30 novembre 2010

Le vrai visage de la France

Citons pour la bonne bouche les propos de M. Anelka. Par convention, je suis bien tenu de dire « monsieur », sinon je ne me serais pas privé de proférer un paquet de mots autrement moins honorifiques à son encontre. Loin d’envisager la moindre diffamation, je me dois donc de modérer mes ardeurs, enfin plutôt de faire taire ma fureur à la lecture d’un article qui m’a fait faire des bonds le concernant. Hé oui : après avoir été dans la tourmente médiatique de la débâcle de l’équipe de France (que je n’associe pas qu’à lui, mais à une action collective inacceptable de tous les membres encadrants et encadrés), le revoici à tenir un discours qui me font dire qu’il tend le bâton pour se faire battre.

Qu’a-t-il dit exactement ? Je cite l’article source, en m’équipant de gants hygiéniques, de peur de me contaminer : « En équipe de France, je n’ai jamais voulu chanter La Marseillaise, ça ne m’est jamais venu à l’idée. Et si on m’avait demandé de le faire, j’aurais refusé, j’aurais quitté l’équipe. ». Pardonnez moi, mais là, ce n’est pas simplement un comportement de loubard mal dégrossi qui est à critiquer, mais carrément un acte antipatriotique primaire ! Il ne veut pas chanter l’hymne de la nation dont il est justement le représentant ? Qu’il n’accepte pas d’entrer dans l’équipe alors ! Cette seule réflexion suffit à me faire hurler de colère. Quand on accepte de porter le maillot de l’équipe nationale, ce n’est pas uniquement pour les revenus financiers que cela apporte, ou les avantages de carrière que cela peut représenter, mais c’est également en assumer la pleine et entière responsabilité, car tout un peuple est derrière ce bout de tissu tricolore. M. Anelka, en équipe de France, vous ne marchiez pas pour vous, mais pour la nation, pour les jeunes de ces mêmes banlieues dont vous êtes originaire. Quel est ce comportement indigne ? N’est-ce pas là la preuve même d’un irrespect flagrant pour ceux qui vous supportaient ?

Quelle est cette France qui tolère que ses représentants n’acceptent pas quelque chose d’aussi simple que de chanter la Marseillaise ? Mélanger politique et sport, c’est la meilleure manière de passer pour un imbécile. En effet, il n’est clairement pas demandé à un sportif de prendre des positions politiques, à moins d’être clairement capable de les défendre. Or, juste dire « je suis issu des cités, on me le reproche » est inexact : ce qui est reproché au sportif, c’est d’avoir oublié clairement qu’il y a une différence entre s’enrichir, et se moquer de ceux qui n’y parviennent pas. En se comportant en vindicatif, instable, en insultant le public par des propos intenables, ce n’est pas votre Ferrari qui vous a été reproché. C’est votre grande gueule mal placée. L’honnêteté intellectuelle, cela aurait été d’annoncer et de démontrer aux jeunes qu’en ayant un comportement honnête, droit, respectueux, on peut réussir à se sortir d’un modèle sociable infâme. Cracher ainsi sur les symboles de la république, en jouant les caïds de salon, c’est alors le meilleur moyen d’assurer aux mêmes jeunes qu’être un inapte social peut quand même permettre la réussite. Joli exemple, très jolie démonstration de connerie monumentale.

Que devez vous à la France, ou plutôt à tous les Français ? D’être un sportif droit dans ses bottes, d’être un représentant propre moralement, surtout en équipe nationale. Chanter la Marseillaise, c’est en respecter les principes fondateurs, de respecter celles et ceux qui ont donné plus qu’un coup de pied dans un ballon pour elle, c’est respecter celles et ceux qui vivent et qui vous ont fait vivre. N’oubliez jamais que cracher dans la soupe, c’est le meilleur moyen d’inciter à ce qu’on vous la retire. Que vous ayez insulté M.Domenech, au final, je m’en contrefous. Après tout, s’il a fait preuve d’une incompétence (dont je suis incapable de juger), charge à vous et lui d’assumer vos propos respectifs, et de rendre des comptes auprès des fédérations responsables du sport. Par contre, en m’insultant moi, personnellement, en refusant de chanter la Marseillaise, c’est moi, fils d’immigré, mes parents qui ont trimé pour réussir que vous insultez ouvertement.

Je suis particulièrement en colère. Le vrai visage de la France, ce n’est certainement pas un type qui a réussi, ballon au pied, à gagner ce qu’une PME n’engendrera jamais. L’exemplarité de la France ne viendra pas d’un type qui n’en respecte même pas les fondements. J’ai en horreur cette attitude hautaine et prétentieuse, d’autant plus quand il y a eu l’opportunité de réagir correctement, intelligemment. Mais c’est trop demander je le crains. Je crois que la France ne méritait pas un tel affront, et qu’ouvrir sa gueule de la sorte, c’est ne plus laisser de doute sur la bêtise de celui qui parle. Parler de racisme ? J’ai été pris de nausée en lisant cet autre extrait « On a vu le vrai visage de la France. Dans les moments difficiles, on voit ce que les gens pensent vraiment. On disait : Ribéry a frappé Gourcuff. Gourcuff, le bon Français, Ribéry, le musulman. C’est parti trop loin. Quand on ne gagne pas, en France, on parle tout de suite des religions, des couleurs… » Non. Ce n’est pas le visage de la France ça, c’est le visage de ceux qui se comportent en prosélytes pour leur propre cause, et qui la confondent avec la participation à la cause de la nation. A vomir. Vraiment. Il y a une terrible réalité derrière tout ceci finalement. Plus ça va, plus je me dis que finalement, tous les problèmes qu’on colle sur les étrangers, les ceci, les cela, ils ne viennent pas de la différence, mais uniquement de l’éducation. Prenez des ados écervelés, collez leur des millions en poche, et vous obtenez … ça. Faites les aller à l’école, offrez leur un cursus digne de leur intelligence, et vous obtiendrez mes collègues, de grands écrivains, des chanteurs, des journalistes. La différence religieuse ou ethnique n’est pas cause de crise finalement, c’est simplement l’absence de respect. Respectez autrui avant de réclamer du respect M.Anelka. Vous avez craché sur nous, ne vous étonnez pas de finir dans la boue.
L'article sur l'interview d'Anelka, sur Yahoo sport

29 novembre 2010

La baignoire fuit

Ne cherchez pas, ce titre est un jeu de mots minable concernant l’affaire Wikileaks qui fait trembler énormément d’états de par le monde (notre de votre râleur favori : leak signifie « fuite » pour un fluide/liquide). Avez-vous entendu parler de l’affaire ? Savez-vous de quoi il en retourne ? Alors, il me faut impérativement expliquer ce qu’est le site Internet wikileaks, préciser mon opinion à son sujet, et enfin détailler ce que m’inspire son actualité. En effet, aborder la position complexe de wikileaks dans le monde bizarre du militantisme sur la toile, c’est également se rendre compte de la responsabilité et de l’impact du virtuel sur le monde réel.

Commençons de manière assez simple : Wikileaks a pour but élémentaire de diffuser, de manière totalement anonyme et sécurisée, des données confidentielles pouvant mériter d’être dévoilées au monde entier. Ainsi, toute personne estimant pouvoir dénoncer des infamies politiques, économiques, ou militaires, peut le faire en déposant anonymement sur wikileaks ces documents. Une fois validés, ceux-ci sont alors mis à disposition du monde entier. Dans ces conditions, wikileaks se comporte donc comme un dénonciateur, le porte-parole de l’information souterraine, provoquant alors tous les remous possibles et imaginables. L’idée peut paraître saugrenue, d’autant plus dans un monde virtuel où l’information est souvent manipulée, tronquée, voire pire encore totalement falsifiée. Notez qu’il est d’autant plus facile de diffuser des inepties si l’emballage est bien fait : des campagnes de dénigrement contre Coca-Cola n’arrêtent pas de progresser, car les dites campagnes se teintent d’une pseudo étude scientifique prétendant démontrer la toxicité de la boisson gazeuse, et les plus crédules (et les moins curieux surtout) répètent et diffusent la rumeur. Alors, prêter foi aux documents de Wikileaks, c’est alors être « imprudent », même si l’immense majorité des données semblent être authentiques.

Maintenant, penchons nous sur le fond même du fonctionnement collaboratif de Wikileaks. Déjà, impossible de taxer d’intérêt économique les créateurs du site, étant donné que celui-ci ne touche aucun revenu publicitaire, pas plus que les gestionnaires ne se versent de salaire. Ce sont les dons, les assistances à titre gracieux qui maintiennent le site en vie. Plus fort encore : de par sa réputation sulfureuse, et l’embarras qu’il provoque chez nombre de dirigeants tant industriels que politiques, le site incite donc au volontariat et à la dénonciation. Ceux qui participent sont donc stimulés par la conscience individuelle et non l’appât du gain. Loin des clichés de l’espionnite où l’on corrompait pour obtenir des documents secrets, wikileaks invite à la dénonciation individuelle, sans autre retour que la fierté d’avoir tenté de mettre un terme aux embrouilles et aux magouilles des politiciens. Du web citoyen ? Du web responsable où chacun accède à l’information, même si celle-ci dérange ? C’est là où le problème devient plus sensible, et là où je suis un peu plus perplexe sur le bon sens d’alimenter wikileaks.

Que penser du procédé ? Pour ma part, je suis très partagé. D’un côté, je crois qu’il est nécessaire que le militantisme et la dénonciation aient une vitrine aussi efficace. Un site ayant une telle visibilité ne peut que déranger, d’autant plus que la presse s’est décidée à consulter wikileaks et à tenir compte des documents présents dessus. L’immense majorité des pièces se révélant être vraies, difficile pour les médias de ne pas aller chercher l’information où elle se trouve. Ce n’est donc pas étonnant que la moindre révélation explosive de wikileaks puisse avoir un tel écho dans le monde. Si l’on prend les sites attisant le plus l’activité médiatique hors Internet, on pourrait lister Google de par son appétit d’ogre, Yahoo pour les tractations concernant son rachat potentiel et toujours remis à plus tard, plus récemment les sites des politiciens (voir le site de S.Royal qui fit un vrai buzz… négatif tant il fut désastreux), et wikileaks pour les informations qu’il présente sans hésitation à la face du monde. Agiter la vase à travers le web est intéressant, stimulant, mais également très dangereux. Pourquoi dangereux ? Le bon sens est de réfléchir aux conséquences, car un document important peut amener à des morts, des coups d’état, des crises majeures tant politiques qu’économiques. Les états agissent en secret, utilisent de la documentation classée « Secret défense », ceci afin de « mentir » aux masses, et nombre des acteurs de ces guerres secrètes vivent dans l’anonymat, sous de fausses identités, et dénoncer leur existence pourrait les voir menacés de prison, ou pire. Notons également que l’économie est sensible aux révélations : imaginez l’état du marché boursier mondial si un document issu d’une « fuite » annonçait, chiffres à l’appui, qu’un immense groupe mondial n’est qu’un géant aux pieds d’argile ? Mouvements de fonds, panique mondiale… et crise équivalente, si ce n’est pire que celle des subprimes. Donc, d’un autre côté, je crois que la prudence est de mise, surtout si l’information initiale est issue d’une manipulation, car il serait potentiellement facile de créer la confusion dans les esprits, ceci pour des buts plutôt obscurs.

La crise actuelle autour de wikileaks me laisse donc dans une position délicate. Autant, je crois que les documents fournis par le site sont authentiques, autant je ne suis pas convaincu qu’il ait été judicieux de les diffuser. Le risque majeur, c’est de déstabiliser les relations diplomatiques entre nombre d’états. Tout le monde joue le jeu de dupe de prétendre (devant les médias du moins) que celui d’en face est un allié, alors que par derrière on s’en méfie, voire on fomente des coups en douce pour lui tirer dans le dos… Mais de là à voir ce comportement mis en lumière par des courriers diplomatiques, il y a un pas énorme que wikileaks franchit allègrement. Ce que je crains, c’est que le pseudo contrepouvoir de wikileaks amène à des dérives illégitimes comme le chantage, la subversion des masses, la désinformation et la propagande, et pourquoi pas la manipulation. Les créateurs de wikileaks se sont vus « menacés » indirectement par des affaires puant à plein nez les opérations noires, et je doute que cela se finisse ainsi. D’ailleurs, le site a, pendant quelques heures, été rendu indisponible par une attaque en règle de pirates, ou plutôt d’énormes services de destruction de service électronique. Qui soupçonner ? Les USA sont dans la ligne de mire du dernier dossier brûlant de wikileaks, mais de là à accuser ouvertement un organisme gouvernemental, il y a une marche dangereuse à gravir. A mon sens, sans paranoïa aucune, je ne peux pas supposer que les pirates soient ceux qui défendent becs et ongles la liberté d’expression, tout comme je peux soupçonner des organisations criminelles qui, elles, ont tout intérêt à ce que wikileaks ne laisse pas sortir d’autres dossiers pouvant les concerner. Action d’un gouvernement en colère ?

Pour comprendre l’affaire (et ne pas faire de redite), rendez vous sur les liens suivants expliquant « l’affaire wikileaks », ainsi que l’organisation du site en question.

Qu'est-ce que Wikileaks, sur Wikipedia.fr
Julian Assange, porte-parole de Wikileaks, sur Wikipedia.fr
L'affaire Wikileaks et la diplomatie Américaine, sur wikipedia.fr

Nota: le dernier article progresse régulièrement, et les sites d'information sur le web s'en font l'écho permanent. N'hésitez pas à fouiner sur la toile pour avoir de plus amples (dés)informations.

26 novembre 2010

Privatisation globale

J’ignorais que l’eau était un bien privé,
Pourtant La lyonnaise se l’est appropriée.
J’ignorais que manger était une valeur commerciale,
Pourtant Monsanto peut nous faire crever la dalle.

J’ignorais que notre monde était une poubelle,
Pourtant BP y a déversé du pétrole à la pelle.
J’ignorais qu’on devait craindre notre air,
Pourtant à Bhopal c’est 3500 morts qu’on a mis en terre.

J’ignorais que l’ADN était une propriété intellectuelle
Pourtant BASF a imposé une pomme de terre OGM.
J’ignorais que la santé publique était un monopole,
Pourtant Les industries pharmaceutiques en rigole.

J’ignorais que les mafias étaient les reines de l’échiquier,
Pourtant elles sont mille milliards de dollars par an que gèrent les banquiers.
J’ignorais qu’on devait faire le pire des choix,
Pourtant Natexis a acheté du Madoff sur sa seule bonne foi.

J’ignorais que l’esclavage existait aujourd’hui,
Pourtant Total exploite son pétrole dans l’infamie.
J’ignorais que les détenus des prisons servaient à s’enrichir,
Pourtant Eurest vend ses prestations chaque jour pour les nourrir.

J’ignorais que notre monde pouvait être privatisé,
Pourtant même la vie est aujourd’hui brevetée.
J’ignorais que je serais un jour une référence étiquetée,
Pourtant Facebook veut faire de nos vies sa propriété.

J’ignorais enfin que le monde était à vendre,
Pourtant, je le sais maintenant, tout est bon à prendre.
Je sais finalement que nous sommes des valeurs boursières,
Réveille toi avant qu’ils ne possèdent la terre entière.

25 novembre 2010

Super héros

Quelle branche étrange de la BD que celle des supers héros ! Autant ils apparaissent de prime abord très lisses et colorés, autant les regarder de plus près fait songer qu’il n’y a pas qu’une seule dimension pour les personnages de fiction. En effet, difficile de réduire certains d’eux à des bagarreurs amateurs de justice, car souvent ils sont torturés par des aspects autrement plus profonds qu’un simple désir d’équité et de liberté : insertion sociale impossible de par un aspect physique étrange, difficultés de communication, interactions complexes à cause de pouvoirs encombrants voire même dangereux, être un super héros n’est pas aussi agréable qu’il y paraît, loin de là même.

Les grands titres du genre ont abordé avec une certaine efficacité le sujet : racisme contre les « mutants » (X-Men), fuite en avant d’un scientifique incapable de contrôler son pouvoir dévastateur (Hulk), ou encore dérives de la science et de l’atome (araignée radioactive donnant lieu à l’apparition de Spiderman, ou encore Serval qui n’est qu’un cobaye de laboratoire ayant réussi à s’évader). Tous ces personnages sont donc dans un monde inadapté à eux, où avoir un pouvoir supérieur aux humains ordinaires représente une menace, où la différence est perçue comme un danger immédiat, et où l’homme refuse d’appréhender qu’il puisse être un être faible, un mammifère comme les autres. En y réfléchissant bien, comment réagirions nous si, finalement, il s’avérait que les pouvoirs surnaturels dont parlent certains (et qu’on tourne souvent en dérision) étaient réels ? Nous serions alors face à un problème autrement plus grave qu’une éventuelle « évolution » de l’espèce ! Un tel aurait une force surnaturelle ? Qu’est-ce qui pourrait alors l’empêcher d’en faire usage pour ses propres intérêts ? Un autre pourrait lire nos pensées ? Serait-ce la mort de la vie privée ? Et un dernier qui est capable de déplacer les objets par la pensée ? Comment le contrôler s’il est apte à devenir virtuellement invulnérable ?

D’un point de vue scientifique, je suis un éternel perplexe à ce sujet, bien que je ne sois pas réfractaire à l’éventualité que ces pouvoirs existent. A mes yeux, n’ayant jamais eu l’opportunité de rencontrer qui que ce soit détenant de telles facultés, et ayant majoritairement assisté à du charlatanisme grand teint, je suis tenu non de nier l’existence du paranormal, mais simplement de dire « pas vu, pas accepté ». La démarche est réductrice, j’en conviens aisément, toutefois je me refuse pour le moment de souscrire à des illusions, à des tours de « magie » aussi douteux qu’utilisés pour épater la galerie. Si l’on se contente de chercher l’équation de mise en exergue des pouvoirs surnaturels, nous en sommes donc à des balbutiements, et surtout à des actes pathétiques de publicité. Ceci étant dit, il y a une opinion totalement opposée qui sommeille en moi, et c’est en cela que je reste quand même ouvert à la contradiction sur le surnaturel : les études sérieuses menées par les gouvernements. On le « sait », la guerre froide fut une époque de recherches tous azimuts, et le paranormal ne fut pas épargné : médiums, télépathe, études sérieuses et circonstanciées sur l’activité cérébrale, les sciences sérieuses furent donc mises à contributions pour aller vérifier si les sciences occultes seraient capables de fournir des réponses à des problématiques telles que l’interrogatoire ou l’espionnage. Ridicule ? Plus tant que cela, surtout s’ils sont parvenus à des résultats concluants.

Notre quête permanente de savoir, d’amélioration de la Vie, d’allongement de l’existence, toutes ces sciences mises à contribution pour notre bien-être (et surtout le bien-être financier des laboratoires pharmaceutiques) peuvent potentiellement mener à des réflexions plus dangereuses comme l’amélioration physique et mentale des humains, ceci à des fins militaires. Un soldat qui ne dort plus, c’est un soldat opérationnel plus longtemps. Un soldat capable de tenir des semaines sans s’alimenter, c’est un soldat qui nécessite moins de ravitaillement. Un soldat capable de soulever 300kgs, c’est un soldat apte à terrifier l’ennemi non « amélioré ». Et quid de notre identité physique ? Quid de notre humanité ? Les supers héros, aussi opérettes qu’ils apparaissent dans les BD pour enfants, aussi sombres qu’ils peuvent être présentés dans les films (voir le premier et le dernier Batman pour saisir l’idée), n’en restent pas moins des personnages, souvent des caricatures, et toujours des étiquettes rigoureuses faciles à identifier.

Mais il y a un point plus adulte à voir dans les supers héros, et cela rejoint étrangement ma réflexion sur les sciences, c'est-à-dire l’usage démesuré des pouvoirs, ainsi que la finalité de cette utilisation. Pour un héros, il faut un ennemi. Pour que l’ennemi soit réellement dangereux, il doit être au moins au niveau pour que la confrontation ait un suspens. Mais, si l’on y songe, n’est-ce pas là aussi une propagande ? Captain America n’est-il pas l’archétype du « héros à l’Américaine » ? On peut véhiculer des opinions limites malsaines dans ces personnages faussement enfantins. Typiquement, on me présente Iron Man comme étant un méchant devenu gentil, un riche ayant mis au service du bien son argent et ses compétences. Je dis que c’est particulièrement faux, puisqu’il use, par devers les gouvernements, ses armes et ses idées, et que tuer ne semble pas le terrifier outre mesure. Pire encore, le personnage devient membre d’une organisation secrète... Secrète ?! Donc sans contrôle ni obligation de rendre des comptes ? Et qui contrôle réellement l’organisation ? L’état ? Des riches férus d’une justice basée sur l’autodéfense ? Je n’y vois rien de plaisant, surtout si cela pouvait devenir réalité. D’autres personnages sont tout aussi inquiétant : Batman est névrosé après le traumatisme de la perte de ses parents, et devient un justicier de la nuit, impitoyable et intraitable, V (dont j’ai déjà parlé), bien que chantre de l’indépendance intellectuelle et politique, se révèle aussi être quelqu’un voulant appliquer une vengeance implacable et mortelle envers ceux qui l’ont torturé et défiguré. La fin justifie les moyens ? Et si, dans V, l’ennemi n’avait pas été l’état totalitaire, mais des personnes sans lien avec le pouvoir ? Qu’aurait donné ce personnage ? Aurait-il lutté contre l’oppression dogmatique, ou se serait-il contenté de mener à bien sa croisade très personnelle ? Je vous laisse réfléchir à la question, car moi, je n’ai pas de réponse simple à donner. J’espère simplement que V aurait été aussi sincère contre la dictature, quelque soit les conditions initiales de son drame personnel...

24 novembre 2010

Le fond des poubelles

Et allez, les scribouillards, en mal de sensationnalisme nauséabond, vont jusqu’à fouiller dans le fond des poubelles des élus. Allez lire ce lien, puis revenez sur cette page.

L'article, sur public senat.fr

C’est tout sauf de l’information, c’est juste remuer (comme on dit vulgairement) la merde, de manière à exciter la foule et les oppositions. A quoi bon ? Est-ce de l’information quand il s’agit d’aller « dénoncer » des conversations privées ? En quoi cela nous concerne, si ce n’est parce que la foule est friande de salades avariées, prête à tout avaler du moment que cela a la saveur du scandale, prête à gober goulûment les hameçons les plus grossiers tant qu’ils sont associés aux gouvernants en place ? Nous sommes donc tombés si bas qu’il faut que la presse se fasse l’écho de tels échanges ? Sommes-nous si profondément engoncés dans la médiocrité que l’essentiel est remplacé par le pathétique ?

Tout d’abord, je rappelle gentiment qu’il s’agit visiblement d’une discussion entre deux personnes, et ceci à titre totalement privé. Qu’ils se soient invectivés, ou au contraire charriés comme des écoliers, est-ce notre problème ? Pas que je sache, car l’arène médiatique se doit de se préoccuper des vrais scandales, de dénoncer les vraies arnaques, mais certainement pas d’aller relever des petites phrases lâchées entre deux élus. A ce titre, je n’attends plus qu’un « scandale » où le président aurait le culot d’utiliser du papier toilette Allemand, au lieu d’en utiliser un produit en France. Ca serait à niveau du propos de l’article source de ma colère. C’est tout de même hallucinant que la presse devienne si mauvaise qu’elle ose diffuser de telles informations aussi inutiles que puériles !

En second point, ce que je trouve encore plus douteux, c’est de savoir qui a vendu la mèche du pétard mouillé. En effet, je doute que l’un ou l’autre des deux hommes ait pris le risque de vider son sac sur la table d’un journaleux du canard enchaîné. Alors qui ? Qui a parlé, qui s’est permis de lâcher ce qui s’est dit ? Pire encore, cela pourrait laisser entendre qu’il y a soit des écoutes, soit que le journal a des entrées à un niveau inacceptable de l’état. La sécurité de l’information, la protection des communications, ce ne sont pas des sujets à prendre à la légère, et je suis plus que circonspect concernant la façon dont ont été obtenues ces informations. De toute façon, par devoir de protection des informateurs, jamais le canard ne dire qui a été la source, mais force est de penser que messieurs Longuet et Sarkozy peuvent déjà dresser une liste très restreinte de témoins potentiels, ou du moins initier une enquête interne, aussi discrète qu’expéditive, ou mettre la main sur la taupe...

... Ou alors le canard enchaîné s’est fait rouler, c'est-à-dire que l’information a été vendue comme étant « explosive », alors qu’il s’agissait tout bonnement d’un faux, avec pour but sous-jacent de décrédibiliser le journal. En effet, quoi de plus ridicule qu’une telle situation ? Là, le journalisme s’est vu mis au rencard, remplacé par la chimère séduisante du sensationnalisme de tabloïd. Déjà, question de bon sens, les ouï-dires sont dangereux, car ils sont issus de la parole d’un inconnu, ou d’une personne dont la fiabilité peut être contestée. J’ai dans l’idée que l’orchestration de l’affaire n’est pas impossible, d’autant plus qu’elle apparaît dorénavant comme pathétique, et forcément mauvaise pour les plumes du canard. Pire encore, avec une telle bêtise éditoriale, tout propos à venir, même valides, seront alors taillés en brèche sur le même thème, en rappelant que le canard a (eu égard à ce précédent) la mauvaise habitude de balancer n’importe quoi.

Enfin, quoi qu’il en soit, le canard enchaîné n’en sort pas, à mes yeux, très grandi. Quiconque de bon sens lisant la transcription de la conversation se serait demandé s’il n’y a pas là de l’humour, de la taquinerie, virile certes, mais tout sauf violente... Sauf qu’on se rend compte que tout mot peut alors être détourné, tourné en dérision, ou bien au contraire surmédiatisé et monté en puissance pour rien. Dans quel but ? A mon sens, aucun. Le canard peut bien mieux faire, certaines de ses enquêtes ont démontré une vraie qualité de profession de foi, mais là, cela ne peut qu’écorner cette réputation de compétence. Dommage.

23 novembre 2010

Deux Corées

C’est potentiellement reparti : les deux Corées sont en crise grave, et s’apprêtent visiblement à une escalade militaire. C’est la pire crise connue par ces deux nations frères depuis la fin des hostilités, en 1953. Concrètement, la Corée du nord, communiste, et la Corée du sud, « démocratique » se regardent en chiens de faïence, et se surveillent surtout mutuellement, en attendant l’hypothétique attaque du voisin. Qui est le plus belliqueux des deux ? Difficile à dire pour le moment, les faits décrits mettant l’état nord Coréen en cause, mais je me garderais bien d’affirmer quoi que ce soit pour le moment. En effet, il serait que trop confortable de soutenir qu’un pays qui refuse de changer de système soit systématiquement le provocateur ou l’agresseur, d’autant plus que son isolationnisme forcené ne laisse aucun doute sur l’aspect totalitaire du pouvoir. Dans ces conditions, ceux qui affirmeront que la Corée du Nord est responsable des incidents pourront le faire, ceci sans même s’assurer de la véracité des faits. De fait, parlons plutôt de ce que cela peut inspirer comme craintes et inquiétudes sur le devenir de la région.

Rappelons nous d’abord que la Corée du Nord est un des pays les plus fermé du monde. Inaccessible, verrouillé, absent du réseau GSM, du réseau Internet, maître es-censure, ce pays a toutes les pires tares héritées du « communisme » paranoïaque des années 50. Le peu que la foule peut en savoir, c’est qu’il est plus facile d’entrer en zone de guerre en Irak que de passer la frontière nord coréenne. Les journalistes y sont persona non grata, d’autant plus que le formatage intellectuel de la population rend quasi impossible toute enquête ou tout reportage un tant soit peu circonstancié. Rien que pour cet aspect totalement reclus de cette nation, on ne peut que craindre les réactions militaires qui pourraient rapidement devenir extrêmes. Les USA, soutenant le sud d’hier et d’aujourd’hui (militairement hier, lors du conflit de partition du territoire, et allié économique aujourd’hui sur le marché mondial de la haute technologie notamment), pourraient potentiellement provoquer des mesures plus graves que des échanges de coups de feu, ne serait-ce que par leur présence dans la région.

Il est évident que la Corée du Nord n’est pas une menace à prendre à la légère. Le pays s’est doté de l’arme atomique (c’est avéré), et, avec un gouvernement prêt à tout, nul doute que Séoul pourrait rapidement devenir une cible de choix pour une ogive, quant bien même celle-ci serait propulsée par un missile obsolète. L’essentiel n’est hélas pas la précision, mais plutôt la destruction. De ce fait, il faut absolument que le jeu malsain auquel se livre les deux voisins soit mis sous tutelle de l’ONU, mais surtout pas des USA. Il faut que la cohorte des diplomates se mettent rapidement en mouvement, afin d’éviter au maximum l’embrasement de la région. Notez également que la cible première serait la Corée du Sud, mais, surtout à terme le Japon, vu que les îles nipponnes représentent un potentiel industriel et économique non négligeable. D’ailleurs, les deux Corées et le Japon entretiennent depuis bien longtemps des relations plus que tendues, donc il faut absolument qu’un juge de paix prenne immédiatement les mesures adéquates pour éviter une catastrophe telle que l’usage de la bombe !

Là où je suis particulièrement inquiet, c’est du fait que la Chine a réagi. Les escarmouches à la frontière entre les deux Corées sont légion, et tiennent souvent à des provocations sciemment orchestrées de manière à se rappeler « au bon souvenir de celui d’en face ». Là, pour que la Chine hausse le ton et se fasse entendre, c’est que cela va au-delà, et que l’état Chinois s’inquiète également des potentielles retombées tant économiques que politiques d’un second conflit ouvert à ses portes. Le business ne saurait se faire tranquillement, surtout en cette époque d’incertitudes et de problèmes financiers. Difficile d’envisager, en effet, une Corée du Sud réorientant ses investissements globaux vers l’armement, ne serait-ce que parce que le monde est extrêmement tributaire des productions du pays. En cas de guerre, le premier contrecoup serait immédiat : augmentation explosive du coût des hautes technologies (écrans, mémoires, composants…), puis rapidement d’autres domaines que l’industrie lourde (construction de navires à la chaîne, de plateformes de forage offshore), ainsi que dans l’économie régionale (importations et exportations agricoles).

Le seul « gagnant » potentiel de la crise est le pouvoir nord Coréen. De cette manière, il réaffirme son existence au monde, sa dangerosité, mais également sa capacité à potentiellement créer une situation désastreuse en Asie. Personne n’a besoin d’un conflit qui pourrait embraser l’économie et la politique mondiale. Qui soutiendra le nord ? Qui soutiendra le sud ? Chacun serait alors face au dilemme de se demander qui a réellement provoqué l’autre, avec pour finir un constat affligeant : nul gain pour le monde, juste un gain ridicule et juste bon pour la propagande pour une dictature obsolète.
La crise des deux Corées, sur yahoo.fr

Le docteur Steel nous dominera tous!

Entrez, entrez! Venez voir le monde du Docteur Steel! Découvrez l'artiste, le grand génie du mal... heu du bien, qui veut notre bien à tous par l'entremise de sa domination globale!

Plaisanterie mise à part: allez regarder ce site: c'est une perle musicale (essayez les différents liens cachés dans les décors), visuelle et esthétique. J'adore!

22 novembre 2010

Dans l’ombre naît la lumière

La trique en main, il représente le bras armé du pouvoir,
Déambulant tranquillement dans le ghetto où il est craint,
C’est l’homme du pouvoir, le casqué qui vise les reins,
Qui frappe aveuglément ceux qui veulent sortir du noir.

Pourtant, tapis dans l’obscurité des masures en ruine,
Ils sont là, patientant, cherchant le bon moment pour se lever,
Parce que la trique ne saura jamais effacer les rêves,
Parce qu’il y a le soleil qui revient après la bruine.

Ne crois pas que la mémoire s’efface à coups de trique,
Ne pense pas qu’il n’y a que des lâches dans les cités,
Il existe bien des lucides qui se battront pour la vérité,
Parce qu’il faut savoir oser, savoir revendiquer la critique.

Qu’il soit né à Rio ou à Gaza, où qu’il ait fait ses premiers pas,
L’enfant n’est pas nécessairement un imbécile consumériste.
Il n’est pas forcément un futur adulte névrosé et triste,
Qu’on gavera de Prozac pour qu’il reste chimiquement au pas.

Ne laisse pas errer les ados en quête de leur identité,
Apprends leur à voir au-delà des panneaux publicitaires.
Montre leur qu’il ne faut savoir parler ou alors se taire,
Car c’est par la culture que passe la véritable liberté.

Montrons nous à la hauteur des espérances révolutionnaires,
Parce que nous devons à nos morts le respect de leur sacrifice,
N’acceptons plus que le monde dérive vers la paresse et le vice,
Parce qu’ils ont démontrés que dans l’ombre naît la lumière.

Commissions et rétrocomissions

Une affaire vient d’apparaître sur le devant de la scène, empoisonnant clairement la vie politique française. En substance, la vindicte accuse les gouvernants d’avoir « provoqué » les terroristes ayant perpétré l’attentat de Karachi, en 2002. La supposition initiale est (toujours d’après les affirmations diverses et variées qui essaiment ce dossier) que la France « aurait cessée de verser des commissions suite à la vente d'un sous marin au Pakistan, en 1995, donnant probablement lieu à des rétrocommissions pour financer la campagne électorale de E.Balladur, ceci entraînant en mesure de rétorsion l’attentat contre des ressortissants Français ». Jusqu’ici, cela ressemble fortement à un mauvais film d’espionnage, où les trahisons, les magouilles dans le dos du présidentiable Chirac a forcé la décision de cesser le paiement des commissions, et où les seconds couteaux maltraités (De Villepin en tête) se vengent en lâchant le morceau aux chiens de la médiatisation. Cela rend la chose assez difficile à avaler, du moins à analyser correctement, mais cela incite aussi à se poser des questions plus en profondeur sur la façon dont se traitent les affaires en haut lieu.

Tout d’abord, n’oublions pas un fondamental en France : aucune campagne électorale ne peut être financée sous la forme de dons, car, à hauteur d’un certain pourcentage, la dite campagne est alors « remboursée » par l’état. En gros, si un parti fait 5% de votants, l’état estime donc que la nation est suffisamment proche du dit parti pour prendre en charge ses frais, ou du moins une bonne partie. C’est d’ailleurs ce qui a causé un grand désastre financier dans le parti de P.De Villiers lors des présidentielles, au titre qu’ayant fait un score insuffisant, c’est grâce à l’aide des militants que fut renfloué le navire électoral du candidat. Dans ces conditions, seuls les participations des militants sont supposées être exploitables pour gérer la grand messe des présidentielles. Dans le cas de fraude supposée ici, le candidat E.Balladur aurait été financé par un retour illégal de fonds dans les caisses du parti, par l’entremise de rétrocomissions sur des marchés d’armement. Rien que ce concept laisse perplexe, car cela sous-entendrait donc que tout marché public, ou du moins initié par l’état, pourrait donner lieu à de tels retours financiers. En effet, le procédé est terriblement simple : l’entreprise X vend un équipement cher, souvent inaccessible pour des questions technologiques, à un état quelconque. Pour obtenir le marché, il y a souvent mise en concurrence. On « graisse » donc la patte d’un personnage de pouvoir, afin de faciliter les négociations. Une fois le budget débloqué, le retour d’ascenseur est provoqué par des flux financiers directement destinés aux élus qui, bizarrement, ont appuyés la décision lors de la négociation du contrat. Pire encore : on peut même envisager que le personnage client ait eu des vues sur un équipement que seul la France pouvait fournir (admettons des navires de guerre spécifiques), et que pour « remercier » l’élu Français motivé, il aurait fait revenir un petit ascenseur lesté de quelques millions. Plutôt désagréable à apprendre, notamment quand l’état suggère fortement de jouer l’économie.

Ce premier point déjà inquiétant se voit encore un peu plus pétri dans l’angoisse des théories du complot, au titre qu’on parle d’une mesure de vengeance à travers un attentat meurtrier. Notons deux mots majeurs : attentat et vengeance. D’une part, cela sous-entendrait que soit l’état Français a traité avec des terroristes, ce qui est grave, soit c’est l’état client qui est terroriste (ou traite avec localement, ce qui reviendrait au même), ce qui est tout aussi grave. Dans toutes les combinaisons envisageables, nul doute que si les faits sont avérés, la France pourra alors être accusée à juste titre de financer le terrorisme d’une part, et de l’équiper d’autre part. Que l’état soit tenu d’aller à la négociation avec des pays douteux, c’est une évidence, car la notion même de diplomatie sous-entend naturellement de s’asseoir à la table des salauds, de boire le coup avec les exploiteurs, et de négocier des contrats juteux avec les despotes. Cela fait partie intégrante de ce métier qu’est la diplomatie. En revanche, user de ces mêmes outils pour l’enrichissement personnel (comprendre l’ambition politique et le financement occulte d’une campagne électorale) n’est plus du même niveau. Ce ne sont plus les intérêts de l’état, ni ceux des entreprises Françaises qui sont défendus, mais ceux d’oligarques cherchant l’argent partout où il se trouve… donc, concrètement, dans les caisses des terroristes. Terrifiant.

Le dernier aspect, et non des moindres, est que la dénonciation des faits est soutenue par une tête de liste crucifiée sur l’autel de la carrière du président de la république, c'est-à-dire D.De Villepin. Vindicatif, revanchard, ses propos commencent sérieusement à le desservir tant ils ressemblent à de la vengeance mesquine, plus qu’à la potentielle dénonciation d’exactions politiques et financières. Qu’il ait été pris pour cible, c’est une évidence depuis bien longtemps. Clearstream sentait clairement la magouille, puait littéralement l’escroquerie organisée, le tout pour enfoncer De Villepin. Aujourd’hui, l’homme n’hésite pas à lâcher des bombes verbales, à dénoncer. Certes, c’est une manière compréhensible de retourner la politesse à N.Sarkozy, mais ce n’est pas la bonne méthode à mon sens. Pourquoi ? Tout comme l’enfant qui criait au loup, ses esclandres répétés font penser (moi le premier) qu’il instrumentalise l’actualité, quitte à risquer le ridicule. Je ne prétendrai pas que l’affaire est fausse, et encore moins qu’il s’agit là d’une manœuvre minable pour plomber le nouveau gouvernement. Toutefois, j’estime qu’il faut faire preuve de prudence : ce qui n’est pas prouvé ne doit pas être agité comme une vérité. Seule la vérité doit être affichée, car celle-ci est un dû pour les familles des victimes de l’attentat de Karachi. On ne parle pas d’une destruction de biens, mais de morts, de blessés, d’un traumatisme ineffaçable pour des innocents. La dignité sera donc de ne pas freiner l’enquête (s’il n’y a rien à cacher), ou de saquer ceux qui ont profités du système (s’il y a vérité derrière les propos lapidaires dans les médias).

Je ne doute pas qu’on tentera d’étouffer l’affaire dans l’œuf, qu’on incitera au silence tous les participants. Concrètement, quelque soit le rôle réel ou supposé des acteurs du dossier, il sera impossible à l’Elysée de dire toute la vérité. S’il n’y a rien à déclarer, la rumeur dira que l’état étouffe des magouilles. Si les magouilles (supposées) sortent, la même rumeur déclarera qu’il y a plus, ou que l’état en profite pour piétiner ses propres personnages gênants, comme à l’époque de Clearstream justement. Que croira la rumeur ? Rien. Elle n’avalera aucune vérité, car ces mêmes vérités seront toutes tachées de la salissure du doute. Fondé ? Infondé ? Difficile d’en juger. On continue bien à fantasmer sur des complots du nouvel ordre mondial, sur l’existence des extraterrestres, ou encore sur le fait qu’Elvis soit encore en vie. Moi ? Je ne saurais donner un avis concret sur la question, mais j’ai une certitude : la politique ne se pratique pas les mains propres, et le pouvoir ne s’exerce jamais sans mener des actions des plus détestables. De là à cautionner, je ne ferai jamais le pas. Par contre, je fais un pas en avant : méfiez vous, méfiez vous énormément de ce qui va se dire d’ici peu. Ceux qui paieront potentiellement les pots cassés, seront probablement ceux qui encombrent le plus les présidentiables. Je ne doute pas un instant que parmi les brisés, il y aura au mieux des lampistes, au pire des innocents, le tout affichés par les médias complaisants et avides d’affaires secrètes.

Affaire à suivre, donc.
Les revirements de De Villepin, sur rue89.com
Paris/Karachi sur yahoo.fr
L'attentat de Karachi sur wikipedia.fr

19 novembre 2010

Regarde derrière le rideau de fumée

Après ces quelques textes, je reviens la plume à la main, brandie comme une hache plus que comme un outil de progrès. J’ai vilipendé les attitudes irresponsables des gens, la mise sous tutelle de notre identité par les entreprises, et là, je constate qu’au lieu d’amener à l’interrogation personnelle, les gens continuent à s’entêter dans l’étiolement de leurs droits. J’ai eu le droit à des réponses invraisemblables, dignes des discours des enfants. Faire confiance, croire en un avenir meilleur, s’échiner à dire que les entreprises ne sont pas les grands méchants, qu’il n’y a aucun risque pour notre futur, et que je suis potentiellement un paranoïaque doublé d’un râleur invétéré. Fort bien. Je ne suis pas de ceux qui vous insulteront sous prétexte que je suppose avoir « la réponse », je n’ai pas cette prétention aussi saugrenue qu’infondée. Après tout, le destin et l’avenir ne se devinent pas vraiment, l’avenir se construit au quotidien, à coups de hasards incongrus, et de décisions aux impacts souvent mal mesurés.

Que j’aimerais que cela soit si simple ! Réduire l’avenir à un hasard cosmique, ou à un destin incontrôlable, c’est alors oublier que les choses s’enchaînent, et ceci dans une implacable logique basée non sur le rêve, mais bien plus sur le cynisme. Regarder devant soi, c’est aussi avoir regardé derrière avant, et ça, visiblement, c’est une obligation qui passe trop facilement à la trappe. « Regarder le passé ? Trop encombrant, trop chargé et connoté, il vaut mieux s’en passer. » Belle preuve de folie ! Le passé, c’est le meilleur indice pour comprendre, analyser, et surtout ne pas répéter les erreurs. N’enseigne-t-on pas aux enfants d’apprendre de leurs erreurs ? Alors pourquoi la société refuse d’appliquer à elle-même les principes qu’elle inculque à ses enfants, en gros à son futur ? C’est une aberration sans borne, d’autant plus quand cela mène au conflit, à la mort de millions de gens, quand on répète inlassablement les mêmes débilités, le tout pour des causes aussi « valables » aujourd’hui, qu’elles seront ineptes demain.

Le monde souffre de son déséquilibre, de son manque chronique de partage des biens. Techniquement, si les pays pauvres le restent, c’est essentiellement parce qu’on les aide à rester des vassaux, des esclaves non officiels de quelques autres nations riches. Quand un pays pauvre emprunte pour progresser, on lui fait payer de tels intérêts que cela étouffe toute velléité d’amélioration de sa situation. Inutile de rêver à l’émergence du tiers monde, parce que les riches voudront toujours d’un tiers monde où l’emploi est à bas prix, où le pouvoir se laisse facilement corrompre, où les ressources naturelles deviennent alors un moyen d’échange contre de la nourriture et des médicaments. N’est-ce pas délirant ? Au lieu d’acheter les dites ressources au vrai prix, on pratique le chantage en disant « pétrole contre denrées », alors qu’en appliquant un échange commercial raisonné, le dit pays endetté, affamé, pourrait acquérir son indépendance ! C’est d’autant plus dangereux que cela crée le terreau favorable aux fondamentalismes religieux et politiques, et, qu’à terme, les dictatures financées et maintenues par la main rapace des états riches sont destituées par la foule, ceci au profit immédiat de gouvernants religieux et incontrôlables. Un exemple ? L’Iran. Un autre ? Toutes les républiques bananières en Afrique. Cela ne suffit pas ? Allons plus loin !

On montre la Chine et l’Inde comme des pays vivant de véritables mutations sociales et économiques : enrichissement rapide, croissance à deux chiffres, industrialisation, augmentation des salaires et j’en passe ; dites, c’est quoi ce rêve ? Si nous délocalisons là-bas, ce sont pour des questions éminemment pratiques d’économies ! Jamais, je dis bien jamais, vous pourrez assister à l’apparition d’une vraie classe moyenne dans ces deux nations, ou alors, d’une classe moyenne bien lointaine de celle dont nous faisons tous partie ou presque. La vérité est bien plus cynique, parce que tant que ces pays produiront à bas prix, nous injecterons de l’argent dedans. Le jour où les salaires rejoindront trop ceux des pays riches, les entreprises retireront leurs moyens de production, vendront leurs intérêts, et se feront un malin plaisir à faire pratiquer le protectionnisme, ceci à travers le lobbying des gouvernements. « Sors toi de la boue, mais surtout ne crois pas que tu pourras t’asseoir à ma table », tel est le discours caché derrière les réunions des grands de ce monde. Il y a une autre attitude, plus cynique encore, qui consiste à faire croire au tiers-monde qu’il a le droit à la parole. Facile : créez une réunion où se rencontrent riches et pauvres, amendez quelques lois semblant protéger les pauvres face aux riches, et, par derrière, pratiquez une politique commerciale plus sauvage que jamais. On ne pourra pas vous accuser d’avoir été méchant, puisque vous offre votre aide… tout en massacrant les intérêts chez votre vassal qui se croit libre !

Je ne vois pas d’illuminatis, je ne vois pas de complot mondial, pas plus que je ne vois de gouvernance noire. Je vois quelque chose de pire encore, la convergence des intérêts de quelques entreprises d’échelles mondiales, des sociétés dont les capitaux sont tels qu’ils peuvent financer toutes les révolutions susceptibles de les aider. Quand on déboulonne un président dans un état produisant du pétrole, ce n’est généralement pas le fait du hasard. Soufflez sur les braises de la contestation, et cela mènera immanquablement à la guerre civile, surtout là où les gens n’ont rien, où la survie est une véritable question quotidienne. La richesse, c’est certainement l’arme la plus redoutable qui soit, parce que bien utilisée, elle peut briser tout état, toute population qui refuse de fléchir. Qui est encore suffisamment rêveur pour croire qu’en assistant les pays pauvres, nous faisons preuve de charité ? Quelle folie ! Assister, c’est endetter, et rendre dépendant.

Les revirements à venir sont difficiles à présumer. Les USA commencent sérieusement à pâtir de leur déification de l’argent : entreprises qui font faillite, pertes de marchés importants, appauvrissement de la classe moyenne… Mais avec en contrepartie un enrichissement sans précédent de quelques nantis. Là, plusieurs nouveaux « dirigeants » de la place boursière rachètent à vil prix des entreprises pourtant viables et rentables, regroupant alors le tout dans des systèmes tentaculaires d’intérêts à tous les étages. Posséder à la fois une fabrique d’armes, une usine d’agro alimentaire, et une société pharmaceutique, c’est fournir aux soldats les flingues, les rations, les pansements, le pack « spécial guerre ». Le plus bel exemple reste à mes yeux cette société qui vend d’un côté des plats préparés trop salés, de l’autre qui vend, à travers une filiale pharmaceutique, les traitements contre l’hypertension. Gonflé ? Non, juste économiquement logique et efficace. Les USA, en sauvant le dollar, en faisant peser sur le monde ses dettes, ceci à travers les fluctuations incessantes de la valeur de la devise, risque bien de prendre plus qu’une crise, mais plutôt un écroulement de l’écheveau économique. Si la monnaie chinoise devenait une référence de substitution, on pourrait bien assister à un renversement sauvage de l’équilibre… Mais c’est de l’ordre du rêve, car les chinois refusent que leur monnaie sorte des frontières du pays, sauf sous la forme de devises tierces. L’Europe a bien tenté de jouer ainsi en créant l’Euro. Résultat des courses, notre monnaie plombe nos échanges commerciaux, car les autres continuer à jouer avec le billet vert.

Aussi cynique que cela paraisse, les USA jouissent d’un bras de levier infernal : le pétrole. Pétrole par ci, pétrole devise, pétrole industrie, pétrole politique, tout tourne encore autour de cette matière fossile qui est le cœur même de notre modèle économique. C’est le prix du pétrole, volontairement placé très bas, qui a ruiné l’URSS. C’est l’absence de pétrole en Chine qui rend dépendante cette nation qu’on croit pourtant indépendante. C’est l’abondance de pétrole chez ses partenaires politiques qui font des USA les « juges de paix » au moyen orient. C’est la présence de pétrole en Libye qui fait qu’on a repris le dialogue avec Kadhafi et qu’on refait des affaires avec un état précédemment classé « état voyou ». C’est l’absence de pétrole qui laisse les mains libres aux USA pour continuer son embargo stupide contre Cuba, parce que tout le monde se fout de cet état sans poids ni importance stratégique. C’est l’abondance de pétrole en Russie qui fait que ce pays, bien qu’appauvri après le naufrage du pétrole, soit encore assis à la table des dirigeants du monde. C’est le pétrole qui a poussé Poutine, à l’époque de sa présidence, à reprendre le contrôle des financiers dans son propre pays. Gazprom n’a pas été saisi pour des questions autres que de politique internationale. Enfin, c’est le besoin en pétrole qui fait que la France tergiverse, tourne autour du pot, et négocie sans arrêt avec ses anciennes colonies. Qu’on cesse de croire que les largesses de l’état pour les dictateurs sont dues à l’historique colonial. Les nations se foutent du passé, elles regardent le présent, froidement, posant l’équation suivante : cela coûte moins cher de financer un dictateur et de lui piquer le pétrole, que de l’acheter à son cours quotidien sur la place internationale !

Quel avenir ? Ceux qui sauront trouver un moyen de fédérer en dehors des prisons à barreaux verts pourront éventuellement proposer une alternative, tout en sachant que le partenariat naturel avec les USA n’est pas prêt de disparaître. Je suis particulièrement inquiet pour la Chine et l’Inde, parce que finalement, si les autres pays du monde retirent leurs billes, qu’en sera-t-il de ces deux nations ? La Chine va bientôt vieillir très brutalement, de par une politique nataliste sauvage (enfant unique), mais également par l’absence ou presque d’immigration, même choisie. L’Inde, elle, a une natalité peu contrôlée, mais souffre encore de systèmes sociaux dépassés et inefficaces. Redresser tout un pays, ce n’est pas enrichir qu’une portion congrue de nantis et de salariés chanceux. Bâtir de nouvelles cités, c’est potentiellement créer de futurs poudrières où seraient alors concentrés les salariés des usines ayant quitté le territoire, faute d’une main-d’œuvre corvéable à merci, et surtout économiquement rentable.

17 novembre 2010

Négociations

J’ignorais qu’on pouvait vendre la liberté comme de la bière,
Sauf si c’est pour prouver que la liberté, c’est avoir un salaire.
Aujourd’hui c’est ainsi, la liberté est une valeur boursière,
Il faut t’y faire, quand tu dis liberté on te répond « T’en veux pour combien mon frère ? »

Où qu’on regarde, c’est le désastre des négociations,
On échange des vies contre des liasses sales de pognons,
Sans aucune charité, sans la moindre considération,
On découpera des pays, des villes, et on décimera les populations.

J’ignorais qu’on pouvait s’asseoir sur nos libertés fondamentales,
Sauf si c’est pour le confort de ce qu’ils appellent la morale.
Aujourd’hui, c’est ainsi, c’est la victoire de l’uniformisation,
Ils nous la vendent à la tonne, comme un bien de consommation.

Où qu’on regarde, c’est le désastre des négociations,
On échange nos libertés contre un peu de confort à la con.
Sans se méfier, ce sont nos vies que l’on met en vente,
Qui se transforment pour quelques nantis en grosse rente.

J’ignorais qu’on devait se soumettre à quelques idées,
Sauf si c’est parce qu’il est plus confortable de s’y oublier.
Aujourd’hui, c’est ainsi, c’est la lâcheté mondiale,
Il faut t’y faire, parce qu’ils ont choisi pour toi la maille.

Où qu’on regarde, c’est le désastre des négociations,
Elles s’étirent sur des décennies pour bloquer des résolutions,
Comme en Palestine où l’on pousse les gens au combat,
Parce que la mort se négocie fort cher par là-bas.

J’ignorais que je devais avoir peur de mon voisin,
Sauf peut-être parce qu’il s’avère être maghrébin.
Aujourd’hui, c’est ainsi, on t’effraie avec la différence,
Alors que c’est un principe fondateur de la France.

Où qu’on regarde, c’est le désastre des négociations,
On a soldé notre droit fondamental à la réflexion,
Pour s’offrir le confort virtuel des communications,
Et pour s’acheter une conscience totalement bidon.

J’ignorais enfin que je me devais de me taire,
Sous prétexte que mes propos peuvent déplaire.
Je ne fermerai jamais ma foutue grande gueule,
Parce que quand j’écoute les bien pensants… je … (burp)

Grisaille de banlieue

Ce matin, un gosse s’est immolé par le feu,
Hier, c’est une gamine qui s’est suicidée.
Est-ce là le raccourci de ce qu’est la banlieue,
Des adolescents qui finissent brisés ?

Ce matin, il fait gris sur la banlieue,
Ce n’est pas d’hier qu’il fait gris sur les cités,
Tout comme il fait sombre dans les yeux,
De ceux qui voient ce qu’est la réalité.

Ce matin, il a plu sur les tours de béton,
Et l’eau qui en coule est grise, couleur morbide.
C’est peut-être ces prisons sans maton,
Qui mènent les mômes au suicide.

Ce matin, une famille de plus est en pleurs,
Et les médias vont en faire leurs choux gras.
Les grattes papiers se foutront de la douleur,
De vivre au quotidien en citoyen paria.

Ce matin, j’observe ce qui fut mon quartier,
Des alignements de blocs sales, souillés.
Ce matin, je réentends les voix effacées,
Des gosses que nous étions, tous mouillés,

Parce que la pluie n’enlève pas la crasse qui s’accumule sur le cœur.

Engagés ?

A tous les écouter, ils sont tous prêts à faire la révolution,
Alors que tous sont assis en attendant les derniers instants.
Si l’on était amenés à les croire, patienter serait la solution,
Alors qu’en vérité les paix se bâtissent dans la boue et le sang.

Artistes engagés, ouais mon c...!
Surtout quand ils n’ont pas connus la rue !
Artistes engagés, ouais mes c... !
Surtout quand ils n’ont pas vécus une fouille !

Avoir une opinion, c’est souvent risquer la prison ou la pendaison,
Et eux t’expliquent qu’il y a d’autres manières de résister.
Ont-ils vus ces geôles conçues pour nous faire perdre la raison,
Ou bien ferment-ils les yeux pour surtout ne rien risquer ?

Artistes engagés, ouais des ordures !
Surtout quand ils disent avoir le cœur pur !
Artistes engagés, ouais des cons !
Parce qu’ils obéissent quand leur dit de baisser de ton !

C’est de la lâcheté que de vouloir lever le drapeau de la révolution,
Alors qu’il s’agit de l’étendard puant créé par un commerçant.
C’est cracher sur les tombes des victimes des répressions,
Que de mentir en faisant semblant d’être un résistant.

Artistes engagés, ouais mon c...!
Surtout parce que pour eux c’est une plus-value.
Artistes engagés, ouais mes c...!
Surtout parce qu’ils ne craindront jamais la douille.

Facile difficile

Quand l’objectif de la caméra tue aussi vite que le fusil,
Où est notre moralité d’observateur placide et tranquille,
Qui se contente de voir sans comprendre, d’écouter sans entendre,
Qui se fout de son avenir, et préfère encore prendre avant de rendre ?

Parce qu’il est plus facile d’être égocentrique,
Parce qu’il est plus dur de donner que de recevoir.
Parce qu’il est plus facile d’être narcissique,
Parce qu’il est plus dur d’oublier que de voir.

Quand l’homme se fout de savoir qui est son prochain,
Où est passée la communauté des cœurs, qui unirait les miens ?
Il se moque de connaître ce qu’il passe au dehors,
Tant qu’il n’est pas concerné quand, de faim, quelqu’un est mort.

Parce qu’il est plus facile d’être un individualiste,
Parce qu’il est plus dur d’être vraiment altruiste,
Parce qu’il est plus facile d’être un égoïste,
Parce qu’il est plus dur de choisir la bonne piste.

Quand on brûle la terre sans égard notre environnement,
Où est notre espoir pour que ce qui nous attend ?
Si l’on s’acharne à réduire tout à de vulgaires chiffres,
Qu’on ne s’étonne pas que seuls les porcs s’empiffrent.

Parce qu’il est plus facile de jeter que de préserver,
Parce qu’il est plus dur d’économiser que de s’endetter,
Parce qu’il est plus facile de gaspiller que de recycler,
Parce qu’il est plus dur de réfléchir que de s’oublier.

Quand la main de l’homme devient monstre sans aucune pitié,
Où sont les voix qui devraient s’élever pour sauver la femme maltraitée ?
Qui a le courage d’aller au bout de ses prétentions ?
Qui a le cran de ne pas céder au moment de la décision ?

Parce qu’il est plus facile de fermer les yeux que de voir,
Parce qu’il est plus dur de se dresser que d’être couard.
Parce qu’il est plus facile d’ignorer que d’y croire,
Parce qu’il est plus dur de la défendre, que d’être autre part.

Quand on devient sourds à tous les cris de douleurs,
Où est passée notre envie de ne plus vivre dans la peur ?

Parce qu’il est plus facile de vivre à genoux,
Parce qu’il est plus dur de vivre debout,
Parce qu’il est plus facile de vivre sous le joug,
Parce qu’il est plus dur de vivre sans gourous.

16 novembre 2010

Interrogations sécuritaires

J’aimerais pouvoir faire confiance à la foule. Mon pseudo Internet qui fait partie intégrante de l’image de ce blog identifie formellement que mes propos ont tendance à agacer la foule, voire à l’effrayer. Pourquoi ? Parce que je n’aime pas le conformisme latent, celui qui permet de s’enfoncer confortablement dans le sofa, en regardant les crimes ketchup qui défilent sans arrêt à la télévision. Cette même foule, celle qu’exécrèrent tous les grands penseurs du monde, m’effraie souvent au plus haut point. Loin d’être consciente des risques qu’elle court en tolérant tout, elle s’enfonce même avec une ardeur incompréhensible dans les bourbiers tels que la politique sécuritaire, l’attitude propre à inciter à la délation, ou encore à faire l’impasse sur les problèmes de fonds que sont le traitement réservé aux indigents, l’appauvrissement graduel de la classe ouvrière, ou, pire que tout, l’intolérable désistement des parents pour l’éducation de leurs enfants. Qu’on ne me vienne pas dire que mes propos sont réactionnaires, c’est un fait assez flagrant : plus on nous afflige les neurones avec des choses effrayantes telles que l’insécurité ou le chômage, plus la foule acceptera facilement des politiques liberticides et dangereuses, à terme, pour chacun de nous.

Je suis dubitatif à plus d’un titre concernant les Français. D’un côté, ce sont les premiers à hurler leurs grands dieux qu’ils veulent la tranquillité, qui affirment sans nuance que les policiers sont tous des cons, et qu’au surplus un militaire se doit d’être un abruti pour tenir un fusil et pour obéir aux ordres. Dans une telle attitude pourtant ouvertement opposée aux symboles de l’autorité de l’état, cela n’empêche pas les urnes de basculer vers les flancs durs tant de gauche que de droite. La modération électorale me semble de moins en moins d’actualité, d’autant plus que c’est majoritairement sur le populisme outrancier que se sont appuyées les dernières présidentielles : petites phrases, assassines, discours orientés, affirmations allant jusqu'au douteux, difficile de saisir pourquoi une foule profondément anti policière vote pourtant pour un état à tendance policier. C’est en soi non pas un mystère, mais plus une absurdité... Ou alors le Français moyen aime le dicton qui dit « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Le débat, apparemment simple, qui devrait opposer les tiers-mondistes aux nationalistes, est finalement autrement plus épineux qu’il n’y paraît. Depuis l’inepte concept d’enlever la nationalité, jusqu’au traitement de l’immigration par la médiatisation des Roms, je pense que ces différentes opérations de propagande sont efficaces pour rassurer les petits bourgeois terrifiés par la différence, et suffisamment « souples » pour ne pas trop inquiéter les biens pensants, satisfaits d’apparaître comme réac, ceci le temps d’un dîner bien arrosé. Je parle de tiers-mondistes, ceci sans me cacher derrière le rassurant discours des gauchistes heureux de croire en la souplesse. Le problème est malheureusement multiple, dangereux, et trouver un équilibre n’est finalement pas possible. On montrait bien les Anglais comme exemples, et eux aussi se confrontent à présent aux mêmes problèmes qu’en France. L’Allemagne, de la même manière, a reconnu par la voix de sa chancelière, que l’intégration des immigrés est un échec cuisant. Est-ce fasciste de le reconnaître, de vouloir le comprendre, et donc, potentiellement, le gérer ? Non, au contraire devrais-je dire, mais, effet pervers de la dite annonce, ce sont alors les sections fascistes qui profitent de cette aubaine médiatique en braillant à qui veut l’entendre « on vous avait prévenus ! », pour en bout de chaîne, voter pour les politiques dures, pour les choix les plus répressifs, et nous guider vers un contrôle et une censure plus forte qu’elle n’y paraît.

Ne croyons pas que le fait de laisser dire n’importe quoi aux télévisions, de laisser entrer la violence verbale et visuelle sont des signes d’affaiblissement de la censure. C’est le contraire : une censure efficace n’interdit pas tout, elle laisse passer tout ce qui sera susceptible de vous rendre plus malléable, plus réceptif aux messages publicitaires ou politiques. Vous voulez un vote sécuritaire ? Faites peur à la foule en lui agitant le spectre des émeutes, deux trois photographies de « jeunes » sélectionnés pour leur aspect repoussant de « racailles de banlieue », et ajoutez dessus quelques scandales pour des vedettes de musique dite « violente », et vous aurez la mayonnaise idéal pour assaisonner les plats de résistante des pro dictature morale. A l’ère du web, offrir une tribune libre à tous est aujourd’hui une fumisterie, car la censure a déjà ses outils affûtés, ceci par devers nos décisions et notre implication de citoyens ! Je hurle au scandale face aux politiques inefficaces de gestion du réseau qui sont non faites pour nous protéger, mais pour protéger des intérêts financiers, le tout à NOS frais. Colossal : nous payons HADOPI pour protéger les intérêts des majors, et non les nôtres. Plus inepte, difficile à trouver je pense. En conséquence, ils ont intégrés des outils de vérification du réseau, et ceci en son sein, et non juste à sa périphérie. Rien n’empêche plus de mener ces outils vers des caméras virtuelles et permanentes, caméras voyeuses qui nous regarderont dans tous nos aspects de notre existence virtuelle.

Et cela semble plaire, puisque finalement ceux qui pondent ce genre d’horreurs sont reconduits au pouvoir !

Les gens gueulaient « trop de police ». Que gueulent-ils maintenant ? Plus rien de précis, si ce n’est pour préserver des intérêts très personnels. L’immense majorité des manifestants dans les rues descendent non plus pour montrer qu’une loi est mauvaise, mais que celle-ci les dérange individuellement. On n’a pas vu de mouvement réel de foule contre la création d’une véritable milice privée du web, pas plus qu’on entend la foule se soulever contre l’idée même de pouvoir être mise sur écoute sans décision d’un juge ! Ils s’en foutent, ça ne les « concerne pas ». Pas encore devrais-je dire, mais c’est déjà presque trop tard, et rares sont les voix qui s’élèvent et se battent encore contre ces lois iniques. Tout est démonté, démontré, mais cela n’empêche pas de mettre en application. Prison virtuelle ? Comme je le disais hier, la foule collabore sans broncher au fichage individuel à travers les Foursquares (géo localisation) et Facebook (réseau social), la foule accepte tacitement d’être vue et observée au microscope, et, pire que tout, de confier ses données personnelles à des sociétés. A quand la vente d’une vie ? A quand les enchères pour s’offrir une identité ?

J’ai naïvement cru que la foule saurait craindre d’être fliquée, de manière publique ou privée, qu’elle saurait se battre contre toute forme de contrôle global. Il n’en est rien : l’éducation des masses m’apparaît aujourd’hui être un échec cuisant. Les fondements des libertés sont devenus des objets mis en vitrine, histoire de dire qu’ils existent. La CNIL hurle, se débat, pour que nous ayons encore des aires de protection de nos vies privées... mais la foule, toujours plus rassurée par la centralisation et le flicage, s’entête à être prise pour un troupeau de moutons. Finalement, si la foule veut être tondue, qu’elle le soit, mais qu’elle ne s’étonne surtout par de résultats tels que 2002, et peut-être, dans une certaine mesure, d’un résultat aussi effrayant en 2012. On accuse bien le président en poste d’être trop voyant, d’être un quasi despote. Soit, mais rappelons les faits : c’est la foule qui a déposé son bulletin dans l’urne, non ? Qui nous dit que nous n’allons pas réitérer l’erreur, ou faire pire encore ?

Je crois que nous allons vers une politique toujours plus sécuritaire. Quand les emplois disparaissent, quand le chômage gangrène, la criminalité augmente. Quand la criminalité augmente, on légitime tant par peur que par conviction de faire des agents de contrôle des autorités inévitables. Mais le jour où le calme est rétabli, qui déboulonne les agents ? Personne... Ne n’oubliez pas : plus de flics, ce n’est pas plus de sécurité. Plus de sécurité, c’est avant tout plus de civisme individuel. Assumons nos responsabilités, avant de demander à un tiers de les gérer pour nous. Alors seulement, nous pourrons voir à combien il faut d’agents dans les rues, et non de mettre les agents en premier, pour ne jamais les enlever.

15 novembre 2010

Elites

Ces derniers temps, un terme revient régulièrement sur le devant de la scène, et il est employé, à mon sens, à tort et à travers. Elites par ci, élites par là, mais qui sont diable ces élites qui semblent avoir tous les pouvoirs, qui apparaissent comme intouchables, invulnérables, sur lesquelles les scandales et les manipulations glissent visiblement sans laisser de tache ? Est-on donc gouvernés, dirigés, embrigadés par une minorités d’idéologues, à tel point que nous sommes devenus incapables de réfléchir indépendamment de la doctrine officielle ? Même si cela semble caricatural, force est de constater une forme bizarre d’incitation à la soumission à des autorités, à des « élites », alors que nous sommes maintenant dans la quasi impossibilité d’en identifier le véritable visage.

J’aurais pu me lancer dans une dithyrambe contre les élites politiques, lyncher les attitudes malsaines où un condamné pour malversations revient aux affaires, démolir les systèmes où les états s’entendent contre les intérêts communs pour les intérêts d’un petit nombre et j’en passe ; pourtant, point de théorie du complot. Illuminatis ? Franc-maçonnerie ? Sectes ? Ce n’est pas le fond du problème. J’estime bien plus inquiétant le fait que les gens, les électeurs, vous, moi, nous ne sanctionnions pas ces fraudes et autres embrouilles. Si un élu est temporairement banni des affaires, pourquoi le réélire ? C’est alors accepter et légitimer le principe qui dit que la politique ne peut se faire que par la magouille. Or, dans l’absolu, nous réclamons de nos élus qu’ils soient honnêtes. Paradoxal, et pourtant c’est un fait commun et avéré.
Je n’ai jamais été un grand amateur de la théorie du complot, ceci parce que le complot, l’entente, les accords derrière les rideaux fermés, ce sont des choses aussi vieilles que le monde. Les empires de l’antiquité payaient des chefs de tribus « barbares » pour s’éviter des guerres, plus proche de nous, les états se sont partagés le monde en traçant sauvagement des grands traits sur des cartes abstraites, et aujourd’hui encore, les états négocient, tergiversent, ceci selon les intérêts du moment. Dans ces conditions, rien de vraiment neuf sous le soleil, encore faut-il en avoir conscience, et ne pas l’accepter en faisant son devoir de citoyen en ne votant plus pour l’escroc reconnu comme tel, mais en votant pour celui que l’on suppose honnête.

Le premier des cas intéressants, et non des moindres, c’est la présence devenue inévitable des réseaux sociaux. Dans l’absolu, ils offrent des possibilités énormes d’échanges, de discussions, de retrouver des amis perdus de vue, et j’en passe. La transmission des idées, la fédération des connaissances, tout ceci est donc, en théorie, particulièrement profitable à tout le monde, d’autant plus si la chose se fait sans véritable capacité de contrôle de l’extérieur. Or, la vérité me semble autrement moins idyllique : quid de la vie privée ? Quid de la sécurité des données ? Quid du droit à l’image ? Facebook, le monstre incontesté du réseau, est aujourd’hui inévitable. Où que vous alliez ou presque, vous aurez le droit à un logo pour faire partager au monde le fait que « vous appréciez un site », de partout on vous incitera à laisser un commentaire sur le profil Facebook de X ou Y. Pire encore : tant les politiques que les personnalités médiatiques utilisent clairement Facebook dans la trame de communication à destination du grand public. De ce fait, nous sommes face à un dilemme : partager sa vie sur le réseau social, ou alors s’en exclure au risque de passer pour un paria.
J’entends déjà les esprits chagrins me vanter tous les bienfaits de la chose, cet échange naturel et rapide, ainsi que la capacité énorme d’organisation qu’offre Facebook. Alors, à moi de « vanter » les dérives de la chose : est-ce légitime que vos photos, vidéos, informations personnelles ne vous appartiennent plus ? Est-ce logique que ces informations soient utilisées pour faire des statistiques, puis que celles-ci soient revendues sans vous verser un centime ? En pratiquant inconsidérément Facebook, nous prêtons donc le flanc au flicage, et le plus ahurissant, c’est que les mêmes qui râlaient contre les contrôles et autres bases de données policières partagent les mêmes informations sur un réseau privé ! Grandiose, et terrifiant à la fois. On approche le milliard d’inscrits, c'est-à-dire schématiquement une bonne part de celles et ceux qui ont accès à la toile. Qu’en penser, si ce n’est que Facebook détient dorénavant les clés de la vie privée du monde entier ?
Sorti de toutes les idées de paranoïa qui peuvent en découler, Mark Zuckerberg, Pdg de l’entreprise, est aujourd’hui une élite de la toile. Symbolisant la réussite foudroyante, il est aussi, à mon avis, le représentant le plus effrayant de ce que le réseau peut donner. Un réseau policé, où l’on sait tout de vous GRACE à vous, où la morale et les idées formatées sont plus diffusées que la critique, l’opinion ou l’imagination. Ces données, c’est le pouvoir. C’est pouvoir négocier l’information à des tiers. Détenir le savoir, c’est être une élite, et cette nouvelle élite pourrait aisément retourner le fonctionnement du système contre nos libertés individuelles. C’est la raison majeure qui me fait refuser toute présence sur le réseau social Facebook.

Dernier aspect de cet embryon de réflexion, c’est qu’au quotidien nos données circulent à la vitesse de l’électron. Partage, communication, discussions, tout semble devoir finalement rejoindre les tuyaux de la toile. Pourtant, c’est en cela que nous sommes à présent des proies potentielles pour de nouvelles élites, pas issues de l’ENA, mais plutôt issues de faculté de technologie comme le MIT, et où on discute sans complexe de gouvernance de la toile autour d’un café, alors qu’en substance, ces nouvelles élites parlent de liberté d’expression, de libertés fondamentales, de protection de la vie privée. On ne peut décemment pas faire confiance aux entreprises pour nous garantir que nos données ne seront jamais consultées par des tiers, pas plus que ces mêmes sociétés ne pourront s’engager à résister aux gouvernements fascistes. HADOPI a bien démontré que l’on peut imposer à une société privée de fournir des listes d’abonnés, tout comme cette même loi inique nous rappelle, au quotidien, que la première des méfiances est vis-à-vis des opérateurs. Une entreprise fléchira toujours ou presque face aux états… Sauf si la dite entreprise se révèle avoir tellement de poids que l’état en devienne anecdotique. C’est alors le point critique, le basculement des systèmes classiques vers la ploutocratie. Ploutocratie : faire contrôler les pays par des entreprises, voir le pouvoir politique des élus réduit à néant ou presque, faisant de la décision des urnes une simple formalité folklorique.

Je ne veux surtout pas de cette nouvelle élite. Qu’elle s’enrichisse, je n’ai rien contre. Qu’on légitime un pouvoir inavouable et pourtant évident, pas question. Charge à chacun de comprendre qu’en s’exposant de la sorte, en fournissant toutes les clés aux sociétés telles que Facebook et consoeurs, c’est notre droit élémentaire à la vie privée que nous soldons. Imaginez le pire, puis revenez un peu dessus : alors, à ce moment où vous serez effrayés par la perspective que Facebook fournisse votre réseau « d’amis » à un état devenu dictatorial, que vous vous direz que, finalement, c’est bien mieux de partager discrètement, entre véritables amis, des photographies privées… et pas à travers un réseau qui détiendra, sans possibilité de suppression ou de modification, vos clichés privés. A vous de voir, comme je l’ai déjà dit, moi, j’ai choisi.-

12 novembre 2010

Un regard porté sur le néant

Je me suis déjà exprimé, et ce plus d’une fois, concernant le devoir de mémoire et de respect pour les anciens combattants, de quelque origine qu’ils soient. Conscrits, prisonniers, volontaires, résistants, celui qui prend les armes n’est pas à blâmer, c’est sa cause qui peut l’être. Pire encore, comme le vainqueur sera celui qui écrira l’histoire, même les meilleures causes pourront être réduites au silence. Dans ces conditions, j’ai énormément de mal à pardonner celles et ceux qui crachent sur la mémoire des anciens, des soldats, qui vomissent leur haine sans distinction. Tous les soldats ne sont pas des bourreaux, tout comme les bourreaux ne sont pas nécessairement des soldats. J’estime même que celui qui a choisi la barbarie a perdu le droit aux honneurs qui sont dus aux vrais combattants, à celles et ceux qui, au quotidien, luttent pour notre tranquillité d’esprit. Il est autrement plus facile de faire le bourgeois, confortablement enfoncé dans son fauteuil, que de se traîner dans la boue et les cendres.

Je songe à ce 11 Novembre. Il est triste, pathétique, pluvieux. Il l’est non pour le souvenir des combats, pas plus que pour la météo exécrable. Il l’est, parce que la véritable mémoire des tranchées s’en est allée avec monsieur Ponticelli. C’en est fini de la possibilité d’écouter de vive voix ce que fut Verdun, la bataille de la Somme, ou les taxis de la Marne. C’en est fini du souvenir des gueules cassées, des soldats dont les noms sont à présent des reliques sur des morceaux de pierre ou de bois. C’en est fini, de la mémoire vivante de 14-18. On se croit maintenant épargnés du devoir de ne pas les oublier, on se croit débarrassés du cauchemar des tranchées, on se croit affranchis des atrocités de la guerre de position. Or, c’est tout le contraire. Nous leurs devons d’autant plus de respect que, grâce à leur sang versé, nous avons pu comprendre à quel point une guerre peut devenir inique, cruelle, insoutenable. Tous, sans exception, nous avons un souvenir à exalter, à préserver, à transmettre à propos de conflit. Un arrière grand-père tombé au combat, une arrière grand-mère infirmière ou cuisinière pour les poilus, une famille démembrée après avoir fuie la zone de guerre, que sais-je encore… Chaque famille se doit d’honorer ses disparus, d’honorer la vie pardessus toute chose.

Qu’ont-ils vécus ? Les mots manquent, les sensations sont insuffisantes, et les descriptions totalement dépassées ; Les chiffres, eux aussi, ne sont que néant, statistiques qui ne décrivent rien que des volumes, des proportions. Ineptie que de vouloir dépeindre le quotidien d’hommes, souvent jeunes, qui se sont enlisés dans des tranchées infestées de rats et de vermine, d’hommes mutilés par les obus et les balles, gazés, torturés par la faim et le froid. Que pouvoir dire à leur place ? Qui suis-je pour faire passer les sentiments de ces gens là ? Eux, ils ont pataugés dans l’horreur, piétinés des corps, tués, été tués à leur tour, tout cela pour avancer ou reculer que de quelques kilomètres, parfois bien moins. Dix millions. Comment se représenter dix millions de soldats morts en vain ? Comment voir ce que cela représente ? Bien des nations n’ont même pas cette population, et nous regardons ce nombre comme si de rien n’était, comme si dix millions ce n’était que symbolique, comme si ce n’était plus qu’une méchante additions de cimetières dont on se moquerait. Je ne m’en moque pas, je regrette qu’on puisse faire comme si cela était anodin.

Ils ont eu peur. Ils ont souvent hurlé de terreur et de rage mêlées. Ils ont couru vers les mitrailleuses. Ils ont été balayés par les mines, les bombes, les fusils, les éclats. Ils se sont étouffés dans la fumée, les gaz, la terre de la tranchée qui s’est effondrée. Ils sont morts, anonymes, corps disparus à tout jamais, ou alors retrouvés des décennies plus tard. Même la mort ne leur accordera pas de répit, tant des gens osent profaner la sépulture qu’est devenue la terre de France. Honte à vous, honte à ceux qui ramassent la médaille, le matricule, et qui en font un objet de collection. En agissant ainsi, vous profanez une tombe, un lieu où reposent des âmes, des jeunes gens tombés pour des idéaux qui n’étaient pas les leurs.

Préservons à tout prix le souvenir de ces catastrophes. Enseignons à nos enfants que la haine de l’autre, c’est se préparer au grand carnage. Apprenons leur à discerner le bien du mal, et que le mal, c’est avant tout d’envoyer nos enfants se battre contre d’autres enfants. Apprendre à utiliser un fusil, cela peut toujours servir. Devoir s’en servir contre un humain, c’est être mis face à une responsabilité monstrueuse, celle de devoir, ou pas, ôter la vie. Faisons en sorte que ce choix ne puisse plus avoir à être répété. Battons nous pacifiquement, intellectuellement, intelligemment, pour que plus personne ne parle « du salaud d’en face ». Pour qu’on n’ait plus jamais à voir des images de charniers, pour que jamais plus la terre d’Europe devienne un immense bourbier, une tombe sans nom, sans souvenir, sans espoir. Chaque nation a payé un tribu inacceptable à 14-18. Nous avons fait payer à l’Allemagne cette guerre, au point de la jeter dans les bras du nazisme. Voulons-nous un nouveau conflit mondial ? Voulons nous encore opposer des jeunes pour des notions politiques ? La guerre, c’est l’ultime solution, la pire des solutions.

N’oublions jamais 14-18, pour que plus jamais un de nos fils n’ait un jour à parler, comme monsieur Ponticelli, de l’horreur d’avoir peur de mourir.

10 novembre 2010

40 ans

Personne n’a pu passer à côté du fait que l’on parle du quarantième anniversaire du décès du président-général De Gaulle, et que nombre de documentaires, livres, interviews et autres reportages fleurissent un peu partout. Est-ce une mauvaise chose ? Etait-ce un personnage douteux, attachant, dur, démocrate, despote dans l’âme ? Je crois qu’il est bon de se souvenir de lui, non pas pour l’image d’Epinal qui colle à l’appel du 18 juin, mais avant tout pour sa présence à travers l’histoire moderne de la France. Qu’on soit admiratif ou très critique, son rôle n’est pas du tout négligeable, loin s’en faut. Personnellement, je ne vais pas critiquer ou encenser, mais plutôt réagir selon mes convictions, parce que d’une part je ne m’estime pas suffisamment compétent pour chroniquer une telle carrière, et d’autre part parce qu’il y a bien assez de documentation pour se faire une idée objective par soi-même. Aujourd’hui donc, je ne serai pas l’étendard de la critique, mais avant tout le porte drapeau de mes opinions.

Par quoi commencer avec le général ? De par sa stature, son ton, sa compétence de plume acide et efficace, il est bien difficile de chroniquer un tel bonhomme. Depuis son rôle de militaire engagé dans la défense d’une certaine idée de la France (j’y reviendrai ensuite plus longuement), jusqu’à celui de président de la République, il a présenté un visage d’homme ferme, de politicien efficace, tout comme d’un réformateur visionnaire et mal compris. Malgré des décisions lourdes de conséquences, malgré des incompréhensions avec le peuple Français, De Gaulle a eu une influence prépondérante sur la France d’hier, et un impact encore notable sur la France d’aujourd’hui. Oubliez le cliché de l’appel à Londres, songez plus à son refus d’être un vassal des USA et donc participer à l’OTAN, à sa réconciliation patiente avec l’Allemagne, ou encore à l’obligation de devoir gérer des crises telles que la décolonisation ou Mai 68. Il a traversé 30 ans de politique agitée, faites de révolutions, de réformes lourdes, de dislocation d’une France qui se croyait capable de perpétuer le modèle colonialiste, d’une société dont les mutations sont aujourd’hui des crises majeures (immigration, intégration et assimilation des populations issues des anciennes colonies, gestion des banlieues...).

A-t-il un bon bilan à présenter à l’Histoire ? L’idée qu’avait, à mon sens, le général De Gaulle de la France allait bien au-delà du pseudo cliché chauvin qu’on veut parfois lui coller. Lucide sur les Français : « Tout français désire bénéficier d'un ou plusieurs privilèges. C'est sa façon d'affirmer sa passion pour l'égalité », il avait déjà compris que nous sommes incapables de faire des choix douloureux, de peur de toucher à de petits intérêts personnels. Réformateur, critique vis-à-vis des accords politiques, l’homme a donc été un militaire strict au milieu de requins de la politique des dessous de table. Ayant à faire face à une opposition tant d’appareil que de culture, on ne peut alors que mieux comprendre cette phrase très lourde de sens « L'administration, c'est mesquin, petit, tracassier. Le gouvernement, c'est pénible, difficile, délicat. La guerre, voyez-vous, c'est horrible, mais la paix, la paix, il faut bien le dire, c'est assommant ». Héros de la France pendant l’occupation, ennemi juré de Churchill et de Roosevelt pendant la guerre, bourreau des résistants communistes qui pensaient pouvoir prendre le pouvoir à la libération, son rôle aura autant été celui d’un libérateur médiatique, que celui d’un despote prenant par la vitesse et presque la force le pouvoir sur le territoire. Le blâmer ? Trouver la décision illégitime et mégalomane ? L’histoire retiendra tout de même qu’il aura évité à la nation d’être mise sous tutelle Américaine, tout comme qu’il aura épargné à la France la peur d’être une cible des Soviétiques.

Démocrate ? Certainement pas. De Gaulle était républicain, estimant que le rôle d’un président n’était pas de faire les inaugurations de crèches, pas plus que de se plier à un chef du gouvernement changeant aussi vite qu’un homme change de chaussettes. Il n’était pas l’homme des médias, la télévision et les journalistes l’insupportant au plus haut point. Dur, voire même cruel avec eux, De Gaulle n’a pas hésité à créer des instances de contrôle et de censure pour les museler. Et pourtant, paradoxalement, il est l’instigateur de lois imposant qu’un quotidien national doit être disponible au même moment partout sur le territoire métropolitain, mettant même la SNCF à contribution (à travers des trains spéciaux) pour y parvenir. Paradoxe de l’homme croyant à la voix des urnes, tout en étant l’homme affirmant clairement « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? ».

Visionnaire ? Si l’on prend simplement deux aspects majeurs que sont la technologie de l’information et le nucléaire, on peut affirmer que oui. Moteur sur le projet de soutien à Bull, il a permis à l’informatique d’être une ressource nationale, d’être un métier concret sur un marché qui, historiquement, était détenu par les Américains. Malheureusement, confiez du commerce à des fonctionnaires, et vous aurez immanquablement un désastre. Pour le nucléaire, son indépendantisme presque cocardier l’a mené à décider de la création de la bombe atomique, tout comme à créer nos propres centrales, qui sont aujourd’hui montrées en exemple pour leur sécurité et leur gestion irréprochable. De Gaulle voulait un pays indépendant, n’étant pas tributaire du bon vouloir des USA ou de l’URSS, et pouvoir ainsi continuer à avoir une voix forte et perceptible à l’ONU, donc dans le monde moderne.

Irréfléchi ? Des erreurs ? La fuite à Baden-Baden, incompréhensible aujourd’hui encore, ou encore ses propos volontairement provocateurs mais totalement creux comme le trop fameux « Je vous ai compris », tout ceci peut aussi faire dire que De Gaulle était capable de se tromper. Le blâmer ? L’encenser, je n’en sais rien. A la lumière de cette vie d’homme d’état, qui n’a jamais profité des avantages de sa position, je crois qu’il fut un homme au service de la nation, quitte à aller à l’encontre des intérêts démocratiques. A sa retraite, De Gaulle a refusé de prendre les deniers de la retraite d’ancien président, déclarant que celle de général d’armée était plus appropriée. Très proche des dépenses, refusant toute aide ou toute façon détournée de s’engraisser, il fut certainement le président le plus économe pour lui-même. Rares sont les dirigeants qui dissocient le profit de la fonction, plus rares encore sont ceux qui se mettent totalement au service d’une cause. De Gaulle s’est mis au service de la nation, d’abord comme militaire, puis ensuite comme politicien, ce qui en soi est admirable de dévotion.

Ces propos semblent être flatteurs pour l’homme qu’était De Gaulle. Ne vous trompez pas sur ce texte. Apprécier ou détester des décisions prises ne fait pas l’opinion sur un homme. Je le vois souvent comme un monolithe qui n’a pas su voir la mutation sociale après la fin du conflit en Algérie, je crois qu’il était encore trop attachée à une France datée et dépassée, celle des campagnes, alors que les banlieues poussaient alors comme des champignons. Il m’arrive d’avoir des points de convergence avec ses opinions, mais non, je ne suis pas forcément d’accord avec lui. En revanche, j’admire sa ligne de conduite qui, visiblement, n’a jamais été infléchie que ce soit par le pouvoir ou par la corruption qui, immanquablement, vient avec lui.

Enfin, je suis convaincu que son héritage est aujourd’hui taillé en morceaux par des gens qui se réclament de lui, tout en réfutant ses préceptes. Le libéralisme prôné par l’actuelle droite « gaulliste » n’a absolument rien à voir avec les idées dont elles prétendent être issues. Je trouve même illégitime et insultant que certains néo conservateurs soutiennent qu’ils ont des idées proches de cet homme, notamment quand ils veulent se donner un vernis moral pour flatter l’église, ou quand ils jouent la carte du prosélytisme. De Gaulle était entier, ne démolissez pas son image de la sorte. La démolir par la critique objective par contre, c’est la seule méthode que je saurais tolérer. Malheureusement, si peu osent le faire...

09 novembre 2010

Tendances

L’effrayant avec la propagande pernicieuse qui inonde quotidiennement les gens, c’est qu’elle obtient ses résultats sur la durée. Que l’on soit convaincu par les propos des médias, ou qu’au contraire l’on soit de ceux sceptiques cherchant l’information ailleurs, tôt ou tard on se heurte à un mur de silence. La forte conviction qu’il y a quelque chose d’autre caché derrière les réalités annoncées est alors figée, et l’esprit se raccroche aux fondamentaux : je suis sûr d’être en vie, je suis sûr d’avoir vu et entendu, je suis sûr que c’est ainsi. Or, savoir, croire, ce n’est qu’une seule et même définition, qui est hélas réduite à « je ne peux que voir jusqu’à un certain point ». Réduction de l’horizon mental ? En fait, c’est la barrière qu’on se construit pour soi, une forme perverse de protection contre le doute et les hésitations.

De quoi être sûr ? De quoi être convaincu ? La manipulation est un art consommé depuis l’aube de l’humanité. César a rédigé la guerre des Gaules pour convaincre les Romains du bien fondé de ses actions, Machiavel a écrit un véritable mode d’emploi politique, et plus proche de nous, tant Mao que Hitler ont publié un ouvre susceptible de manipuler et embrigader les masses. Mais nul besoin d’être un tyran pour obtenir des résultats analogues. La « fin » de la crise des retraites démontre concrètement les effets de la propagande médiatique : présentez un essoufflement des mouvements, affichez les errements de la foule, et le soutien populaire s’étiolera très rapidement. Les émeutiers, qui sont naturellement à exclure du mouvement, ont obtenu un contrecoup politique majeur, car, finalement, tous les syndicats marchant d’un même pas sont aujourd’hui à se disputer férocement pour savoir comment mener la suite des mouvements sociaux. C’est un jeu où les gouvernants ne peuvent que gagner. L’usure des bonnes volontés suffit généralement à briser les révoltes, et nul besoin d’user de la matraque pour parvenir à ses fins.

Que croire ? Les tendances sont fluctuantes, tant la culture et la morale générale varient avec le temps. Trois décennies ont suffi à changer le droit à l’avortement d’un scandale en légitime action pour les femmes. Deux décennies et l’informatique pour tous est presque réalisé, une décennie et l’information est devenue globalisée. Comme quoi, les cycles de mutations s’accélèrent, mais au détriment des hommes. Notre société perd chaque jour pied dans le bourbier consumériste, à tel point que les grandes tendances sont à présent des produits de consommation. Révolutionnaire dans l’âme ? Un livre, des films, des documentaires seront réalisés et vendus. En lutte contre le capital ? Votre mouvement sera récupéré, vernis pour passer à la télévision, et finalement tourné en ridicule par le manque flagrant de pouvoir électoral. Vous voulez être reconnu dans la société ? Les publicités sauront vous vendre les produits identitaires capables de vous laisser croire que vous êtes dans le système, et pas un paria bloqué à l’âge de pierre.

Le transfert des pouvoirs de la voix des électeurs, à celui de la voix des producteurs est un désastre. Qui pense librement ? Tout le monde ? Penser librement, c’est s’autoriser la critique, c’est avoir la possibilité de penser différemment, quitte à se tromper lourdement. Ecoutez votre entourage, prenez le temps d’analyser les phrases toutes faites, disséquez les mouvements d’opinion. Qui sont-ils ? Ils se font l’écho de clichés bien formatés et confortables, ils critiquent sans pour autant offrir quelque vue que ce soit sur un programme décent. Critiquer est fondamental, proposer l’est tout autant, or ce n’est majoritairement pas le cas. Et à qui profite le crime ? Au parti qui veut une rébellion, ou, plus pernicieusement, à celui qui est en place et qui démontre que sans proposition, point de solution ? La vindicte populaire contre la réforme des retraites en est une cinglante démonstration. Loin d’être correctement comprise ou même simplement débattue, les partis d’opposition se sont contentés de simplifier à outrance le débat. C’est là la meilleure manière de légitimer une décision qui, potentiellement, est réellement inepte ; Seulement, sans critique constructive, aucun moyen de mettre en doute quoi que ce soit.

Les tendances générales deviennent illisibles, car entre deux élections, les ondulations de l’opinion publique sont telles qu’on ne saurait lire correctement la carte politique Française. Quand le président Sarkozy a été élu, nombre de questions telles que la sécurité ou l’immigration servirent de terreau fertile pour un vote « sécuritaire ». Résultat des courses, au moment de la mise en œuvre de lois ayant un lien direct avec ces thématiques, la foule et les médias se sont réveillés en hurlant au scandale. Moi je hurle au scandale face à une foule versatile qui, le lundi, cherche un coupable parmi les étrangers, et qui, le mardi, fait du tiers-mondisme en prétextant une morale républicaine pour empêcher les expulsions. Où est l’honnêteté électorale et morale ? Où sommes-nous ? Dans un monde où l’opinion est clairement non aux mains des dirigeants ou des partis, mais à celles, plus manipulatrices, d’entreprises dictant de la bonne morale puante. Depuis le cinéma avec des acteurs « de couleur », jusqu’à la publicité qui se décide à mettre des étrangers dans les spots, tout est fait pour que notre bon cœur soit en émoi. De qui se moque-t-on ? Ce sont les mêmes firmes qui exploitent, voire réduisent en esclavage, des millions de personnes dans le tiers monde. Alors, dans quel but tout ce cirque médiatique ? Dans celui, évident, de faire de nous des bien pensants, de bons consommateurs dociles voire indolents.

Slogan du jour : n’oubliez jamais que votre bien-être est produit par des esclaves en Asie…

J’adore les politiciens

Je confirme, je les adore, parce que je peux rire jaune à leurs dépend. Qu’ils soient de gauche, de droite, de centre, d’extrême, de n’importe quoi, ils ont un don commun pour se lancer dans des gags involontaires, à tel point qu’il suffirait de les vêtir en costume de clown pour que Patrick Sébastien puisse avoir un spectacle permanent à peu de frais. Pourtant, nombre de politiciens sont instruits, et pire encore, ils sont convaincus que leurs propos sont cohérents et intelligibles pour la foule. Dites, les cols blancs, à quand remonte votre dernier passage dans une cité ouvrière, un quartier de banlieue, ou encore dans un lycée poubelle ? Apparemment, le prix du costume cravate a la fâcheuse tendance à effacer la mémoire et les souvenirs de la rue, même si nous savons que la plupart ont connu plus les rues de Neuilly que celles de Sarcelle. Question d’ambiance, je suppose.

Pourquoi je suis hilare ? Parce qu’un De Villepin, bien qu’il ait de quoi en vouloir au président Sarkozy, s’est lancé non pas dans une fronde, mais plus dans une pantalonnade digne des meilleures comédies de mœurs à la française. Tout y est : scandale bidon, engueulades du genre « je t’aime, moi non plus », magouilles en arrière-plan, ambitions des uns et des autres, et jeu de l’image pour se faire remarquer. Concrètement, qu’est-ce que cela donne ? Un type sans poste probant qui couine à qui veut l’entendre (sûrement pas son parti politique) qu’un des maux de la France est son président. Dans le genre suicide politique, on n’a pas fait mieux depuis le « Au revoir » de VGE ! Monsieur De Villepin, je tiens à vous rappeler que vous êtes adhérent du même parti politique que celui que vous attaquez. Certes, il est loin d’être irréprochable, tout comme il est loin de faire l’unanimité. Je peux même convenir qu’il sera peut-être sanctionné par les urnes à la prochaine présidentielle, mais de là à soutenir qu’il est le seul responsable, j’ai du mal. Pourquoi ? Parce qu’un gouvernement, cela se fait à plusieurs (comme les conneries d’ailleurs), ce qui vous inclus, en tant qu’ancien ministre. Dommage, mais les additions et les comptes d’épicerie ne s’arrêtent pas quand on quitte un poste, elles se prolongent dans le temps. Et puis, franchement, dire à son propre parti « on a voté pour un con », c’est la meilleure manière de finir au placard. D’autres ont essayés, ils ont eu des problèmes... Souvenez vous de J.Chirac après ses déboires en tant que premier ministre de VGE : combien d’années à errer en attendant la bonne élection ? Méditez là-dessus avant de cracher dans la soupe électorale.

Mais il n’est pas le seul à faire et dire n’importe quoi, loin s’en faut. Le PS pédale littéralement dans la choucroute : entre une gourde qui appelle les étudiants à manifester (pour un sujet qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne maîtrisent pas, et qui changera quand ils seront enfin concernés, soit dans trois décennies), et une passe d’armes à venir pour choisir le présidentiable, on est passé de la comédie de mœurs au Muppet show. Des marionnettes, des mots, des boutades, des bavures, vous ne manquez pas de clowns, et pourtant, je suis certain qu’il y a encore quelques intellectuels parmi vos poids lourds ! Une belle preuve ? La dernière statistique relevant le présidentiable de la foule pour le PS n’est pas S.Royal, mais un certain DSK. Et merde ! On ne l’attendait pas tant que ça, celui qui passe pour être un traître à la cause en ayant accepté un poste au FMI ! En même temps, cela ne fait que connoter le délabrement de l’écheveau politique d’un parti qui n’a toujours pas compris que mêler populisme gras et démagogie à la soupe électorale s’avère être le meilleur moyen de se mettre soi-même des bâtons dans les roues. Le PS ? Quel PS ? Des brontosaures indéboulonnables et influents, des jeunes loups prêts à se dévorer comme aux pires heures faisant suite à la disparition de F. Mitterrand, et une donzelle plus soucieuse de son sourire que de la cohérence de son discours. J’adore. Je me marre !

Et enfin, que dire de nos chers « amis » de la NPA, ces proto communistes qui laissent l’étiquette à étoile rouge pour faire plus à la mode ? Est-ce que changer de nom dédouane d’un passé anar, d’un passé lié à Krivine et consoeurs ? J’adore les écouter parler, surtout quand ils s’entêtent à supposer qu’une solution globale existe, alors que la France ne peut que pâtir de mauvais choix, surtout s’ils vont à l’encontre des intérêts économiques du pays. Non messieurs les rêveurs, un pays, ce n’est pas une utopie, pas plus qu’une île qu’on pourrait isoler à loisir. Aujourd’hui, le collectivisme, tout comme l’isolationnisme ont fait leurs preuves, négatives bien entendu à tous points de vue. Même les USA ne tentent plus de telles manœuvres ! Les intérêts sont mondiaux, capitalistes, que cela vous fasse hurler ou pas. Et puis, de mémoire, les deux principaux systèmes qui se sont affrontés depuis un bon siècle sont justement le capitalisme... et le communisme. Donc, si vous êtes anticapitalistes, vous êtes communistes, non ? Alors pourquoi se garder de le revendiquer ?

Ah que je me marre en écoutant les uns et les autres ! Continuez, vous me donnez de la matière pour toute une vie de plume !