31 décembre 2012

Une année meurt pour qu'une autre naisse

Il m'est difficile de dire que les années se succèdent sans vraiment changer quoi que ce soit. Contrairement aux rochers qui, eux, ne subissent que la vague abrasion du temps et des éléments, l'âme humaine, elle, prend sur elle énormément de choses en très peu de temps. Que ce soit la Vie, la Mort, ou bien les joies et les peines du quotidien, nous vieillissons autrement plus mal et plus vite que n'importe quel chêne plus que centenaire. L'éternité n'est qu'une vaste illusion qu'on vend par la Foi, par l'immortalité de l'âme et du nom, mais qui n'a un sens que pour celui qui y croit réellement. Personnellement, l'éternité, c'est avant tout une bonne publicité pour les bâtisseurs de pyramides, ou pour les vendeurs de chez Roc-Eclerc.

Alors quoi? Une nouvelle année vit parce que la précédente meurt? Quelque part, c'est sur les cendres de notre passé que fleurissent nos violettes de l'avenir. On aura beau croire qu'on peut bouturer le futur à l'envi, on ne pourra jamais que faire "mieux" que le passé, mais pas différemment que cela. Les enfants naissent, les gens meurent, et entre les deux ils vivent comme ils le peuvent, avec le vain espoir d'avoir une éternité de béatitude en récompense de leur labeur. Dites, les gens, la sueur, c'est pour aujourd'hui qu'il faut la verser, pour du concret, de l'authentique, de la Vie, et non pour le ridicule et prétentieux désir d'un niveau supérieur de conscience. A quoi bon vouloir le paradis, si ce n'est pas pour le partager dès maintenant? Il y a là un truc qu'il faudra qu'on m'explique...

Et le théologien de m'engueuler, de railler mon scepticisme maladif à coups d'arguments sur l'âme humaine, sur les bienfaits pour l'au-delà, sur notre capacité à avoir une vie meilleure en se préparant un trépas confortable... Fadaises! Baratin! Soupe à bigotes! Notre avenir se doit d'être celui auquel on aspire maintenant, pas celui qui me fera finir dans l'aspirateur à cendres d'un quelconque crématorium. Je me contrefous de préparer ma paillasse à l'éternité, puisque, déjà, j'ai du mal à la préparer au quotidien! Pourquoi préparer le futur quand le présent n'est même pas propre sur lui?

Je sais bien que la nouvelle année est un prétexte pour, en vrac, des bonnes résolutions sitôt énoncées, sitôt oubliées, pour s'échanger des voeux de bonne santé, pour se satisfaire d'une ripaille trop riche trop grasses, et même, suprême hypocrisie, pour se prendre une cuite au nom de l'année qui vient de disparaître. J'exècre les prétextes, je conchie les obligations, et je maudis les crétins qui pensent qu'il est de notre devoir d'enterrer dignement l'année écoulée. Question mise en terre j'ai eu plus que mon saoul, et je ne vois donc pas de raison d'aller chercher le marteau et les clous pour poser le couvercle d'un 2012 bien épuisant. A ce compte là, je préfèrerais me faire fossoyeur non autorisé, en balançant la dite année dans le premier fleuve venu, la boîte d'isorel lestée des pavés de tristesse qu'elle ma livrée en trop grosse quantité.

Et maintenant? Que vais-je faire? (Non! Je ne chanterai pas du Bécaud!). Me gausser des gens qui pensent que l'avenir renaît à minuit pétante? Me gondoler en écoutant les débiles qui vont décompter les secondes nous séparant du changement d'affichage de mon réveil? Bien sûr! Je vais forcément ironiser sur leur compte, sur l'imbécillité de cet acte de Foi, car, souvenons nous en, un calendrier n'est qu'une façon arbitraire de positionner notre existence sur une "éternité" qui nous dépasse. Et puis franchement, si du jour au lendemain, un scientifique nous annonçait sans frémir "le premier jour est celui du big bang, ce qui nous donne un premier jour de l'année un 15 mars...", qu'est-ce qu'on aurait l'air cons avec notre premier janvier, avec notre Noël du 24 décembre... non? Franchement, si c'est pour passer pour des idiots, autant que ce soit voulu. Donc, je et moi-même (schizophrénie assumée) décrétons que le premier jour de l'année est celui qui me conviendra quand je le voudrai. Donc, aussi bien le 15 mars, que le 14 juin, le 17 novembre, ou pourquoi pas le premier Janvier. Qu'importe la date, fêtons la non pour le renouveau et une nouvelle page dans le calendrier, mais simplement parce qu'on aura une bonne raison de fêter quelque chose. Mais fêter quoi alors, me demandera le cynique engoncé dans sa moquerie. Hé bien, triste sire prisonnier de ta mauvaise foi... Qu'importe! On ne fête pas la Vie, alors fêtons la!

Bonne année? Non. Bonne Vie. Bons Amours. Bonne chance. Bon Avenir!

27 décembre 2012

Nostalgie

C'est bizarre, ce genre de chanson me repasse dans les tympans avec un plaisir sans cesse renouvelé. Je sais bien que cela ne va pas toucher tout le monde, notamment celles et ceux qui n'ont pas connu une époque aujourd'hui révolue de l'informatique "8 bits". Déjà, rien que le terme doit en surprendre plus d'un, tant parce qu'il n'est pas usuel de parler de "bits" dans avoir l'air vulgaire, que parce que le côté technique de la chose n'intéresse qu'une partie congrue de la population. Cependant, pour les anciens comme moi, c'était toute une série de jeux vidéo à la sonorité simpliste, au style très dépouillé, mais avec énormément de profondeur. Alors, pour être clair, je me remets dans le casque ce truc ci-dessous:

C'est connoté ancien temps, et ça semble tout droit sorti d'un jeu vidéo des années 80/90! Oui, chers lecteurs, je suis un nostalgique de cette époque bénie où le jeu était avant tout un loisir, un délire de fanatiques qui s'adonnaient à la création en cherchant à outrepasser les limites des machines qu'ils utilisaient. Le jeu vidéo n'était pas l'industrie que nous connaissons, et encore moins les budgets aujourd'hui en jeu. On jouait, on prenait plaisir à le faire, et ceux qui programmaient le faisaient en songeant autant à leur plaisir qu'à celui de ceux à l'autre bout de la chaîne.

Moquez vous, rigolez donc... Mais finalement, quand vous mettez les pieds dans un magasin pour acheter un jeu, que recherchez vous? L'esthétique? Ca ne suffit pas. La durée de vie? Comme elle est majoritairement indigente, vous passez outre. La qualité de scénario? Ahhh, le scénario d'un "pan pan bestiole tuée"! Alors quoi finalement? Un loisir numérique capable de vous tenir en haleine, de vous offrir un challenge tout en n'étant pas nécessairement frustrant, et qui ne se finit pas en quelques minutes. C'est ça qui plaisaient et qui plaisent encore!

Alors, évidemment, comme tout business, il y a eu énormément de jeux pourris, d'atrocités sans nom dont parle fort bien le joueur du grenier. D'ailleurs, relevez qu'il y a énormément de vrai dans ce qu'il dit: surexploitation de licences, manque de finition, bref tous les travers que cette industrie peut engendrer. Et pourtant, je reste nostalgique de ces pâtés de pixels, du temps passé à potasser les journaux spécialisés (qui sont morts pour la plupart), à chercher à comprendre comment étaient faits ces programmes pour éventuellement y bidouiller quelque chose et obtenir "les vies infinies"! Allez faire un tour sur son site, et regardez donc ses critiques, et préparez vous à quelques gros fous rire. C'est idiot, cliché au possible, pétri de référence "à la con", mais c'est tout ce que j'aime, car on ne critique jamais mieux que ce qu'on aime...

Les tests rétro du joueur du grenier

Et une autre sur le talent

Avis aux sceptiques! (vidéo)

Vous vous dites "Les effets spéciaux, ça se voit"... Hé bien, bonne nouvelle, non, ça ne se remarque même plus!

Bon visionnage!

21 décembre 2012

C'est tout sauf la fin

Pas nécessairement. Franchement, qui se préoccupe encore de lire ou regarder l'actualité? Entre les élans stupides de gens croyant encore à une fin du monde ce jour, et ceux qui ne veulent pas la fin de leur monde mais de celui des autres, il y a de quoi faire un bon paquet d'holocaustes. Je suis donc là, à me gausser face à cette bande d'ahuris qui scrutent le ciel, ou inspectent leurs bunkers en attendant le désastre final. Il y a de quoi, non? De toute façon, s'ils ont raison, tous leurs effort se révèleront aussi vains que stupides d'ici quelques heures.

Pourquoi diable serait-il stupide de s'entêter à survivre? me dira le fondu de souterrain bétonné et cloisonné de manière étanche. Dis, après avoir passé une décennie à concevoir, construire, puis entretenir et alimenter ton petit paradis en forme de placard à torturer les claustrophobes, ça ne t'est pas venu à l'esprit que tes vivres seraient insuffisants pour durer des années, et qu'à ta sortie de ton vase de protection, que rien ne te garantirait de survivre au dehors? Ca semble pourtant d'une implacable logique: on ne peut pas fantasmer sur une survie individuelle si toute l'humanité quitte la scène en une seule fois. Désolé mon gars, mais ton bloc de béton, c'est de tombe qu'il te servira, et rien de plus.

Je note bien qu'il va me répondre qu'il vaut mieux survivre que de mourir bêtement. A cela je réponds que repousser une telle échéance, surtout pour finir par périr seul, sans espoir, sans le moindre contact possible avec d'autres survivants, j'appelle cela de l'acharnement (pour être dans le poli), ou plus honnêtement de la connerie pure et simple. Je suis méchant? Parce qu'il y a un intérêt à vivre en solitaire? Sorti des rares ermites dans l'âme, tous les autres seront alors confrontés à la solitude, aux problèmes psychologiques que cela engendre, avec même un potentiel de suicide fortement accru. Mais ce dernier point me semblerait plus que salutaire, au titre que cela éviterait que l'humanité reparte avec pour patrimoine des paranoïaques et autres membres de sectes obscures.

Un peu de bon sens mes amis. La Mort, la fauche, la garce à la faux affûtée fera ce qu'elle voudra de nous, que cela vous plaise ou non. Une marche d'escalier glissante, une voiture s'oubliant au feu rouge, un météorite sur la tronche, ou encore (pas de bol là par contre) un pot de pétunia malencontreusement tombé du dixième étage, et hop, l'existence se termine. Triste ironie: naître pour mourir... Comprendre par là qu'il n'y a d'issue que dans la tombe, ou tout du moins pour celles et ceux qui ne veulent pas finir dans un cendrier. Remarquez, ces dingues de la sécurité, ces allumés vénérant un calendrier périmé et potentiellement faux, ils auront donné du boulot aux entreprises du bâtiment, et, luxe suprême, réussis à me faire me marrer en voyant des reportages sur leur existence à la télévision. Je me dis alors que je ne suis pas si cinglé que ça!

Et puis merde. Si le monde doit disparaître, alors qu'il le fasse correctement, en emportant aussi ces malades qui croient encore à leur destin. Ah mais j'ai failli oublier! Ils pensent avoir pour devoir de repeupler la terrre! Ah non! Seigneur, si Votre idée est de nous anéantir, faites en sorte d'embarquer en premier tous ces débiles. Je ne veux surtout pas qu'ils puissent me survivre, et encore moins devenir l'avenir. L'idée est bien trop nauséeuse pour m'être tolérable. Et par pitié, par charité pour tous nos génies vivants ou disparus, faites surtout qu'il n'y ait aucun survivant. Ce serait une poisse de survivre "par accident", ou de mourir "préparé", non?

Cruel dilemme... survivre, périt dignement, pleurer, hurler, ou juste constater que, chier de chier, il ne se passera rien. A demain, si vous l'voulez bien!

19 décembre 2012

Passe moi le sel

Non, je n'ai pas évoqué le sel pour éveiller mes papilles passablement anéanties par mon tabagisme, ni même pour soutenir une quelconque traque à la malbouffe dont les annonceurs se font l'écho. Non, si je songe au sel, c'est surtout suite à l'expression "mettre son grain de sel" qui m'amuse tout particulièrement. Ah, l'idée de gripper toute une belle mécanique avec un tout petit rien, de saboter un repas d'une simple pincée de ce produit blanc! Je sais, c'est méchant, inutilement méchant voire même stupide, mais reconnaissez le, vous avez déjà envisagé d'utiliser à tort et à travers la salière, rien que pour le plaisir malsain de voir se déformer les traits d'un con-vive trop regardant avec son assiette.

Saler, sucrer, ajouter du poivre... Qu'importe! Le jeu est de se dire qu'on peut très facilement pousser au désastre les choses les plus complexes, et cela rien que pour l'autosatisfaction. Prenez donc l'ahuri qui, au détour d'une soirée trop arrosée, urine sur une ligne à haute tension. On ne peut pas parler de sabotage, car le personnage y laisse sa propre carcasse dans un éclair de lumière, et au surplus fait sauter les plombs aux alentours. Là, ce n'est donc pas un grain de sel dans une situation, c'est juste de la bêtise crasse bien ordinaire. En revanche, le type qui, volontairement, se pointe avec des câbles d'acier, les balance en toute sécurité sur les mêmes lignes, et disparaît sans laisser de trace, il y a là volonté de nuire, se faire suer ses contemporains, bref de créer du bordel ambiant avec trois fois rien. Ca, c'est du grain de sel mis dans la soupe supposée fade qu'est l'existence!

Notons que cette attitude de saler les choses peut être identifiée partout. Entre le roi du ragot qui vous pollue une discussion en lançant de manière pernicieuse des rumeurs, celui se délecte du dénigrement d'autrui, ou encore celle qui a pour seul plaisir dans sa vie que de se venger sur les défauts des autres, il y a de quoi faire concernant la quantité de sel mise dans nos gamelles. On fait avec, on écoute avec considération et charité, alors qu'il serait plus de bon ton de mettre un terme immédiat à la chose en grognant un "ta gueule" bien senti. Cependant, on ne peut guère s'y résoudre, faute de pouvoir conserver un entourage décent. Hé oui: la médisance volontaire est une façon très humaine de vomir ses propres frustrations, de tailler en brèche les autres en se disant "finalement, ils sont pire que moi". Raté! Etre pire que celui qui salit les autres, cela devient franchement difficile, même si le sport devient curieux quand les gens s'échangent des coups par rumeurs interposées. Là, c'est donc la guerre du grain de sel... Sacré foutu grain quand même, car parfois cela mène à des homicides. Je me demande comment vendre ça aux assises d'ailleurs. "Elle n'avait pas à mettre son grain de sel". Ce serait une réplique d'anthologie pour tout juriste amateur d'ironie de prétoire.

Plus on s'avance dans la connaissance, moins celle-ci se révèle suffisante. Cette phrase (de moi) résume fort bien notre situation. Plus on en sait, plus on voit les domaines où l'humilité serait une bonne chose pour nous pousser au silence. Or, malheureusement, l'Homme a un goût immodéré pour la vacuité du propos. Tu ne sais rien? Mais tu vas parler! Et le pire, c'est que les dits bonimenteurs sont convaincus d'avoir LA réponse, la bonne, universelle, immuable et pouvant s'épingler à tous les revers de costume. Qui n'a pas croisé le radical qui s'étiquette de lui-même sans ambiguïté dans un courant extrême? C'est un petit bonheur que de l'écouter vociférer, rendre sa béquée bien assimilée sous forme de tirades prêtes à l'emploi. Enfin un bonheur, tout est relatif, encore faut-il aimer les clichés et les inepties et autre imprécisions confortables dont ils font souvent preuve... Mais là, c'est un autre débat.

Et moi, je me pose là, en face de ce profil, de cet ignare armé de son inculture, et m'amuse à sortir la salière, la bonne vieille salière de bistrot, l'inusable, l'incassable... Et je saupoudre sa mécanique intérieure à coups de questions méchantes, de remarques cyniques, et de petites piques bien senties; Un fasciste convaincu? "Dommage que le Duce n'ait pas été entouré de types aussi convaincus que toi". Un nationaliste aveuglé par ses convictions? "C'est sût, une France expurgée de tout ce qui n'est pas Franc, ça laisse un territoire vide à plus de 70%". Une sotte qui tente de me faire avaler des idéaux sociaux radicaux? "Ah oui, j'ai lu un truc intéressant là-dessus... Le manifeste du parti communiste. Il paraît qu'on a essayé de mettre ça en oeuvre en URSS et en Chine, et que ça fonctionne encore en Corée du nord".

Oui je suis méchant, j'aime coller du sel dans la tambouille des autres!

Chère violette, peux-tu me passer la salière? Il y a l'UMP qui en redemande!

10 décembre 2012

Soyons corporates

Juste une petite vidéo (issue d'une série de trois vidéos que je distillerai au fur et à mesure...).

Hé oui, je suis "corportate"!

Bonne vidéo.

07 décembre 2012

Combattre l'oubli

On est le 7 Décembre, et peu de gens en France feront un quelconque rapprochement historique avec cette date. Les Américains, eux, se souviendront probablement de Pearl Harbor, de cet évènement qui a été la première (et dernière jusqu'au 11 Septembre) véritable agression de leur souveraineté par les Japonais. Est-ce que cela a la moindre importance, le moindre sens pour nous autres? Est-ce qu'il est important de célébrer de tels évènements, de les marquer sur un calendrier, voire de faire une fête nationale au nom du souvenir?

Ne me le demandez pas, je réponds impérativement oui, sans concession, sans la moindre hésitation. Oui, nous sommes tenus de nous souvenir, de ne surtout pas laisser les limbes dévorer la mémoire de notre Histoire, parce que l'oubli est criminel, l'oubli, c'est détruire à tout jamais les sacrifices et la valeur des évènements. "Celui qui oublie est celui qui refera les erreurs du passé", et rien n'est plus vrai quand on parle de l'histoire de l'humanité. Agresseur, agressé, envahisseur, criminel de guerre, bouchers, barbarie, cruauté, victoires, défaites, ce ne sont pas que des mots, c'est aussi du sang et des larmes, de la sueur et des horreurs vécues au quotidien par énormément de personnes différentes.

Je ne peux que me méfier de celles et ceux qui veulent supprimer des jours de commémoration. Oui, les derniers poilus sont morts, il n'y a plus personne qui peut parler de l'expérience des tranchés. Mais doit-on oublier ces millions de morts pour rien?! De quel droit va-t-on balayer l'histoire d'un revers de la manche sous prétexte que plus personne ne peut en parler de vive voix? Je suis outragé de constater qu'on puisse revendiquer de telles idées dans un pays qui doit sa situation actuelle à un siècle d'histoire tourmentée: Deux guerres mondiales, des guerres de décolonisation, des conflits sociaux, des révolutions sociales, des progrès techniques énormes, et on devrait donc dire "Puisque c'est trop vieux, on oublie"?! Outrage! Insulte à la mémoire des disparus!

Je ne peux pas m'empêcher d'être en colère contre les vendeurs de mémoire, ceux qui instrumentalisent le souvenir pour en faire des outils politiques et des chantages moraux. On ne demandait pas aux poilus leur obédience, on les alignait dans des trous d'homme pour qu'ils tuent ceux d'en face. On n'a pas expliqué aux conscrits de 40 que la désorganisation chronique de l'armée Française la mènerait au désastre. On n'a pas demandé l'avis des STO sur le poste qu'on leur donnerait. On n'a pas dit aux veuves de guerre qu'elles seraient ensuite soupçonnées d'avoir fricoté avec l'occupant. On ne nous a pas dit à nous, petits enfants de la génération de 40, s'ils étaient ou pas du bon côté de la barrière. Non. Je ne veux pas d'une histoire outil, je ne veux pas d'une morale forcée, je veux d'un monde où l'on assume le passé, où l'on vit le présent, et où l'on construit le futur. Et ce n'est pas à me bourrant les tympans d'un souvenir d'actions dont je ne suis pas le responsable qu'on me fera prendre conscience de la dureté de ce souvenir; A celles et ceux qui sont sortis vivants des camps de concentration, je vous dois respect et sollicitude. A vos petits enfants qui veulent se servir de vos souffrances pour me faire du chantage, je réponds "merde".

Oublier, c'est tuer. Oublier un prisonnier politique, c'est le condamner à mort. Oublier les dates du passé, c'est nous condamner à revivre les mêmes atrocités. Aujourd'hui, on ne peut que le constater avec horreur: La Syrie est oubliée du grand public, et la guerre civile continue. Nous oublions de regarder ce qu'il se passe à l'étranger, parce qu'on s'en fout... jusqu'à ce que nous soyons mis en cause comme pour le Rwanda. Oublier, c'est peut-être même plus criminel que de collaborer, parce que la collaboration peut être forcée, tandis que l'oubli est un choix personnel, raisonné, choisi pour une question de confort et non de conscience.

On garde des milliers de prisonniers politiques de par le monde. Les Soviétiques ont même effacé le souvenir de héros de guerre, simplement parce qu'ils ne semblaient plus être à la hauteur du modèle "moral" dont ils étaient les symboles. On a mis en prison des hommes et des femmes dont le seul crime est d'avoir résisté à l'occupant. Alors, les oublier? Jamais. Ne jamais oublier chaque jour, chaque seconde que nous avons devant nous est un cadeau fait par nos prédécesseurs. Nous vivons actuellement un miracle historique dont peu semblent avoir conscience. Cela fait maintenant 70 ans que l'Europe n'est plus en guerre. C'est probablement une des périodes les plus longue de paix connue par notre continent. Et tout le monde semble s'en moquer, et se préoccuper d'un "comment faire la guerre économique avec nos voisins". Bande de pourris. Bande de débiles je dirais même. Vous avez oublié les causes de la première guerre mondiale. Et le premier idiot qui me sort que c'est à cause de la mort d'un archiduc je le colle au pilori! Les pays du monde se sont préparés un arsenal, se sont cherchés des raisons de se faire la guerre, et le prétexte a été parfait pour commencer les hostilités. Economie, politique, bellicisme, protectionnisme au nom du nationalisme, ça ne vous semble pas familier?

Vous oubliez, nous subirons tous. Vous vous souviendrez peut-être de cette ironie au mauvais moment, quand vos enfants vous reprocheront de ne pas avoir eu les yeux ouverts. Je répèterai sans relâche: souvenez vous. Conservez, n'ayez pas peur d'évoquer le passé. Ce n'est qu'en montrant le résultat des erreurs qu'on peut les éviter. Assumons ensemble, marchons ensemble, et non chacun dans une direction ne menant qu'au mur de l'incompréhension mutuelle.

04 décembre 2012

La vie.com

On n'arrête pas le progrès, enfin il paraît. On nous martèle qu'on est des hommes "modernes", évolués, et qu'on n'a jamais eu autant de technologies différentes à notre service. Fort bien, je concède sans difficulté que la visiophonie était un fantasme jusqu'à tout récemment, que le net n'avait même pas été rêvé il y a quelques décennies, et qu'on a accès à l'information de manière hallucinante... mais sommes nous servis par la technologie, ou bien sommes-nous les serviteurs de celle-ci?

Je sais bien que les esprits chagrins me diront qu'ils n'ont pas d'addiction, qu'il n'y a pas d'obligation, et que surtout ils peuvent se passer de leurs produits électroniques. Ah bon? Plaisantins et menteurs, écoutez attentivement ce qui va suivre. Tentez donc de postuler à un emploi sans être joignable sur un téléphone mobile, tentez d'accéder à l'information sans une adresse de courrier électronique, ou essayez donc de ne pas être dans le moule "moderne" en vous refusant d'être inscrit sur facebook et consoeurs, et nous en reparlerons. Nous sommes devenus non plus des consommateurs, mais des prisonniers d'une geôle que nous avons tous accepté!

Aujourd'hui, une élection, un évènement médiatique, ou même une situation privée comme une naissance, tout passe par ces technologies de l'information. On ne va plus voir le mouflet qui vient de rejoindre notre enfer, non, on savoure d'abord sa trogne par messagerie, on a le droit à la vidéo qui va bien sur youbidule ou bien dailymachin, et comble du ridicule, on ne daigne même plus appeler par téléphone, puisque les systèmes vocaux de la toile permettent de le faire depuis son PC! Magnifique non? Alors donc, ces trucs farcis de silice et de cuivre contiennent notre vie sociale et sentimentale, ainsi que notre vie professionnelle... Mais à part ça, non, nous n'avons aucune addiction pour tout ça.

J'aime me moquer des prétendus "geeks", celles et ceux qui revendiquent une attitude à la mode qui serait, apparemment, totalement tendance. Petit rappel: être accroc à la technologie n'a rien de glorieux, puisque c'est généralement un signe de non intégration sociale! Alors, un "geek" fier de l'être, cela me semble quelque peu ridicule, voire hors de propos. Oui, il y a le "geek", le type qui connaît énormément de choses différentes, qui s'intéresse de près aux nouvelles technologies, qui sait comment elles fonctionnent, et même comment les détourner ou s'en affranchir. Celui là, en général, c'est celui à qui vous demandez de réparer votre ordinateur, qui va vous guider dans l'achat d'une tablette ou d'un téléphone portable, et qui saura vous installer des applications parfaitement inutiles et donc indispensables. Donc non, être prisonnier de face de bouc n'est pas être geek, c'est juste être "dans le mouvement".

Ah aussi, à tous ceux qui pensent que cette mode a un sens, j'aimerais faire quelques précisions complémentaires d'une importance néanmoins capitale. Le geek sait ce que représente d'être asocial à cause des technologies. Généralement, il en est revenu assez blasé, cynique concernant la nature humaine, et de ce fait sera réticent à entrer dans les réseaux sociaux virtuels (qui n'ont de sociaux que le nom d'ailleurs). A partir de là, il fera tout pour s'éloigner des modes, des choses trop jolies pour être vraies, et semblera un peu harpie face à tous les avantages supposés du réseau à outrance. Donc, si vous avez quelqu'un qui se dit "geek", c'est qu'il ne l'est pas, car le geek ne tirera aucune fierté d'avoir fui les relations humaines.

J'adore donc ces discours, cette présentation du "C'est trop bien d'être un geek". Tas d'idiots changeant de style comme de chemise, le vrai geek, le robuste, le "qui sait", il ne porte pas que depuis six mois un amour immodéré pour certains vieux jeux. Il les a majoritairement vus quand ils sont sortis (et non maintenant parce qu'il est à la mode de rejouer aux vieilles consoles de jeu). Le vrai geek, il ne porte pas un t-shirt "rigolo" depuis quelques mois, il les porte parce que c'est plus pratique d'avoir un t-shirt qu'une chemise, et qu'il est de bon ton de lier l'utile à l'agréable. Le vrai geek, il aura obtenu une culture diverse et variée parce que, contrairement au geek d'opportunité et de mode, il aura creusé les sujets dont il parle, il fera des rapprochements entre divers domaines, et ne s'arrêtera pas à la surface des choses... Ce qui le rendra sacrément cynique concernant la nature humaine. Hé oui: le vrai geek n'est pas candeur et jeux vidéos. Il est plutôt noirceur et jeux vidéos...

Bref, je me moque, parce que les vrais accrocs à la technologie, ceux qui se pensent geeks sont celles et ceux qui ne se rendent pas vraiment compte du risque à devenir un esclave de nos chers écrans. On aura beau avertir le monde qu'il y a une obligation de prudence à avoir vis-à-vis des informations circulant sur la toile, on aura toujours le petit prétentieux, croyant à tort maîtriser ce monde dont il ne connaît finalement rien, qui viendra dire "Mais non, c'est sans risque!"... pour l'entendre gémir, six mois plus tard "Pourquoi cette foutue photo de moi à poil circule encore!".

Bienvenu dans le monde.com les enfants!