28 juin 2015

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C'est... Grandiose!

02 juin 2015

Eugénisme

Suis-je paranoïaque? Suis-je de ceux qui crient au loup parce que je me méfie de l'être humain? N'étant pas spécialement amateur de la théorie du complot, et encore moins des élucubrations de la toile sur les "Chinois du FBI qui mettent des GPS dans les alimentations de PC pour surveiller nos faits et gestes", je reste plus que perplexe quand on me parle de nouvel ordre mondial, de complot judéo maçonnique, ou de toute autre ineptie visant à créer un climat de méfiance généralisé. Qu'on se le dise une fois pour toutes: il y a effectivement des opérations secrètes, des tractations, voire même des choses inavouables qui sont faites soit au nom du saint patron Capital, soit au nom de la raison d'état. Dans un cas comme dans l'autre, l'épouvantail n'est alors pas mis en avant, et nous restons dans le brouillard, n'effleurant que vaguement les sujets importants. Quoi qu'on en pense, le grand public ne peut ni ne veut réellement comprendre ce qu'il se passe dans les arcanes du pouvoir. Il ne peut pas comprendre, car les intérêts supérieurs ne sont jamais ceux des peuples, et ne veut surtout pas en avoir connaissance, de crainte de voir notre petit confort mis en doute. Nous sommes assis sur le mensonge, parce qu'il est notoirement plus confortable de croire que de savoir.

Cependant, rien qu'en regardant autour de nous, nous pouvons faire quelques projections assez simples. Ce nouveau siècle est celui des technologies. Le précédent a vu énormément de choses apparaître, depuis le téléphone en passant par les biotechnologies, mais celui que nous vivons est celui de l'âge mûr pour ces concepts. Il est loin le temps du petit laborantin découvrant par hasard quoi que ce soit. Les nouvelles technologies, qu'elles soient du domaine de l'électronique, ou bien celui des biotechnologies poussent dorénavant l'Homme dans une nouvelle dimension: celle où celui-ci peut se prendre pour un Créateur (entendre par là un sens religieux et non scientifique). Songeons-y sereinement: nous pouvons manipuler le génome des plantes, procéder à des sélections pointues dans les races animales, faire de l'hybridation, et même décoder notre propre cartographie génétique afin d'y déceler des critères discriminants. Je pense donc que nous avons franchi un cap où la seule excuse du "nous voulions tester" n'est plus recevable. Nos connaissances, bien qu'encore balbutiantes dans bien des domaines, nous rendent nécessairement responsables de nos actes, et par voie de conséquence susceptibles d'agir sciemment contre notre propre existence.

Ce que je vois aujourd'hui émerger dans l'immense océan des connaissances, c'est que nous poussons nos recherches dans une direction dangereuse, à savoir l'eugénisme. Le terme est sale, connoté, et il mène immanquablement à des comparaisons difficiles à admettre.
En voici une définition (issue de Wikipedia)
L’eugénisme peut être défini comme l’ensemble des méthodes et pratiques visant à intervenir sur le patrimoine génétique de l’espèce humaine, dans le but de le faire tendre vers un idéal déterminé. Il peut être le fruit d’une politique délibérément menée par un État. Il peut aussi être le résultat collectif d’une somme de décisions individuelles convergentes prises par les futurs parents, dans une société où primerait la recherche de l’"enfant parfait".

L'idée est atroce, mais elle est bel et bien en cours de mise en exploitation. En élargissant la démarche à d'autres domaines que l'Homme, l'eugénisme est le nouveau terrain de chasse des scientifiques. Les contradicteurs iront me dire qu'il s'agit là d'une crise de paranoïa, d'une élucubration issue d'un esprit inquiet et donc potentiellement sensible à des raisonnements erronés. Je ne contesterai pas cette analyse, car somme toute moi-même je me demande si je ne pousse pas trop loin la réflexion. Cependant, en mettant un fil dénoué après l'autre, j'ai l'impression que l'écheveau est directement lié à une "perfection" génétique, à une sorte d'idéalisation des sciences au détriment de notre propre existence. La première et évidente direction serait de regarder du côté du vivant dans notre alimentation. Nous créons des OGM, nous les vendons, voire même nous les mangeons, tout en sachant qu'il s'agit là de manipulations potentiellement dangereuses, et que notre absence de recul sur plusieurs décennies ne peut que nous mettre en danger. Evidemment, on me dira que je suis trop sombre, que la manipulation effectuée permet d'augmenter les rendements, de protéger les plantes… Mais quid des hybrides involontaires? Quid des dégâts sur notre écosystème? Nous ne sommes pas des Créateurs, mais probablement notre propre adversaire. On recense déjà des cas graves de plantes OGM ayant donné des espèces hybridées avec des plantes locales, où le résultat se révélait résistant au désherbage, vivace quelque soient les conditions climatiques, proliférant à foison du fait de la programmation génétique initiale… et parfaitement inexploitable pour l'industrie agroalimentaire. De quoi faire frémir. Mais là, ce n'est qu'une première étape.
Quand les labels industriels prétendent vous tenir au courant sur l'état de santé des animaux présents dans votre assiette, vous escomptez que la norme permette de ne pas voir apparaître d'OGM dedans, puisqu'ils sont théoriquement quasi interdits en Europe, et en France en particulier. Erreur fondamentale: BASF a tenté de faire admettre la production de pommes de terre OGM pour l'alimentation animale, et que cette spécificité ne soit pas répercutée sur l'étiquetage des viandes ainsi mises en contact avec. Surprenant? Cela sous-entend donc qu'un porc nourri aux pommes de terre OGM pourra tout à fait vous être vendu sans que vous ayez eu connaissance de ce "détail". L'UE, et surtout quelques états, ont fait barrage et BASF a fini par céder et retirer la demande d'agrément. Mais pour combien de temps encore? Combien de temps les états pourront résister à la pression des industriels?
BASF veut faire passer sa pomme de terre OGM en Europe
BASF retire sa pomme de terre OGM

Il s'agit là d'une simple pomme de terre. D'une goutte d'eau, d'un simple détail technique. Mais il y a bien plus impressionnant: une chèvre produisant de la toile d'araignée … dans son lait!
Un article sur la chèvre araignée
Un autre article sur le même sujet

Là, on touche tout de même à l'apprenti sorcier, sauf que la manipulation n'a rien de fortuite, et que la méthode est clairement déterminée par une idée simple: "améliorer" le vivant. On veut donc aller au-delà de la simple protection et amélioration des espèces. Il s'agit clairement de vouloir créer de nouvelles espèces, et donc devenir des "Créateurs". En quoi est-ce que cela consiste? Tenter de trouver une perfection dans le génome, trouver des débouchés aussi bien économiques que stratégiques. Quand on invente de nouvelles espèces, il ne s'agit pas seulement de se contenter de faire des bénéfices, mais aussi d'avoir un contrôle sur les populations. Quand Monsanto crée des semis qui donnent des graines stériles, c'est pour capter et retenir définitivement les agriculteurs. Quand cette même société fait en sorte que ses graines soient protégées par un brevet, c'est pour pouvoir maîtriser sa clientèle. Quand on détermine ce qu'on a le droit d'exploiter, quand on peut faire mourir un pays en cessant la fourniture des semis, on n'est plus dans le commerce mais bien dans la politique. Et cette politique, elle sent fortement la sélection, le tri entre les "bons" et les "mauvais" clients.

L'instauration d'un monde tout génétique n'a rien d'une simple lubie, et encore moins d'une étape normale dans le progrès industriel. Quand des états riches disposent de médicaments accessibles, peu chers, mais qu'ils n'aident en rien d'autres à se soigner, on n'est plus dans une problématique économique. Quand les pays riches disposent de soins adaptés pour le paludisme ou bien la lèpre, on ne verra pas ces traitements être distribués en Afrique. Faute de moyens? A cause des guerres? Si ce prétexte peut sembler suffisant, il me semble tout aussi probable qu'on ne veut surtout pas aider ces pays à se développer. Il est autrement plus efficace de laisser les "sous-hommes" s'entretuer avec nos armes, nous vendre à vil prix leurs ressources "dont on a plus besoin qu'eux", et surtout les laisser mourir "pour un meilleur contrôle de la population". Etrangement, quand une maladie dangereuse et virulente vient à apparaître (tel que le virus Ebola) et qu'il menace nos contrées, là le monde se bouge pour éviter que la cochonnerie biologique vienne jusqu'à nos portes. Il est alors ironique de voir l'ONU et l'OMS s'agiter frénétiquement pour mettre un terme à la pandémie, tandis que d'autres continuent, car elles ne menacent pas directement notre existence.

Nous tendons à chercher la perfection technologique, mais nous allons dorénavant au-delà: nous voulons une perfection humaine. Entre les tests prénataux poussés (ADN notamment), les thérapies géniques, et même des traitements médicamenteux "préventifs".

La pilule de jouvante? sur topsante.com

Le risque est flagrant: créer une sorte de "nouvelle race" humaine, où l'on va distinguer clairement ceux qui peuvent profiter des progrès, et ceux qui devront vivre sur un ancien modèle. Que va-t-on pouvoir voir? Difficile à dire: nous n'en sommes qu'au début, aux premières heures d'une folie où l'Homme pourrait bien se modifier sciemment, quitte à y laisser bien plus qu'il n'y gagne. Le plus grave, c'est que tant les industriels que les états sont impliqués, et si en façade il n'y a pas de véritable attitude favorable à l'eugénisme, l'arrière-plan est autrement plus flou. On a autorisé le fait que des entreprises déposent des brevets sur la Vie, et donc de détenir des droits sur tout être vivant. Dans le même temps, des états font traîner les choses concernant les débats éthiques, afin que les failles de lois dépassées par les sciences profitent à certains. Ca semble impossible? En interdisant certaines manipulations, en bloquant toute méthode spécifiquement mises en application non pour soigner, mais bien pour améliorer le vivant, nous pourrions éviter des dérives. Mais à aujourd'hui, nombre de pays riches se refuse à agir. Pourquoi? Parce qu'il est économiquement plus viable de laisser faire, ou bien parce que ces études seront favorables à ceux qui ont l'argent? Ce n'est pas l'argent le nerf de la guerre, mais celui qui va profiter du pouvoir obtenu avec.

Je mettais en avant les sociétés. Je vous invite à lire les articles ci-dessous:
Google investit dans les biotechnologies
Le projet Calico de Google
Les investisseurs affluent sur le marché de la biotechnologie

Toutes les méga entreprises visent les sociétés de biotechnologie, car elles semblent receler un potentiel d'évolution monstrueux. Nous sommes encore loin de mesurer l'ampleur du phénomène, et encore plus de saisir les enjeux de cet avenir sous le signe du génome modifié. Médecine, alimentation, armement, natalité, contrôle des populations, tout est un potentiel génétique, et pire que tout un potentiel d'eugénisme massif. L'éthique est un bien grand mot si nous sommes lucides. L'éthique, refuge annoncé pour nous éviter le pire n'est plus un critère de choix.

Je pourrais lister des centaines, voire des milliers d'affaires liées à cette folie, mais il y a sur la forme une chose à ajouter, et celle-ci est encore plus marquante que les autres. Les plus grosses sociétés du monde sont des entreprises directement liées aux technologies tant de l'information, que dans un futur proche à bien d'autres choses. Google comme Facebook se diversifient, et il ne s'agit pas simplement d'une politique d'expansion économique. Le risque d'un glissement vers des ploutocraties n'a plus rien d'une chimère communiste, et son image d'Epinal avec des populations qui se révoltent pour abattre la Machine n'a plus lieu d'être. Quand J.London a écrit "le talon de fer", celui-ci confrontait des ouvriers à des patrons exploitant les masses avec des machines broyeuses de membres et de vies. Aujourd'hui, les industriels ont choisi la méthode douce, à savoir le contrôle par le confort et surtout la peur de le perdre. On est passé du chantage et menace, au contrôle pacifique et discret. Quand une seule et même entreprise détient déjà votre vie privée (Google), et que demain elle pourrait détenir des droits sur votre ADN, pensez-vous que l'état aura encore du pouvoir pour freiner les ambitions de ce géant? Il me semble évident que le risque sanitaire est majeur, et que nous devons, à tout prix, éviter qu'un tel pouvoir soit détenu par une seule firme. Seulement voilà, bloquer le commerce, ce serait alors ne plus être des capitalistes, ce ne serait pas commercialement ni politiquement acceptable.

Nous devons rendre le pouvoir au bon sens. Nous devons absolument légiférer et maîtriser cette expansion des biotechnologies, sous peine de devoir dire un jour quelques phrases aujourd'hui terrifiantes, mais qui sait demain banales
"Dis papi, à quoi ça ressemblait une abeille?"
"Dis papi, pourquoi on ne peut pas semer des graines nous-mêmes dans le jardin?"
"Dis papi, pourquoi papa et maman ils m'ont choisi blond avec des yeux bleus? Moi j'aurais aimé des yeux marron!"
"Dis papi, c'est quoi une pomme?"
"Dis papi, pourquoi il y a partout de la publicité pour les médicaments?"
"Dis papi, c'est quoi un surhomme?"
"Dis papi, pourquoi à la télé ils montrent rien que des gens super forts?"

Ignoble? Caricatural? Regardez vos médias dans le fond des yeux, lisez donc ce qu'ils essayent de vous annoncer: une ère où l'on cherchera l'uniformisation, une forme de perfection, et où l'on voudra gommer la différence, effacer l'individualité, et où l'on se cherchera tôt ou tard des excuses quand nous aurons dépassé les bornes.