonie put revenir dans le réseau mondial. L’immense majorité des utilisateurs anonymes du Web ne furent pas touchés, et nombre d’entres eux prirent connaissance du problème qu’à travers des émeutes pro russes qui éclatèrent un peu partout à travers le pays. Suspicion d’assaut russe ? La question fut posée, mais globalement ce fut avant tout une forme de terrorisme au demeurant temporaire, aux dégâts financiers et politiques élevés, mais sans véritable conséquence sur le quidam.

Rappel de l'attaque russe sur l'Estonie en avril 2007 (01 Informatique)

Pourquoi ai-je abordé cette question de terrorisme informatique ? Pour placer un élément essentiel de notre futur technologique : nous ne dissocions plus le réseau de notre quotidien, et l’impossibilité de l’en extraire, ainsi que sa résistance (et ses faiblesses avérées face aux attaques) ne lassent pas d’inquiéter si l’on ajoute aux concepts de guerre électronique et d’intelligence artificielle autonome. En effet, si l’IA devient capable de raisonner, elle aura bien entendu la capacité de se servir du réseau pour interagir et communiquer. Rares sont les dispositifs qui ne disposent pas d’un accès au réseau, voire même d’une interaction forte avec lui. Un robot sur une chaîne de montage communique son état de fonctionnement aux opérateurs via un réseau d’usine, tout comme les automates bancaires transmettent nos données personnelles au moment d’une transaction. Un drone, par exemple, est un avion radiocommandé : il transmet ses données à des opérateurs spécialisés qui traitent l’information. Transmettent ? Et si c’est une intelligence artificielle l’opérateur ? Je ne saurais que trop déconseiller un trop fort rapprochement entre le logiciel et l’équipement, ne serait-ce que pour l’aspect sécuritaire fondamental concernant le piratage. Je parlais de l’attaque sur l’Estonie… demain sur les équipements militaires tels que des bombardiers sans pilote ? Et c’est une IA qui s’en charge ?

Quelle est notre plus grande faiblesse, hormis l’aspect physique dont j’ai déjà parlé ? L’aspect apprentissage ! Contrairement à la machine qui accède instantanément à la donnée, nous avons un temps d’apprentissage, avec une nécessité de mise en pratique. Dans les faits, cela se concrétise par les études, par la formation à la conduite, ou bien le temps pour simplement apprendre à marcher. La machine, l’IA, connectée au réseau mondial, disposant d’une capacité d’apprentissage, aurait instantanément accès à pour ainsi dire tous les détails nécessaires à son éducation : encyclopédie universelle, le Web offrirait alors une incommensurable source de données nous concernant, ainsi qu’une inépuisable ressource d’analyse de nos comportements et stratégies. En admettant donc une intelligence connectée nativement au réseau mondial, nous aurions alors face à nous un « Dieu », un Dieu machine, omniscient, omnipotent, impossible à déconnecter, capable de se préserver de toute tentative d’intervention extérieure. Pourquoi impossible ? Il y a un adage informatique qui est inévitable : si c’est logiciel, cela peut être dupliqué. D’une certaine manière, on peut prétendre à une relative impossibilité à la duplication pour des stocks de données tels que les moteurs de recherche comme Google, ou bien la duplication des volumes d’informations tels que les encyclopédies partagées (Wikipedia en tête). En revanche, si le programme est « peu » volumineux, ou simplement capable de s’infiltrer, toute machine du monde deviendra alors potentiellement un hôte, et donc une nouvelle origine pour cette intelligence.

Enfin, soyons clairs : si pour le moment la machine est et reste encore docile, c’est que nous avons, pour l’heure, peu de chance de parvenir à une telle puissance de raisonnement. L’intelligence n’est pas spontanée dans la machine, elle est reproduite synthétiquement, codée, et donc en quelque sorte « gravée dans le marbre ». Toutefois, la croissance exponentielle de la capacité de traitement de l’information cumulée à notre expérience de la répartition des tâches, nous pourrions à terme voir apparaître des IA réparties, c'est-à-dire un fourmillement de machines interconnectées, partageant puissance et capacités de stockage pour se rendre de plus en plus autonome.

Petit nota de fin : j’explicite l’idée de partage de calcul. C’est un principe qui est utilisé tant pour traiter la météo quotidienne que pour analyser les maladies génétiques. Un dispositif logiciel répartit sur un nombre énorme de machines ou de processeurs de calculs des bouts de traitements individuels, puis prend connaissance de ces bouts pour en faire un tas exploitable. C’est la mise en parallèle des calculs qui permet la réduction des temps, et non l’augmentation seule des puissances unitaires. On appelle cela du calcul distribué.

Pour voir des exemples de cette idée, lisez donc l’article source ci-dessous.

Calcul distribué sur Wikipedia

Le lien vers allociné pour le film Terminator renaissance.
Terminator salvation sur Allocine.fr