31 janvier 2008

Entretien avec le pire.

Assis dans une salle d’attente, j’observe ceux qui, comme moi, font acte de patience face à la grande porte sombre qui mène vers le cabinet d’examen. On se regarde, on toussote légèrement, chacun y va de son excuse polie et forcée quand il s’agit de se saisir d’un magazine. Etrangement point de presse bas de gamme, au contraire voilà que des ouvrages classiques sont posés là, sur la table basse : depuis la bible rédemptrice jusqu’à l’enfer de Dante, tout semble fait pour nous offrir une vision plus « philosophique » des choses. Moi, étonné de me voir patienter je ne sais quoi avec des je ne sais qui, je n’arrive pas à m’empêcher de regarder qui me côtoie. Oh ! Horreur ! Ils ressemblent tous à des portraits dont mes livres d’histoire savaient m’abreuver : Vlad l’empaleur ! Et lui là, le rondouillard… il ressemble à Musso… non ! Ce n’est pas possible ! Et puis celui-ci ne serait-ce pas l’empereur… Oh mais qu’est ce que je fous là !?

La porte noire s’ouvre, un homme râblé, tremblant et moustachu en sort. Il semble perdu et est mené le long d’un couloir dont je ne vois pas la direction. Il essaie de se rebeller contre ses deux cerbères en blouses blanches qui l’emportent. Il les menace avec pleins de propos dans une langue peu familière. C’est au suivant : le médecin a un visage sympathique, presque jovial malgré son regard qu’on sent expert et acéré. Il appelle : « Ceauşescu, c’est vous ! ». Je remarque l’homme se levant est dégarni et son costume passablement abîmé et même troué à plusieurs endroits. La porte se referme dans un lourd grincement sinistre, de ceux qui n’augurent jamais quelque chose de bon dans un film…
Mon voisin de droite, pas très grand et à l’air sévère semble faire la moue comme quelqu’un ayant mal quelque part. Il se tient le ventre d’une main posée à plat, l’autre jouant péniblement sur son genou. Il m’observe et me souffle discrètement « Vous êtes qui ? ». Qui je suis ? Mais un anonyme, je ne sais même pas comment j’ai atterri ici !
- En tout état de cause je ne sais rien de vous jeune homme.
- Et moi je ne vous reconnais qu’à grand-peine. Vous avez une ressemblance…
- Ressemblance !? Ces maudits peintres, incapables de faire un portrait acceptable de ma personne ! Je suis Empereur des Français jeune homme !
- Heu, pardonnez ma remarque, Empereur, mais techniquement Je suis né 160 ans après votre règne.
- Que le temps passe ! souffle-t-il en réajustant sa redingote. Allons mon garçon, comment va la France à présent ?
- Elle va, démocratiquement parlant, pas si mal, et puis elle applique encore certaines de vos lois. Toutefois…
- Des guerres ?
- Aucune.
- Quel drame. Ils n’ont plus d’ambition de nos jours ! Et ces salauds de l’alliance ?
- Nous sommes en paix avec une seule et même monnaie.
- On a été envahis ! Seigneur ! La France sous le joug des Allemands !
- Non ! Nous sommes alliés au contraire !
- Misère… Pardonnez moi, c’est à moi.

Et Ceauşescu suit le même trajet que le patient précédent… mais de manière plus résignée, comme convaincu qu’il s’agit là de l’inévitable chemin à prendre. L’homme se prenant pour un empereur prend sa place, et moi je me gratte la tête en voyant la dizaine de patients qui m’entourent. Bon sang de bon sang, s’ils sont ce que je crois qu’ils sont, et que nous sommes là où je crois que nous sommes, ça veut dire que j’ai passé l’arme à gauche et que là j’attends gentiment mon jugement dernier. Mais il y a un truc qui cloche quand même : pourquoi poireauter aussi longtemps ? Même en pensant que l’autre avec sa toge est celui que je pense… 2000 ans bordel, c’est long ! Finalement comprends mieux pourquoi on nous a foutu des classiques et des pavés à lire : ça prend du temps, de passer devant le toubib des âmes !

Pas de montre, aucun repère, pas de fenêtre pour dire si le temps passe. Je me suis lancé dans la lecture de guerre et paix. Après tout, ce sont les deux seuls états que connaissent les nations, autant en comprendre les mécanismes. L’occasion fait le larron… il paraît.

Ceux qui sont ressortis sont tous partis vers le couloir à droite, aucune exception, pas même l’obèse parlant vite et vociférant à qui veut l’entendre qu’il est « Duce ». D’autres sont arrivés entre-temps : un type à l’air mauvais vêtu d’un jean et d’un t-shirt, tiens une femme à l’allure effrayante de veuve sans âge, et puis ces trois gamins dont les yeux transpirent l’envie de faire des conneries. Je ne suis plus si à l’aise, finalement l’autre empereur était plus agréable comme voisin de fauteuil ! On me fait signe, c’est à moi… j’entre… et là, surprise, ou plutôt absence de bizarrerie dans le cabinet médical, ce qui est encore plus surprenant en soi. Je sais, même moi je m’y perds dans le raisonnement. Le médecin m’ausculte, me regarde, vérifie mes oreilles et mes yeux, puis commence à bavarder de tout, de rien, de mes goûts musicaux, de mes lectures… mais rien sur mon sort.
- Dites docteurs, qu’est-ce que je fous là ? Ose-je demander timidement en remettant mon pull.
- Ah parce que vous ne savez pas ? Voilà qui est fâcheux jeune homme. Apparemment vous êtes là pour avoir toute votre vie été un criminel. Voleur, menteur, assassin, tout y est passé. Il y a même une indication pour torture dans votre dossier.
- Navré mais je ne suis pas celui que vous croyez ! Moi ? Un assassin ? En rêves éventuellement, mais sûrement pas…
- Allons, pas de panique, c’est normal de renier ses penchants surtout quand ceux-ci vous coûtent le paradis et vous donnent le droit au voyage vers l’enfer.
- Regardez-moi bordel !
- C’est déjà fait. D’un point de vue anthropométrique vous êtes exactement celui de la fiche.
- A croire que vous êtes une administration.
- Ah ça, fonction publique qu’est la Mort mon cher. La faucheuse est une bonne conseillère et surtout un agent efficace quand il s’agit de récolter les âmes. Ici on trie l’ivraie, celles qui brûleront à jamais.
- Mais merde, aucune chance d’y couper ? Aucune rédemption ? Je dois donc me résigner ?
- Je le crains.
- Et vous, si on vous auscultait, vous passeriez la visite avec succès ?
- Très probablement.
- Tu parles ! Encore un qui se dit « pur » et qui juge les autres. Estimer le mal fait par autrui est subjectif, se juger soi-même objectivement nécessite par contre du courage. Et si vous aviez fait des erreurs ? Hein ? Vous y pensez à ça ? A ces âmes dévorées pour rien, en pure perte.
- Quantités négligeables.
- Rien ne vaut une vie mon cher toubib !
- Et rien ne saurait te sauver lamentable humain de peu de foi !
- J’ai la foi en l’esprit humain, pas en l’Homme.
- Et pourquoi pas le contraire ?
- Pour donner du poids à celui se comportant comme un barbare au détriment du génie rédempteur des fautes ? Vous êtes simplement trop imbu de votre compétence pour voir que la pureté ne se juge pas au poids des erreurs mais à légèreté de l’âme qui a su se repentir…
- Foutez moi le camp !
- Avec joie ! Et je n’irai pas à droite.
- Et tu crois que le paradis c’est mieux ? Les gars, au paradis ! Et en vitesse !

Réveil, migraine… je suis au milieu d’autres gens faisant la queue devant une autre porte mais toute blanche. Dans la foule j’aperçois un moustachu élancé discourant à propos d’une petite souris de dessin animé, un type avec un bonnet rouge, un autre faisant la morale à qui veut bien l’écouter, et puis là, un type avec un béret noir et un pardessus sombre. Si c’est ça le paradis… Hé, les mecs ! J’veux descendre ! J’vais pas faire la queue ici moi ! Pas question ! Devoir supporter ces soi-disant propres sur eux, non merci ! Tant que vous y êtes, et pourquoi pas devoir me coltiner toute la bibliothèque verte ! Satan ! Satan ! Enflure ! Embarque moi !!!

Et merde je me réveille à nouveau… foutue migraine. Je m’extirpe de mon lit en m’étirant avec difficulté. Il fait encore nuit… tout est normal. Un cauchemar, rien de plus.
« T’en es sûr gamin ? » Lance une voix d’outre tombe.


ARGHHHHHHHHHH !!!!

30 janvier 2008

Fascinant

Je suis fasciné par la faiblesse morale des gens. Aussi pathétique que cela puisse paraître j’aurais aimé pouvoir croire à une fermeté générale, à cette cohésion plus proche du granit que de la mélasse qui est notre lot quotidien. C’est agaçant d’analyser une société où la moindre trace de directivité soit prise pour une contrainte alors qu’elle devrait au contraire être prise pour de la volonté décisionnaire. A chaque maux de la société on serait tenté de dire qu’il existe une méthode pour s’en dépêtrer, et pourtant à force de vouloir louvoyer avec l’opinion publique on arrive simplement et lamentablement à de l’indécision et de la demi-mesure. En quoi s’affranchir de principes et de fonctionnements obsolètes serait si mauvais pour le bien public ? Pourquoi renâcler tels des vieillards nostalgiques d’une époque révolue à remettre en cause certains acquis pour la cohésion générale ?

Le mou est techniquement et linguistiquement le symbole du malléable, du déformable, de ce qu’on peut changer sans pour autant en abîmer les fondamentaux. La société est donc molle car elle peut être facilement pétrie avec le levain de la propagande et le sel des problèmes réels ou supposés. D’un certain point de vue, il est alors fascinant de constater que des évènements dont nous ne sommes pas du tout tributaires peuvent faire trembler notre socle social au point d’en fissurer les fondamentaux. Je m’ébahissais avec colère des propos tenus par M. Brubakeur, tout comme j’étais outré de voir envisagée la possibilité de créer des lois d’exception, et qui plus est furieux qu’on soit si transigeant avec la laïcité ou l’intégrité de nos institutions. Prenons l’affaire du foulard : accepter de baisser pavillon pour « faire plaisir » à des « républiques » où les libertés individuelles sont fantasmes, personnellement je trouve la pirouette intellectuelle difficile à tolérer… et pourtant : c’est bien là que nous autre, société avilie par l’excès de confiance en soi et pervertie par le modèle où consommation = bien-être que nous payons le prix fort. A force de tolérer nous en arrivons aujourd’hui à tout accepter.

Je suis particulièrement fasciné par la gymnastique des gens qui la veille voulait un président communicant, un président à l’écoute, bref un président populaire et populiste sachant prendre le bras de fer médiatique pour le faire plier sous sa volonté. Sauter d’une adoration proche de l’idolâtrie à une colère démonstrative, si ce n’est pas faire preuve d’une souplesse sans égale c’est alors une belle consolation pour ceux et celles qui revendiquaient des inquiétudes sur le personnage. « Sarkozy nous a menti ! » affichent des électeurs déçus sur leurs revers ou sur leurs voitures. D’autres vont jusqu’à déchirer leur carte du parti en vociférant à qui veut bien l’entendre que c’est un salaud. Amusant raccourci puisque quelques mois auparavant les urnes étaient ouvertes à leurs votes… et donc à leur choix. Ils légitiment malheureusement le fait que je crois l’électeur trop proche de l’image au lieu d’être proche du fond. Ceci dit ils ont de bonnes raisons de se plaindre pour certains, eut égard aux différentes réformes envisagées ces derniers temps. Une politique sécuritaire, si c’est pour cela que les votes se sont alignés… alors ce fut un vote inepte car après tout un programme ce n’est pas que l’aspect sécuritaire il me semble. Enfin bon, ne refaisons pas le passé.

Contrairement à bien des dépités de 2007 j’estime que la France a fait le choix qui lui convenait, c'est-à-dire une leçon de choses sur ce que peut être le libéralisme à l’Américaine. Concrètement bien des énervés de la plume oublient que la ligne de conduite du président ne semble pas spécialement osciller de sa direction première. D’ailleurs, le fait est qu’il s’est affiché avec le président Bush. Le fait est que nous devons nous attendre à un certain nombre de mouvements d’opinions dans les prochaines années, si ce n’est les prochains mois. En regardant les chantiers qui nous pendent au nez certains seront à n’en pas douter des terrains propices à la colère nationale. Comme je le disais… toucher à un avantage c’est déjà se préparer à une guerre avec le peuple. Donc, commençons par la sécurité sociale : la première étape préparant à sa disparition progressive est déjà en route car la suppression des remboursements est un premier pas, tout comme la franchise médicale qui n’a pour but que d’inciter les ménages à s’orienter vers le paiement de mutuelles. Je m’explique. Imaginons que peu à peu un grand nombre de prestations ne soient plus remboursées et que les cotisations deviennent non obligatoires. Vers quoi se tourneront (et se tournent déjà) les salariés ? Vers la mutuelle, le financement de fonds privés ayant pour but de se substituer aux lacunes de la sécurité sociale. En continuant dans cette voie, celles-ci augmenteront leurs tarifs au fur et à mesure que ceux de la caisse primaire diminueront jusqu’à totalement disparaître. Dans ce modèle une tranche de la population sera lésée à un point tel qu’on aura le droit aux disparités déjà visibles aux USA notamment. A force de croire au confort nous avons naufragés notre propre barque. Paradoxalement bien des gens refusent de voir l’échéance et s’estiment satisfaits du fonctionnement actuel de la CPAM, tout en regardant avec un aplomb imbécile ailleurs que dans la fosse des Mariannes de notre dette abyssale.

Pour beaucoup l’économie est une chose obscure, complexe et surtout inintéressante. Petite leçon (caricaturée) d’économie : réduisons le pays à une famille et jouons au jeu de « qui va bouffer la maison ». Papa et maman gagnent un salaire et aliment la caisse familiale. Les enfants ont des besoins incompressibles qu’on déduit donc de ce qui reste. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la table on trouve des choses indispensables : le toit sur la tête, la voiture pour se déplacer, le petit voyage pour se détendre pendant les vacances… et puis d’un seul coup la caisse pousse le cri du « On dépense plus qu’on ne fait entrer ! ». C’est le drame : quoi enlever ? Les enfants réclameront le maintien de la prestation argent de poche, les parents refuseront de se séparer de la voiture qui est un droit inaliénable de l’adulte, le chien fera la moue en voyant ses croquettes passer du haut au bas de gamme… Comique ? Non. L’état encaisse nos différents impôts directs et indirects, gèrent cet argent de manière à salarier une administration dont nous sommes demandeurs. On ne voit pas de raison de faire fermer une école en zone rurale, on ne saurait accepter la fermeture du bureau de poste et bien entendu nous sommes exigeant concernant la qualité de nos routes. D’un certain point de vue ce qui nous semble acquis est donc toujours susceptible d’être remis en cause puisque c’est de l’argent qui sort. Nous nous endettons avec délice, jouons les autruches et à chaque esquisse de règlement… on manifeste.

Nous sommes donc fascinants : mous pour changer, fermes pour garder ce qui est parfois inacceptable. C’est le jeu même du politicien de trouver le discours capable de nous satisfaire tout en nous ôtant la sucette de la bouche. J’aime beaucoup cette phrase : « Je suis un politique, je négocie, je tergiverse. Je dois être capable de caresser un bébé dans son landau d’une main et lui faucher le biberon de l’autre. ». A méditer.

Au fait: 240 messages! Ca se fête? A vous de me le dire.

29 janvier 2008

Buzz ou propagande ?

L’outil internet a aujourd’hui une telle influence que savoir en utiliser les arcanes et les recoins sombres peut permettre de faire jouer un marketing de masse ou bien de créer des rumeurs suffisamment dangereuses pour qu’elles mènent jusqu’à de véritables crises de paranoïa collective. La particularité même du réseau est de permettre à la terre entière d’accéder aux informations partagées, et ainsi offrir un regard neuf à toute personne susceptible de se pencher dessus. Si visibilité il y a, le détournement de la vérité est tout autant possible voire même généralisé de sorte à embourber l’information dans le mensonge, quant bien même celui-ci serait ridicule.

Le principe du « buzz » (bourdonnement en anglais) est de promouvoir un produit ou une opinion via le réseau en se servant de la bonne volonté des internautes. Techniquement on peut assimiler le concept à celui du bouche à oreille : le produit ou la campagne qui lui est associée vous plait, parlez-en à votre entourage ! Jusque là, rien de bien dramatique puisque le publicitaire ne se cache pas du tout de sa volonté de communiquer. Il est par ailleurs fort aisé de générer ces buzz pour peu qu’une communauté curieuse et assidue y soit mêlée. Un exemple connu de société manipulant fort bien l’outil pourrait être Apple où l’art de distiller de rares informations à ses fans permet une transmission extrêmement rapide de la publicité, et le tout à moindre frais. Nul besoin de financer une campagne d’affichage quand une simple photographie ou quelques mots sur un site à forte réputation suffit. Imaginez donc : La structure lâche quelques clichés de son dernier baladeur numérique, dans la journée des milliers de sites en feront la promotion avec la dite photo à l’appui de leurs dires. Bien entendu bien des médias s’octroieront le droit de modifier la réalité à leur avantage, tout en s’annonçant source première de la pseudo fuite d’informations. Le buzz est là, marketing de masse où le client fait lui-même le support médiatique du produit présenté.
Dans le même ordre d’idée la politique ou bien les grands sujets de société peuvent subir l’assaut du buzz bien orchestré. En toute lucidité croyez-vous sincèrement que toute la présence médiatique de nos élus dans diverses situations (banlieues, pays en guerre, humanitaire…) soit étranger aux discussions qui se sont suivies ensuite ? Lorsqu’on veut se promouvoir, rien de tel que de déclencher des débats et surtout sur des supports voués à changer à la vitesse de l’internet. Aussitôt dit, aussitôt disparu pourrait être la devise d’ailleurs, surtout vu la pérennité des sites phares finissant un jour par être remplacés par des pages vides… ou par rien du tout.

Là où le buzz s’arrête commence le marketing viral, c'est-à-dire là où nous ne sommes plus moteurs mais victimes de ces préceptes commerciaux. Pour peu que le buzz ne soit pas maîtrisé par son origine, rien n’empêche le tout de dévier et se perdre brutalement, au point même que le sujet principal s’en voit occulté. Il n’est en effet pas rare de constater que certaines sociétés s’enlisent en ayant « trop dit » ou « pas assez », ceci offrant alors le terreau idéal à des déformations ou analyses incongrues. Plus d’une marque se sont retirées du web à cause de ce genre de bévues. L’internaute est une denrée mouvante, en perpétuelle mutation qui ne s’accommode que très mal de demi vérités. Il est bien plus friand de mensonges, de détournements et de propagande...
Le phénomène est étonnant : on favorise la désinformation et l’analyse partisane au détriment des faits, car forcément le fait est trop fade pour mériter la moindre considération. Entre propagande, négationnisme ou pire encore manipulation de l’opinion publique, le buzz se transforme alors en cyclone traînant avec lui des théories telles que des complots mondiaux, des légendes sur des supposées sectes de puissants, ou tout à l’opposé des thèses racistes ou des harangues religieuses de la pire espèce. Prenez le 11 Septembre, observez tout ce qui a pu se dire ou se montrer : depuis les vidéos trafiquées et décortiquées au point d’en devenir pathétique, jusqu’aux livres accusant ouvertement les gouvernements de « mensonges », il est ahurissant de constater que non content d’être présent sur la toile les analyses ridicules ont proliférées plus vite que celles lucides et autrement mieux bâties.

Par essence l’Homme est influençable et qui plus est particulièrement naïf. Gobant tout et n’importe quoi, son cœur et sa curiosité se voient sollicités par ce qu’on appelle le « hoax », c'est-à-dire un mensonge ou bien des déformations de la vérité pour véhiculer des messages. Le rigolo « gagnez du champagne en envoyant ce message à dix personnes », bien que stupide est autrement moins dangereux que les rumeurs fondées sur « Attention aux seringues dans les fauteuils de cinéma » ou encore « Effacez ce fichier de votre PC il s’en portera que mieux ». Et que dire des élans de générosité avec des appels aux dons de sang pour des personnes malheureusement décédées ? Le simple fait de transférer ces chaînes est en soi une prise de risque énorme car non content de désinformer (dans le meilleur des cas), elles peuvent aussi pousser à la paranoïa collective. Prenons un exemple concret : un message soi-disant émis par un organisme de santé annonce qu’une marque de produits pour bébés est contaminée par une bactérie quelconque. Résultat ? Des parents affolés aux urgences, des milliers de pots à la poubelle… pour rien. Techniquement il n’y a que peu de différences avec les apparitions de Ben Laden, épouvantail de l’occident qui terrifie parce qu’il existe plus que parce qu’il agit. Pour preuve, la terre entière le connaît, c’est dire !

Maintenant, suggérons nous une idée toute simple : un état totalitaire mais refusant de dire son nom cherche à véhiculer son idéologie. Quoi de plus efficace que le web ? On manipule la vidéo pour la rendre partiale, on ajoute un texte bien tourné et surtout intelligible de tous et voilà une bonne partie de l’opinion qui devient favorable. Dans l’excès inverse une chaîne toute récente s’est bien amusée à tenter « salir » l’image du président Sarkozy en dénonçant des malversations sur ses impôts. Là où cela rend le tout dangereux c’est que, finalement, si un jour une information similaire venait à sortir, qui l’écouterait ? A force de crier au loup plus personne n’y croit. Ces comportements sont des cas d’école en marketing : fais toi connaître en te servant des autres et surtout fais en sorte de ne pas être solidaire des interprétations. Le silence vaut à lui seul un « oui », le refus de communiquer peut alors devenir une communication en soi.

Raisonnablement on peut s’attendre à l’intensification du phénomène dans les dix prochaines années. Entre convergence numérique et médiatisation à outrance, la propagande et donc le buzz seront à n’en pas douter la prochaine voie de propagande intensive. Pour ceux qui ne sont pas spécifiquement branchés technologies de l’information, la convergence numérique a pour but de réduire le nombre de produits pour en faire un versatile et efficace. Par exemple un téléphone portable capable de surfer sur internet, de lire de la musique ou des vidéos est un produit de convergence numérique. Demain la télévision, la radio et le réseau seront eux aussi joints les uns aux autres par le lien de la navigation internet. Clairement, une fois ces fusions opérées, il sera alors possible de transporter la propagande sur tous les supports, sur tous les appareils de la vie quotidienne et ce à un coût modique en comparaison des affiches de rue ou des publicités télévisées.

Prudence et réflexion seront donc indispensables pour aborder l’avenir des réseaux de l’information. A bon entendeur… soyez ouverts, écoutez, comprenez… et revenez aux médias ancestraux tels que le livre ou le journal !

28 janvier 2008

1905

Ca pourrait faire un excellent titre de film d’époque, vous savez, le genre cliché où les hommes portent le haut-de-forme et les femmes des robes au style plus que désuet. Et non ! Il s’agit là d’une évocation de la loi éponyme qui a rendue bien des services à la laïcité. En l’espèce son but est de séparer clairement l’église et l’état et ce tant d’un point de vue financier que moral.

Un petit rappel des « faits » :

PRINCIPES
ARTICLE PREMIER

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

ARTICLE 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

***

Je vous passe bien évidemment les autres articles qui dictent les détails de sa mise en place ainsi que les droits et devoirs de chacun vis-à-vis du culte, quel qu’il soit. Par conséquent, il est clair que l’état Français ne peut plus financer quelque culte que ce soit. A mon sens il est vital de rappeler ces dispositions afin de les comparer avec ce que vient de demander Dalil Brubakeur, président du Conseil du culte musulman : il souhaite obtenir un moratoire sur cette loi de manière à ce que l’état puisse financer des mosquées.

Loin de tout propos raciste ou dénigrant la religion musulmane, il est vital de se souvenir que si l’état verse encore de l’argent pour l’église ce n’est plus aux diocèses mais à des fonds spéciaux pour l’entretien et la préservation des bâtiments de ceux-ci. Patrimoine historique Français, les cathédrales et autres monastères sont donc protégés et même rénovés aux frais du contribuable. Qui s’en offusquerait ? Faut-il donc rendre privée la gestion de la cathédrale de Chartres avec le risque latent de la voir se dégrader ? Personne n’ira à l’encontre d’un tel raisonnement, aussi laïc que puisse être l’interlocuteur. En revanche rares sont ceux qui accepteraient de voir leurs impôts financer le salaire des curés ou de n’importe quel membre du clergé… moi le premier je dois dire. Donc soyons déjà d’accord sur un principe qui sera sûrement exploité pour de la contre propagande : l’état est séparé de l’église et le restera quoi qu’il arrive.

Ce que je n’accepte pas c’est qu’on puisse remettre en doute cette règle définissant les rôles de chacun : l’état n’est pas qu’une autorité « morale », c’est avant toute chose le législateur qui a pour fonction première de gérer et régenter la façon dont fonctionne le pays. Sa sécurité, son intégrité politique et sociale dépendent de ses services, en revanche le culte appartient au cercle privé. En quoi l’état aurait pour devoir de financer quelque lieu de culte que ce soit ? Pourquoi serait-ce à la Nation de signer les chèques pour bâtir une mosquée ou toute autre bâtisse d’ailleurs ? Si ces lois ont été difficiles à entreprendre c’est qu’en 1905 l’ingérence de l’église devenait intolérable aux politiques et que chaque curé devenait à lui seul une autorité capable de différer voire d’infirmer des décisions nationales dans les zones rurales. Qui étaient les notables ? Le maire, le médecin… et le dit curé. De fait, cette loi a permis de se débarrasser d’un contrepouvoir inacceptable dans un état de droit.

Certains voient sûrement dans ces propos un dénigrement de l’église catholique alors qu’il s’agit au contraire d’une indispensable séparation des pouvoirs. Le terrestre et le Ciel ne font pas bon ménage et l’Histoire n’est pas avare en exemples pour nous rappeler à quel point l’amalgame politique religieux peut être dangereux pour tous. En étant caricatural (et encore…) c’est à chacun de financer sa foi et donc de donner pour son fonctionnement. A titre de comparaison osée, personne ne serait favorable à ce que l’état aille donner de l’argent à ce qu’on nomme des sectes… et pourtant, les membres de ces organisations religieuses n’auraient-ils pas le droit de réclamer un dû équitable vis-à-vis d’une telle libéralisation ? Et que dire des religions inconnues en France avant la fin de la décolonisation ? J’ignorais que le Bouddhisme faisait partie des religions implantées en France depuis plus de 100 ans … et encore un siècle je suis fort généreux.

Revenons un peu sur les propos de M. Brubakeur : il espère voir l’état s’engager dans une politique de financement des mosquées afin que, implicitement, l’état reconnaisse la religion musulmane comme une religion implantée en France. Techniquement c’est déjà le cas de part les colonies d’une part, et l’immigration d’autre part. Deuxième religion de France, il est tout à fait compréhensible que l’on donne un statut et une reconnaissance nationale… mais pas aux frais du contribuable. Le CFCM a été créé dans le but de communiquer avec le gouvernement et d’y placer des autorités morales musulmanes capables de véhiculer les souhaits et idées de cette part de la population Française.

Je n’irai pas analyser le pourquoi d’une telle demande en dehors de mes remarques ci-dessus, il s’avère que le conseil doit être renouvelé sous peu. De là à en tirer des conclusions scabreuses il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. L’essentiel est de ne pas oublier qu’historiquement la France est Catholique, qu’elle a son héritage et sa culture basés dessus et qu’au surplus ce n’est pas à la France de fléchir face aux arrivants mais aux arrivants de s’assimiler à la population. J’ai déjà hurlé au scandale lors des affaires de foulards à l’école et je continuerai à marteler que la laïcité est un principe fondamental pour l’équité entre les personnes. Toute Foi doit être respectée, mais la Foi n’a pas à dicter ses conditions à l’état. Nous ne sommes pas dans une république islamique ou catholique ou quoi que ce soit d’autre, nous sommes dans une démocratie où nous avons réussi à séparer le divin du concret. Restons ainsi et n’acceptons aucune entorse.

La liberté d’opinion ce n’est pas les imposer à autrui, c’est d’écouter autrui pour apprendre de lui.

25 janvier 2008

Se faire bouffer à la sauce banquier.

C’est la nouvelle recette en vogue aujourd’hui aux tables aussi diverses que celle de l’investisseur affairé que du prolétaire besogneux soucieux de ses placements. Tiens, d’ailleurs, ça existe encore le prolo, ce n’est pas le tryptique classique, l’œuvre en trois panneaux ? Un premier décrivant le peuple prisonnier d’une classe supérieure omnipotente, une phase centrale révoltée en vain puisque rapidement écrasée par une oligarchie se servant des idéaux dévoyés et finalement une mort honteuse dans le flot constant d’un retour à l’état de larbin du capital, le début et la fin se refermant alors sur les rêves tout en soulignant l’ignominieuse vacuité de l’Homme. Aujourd’hui donc, depuis que les coupes jarrets se baptisant traders tremblent du fait que les bourses se vident comme lors d’un naufrage la bourse devient le lieu central de tous les fantasmes et le point de mire de millions de regards affolés par des courbes incompréhensibles.

Il n’y a donc pas de précédent historique à l’émergence du système boursier, en tout cas pas à ma connaissance qui soit suffisamment bien installé dans le monde au point de pouvoir y dicter des guerres et y faire naître des désastres sociaux. C’est phénoménal quelque part, nous avons créé un processus pour acheter et vendre les entreprises, donc le travail, et ce selon une estimation fumeuse du prix des dites sociétés en fonction du sens du vent ou de la température anale des grands de ce monde. Reagan avait un rhume ? Hop on s’inquiète et l’indice Dow Jones joue les martyrs. Le président annonce ensuite une « bonne période » ? Les index passent miraculeusement au vert et font que les chutes libres deviennent des escalades vertigineuses. Ainsi, dans la débandade la plus totale on négocie le monde « civilisé » selon l’intuition des uns et la méfiance imbécile des autres. A ce jeu de dupes on peut même faire jouer la méchanceté et l’avarice en se servant d’informations obtenues de manière illégitimes pour faire un gros coup. Et un délit d’initié à la table quatre un ! Et avec ça ? Ce sera une purée de petit porteurs en amuse gueules.

Si certains se disent moraux et même moralisateurs c’est qu’ils ne font pas de commerce. Le commerce a pour pouvoir de jouer d’une abstraction la plus totale de toute réalité humaine. Prenez le marché des pierres précieuses : qu’un caillou soit issu d’une guerre ethnique ou comme financement un massacre cela n’intéresse ni l’acheteur, ni le tailleur, ni même celui ou celle qui l’affichera en sautoir ou en chevalière. La bourse vit la même situation : le pétrole dégorge des tuyaux avec un héritage souillé, les entreprises sabordent à loisir des régions et y laissent un terrain massacré où alcool et délinquance font hélas bon ménage. Pour autant, l’actionnaire est-il responsable ? Et bien non ! Amoral comme il se doit, l’essentiel est d’avoir l’œil et le bon sur la bonne courbe et de vendre au bon moment ou de s’offrir la bonne affaire du moment… pour la refiler à un autre quand cela sera opportun. Le marché est donc opportuniste mais sûrement pas immoral en soi.

Là où tout ceci serait qu’un jeu de monopoly il s’avère qu’il est aussi le repaire de requins, de fossoyeurs et charognards où les premiers dévorent les petits pour grossir, les seconds enterrent les structures moribondes et les derniers se nourrir des dernières bouchées de ceux ayant pétri sur l’autel du capital. Raisonnablement tous ne sont pas ainsi, mais faire du sentiment dans les affaires c’est traverser un champ de mines en sifflotant l’air du pont de la rivière Kwaï. Les erreurs sont fatales et l’argent qui pourtant sait s’appeler lui-même (serait-il donc mouvement perpétuel ?) sait aussi s’évaporer à une vitesse stupéfiante ! 1929 a créé un spectacle de désolation aux USA, a permis aux pires excès de proliférer en Europe, et aujourd’hui on voudrait faire croire qu’il est impossible de torpiller des décennies de paix relative ? L’amoralité du marché n’atteint pas l’immoralité de ceux qui s’en servent. Tour à tour prétexte et raison d’être des guerres, la bourse fait naître des dictatures autant qu’elle déboulonne des politiques. L’URSS ne s’est pas effondrée sans un bon petit coup de main des marchés internationaux, notamment par le jeu du boycott des produits gaziers et pétroliers… Quand le marché fait de la politique il en devient donc despote impitoyable puisque raisonnablement inquiet non des effets mais surtout des conséquences directes sur sa propre existence.

Depuis que l’on « découvre » (je me marre) la crise des crédits, qu’on creuse partout pour trouver où est la fuite des capitaux, toutes les banques et tous les investisseurs cherchent la brèche malheureuse pour la colmater. Seule matière capable de disparaître sans laisser la moindre trace et ainsi de faire mentir Lavoisier (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »), le capital fuit par tous les pores au point de faire trembler la maison Blanche, avec le spectre de la récession. Tas d’ahuris qui lisent cela en supposant que c’est un problème… Comme si tout pouvait monter sans jamais redescendre. Techniquement même les satellites finissent par revenir à leur envoyeur, tôt ou tard bien sûr. L’économie ce n’est pas une ligne droite mais avant tout des va et viens incessants entre besoins et production, entre désirs et réalités ; Si nous sommes si tributaires de la bourse c’est que tous nous avons joués les apprentis sorciers en pariant sur la progression d’une société, ceci sans la moindre équivoque sur nos buts : posséder plus.

Si je pense que nous sommes tous des plats et des os à ronger ce n’est finalement pas tant par l’Homme lui-même que par les institutions qu’il a lui-même mis en place : le grand patron père fondateur d’une grosse société peut être expulsé de son fauteuil, tout comme le trader trop fier de ses quotas qui finalement perd tout sur des valeurs improbables. On accuse (et il semble le revendiquer) un guignol d’avoir perdu autour de cinq milliards à la société générale… Lamentable ? Non ! Pamphlétaire, expiatoire, que dis-je indispensable ! Prenez-en de la graine messieurs et mesdames les négociants d’existences : à force de vous croire invulnérables vous en devenez statues géantes aux pieds d’argile, et le petit caillou dans la godasse devient le rocher dans votre belle mécanique.

Quoi faire ? Tout simplement faire en sorte que le marché ne soit pas le cœur de notre vie mais simplement le reflet d’une économie raisonnée où l’achat et la vente se construisent sur des bases saines. Pas de hold-up sur les sociétés qui tentent de vivre, pas plus que de spéculation hasardeuse sur des géants incapables de se mouvoir sans tout briser sur leur passage. La prudence veut juste que l’on sache être raisonnable et ne pas demander des quotas intenables et des performances imbéciles. 15% d’augmentation de bénéfice par an… et pourquoi pas des concessions sur Mars dans 3 semaines tant qu’ils y sont ?! Soupir… Encore une belle brochette de requins aux commandes et de charognards prêts à tout pour se nourrir à la même écuelle.

24 janvier 2008

La Mort rigolarde.

Celle-là, franchement, je crois qu’elle détient le plus grand talent humoristique qui soit tant elle fait preuve d’une insolente fraîcheur dans ses méthodes. Jamais avare de nouveaux procédés, Dame Mort réussit à innover au moins aussi vite que nous autres nous évoluons ou même régressons. Qu’importe pour Elle notre niveau culturel ou social, en bout de chaîne Elle pointe notre bilan d’existence pour y agrafer, le sourire en coins, une note plutôt salée puisque éternelle et non modifiable. Pas commerciale pour deux sous, la Mort nous fait donc payer le passage et ne fait jamais d’acompte ou de ristourne sur le fait de trimballer nos âmes sur le Styx.

Pourquoi est-elle comique ? Mais regardez-nous ! C’est pourtant flagrant : chaque jour l’on trouve le moyen de nous faire passer l’arme à gauche avec un éventail de possibilité qu’aucun autre service public est capable d’offrir. Depuis le conflit localisé, l’accident stupide et même improbable jusqu’à l’anéantissement par le feu nucléaire le panel est impossible à détailler dans son ensemble. Toutefois, il est possible de donner quelques tendances où l’humour noir de la Mort fait son office avec plus ou moins de réussite : la Mort solennelle, la Mort imbécile et la Mort inévitable. Pour celle solennelle nul ne peut mettre en doute que malgré un aspect sérieux et souvent triste celle-ci peut révéler un côté plaisantin et taquin de notre chère faucheuse. Oui ! Voyons, vous ne voyez pas ? Le général qui a envoyé ses hommes au casse-pipe finit toujours par les rejoindre sous la bière et nul doute n’est permis concernant la revanche ironique de la dame assassine au moment de la fermeture du caveau. Elle doit bien rire cyniquement en lui ouvrant ses bras décharnés en accompagnant le passage à l’au-delà d’un « Tiens, tes potes t’attendent à la porte ! » excluant toute possibilité d’esquive. Que dire aussi de la fin « tragique » du vieillard qui s’est accroché à son chapelet jusqu’au bout de sa prostate décomposée. Lui aussi offre un portrait mêlant pathétique et sublime du ridicule de croire que la Vie peut se prolonger indéfiniment. Papi entêté finit toujours par donner aux asticots la tétée.
Bien sûr, c’est difficile d’admettre la perte d’un proche, surtout si celui-ci n’avait rien à se reprocher ou si son âge ne justifiait pas la moindre possibilité de corruption, mais malgré tout ce genre de considération bassement humaine disparaît au profit de la considération générale qui annonce clairement que tout naissant doit tôt ou tard négocier son évacuation avec le bureau de la Mort… navrant pour certains, inacceptable pour d’autres, et indispensable à mes yeux. Quitte à croire en une justice universelle j’aime autant que ce soit la Mort qui s’en charge…

Pour le second exemple nul besoin d’en ajouter : la fin tragique remplacée par le destin comique offre à lui seul un potentiel inégalable de quolibets et de rires gras. Que nous sommes forts et malins pour nous pendre avec une rallonge électrique, nous noyer dans dix centimètres d’eau, nous rompre le cou en faisant l’andouille sur un vélo, ou bien nous broyer intégralement en voulant jouer les oiseaux… sans parachute. Là, à la limite il y a fraude tant la Mort se sent presque inutile dans l’ajout du comique, l’Homme suppléant alors à l’imagination du destin par la sienne bien plus stupide. J’ai à l’esprit quelques gags dignes d’une classification déjà évoquée ici et nommée les Darwin Awards. Sieur Darwin (caricaturons) a suggéré que l’évolution écrémait la Vie en faisant mourir les inadaptés et les faibles. Vu que notre société a fait des progrès, c’est la bêtise humaine qui fait se travail et à merveille d’ailleurs. La Mort a du piquer un fou rire en gérant les trois crétins noyés en tentant de sauver… un poulet, en ouvrant sa porte à l’américain crétin (qui a dit pléonasme !) ayant eu l’ingéniosité de se servir d’une balle de magnum comme fusible, et fin du fin la mégère faisant ses carreaux sur un escabeau branlant alors que la fenêtre est grande ouverte sur huit étages à pic. Méchanceté gratuite mise à part, il est bien clair que l’humour décalé de la Mort est efficace, non ?

Après, disons enfin la Mort inévitable est commune à chacun de nous. Comme une bonne mécanique qui, même superbement entretenue, finit par rendre l’âme (que c’est beau !) nous soufflons notre dernière bougie avec l’amertume égoïste de ne pas avoir tout fait, la joie d’en avoir parfois trop fait, et surtout la fierté déplacée d’avoir évité quelques bévues. En quoi sommes-nous si bons puisque, malgré nos milliers d’années d’Histoire, nous trouvons encore le moyen de nous concevoir des méthodes de Mort de plus en plus sophistiquées et efficaces ? La Mort se frottait les mains en Egypte, se faisait une bonne bouffe à Rome, se délectait de notre incurie pendant les grandes pestes et aujourd’hui encore pique-nique un peu partout dans le monde. Certes le menu n’est pas si varié que cela mais il y reste ce piquant de l’innovation, la sauce tabasco versée à grosses gouttes sur notre idiotie perpétuelle. Mort, marre-toi, tôt ou tard je viendrai moi aussi payer l’addition et je sens qu’on va tous les deux se marrer l’un de l’autre. Pourquoi je ris d’avance ? Parce que, où que je finisse, toi tu seras condamnée à continuer ton boulot nécrophile, sans repos, sans paix, sans vacances alors que moi je n’aurai qu’une seule et unique facture qui restera probablement impayée à jamais.

Tiens, il y a comme une odeur de faisandé dans la pièce… à c’est toi la Faucheuse ? Et oui je causais de toi !

- Tu n’as pas honte de te moquer là ? lança-t-elle en grommelant.
- Honte ? Honte de te dire merde avec les formes ? Franchement toi qui sais que je viendrai te voir… tu n’as donc aucune patience ?
- Le gratte papier tu serais avisé de la boucler vu que c’est Moi, Mort, qui tire tes ficelles de pantin débile.
- Débile, débile, tout de suite les grands mots ! Toi aussi tu es un pantin car si nous avions un doigt de jugeote tu serais au chômage de temps en temps.
- Penses-tu ! Vous êtes tous trop cons pour accepter vos différences et moi seul, de ma faux, vous remets à la même hauteur.
- L’Homme comme gazon maudit… belle allégorie Mort, mais j’objecte que tu ne peux pas décider pour nous !
- Ah parce que c’est toi qui décidera quand et où tu auras ton attaque ?
- Et le suicide ?
- Un pis-aller pour raccourcir et me faciliter la tâche.
- Et l’apocalypse ?
- Prétentieux comme commentaire. D’apocalypse vous ne méritez pas le terme car seul Dieu, ou un Dieu peut y prétendre. Vous, vous allez vous faire sauter la tronche en famille, ça sera plus de l’ordre du baroque que du solennel.
- La fin des Temps ?
- Tu ne la verras pas, pas plus que tes contemporains andouille. Bon, on y va ?
- Hé ho ! Je n’ai pas encore pris de ticket ! J’ai le temps !
- Et moi j’ai tout le mien, et à jamais. Au fait, ton ticket, comme celui de chacun de vous est déjà imprimé et archivé… à bientôt abruti de philosophe !
- Je ne suis pas philosophe.
- Non certes, mais tu l’ouvres trop pour être juste une grande gueule.
- …
- Quoi ? Pas content l’humain ?
- Merde…
- Comme tu dis ! Merde pour l’avenir !

Ce sur quoi elle partit en riant et en sifflotant gaiement la marche funèbre de Chopin.

Connasse !

22 janvier 2008

Honneur des armes, déshonneur des hommes

Si j’aborde un tel sujet c’est que récemment j’ai découvert un chanteur au verbe puissant nommé Jean Pax Méfret. Je remercie donc le sieur Thoraval pour ce cadeau qui m’est inestimable et que je range avec plaisir au panthéon des chants tant réactionnaires que lucides. Pour résumer, un des titres aborde la bataille de Diên Biên Phù et en décrit avec douleur et fierté mêlée le sort des soldats français tombés durant la bataille. Loin de toute nostalgie colonialiste le titre évoque le comportement oublieux d’une nation qui s’est empressée d’enterrer ses propres soldats pour que le futur n’ait pas à gérer les ruines du passé. Pourquoi est-ce à celui qui tient le fusil pour défendre sa patrie de subir l’humiliation de la défaite ? Est-il responsable d’une politique de l’échec et de décisions qui le dépassent ?

J’aime à croire que l’Homme est capable de choix et ce même si certains s’avèrent être désastreux. En cela j’estime donc qu’on est tenu de respecter le sacrifice d’autrui surtout quand il a été fait dans un esprit totalement dépourvu d’équivoque. Fut un temps le respect de l’uniforme ainsi que de celui du combattant était dans les mœurs, à tel point que les célébrations avaient un sens. On déposait des gerbes de fleurs sur les tombes, les places du souvenir avaient un véritable rôle autre que de trôner en guise de rond-point. Pourquoi se permet-on alors d’humilier à nouveau ceux tombés au combat en leur refusant le simple salut aux morts ? En quoi celui ou celle ayant péri pour une cause aujourd’hui décrétée mauvaise est-il devenu une mauvaise personne ?

L’héritage dont nous sommes les détenteurs contient tant le progrès social et technologique que le souvenir des guerres et du sang versé. L’unité du territoire Français ne s’est pas fait sans heurt, la notion d’unité morale et religieuse n’est pas apparue au moment de tractations mais plus à l’embouchure d’un canon ou à la pointe d’une lance. Raisonnablement on ne met plus en doute les intentions des conquérants antiques alors que nous sommes toujours capables de mettre en exergue la cruauté de nos proches ancêtres. Le légionnaire romain a-t-il été meilleur ou pire que son homologue légionnaire moderne ? Cette notion concrète de la brutalité n’a pas de sens étant donné qu’à mes yeux la guerre par essence est une chose brutale et cruelle. Ce qui est essentiel est de ne pas oublier le pourquoi de la lutte et non juste la victoire ou la défaite. Regardons un peu notre comportement : glorification de la « victoire » de 1945, commémoration de l’armistice de 1918 mais rien ou presque pour les anciens de l’Indochine ou de l’Algérie. Pourquoi avoir honte pour eux ? Ce n’est pas au fantassin de choisir les combats mais aux politiques de ne pas choisir une action sans justification. De la même manière je respecte le GI Américain non dans sa participation à des conflits honteux mais dans son engagement déterminé à défendre sa patrie. Cela semble passéiste à certains, pour ma part c’est une nécessité identitaire. Nous sommes les garants d’une liberté chèrement acquise et m’est avis que tout soldat ayant participé à une guerre mérite un éloge.

Je vois déjà les têtes dodeliner avec mépris, surtout pour ceux et celles qui songent aux crimes nazis, aux débordements des paras à Alger, à l’inqualifiable attitude des soldats Israéliens avec les civils en Palestine… sont-ils responsables des décisions politiques ? On va me dire qu’ils sont volontaires, qu’ils choisissent de tenir un fusil et d’agir ainsi mais à ceux-là je les mets au défi de faire acte de désobéissance en temps de guerre, histoire de voir leur courage mis à l’épreuve. Nous n’avons pas vécu de tels évènements, nous ne sommes pas des juges fiables pour pouvoir oser commenter et critiquer leurs actions, et à cela j’ajoute ceci : commencez par savoir si vous, honnêtement, vous auriez fait mieux !

Seuls les vainqueurs écrivent l’Histoire, et César complète cette maxime par « Malheur aux vaincus ». De nombreuses batailles ont été perdues pour diverses raisons, des défaites s’enchaîneront encore et encore dans les livres d’histoire mais il est de notre devoir de ne pas dénigrer ceux qui sont morts ou qui en sont revenus. Nous avons oubliés les Harkis, les anciens des colonies, les USA ont vomis une haine antimilitariste sur les anciens du Vietnam, certains sont même allés cracher sur ceux qui revenaient du front. Le pacifisme est une idée noble, un idéal auquel j’aspire tout comme nous aspirons tous à la paix, toutefois ce serait alors oublier que la violence mondiale est faite par nous et surtout à cause de notre incapacité à nous entendre. Pourquoi ceux qui sont alors le prolongement de nos idéologies devraient être tenus pour responsables ? La conscription tout comme le volontariat forgent des armées qui méritent au moins notre caution morale étant donné qu’en démocratie nous choisissons ceux et celles qui les envoient au combat. Et oui, NOUS, nous tous nous décidons donc par les urnes de les mettre face aux canons, de les faire se traîner dans la boue ou de sauter en parachute sur une zone ennemie. Nous tous avons donc une responsabilité et à nous tous de l’assumer.

Je crois que ce qui me rend le plus amer c’est qu’à contrario nous faisons preuve d’une capacité invraisemblable à mettre sur un piédestal des monstres despotiques et même à refuser d’en reconnaître les erreurs. L’Allemagne avec son héritage terrifiant a réussi la transition qui comprend non seulement un non reniement du passé mais aussi et avant tout une solidarité avec les anciens combattants. Quand on juge les criminels on ne peut juger tous les rouages d’une nation, alors avant que la Nation soit corrompue et par voie de conséquence l’armée soyons de ceux qui en défendent les idéaux indispensables à la vie en bonne entente avec nos voisins. Nous avons réussi à pacifier l’Europe au prix de deux conflits mondiaux, faisons en sorte que ceux-ci soient toujours des symboles de notre folie passée… et de notre bon sens pour l’avenir.

Site de l'amicale des anciens de Dien
Diên Biên Phù sur Wikipedia

21 janvier 2008

Omnipotence de la machine.

Si je pose une telle affirmation c’est que d’une part je suis tributaire de la machine pour communiquer avec vous mes idées et mes lubies, mais surtout et avant tout parce que je travaille pour et avec la machine. Et oui, je développe des applications… Vous savez, ces programmes dont tout le monde a soi-disant besoin et qui s’avèrent hélas totalement inutiles en pratique puisque totalement inefficaces.
Donc, dire que la machine est devenue omnipotente est un fait que je constate chaque jour : plus une opération, plus aucun acte du quotidien n’est indépendant de la fameuse informatique, et ce tant et si bien qu’en cas de dysfonctionnement de celle-ci on se retrouve totalement prisonnier d’elle. Paradoxe total car dans l’absolu, si nous avons mis en place l’informatique c’est justement pour nous soulager et nous assurer une facilité de tous les instants.

Dans un premier temps analysons un peu jusqu’où va cette dépendance. Prenez votre vie et situez un certain nombre d’actes qui paraissent ordinaires : manger, dormir et malheureusement travailler. Pour ce qui est de manger on va me répondre que sans contestation possible il n’est pas nécessaire de disposer d’un ordinateur pour se restaurer, mais d’où viennent nos denrées si ce n’est du commerce, et le dit commerce n’est-il pas informatisé au point de ne pas pouvoir payer si la caisse enregistreuse est en panne ? Concrètement, manger dépend donc de la disponibilité des denrées qui transitent à travers le monde et qui sont gérées par des logiciels divers et variés, au point même qu’un ananas se voit affublé d’un code à barres. Tiens en voilà une d’invention invasive ! Ce petit imprimé à lignes noires précise non pas une référence mais un grand nombre d’informations comme le code du producteur, la nationalité de celui-ci ainsi que des informations sur la provenance de la marchandise. Dans certains cas (pour les codes à barres employés dans le fret) on peut même identifier le destinataire du conteneur ! Stupéfiant, pratique… mais qui rend prisonnier le dit contenant si l’informatique refuserait de valider ces numéros de série. Evidemment on peut encore envisager le potager et le pommier du jardin comme ressource mais ici bas je doute que nous soyons bien nombreux à vivre en autarcie totale à l’aide de ces reliquats agricoles.
Travailler ? Là évidemment tous nous sommes dans l’informatique jusqu’au cou : fiche de paie renseignée par la comptabilité, horaires gérés par la pointeuse, fiches clients / patients informatisées, tout est bon pour qu’un ordinateur soit présent en amont comme en aval de votre emploi. N’oublions pas non plus que même si la dite paie était traitée manuellement tôt ou tard l’argent transitera par des banques… de manière totalement automatisée. Cela semble absolument invraisemblable mais tout est hors du contrôle d’un humain au point tel qu’en cas de défaut ce sont des heures entières de travail qu’il est nécessaire de dépenser pour rectifier ces « bugs ». Si j’ajoute au surplus que nul ne peut travailler sans marchandise, donc sans commerce en amont, que tous ou presque nous dépendons ou bien des transports en commun ou bien de l’automobile, m’est avis qu’il est inévitable de prétendre à travailler sans informatique.
Dormir enfin ? C’est peut-être là le dernier refuge de l’être humain puisque c’est bien la seule chose qu’une machine ne saurait faire à notre place. Comme quoi les philosophes (fainéants ?) ont raison : il faut dormir pour être libre.

Le tableau est brossé et chacun de vous a pu avoir une idée de l’invasion numérique dans son monde. A présent schématisons une situation totalement incongrue et même invraisemblable : demain matin un effet inattendu met à plat toute technologie de l’information et imaginons les conséquences. Juste pour information, il s’avère que bon nombre d’ordinateurs sont vulnérables à ce qu’on appelle le rayonnement solaire. En effet, le soleil non seulement émet de la chaleur mais joue aussi un rôle déterminant dans l’équilibre relatif de notre système. Dans les faits, lorsque l’astre a une colère il émet une onde magnétique puissante capable de provoquer une aurore boréale (ou australe) ainsi que des défaillances dans les circuits électroniques. Il existe également un constat un peu plus effrayant et bien moins naturel, c’est qu’une bombe atomique génère à son explosion une onde de choc électromagnétique nommée « Effet EMP ». Semblable à une décharge électrique dans l’air, les militaires ont constatés ses effets dévastateurs sur les systèmes embarqués et les communications. Autre petite anecdote à ce sujet : pendant la guerre froide un avion Soviétique de modèle MIG21 s’est évadé d’URSS et s’est posé sur une base américaine au Japon. Les services secrets, curieux de connaître cet avion qui faisait si peur par ses capacités de vol se sont aperçus de son relatif archaïsme technologique où le transistor (base de l’électronique moderne) était absent. Surprise des surprises, le tout fonctionnait à l’aide de lampes, comme la bonne vieille radio à grand papa. Certains suggérèrent un retard affolant des Russes et d’autres comprirent un autre intérêt : seuls les avions Soviétiques seraient restés en l’air puisque l’EMP n’aurait pas eu d’effet notable sur ces équipements.

Revenons à notre situation où tout ce qui contient un transistor, un microprocesseur tombe en panne. Je crois qu’on pourrait résumer ceci par une phrase choc « le black-out du siècle ». Dans un premier temps l’immense majorité des véhicules aussi bien terrestres que maritimes et volants seraient en panne vu le haut taux d’implication de l’électronique dans le fonctionnement des moteurs modernes. Ensuite, ces mêmes véhicules subiraient énormément d’accidents car un avion sans électronique est condamné à s’écraser et une ville sans informatique pour gérer les feux rouges, je vous laisse songer aux dégâts. Bien entendu, les services de sécurité seraient immobilisés tant par les accidents que par les véhicules en panne, il serait pour ainsi dire impossible d’évacuer des blessés vers des hôpitaux totalement dépassés. Point de départ d’un blocage majeur, l’électricité se verrait coupée dans énormément de zones où celle-ci est devenue indispensable. Ajoutons à tout ceci l’impossibilité de communiquer puisque les portables seraient anéantis et les réseaux filaires incapables de fonctionner. Nous avons remplacés les relais d’antan par des ordinateurs, et ceux-ci seraient défaillants.
Ca vous semble terrifiant ? Ce n’est qu’un début ! Depuis que l’ordinateur nous gère nous sommes devenus des matricules tant pour les administrations que pour les banques et finalement tous les services dont nous sommes clients. Plus de compte en banque, plus d’existence dans les registres d’état civil ou du permis de conduire, plus de sécurité sociale, plus rien nous permettant de gérer le quotidien. Ce serait bien entendu une immense catastrophe totalement impossible à estimer tant les effets en seraient dévastateurs. Dans ce tableau il existe encore pire je le crains : rapidement, en l’absence d’une gestion efficace de l’anarchie des scènes de pillages apparaîtraient dans les grandes villes et même les villages, les gens se livreraient à du vandalisme envers les équipements dont ils sont si tributaires.

Scénario catastrophe ? La guerre des armes physiques s’est muée en guerre de l’information. Aujourd’hui la Chine dispose de centaines et peut-être même de milliers de personnes qui sont uniquement dédiées à produire des attaques informatiques sur les systèmes dits ennemis, dans le seul but d’en éprouver la résistance et éventuellement en trouver les failles. Par conséquent, pour ceux qui pensent que l’avenir des guerres c’est cibler ses assauts oublient un rien que le monde n’est plus un terrain vague où courent dans le désordre des fantassins juste armés d’un fusil. Le fantassin peut être un programme… et le sera tôt ou tard. Plusieurs virus récents se sont faits forts de démontrer notre vulnérabilité, notamment en mettant à genoux des services comme Yahoo via des attaques concentrées. Je vous laisse augurer du résultat si une telle attaque était lancée sur les systèmes bancaires…

Ah oui, un dernier point : l’ordinateur est omniscient puisqu’il sait tout de vous… et vous avez pu lire ci-dessus ce que cela pourrait donner s’il vous « oubliait »…

18 janvier 2008

Etre espion ou être idiot.

Dans le monde du secret il existe une tradition inusable qui prétend que « Agent un jour, agent toujours ». Bien des structures de surveillance de la population maintiennent une forme d’adoubement moral si fort qu’au bout du compte toute personne y ayant travaillée en devient un membre à vie. Dans la confrérie des costumes sombres il y a tout de même un aspect encore plus méconnu que celui déjà fort inaccessible des missions, je pense à celui des bourdes, des boulettes, de l’imprévu digne d’un Pierre Richard dans ses œuvres. Pourquoi l’intelligence et l’expertise pourraient-elles interdire de se prendre les pieds dans le tapis ? Personnellement vu comment l’humain est débrouillard et imprévisible, j’imagine fort bien quelques situations invraisemblables…

Commençons par une des plus récentes où un service de l’état Américain s’est vu couper une écoute téléphonique indispensable à une enquête… parce que la ligne servant à la manipulation n’avait pas été payée à temps. Ca fait tout de même un rien maladroit de ne pas pouvoir continuer à prospecter parce qu’une facture n’a pas été réglé. En soi, j’admets qu’on puisse être oublieux en se croyant protégé par le gouvernement mais de là à être stupide il y a un monde ! J’imagine fort bien le technicien, niché dans sa camionnette anonyme, le casque sur les oreilles qui tout à coup entend la douce voix d’une opératrice de synthèse lui serinant « Suite à une coupure de la ligne votre appel ne peut aboutir. Veuillez vous renseigner auprès du service commercial de votre domicile ». De quoi jeter café, donuts et bandes enregistrées par la fenêtre en maugréant contre l’aspect éminemment frustrant de cette coupure…

Dans une période plus lointaine une autre affaire outre-Atlantique. Dans l’esprit des gens, un espion (ou agent depuis que les dénominations FBI sont à la mode) se doit de trimbaler des documents secrets estampillés de ce terme en gros et surtout en rouge sur un dossier de carton brun. Bien sûr que tous nous supposons que ce genre de formatage n’existe… et si ça existe, et même que certains trouvent le moyen d’en perdre dans des taxis ! Authentique, un des plus grands agents de la CIA avait trouvé le moyen de perdre une quantité faramineuse d’informations sensibles sur les opérations secrètes américaines au Vietnam, et ce au plus fort du conflit. Quand je vous dis que le monde peut se peupler de cons, je pense que celui-là n’a pas raté la prise de sa ration d’incompétence…

Toujours est-il qu’historiquement ces deux exemples sont réels et connus. Il y a eu probablement un écrémage dans la hiérarchie responsable de ces deux incidents stupides, mais maintenant laissons-nous aller à l’imagination : un agent se trompant de nom d’emprunt en parlant à son contact, l’espionne jouant de malchance en ratant le train où se trouve la personne qu’elle doit suivre… les idées ne manquent pas ! Franchement, ceux qui mettent en exergue les compétences de ces gens sélectionnés parmi les « meilleurs des meilleurs » devraient parfois réviser leurs critères de recrutement mais aussi et avant tout se soucier de l’impossible auquel nul n’est tenu.

Dans un registre tout aussi James Bond qu’il est ridicule, il s’est avéré au fil du temps que les espions disposent réellement de gadgets plus ou moins crédibles, et même que l’imagination sans borne des « Q » (autre référence à l’agent de sa Majesté) nous offre une panoplie faite autant de bric et de broc que des dernières technologie : entre le parapluie bulgare (dont je vais vous parler juste après), l’appareil photo miniature, le briquet qui tire des balles explosives, la montre terminal/GPS/Faisant le café serré (mais sans sucre), je crois qu’un espion a de quoi se plaindre sur ses conditions de travail. Vont-ils pousser jusqu’à coller une balise ARGOS dans le caleçon ? Allez savoir…

J’ai abordé la question du parapluie bulgare : c’est une invention incroyable qui a transformé un simple accessoire contre la pluie en arme contre les dissidents. Recadrons : Septembre 1978, à Londres. L'écrivain Georgi Markov, dissident bulgare anime l'émission radiophonique "Free Europe" à la BBC. Cette émission a pour particularité d’être diffusée sur toute l’Europe et ce des deux côtés du rideau de fer. Propagandiste anti communiste, cette provocation sur les ondes irrite tellement l’URSS et la Bulgarie que les services secrets décident de faire un sort à ce « provocateur et menteur ». Alors qu'il attend le bus, un inconnu le bouscule et lui enfonce "malencontreusement" le bout de son parapluie dans le mollet. La douleur est vive mais sans plus et les deux hommes se séparent… puis rapidement il s’avère que Markov se sent mal, très mal… Son décès quelques jours plus tard officialisera que le KGB utilisait de la ricine (dérivée de l’huile de ricin) comme poison d’assassinat, sous forme d’un tout petit projectile empoisonné tiré depuis le fameux parapluie.

Si ça ne fait pas James Bond… je ne sais pas ce qu’il vous faut ! Merci le bureau 12 du KGB pour cette invention incroyable !

16 janvier 2008

J’accuse !

Le titre est franchement prétentieux tant il est tributaire d’un usage précédent fait par une plume autrement plus compétente que la mienne. De fait, je m’approprie donc son côté revendicatif et même vindicatif sans pour autant rester sur la teneur qui fut l’affaire Dreyfus. Monsieur Zola, de là où vous êtes (en partant du principe qu’il y ait un panthéon des génies et un dépotoir aux cons…) j’escompte de votre part une certaine largesse et une tolérance qui a pu bien me faire défaut plus d’une fois.

Qui est-ce que j’accuse, pourquoi est-ce que je rédige une mise en accusation ?

J’accuse la nation humaine d’être son pire ennemi, je l’accuse de refuser toute forme d’intelligence individuelle au profit d’une pseudo intelligence de masse. Je lui reproche de formuler sa pensée selon des critères aussi apparemment bienveillants qu’ils sont finalement prétentieux. Humanité, que fais-tu des idéaux si ce n’est les brimer en les prétendant déviants ? Quid de l’évolution des mœurs et des mentalités ? J’accuse l’Humanité d’être donc rétrograde et bassement conservatrice quand la peur du renouveau le saisit au lieu d’avoir la fierté du progrès en ligne de mire.

J’accuse l’être humain dans son individualité de se croire suffisamment important qu’il en dénigre son prochain. Je t’accuse, toi, Homme, toi animal qui vis en communauté mais pour qui le raisonnement nombriliste est indispensable et la force de l’unité accessoire. Toi, Homme, toi qui n’es pas même capable de voir ton avenir avec ton frère qui t’apparaît pourtant différent, comment espères-tu mériter le pardon ou même juste des circonstances atténuantes ? Tu as fait de ton monde ce que tu croyais être ton profit et aujourd’hui tu reproches à tes prédécesseurs l’imprudence et l’impudence dont ils ont fait preuve. Regarde toi dans ton ensemble, ne regarde pas ton nombril que tu penses être propre. Toi aussi tu vis égoïstement en avançant au rythme des catastrophes que tu provoques en les classant dans les aléas du destin.

J’accuse les intellectuels autoproclamés de mollesse, d’indifférence et de négationnisme. Toi qui vends de l’intelligence à des populations voulant progresser tu ne fournis que les graines de la discorde et de l’obscurantisme. Ne sois pas messager conservateur où tout changement serait une menace, fais-toi apôtre d’une cause humaine, la cause de l’Homme et non la cause pour l’homme. J’accuse ces mêmes intellectuels d’occulter sans vergogne que l’avenir est un travail commun et non pas le fait de quelques rares initiés, j’ajoute même à ta charge que tu crois ton compatriote trop stupide ou pas assez renseigné pour daigner lui offrir le minimum nécessaire à son élévation. Pourquoi le fils du mineur n’a-t-il pas le droit à la même information que le fils de général ? Parce que le fils de mineur est un prolétaire ? Je t’accuse enfin, toi la plume en guenilles d’être l’âme damnée de ceux qui ne voient le monde que comme un marché et non comme une communauté de fait. Tu as insulté les idéaux, craché sur les thèses que tu défendais la semaine d’avant, tu as même revendiqué dans des manifestations d’être contre ce qui t’avait semblé juste auparavant. Toi l’intellectuel dont les voiles déployées sont lambeaux d’opinions et déchets de culture, je t’accuse de ne servir qu’à faire de l’Homme sa propre victime.

J’accuse les oligarques financiers, ces états dans l’état d’être à la tête non d’un capital scandaleux mais de diriger des structures qui peuvent broyer et détruire la vie pour le profit. L’économie de marché n’est pas la négation de l’Homme, le marché est la négation des interdits moraux car le marché est amoral. Toi, caricature si souvent employée par la propagande communiste s’attaquant aux Américains, tu es devenu réalité parce que justement cette propagande t’a été bénéfique. Etre sans morale comme le marché dont tu vis je t’accuse de ne pas accepter ni même envisager l’équité des échanges économiques sous prétexte que ta marge en pâtirait. Je t’accuse, toi soldeur et fossoyeur d’entreprises d’avoir accepté de solder à vil prix tes sociétés de manière à te délester tout ce qui pouvait nécessiter la moindre gestion de l’être humain. Toi, le financier, je t’accuse enfin de t’être fait bourreau avant d’être réellement patron : le patron n’est pas un patriarche, c’est avant tout quelqu’un qui doit veiller à la bonne marche d’une entreprise, pas à ses propres intérêts en priorité. Toi qui a décimé la concurrence tout en te plaignant de sa présence, que ton dossier soit versé comme étant celui d’un assassin à la cruauté glacée digne des pires criminels de guerre… car oui je t’accuse d’être un criminel de guerre dans une guerre économique qui ne dit jamais son nom.

Je t’accuse, toi le politique qui a vendu son âme au veau d’or du saint patron monnaie alors que tu as été mis à ton poste par la plèbe, je t’accuse d’avoir rejoint l’oligarque dans ton rôle de législateur alors que ta fonction était d’être au service de la nation. Je t’accuse d’avoir démantelé ta morale pour la remonter sous forme d’un ersatz d’humanisme et d’avoir fondu tes idéaux pour les couler en lingots prêts à être mis sur le marché. Je t’accuse également de ne plus avoir d’opinions mais des idées, c'est-à-dire de ne plus envisager de réfléchir avant d’agir. Tu n’es plus le représentant d’un peuple par le peuple, tu es devenu par le peuple le représentant de ta propre glorification. Qui te permet de t’asseoir sur les vertus de la démocratie et des libertés qui sont pourtant nos fondamentaux ? Qui te donne la permission de corrompre le système d’état à tes propres fins ? Toi le corrompu par l’âme et même par le portefeuille je t’accuse de n’être plus qu’un vautour tournoyant sur une république dont tu veux te faire charognard.

Je t’accuse enfin, toi image putride bâtie par chacun de nous, toi l’idéal Homme qui n’est rien d’autre qu’une glaise pétrie avec des intentions toutes sauf louables d’être un objet commercial et non un symbole d’un objectif à atteindre. J’accuse ce modèle de se commettre dans une réclame indigne des qualités dont l’Homme peut faire preuve et de les remplacer par des préceptes commerciaux. J’accuse ce miroir aux alouettes de symboliser la fin de l’identité individuelle nécessaire à la pluralité et à la richesse du groupe et ce en dépit de toute logique. Toi, clone d’un être qui n’est parfait qu’en terme marketing, je t’accuse de pousser l’adolescente à devenir squelettique, l’Homme à se fourvoyer dans l’image qu’il a de lui-même, l’enfant d’être un étal à sponsors, et enfin de même faire de la Mort un service commercial et non un service public.

La Mort n’appartient à personne, pas plus que la Vie, la Liberté, la Justice ou l’Espoir.

15 janvier 2008

Litanies des complots ordinaires

C’est dingue le nombre de problèmes que peuvent se créer les gens et ce pour tout un tas de mauvaises raisons, notamment quand il s’agit d’assumer des décisions ou des situations incontrôlables. Dans notre grande intelligence, nous recherchons toujours la maîtrise à tout prix, au point qu’on en arrive à partir à la chasse au dahu… De là, si les évènements finissent par rendre illisible le bilan, la théorie du complot sort de son néant au point d’en devenir même des thèses d’état. Observons donc ce phénomène avec pragmatisme…

Dans un premier temps il est bon de ne pas douter qu’il existe un certain nombre de complots réels, c'est-à-dire de regroupements de personnes d’intérêts similaires qui, grâce à des pouvoirs économiques ou politiques, optent pour des décisions pour le moins douteuses. La démarche générale du bien public est alors occultée au profit des biens individuels, bien que souvent la propagande arrive à positionner l’escroquerie morale sur un terrain favorable à l’opinion publique. Dans cette idée, le pétrole et le terrorisme sont deux facteurs qui sont indéniablement vérolés par la finance et la politique internationale des états, les uns subissant et les autres décidant ainsi du sort du monde. Rappelons également qu’au surplus il est impressionnant de constater que parler de Ben Laden semble naturel à toute la planète tandis que parler de grands philosophes et de grandes idées apparaît comme rétrograde et pour beaucoup il s’agit alors de discuter d’un illustre inconnu. Pour le coup donc, j’admets une certaine paranoïa à l’encontre des arcanes des pouvoirs, notamment chez ceux qui en dépendent et qui ne décident rien, en l’occurrence vous et moi.

Passons à un autre aspect : si les états peuvent s’offrir le luxe de terroriser le monde en diffusant des images orientées avec parcimonie, si certains peuvent aller jusqu’à exécuter leur proche chef, il n’en reste pas moins aberrant d’aller tout caser dans ces dossiers qu’on nomme avec pudeur « complots ». Une fois que la logique se heurte à l’incompréhensible bien souvent il est alors facile de joindre des bouts différents par la colle moisie du silence de circonstance des instances gouvernantes. N’accuse-t-on pas les états de jouer les sourds et aveugles au sujet des OVNI, ne sont-ils pas taxés de laxisme à propos des aspects de l’immigration, du terrorisme, de la guerre à l’étranger et des manipulations financières en général ? Certes, les lois sont faites pour être contournées mais le fourre-tout franc-maçon n’est pas pour autant une réalité à tous les étages ! Les OVNI… ah ce doux fantasme qui rompt deux millénaires d’idéologie judéo chrétienne, ce désir de ne plus être seul dans l’univers, et puis ce délire de masse de l’enlèvement ! A lui seul c’est la symbolique même de la théorie du complot ordinaire où le moindre spot d’avion devient un engin extra-terrestre, où des cercles dans un champ sont des sites d’atterrissage et où les pyramides sont l’œuvre de civilisations non terriennes.
Dans ce fatras d’idées, d’inepties et pour beaucoup de plaisanteries d’un goût douteux la crédibilité fait systématiquement défaut. Avant de vouloir démontrer à tout prix il faut avoir une démarche scientifique et surtout refuser la facilité sous prétexte de l’évidence. Pour moi une tache lumineuse sur une vidéo de mauvaise qualité n’est pas une preuve, c’est une tache qui pourrait être et non pas qui est quelque chose d’important. Agnostique ? Certes je le suis notamment avec ceux qui se veulent scientifiques alors qu’ils sont hélas majoritairement enfantins dans les analyses et gamins dans les raisonnements. Il est d’ailleurs essentiel de se souvenir que même si le tout se vérifiait un jour, la plupart des soi-disant faits identifiés en seraient invalidés à l’épreuve de la vérité…. Autant se décrédibiliser tout de suite en dessinant un visage oblong avec des yeux globuleux et une peau verdâtre…

Pourtant, cet aspect du complot supposé me fait sourire car il en garde un aspect reluisant de l’âme humaine, ce côté rêveur et un rien paumé dans l’immensité de l’univers. A côté de cela des états se sont servis de la théorie du complot pour instrumentaliser la population et en faire le bras armé d’une dictature. Le racisme élevé en théorie en Afrique du sud, l’antisémitisme de l’état nazi (je leur refuserai toujours la majuscule, les idéologies minuscules m’étant étrangères) et même l’exploitation de la différence supposée du voisin pour lui faire la guerre sont employées depuis des siècles pour justifier tout et n’importe quoi. Les inquisiteurs ont été une arme de propagande et de répression pour l’église, les chevaliers des mercenaires se vantant de défendre l’honneur contre la pourriture, l’idée qu’une femme est inférieure à l’homme à cause d’Eve… tout est bon pour faire passer un message aussi nauséabond et aussi stupide qu’il soit.
Ce qui me pétrifie avec l’Homme c’est que la propagande arrive à lui faire prendre pour vérité des chimères idiotes indignes d’un être humain doué de raison. Comment accepter sans frémir que l’intolérance devienne une institution, comment laisser apparaître la répression contre la culture sous couvert que les intellectuels sont susceptibles de critiquer le pouvoir ? Quelle est donc cette mécanique intérieure qui facilite une telle souplesse des idéaux ? Je ne le répéterai jamais assez : on ne solde pas ses opinions comme pourraient le faire les grandes marques du commerce international. Nous ne sommes pourtant pas si idiots… quoique, après une certaine pause de réflexion nous acceptons encore de voter intolérant, on a encore des épithètes raciaux à coller sur le dos de nos compatriotes et nous regardons ailleurs quand des guerres injustes et légitimées par et pour l’argent éclatent dans le monde.

Triste humanité : on a peur de l’autre, peur de soi-même et lorsqu’on échoue on décrète que l’autre est coupable. L’attitude criminelle de l’Homme ne sera donc jamais endiguée par le niveau de civilisation car au fond, plus la civilisation devient raffinée plus elle devient retorse dans ses actions… et c’est là qu’apparaissent finalement les vrais complots, ceux dont on aura jamais idée et dont on subira les conséquences. Comme quoi, croire que les urnes dirigent le monde est encore une utopie et non une réalité qui devrait pourtant faire craindre aux grands les cris de colère des petits.

Espoir, toi qui peuples mon esprit.
Espoir, toi qui fus raison de mourir.
Pourquoi la lâcheté te détruit ?
Pourquoi veut-on tant te faire fuir ?

Espoir, grappe de fruits succulents.
Espoir, toi qui sais parler d’avenir.
Pourquoi es-tu éliminé patiemment ?
Pourquoi n’es-tu que simple désir ?

Toi peuple qui a su donner l’élan,
Ne refuse jamais de voir en grand.
Toi peuple qui a versé trop de sang,
Défends ton droit à vivre librement.

Toi peuple qui a tant parlé d’espoir,
Ne vends pas tes libertés pour le confort.
Toi peuple écoute les chants d’espoir,
Car peut-être celui-ci décidera de ton sort.

14 janvier 2008

Une arche à la dérive

bon... j'avoue... j'ai été un rien flemmard ces derniers jours, alors permettez-moi une pirouette en vous offrant un article ce soir et en espérant ne pas avoir trop déçu de lecteurs.

Cordialement...

Il est évident que même les moins attentifs des français ont tôt ou tard eu ouïe dire concernant la sordide affaire de l’arche de zoé et que, mine de rien, malgré tout le battage et le soutien apporté par des comités divers et variés, les membres des pieds nickelés de l’humanitaire sont actuellement jugés en France. Personnellement, bien que je sois de ceux qui soutiennent que du bout des lèvres les actions humanitaires pour bien des raisons que je m’efforcerai un jour d’exprimer, il s’avère qu’à mon sens les institutions françaises nous démontrent qu’elles peuvent fonctionner correctement. Pourquoi ? Et oui, j’ai annoncé et je maintiens que les avoir rapatriés est un acte d’ingérence dans la justice Tchadienne, cependant le tribunal de Créteil actuellement en charge du dossier vient d’annoncer qu’elle demandait la même durée de peine pour les accusés, c'est-à-dire huit ans d’emprisonnement. Tout au plus l’observateur finaud remarquera que la dite peine de travaux forcée est commuée en détention pure et simple.

Je viens d’aborder succinctement ce sujet lamentable pour des raisons autrement plus importantes que la mise sous les verrous d’incompétents doublés de fats sans vergogne. En effet, il est important de se souvenir ce qu’est une ingérence et dans quelle mesure elle peut représenter un salut tout comme une incurie totale. Il ne s’agit pas de rester sur les positions de la défense d’un ressortissant à l’étranger, il s’agit aussi de se poser un certain nombre de questions sur d’une part la nécessité d’agir de la sorte, et d’autre part se demander s’il est vraiment judicieux de renier ouvertement la justice du pays concerné.

Quand on parle de diplomatie, nous savons tous qu’il s’agit de l’art précieux et maniéré de réussir à (je cite) « La mettre à son adversaire mais en y mettant les formes ». Est-ce si caricatural ? C’est un donnant-donnant auquel s’adonne toutes les nations du monde ou presque, puisque dans l’esprit c’est par la diplomatie que s’expriment les états entres eux pour légitimer une place dans la communauté internationale. Une fois ce principe élémentaire acquis, il me semble tout à fait indispensable d’en comprendre alors que pour un bien un mal sera forcément possible. Entres humains nous sommes déjà incapables de nous tolérer les uns les autres, alors entres nations… Donc concrètement la diplomatie c’est chacun chez soi, tout va bien, et ce du moment qu’on est d’accord sur la manière d’y rester. Caricatural ? Demandez si c’est si caricatural que ça à bien des pays encerclés par des nations peu amicales mais qui sont restées calmes. Prenez la Suisse… Bon j’admets que la Suisse est un coffre fort qui a su rester aussi neutre que du cyanure dans un sirop de Josacine lors des conflits européens et qu’aucun belligérant ne s’est même imaginé l’envahir… Mais ce n’est pas le fait d’être Helvète qui fait que… Passons.

A présent deux positions sont identifiées : si ton voisin a maille à partir avec ton ressortissant, tu t’en mêles ou tu laisses l’autre s’en charger ? Dans un premier temps il nous incombe de savoir le pourquoi d’une telle problématique et d’en déterminer l’impact. On ne se posera sûrement pas en sauveur du pauvre Français perdu dans la jungle de Sumatra et en prison par erreur si celui-ci s’avère être un trafiquant de narcotiques, tout comme à contrario l’on aura tendance à offrir un soutien souvent inefficace il est vrai mais toujours bienvenu au touriste empêtré dans des tracasseries administratives dont seules les républiques bananières ont le secret. Pour autant, même si notre chère « victime » est dans une situation inextricable, doit-on la sortir de ce mauvais pas ? Moralement j’aurais forcément tendance à répondre par l’affirmative, le passeport Français offrant par sa seule présence bien des garanties morales et même financières dans certains cas. L’état est l’institution supposée offrir une équité totale à tout Français (de nationalité… pas d’équivoque stérile je vous prie) et donc offrir aussi une certaine sécurité et un cachet moral en cas d’ennuis. Ainsi, faire revenir l’arche de zoé (par exemple) pour les juger en France est envisageable pour garantir un jugement équitable aux différents accusés.

Là où je m’insurge et ce pour des questions totalement juridiques et diplomatiques c’est en vertu de quel droit nous pouvons nous estimer plus compétents que les juges Tchadiens pour sanctionner ou non les membres de l’ONG ? Généralisons je vous prie : nous n’avons pas à nous poser en tant que juge de paix mondial où toute décision d’un état légitime serait alors asservies aux nôtres. Que le pays concerné soit une dictature, une démocratie ou quoi que ce soit hésitant entre les deux nous ne sommes pas en position de censeur ou de législateur qui aurait tout droit de faire revenir son ressortissant sur son territoire pour ensuite éventuellement le libérer. Avons-nous les mêmes lois que les Tchadiens ? La situation ne méritait-elle pas de rester Tchadienne ? Qu’on suppose à raison que les conditions de détention là-bas sont inacceptables est une chose compréhensible et malheureusement réelle, mais aller jusqu’à rejuger avec la possibilité de relaxe, j’estime qu’il y a là une insulte pour les institutions non seulement Tchadiennes, mais avant tout pour tous les pays susceptibles de négocier une telle crise. D’ailleurs de crise je considère qu’il n’y en a pas puisque, après tout, le tribunal de Créteil a décidé de requérir la même peine. On va me parler d’acte politique pour calmer les esprits, pour que la diplomatie fasse son chemin… et je dis OUI ! C’est normal et je tiens énormément à ce principe. Si un état n’offre pas des garanties suffisantes de sécurité, de jugement équitable ou de gestion acceptable des étrangers sur son sol, force est à l’état d’en avertir ses ressortissants et de leur dire « Allez-y, mais à vos risques et périls ! ».

La légitimité d’un état c’est de pouvoir prendre des décisions sur son territoire et de ne pas être tributaire d’un grand frère toujours capable d’une colère quelconque dès que le petit frère tente d’être indépendant. Qu’on aie rapatrié fort bien, après tout les prisons Françaises sont loin d’être un lieu de villégiature, toutefois je maintiens encore et encore que légalement tant que diplomatiquement s’immiscer dans les affaires des autres n’est pas un acte sans conséquence. Espérons enfin qu’à l’avenir les ONG d’une part prendront le temps de travailler dans le droit et sans prendre de risques imbéciles (ce n’est pas peu dire !) et d’autre part que ce genre de rapatriement « juridique » restera anecdotique. Il serait très mal perçu qu’on emplisse les avions de nos imbéciles de touristes foutus de se mettre dans une mouise invraisemblable en ânonnant que la France peut les juger sur son propre territoire, en vertu des lois Françaises…

10 janvier 2008

Point de temps ce soir!

On pourrait facilement me reprocher la pirouette d'un tel titre, mais techniquement c'est une grande vérité, je n'ai pas le temps de rédiger un texte suffisamment complet et intéressant pour être placé ici même ce soir. Dommage diront certains, les plus malins diront tant mieux, pour ma part je vous dis à demain.

Au fait pour les esprits chagrins, j'ai quand même pris le temps de venir vous prévenir, c'est sympathique non?

JeFaisPeurALaFoule

09 janvier 2008

Soldons !

Chaque année voit renaître la méthode commerciale la plus courue qui soit, c'est-à-dire l’appel aux consommateurs à l’aide du mot solde. En soi, il sous-entend de bonnes affaires et donc la possibilité de se vêtir et se chausser à moindre coût. Aussi étonnant que cela me puisse me paraître, les dites soldes semblent se contenter des ventes textiles et peu des autres domaines. Pourtant, bien des secteurs se servent du support médiatique de la période pour s’y inviter de manière détournée : l’automobile, l’électroménager, tout est supposé être soldé, tout doit se vendre à coups de pourcentages fracassants étalés sur des affiches et des pancartes si grandes qu’il est impossible ou presque d’y échapper.

Si l’on y regarde de plus près il y aurait à redire sur la méthode tant celle-ci est digne d’une forme d’hypocrisie de la part des commerçants et fabricants… légalement il est interdit de « vendre à perte », en substance on n’a donc pas le droit de vendre moins cher que son prix d’achat. Prenons un exemple : un vêtement est acheté par le commerçant 10 euros auxquelles on ajoutera la TVA, ce qui donnera un prix final théorique de 11.96 Euros. Bien sûr, ce calcul présente une absence de marge, ce qui donnera plutôt un prix de vente final d’environ 20 Euros (admettons…) d’on on déduira la taxe. Une fois ce prix connu, on sait donc que le vendeur ne peut pas descendre son tarif sous le prix de 11.96 Euros. Alors d’où sortent ces 50% ? Du portefeuille des acheteurs précédents qui ont payés une forte marge. Ne critiquons pas trop, il s’agit là d’une méthode classique où chacun sait ce qu’il fait, et qu’à présent peu de commerçants agissent malhonnêtement car les prix sont tout de même surveillés. Enfin bon, pourquoi ne pas vendre honnêtement dès le départ ? Je dois être trop naïf ou trop communi… passons.

Revenons donc sur les ventes tierces je vous prie. Pourquoi se limiter aux fringues civiles alors qu’un équipement militaire pourrait tout aussi bien porter des mentions « soldé » ou « -30% » pour les gros acheteurs ! Imaginez un peu le catalogue des grandes manufactures d’armes affichant prestement « Catalogue des soldes d’hiver 2008 ». Cela aurait un petit goût comique puisqu’on annoncerait ainsi « Tuez pour moins cher ». Je sais, c’est cynique, méchant, infâme pour ceux qui subissent le feux de ces armes… mais pourtant nous agissons de la même manière mais sans toute la fanfare télévisuelle inhérente aux périodes de solde. Que deviennent les armes plus ou moins usagées, que fait-on de ces fusils et autres équipements déclarés obsolètes ? On les ferraille ? Pas du tout ! On agit comme tout bon commerçant usant de la démarque (ce qui signifie ôter la marque d’un produit pour le vendre moins cher suite à un défaut de fabrication ou pour un modèle démodé) en changeant les emballages et marquages sur ces fusils et en supprimant proprement l’estampille de nos usines. Pratique, peu cher, on équipe donc bien des nations avec nos armes, et puis finalement il n’y a pas de petit profit !

Bon, il est vrai qu’agir de la sorte peut donner des situations fort désagréables tant pour nos soldats que pour nos alliers du moment. Les Argentins par exemple (cliquer ici pour une petite histoire du missile Exocet) furent de bons clients pour nos déclassés et même notre matériel moderne, et nul doute que les marins Anglais n’ont probablement pas dû apprécier la plaisanterie de prendre un missile sur un de leurs navires. Dégât collatéral du commerce international répondra l’économiste. Et que dire des Russes se faisant tirer dessus à coup de Kalachnikov? Pour information, ce cher AK 47 (Avtomat Kalashnikov) est le fusil d’assaut le plus vendu au monde : Entre 70 à 110 millions d’unités produites depuis 1947 (date de sa première mise en service et lui servant de code version). Fabriqué hors de l’URSS sous licence, cette arme est aujourd’hui la préférée des guérillas et des terroristes. De quoi faire râler les stratèges de l’ancienne armée rouge, non ?

Ce qui m’amuse finalement le plus, c’est qu’on prenne encore les clients pour des imbéciles en leur vendant n’importe quoi à n’importe quel prix, et qu’en plus on leur vende pardessus tout une bonne affaire. Voir une telle foule se piétiner, se battre pour le dernier article, écouter ces gens se disputer pour un prix, j’en viens à confirmer que les périodes de soldes donnent raison aux publicitaires qui nous matraquent. Il ne manque au fond qu’un courageux pour afficher ouvertement « Pigeons ? Oui vous l’êtes, mais pas plus qu’ailleurs ! »

08 janvier 2008

La « Schutzhaft » est de retour !

Moi qui pensait continuer sur ma lancée concernant l’Iran et son histoire tourmentée, voilà que madame Dati (ministre de la justice en poste actuellement) nous offre un joli retour aux sources des dictatures avec la réinstauration d’un dispositif juridique fort pratique permettant de maintenir en détention sans condamnation des personnes déjà condamnées. En effet, en classant un détenu comme étant « à risque », le système permettrait alors de le maintenir derrière les barreaux et ainsi protéger la société de ses pires spécimens. Présenté comme ça, il y a de quoi être foncièrement satisfait puisqu’on aurait de moins en moins de récidivistes potentiels dans les rues, ce qui ne saurait que trop rassurer les électeurs, pardon citoyens.

Admettons que la chose parte vraiment d’un bon sentiment et que cette idée soit uniquement fondée sur la nécessité de gérer des cas isolés mais suffisamment marqués pour mériter une justice d’exception. Tout d’abord demandons nous qui va décider : un chef d’établissement pénitentiaire selon le dossier du détenu, un collège de psychiatres après une analyse de son comportement ou encore un juge qui serait alors chargé de prendre une décision par devers lui ? Dans tous les cas cela sous-entend donc l’absence de recours pour le dit prisonnier car tout détenu reconnu coupable qu’il est il est parfaitement illégitime de lui refuser la possibilité de se défendre. Bien sûr, l’argument que le dit détenu est si dangereux qu’il mérite un tel sort sera avancé, mais cela ne saurait être un contrepoids suffisant pour justifier les arrêts sans défenseur.

Prenons le dispositif dans l’autre sens : il existait du temps des Rois de France un système équivalent nommé « lettre de cachet ». Le principe voulait que le Roi prenait une décision et la faisait connaître via une lettre cachetée, ceci uniquement par le destinataire. Ce principe assurait la sécurité et l’exécution de l’ordre vu que seul l’émetteur et le destinataire en connaissaient la teneur. A partir du XVIIème siècle, cette lettre fut systématiquement associée à la détention ou à l’assignation à résidence d’une personne, de lettre donneuse d’ordre la lettre de cachet devint donc une méthode légale d’emprisonner n’importe qui sans jugement. Par analogie, on peut donc estimer que la magistrature ou le gouvernement disposerait donc d’une nouvelle lettre de cachet à la sauce prison pour s’assurer une tranquillité d’esprit sans équivalent. Quoi de plus confortable que d’enfermer pour un délit mineur un opposant, puis de le maintenir en détention perpétuelle par la mécanique de la lettre de cachet ?

Plus proche de nous, un autre système dictatorial a créé une institution juridique sans vrai précédent, celle nommée « Schutzhaft » qui signifie « Détention de protection » ou « détention préventive ». Et oui, une fois de plus l’imagination fut dans le camp des Nazis. Prenons d’abord le contenu de la dite loi : Protéger le détenu contre lui-même et protéger la nation contre le détenu. Dans les faits, c’est par la Schutzhaft que furent déportés et placés en camps de concentrations les premiers opposants au régime, puis ensuite tous les résistants et déportés en territoires occupés. Le cadre était simple : pas de jugement, un tampon, direction les camps ou les geôles de la Gestapo. Le parallèle est une fois de plus osé (si j’ose dire), mais concrètement quelle différence entre la schutzhaft et ce que propose madame Dati ? L’une comme l’autre permet donc de maintenir en prison sans aucune raison n’importe qui, et surtout selon le bon vouloir d’une autorité qui pourrait tout aussi bien faire un travail acceptable tout comme être le vassal d’un état totalitaire.

J’estime qu’il est plus que regrettable qu’un ministre de la justice, surtout dans un pays qui a un tel historique pour permettre de mettre en perspective les situations, puisse oser ressortir de tels épouvantails et les placer face à l’opinion publique. Même en n’ayant aucune compétence juridique qui que ce soit de lucide peut y voir une atteinte intolérable aux libertés individuelles ainsi qu’une régression dans le système carcéral qui n’est déjà pas bien glorieux. A tout prendre, j’aurais compris qu’on aborde la question de la gestion des détenus en fin de peine mais trop dangereux mentalement pour être décemment remis en liberté, mais pas légitimer la détention sans jugement avec une telle proposition ! Raisonnons de manière suffisamment large : il est très délicat de gérer les maladies mentales graves qui sont souvent incurables et menant à des actions terribles. Les pathologies sont souvent connues, mais les traitements sont et resteront encore longtemps au mieux légèrement efficace (pour contrôler le détenu) au pire expérimentaux et même inutiles. Le tueur en série, le violeur assassin, la mère tuant son enfant, ce n’est pas une vague discussion sur un divan et quelques calmants qui traiteront de telles catastrophes, et ce n’est pas non plus en classant les droits communs avec les détenus vraiment très dangereux qu’on améliorera la sécurité dans nos cités.
Je rappelle que la prison est évidemment une sanction mais se doit aussi d’être un système de réhabilitation des prisonniers. A l’origine une prison avait pour but de maintenir dans ses murs les criminels dans un but de rééducation. Aujourd’hui la prison semble être vouée à fermer une porte blindée sur notre propre incurie, puis d’en jeter la clé le plus loin possible pour ne plus avoir à gérer ces êtres humains. A moins de vouloir se faire bourreau et donc cautionner la peine de mort (avec les risques que cela engendre), j’avertis donc solennellement toute personne tentée par la schutzhaft que celui qui la vote pourrait en être victime demain. Et oui, toi électeur qui le lundi aura voté pour, le mardi mis en prison pour vol de pain, vendredi la schutzhaft fera de toi un prisonnier à vie… pense y !

07 janvier 2008

Tiens, je me sens visionnaire…

J’avoue, une telle appellation est plus qu’usurpée au titre que ce n’est guère moi mais plutôt l’ensemble des observateurs de la politique mondiale qui affirment que l’Iran est une des prochaines cibles plus que probables des USA. Pourquoi me dis-je visionnaire ? Ayant déjà commenté la politique américaine ainsi que ses futurs développements à court et moyen termes ici même, je me dois de confirmer une de mes craintes majeures qui porte sur l’intention à peine voilée des USA d’attaquer l’Iran pour en faire un territoire propice à la production du pétrole.

Reprenons un peu le problème par son bout le plus simple : « Amusons nous avec la géographie ! » aurait pu être un titre intéressant pour ce commentaire comme vous allez pouvoir le constater de vous-même. Observez donc cette carte ci-dessous, et identifiez où se trouvent l’Iran et les drapeaux américains symbolisant une présence militaire aux alentours. Celui qui me dit que l’Iran n’est pas cerné est soit d’une mauvaise foi digne des conseillers de W., soit il nécessite un rendez-vous urgent chez un ophtalmologiste…

Implantation Américaine au moyen-orient

Donc, on voyant ceci il est plus aisé de dire que oui, dans un avenir plus ou moins proche les USA tenteront une action quelconque sur le territoire Iranien, ceci sous couvert d’une quelconque raison diplomatique / militaire / sanitaire, les prétextes ne manquant certes pas pour sanctionner le gouvernement fondamentaliste en place. Depuis déjà plus d’un an (en tout cas un an environ pour l’intensification de la propagande anti Iranienne) les USA se sont mis en tête d’interdire à ce pays le droit de s’équiper du nucléaire de quelque manière que ce soit. Bien sûr, si c’est pour l’aspect militaire je suis le premier à dire qu’il serait plus que dangereux de leur laisser un tel « jouet » entre les mains, mais à contrario si c’est dans le but d’avoir des centrales électriques plus fiables et plus efficaces, pourquoi leur interdire le progrès ? C’est toujours la même histoire, le grand frère étoilé se croit plus prompt et plus compétent pour régler le problème de la bombe… tout en sachant que c’est la seule nation a en avoir fait usage de manière opérationnelle en temps de guerre.
Il est par conséquent flagrant qu’une première étape dans l’industrie de destruction de l’image Iranienne a été passée avec succès vu que l’opinion publique mondiale en a fait la nation diabolique par excellence, ceci à l’exception près de l’épouvantail Ben Laden. A partir d’un tel constat on ne peut que douter sur la légitimité des autres pays du monde à se ranger du côté américain, si ce n’est dans la séduisante optique de prendre le contrôle des puits de pétrole Iraniens, perspective fort avantageuse vu la crise que traverse le golfe avec une production s’amenuisant de manière définitive. A titre d’exemple on a accordé une nouvelle place à Kadhafi sur la scène internationale, et ce n’est pas sa rédemption d’opérette concernant le terrorisme qui lui a valu une telle « faveur », mais surtout l’injection de ses barils dans le marché mondial du brut. Un peu de lucidité et de pragmatisme dans un monde de fantasmes dira le plus amusé des cyniques que je suis.

Revenons donc après cette mise au point à ce qui est dans l’actualité : les USA prétendent que les navires Iraniens sont venus les provoquer dans le détroit d’Ormouz (Ormuz étant l’orthographe exacte, mais la presse française étant ce qu’elle est…), chose que le Pentagone dans sa toute puissance a trouvé intolérable ! Bien sûr ceci débouche donc sur des menaces de la marine Américaine qui en substance donne plutôt quelque chose du genre « Viens plus près, donne nous une bonne raison de vous envoyer par le fond ! » qu’un bon « Hé ! Pas moins de 200 mètres SVP ! ». Relativisons : un officier du Pentagone est rarement rompu aux méthodes diplomatiques, et toute provocation est bonne pour alimenter en chaleur le creuset d’une future situation de crise. Si, une dernière chose remarquable: la carte du détroit ci-dessous est plus parlante que les mots... en effet observez la distance entre l'Iran, Oman et les Emirats Arabes Unis, et rejetez un oeil plus haut sur la carte!

Carte du détroit d'Ormuz

Je trouve le procédé pathétique : se servir de vedettes ou de petits bateaux contenant des soldats comme prétexte d’une guerre totale, c’est un peu comme déclarer la guerre à n’importe quel pays sous prétexte qu’une barque s’est échouée sur nos côtés ou a percuté un de nos sous-marins. Sur le terrain de l’image télévisée m’est avis que CNN dans sa grande mansuétude a déjà son stock d’images bien formatées pour tenir en haleine les Américains, puis dans la même veine les européens qui ressentiront cette action dans les pompes essences. J’espère toutefois qu’aucun cinglé n’ira faire des courses de subsistance comme ce fut le cas en 91 lors de la première guerre du Golfe : amusant, mais tous les stocks de produits non périssables furent pris d’assaut, comme si la guerre se situait en Alsace et non au-dessus du désert Irakien…