25 juillet 2007

Vengeance gustative

Il y a certains restaurants qui sous couvert d’une présentation dite « haut de gamme » se permettent de vous faire les poches et au passage de vous démolir cruellement les papilles. J’aime manger, et en ogre bon vivant je reconnais une faiblesse pour les vraies bonnes tables. Mais combien de fois ai-je eu pour seule satisfaction de ne pas avoir à payer l’addition, l’invitation l’incluant au passage ? Ne pas se fier à l’enseigne c’est s’épargner bien des déconvenues. Au détour de certaines gargotes il peut arriver que l’on découvre une perle, un miracle de l’assiette : le bistrot avec son couscous maison exceptionnel, le restaurant sans prétention au bœuf bourguignon savoureux, certaines personnes attachent encore de la valeur aux choses de l’estomac et de la bouche. Défenseurs de la bonne bouffe levez vous ! Je serai le premier à vous défendre fourchette en main s’il le faut ! Ne cédez pas à l’oppression des papilles uniformément maltraitées et réveillez la différence…

Bon nombre d’esprits chagrins pestent contre les chaînes de restauration rapide, mais oublient-ils que ce n’est pas une concurrence ? Pourquoi comparer un sandwich avec un vrai plat mitonné ? Le véritable souci c’est l’irrespect de certains cuistots qui supposent à tort que mal cuisiner mais rapidement c’est faire un client content. Désolé, des patates crues ne m’enchantent pas, de la viande mal cuite non merci et pardessus le marché trouver le moyen de rater une omelette est honteux. Plats simples d’accord, mais sans se payer la tête du client tout de même ! On se plaint des Mc Donald’s, mais c’est oublier un peu vite qu’ils sont tout autant contrôlés que les autres et que tous les produits sont français. Et oui dommage pour la légende mais pas une pomme de terre américaine n’est passée à la friteuse dans l’hexagone… A dire vrai on peut reprocher cette uniformité et ce manque de personnalité de ces restaurants, mais ils font ce que l’on demande, c'est-à-dire être toujours au même niveau de qualité, chose que bien des mauvais restaurateurs devraient apprendre à faire.

Je sens que je me suis mis les restaurateurs à dos, mais songez-y : c’est autant le prix exagéré chez certains que la qualité douteuse chez d’autres qui font que le plaisir de la bonne table au restaurant se meurt chaque jour. On reprochera aux jeunes de ne plus hanter les bars, mais vu les tarifs aujourd’hui pratiqués ce n’est plus une bourse d’étudiant qui saurait offrir une tournée sans ressembler à une faillite personnelle. Et pourtant, dire que nos parents considéraient le bar, le resto du coin et le parc à proximité comme des incontournables de la vie des quartiers ou du village. Maintenant devenir un habitué d’une gargote semble invraisemblable, et l’on vous regardera presque étrangement si vous serrez la main du patron qui est une bonne connaissance.

En deux à trois décennies bien des nations nous offrent leurs coutumes gustatives : Asie, Afrique, Océanie… tous les pays ou presque sont représentés avec plus ou moins de bonheur. Moi qui aime découvrir, il m’arrive d’être (mal) servi : pseudo restaurant Africain où le seul plat disponible est du poulet rôti enduit d’une (infâme) sauce piquante (sans saveur en plus), le tout garni d’un riz (mal cuit) supposé pilaf, et ce n’est qu’un exemple parmi les drames qu’on peut croiser tous les jours !

Dénoncez ces indélicats, ces sagouins qui ne méritent pas d'être derrière des fourneaux et communiquez sur ceux qui savent encore faire preuve de bon sens et qui entretiennent encore cette relation de client à restaurateur, celle là même qui fait d’eux les gardiens du temple de mes papilles. Je le redis : bien manger est un plaisir, profiter d’un vrai service de table est une joie, et alors laisser un pourboire s’avère être une juste rétribution.

C’est pas tout ça mais va falloir que je casse la croûte moi tiens…

24 juillet 2007

Sauve qui peut !

C’est stupéfiant comme les situations de crise peuvent mener à tout un tas de choses différentes allant depuis la couardise la plus immonde jusqu’à l’héroïsme digne d’éloges. Dans l’entre deux, il y a nécessairement toute une variété de gens qui, sous couvert de ne pas trop savoir quoi faire et qui, plus honnêtement, sont plus préoccupés par leur sort que par celui des autres. Sommes-nous des héros, des lâches ou un peu des deux ? Moralement la question est digne d’intérêt tant l’on pourrait analyser sans fin chaque être humain sous la loupe froide de l’analyste que je suis.

Quid de vivisection, commençons calmement par le champion des sauveurs, la cape au vent et le regard acéré, j’ai nommé Norbert. Bon, Norbert ne porte pas de cape, ne met pas son caleçon au-dessus de ses collants et surtout nous épargne la métamorphose de la cabine téléphonique. Pour tout dire, Norbert est assez rond, fume pas mal et porte des lunettes de vue qui lui servent vraiment. Encore un qui a le profil type du célibataire échoué sur la plage de la solitude et qui se contente sûrement de repas au micro onde. Bref, Norbert aperçoit une gamine tombée au milieu de la route, le feu passe au vert. N’écoutant que son courage, le regard vif, la volonté d’acier, il se détend, prend appui et foncer littéralement à côté de la gosse pour la sauver…

Après trois mois d’hôpital et deux broches en acier dans le genou Norbert peut enfin sortir du bâtiment glacé sur ses jambes avec l’aide d’une béquille. Et oui, notre héros est pantelant, mais fier de ses actes, enfin si l’on ose qualifier se prendre un pare choc de plein fouet alors que la dite sale gosse s’était déjà relevée et repartie sur le trottoir salvateur. Hélas n’est pas héros qui veut, et parfois il faut savoir juger une situation avant même de décider d’agir. L’air d’un con le Norbert, mais que l’air. Admirons son abnégation et sa volonté de bien faire, bien que le résultat soit déplorable. C’est ainsi, agir implique souvent prendre des risques… D’un autre côté, le héros est celui qui « revient du front sans baigner sans son sang ». Pas faux même si l’on a élevé quantité de stèles, mémoriaux et autres plaques de marbre pour célébrer ceux sans qui la liberté serait une simple idée et pas un fait quotidien. Je me suis souvent demandé si ces femmes et ces hommes ont vraiment choisis la mort plutôt que la défaite, ou alors si comme le tout à chacun ils se sont mis à trembler face aux fusils punisseurs de l’envahisseur honni. Gloire à celui ou celle qui nous rappellera qu’on est des Hommes et que notre essence même dépend de notre courage.

A contrario il existe tout de même une majorité silencieuse, la pernicieuse attentiste qui sous des dehors bien mis de gens trop vieux, trop jeunes, trop chargés de gosses, bref trop occupés ou impotents pour devenir héroïque se cache l’ordurier profiteur, trop couard pour lever le poing autrement que pour soulever une choppe. Il est plus facile de refaire le monde sur un zinc de comptoir qu’adossé au mur du peloton d’exécution, ce à quoi on vous répondra que vous n’êtes qu’un idéaliste, ce qui n’est pas foncièrement faux. ET après ? L’idéal n’a rien d’insultant, sauf s’il passe par laisser les autres mourir et s’en satisfaire voire en profiter grassement. Ne mélangeons pas le pétochard avec le pétainiste : le pétochard se cachotte alors que le pétainiste lui met au cachot, ce n’est pas du tout pareil. De fait, le couard survivra sur l’immondice alors que finalement le collabo périra à la libération. Un héros qui s’est trompé de camp, toute proportion gardée bien sûr.

Le héros ordinaire est plus chiant, limite prétentieux. Vous le connaissez tous, cet emmerdeur fier de son action dans une association quelconque pour sauver des gens qu’on connaît pas, le gargarisant merdeux se vantant d’avoir été au front, alors que de front il n’a connu que celui de sa cachette à l’état major, et pardessus tout celui qui va avoir sa minute de gloire après avoir tiré mémé des orties sans avoir omis de lui extorquer quelques billets en remerciement. Le héros ordinaire mérite les éloges quand il sait fermer sa gueule, pas quand il s’en targue à tout instant. J’aime la discrétion de celle qui, courageuse, sauve, soigne et adoucit derrières les portes closes d’un hôpital, alors que je hais, oui je conchie l’imbécile montrant à qui veut l’entendre qu’elle va aller fouler la terre d’Afrique pour sauver ces pauvres affamés. Un « ta gueule » dans le fusil pour ma part, voilà ce qui t’attend vantard de mes …

On a besoin de héros, de symboles finalement (me relire pour comprendre l’allusion), car lâches et faibles comme nous sommes nous avons besoins de quelqu’un de mieux pour nous prouver que nous pouvons, nous aussi, agir. C’est pour ça que le sport plait autant : il démontre que la volonté, la discipline et parfois même la témérité peuvent venir à bout de tous les obstacles. Seulement, allez expliquer ça à l’abruti qui méritera sa peine pour « non assistance à personne en danger ». DEGONFLE !

23 juillet 2007

Tentacules

Depuis des décennies on qualifie la mafia de « pieuvre », ceci par analogie avec ses tentacules se collant à tous les secteurs de l’économie et ce qu’elle soit légale ou non, allant jusqu’à envahir le monde politique. Tout état subit malheureusement ce genre de présence, et paradoxalement bon nombre d’entres eux s’en accommodent, comme si un système corrompu présenterait des garanties économiques que ne peuvent offrir des entreprises légales. Pourtant, ce qui caractérise plus la mafia c’est les capitaux colossaux que la violence dont elle fait preuve quand il s’agit de régler ses contentieux. On chiffre aujourd’hui en milliards de dollars les sommes qui transitent de manière plus ou moins illégales, le tout sous couvert d’un secret bancaire malsain.

J’imagine bien qu’on me dira qu’il y a une lutte permanente contre la corruption, contre le trafic de stupéfiants et que les états font en sorte de limiter ces activités, mais reculez un peu, ne voyez plus le patriarche Corleone ni le Al Capone du cinéma, voyez plutôt les méga entreprises qui émergent chaque jour un peu plus du néant. Bien des grands patrons s’offusqueront de ce constat, un Francis Bouygues m’aurait attaqué en justice sur le champ, mais en vérité, quelle différence entre une entreprise qui brasse des milliards dans tous les secteurs économiques et une autre qui brasse ces mêmes milliards via d’autres activités ? Finalement peu, voire aucune car l’une comme l’autre s’acoquinera avec le pouvoir, les gouvernements, les ministères, gangrenant profondément les marchés : corruption des marchés publics, passes droits divers, souplesse fiscale, détournements, truquage des comptes, ça semble tout de suite moins « différent » non ?

Les marchés classiques du crime organisé ne sont plus que des pis allers, des terrains de secours où l’argent continuera toujours à couler, mais le modernisme aidant, c’est à présent l’informatique qui génère plus d’argent via le piratage que l’industrie de la drogue ! Nous sommes tous ou presque dépendants de systèmes informatiques, et par conséquent il y a un marché colossal de la contrefaçon et de la copie illégale. Quoi de plus intéressant que de payer une version non officielle au dixième de son prix dans le commerce ? Ne nous leurrons pas, nous sommes autant victimes que consommateurs tant il est vrai qu’éviter la contrefaçon de produits manufacturés devient un vrai jeu de piste : faux sacs Vuitton dont la qualité va du douteux à l’excellent (et même meilleure que l’original !), CD copiés en masse puis revendus une misère, montres qui n’ont de Breitling que le nom… tout y passe et au final, si l’on se pose les bonnes questions on se rend compte que l’industrie de la copie est décidément immensément productive et bien organisée. On ne fabrique pas des millions de maillots de football contrefaits dans un atelier sombre au fond d’une cave, il faut une usine…

Toute société d’échelle mondiale a des attitudes de conquête digne des guerres de territoire : étouffement de la concurrence, reprise à bas prix des réseaux existants, purge des inutiles puis enfin bénéfices en masse. Quand un Total reprend une société dans son arborescence, quelle différence avec la prise de contrôle d’un secteur ? Aucune, c’est une politique agressive et efficace. Après ça, on va nous parler de légalité, mais les banques sont-elles innocentes ? Qui engendre de l’argent doit le faire gérer, et les coffres forts sont aussi muets que des tombes. De fait, tous nous pouvons parier sur le fait que la magouille n’est donc pas la panacée des mafiosi de grand papa.

Après ces rappels, observons la croissance démentielle de Google : oui, le moteur de recherche… et pas seulement ! Partie de rien ou presque, la société détient aujourd’hui la tête du classement des moteurs de recherche le plus utilisé au monde. Savez-vous ce que représente Google en terme d’échelle industrielle ? Avec ses 450000 serveurs, Google est loin devant Microsoft qui en vise 800000 pour 2011 afin de rattraper son retard. Les résultats économiques sont tout aussi éloquents : Au 31 Mars 2006 pour le premier trimestre de cette année, le bénéfice opérationnel de Google était de 742 millions de dollars et le chiffre d'affaires (à 99% publicitaire) était de 2,25 milliards de dollars. Chacune de ces 450000 serveurs a produit 1649 dollars de bénéfice opérationnel et 5000 dollars de chiffres d'affaires, en sachant que chaque machine coûte environ 1000 dollars. Rentabilité exemplaire non ?

La pieuvre informatique dans toute sa splendeur, Google lit automatiquement tous les sites publiés, les analyse, les décortique, et en tire des statistiques pour alimenter le moteur de recherche. D’un point de vue purement technique cela constitue un annuaire parfaitement utile pour le réseau, mais c’est aussi une arme démoniaque pour connaître le monde et même le commander. On parlait de Bill Gates (Microsoft) comme d’une hégémonie de Windows, mais là, c’est encore plus insidieux : plus vous utilisez Google, plus ils en savent sur vous !

Terminons sur ceci : Google a créé un certain nombre de produits annexes aussi intéressants que Google Earth (une terre en 3D couverte des photographies satellite du monde. Passionnant et instructif sur la géographie), Google Maps (pour vous localiser et que vous le disiez à vos amis), les blogs (et oui je suis hébergé chez un démon car Blogspot est une partie de Google), la vidéo via youtube, enfin bref des dizaines de produits excellents, gratuits… mais loin d’être muets. L’innocent peut dire qu’ils respectent la vie privée, mais je me pose une seule question : où va-t-on aller ? Vers une domination bipolaire Google Microsoft où l’ordinateur sera estampillé de la fenêtre multicolore et le web d’un logo Google ? Ce n’est sûrement pas un modèle sain que ce soit économiquement que techniquement. En cas de défaillance de ce géant du réseau, qu’est ce qui se passera ? N’est on pas devenus dépendants de Google ?

Un "petit" documentaire (en anglais)

20 juillet 2007

Les souvenirs d’enfance

« Le visage tendre et naïf qui se ferme sous la couverture de ses rêves peuple mon âme de nuages colorés ». C’est joli je trouve et pour une fois c’est de moi, et n’y voyez pas une quelconque glorification de mon art de la plume car j’avoue sincèrement avoir une forme de tendresse pour l’enfance, cette période où la torpeur des adultes n’a que peu d’influences. J’adore ces regards pétillants qui cherchent le jouet ultime, l’outil magnifique du rêve qui devient réalité l’espace d’un instant, ces mains potelés qui caressent longuement l’onirique objet puis qui s’en détourne au moment d’un changement brusque d’humeur. Que les enfants sont des poètes, qu’ils animent en moi la chaleur rare d’un sentiment de bonheur.

Quoi qu’il arrive on a toujours un petit souvenir à chérir, le moment à faire réapparaître pour se souvenir qu’on a été à un moment ou à un autre une âme innocente et pure de la souillure humaine. La première balade à vélo sans les petites roues, le sourire enfantin d’un voisin qui est devenu un ami, l’odeur d’une confiture qui cuit lentement dans la cuisine, tous nous avons en nous ces espoirs trop souvent déçus d’une existence toujours emplie de rêves et de tendresses. A quoi on les rattache ? Un nounours bleu qui a survécu à l’outrage du temps, des centaines de pièces de LEGO ayant donnés la Vie à des choses improbables, et cette odeur de colle Cléopâtre distribuée à l’école primaire. Les parfums, les lieux et les sons rebâtissent souvent des moments qu’on croyait morts et enterrés en nous.

« Je me souviens », que j’aimerais pouvoir dire ces mots plus souvent, les user jusqu’à la trame puis les revoir à nouveau neufs sur mes lèvres. Aujourd’hui le bâtiment qui a accueilli mon entrée dans le monde n’est plus, tout comme la clinique qui s’est chargée de mon voyage utérin. L’un comme l’autre le béton s’est chargé d’en obstruer les ouvertures, puis un jour le marteau piqueur en a assassiné la façade, le toit, puis finalement les planchers pour faire table rase du passé. Que sont-ils devenus, ces gens dont je ne me souviens pas toujours, sont-ils ne serait-ce que vivants ? La voisine aux innombrables chats que j’appelais affectueusement mamie est-elle de ce monde ? Le calendrier annoncerait pour elle le centenaire cette année… Henriette si vous êtes « ailleurs », soyez assurée de l’Amour que je vous ai porté pendant mon enfance. Et ce voisin braillard et pourtant gentil avec les gosses ? Parti on ne sait où, plus de nouvelles. Là où trônait une cage d’escalier une dalle de goudron recouvre mes souvenirs à jamais. Poussière de vie, poussière de souvenirs épars.

Dire que je croyais que le choc des générations n’est qu’une lubie de personnes trop fermées pour comprendre la jeunesse… A y regarder de plus près comment un adolescent peut-il comprendre la sensation qu’on ressent en revoyant des dessins animés mal réalisés, sans scénario ou presque mais qui vous remet dans l’ambiance du gosse allongé sur la moquette du salon ? Comment va-t-il saisir l’intensité du miracle du passage du noir et blanc à la couleur dans le poste ? Sait-il qui était Jacques Martin ? Ses références ne sont pas les miennes, et je passe pour un ancêtre à présent, trop vieux pour piger ce qu’est la musique à la mode et plus encore pour m’enthousiasmer pour la dégaine de mes contemporains. On vieillit tous, mais ça se fait si vite…

Télévision de toutes les émotions, les musiques de générique qui deviennent des tubes en discothèque, le retour fracassant des soirées organisées pour ma génération, ça sent tellement le sapin plus que la violette tout ça ! Nostalgie du Goldorak, envie de revoir un transformers entre mes doigts, plaisir de traîner dans les rayonnages et y découvrir la boîte d’un mopoly survivant face aux consoles de jeu, je n’y résiste pas, à cette mémoire volatile qui me dit que oui, je jouais souvent aux échecs avec mon voisin, que oui on en a passé du temps à courir malgré le mauvais temps, à arpenter ces parcs en sable plein de gravier, à tomber puis se faire rafistoler les genoux écorchés. Le passé… parfois il revient comme ressort le visage d’une personne qui a pris de l’âge.

Parfois le réveil est douloureux, pâteux comme après une chirurgie, et les moments d’infamie surgissent en nous, souillent notre avenir et noircissent notre passé qu’on voudrait idéaliser. C’est avec tendresse qu’on se souvient de la voiture du papa et qu’au fond, une fois plus vieux on se rend compte qu’elle n’était pas toute jeune, inconfortable même et qu’elle fut pourtant bien utile. Il y a aussi ces bagarres pour la Vie, les colères intérieures que l’on taira à jamais pour ne pas faire souffrir les siens, ces méchancetés dites et regrettées aussitôt, et ces souvenirs qui vous violentent, vous font ce que vous êtes et que pourtant vous aimeriez n’avoir jamais vécus. L’alcool pour certains, la solitude pour d’autres, l’enfance maltraitée, les familles disloquées, parfois même la mort trop précoce, forge de Vie, forge de tristesse et souvent forge de caractère, mais à quel prix ?

Je le dirai un jour à mes enfants, si une femme a la bêtise de me permettre de me reproduire avec elle, oui je leur dirai un « je me souviens », je leur raconterai les cache cache dans la cité, l’odeur de la cage d’escalier, la saveur de l’eau en plein été, et si j’ai le temps je leur montrerai aussi qu’on doit aimer pardessus tout vivre, vivre avec ceux qu’on aime et ne pas avoir honte de le leur dire aussi souvent que possible.

19 juillet 2007

Nuke pas clair.

Il y a comme un parfum d’atomique dans l’air : un petit pet de la terre et c’est le nucléaire Japonais qui tremble méchamment. Effectivement, ça peut vous mener à une psychose de savoir qu’une centrale nippone a senti passer le tremblement de terre de lundi. Une fumée noire et voilà que les journaux s’interrogent sur le bien fondé d’installer et maintenir des équipements d’une telle nature sur un territoire si sensible aux séismes. Affligeant tout de même, jusqu’à présent personne ne se posait de questions étant donné les besoins colossaux en électricité du pays. D’un seul coup on regarde les évaporateurs avec circonspection… oui les évaporateurs, vous savez ces cheminées laides au possible qui crachent non pas de la fumée mais de la vapeur d’eau, ce symbole du pouvoir atomique au service du génie civil.

Que dire ? En toute bonne foi le peuple Japonais a de quoi frémir car avoir de telles centrales à proximité, surtout sur une île dont la densité de population est hallucinante ne prête guère à rire là-bas, cependant j’objecterais qu’il s’agit là d’une mauvaise foi classique dans nos sociétés modernes où le dieu Energie devient le diable quand il se rend menaçant. Jusqu’à Tchernobyl personne ne se disait que « ah caca la centrale ! Ah boum boum possible la machine ! », mais non, on se vantait de l’indépendance énergétique du pays et plus encore on communiquait sur la propreté et sur le rendement extraordinaire ! Pauvres de nous se disent à présent les écologistes en pointant du doigt les responsables que sont les politiques et les ingénieurs taxés de bêtise criminelle.

J’aimerais qu’on comprenne une chose essentielle : le nucléaire est et restera quelque chose de dangereux à manipuler quoi qu’on fasse pour se préserver des risques. Le monde a ouvert la boîte de Pandore il y a un peu plus de soixante ans et bon nombre de nations se verraient bien remettre le couvert avec un voisin gênant. Ne nous leurrons pas, ce n’est pas tant la politique que nos désirs irraisonnés qui ont fait fleurir ces centrales. Et oui, la télévision, le magnétoscope, l’éclairage public, les trains à grande vitesse, le chauffage électrique ne fonctionnent pas par une opération du saint esprit contrairement à ce que supposent les enfants en bas âge. De fait, si demain l’on en arrivait à couper le courant dans une région densément peuplé, nul doute que ce serait l’anarchie en à peine quelques heures. Plusieurs grandes villes du monde ont expérimentés sans le vouloir une telle situation qui a mené à des émeutes parfois sanglantes, mais surtout accompagnées d’actes de pillages des commerces. Pas d’électricité pas de lumière et l’obscurité est le royaume de l’impunité.

Techniquement parlant le plus gros risque effectif du nucléaire est un accident de type Tchernobyl, c'est-à-dire la perte de contrôle de la réaction de fission nucléaire par les opérateurs, le tout menant à l’explosion du cœur. En dehors de cela une centrale est relativement peu menaçante vu le niveau de sécurité et de fiabilité exigé (surtout en France où nous sommes bien plus sévères que les USA par exemple). Là où tout se complique énormément c’est au niveau des déchets, et une fois de plus c’est l’égoïsme général qui parle : prêt à consommer, pas prêt à en assumer les conséquences. Tous acceptent une électricité à bas prix, mais quitte à avoir des déchets autant qu’ils soient enfouis de préférence chez les autres. De fait, bien des questions demeurent sur l’avenir du nucléaire notamment concernant la fin de vie des centrales plus que trentenaires. Cet avenir là est une échéance proche qu’il ne faudra surtout pas rater.

Pour en revenir à l’incident japonais, que peut-on comprendre ? Le Japon a un statut très particulier sur le terrain de l’atome vu que le pays fut brûlé dans sa chair par l’arme atomique et aujourd’hui encore la blessure est plus que vive. La littérature, le manga, toute la culture suppure par la plaie irradiée et au moindre incident une centrale devient immédiatement un sujet terrifiant. Bien sûr que cette peur est légitime mais attention à ne pas grossir quelque chose d’anodin. D’une certaine manière, ce pays vit avec la technologie avec une telle symbiose qu’il nous est à nous, européens, impossible d’en comprendre toutes les complexités. Qui de nous peut se prétendre vraiment totalement connecté ? Une visioconférence dans la rue ne surprend personne là-bas, les débits internet sont ahurissants et la quantité de biens de haute technologie par habitant est carrément hors de portée du vieux continent. De fait, tout cela consomme… et nécessite beaucoup de puissance. Débat sans fin entre propreté mais peu productive et besoins sans cesse en progression.

Bon nombre de personnes parlent de Tchernobyl comme d’une icône devant faire date dans l’histoire du nucléaire mondial, de sorte à vouloir prétendre à un « plus jamais ça ». Désolé de décevoir les rêveurs, mais tôt ou tard, peu importe où et peu importe pourquoi, il y aura un autre accident d’ampleur, peut-être pas à cette échelle mais, quoi qu’on fasse, le risque zéro n’existe pas. Un jour ou l’autre on annoncera une panne majeure ou un terrible accident dans une installation atomique quelconque. Les conséquences seront, une fois de plus minimisées puis mises en avant trop tard. Les gestionnaires de l’atome sont une armée dénuée d’uniforme, une grande muette qui ne se vante pas de ses bévues ou échecs probablement quotidiens. L’Homme dans son imperfection peut faire des erreurs, l’atome est parfait donc parfaitement impitoyable…

Des solutions ? Ne jouons pas les enfants, nos besoins ne sont plus en regard avec nos véritables nécessités, le superflu devient vital et revenir en arrière est impossible. Toutes les solutions de rechange sont et resteront encore un moment insuffisamment efficaces pour nous débarrasser de ces menaces en forme de champignons. Tout ce que j’espère c’est que des pays trop peu fortunés pour entretenir ces centrales vétustes auront le courage de demander de l’aide au monde pour ne plus voir une nouvelle zone interdite à toute forme de vie…

PS : des centrales de type Tchernobyl, c'est-à-dire construites à l’identique, sont encore en activité non seulement dans les anciennes républiques soviétiques mais aussi dans bon nombre de pays de l’ancien pacte de Varsovie.

A lire et à méditer sur la question:
La référence sur les "accidents" dramatiques et quasi inconnus du nucléaire

Tchernobyl bis à venir...

18 juillet 2007

Le positivisme

Il se peut qu’on puisse me reprocher régulièrement de faire preuve d’un cynisme de bon aloi, fort à la mode dans le milieu des pseudos intellectuels bobos qui trouvent toujours le moyen de placer une petite frustration dans leurs discours sous couvert d’une critique construite. Bien évidemment, afficher systématiquement une humeur souriante proche de la béatitude n’est réservée qu’à ceux qui peuvent prétendre à la quiétude de l’âme, bien que je sois fermement convaincu que l’Hommes est condamné à haïr lui-même et ses pairs, peut-être tout bêtement parce qu’il suppose non sans raison qu’il y a toujours un crétin pour lui saboter son bonheur égoïste. Toutefois, bien que je sois réactionnaire dans mes opinions, gueulard et critique sur bien des thèmes, j’estime encore posséder cette part de positivisme niais qui encombre souvent les étagères de la morale qui nous constitue en tant que « société ».

Comment ça, vous vous moquez, vous supposez que c’est de l’ironie et du deuxième degré qui se nimbe d’une fausse innocence ? Ne me flattez pas vils courtisans, il m’arrive aussi, dans mes écarts et mon inconduite d’avoir l’intention et le cœur chargés par la tendresse infantile qu’on peut vouer aux choses et aux gens. Certes je prête moins de charité que de colère verbale, mais enfin n’est-ce donc pas possible d’être juste simple de temps en temps ? Ca semble si énorme que ça ? Décevante réaction, moi qui supposais que, malgré ma dose de noirceur affichée l’on pouvait aisément apercevoir la surface cristalline et protégée de mon âme…

Je ne vous blâme pas à vrai dire, c’est vrai que dans ce monde où la seule politique s’appelle l’égocentrisme, il nous est difficile d’aborder les gens sans la crainte légitime d’une réaction de rejet ou même de haine à peine camouflée par un refus poli de répondre. D’une certaine manière, l’individu pris unitairement se prétendra positiviste au titre qu’il vous énoncera quelques espoirs laconiques sur le destin du monde : la paix mondiale, la préservation des baleines à bosses, la fin de la course à l’armement… Non franchement dans sa solitude il vous trouvera forcément des bienfaits à apporter à ses proches et même aux autres qu’il ne veut surtout pas connaître. Amusant paradoxe, d’un côté il s’affirmera alors pro écolo mais grognera contre les taxes mises en place pour financer le recyclage. Ere d’égoïsme et de corruption par la déification de l’argent.

Suis-je si caricatural quand j’affirme qu’être positiviste c’est surtout être hypocrite ? Allons, ne soyez pas modestes : nous tous nous prétendons à atteindre une haute valeur morale, à détenir la charité discrète mais efficace et même pour les plus fiers à s’impliquer dans des associations caritatives, ou du moins les financer. Mais parmi les donateurs, combien peuvent m’affirmer sans frémir que c’est un acte désintéressé ? Peu… ce n’est pas positif, c’est juste s’offrir à bon compte une bonne conscience, tout comme à l’époque de la renaissance où les nobles s’offraient des billets de faveur du pape pour s’assurer un passage idéal vers l’au-delà. Ca ressemble à s’y méprendre à une simple glorification du geste et non de la conscience…

Quand je parle donc de positivisme, je songe surtout à celui idéal, celui dont se pare le cœur sans pour autant s’afficher à la boutonnière. Je ne suis pas raciste et ce n’est pas pour autant que je porterai la main du « touche pas à mon pote ». Je crois en l’avenir de la science pour sauver l’humanité du SIDA, mais ça ne me forcera pas à arborer fièrement le ruban rouge. Je désire la fin de la guerre, je ne mettrai jamais un maillot frappé du blason de la paix. Etre positif, c’est avant tout croire et revendiquer en ses opinions, et pardessus tout faire en sorte qu’elles soient diffusées et écoutées. A quoi bon se cantonner à la petite fierté quand on peut inciter à la rendre universelle. Le communisme (au sens quasi religieux du terme) prône une égalité des « classes », la pacification des relations entre les patrons et les ouvriers, la fin de la relation exploiteur exploité. Quoi de plus positif que ça finalement ?

Je sais bien que parmi vous certains se visualisent une étoile rouge, une moustache drue et des états dictatoriaux, mais n’est-on pas dans une forme éclairée de dictature de la finance ? On ne juge plus vraiment les gouvernants sur des actes politiques ou sociaux mais sur des bilans comptables. La dette, l’investissement, la balance commerciale, les remontrances de l’EU envers l’état, de quoi douter même du fait que nous sommes un pays et non pas une société anonyme avec un capital. J’estime fermement que ce manichéisme doit s’effacer car aujourd’hui celui qu’on nous impose sous la forme du « si tu n’es pas riche tu n’es rien » n’est pas plus sain. Jouons le jeu positif : si l’entreprise agit avec discernement, alors le salarié sera heureux… mais depuis quand le capital a-t-il un cœur ?

Je suis donc positiviste sur bien des aspects, mais n’allez pas me dire que je m’en vante. Tant que nous garderons ce côté sombre et trop peu regardant sur le respect d’autrui je me garderai de me réjouir ouvertement en préférant alors être vindicatif sur ce qui doit être dit sans pour autant occulter ce qui est réussi.

17 juillet 2007

Honnêteté Historique

J’hésite souvent entre colère et abattement quand on aborde des sujets tels que l’Histoire ou bien la politique. Mornes terrains de faiblesses humaines je vous hais ! Enfin, je hais ceux qui pratiquent la « correction » pour ne pas dire la mystification éhontée de faits qui deviennent des mensonges. Que les sombres desseins des Hommes viennent obscurcir l’horizon des rêveurs n’a rien d’étonnant, mais tout de même dans quel but inavouable va-t-on prêter des propos infâmes à une personne qui jamais n’aura d’opinions malsaines ? Pour se faire connaître ? Cela m’échappe.

Peu à peu je révise plus d’un lieu commun à la lumière de mes lectures hétéroclites et souvent je suis atterré par la vulgarité avec laquelle est traitée la précision historique. Cela va du petit détail omis qui fait toute la différence, jusqu’à la suppression pure et simple d’une période entière, comme si par enchantement notre Histoire avait trouvé le moyen de se comprimer pour tasser dans une alcôve sombre les résidus gênants de notre passé. Depuis l’antiquité élevée en modernité oubliée jusqu’aux récents évènements de la guerre d’Irak, rien n’est laissé intact et la complexité des situations devient toujours machinéenne : le bien contre le mal, l’occident contre l’orient, la paix contre la guerre. Sortez un peu de cette fausse innocence qui vous tient lieu d’étendard : le simple n’est pas Homme surtout quand il s’agit de relations humaines.

« C’est le vainqueur qui écrit l’Histoire ». Cette citation est d’une immense valeur quand on y songe car après tout, pourquoi le vainqueur avouerait-il ses erreurs, pourquoi ferait-il preuve de clairvoyance ? Auréolé qu’il est par sa puissance triomphante, le vainqueur devient souvent le nombril du monde ce qui lui permet d’occulter bien des écarts. Les USA ont agi avec force pour la libération du territoire Français lors de la seconde guerre mondiale. Observez donc : uniformes pimpants habillant des soldats distribuant vivres et douceurs, le tout au son des fanfares… mais on ne dit pas que les soldats se sont livrés au viol des allemandes, au pillage, aux destructions inutiles mais revendiquées comme étant des faits de guerre. « Nul n’est parfait » va-t-on me répondre en souriant avec ironie. Certes, l’Homme est faible, mais de là à totalement faire s’évanouir les images réelles de rage et d’envie de vengeance, j’ai du mal à suivre. Autre exemple pour ces messieurs à la bannière étoilée : pourquoi Dresde ? C’était une ville de repos, à l’arrière, sans réelle valeur stratégique. Effet psychologique du massacre de civils ou juste débarras de stocks surnuméraires de bombes incendiaires ? Certaines personnes parlent de coup au moral, d’effet dévastateur sur la combativité : alors expliquez moi la résistance de Berlin… j’ai dû rater un épisode.

La seconde guerre mondiale fut le premier conflit médiatique avec l’usage de l’image et du son. Jusque là, tout pouvait se censurer et se modifier. L’image, elle, ne ment pas et raconte une situation… encore que, les soviétiques ont joués la reconstitution pseudo historique pour l’arrivée de leurs troupes dans les camps de concentration. Bonne publicité bien orchestrée équivaut à propagande efficace. Reprenons la France aux jours sombres de l’occupation. Actuellement on enseigne aux gosses que «ah caca Pétain, ah méchant les collabos, ah que héros les résistants ». Bien. Vichy n’a pas été un gouvernement facile à gérer puisqu’il a fallu composer avec l’occupant, faire en sorte de le freiner sans pour autant le vexer, et réussir pardessus le marché à temporiser en espérant une aide extérieure qui se faisait attendre. Loin de moi l’idée de prétendre que le maréchal Pétain, gâteux et rétrograde a bien géré la situation, mais qui aurait pu prétendre mieux faire ? Bien des résistants ont crû dans l’administration Pétain, et ce n’est pas vrai d’affirmer qu’il était un ennemi de l’Etat. Si je me trompe, pourquoi a-t-il été préservé lors de son jugement ? Malaise et question gênante…

On nous pousse à la culpabilité pour bien des faits historiques, ou supposés tels. La décolonisation, l’esclavage, les croisades… dans tous les cas c’est la fibre historique que l’on tisse pour amadouer ceux qui auraient des envies de justice. Dans l’ordre : la décolonisation n’a été propre nulle part, que ce soit d’un côté comme de l’autre. Les extrémistes en Algérie ne se sont ils pas livrés à des actes barbares ? L’esclavage : les africains ainsi que les arabes ne le pratiquaient-ils pas et ne s’enrichissaient ils pas avec le sang de leurs frères ? Les barbaresques ne sont pas une vue de l’esprit mais une réalité historique. Quant aux croisades, même principe : l’invasion n’a pas été le fait de l’empire Ottoman peut-être ? Jérusalem n’a-t-elle pas subi les tueries après les victoires arabes ? Personne n’est totalement innocent.

Pondérons un peu le propos si tant est que ce soit faisable : l’histoire dérange autant qu’elle fascine et l’envie de la manipuler à son avantage est tout de même attirant. De fait le vainqueur appréciera sa gloire, le vaincu ruminera sa vengeance… et les autres subiront l’attente douloureuse d’une revanche. C’est ainsi : nous sommes faibles face à nos erreurs. Par contre, juste une chose : ne me collez pas la responsabilité des massacres nazis ou des barbaries de l’esclavage Français, je n’étais pas né d’une part, et d’autre part la culpabilité n’est pas génétique !

Pour finir : la guerre comme la paix, l’histoire des religions et celle de leurs adeptes est tachée de sang, noyée sous des flots de haine… et nous jouons encore les apprentis sorciers. On n’apprend donc rien aux élèves de l’ENA… je le crains…

16 juillet 2007

Peine de mort

Le vieux débat, celui qui choque au moins autant qu’il enflamme les esprits. L’image de la guillotine, du peloton d’exécution, de la chaise électrique, de l’injection létale. Qui ne s’est jamais posé la question existentielle sur la moralité ou notre capacité à dispenser une peine extrême en guise de sanction pour un criminel, enfin du moins une personne jugée comme tel ? La nature même de la question réside sur plus d’un terrain contrairement à ce que peuvent prétendre ceux qui l’appellent de leurs vœux que ceux qui trouvent son principe intolérable.

L’aspect juridique.
D’une certaine manière c’est le terrain où il y a le moins de difficultés à appréhender. Le législateur doit choisir entre autoriser ou non l’usage de la peine de mort ainsi que déterminer son cadre exclusif d’utilisation. De fait, si l’Etat décrète la légalité de l’usage de la guillotine, il ne statue absolument pas sur sa part morale lors de l’exécution de la sentence. La Loi a force de décision et non d’analyse sociologique. On ne dit pas si c’est bien ou mal, on dit si c’est autorisé ou interdit. Distinguer ces deux aspects est essentiel pour mieux comprendre la difficulté à légiférer. En effet, tout débat sur la justice est toujours partisan et empreint d’une sensibilité morale fort peu pratique pour agir avec précision et sans engagement autre que de servir avec justice le peuple. De fait, la pression exercée sur les gouvernements proviendra toujours de groupes engagés dans des croisades d’opinions, bien souvent guidées par des réactions plus hostiles au gouvernement en place qu’à l’idée par elle-même. Prenons la constitution européenne : elle a été refusée non pour son contenu mais pour sanctionner les hommes et femmes en place. De ce fait la peine de mort pourrait bien être remise en place, sous couvert que la rue ne se mette pas à battre le pavé pour refuser la restauration d’une telle méthodologie exécutoire.

L’aspect moral
Distinguons morale et religion : la morale est présente chez toute personne avec plus ou moins de sens et de notions de valeurs, alors que la religion est affaire de croyances personnelles et donc uniques à chaque être humain. La morale voudrait qu’on ne tue pas un homme, même sous couvert de se débarrasser d’une vie trop dangereuse pour la communauté. Par dérivation c’est le concept d’éliminer le chien qui a la rage… seulement dans quelle mesure peut on toujours croire que préserver la vie est possible ? L’invasion d’un pays étranger n’impose t’il pas la levée des masses dans des troupes armées, prêtes à l’affrontement et donc à la mort ? La morale est faite de paradoxes impossibles à accorder dès qu’on aborde la question du droit de vie et de mort. Qui décide ? Les jurés susceptibles de se tromper ou d’avoir des opinions partisanes ? Le juge ? Homme de loi mais homme de convictions ? Le chef d’état pas plus qu’un autre ne saura être toujours le meilleur juge. L’inégalité est humaine tout autant que la justice idéale ne l’est pas. D’un côté on revendiquera la nécessité de protéger la communauté, quitte à encourir le risque de la fameuse erreur judiciaire, de l’autre la protection à tout prix d’une vie… C’est donc un débat moral et non juridique qui est son point de blocage.

L’aspect religieux
On entend souvent dire que les groupes de pressions sont areligieux, chose qui à mon sens est un mensonge éhonté. La pression menée sur un gouvernement quand cela touche de si près à la Vie ou à la Famille (au sens large du terme) provient systématiquement de congrégations et d’unions fortement politisées par la religion. De fait, si un groupe lance que « Dieu est seul à pouvoir avoir le droit de Vie et de Mort », tout est dit ! A-t-on seulement idée du danger d’un tel discours ? Les choses terrestres que sont la justice et l’ordre ne doivent pas appartenir à la foi, ce n’est pas en vain que les gouvernements se sont peu à peu dissociés de l’église pour mieux prendre le contrôle des institutions. Pourquoi un gouvernement devrait avaliser ses lois par une instance basée sur la Foi et non sur la Loi ? Dans le même schéma mais en parfaite opposition certains pays ont repris des exécutions par lapidation, méthode barbare qui n’est qu’une survivance de rites auxquels des religieux s’attachent à donner une dimension spirituelle. Oter la vie n’a rien de spirituel, c’est plus un acte soit réfléchi et déterminé par les circonstances, soit un accident dramatique qui aura un impact démesuré.

L’aspect répressif
Vaste débat : la peur de la mort suffirait-elle à réduire les crimes ou bien les criminels ne craindront pas ce procédé ? Les USA peuvent être un exemple : cela sert aussi bien à faire peur qu’à techniquement réduire la population carcérale. Dans un cas comme dans l’autre personne ne peut prétendre à démontrer ou infirmer ces allégations. Je suis plus que circonspect sur l’aspect propagande de la peine de mort. Pas un pays ne peut se targuer de meilleurs résultats par une répression plus sanglante. A contrario des pays ayant abandonné la peine de mort semblent voir réduire la délinquance grâce à la prévention…

Pour ou contre la peine capitale… la question est si délicate qu’elle provoque en moi des réactions contradictoires. Si c’est un tueur d’enfant, vais-je le condamner plus facilement qu’un trafiquant de drogue (la Thaïlande applique la peine de mort pour le trafic de stupéfiants, quelque soit la quantité transportée…) ? Si les preuves sont insuffisantes, dois je être clément ou bien maintenir ma décision d’envoyer le détenu à l’échafaud ? Quelle sera ma responsabilité en cas d’erreur judiciaire ? Va-t-on juger le vrai coupable, et lui aussi l’envoyer à l’échafaud ? Trop de questions méritant des réponses auxquelles nul ne peut répondre sans prendre un parti personnel et non celui de la population. Les pro guillotine sont souvent ceux qui estiment que la mort serait le seul remède pou les criminels sexuels ou « barbares ». Notons avec ironie que l’estimation de la violence d’un crime varie selon les cultures et les personnes impliquées. On pardonne plus facilement un crime passionnel si violent soit-il qu’un braqueur ayant eu à tirer sur la police pour couvrir sa fuite. Qui est le plus coupable des deux ?

13 juillet 2007

Rendez nous nos symboles !

Dans la série « Je vous ferai suer avec mes sujets inintéressants jusqu’à ce que vous pleuriez des larmes de sang », je prends les vieux symboles du temps du communisme. C’est fou ça, l’idéologie Stalinienne est morte depuis bientôt deux décennies, et sa version marxiste n’a jamais vraiment été mise en œuvre, pourtant bien des personnes arborent une étoile rouge au revers, brandissent des drapeaux frappés du marteau et de la faucille et même vont jusqu’à chanter l’internationale. Ca semble être de la nécrophilie là !

Qu’on ne vienne pas me rebattre les oreilles à propos de la Chine qui n’a de populaire que le nom, de l’empire du cigare levant ou de la Corée du nord, il y a là-bas moins de communistes convaincus que de koalas sur le territoire Français. De fait, contentons nous d’observer cette survivance de la dialectique révolutionnaire : l’étoile marquant la fierté idéologique est-elle réellement preuve d’une intelligence politique ? Ce fut, semble-t-il à la Sorbonne en 68 une démonstration de bon goût aux relents phrygiens, aux parfums sanguins et aux idéaux mutins. L’étudiant de 68, que savait-il de Mao à part son livre rouge élevé en bible au milieu des chambrées de boutonneux gueulant à tue tête « Papa maman je veux aller à Tombouctou. » Hélas les temps changent : les étudiants rêvent de New York ou de Los Angeles, les professeurs d’un retour au marxisme révolutionnaire chez les plus revendicatifs de leurs élèves, et les anciens de la mort par pendaison de la majorité des jeunes à qui ils prêtent les pires intentions. Dire qu’il y aura eu des millions de morts au nom d’une étoile rougie… quoi que de rouge elle le tiendrait alors du sang versé, ceci expliquant cela.

Et aujourd’hui, nos chers ahuris qui prétendent encore élever le dogme Stalinien sur l’autel, sont-ils amnésiques, fous ou les deux ? Rien de tout cela malheureusement. Il s’agit là de la quête spirituelle du symbole dont le tout à chacun a besoin pour se guider dans l’obscurité des opinions malléables de la plèbe mal renseignée, ou pour retrouver cette foutue nationale un soir de pluie. Bref, des symboles nous n’en avons plus ! Mitterrand, le grand Tonton ? Disparu ; Les cocos ? A plus ! La droite ? Depuis l’effondrement du mythe gaulliste il ne reste plus de divinité coutumière tant de l’hémicycle que de l’exercice pénible de baratiner la foule sans en penser un mot. Depuis que la nation a divorcé avec Dieu sans même demander de pension alimentaire, le néant se fait force de Loi pour les esprits faibles. Vers qui se tourner alors ? Les millénaristes vous trouveront toujours quelque chose ou quelqu’un à vénérer, les sectes se fendront d’un gourou en quête d’image et d’argent, et nos personnages publics vendront leurs images à la presse et aux médias divers et variés. Admirons donc cette déesse Amélie Ma… heu non là ça je ne peux m’y résoudre…

Symbole, symbole, est-ce que Sarkozy a une tête de symbole ? Et bien oui, celle de l’intégration des populations immigrées et de la réussite des hommes de l’ombre. Oh, loin de moi l’idée d’arborer son profil à mon revers, j’ai bien assez à faire avec mes cols merci. Non, je disais ça à tout hasard, comme une remarque que même un personnage charismatique mais somme toute ordinaire peut provoquer les passions les plus virulentes. N’empêche, les Beatles eux n’ont jamais créé de telles tensions sociales… Et on ne se moque pas parce qu’un concert avec Paul, John George et Ringo ça vous faisait une émeute en dix secondes montre en main !

Je me moque et j’avoue que c’est un chouia facile, mais finalement, si nous tous nous n’avons plus de vrais symboles, que nous reste-t-il concrètement ? Une société où la famille n’est plus qu’une utopie, où le mariage provoque la nausée et où la culture se contente de publicité et de téléréalité. C’est un discours conservateur je sais, vieille France… mais merde quoi moi aussi je tiens à mes symboles ! Travail Famille Pat… houlà, là non plus ça ne le fait plus, mais alors plus du tout ! Vous savez quoi ? Vous me fatiguez à fuir certaines réalités : sans unité nous ne sommes individuellement personne, des fantômes, et le Dieu argent n’est qu’un traître…

12 juillet 2007

Manga et musiques

Ce post du jour n’a pas pour but de vous présenter le phénomène manga car de mon point de vue il me semble difficile d’embrasser cette culture particulière qui me passionne sans pour autant dériver et oublier certains de ses aspects fondamentaux (codes graphiques et culturels, design, personnages, références historiques…). De fait, aujourd’hui je me concentre sur une petite présentation rapide de ce qui accompagne l’image : la musique. Je sais qu’il est pour le moins surprenant de me restreindre à ce côté ci mais c’est aussi une des choses qui me plait le plus dans le manga. Cette brève a donc pour désir de faire un abord à de nombreux styles fort différents les uns des autres.

La musique « classique » dans l’animation
Comme toute musique devant se joindre à l’image, la musique classique peut s’adapter et même ajouter une nuance épique. Côté cinéma on peut relever Carmina burana ou la chevauchée des Walkyries qui sont des références absolues pour souligner la pesanteur ou l’action échevelée.

Carmina Burana - Karl Orff


Comparons ce morceau avec celui qui suit qui est la bande son de la série animée « Vision of Escaflowne ». Sans m’étendre sur l’environnement typique je signalerai juste que l’ambiance est médiéval fantastique et que l’auteur de ces morceaux est la très prolifique Yoko Kanno, sommité de la composition de musiques de films au Japon. C’est une légende à elle seule vu sa riche production et son succès qui n’est jamais démenti par les ventes d’albums :

Vision of Escaflowne – Dance of Curse


Il est important de noter les crescendos ainsi que les trilles qui soutiennent le rythme et la brutalité générale, comme si l’on avait à courir ou à fuir quelque chose d’énorme. Le soutien par le son. Ce qui est fantastique c’est aussi que c’est un morceau tout à fait contemporain provenant d’une culture où la musique classique à l’européenne n’a jamais été imitée à l’époque. Tous les codes sonores, les instruments et le style est pourtant là, sans pour autant être totalement cloné.

La musique jazz
Une autre thématique musicale est forte, et toujours chez cette même Yoko Kanno mais pour la série « Cowboy bebop ». Là, la musique est en total décalage avec l’image, c'est-à-dire que le thème futuriste de la série (vaisseaux spatiaux, personnages naviguant d’une planète à une autre…) n’est pas du tout repris dans sa sonorité. En fait, la musique apporte un réalisme par antagonisme, comme si écouter un saxophone ajoutait une profondeur d’âme à l’image. Pour me comprendre, dites vous que les personnages sont des écorchés vifs et que la sensibilité générale bien que souvent tournée vers l’humour contient bien souvent un côté sombre presque mystique, celui qui est en chacun de nous je crois.

Cowboy Bebop : TANK !


Pure ambiance et guitare saturée
Là, c’est autre chose : soutenir une image brutale, faire que l’ambiance soit atroce, c’est le rôle de ce morceau composé par (non, pas par Yoko !) Yasushi Ishii pour la série Hellsing. Ecoutez et fermez les yeux… un moment terrifiant exalté par la tonalité des guitares électriques… magnifique et pétrifiant à la fois.

Hellsing - Dracula's Holy Pupil and R&R.


Toute la finesse de ce morceau est justement d’alourdir sous une chape mélodique une anarchie visuelle… vraiment très fort !

De la pop comme en Angleterre
Le groupe Duvet a composé la bande son de la série « Serial experiments Lain » à l’aide d’une pop très anglaise tant dans la forme que sur le chant en langue anglaise. De petits bijoux agréables et légers, mais aussi signe d’un désir de s’approprier des codes européens. Pas facile.

Serial Experiment Lain – Duvet



Musique expérimentale
Là, on passe dans un domaine très spécial que j’adore : la musique expérimentale où le mélange des genres est totalement ahurissant. La bande son des deux saisons de « Ghost in the shell Stand alone complex » (GITS – SAC) ainsi que des deux films « Ghost in the shell » en sont des références qui pour moi sont absolues : chœurs déstructurés, percussions à outrance, rythme passant de la vivacité à la lenteur… et même un abord techno tendance goa pour le second via le sample synthétique.

Ghost in the Shell Stand alone Complex Saison 2 - Shine


Ghost In the Shell 2 : Innocence - Kugutsuuta kagirohi ha yomi ni mata muto


Remarquez l’importance de la voix sur la musique : elle porte la mélodie et non l’inverse, c’est remarquable au titre que rares sont les morceaux qui se comportent de la sorte quand ils sont composés pour l’image

Avenir et passé ?
Cette petite démonstration de la richesse exceptionnelle de la musique japonaise pour l’animation ne doit pas cacher deux grandes vérités. La première est une troublante manie de s’approprier des styles et des codes d’origines diverses, comme si la culture japonaise pourtant millénaire ne comportait pas suffisamment de tons pour offrir une palette suffisante aux compositeurs, et la seconde c’est la pathétique pauvreté des créations non asiatiques dans ce domaine. Comparez donc ces morceaux à ceux de notre enfance, c'est-à-dire aux séries animées qui ont peuplé notre imaginaire… nous avons cannibalisés les dessins animés japonais en leur collant… du Bernard Minet !

Et après on prétend être « créatifs »…

11 juillet 2007

Frémissements pour un désastre

Depuis que la météo impose à la France un climat somme toute un peu particulier mais pas nécessairement étrange pour un mois d’été, la population se gargarise sévèrement sur le réchauffement climatique ainsi que sur ses conséquences directes, c'est-à-dire des vacances sans grand beau temps. A contrario, les scientifiques nous épargnent tout alarmisme sur ce phénomène et répètent inlassablement qu’il faut déjà analyser avant de conclure, chose naturelle pour n’importe quelle science d’ailleurs. On ne peut pas affirmer (ni infirmer) que nos « dérèglements » climatiques découlent totalement de l’intervention humaine. Certes, nous sommes parti prenant loin d’être négligeable, mais la terre elle-même peut avoir des comportements que nous sommes loin de maîtriser. Si j’en viens à rappeler ce fait, ce qui n’exclue pas du tout une conscience de notre bêtise Humaine en dégradant notre environnement, c’est qu’en réfléchissant un peu plus on peut se dire que la Nature peut elle aussi nous en faire voir de toutes les couleurs : entre tsunamis dévastateurs et volcans en furie, l’Histoire liste énormément d’évènements majeurs et meurtriers. Le Vésuve n’est pas un endroit de villégiature pas plus que le territoire Japonais lors des tremblements de terre.

Prenons un scénario catastrophe bien connu et souvent mis en avant dans le cinéma d’action gavé au sensationnalisme : l’éruption volcanique majeure. Ah ça les belles démonstrations de pyrotechnie, les rejets divers et variés montrés sous tous les angles possibles, mais jusqu’à présent aucun film n’a présenté les vraies conséquences induites par une telle catastrophe majeure, comme si l’on voulait taire tous les aspects découlant de ce scénario bien rodé. Evidemment, les héros survivent après les coulées de lave, ne meurent pas écrasés par les projections (qui sont toujours de grosse taille alors que bien des volcans ne connaissent pas ce genre d’éruption, enfin passons sur ce détail) ou étouffés par les cendres empoisonnant l’atmosphère. Je vais être tolérant : c’est du cinéma de divertissement, passons outre les détails…

Maintenant revenons à une éruption catastrophique d’une ampleur rarement connue. Admettons un volcan qui tout à coup décrète qu’il doit se dégager la cheminée un bon coup et qu’il se mette à vomir de la cendre et des milliers de tonnes de roche en fusion. Première conséquence connue : les alentours du foyer qui se retrouvent pris sous les nuées ardentes, embrasés par les scories et étouffés par la poussière fine et âcre. Il existe des preuves que ces cendres sont aussi meurtrières si ce n’est plus que la lave elle-même, car étant à une température supérieure à 60°, trop fine pour être aisément filtrée, celle-ci se colle définitivement aux bronches et étouffent lentement mais sûrement ceux qui inhalent ce poison. La mort survient apparemment en moins de cinq jours… Bien entendu les habitations proches sont rasées, la végétation incinérée sur pied, mais ceci n’est qu’une première phase… car le monde entier peut en pâtir !

Je vois déjà les yeux de mes lecteurs qui s’écarquillent en me supposant fou ou bien prophète de malheur, mais pour information un volcan a la faculté de cracher ses débris à des kilomètres d’altitude, ce qui provoque deux situations terrifiantes. La première est la pollution de l’eau présente en vapeur dans l’air par acidification au soufre. De fait, les pluies en résultant sont donc acides, corrosives et peuvent même brûler cruellement toute forme de vie. On suppose que ce genre de pluie pourrait invariablement détruire les récoltes et les forêts, ainsi que polluer les points d’eau. L’acide, s’insérant en quantité trop forte dans les sols rendrait alors de nombreuses sources impropres à la consommation. C’est une première phase fort déplaisante, mais attendez de lire la suite…

On estime qu’en cas de conflit nucléaire mondial, la somme des destructions dues aux bombes atomiques aurait pour conséquence une levée de poussières dans l’atmosphère d’une telle ampleur que celles-ci créeraient un bouclier contre la lumière du soleil. La conséquence directe de ce phénomène est nommé « hiver nucléaire ». Plus de lumière, plus de chaleur. Plus de chaleur plus d’agriculture. Plus d’agriculture… famine. Rien que cette catastrophe uniquement provoquée par un dégât collatéral pourrait augmenter le massacre de 20 à 30%... maintenant reprenons notre fameux volcan : celui-ci est tout aussi capable de rejeter dans la haute atmosphère des volumes inimaginables de cendre… et le vent se chargerait alors de créer le fameux bouclier anti solaire avec la régularité d’un métronome. Donc, si un volcan s’énerve sévèrement en Amérique du sud, il fera froid à Paris !

L’exemple connu du siècle dernier fut l’éruption du Pinatubo aux Philippines au mois de juin 1991 : Des cendres rejetées à 40kms d’altitude, 86 000 hectares recouverts de cendres, des canyons remplis jusqu’à une hauteur de 200 m par la cendre, et des conséquence spectaculaires dans l’hémisphère nord par une baisse des températures de l’ordre d’un demi degré ! Cela semble rien… mais à l’échelle du temps cela a duré pas loin de trois ans

Cette petite page est fort instructive sur cette éruption… et sachez qu’elle est pour ainsi dire mineure avec ce qui pourrait nous attendre.

Le site sur le Pinatubo

Conclusions : préservons notre monde mais arrêtons de nous croire responsables de tout ce qui peut arriver. Respectons la nature autant qu’elle nous tolère… pour le moment.

10 juillet 2007

C'est vieux, c'est usé, mais toujours aussi bon

C'est d'une humeur curieuse que je vous donne cette vidéo pour aujourd'hui. Plus de trente ans après les Beatles restent toujours un groupe agréable et une légende de la musique des 60's.

Enjoy!

09 juillet 2007

A l’heure des choix...

Comment en suis-je arrivé à rédiger une chroniquer sur la notion de choix ? Est-ce suite à l’audition de Maître Desproges qui sut exprimer avec sa verve et son cynisme coutumier l’expression même de la difficulté à faire des choix dans l’existence : « Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin ». Pour ma part si je devais donc faire un résumé je laisserais alors que cette phrase mythique et au combien de circonstance…

Non ! Ne partez pas ! Je ne vais pas pour resservir chaude de la viande froide ! Même si, j’en conviens, il m’arrive d’être un fossoyeur d’idées j’ai moi aussi le droit de décrire à ma manière certes moins gracieuse l’idée délicate du choix. Tiens en passant, si vous êtes encore à me lire et que vous en êtes arrivé à cette phrase, nul doute que vous avez fait le choix (encore lui) de rester en ma désagréable mais non moins intéressante présence. J’avoue avoir le sourire en vous imaginant pestant contre ce fait… bref passons aux choses sérieuses.

Qu’est-ce que le choix ? Prendre une décision qui peut s’avérer lourde de conséquence ? La notion de décision n’incluse guère que sa factualité, c'est-à-dire en fait la prise de position et non pas les résultats qui en découlent. Comme le tout à chacun peut l’affirmer, décider revient souvent à se vautrer lamentablement dans l’erreur et à en gérer les conséquences parfois fort désagréables. Prenons le cas d’un homme décrétant qu’un torrent de boue ne saurait entraver la progression inéluctable du progrès et de son automobile, l’homme veut dominer la nature, il prend la décision d’accélérer et de jeter son monstre mécanique dans les éléments déchaînés. Les pompiers ont bien mis quelques heures avant de comprendre comment l’infortuné avait fini sa course, avec sa voiture, cent mètres plus bas enterré dans deux bons mètres de glaise gluante. De facto faire un choix ne reflète donc pas le bon sens ni même ce qu’on peut encourir comme sanction.

Je me suis souvent demandé s’il fallait toujours faire des choix : ne parle t’on pas de choix Cornélien ? Mais si Corneille se posait des questions, était-ce dans une situation où son honneur était en jeu, ou bien devrait-on plus judicieusement croire que le génie de la plume dut choisir entre le giron d’une épouse et celui d’une soubrette fort séduisante ? Le choix est là où on ne l’attend guère, et encore faudrait-il qu’on l’attende ! L’ouvrier se retrouvant face à un tribunal du peuple, lui, il avait quoi comme choix ? Enfin oui bon d’accord je schématise un peu trop, mais songez-y, rien n’est plus frustrant que d’avoir le choix entre la peste et le choléra. En parlant d’expression toute faite, aujourd’hui il serait bien plus de circonstance de choisir entre le SIDA et la lèpre, du moins pour les pays du continent africain… mais en l’affirmant je serais alors étiqueté … donc restons en à la peste … Vous parlez d’un choix : crever ou crever, fort agréable non ?

Des choix plus intéressants peuvent vous tomber dessus sans crier gare, bien qu’il soit souvent moralement intenable de choisir l’agréable au détriment du trait moral. L’épouse fidèle mais épuisée par son éternel beauf de mari, n’a-t-elle pas à subir le rude choix de l’abstinence au lieu de céder aux sirènes des hommes fort bien mis sur et en elle ? Là est toute la douloureuse moralité qui vous cerne tels les serres terribles du vautour affamé de la bienséance publique. Offrons lui une pédicure à ce démon qui s’empare de nous quand nous voulons nous affranchir parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien d’abord ! J’entends bien vos cris de colère, non je ne fais pas l’apologie de l’adultère, mais tout de même choisir d’accepter un con affalé dans le sofa au lieu de prendre un amant bien plus compréhensif et cultivé, franchement, vous y résisteriez vous ?

Admettons donc que les choix peuvent être sincèrement délicats, car on a bien vu des dictateurs hésiter entre la répression aveugle et les exécutions sommaires des leaders déjà emprisonnés, des manifestants douter de l’efficacité du pavé pour envisager le coktail Molotov, ou même la mère de famille de se réserver le choix final entre la taloche et le roseau sur les fesses de ses mouflets. Est-ce donc si dur de croire que l’intermédiaire saurait exister ?

Le choix ne se borne que rarement à deux extrêmes, il y a bien souvent toute une palette entre les deux, des dizaines de voies où personne ne s’engagera jamais. Nous sommes cons et bornés par nature, donc nous choisissons le pire. Ca doit être pour ça qu’on a été forcés de créer un vocabulaire de la tempérance : la diplomatie…

06 juillet 2007

Rien à dire

Ce soir je n'ai rien à dire... pour une fois me diront mes détracteurs! Je vous laisse donc méditer en paix et vous souhaite à tous un bon week-end.


JeFaisPeurALaFoule

05 juillet 2007

Nous sommes tous des Talibans !

Non ! Ne me jetez pas des pierres, ne me lapidez pas pour cette provocation gratuite et un peu injuste que je fais pour attirer l’œil morne sur mes écrits indécents ! J’avoue, je reconnais, je fléchis, ce n’est pas juste de vous taxer tous de Talibans, nous sommes tous des racistes intellectuels…

Bon. Après avoir fui la foule en furie et réussi à me protéger tant bien que mal à l’aide du corps d’un passant, je réitère ce commentaire lapidaire : nous sommes tous des Talibans en puissance, ce à quoi j’ajouterais non sans un rire sombre et narquois que sur le terrain de l’idéologie nous devenons même pires qu’eux. En effet, quoi de pire qu’une personne qui campe sur ses positions sous le prétexte fallacieux « J’ai raison, tu as tort ! », le tout dit sur le ton péremptoire qui va bien ? Franchement, cela peut amener à des rixes ridicules et même provoquer des guerres !

A partir du moment où l’on a une conviction, on devient souvent peu ouvert à la contradiction, ceci du fait que la dite conviction découle généralement d’une réflexion intense synthétisant un certain nombres d’opinions personnelles, ou bien d’un embrigadement si efficace qu’il en devient Vérité. Une idéologie revient souvent à renier toute forme de souplesse car elle se doit d’être maîtresse et non pas esclave de nos décisions. Bien sûr, on peut admettre des critiques et même en tenir compte, mais le fond reste lui-même, un invariant pénible se comportant comme un monolithe dans un jardin à la française. L’intolérance naît donc bien souvent d’une opinion fermement ancrée en nous et non pas juste d’un écart qui saurait être remis en cause par une discussion intelligente.

Tentez donc de communiquer avec un Staliniste convaincu ou de négocier avec une femme qui à ses … pardon mesdames le second exemple est ridicule (quoique). Petit aparté : rien qu’avec cette plaisanterie vaseuse j’en conviens, je viens de me mettre à dos la population féministe de mes lectrices et j’espère ne pas finir attaché à un pilori pour machisme excessif. Revenons à nos Talibans intellectuels : discuter de certains sujets rend obtus l’auditoire et vous offre un florilège d’étiquettes et même d’épithètes plus fleuris les uns que les autres : fasciste, raciste, antisémite, anarchiste, provocateur, dictateur en puissance… Arrêtez donc de rendre tout manichéen, de tout réduire à quelques définitions inadaptées ! Rien qu’en utilisant cette façon de renier l’autre l’on devient nécessairement pire que celui qu’on est supposé mettre au ban. Prenez le fascisme justement : pourquoi est-il si séduisant ? Parce qu’il offre une fermeté dans ses discours, l’exclusion de la langue de bois et surtout des idées que bien des gens ont mais qui se refusent à les reconnaître. J’envie ceux qui peuvent parler de tout sans craindre la critique car il faut du courage, même si les idéaux annoncés sont parfois intolérables.

Depuis toujours nous jouons la carte sécuritaire et le refus de l’autre sous prétexte de préserver des acquis qui parfois sont scandaleux : les esclavagistes défendaient leurs bénéfices comme le ferait aujourd’hui un patron de PME, tout comme les royalistes défendaient une certaine idée du gouvernement. Est-ce absurde d’affirmer qu’une seule personne à la tête de tout peut mieux valoir qu’un groupe de penseurs « éclairés » ? La situation actuelle de nos démocraties molles se vautrant dans le compromis laisse dubitatif lors du choix. Pour une fois, peut-on écouter toutes les idées sans pour autant les étiqueter immédiatement pour plus facilement les reléguer au fin fond d’un tiroir ? Le phénomène est d’ailleurs sacrément visible ! Si c’est une idée de la LCR, quand bien même serait-elle bonne, elle finira aux oubliettes car communiste = danger. Réfléchissons sur le bien fondé de ces classements arbitraires.

Nous sommes donc tous des Talibans par certains aspects de notre vie de tous les jours : la femme seule sans enfant à 40 ans… pouah quelle honte ! L’homme remarié plusieurs fois avec des enfants dans chaque union… pouah c’est immoral, le chef d’état qui ose discuter économie avec le président Chinois… beurk c’est indécent ! Ce genre d’archétype réduit à sa plus simple expression offre alors des thèses et des sujets pour nos chers étudiants gauchistes avides de révolution, et qui une fois arrivés à la quarantaine grisonnante votera bien naturellement … à droite. Enfin bref, le Talibanisme intellectuel n’est pas générationnel, il est le signe d’un conservatisme transpirant la morale et la protection des bonnes mœurs, ce qui au final n’est rien de plus qu’une vaste fumisterie. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » serait un slogan idéal pour ces critiques.

Et puis merde moi aussi je campe sur mes positions sur bien des sujets, et souvent ces idées dérangent ceux qui ne prennent pas le temps de me comprendre. Comme disait Desproges : « Maman, ce n’est pas parce que je suis paranoïaque qu'il ne sont pas tous après moi ! ». Moi aussi je dois apprendre la tolérance et à admettre d’avoir tort… même si ça m’écorche sévèrement de le reconnaître.

D’ailleurs c’est pour ça que j’écris ici, pour exposer mes opinions et mes réflexions de manière à les voir critiquées et remises en doute sans le risque de me prendre une torgnole d’un imbécile trop sûr de lui. Attention, je rends les coups !

04 juillet 2007

La suite s’il vous plaît !

J’aime le cinéma, enfin toute proportion gardée. J’adore le spectaculaire de certaines réalisations osées, la magnificence des reconstitutions réussies et même la justesse du ton lorsque la comédie ou la tragédie offre une vraie profondeur humoristique ou sentimentale. N’étant pas sectaire, il m’arrive de reconnaître sans honte d’avoir apprécié des films traitant sur un ton léger de tendresse, d’amour et même avec mièvrerie d’amitié, car au fond nous sommes tous faits de ces relations sensibles et souvent complexes qui, une fois mises sur pellicules nous font nous identifier aux personnages. De ces points de vues je concède donc une vraie faiblesse pour le cinéma.

Si l’on devait réfléchir aux qualités des réalisations l’on pourrait toujours avoir à redire et ce quelque soit le réalisateur ou le sujet traité. Rambo ? Violent, pauvre dans les dialogues. Le parrain ? Une apologie du crime organisé. Les films de David Lynch ? Trop intellectualisés au point de les rendre incompréhensibles au commun des mortels. Ce genre de reproches font qu’au final rares sont les films qui trouvent totalement grâce aux yeux de tous les spectateurs… cependant n’est-ce pas hypocrite d’aller cracher sur le tout venant sous les dehors biens mis d’un critique de troisième zone ? Va-t-on voir un Bruce Willis pour y trouver un De Niro ou du Scorcese ? Non, c’est donc absurde et inadapté de juger une « œuvre » sur des critères qui ne lui correspondent pas. En partant de cette idée on peut donc trouver quelques excuses à un bon paquet de réalisations somme toute honnêtes sans être phénoménale. Laissons donc les goûts de chacun faire la sélection.

Par contre, il y a un certain nombre de choses qui me font fuir les salles obscures et ce dès la vision des affiches. Dans un premier temps je suis tout particulièrement méfiant concernant tous les films estampillés « intellect Français ». Intellectuel en quoi ? Par les paraboles de langage, par les images totalement en décalage avec le discours ou même par la non cohérence de l’ensemble ? Ce n’est pas un hasard si certains films sont cultes non pour leurs qualités mais plutôt pour leurs médiocrités. Qu’il y ait un quelque chose d’intelligent poussant à réfléchir pourquoi pas après tout, mais de là à théoriser tout et n’importe quoi telle une expression visuelle d’analyses philosophiques il y a des limites. J’ai en horreur ces réalisateurs qui supposent que le spectateur est con, ce qui par voie de conséquence a pour résultat de tout expliquer, jusqu’à la couleur de la robe de l’actrice, chose dont tout le monde se moque… Nous ne sommes pas tous (heureusement !) des abrutis gavés au coca pop corn !

La seconde tradition cinématographique qui me pousse à m’interroger sur la santé mentale des spectateurs et des producteurs c’est cette foutue manie d’aller apposer un chiffre après un titre : Rambo 12 (encore lui), Alien 49… la liste est terrifiante ! Il y a bien certaines de ces séries qui méritent un regard bienveillant vu que chaque épisode porte la signature d’un grand du cinéma (essentiellement d’action) mais ce n’est pas, loin de là, un gage de qualité. Aujourd’hui sort le « Die Hard 4 » qui est la suite des aventures de John Mc Lane joué par Bruce Willis. J’ai vu les trois précédents et dans l’absolu j’aurais eu tendance à faire confiance à l’acteur vu que les dits films étaient de bons divertissements. Par contre l’écueil principal est : était-ce bien nécessaire ? Pourquoi aller essorer une licence réussie jusqu’au point de non retour. Stallone a payé le prix fort avec son Rocky 5 qui fut un navet sans nom, le parrain troisième du nom qui, bien qu’étant d’une qualité globalement acceptable sembla être un ersatz des deux premiers, et que dire des abominations nommées « Une nuit en enfer XX » qui furent à mon sens le pire massacre de ce qui fut un petit bijou d’humour noir. Et là, je ne prends pas en compte l’âge du sieur Willis… il y a vingt ans entre le premier et le quatrième, c’est une éternité pour un acteur de film d’action.

Etant quand même bon public, j’aurais tendance à me laisser tenter, malgré mes craintes, par cette sortie qui va engranger des millions de bénéfices, car nul doute qu’une telle sortie emplira les salles obscures en ce début de saison polaire, pardon estivale. Cependant je reste encore et encore plein de doutes sur cette énième surexploitation. Certaines séries de films sont marquées par des tics très reconnaissables : Alien avec sa bête prenant les caractéristiques physiques de l’hôte (pour comprendre si vous ne connaissez pas ces films, louez les ou mieux offrez vous le premier chapitre pour voir un peu de quoi il s’agit… âmes sensibles s’abstenir) et pour les « Die Hard » un humour piquant bien qu’un peu trop virilisé et des scènes d’action à l’ancienne, avec des cascadeurs bien réels et pas des effets spéciaux clinquants et dégorgeant de retouches numériques. D’une certaine manière, depuis les évènements du 11/09 les USA ne proposent plus de films où le ton est vraiment politiquement incorrect et ceux qui s’y essayent (voir les films de Michael Moore) frisent la caricature. Ce nouvel opus a-t-il lui aussi subi le syndrome castrateur des bien pensants ? Vous le saurez bien assez tôt.

Bon film !

Ci-dessous pour les curieux voici la bande annonce :

03 juillet 2007

Commerce équitable


J’aimerais aborder une question typique de l’actualité qui concerne le commerce international et notamment l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) : le commerce équitable. Son but est de prévoir des clauses contractuelles protégeant le producteur en lui assurant des tarifs de vente permettant de maintenir son activité. Bien entendu, l’idée est intéressante au titre que le principe garantit un prix raisonnable et maintient l’activité économique de certains villages pauvres… en théorie ! Prenons donc le regard sévère du critique jamais content des tentatives d’aide au tiers-monde.

La lutte contre la mondialisation ne peut pas fonctionner : c’est un fait, une impossibilité que bien des pays finissent par admettre car sans échanges mondiaux point de salut. Les capitaux sont si mouvants qu’il est devenu impensable de ne pas gérer la notion de devises et de prendre en compte la concurrence étrangère. De fait, on se heurte à des phénomènes jamais rencontrés auparavant comme la concurrence entre des pays qui jusqu’à présent avaient le loisir de s’ignorer totalement. Les exemples sont légions : la France n’a pas fermé ses mines de charbon par lubie mais par obligation économique puisque la tonne de charbon livrée en France en provenance d’Afrique du Sud est environ 50% moins chère que celle extraite localement, et ce transport compris, ceci sans compter la meilleure qualité du produit Africain. La logique est donc de réduire les coûts et de survivre face à ce genre de problématique inévitable. Regardons nous un peu en face : nous n’admettons pas d’acheter certaines marchandises au prix fort puisque l’offre permet d’avoir des tarifs avantageux, tout en créant de la sorte une situation mortelle pour l’industrie et l’économie locale. La délocalisation découle totalement de cette situation, c'est-à-dire que les sociétés vont produire là où le prix de revient est le plus intéressant. On ne peut pas créer une marge si le consommateur refuse de s’en acquitter. C’est l’économie de marché dans toute sa splendeur.

Maintenant que ces grandes lignes sont connues, revenons donc à notre producteur qui fonctionne sur le principe du commerce équitable : son produit est vendu proportionnellement plus cher que les concurrents, mais les clients finaux, en l’occurrence vous et moi paie un surplus pour permettre la subsistance d’exploitations théoriquement condamnées par les grandes industries. Prenons une boîte de café : le rapport écart prix à l’achat du café brut avoisine les 25 voire 30% en défaveur du producteur « commerce équitable ». Bien entendu, l’acheteur répercute cet écart lors de la mise sur le marché, chose qui est somme toute normale. Par dérivation on peut donc affirmer que le commerce équitable dépend totalement de notre bonne volonté de consommateur avisé. Seulement, il y a un problème majeur : la qualité de ces produits est-elle présente en tant qu’argument de vente ou bien seul le système par lui-même est-il moteur des ventes ?

Si l’on doit comparer deux produits, il faut bien entendu utiliser des échelles réalistes comme la qualité intrinsèque des produits ainsi que le rapport qualité/prix. Le premier écueil qui sera sûrement un des pires pour ce concept c’est que la concurrence est loin d’être de mauvaise qualité et à des prix tout à fait concurrentiels. On ne peut pas dire que le café équitable soit nécessairement meilleur que celui non estampillé comme tel, et c’est un drame ! Réfléchissons : si le prix est élevé on exige une qualité élevée, c’est du bon sens économique. En comparaison une personne s’offrant une maison avec un budget très élevé ne s’achètera sûrement pas une ruine ou un appartement miteux dans une banlieue minable. Je peux donc affirmer que sans doute cette non démarcation qualitative fait énormément de tort au développement économique du commerce équitable.

Là où je crois que l’échec sera (si ce n’est pas déjà le cas) sans nul doute localement : le producteur qui peut augmenter son capital par une vente plus profitable aura à cœur soit d’en faire profiter ses ouvriers, soit d’en profiter par lui-même, soit les deux. Dans les faits je crains que cela soit plus complexe : pour améliorer les revenus il faut s’étendre, et l’extension c’est l’achat du voisin. Le voisin devient donc une parcelle de plus, ceci réduisant donc les frais réels car l’augmentation de la productivité donne réduction des coûts unitaires. Par conséquent, le petit deviendra gros, ou du moins plus gros qu’il ne l’était. Cela va-t-il pour autant profiter à tous ? Sûrement pas puisque ses concurrents, les autres producteurs locaux n’auront d’autre choix que de continuer à subsister pour les gros, ou s’attacher à produire pour le nouvel émergent… sans devenir pour autant individuellement rentables. Ca aussi c’est l’économie de marché : concurrencer artificiellement et donc tuer sans arme économique son voisin. C’est étrange, mais cette mécanique existe déjà en Europe et aux USA : l’état (ou l’UE) subventionne la production et impose des quotas de manière à stabiliser les prix, ce qui exclue de fait la concurrence qui ne pourra jamais abaisser ses prix au niveau du marché. Si les prix n’étaient pas truqués par ce dispositif fiscal, sans nul doute que bien des exploitants seraient en faillite. Quel est le principe ? C’est par exemple un laitier qui va produire admettons mille litres de lait qu’il devrait vendre à un euro pour être rentable, mais il le vendra à un demi euro, le reste lui étant versé par les aides. Par conséquent, comment le concurrent peut-il vendre au demi euro sans l’aide en question ? Impossible.

A terme, la problématique va se décaler car à chaque fois qu’un producteur adhère au système il ne sera jamais assuré d’être protégé pour toujours par le commerce équitable. Pour peu que l’acheteur se ravise et reprenne le cours réel des marchandises, notre cher exploitant devra donc revenir à ses prix traditionnels, et ainsi perdre toute rentabilité. La charte du commerce équitable exige que les salaires versés aux employés soient en regard des gains obtenus, cela veut donc dire qu’au final, lors de l’effondrement du système, ceux-ci reviendront à des salaires de misère avec toute la crise sociale que ça implique.

La solution globale est introuvable car elle irait à l’encontre de l’économie mondialisée : il serait par exemple plus efficace de fixer des minima sur les prix d’achat aux producteurs de manière à s’épargner ce genre de situation idiote où l’on finance et où l’on fausse l’économie par le truchement d’un slogan moralisateur. La seconde possibilité est de fédérer les petits exploitants en coopératives pour leur donner un poids certain face aux grosses industries. Seulement, ça sous-entend la fin de l’indépendance de bien du monde et d’en arriver à un système terriblement proche du kolkhoze, chose qui est inacceptable tant humainement qu’économiquement.

Si quelqu’un a une idée….

Tours 2006... les photos

Merci à la technologie de m'offrir la possibilité (enfin!) d'éditer ces photographies qui croupissaient au fin fond de mon disque dur depuis plus d'un an. A présent je les partage avec vous, en espérant que vous apprécierez la détermination de préserver ces véhicules parfois centenaires. Remercions ces gens ordinaires qui font des choses extraordinaires par passion.

Tours 2007!

Suite à mon passage à la réunion des voitures anciennes de Tours, je vous mets à disposition les photographies que j'ai prises à cette occasion. Profitez en, elles sont notre mémoire mécanique et industrielle.

Pour avoir l'image plus grande, cliquez sur celle-ci!

02 juillet 2007

Accessoiriste !

Je me suis souvent demandé ce que pouvait représenter le travail des petites mains sur les plateaux de cinéma, car derrière le clinquant des décors, le falbala ondulant des robes estampillées « copie d’époque » et le maquillage à la truelle, il a ces gens qui, cachés par les noms en grands suivent et vivent du spectacle. Avant chaque démonstration de charisme d’un Bruce Willis sauveur du monde il y a des heures de pyrotechnie, pour un rush d’une cascade automobile des mois de planification, et pour quelques secondes de sublimation à l’écran des journées de sueur et de fatigue.

Franchement, que serait la jolie princesse toute de dentelles vêtue sans l’accessoiriste devant l’équiper ? Serait-elle foutue ne serait-ce que d’enfiler cette cuirasse de tissu ? Ce qui est fabuleux c’est qu’on rend hommage à des talents tels que les mimiques d’un comique ou les larmes que vous arrache une actrice dans un drame psychologique, et pourtant toute l’organisation gravitant autour de ce petit monde de nantis apporte une expérience et une expertise inégalée car savoir faire un décor c’est non pas le rendre crédible sur scène mais crédible à l’œil de la caméra. Avez-vous remarqué l’étrange vision qu’on quand on regarde des photographies prises d’un musée ? Cela semble trop brillant, trop faux, trop artificiel alors que paradoxalement un film en costumes doit sembler avoir été tourné « à l’époque ». Quel talent !

Modérons notre enthousiasme, là je parlais des professionnels, les irréprochables du pinceau ou du maillet, mais sont-ils tous à la hauteur ? Je reconnais une certaine hilarité quand certains détails me troublent ou même me choquent… bon c’est vrai aussi que les techniciens et décorateurs obéissent à la production qui a des exigences particulières, mais de là à faire n’importe quoi il y a des limites ! Prenons quelques exemples plutôt risibles : je me souviens d’un film de guerre (Quand les aigles attaquent avec Clint Eastwood) se situant pendant la seconde guerre mondiale, où atterrit… un hélicoptère bardé d’une croix gammée ! Pour information l’utilisation militaire de l’hélicoptère est postérieure au conflit. De fait le réalisme du film s’en trouve totalement brisé par cette incongruité historique. Et ce n’est qu’un exemple qui ne choquerait pas un néophyte se contentant d’un - finalement - bon film d’action. Là où bien des personnes doivent hurler à la mort c’est lors de scènes supposées se dérouler à l’étranger comme dans « Casino Royale » dernier du nom où l’action se passe au Monténégro. Oui si c’est le Monténégro je suis le pape Pie XII : les enseignes de boutiques mal traduites, les immatriculations fantaisistes et les lieux totalement inexistants. Bien sûr qu’on me dira que c’est un univers imaginaire, mais alors par pitié qu’on aille pas mettre des noms de pays sur des lieux inventés ! Comment réagirait le Français voyant une pseudo ville de France aux boutiques nommées en … Polonais ? Un peu de crédibilité ne nuirait pas.

Bien que ces travers prêtent à rire, encore que parfois j’en suis réduit à me demander si nos chers réalisateurs ont la moindre idée du terme crédibilité, il s’avère aussi que les accessoiristes sont eux-mêmes capables de faire n’importe quoi et ce malgré des budgets totalement délirants. Depuis le costume improbable en passant par le décorum ridicule jusqu’au maquillage criant d’un désir de vengeance contre la vedette il y a de quoi faire. Je suis un peu railleur mais à leur décharge il est aussi exact de dire que bien des films sont faits avec des bouts de ficelles, ficelles qui se voient à la diffusion (Ed Wood es-tu là ?).

Au final, je pardonne énormément aux équipes travaillant derrière la caméra plutôt que devant car elles ont en charge non seulement de composer avec le budget mais aussi et surtout avec ces acteurs qui vont depuis le personnage sympathique et avenant jusqu’au connard (je pèse mes mots) qui se prend pour une vedette alors qu’il n’est rien qu’un crétin prétentieux. Supporter l’hystérie du maniaco-dépressif dont la broche se décroche trop souvent, les hurlements de la cinglée jamais contente de sa robe ou les vagissements informes du débile se prenant pour Spielberg, je suis sidéré de constater qu’on n’entend jamais parler de bavures sur les tournages, parce que personnellement me faire engueuler par un péteux, il y a toutes les chances que je lui volerais dans les plumes et ferais de son mégaphone un joli suppositoire non remboursé par la sécurité sociale.

Au fond je suis content ! Et oui je ne suis ni une vedette ni un larbin…