30 juin 2011

Terrorisme virtuel

La science fiction s’est souvent empressée de nous faire peur avec la menace potentielle d’une intelligence artificielle susceptible de nous anéantir. Ainsi, robots et ordinateurs devenaient des ennemis héréditaires, et nous devions payer le prix de nous êtres pris pour « Dieu ». D’ici à ce que l’IA devienne réellement capable de se retourner contre nous, notre dépendance au numérique n’a eu de cesse d’augmenter, à tel point que tout problème dans le virtuel a des impacts monstrueux dans le réel. Imaginez donc des situations comme le contrôle aérien devenant sourd et aveugle sans informatique, le monde de la banque sans flux informatiques, ou encore la téléphonie devenant muette faute de réseau numérique en état de marche. Concrètement, sans ordinateurs, notre monde moderne ne fonctionnerait que très péniblement, voire pas du tout. (Petite anecdote : les phares de nos côtes ne diffusent plus en morse depuis quelques années, tant parce que l’informatique a supplanté les radios, que parce qu’il y a de moins en moins de marins capables de le comprendre. En cas de panne informatique…).

Pourquoi revenir sur cette paranoïa du naufrage des réseaux ? Parce qu’ils ne sont plus seulement des vecteurs de données, mais également des modes de communication de l’idéologie. A l’instar du monde réel, la toile est dorénavant un lieu de manifestation, de revendication, et même de terrorisme numérique. Tous les phénomènes à la marge de la société réelle sont donc présents dans le numérique : vols, vandalisme, chantage, propagande, flicage, censure… Tout ceci existe tant dans la rue que parmi les serveurs qui font la toile mondiale que nous nommons le web. En conséquence, s’il y a du potentiel de destruction, celui-ci sera forcément exploité par quelqu’un ; or, c’est là le nœud du problème, la véritable crise profonde que pourrait connaître nos réseaux, à savoir d’être menacés en permanence par du cyber-terrorisme. Jusqu’à présent, cela semblait être encore des vues de l’esprit, parce que les pirates les plus notoires agissaient plus pour se faire un nom, que pour revendiquer quoi que ce soit. Maintenant, le piratage (« hacking ») fait partie de l’arsenal des vindicatifs.

Lulz et Anonymous, deux groupes de pirates sur le devant de la scène
Lulzsec est mort, vive Antisec

Il est donc maintenant évident que le virtuel a su faire émerger une « nouvelle » méthodologie de revendication. Je pointe bien entre guillemets, car si les méthodes sont très différentes, les objectifs restent les mêmes que pour le terrorisme « réel » : faire peur, faire prendre position, voler des informations, détruire des cibles sensibles et/ou médiatiquement intéressantes. De là, on ne peut que remarquer l’absence quasi complète de doctrine ou de tête pensante pour les groupes du web. Pourquoi ? Probablement de par les disparités d’âge, de connaissances des problématiques politiques et légales, et donc potentiellement des actions menées par des gamins en mal de sensation fortes, plus que des combats menés par des gens déterminés.

L’anonymat de la toile permet de regrouper des compétences très disparates, ceci pour former une certaine force de frappe. De là, qui dirige ? Le monde des spécialistes dénonce un manque chronique de ciblage et d’étiquette, à tel point que cela décrédibilise les actions de ces groupes, et que cela invite à penser que les membres de ces groupes de pirates ne respectent que très peu une véritable direction, et qu’ils agissent tout au plus ensemble quand il y a un objectif plus « gros » que les autres (comme mettre à genoux les services de la CIA). Qu’en est-il, d’un point de vue efficacité ? La masse réussit contourner la relative faiblesse organisationnelle, et l’hétéroclite assemblage de connaissances technique doit sûrement élever les plus « mauvais » au niveau de la moyenne. Toutefois, je suis certain qu’il y a déjà une sélection drastique pour filtrer le plus possible celles et ceux qui veulent adhérer que pour se dire membre, plus que pour agir comme une force vive du mouvement.

Mais, quel mouvement ? L’inexistence d’objectif clair m’inquiète énormément. Pour le moment, il y a une part de « respect » de la part des chroniqueurs de la toile à l’encontre de ces pirates, surtout parce qu’ils sont intervenus dans les débats pour aider des causes qu’ils jugent juste. Le problème n’est pas la justesse d’une cause, ce sont les moyens d’y parvenir qui peuvent devenir détestables. Tant que ce sont des entreprises, cela ne traumatise personne, mais que ferons-nous s’il s’agit de nos données bancaires (ce qui est déjà le cas avec le piratage des serveurs de Sony), ou, pire encore, de documents comme les certificats d’immatriculations de nos voitures, ou encore les numéros de série de nos pièces d’identité ? Tout à coup, les oreilles se lèvent et s’inquiètent, mais est-ce que cela ne sera pas trop tard ? Nous ne pouvons décemment pas faire confiance à une sorte « d’internationale du piratage », surtout pour défendre nos intérêts.

Trop de personnes pensent que l’impact du virtuel sur le réel est minime, anodin, et qu’un serveur se répare, se change, se met à jour… Rien n’est moins vrai malheureusement ! Je vais prendre un exemple assez parlant : imaginez que des pirates mettent à mal l’informatique gérant la régulation du trafic ferroviaire, et que cela ne soit pas immédiatement détecté (comme souvent, pour peu que le serveur réponde encore aux commandes, quant bien même ces réponses seraient erronées !). A minima, ce serait alors une immense pagaille, avec des trains bloqués sur des voies imprévues, d’autres envoyés à des dizaines de kilomètres de leur destination, des horaires non respectés, et, au pire, des collisions entre trains se retrouvant sur la même voie. Cela n’a plus rien d’un jeu là : le temps de résoudre la panne informatique, combien de temps sera ensuite alloué à solder les retards, à relancer toute la machine industrielle qu’est le réseau ferré ? La plaisanterie ne me fait plus rire du tout.

Les gouvernements n’ont malheureusement pas d’interlocuteur face à eux. Quand un piratage se produit, il s’agit bien d’une nébuleuse mondiale où nombre de personnes resteront impunies, puisque intouchables par la justice des états pris pour cible. C’est pour ça que les réseaux tels que Interpol travaillent de concert, de sorte à piéger un maximum de « responsables ». Dans le virtuel, qui est responsable d’ailleurs ? Celui qui aura adhéré, aidé ? Non : la technologie permet de faire de toute machine perméable en terme de sécurité, de devenir un esclave virtuel. (Je vous invite à lire l’article sur les Botnet de wikipedia). Nous sommes donc tous susceptibles d’être pris pour les terroristes virtuels, ou simplement de passer pour des complices, alors que nos chères machines sont simplement contaminées par des virus.

Enfin, ce genre d’actions n’invite absolument pas les états à faire confiance à l’anarchisme général de la toile. Au contraire, c’est même une incitation à la censure, au contrôle des réseaux, au flicage afin de s’éviter trop de dérives. A mes yeux, les mouvements d’action comme les Lulz ou les Anonymous sont aussi dangereux que n’importe quel groupe terroriste, et leur vouer une forme de culte comme le web a tendance à le faire (« Ah ouais, sont bons ces gars là ! ») est dangereux au possible. Les meilleures raisons ne donnent pas le droit d’user des plus mauvaises méthodes. Soyons raisonnables, et n’espérons pas faire bouger le système de la sorte, sauf à le vouloir plus strict, fermé et oppressant.

28 juin 2011

Populisme exacerbé

J’ai beau ne pas apprécier l’attitude générale de nombre de journalistes, je dois concéder que je me renseigne souvent auprès des organes de presse à travers le net, tant parce qu’il est plus simple de consulter une page déjà alimentée que d’aller soi-même à la pêche hasardeuse aux informations. De fait, quand je clique sur un des liens et que je m’attarde sur un texte, j’en tire parfois quelques enseignements, ou alors je relate les mêmes faits en citant, bien entendu, ma source. Malheureusement, je constate également un phénomène insidieux et dangereux qui tourne autour de deux actes : le populisme de masse et la création d’un climat d’insécurité permanente.

Dans un premier temps, je me suis simplement inquiété du fait que nombre de faits divers, si tristes soient-ils, se retrouvaient en tête de liste des évènements du jour, ceci au détriment notable d’évènements mondiaux au moins aussi importants. Ca ne remettait pas en cause les drames sociaux et familiaux relatés dans ces histoires, mais cela me causait une désagréable impression qu’on substituait à l’information le sensationnalisme des pires feuilles de choux de la place ! Par la suite, j’ai observé une dérive malsaine menant carrément au sensationnel, au voyeurisme le plus glauque. On me dira que je suis méchant et cruel, mais prenons ces derniers jours… Sur quoi tourne l’actualité ? Sur l’agression d’une gamine de 13 ans par un préadolescent à peine plus âgé, entraînant la mort de la première. Dramatique, triste, insoutenable, cette violence est évidemment inacceptable, mais est-ce une raison pour qu’on ait le droit à un reportage QUOTIDIEN, et même (comble de la folie médiatique) à un reportage plus poussé de dix bonnes minutes dimanche sur TF1 ? A ce que je sache, la situation semble relativement claire, et il y a des tribunaux pour faire la lumière sur ce qu’il s’est vraiment passé, et pas à la foule d’être matraquée par ce carnage social !

Que penser de l’acharnement à parler des cités dans les pires termes possibles ? Oui, Sevran n’est pas les beaux quartiers de Neuilly, pas plus que Neuilly n’est aussi gangrené par la violence que pouvait l’être Sarcelles, mais n’est-ce pas là un travail de fond à faire avec les élus et les forces de l’ordre, plutôt qu’un gagne-pain pour les journalistes en quête de frayeur chez les petits vieux campagnards. Quoi de mieux pour éveiller le vote sécuritaire et la xénophobie ? J’ai en horreur cette façon de faire, d’autant plus quand elle classe tout le monde dans le même panier, sans même se préoccuper si, par malheur, ce ne sont pas les habitants des dits quartiers qui souffrent en premier de la situation. « Facile hein, ce sont tous ou presque des immigrés, donc c’est leur faute. ». Ca fait bien dans une brève de comptoir, moi, personnellement, ça me donne franchement la nausée. Enfin bref, observer un tel désastre n’est pas difficile en soi.

Dorénavant, la logique des grands porteurs de médias et d’information est de rendre les gens plus stupides qu’ils ne le sont… Ou bien s’adresseraient-ils à ce que nous sommes vraiment, à savoir des idiots qui n’attendent qu’une opportunité pour s’abêtir et se vautrer dans la bêtise la plus crasse ? Regardez donc attentivement le menu coulissant en plein milieu de la page d’accueil de yahoo, et frémissez :
L'Accueil sur yahoo.Fr

Un truc fou : les choses mises en avant (au moment de la rédaction de cet article) sont :

On voit quoi ? « Qu’est devenue Sabrina ? » (si, vous savez, la donzelle qui a séduit non par sa voix mais par ses seins), « l’assiette pour ne pas grossir », « Euro millions ce soir », et « Epargnez sans effort » !
Donc comprendre :
Sabrina : les hommes sont des obsédés
L’assiette pour ne pas grossir : les femmes et les hommes doivent forcément maigrir pour la plage
Euro millions : tas de fauchés, vous n’avez pas de fric, allez dépenser les derniers sous qu’il vous reste dans une loterie. Ce n’est pas nourrissant, l’espoir, mais ça maintient en vie il paraît.
Epargnez sans effort : ben tiens, tu es au chômage, tu as du mal à joindre les deux bouts, mais on va t’expliquer comment filer tes rares économies à des escrocs capables de te vendre des taux d’intérêts improbables.

On nous prend vraiment pour des cons là, non ? Et le pire, c’est que les informations importantes, celles de notre monde, sont en dessous, mais sans la moindre mise en avant esthétique. Comme quoi, la cible que nous sommes est bien celle des cons passionnés par le ridicule et le superfétatoire. A part ça, tout va bien dans le meilleur des mondes…

27 juin 2011

Canicule

Je déteste les trop fortes chaleurs. Je les hais, je les honnis car elles transforment mon quotidien en antichambre de l’enfer. Quel « plaisir » de traverser la capitale dans les transports en commun où, justement, la première chose mise en commun est l’odeur de aisselles respectives. Quelle « joie » de se sentir oppressé par la chaleur étouffante de voitures mal ventilées, et d’écouter les gémissements plaintifs de la foule qui ne supporte plus cette situation. De quoi être enchanté par ce trajet. Et là, ce n’est que la première étape, parce qu’ensuite se déplacer devient en soi un calvaire. Imaginez un peu : tout mouvement dans la rue prend la forme d’un jeu vidéo où le but avoué est de rester le plus longtemps possible à l’ombre, ceci afin d’éviter le coup de soleil, voire même le malaise ! Agréable, non ?

Lorsque le thermomètre s’emballe, c’est toute la société qui trinque. Depuis 2003, les gens semblent « enfin » se rendre compte que les énormes chaleurs sont susceptibles de tuer. A croire que la France ignorait même qu’une trop forte montée du mercure était assassine. Enfin bref, qu’on soit jeune, vieux, fort, faible, la canicule est une chose redoutable pour la santé, et mis à part le fait de devoir éviter d’être directement exposé, je ne vois pas vraiment d’issue. Il faut dire que la chaleur est une chose infâme. Autant le froid, on s’habille, on empile les couches de vêtements, autant la chaleur, excepté la climatisation vorace en énergie, il n’y a guère de remède. Ceci dit, les Français se sont empressés de faire visiter aux petits vieux les morgues réfrigérées, alors il y a peut-être un signe de progrès social à y voir, non ? (Bon, je plaisante bien entendu… quoique).

Au-delà de l’aspect physique, la chaleur a un autre pouvoir désagréable qui est celui de pousser les gens à la violence ; Une fois un certain seuil passé, l’humain semble plus aisément tenté par la brutalité et la haine. Prenez une route bondée, où le bouchon quotidien prend un peu plus de temps à se décanter. En hiver, point d’insultes (sauf à tenir compte des quelques abrutis qui, malheureusement, trouveront le moyen de grossir les chiffres de la sécurité routière), une attente pénible mais supportable ; ajoutez une bonne canicule, et là, c’est l’engueulade et le concert d’avertisseurs garanti ! Nombre d’études tendent même à démontrer que la violence augmente proportionnellement à la température, à tel point qu’il serait presque possible de pousser une foule aux débordements, simplement en s’assurant qu’elle ait trop chaud. Vicieux comme excuse tout de même : « J’ai craqué, je suis devenu fou à cause de la chaleur ». Est-ce défendable ? Allez savoir.

Ceci dit, après mûre réflexion, l’été et ses grosses chaleurs n’ont pas que des désavantages, et ce surtout pour la gent masculine. Reconnaissons le d’emblée messieurs, ne jouons pas les hypocrites : quand il fait chaud, nous apprécions le spectacle féminin des pantalons devenant robes d’été, jupes, des vestes devenant débardeurs… Finies les strictes combinaisons d’automne et d’hiver, et bienvenue à la nouvelle collection d’été qui fait chatoyer les couleurs ! Chaque été, c’est la renaissance des pastels, comme si l’hiver avait préservé ces teintes dans une sorte de cocon discret mais bien présent, et que le thermomètre était la clé vitale pour réactiver le chatoyant des vêtements. Chacun tente alors vêtu avec finesse et légèreté, et c’est là qu’on voit que la France est vraiment un pays d’élégance et de style : jamais identiques, jamais copiées, chaque femme se donne les moyens d’être jolie et à l’aise, chose que nous autres, les hommes, ne pouvons que leur envier. Aucune chance qu’on m’accepte au boulot avec un bermuda ou un short, encore moins en jupe ou en robe légère. Et je ne parle même pas des godasses où l’homme est hors jeu. Jamais mon patron n’acceptera que je me pointe avec des sandales, alors que bizarrement, une jeune femme en aura pleinement le droit, sans que quiconque lui en fasse remontrance. Comme quoi, l’été aura au moins le mérite de me faire apprécier la mode !

24 juin 2011

Ils se retirent

En observant la situation en Afghanistan, et suite aux déclarations des deux présidentiables que sont Obama et Sarkozy, on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire amer, ou alors de choisir l’attitude comique et moqueuse qui sied si bien à la chronique politique. Ainsi, entre émettre un avis très analytique et une moquerie plus ou moins bien pensée, mon cœur balance sincèrement. Alors, que choisir ? Comme l’avait dit Desproges en son temps, « Tout est une question de choix : ça commence avec la tétine ou le téton et ça finit avec le chêne ou le sapin. » Pour ma part, j’ai vraiment du mal à dissimuler ma moquerie, tout comme j’ai des difficultés à la laisser s’exprimer face aux conséquences désastreuses que le retrait des troupes Américaines et Françaises va donner là-bas.

Il y a pratiquement dix ans que j’ai pu voir, comme des milliards d’humains, les deux tour s’effondrer à New-York. On a ensuite tous vu le déclenchement des hostilités en Afghanistan, avec la chasse aux talibans, la chasse à Ben Laden, pour au final arriver, en 2011, à la revendication de sa mort. Mis à part la médiatisation du terrorisme islamique, où en sommes-nous arrivés ? L’analyste va d’abord égrainer la chute d’un régime totalitaire, la « sécurisation » du territoire, ainsi qu’une forme de démocratie avec des élections (sous contrôle). Le comique, cynique et froid, ira dire à la cantonade « Ah, les talibans ! Avec eux, les femmes étaient prisonnières, mais les trafiquants de drogue étaient massacrés. Maintenant, avec les Américains, les femmes sont un peu moins prisonnières, mais les trafiquants refont fortune ! ». Et c’est hélas vrai : l’Afghanistan est aujourd’hui le premier producteur mondial de cannabis et d’opium (89% de la production mondiale de stupéfiants provient d’Afghanistan, sur lepost.fr). Entre 2001 et 2009, la production d’opium est réapparue, ceci pour alimenter tant la « résistance » que les agriculteurs locaux, faute d’une autre source de revenus. Alors ? Une réussite cette guerre ?

Ensuite, on pouvons regarder avec une certaine circonspection ceux qui affirment que la guerre contre le terrorisme international se révèle efficace. Je crois honnêtement qu’il s’agit là d’une chimère, notamment parce que le principe fondateur de Al Qaeda a toujours été celui des cellules : pas de chef centralisé (sauf à considérer une icône comme Ben Laden en tant que dirigeant du mouvement), aucune stratégie clairement établie, et une capacité à frapper au cœur de toutes les nations du monde. Nous nous faisons énormément d’illusions sur la capacité à centraliser les actions violentes, et encore plus à faire croire à la foule que Al Qaeda serait une sorte de gouvernement souterrain. Tout au plus la mouvance a su créer une émulation chez nombre d’extrémistes en quête d’une étiquette médiatique visible, mais en contrepartie la médiatisation a donc engendré une génération de terroristes sans véritable direction, et donc autrement plus dangereuse et difficile à pister. Le cynique, lui, va annoncer ainsi la chose : « Les Russes ont voulu faire manger du bortsch aux Afghans. Ca a été un bide. Les USA ont tenté d’implanter le hamburger dans leur alimentation. Ca a foiré. Et les Français alors ? S’ils ont tenté de leur refourguer les cuisses de grenouilles et les escargots, pas étonnant qu’on doive se barrer en vitesse ! ».

Dans l’absolu, le pays n’a d’autre visage que celui qu’il a depuis trente années : pas de véritable état, une présence étrangère quasi permanente (en sachant que les talibans sont pour majorité issus du Pakistan), des guerres intestines entre familles et tribus, et le tout envenimé par des actions militaires incompétentes. Qu’est-ce qu’on espérait faire là-bas ? Apprendre aux Afghans à s’aimer ? On perd de vue que les Soviétiques, avec la brutalité qu’on leur connaissait, n’ont pu que se retirer. Alors les alliés de l’OTAN, avec l’obligation de modération (eu égard aux médias friands des bavures et morts sur le terrain) n’aura jamais eu l’ascendant sur un ennemi aussi invisible que trop visible dans les journaux. En conséquence, c’est un échec total. Pire encore : une fois les derniers soldats partis, qui garantira que les talibans ne reviendront pas pour reprendre le pouvoir par la force ? Et que fera-t-on alors ? Renvoyer des troupes pour une décennie ? L’échec total du Vietnam ne semble vraiment pas avoir été une leçon d’humilité pour nos armées. Le comique de situation, lui, se contentera de dire « Chouette alors : les USA ont pu vérifier que leurs machins qui font BOUM touchent bien des cibles minuscules, qu’ils peuvent coller des GPS dans les vareuses des GI. Les Français, eux, ont bien validé le fait qu’on ne se bat plus comme il y a cinquante ans. Bon ben, c’est pas si mal ! ».

Enfin, Sarkozy et Obama ont hérités d’une situation intenable, et cherchent une issue de secours depuis leur premier jour de gouvernance. Obama avait déjà déclaré des intentions similaires avant même son investiture… Et résultat, les USA sont encore sur place ! Comme quoi, tout comme ses prédécesseurs avec le Vietnam, être engagé dans une guerre perdue d’avance, c’est un cadeau pire encore qu’une assemblée défavorable. Dorénavant, la question ultime qui se pose est le calendrier du retrait. Pourquoi ? Pour savoir dans combien de temps l’anarchie se saisira à nouveau de ce pauvre pays épuisé par des décennies de guerre.

Et le comique, lui, affirmera pour finir son spectacle, que « Les talibans, c’est le parent riche du ketchup. Les USA en ont collé partout pendant une décennie, et maintenant qu’ils en sont écoeurés, ils ne savent pas comment en effacer les taches sur leur chemise ».

Les USA se retireront d’Afghanistan, sur rfi.fr)

23 juin 2011

C’est l’histoire d’un mec

Toute la difficulté de parler d’un homme célèbre, c’est d’éviter l’idolâtrie. J’ai pratiqué cet « art » en parlant de mon maître à penser, à savoir Pierre Desproges. Fine plume, esprit vif et cynique, il m’a offert cette part de critique et de philosophie de la vie qui est aujourd’hui indissociable de mes écrits. Bien sûr, on pourra me dire qu’il y a eu d’autres artistes, qu’il n’était pas le seul à critiquer la société, et que, d’une certaine manière, il fut trop élitiste en rendant son propos souvent inabordable pour le commun des mortels. Soit. Je concède sans rechigner qu’il y avait dans sa prose de quoi donner mal au crâne aux moins instruits d’entres nous, et que, par conséquent, d’autres tenaient le rôle du comique pour tous, du génie de l’humour le tout à chacun. Et c’est homme, ce fut Coluche.

25 ans après sa mort tragique sur sa moto, nous entendons toujours sa voix inimitable sur les ondes, nous le revoyons avec plaisir dans des rôles tant comiques que tragiques au cinéma, et il représente encore l’humour grinçant que le Français moyen s’est bien souvent approprié. Est-ce qu’on peut parler d’héritage dans le cas d’un humoriste ? Je crois que Coluche est en soi un pan complet de l’humour en France, à tel point que je crois que la majorité des humoristes actuels lui doivent quelque chose. Comique de situation, chronique acerbe de la société, intemporalité des sujets, Coluche a ouvert la voie aux générations suivantes de comiques. Pourtant, au-delà de ce personnage exceptionnel, on ne peut que constater que la dite relève ne s’est pas révélée à la hauteur du « maître ».

Outrancier, outrageant même, provocateur, sa franchise désarmante a mis à mal bien des journalistes et des politiques, à tel point qu’on parla parfois de complot concernant sa mort. Hé oui, Coluche s’était présenté aux présidentielles, puis retiré après le constat que nombre de Français étaient prêts à le suivre ! Je ne cautionne pas ces thèses, car c’était un homme qui a vécu sa passion de la moto jusqu’au bout, notamment en détenant un record du monde sur piste. Il est mort comme il a vécu, à fond, sans se préoccuper de l’opinion de ses détracteurs. Dans un monde devenu bien pensant, dans une société où l’apparence compte plus que les faits, Coluche serait aujourd’hui constamment en colère. Nous offrons à présent un visage de bienséance malsaine, et ses provocations seraient aujourd’hui sanctionnées sans arrêt par des jugements aussi ridicules que dramatiques. Coluche a usé de son droit à la parole, et utilisé sa notoriété pour faire passer des messages sur la situation des banlieues, l’avenir de la jeunesse, le racisme, la police, l’immigration, la justice… Et rien que pour cela, j’apprécie le personnage.

J’ai une tendresse toute particulière pour le comique qu’il fut, non parce que je suis un fan de ses sketchs, mais parce qu’il dénonçait ce qui perdure encore et encore. Quand sa colère est montée au firmament, il a « imité » l’abbé Pierre en créant les restos du cœur. Œuvre caritative emblématique de l’époque « Musique et charité » (avec l’Arménie chantée par Aznavour, les famines en Afrique chantées par un regroupements d’artistes aux USA), les restos se sont révélés être révolutionnaires à une époque où la réussite outrancière était de bon ton. Quand Tapie faisait la une des journaux et de la pub à la télévision (« Il marche à la Wonder ! »), Coluche dénonçait la pauvreté, la précarité et la famine. Quand les restos ouvrirent, l’homme espérait que cela ne durerait pas, que les pouvoirs publics s’empareraient du tout et que les restos n’auraient plus de raison d’être. Malheureusement, plus de 25 ans après, ils sont bel et bien là, et le nombre de repas servis augmente chaque année.

On peut ne pas apprécier le « charity business » où les stars du moment aiment à apparaître pour se donner tant un vernis de générosité qu’une visibilité médiatique, et, comme moi, détester l’attitude condescendante de nombre de donateurs. Cependant, je trouve tout de même fantastique ce chantier humain qui, comme le pensait également Coluche, devrait être dévolu non aux bonnes volontés, mais bel et bien à l’état. Il me semble intolérable et honteux qu’on puisse avoir faim dans un pays qui pratique la surproduction alimentaire et qui jette une part non négligeable de son assiette ! Je suis outragé et en colère quand j’apprends que des gens meurent de froid dans les grandes villes françaises. Nous ne sommes pas dans un pays émergents ou en guerre, mais bel et bien en France, une nation supposée riche, donc capable d’aider ceux qui en ont besoin…

Coluche, tu serais vraiment furieux de voir qu’aujourd’hui encore, « on a faim et froid ». Tu serais ulcéré par le manque de générosité de tes concitoyens, et surtout du manque total d’humanité de nombre d’élus. C’est ainsi : on n’ouvrira certainement pas des logements sociaux dans des immeubles pourtant inhabités, parce que c’est une atteinte au sacro-saint capital. On ne touchera pas aux bénéfices monumentaux des banques, parce qu’ils sont versés à des actionnaires et amis des gouvernants. Tout cela, tu en parlais, tu hurlais ta haine de l’égocentrisme… Mais rien n’a changé, et cela a même empiré.

Pour te mettre encore un peu plus en colère, l’Europe dénonce les aides versées pour nourrir les gens comme les restos le font, parce qu’il s’agit là d’une (je me retiens de vomir là) « concurrence déloyale, car il s’agit d’une aide sociale et non économique, allant donc à l’encontre des règles de l’OMC». PARDON ??? Quand quelqu’un n’a pas les moyens de se nourrir, on doit donc le laisser crever de faim ? Et pourquoi pas dénoncer les dons de meubles à Emmaüs parce qu’il s’agit là d’une concurrence à Ikea ? Et les vêtements donnés à l’armée du salut, c’est une concurrence à Kiabi peut-être ? Ordures !

La réduction des aides alimentaires, sur lemonde.fr

Coluche, ta grande gueule manque vraiment ! Dommage que tu ne reviendras jamais, et que ta « relève » n’est assurée que par des politiquement corrects qui se donnent des airs de rebelles en disant quelques vulgarités ! Hé oui, l’histoire de ton mec normal (blanc quoi), elle n’est plus sortable, parce qu’elle dérange… Et moi, à ceux qu’elle dérange, je dis MERDE.

Juste pour la beauté du morceau...

22 juin 2011

Moi, me méfier de Google, Facebook et consoeurs ?

Ce n’est pas la première fois que j’observe les entreprises du web avec circonspection et inquiétude. En effet, tout en restant relativement loin des paranoïas classiques sur le suivi permanent des gens façon Big Brother, je suis tout de même parmi ceux qui, malgré tout, voient d’un mauvais œil certaines méthodes plus que douteuses : suivi des coordonnées GPS des téléphones portables, enregistrements de données personnelles sans possibilité de les supprimer, main-mise sur le contenu des messageries et j’en passe. De là, il me semble intéressant de se pencher sur nombre de violations de la vie privée des gens, surtout quand ceux-ci ne s’en rendent même pas compte.

Rappelons quelques fondamentaux. Les entreprises sont des structures économiques, ce qui sous-entend que leur but est de faire du bénéfice, et non pas du bénévolat. Cette définition élémentaire n’est pas anodine, parce qu’elle dicte donc que tout ce qui semble gratuit est nécessairement rentable pour l’entreprise. Prenons quelques cas élémentaires du web pour bien saisir les enjeux. Google ne tire aucun « bénéfice » direct de la mise à disposition d’un moteur de recherche, d’autant plus quand on se préoccupe de l’échelle de ce service (pour information, la consommation électrique mondiale des serveurs Google représenterait approximativement l’équivalent d’une centrale nucléaire de 1300MW !).
Alors, quel est le modèle économique ? Il est double : la mise en vente de « points » pour la visibilité lors des recherches, et les statistiques de recherches. Le premier concept est de faire payer les entreprises pour qu’elles soient en tête de liste pour des mots-clés. Par exemple, si l’on tape « machine à laver », les premiers liens sont ceux de sites de vente d’équipement électroménager, puis d’autres sites menant au final à de l’achat. C’est donc négocier sa visibilité sur la page de recherche. Le second concept est plus pervers. Lorsque l’on recherche quoi que ce soit, Google enregistre la demande, et en établit la récurrence. En gros, cela permet de dire, par exemple, qu’il y a eu un million de recherches pour un mot donné, et donc de dire si, oui ou non, une marque, une personnalité est à la mode du moment.
Pour facebook, c’est encore plus simple : à force de renseigner très précisément les profils, les gens fournissent des informations extrêmement complètes sur leurs vies ! Entre habitudes alimentaires, vestimentaires, achats, équipements possédés, Facebook peut alors fournir des statistiques d’une pertinence rare, pour ne pas dire plus pertinentes qu’une enquête de police.

Jusqu’ici vous suivez ? Quelque chose vous choque ? Et votre vie privée ? Les deux services stockent donc énormément de choses concernant notre vie privée, ceci parce que nous leur laissons la possibilité de le faire. Pire encore, nous leur confions des choses importantes comme notre correspondance électronique, et même nos agendas d’adresses et numéros de téléphone. Pourtant, chacun profite de ces facilités comme s’il n’y avait là aucune inquiétude à avoir. Bien sûr, on se dit que nous sommes protégés par la taille de ces sociétés, leur pérennité, et surtout la mauvaise publicité qu’ils auraient à subir en cas d’abus. Détrompez vous : Facebook, depuis sa création, n’a eu de cesse de reculer sur la préservation de la vie privée, à tel point que nombre de personnes ont quitté le service. Un exemple ? Tentez de supprimer une photographie mise en ligne dessus. Elle ne sera pas supprimée au sens physique du terme, mais juste rendue « invisible ». Cela fait une différence énorme, tant techniquement que juridiquement. En effet, si la photographie est encore sur leurs serveurs, rien n’interdit de craindre qu’elle puisse réapparaître, soit par erreur, soit par une décision quelconque… Plus grave encore : Google se comporte aujourd’hui comme une « mémoire » alternative du web, ceci à travers son cache. En gros, lorsque les services du géant scannent la toile, les sites analysés sont partiellement enregistrés. Cela signifie qu’une suppression sur un site n’est pas immédiatement répercutée chez Google, avec donc le risque de rester visibles des jours après leur effacement ! Où est donc la capacité à « oublier » ?

Poussons de plus en plus le vice. Facebook, Google, tous les services s’attachent à apparaître sur les équipements mobiles, avec en plus la notion de géolocalisation. Si l’on résume grossièrement, les deux monstres du web peuvent virtuellement savoir en permanence où vous êtes, voire même savoir ce que vous faites sur vos téléphones. Google est le fournisseur du système d’exploitation Android qui, aujourd’hui, est un des leaders dans le domaine. On trouve alors énormément de soucis et de doutes tant sur la sécurité que le respect de la vie privée, car les services s’imbriquent : qui dit android dit gmail (messagerie internet de Google), dit serveurs de logiciels Google, Google maps pour la cartographie et j’en passe. Conséquence inévitable : plus vous utilisez Google, plus vous en devenez le client captif ; essayez donc de passer outre les services de Google sans avoir à modifier votre partie logicielle… Enfin bref, rien de bien engageant, surtout si l’on se méfie déjà des méthodes douteuses de la firme.

Google peut nous suivre, sans GPS ! Sur CNET France

Le lien ci-dessus décrit encore un de ces travers inquiétants, et qui vont sûrement se multiplier à l’avenir, car la convergence numérique entre nos téléphones, nos ordinateurs, nos véhicules, les lieux publics, notre lieu de travail ne fait que commencer. Le « tout câblé », la toile omniprésente est en passe d’être une réalité intangible, une nouvelle entité influant sur le réel. On a déjà vu les impacts du virtuel dans notre quotidien : fuites d’informations personnelles, procès en diffamation via Internet, apéros géants tournant au drame, petite fête entre amis devenant lieu de rendez-vous pour des milliers de convives virtuels, et ainsi de suite. L’impact est si fort que nombre de personnes commencent à revenir sur leur présence virtuelle. Notons qu’au surplus que les institutions sont largement dépassées, du fait que les leaders du marché de l’information numérique sont des multinationales. Comment s’opposer à a la diffusion des contenus, quand les données sont localisées dans une nébuleuse technique qui s’affranchit sans souci des frontières et des lois ? Comment se prémunir contre l’omnipotence du web, quand celui-ci ignore totalement la notion de droit ?

Enfin, demandons nous clairement quel est le pouvoir de ces firmes, et à quel point elles pourraient se rendre maîtres de notre destin : Google est présent à tous les étages, et distribue même des PC contenant un système d’exploitation spécifique. Facebook dispose de toutes vos informations, sans que vous ayez de réel recours pour vous les réapproprier. Microsoft contrôle littéralement l’informatique chez les particuliers, avec donc un socle de captifs ahurissant. Que pourrait-on opposer comme critique si Google et Facebook venaient à s’entendre ? Le recoupement de données, l’intensification du flicage des utilisateurs, la mise au nu de notre vie privée, la revente de notre existence virtuelle à des clients peu scrupuleux… Tous les scénarios sont envisageables. L’information est une arme, que ce soit sur le champ de bataille, que dans une guerre économique. Si Facebook est valorisé à une telle échelle, c’est surtout à cause du pouvoir que représente les informations stockées en son sein. Pourquoi les états totalitaires sont-ils alors si exigeants avec ces firmes ? Pour récupérer les informations, bien entendu ! Yahoo a été épinglé pour des raisons similaires en Chine (dénonciation de dissidents notamment). A quand une police virtuelle s’appuyant sur notre propre détermination à alimenter des « Big brother » privés ? Le débat sur l’identité virtuelle n’a pas fini d’agiter la toile, et la protection de cette identité n’a pas fini d’être la cible des sociétés sachant les revendre au plus offrant.

21 juin 2011

Elections à la Napoléon

Certains n’hésitent pas à comparer notre président à un « Napoléon », tant par la taille, que par l’apparente démesure mégalomane dans ses actes et ses propos. Certes, nous avons connu des politiques plus pondérés, moins amateurs de médiatisation, et surtout beaucoup moins visibles dans la presse dite « people ». D’une certaine manière, je ne peux pas contester certaines affirmations, tout en réaffirmant derechef que nous avons élu cet homme, et que nous l’avons choisi pour sa présence médiatique justement. De là à dire que nous avons le président que nous méritons… Enfin bref, ce n’est pas le sujet du jour, les frasques télévisuelles de N.Sarkozy ne sont pas le cœur de cette chronique, mais l’analogie faite le concernant avec l’empereur. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas le seul à avoir une certaine « vision » de la France.

Les primaires socialistes s’organisent peu à peu, avec la chute de DSK, les inusable « ira, ira pas », ainsi que les guerres internes pour identifier LE candidat PS de 2012. Dans l’absolu, le principe des primaires est quelque chose d’assez ancien, notamment aux USA où ces élections anticipées identifient les deux seuls candidats à se présenter en bout de chaîne. Le bipartisme Américain semble donc faire des émules, et ce malgré le fait que le PS n’ait pas pu fédérer toutes les mouvances de gauche, loin s’en faut. Dans ces conditions, la force de ces primaires se révèle finalement bien moindre qu’aux Etats-Unis, à tel point qu’on pourrait presque parler de non enjeu. Cependant, ce n’est pas tant l’idée qui est à critiquer, que le fonctionnement. Autant je trouve louable de choisir un vrai candidat unique, un chef de liste susceptible de retenir l’éparpillement des voix, autant j’ai plus de mal sur le concept même. Raisonnons un peu, et analysons.

Qui va voter aux primaires ? Visiblement, les militants, donc les adhérents, donc ceux qui, en principe, soutiennent le parti tant dans les urnes que dans les caisses. A partir de là, que crée-t-on, si ce n’est des listes électorales ? Bien entendu, jusqu’ici, tout semble plutôt conforme, au bémol près que je suis plus que perplexe sur la confiance que l’on peut avoir concernant l’usage final de ces listes. Prenons plusieurs cas : un adhérent qui n’a pas voté, peut-il ensuite espérer un poste comme fonctionnaire dans une mairie PS ? Ne va-t-on pas lui reprocher de ne pas avoir été suffisamment actif lors des dites primaires ? Et que dire des fonctionnaires déjà en place ? Ne risquent-ils pas d’être mal vus par leur hiérarchie potentiellement plus militante ? De ce point de vue, et bien que l’UMP se pose en juge illégitime, puisque que le dit parti n’est pas exempt d’une forme crasse de dictature interne, je rejoins certaines craintes à propos de la sécurité du vote. N’oublions pas qu’il y a des lois concernant la rétention des listes électorales, ainsi que sur leur usage une fois l’élection terminée.

Je vois venir le lecteur qui, agacé de ne pas voir de rapport avec Napoléon, va me dire « que de digressions sans revenir au sujet ! ». Et il n’aura pas tout à fait tort… Sauf que je vais rappeler un petit fait historique assez marquant. Napoléon, avant d’être empereur, s’était fait élire premier consul. L’usage des urnes, liste électorale, tout ceci pouvait sembler démocratique, non ? Bien qu’ambitieux, le personnage dût paraître raisonnable, surtout après une révolution Française et la « terreur » de triste mémoire. Cependant, penchons nous sur le procédé de vote. Comment savoir qui avait voté ? En dressant un registre de vote, et non pas un isoloir ! Vous ne voyez pas le concept ? Imaginez donc un grand livre, dont les colonnes sont les suivantes : Nom et prénom, une colonne à cocher pour le OUI, une autre pour le non… et une dernière pour la signature du votant. Ca y est ? Vous voyez mieux le principe ? Comment voter NON en laissant votre identité, sans craindre des représailles ? Je vois donc une élection à la Napoléon dans ces primaires, même si le fondement de telles accusations ne tient pas sur grand-chose de concret. Je doute que le PS soit réduit à de telles méthodes, et encore moins qu’un élu soit suffisamment idiot pour utiliser ces listes pour peu de choses. Toutefois, sachant que les primaires sont d’une importance stratégique majeure, m’est avis que nombre d’élus vont jouer les rabatteurs auprès de leurs collaborateurs, avec, si possible, un petit mot pour les d’un candidats en lice pour la place de « candidat unique du PS ». Ceci dit, qu’importe les méthodes : si le PS s’abaisse à utiliser les listes comme épée de Damoclès, m’est avis que quelqu’un finira par en parler, et le parti d’en payer les lourdes conséquences.

Ah, dernier point, et non des moindres. Je suis plus que réservé concernant l’avenir du PS, parce que je ne vois, pour l’heure, aucune cohésion possible derrière une seule tête. Quant bien même un candidat unique se dégagerait réellement, les guerres intestines seraient bien capables de pousser nombre de militants à se détourner du PS, ceci au profit de partis plus radicaux… au bénéfice net de la droite qui n’aurait alors guère que le FN comme ennemi direct. 2002 a démontré que le FN pouvait très bien se poser en arbitre des présidentielles, et j’appréhende ce scénario dix ans après. On peut dire que les médias nous assomment d’affirmations comme quoi le président sortant est quasi grillé… Mais de telles affirmations étaient également le lot de J.Chirac en 2002, non ?

Un conseil donc : votez !

20 juin 2011

(in)sécurité alimentaire

C’est par vagues successives que nous arrivent les mauvaises nouvelles concernant notre assiette. Depuis les maladies de la vache folle, une forme de folie médiatique s’est emparée de nos gamelles, à tel point que chaque légume, chaque fruit devient une arme en puissance. Prenez les concombres espagnols : on les regarde dorénavant comme des empoisonneurs, alors qu’ils ont été innocentés par une enquête digne des meilleurs épisodes des Experts ! C’est ainsi, nous sommes dans l’âge de la communication, quitte à dire des énormités. Bien sûr, cela n’est rentable pour personne, pas plus pour le consommateur qui devient paranoïaque, que pour le producteur qui s’entend dire que ses produits sont « de la merde ». Et si nous regardions plus précisément où est le cœur du problème de l’agroalimentaire moderne, au lieu d’en constater les conséquences finalement marginales ?

Tout d’abord, je tiens à expliquer ce dernier propos. Si j’use du mot marginal, c’est que les dites intoxications touchent un nombre de personnes très restreint, face au nombre de consommateurs concernés par les différentes crises en question. Ca n’ôte rien au désastre humain, pas plus qu’il n’est tolérable de mourir après avoir mangé quoi que ce soit. Cependant, je tiens à rappeler que ce genre de situations n’a rien de nouveau, et que, pire encore, il fut un temps où ces séries d’empoisonnements étaient mis sur tout sauf sur notre alimentation. En conséquence, faire preuve d’une paranoïa excessive n’apporte rien, et surtout ne protège en rien les clients que nous sommes. Autre chose : manger BIO, contrairement à l’idée profondément ancrée dans les têtes vides des clients avides de discours rassurants n’apporte aucune garantie sanitaire. Pourquoi ? Parce qu’une contamination, qu’elle soit sur un produit BIO ou pas, reste une contamination. Il n’existe pas de virus ou de bactérie qui, au moment de choisir son lieu de prolifération, lirait l’étiquette et s’écrierait de sa voix fluette « Pas ce maïs là Norbert, il est BIO ! Allons à côté, c’est de la saloperie d’OGM ! ».

Revenons à nos moutons (qui tremblent, pour le plus grand plaisir des médias). Notre problème fondamental concernant l’alimentation est que nous avons mondialisé la production. En effet, un cornichon, dans son pot en verre, peut dorénavant venir aussi bien de France que de Roumanie, et sera étiqueté non pas « Produit de France », mais « conditionné en France », ce qui fait une sacrée différence. Ce phénomène est à ce point ahurissant que la fameuse traçabilité tant vantée par les industriels s’avère plus être un vœu pieu qu’autre chose. Notez qu’au surplus nous collons des compléments qui, normalement, n’auraient rien à faire dans nos plats. Qu’on m’explique pour l’on colle de l’huile de palme partout, tout comme pourquoi je trouve du soja dans un plat de bœuf préparé ! Bien entendu, ces produits là, on en ignore l’origine, tout comme l’on ferme les yeux sur les différentes astuces d’étiquetage. Il faut avoir fait des études poussées pour pouvoir comprendre toute la complexité des recettes : la série des « E » machin chose, qui en connaît la véritable recette ? Jusqu’à preuve du contraire, quand je fais du bœuf aux carottes, je fais cuire les deux dans une casserole, avec quelques épices, et je ne sors certainement pas un bidon de « E » bidule pour en améliorer la saveur, pas plus que je ne colle du « E » machin chouette pour changer la texture !

Un autre point intéressant est de se dire que le passé était fait de production pseudo locale, et que donc, pour un empoisonnement donné, les produits en cause étaient donc disséminés dans une zone somme toute réduite. Aujourd’hui, notre système est dorénavant tourné vers l’international, à tel point que les emballages en portent la marque. N’avez-vous pas remarqué que les dits emballages sont aujourd’hui en plusieurs langues ? Pourquoi ? Pour éviter de gérer différentes destinations, et ainsi rentabiliser une seule et unique usine. Dites vous bien que des œufs peuvent maintenant être livrés depuis des pays lointains, pour peu que le transporteur livre dans un délai raisonnable. Pire encore : avec les méthodes de congélation, nous pourrions être amenés à manger des légumes produits sur un autre continent, tout en pensant qu’ils viennent des champs juste en face de chez nous ! Et après on se demande encore pourquoi nos agriculteurs ont du mal à suivre…

Il y a un dernier point non négligeable à savoir sur les méthodes de production en masse. On a accusé, et à raison, les agriculteurs d’user et abuser des antibiotiques avec les bêtes, et des engrais et désherbants dans les champs. Mais s’est-on interrogé sur le pourquoi d’une telle situation ? Celui qui travaille la terre n’a jamais eu envie d’empoisonner ses clients, pas plus que celui qui gère des animaux n’a envie de nous envoyer à la mort après une bonne entrecôte. Qui est responsable de ce désastre sanitaire ? Ceux qui achètent les produits en masse, les industriels qui imposent des méthodes de production à outrance. En effet, nous sommes à l’heure du rendement, du quota, et les grandes sociétés vont jusqu’à imposer des produits bien spécifiques, des semences particulières, ceci afin de maîtriser totalement le producteur, tout en ayant bien pris soin de ne pas avoir à en gérer les difficultés. Qui s’endette pour s’équiper ? L’agriculteur, ou bien son client unique qu’est la fabrique de céréales au chocolat ? La réponse est claire, nette et précise : c’est le petit qui paye, pas le gros.

A force de solder nos méthodes de travail, le respect du client, nous avons soldé notre sécurité alimentaire. Les scandales ne se multiplient pas, contrairement à ce que nous pensons, ils ne font qu’être plus médiatisés qu’auparavant. Jusqu’à présent, le suspect n’était généralement pas le produit de grande consommation, or la plupart des gens, dans les pays riches, se nourrissent exclusivement de la production industrielle. Par conséquent, je ne serais pas étonné que ce genre de crise soit amenée à se reproduire, et à plus grande échelle encore. Estimons nous heureux que les dégâts soient très limités, tout comme le nombre de victimes. Imaginez plutôt le risque si un produit courant et très commun comme le Coca Cola devait être contaminé, et distribué à l’échelle mondiale. Là, ça fait peur, non ? Personnellement, pas tant que ça, j’ai en horreur ce jus de chaussette noirâtre qui tente de me faire croire qu’il est savoureux. Allez, un ptit verre de pinard, c’est bon pour mes artères, et ça, au moins, ça ne me tuera pas tout de suite (quoique, tout dépendra de la durée de vie de mon foie)

SANTE !

17 juin 2011

Pas le temps

Pas le temps pas le temps... foutue rengaine!

A bientôt.
Frédéric/Jefaispeuralafoule

16 juin 2011

Le handicap en France

J’ignore si, parmi vous, il y a des gens qui côtoient régulièrement des proches atteints d’un handicap. Qu’il soit mental, physique, léger ou bien très lourd, le handicap est une chose que nous regardons sans y prêter attention, sauf à y être confronté frontalement. Ainsi, que ce soient les lieux publics, les administrations, ou même les logements, avoir un handicap, c’est être quasiment exclu de la société. Qu’on ne me parle surtout pas d’intégration de ces personnes, car nous les traitons comme tout sauf des « personnes » justement ! Les lois sont claires : les grandes entreprises sont tenues de faire une place au handicap, sous peine de payer une amende. Combien de sociétés préfèrent payer la dite amende, que de faire l’effort d’avoir des postes adaptés (ergonomie et accessibilité notamment), ou de pourvoir des postes à faible qualification pour les problèmes mentaux ?

Aujourd’hui encore, le handicap crée l’exclusion. Scolariser un enfant handicapé se révèle plus tenir du parcours du combattant, que de la formalité qu’elle devrait être en France. Au surplus, combien de familles s’entendent dire qu’il n’y a carrément pas d’infrastructures pour gérer le handicap quel qu’il soit ? Honteux, d’autant plus quand l’état se gargarise des efforts faits en la matière. Si vous voulez comprendre de quoi il s’agit, allez en ville, et observez les trottoirs, les passages piétons, et l’accès aux commerces. Je vous mets au défi de trouver une seule ville pouvant se targuer d’être totalement accessible aux fauteuils roulants. Pire encore, quels efforts sont-ils fait pour la cécité ou la surdité ? Et le monde virtuel n’est pas épargné, car rares sont les sites institutionnels à être capables de s’adapter au handicap des citoyens ! Parce que là, on ne parle pas d’une très faible population, mais de citoyens comme les autres, qui méritent que l’on tienne compte d’eux.

La discrimination à l’embauche n’est pas en reste : fauteuil ? Béquilles ?
«
- Désolé monsieur, vous ne pourriez pas vous déplacer chez nos clients.
- Ah, et comment suis-je venu à l’entretien ? (je censure les épithètes qui suivent normalement la phrase) »
De quoi avoir envie de vomir. J’ignorais que la compétence était tributaire de la capacité à tenir sur ses jambes… Ou alors Stephen_Hawking n’est pas une sommité scientifique ! Je suis furieux contre cet état de fait, parce que nos critères sont dignes des paysans du moyen-âge : obscurantisme, intolérance, méconnaissance, tout est bon pour considérer que le handicap est honteux et gênant.

Oui, la vie d’un handicapé n’est pas simple. Pour le handicap mental, cela va de l’isolement par incapacité à communiquer, à l’isolement de fait, par intolérance envers la personne handicapée. Trisomie, autisme, « faiblesse intellectuelle » (expression pudique pour dire attardé mental, débile, mongole…), nous les mettons ensemble en partant du principe qu’ils ne nous comprennent pas, et qu’en retour nous ne comprenons rien à leur logique. Soit. Il est souvent délicat de communiquer simplement, mais cela ne doit pas nous ôter de l’esprit qu’ils peuvent aussi vivre dignement, effectuer des tâches plus ou moins simples, du moment qu’elles sont correctement encadrées. Mieux encore : le retard mental n’est pas pour autant synonyme de bêtise intégrale, et à l’aide d’une formation adaptée, un handicapé mental sera tout à fait capable de tenir un poste, et donc une place dans notre société.
Pour l’handicap physique, pourquoi croire que tout se réduit à « peut faire », ou « ne peut pas faire » ? Un tétraplégique peut tout à fait utiliser un ordinateur de nos jours. Un paraplégique n’a pas besoin de ses pieds pour conduire une voiture à commandes adaptées. Un hémiplégique pourra trouver un emploi, du moment que son handicap sera pris en compte. J’ai une profonde colère contre celles et ceux qui se contentent de dire que « embaucher un handicapé, ce n’est que des emm… ».

Enfin, lisez ce billet d’humeur d’un internaute. Il est tétraplégique (comme un de mes amis), entrepreneur (tout comme lui encore une fois), et se voit traité d’une manière totalement indigne. Pour un qui ose se plaindre sur la toile, combien se taisent de peur d’être traités, à tort, de « jamais contents » ? Nous n’avons absolument pas le droit de nous comporter de la sorte. Nous n’avons pas à traiter nos proches, nos frères, nos enfants en parias parce que la vie n’a pas été tendre. Nous n’avons qu’une chose à avoir, c’est honte de nous-même en leur refusant une place naturelle dans notre société. Oui, il est parfois difficile d’avancer, oui, il est compliqué de progresser dans cette voie, mais non, trois fois non il n’est pas impossible de donner une place légitime à nos concitoyens.
Louis van Proosdij Duport qui parle des protocoles de soins

15 juin 2011

Pas le temps

Tout est dit!

Frédéric/Jefaispeuralafoule

14 juin 2011

Corruption

L'échec de la guerre à la drogue ne peut s'expliquer seulement par les effets pervers de la répression, ou la corruption des agents de contrôle. La cocaïne rapporte beaucoup trop d'argent pour qu'on la combatte sérieusement, c'est une formidable pompe à finance qu'on ne peut abandonner aux seuls trafiquants.

Assassin : Légal ou illégal


Derrière ces paroles d’un group de rap engagé se cache une vérité terrifiante : notre monde est terriblement tributaire de la corruption. Bien que nous tentions de nous voiler la face en suggérant, par exemple, que celle-ci se cantonne à la mafia (en Italie notamment), nous ne pouvons nier l’influence financière globale de l’argent sale. La corruption, les trafics divers, la négociation illicite des compétences, tout est bon pour dégager des sommes colossales qui, tôt ou tard, viennent influer le système monétaire mondiale. Trop de gens pensent que notre monde est divisé entre ceux qui font des affaires « légalement » (qu’il faut différencier de « moralement », bien entendu), et l’argent « sale » qui circulerait dans un monde souterrain et obscur. Ce concept est faux d’une part, et complètement illusoire d’autre part. Réfléchissons ensemble concernant la réalité de cette économie supposée parallèle.

Si nous regardons ce qu’est la corruption, celle-ci est aussi indissociable de l’histoire que la trahison l’est des arcanes du pouvoir. En effet, la corruption n’est pas qu’affaire de finances, elle est aussi affaire de passes-droits, d’avantages, voire même de pouvoirs supérieurs à la moyenne. Tout est bon à négocier : les papes vendaient des documents pour le repos de l’âme, afin que les notables puissent se rassurer, et le clergé puisse édifier des lieux de culte ; les sénateurs Romains négociaient leurs votes en l’échange de terres, d’or, ou d’un maintien en poste avec l’empereur en place ; nos ministres actuels ajustent des lois et autres règlements de sorte à ce que des entreprises puissent « aider » les dits ministres à maintenir une forme de paix économique et sociale… Et ainsi de suite. Bref, la corruption est une chose historique, et les coups d’état, assassinats, putschs et autres révolutions sont des sources intarissables d’anecdotes tournant autour de la corruption active ou passive.

L’autre aspect essentiel à comprendre, est qu’aujourd’hui les corrupteurs ne sont pas nécessairement des trafiquants de drogue ou des vendeurs d’armes : une entreprise de taille mondiale peut représenter un tel poids financier et humain que les états se voient obligés de courber l’échine ! La ploutocratie n’est pas si loin qu’on le pense, et les lobbies sont la démonstration par l’absurde que tout peut être force de corruption : un élu se doit de prêter l’oreille aux groupes d’influence de son secteur, et d’en flatter les aspirations, sous peine de ne pas être aisément reconduit dans ses fonctions. Typiquement, nombre de députés se voient muselés parce qu’ils ne doivent surtout pas aller à l’encontre des lobbies du vin par exemple ! N’est-ce pas là une forme de chantage et corruption mêlés ? « Si tu ne préserves pas nos intérêts, tu pourrais très bien rater ta réélection dans deux ans… ». Menace à peine voilée, et chantage aux urnes. C’est un traquenard politique, mais également un piège financier, et il est indispensable d’y réfléchir concrètement.

Qu’on ne se fasse surtout pas d’illusions à ce sujet : l’argent est une façon efficace de s’assurer la fidélité d’autrui. Ainsi, une campagne médiatique bien structurée est nécessairement bâtie par des gens compétents… Et la compétence est une chose qui se paye. Derrière les présidentielles aux USA, chaque candidat se devrait, à mon sens, de présenter sur sa vareuse les logos des entreprises ayant participées à leur campagne. Dans ces conditions, nous pourrions alors voir pourquoi certaines « faveurs » apparaissent dans les décisions politiques à haut niveau. Pire encore, si l’on raisonne avec cynisme : les guerres pour le pétrole et les énergies, ne sont-elles pas l’expression même de la corruption de la politique par les intérêts financiers ? G.W Bush a été accusé, et à raison je pense, d’avoir favorisé les compagnies pétrolières détenues par ses proches, au point qu’on pourrait presque corréler l'attitude Américaine au moyen orient avec les politiques de prospection et d’expansion des dites compagnies. Corruption ? Probablement, ceci à travers les dons pour le financement des campagnes, ou, pire encore, à travers des marchés juteux faits avec des entreprises appartenant à la famille du président ! On a donc là l’un des summums en terme de débâcle politique : un politicien devant sa place à des financements intéressés, des décisions prises pour flatter les dits financiers, et au final des guerres déclarées pour leur donner la possibilité de faire des bénéfices délirants. Est-on encore dans des affaires légitimes, ou bien dans du trafic pire des méthodes les plus sordides concernant les stupéfiants ?

On ne saurait trop croire que notre système monétaire se serait affranchi de l’argent sale. La bourse, l’actionnariat de masse, les montages financiers complexes sont, à mon avis, les meilleures ficelles pour permettre de rendre légitime ce qui ne le sera jamais. Ainsi, nombre d’entreprises sont très probablement détenues par des gens dont les avoirs sont issus en droite ligne des trafics de drogue. Des milliards à écouler, du potentiel d’investissement au-dessus de tout soupçon, et pardessus le marché une image d’investisseur intelligent. Rien de tel pour ôter toute hésitation concernant l’usage de ces fonds ! Les trafics de drogue, d’arme, de contrefaçon représentent des sommes délirantes. C’est à un point tel que la plupart des déclarations de guerre contre la drogue ne sont, au mieux, que de vœux pieux, et, au pire, que de simples annonces électoralistes. Dans les faits, les moyens mis en œuvre pour lutter contre ces trafics sont insignifiants face aux sommes employées pour les faire vivre. Une fois ces capitaux blanchis, rien de tel que de financer quelques députés, sénateurs, et de leur souffler que « la guerre à la drogue coûte bien trop cher… Laissons les pays producteurs s’en dépêtrer ». Où est la réalité ? Est-ce une question financière qui pousserait un état au laisser-faire, ou bien est-ce le financier lui-même qui pousserait finalement à une déb��cle afin de s’assurer un avenir économique radieux ?

L’injection des milliards issus de l’économie souterraine est gigantesque. Plus rien ne se décide sans que cet argent ne soit tôt ou tard mis dans la balance. Une analyse pertinente a été faite sur ce site :

352 Milliards de dollars d'argent sale au secours de notre système financier...

Alors, concrètement, les milliards de la drogue qui renflouent notre système capitaliste ? A n’en pas douter, oui. Nul financier ne saurait passer à côté de telles sommes, d’autant plus si ces capitaux se voient devenir « légitimes » à travers des investissements de masse. Qui, de l’actionnaire ordinaire, ou du chef d’un trafic de drogue mondial, a le plus participé à la construction de ponts, de grattes-ciels, ou encore à l’expansion de nombreuses compagnies aériennes ? Qui, de nous, ou de ces gens, a le plus perdu au change ? Il me semble bien entendu élémentaire de comprendre que notre pouvoir est donc corrompu de fait par les institutions financières, elles-mêmes tributaires de la santé des grandes entreprises, qui sont, pour une bonne partie, détenues par les grands patrons de l’économie souterraine !

- Comment ne pas douter, dans ces conditions, de la bonne foi des pays qui clament qu’ils veulent s’affranchir de cette influence maudite ?
- Comment empêcher qu’un policier mexicain payé une misère ne soit pas tenté par les dollars de la drogue ?
- Comment demander à un paysan de refuser de produire de la coca au lieu de faire des haricots ?
- Comment imposer à un afghan de faire des fleurs au lieu de faire du pavot ?

Et enfin, comment croire que les quelques milliards alignés de par le monde pour faire cesser les trafics puissent peser contre les 350 qui sont injectés chaque année dans la machine mondiale ?

Nous devons rapidement raisonner sur notre capacité à ne plus intégrer cette manne financière, quitte à prendre un risque colossal. La légitimité d’une entreprise devrait se juger non à son rôle socioéconomique, mais à sa capacité à démontrer que ses avoirs ne proviennent pas en droite ligne des poches des marchands de mort. Mais d’ici à ce que cela arrive… N’oublions pas, en contrepartie, que nous continuons sans honte à légitimer l’existence des paradis fiscaux, d’entreprises fictives, bref des lessiveuses officielles de l’argent sale mondial. Je doute donc de notre capacité à faire volte-face de sitôt !

09 juin 2011

Raccourci intellectuel

J’aime énormément les pseudos humanistes qui, sous couvert de bienséance et de respect de tous les hommes, prétendent que l’homme est capable d’être tolérant et intelligent. Pauvre chose pleine d’un espoir aussi vain que ridicule ! L’homme n’est certainement pas fait pour être intelligent, tolérant, progressiste, et j’irais bien jusqu’à affirmer que c’est tout le contraire. L’homme est fait pour être xénophobe, intolérant, misérable et stupide tant en actes qu’en pensées. C’est méchant ? C’est réducteur ? Soyons un peu lucides et regardons la vérité en face un instant : aucun homme ne peut prétendre, à quelque moment que ce soit, de n’avoir jamais eu d’instant fascisant, de pensées désobligeantes pour une ethnie ou un peuple donné, pas plus qu’il n’aura jamais eu de raccourci dans ses raisonnements.

C’est honteux, douloureux tant à lire qu’à accepter, mais l’hydre de la facilité présente ses innombrables têtes à chacun de nous. Au quotidien, en public comme en privé, nous avons des dialogues intérieurs avec de dragon monstrueux, parce qu’il est plus facile de prendre une image toute faite que de réfléchir honnêtement à une question, et nous prendrons alors une de ses gueules pour la montrer à autrui. Entre le racisme ordinaire du « encore un nègre », et le cliché du « une famille d’arabes, ça a huit gosses pour toucher les allocations familiales », nous nous cantonnons donc à ranger nos idées dans de petites boîtes hermétiques, soigneusement étiquetées, et que nous ressortirons selon les circonstances. Quoi qu’il en soit, nous sommes tous coupables d’avoir de telles idées, à tel point que cela en devient même triste ! Quel homme (au sens masculin du terme) n’a pas râlé sur une femme au volant en se disant « encore une nana… Elles ne savent décidément pas conduire », tout comme des femmes ont classé trop d’hommes parmi les rustres, parce qu’elles ont eu le malheur d’en connaître un ?

Nous ne sommes guère capable de progrès, parce qu’il est coûteux de revoir ces maudits clichés, et qu’il est surtout peu fatigant de servir à foison la même soupe de raccourcis intellectuels. Nous n’en sommes jamais avares, quant bien même nous tentons de renier cette attitude face aux autres. « Je ne suis pas raciste, j’ai un ami noir ! », pour paraphraser Fernand Raynaud… Sauf qu’il peut s’agir là d’une excuse, alors qu’on affirmera, par derrière bien entendu, que « Marre, trop de noirs en France ». La xénophobie, c’est donc un raccourci intellectuel bien confortable, dans lequel se vautrent trop de gens, faute d’avoir fait l’effort de comprendre l’autre. Sorti de ce constat affligeant, certains apprennent, et ce à leurs dépends, que ces facilités sont contredites par la réalité. Malheureusement, certaines attitudes vont, en revanche, alimenter ces clichés, et pour peu que cela soit médiatisé… enfin je ne vous ferai pas un dessin, vous avez les yeux grands ouverts (enfin je l’espère, certains ne voulant rien voir malgré tout).

Nombre de raccourcis intellectuels sont aussi issus de l’éducation : quand on enfourne dans un crâne d’enfant que le racisme est une chose naturelle, il lui sera généralement difficile de s’en départir, et ce malgré l’expérience de vivre, au quotidien, dans une nation cosmopolite. Mettre en doute l’éducation des parents, c’est alors renier sa propre enfance, ses propres certitudes, et, quelque part, l’autorité de nos ancêtres. Il y a une phrase très juste qui sait décrire cela avec efficacité : « Comment savez-vous que votre père l’est réellement ? Parce que c’est votre mère qui vous l’a dit ». Et il en va de même concernant le reste de nos idées et de nos opinions.

L’acte de rébellion contre ces raccourcis n’est pas quelque chose d’aisé, parce qu’ils sont ancrés tant en soi que dans la société qui nous environne. Certaines évolutions se font en quelques années, d’autres resteront, et ce des décennies durant. Prenons la situation de la femme (pour rebondir sur mon propos récent) : le viol n’était pas un crime il y a quelques décennies, et faire changer la loi à ce sujet fut une grande bataille (et surtout victoire) des femmes. Pourquoi voit-on encore des animaux qui pensent encore qu’une femme n’est qu’un objet servile ? Ah oui, vous tiquez sur animal ? J’affirme qu’un homme qui ne respecte pas les femmes a perdu son droit à prétendre être de la même humanité que moi. Bref, revenons au sujet. L’homme, c’est avant tout un lâche qui se réfugiera derrière ses convictions, si stupides fussent-elles une fois mises en examen.

Enfin, j’espère que nous saurons être moins cons, moins racistes, moins fascistes. G.Servat a écrit dans une de ses chansons quelques mots qui, à mon sens, semblent être la bonne attitude :
« Enfin.arrive le temps du concret!
Enfin, on cesse de faire entrer de force la réalité dans le moule des idées!
Enfin arrive le temps du respect!

Difficulté suprême ? Laisser libres les pensées différentes Que chacun regarde en soi. La bête est là, tapie, sournoise, prête à tout dévorer. L'hydre du fascisme est en chacun de nous. Chaque soir je la décapite. Chaque nuit ses têtes repoussent dans ma tête. Parfois, elle me soumet. Parfois, je suis vainqueur. En moi : l'intolérance, moisissure fadasse. Je ne vaincrai jamais définitivement, mais, sans relâche, je décapiterai le monstre. Jamais je ne prendrai la Kalachnikov pour imposer mes idées, ma loi ou ma croyance. J'ai trop peur d'avoir tort! »

08 juin 2011

En référence au baccalauréat

Enoncé :
« Qu’est-ce que le culot ? »

Réponse :
« C’est ça. »

Cette vieille boutade sur l’examen de philosophie du baccalauréat me semble aujourd’hui bien lointaine. En effet, du haut de mes presque 34 années d’existence terrestre, je me rends à présent compte que mon BAC est, comme un bon whisky, gardé en cave depuis 16 ans. Amusant, quand j’y pense, ce temps qui passe : on parlait encore en Francs, la France allait passer de la « gauche » de tonton à la droite des pommes, et nous étions tous convaincus (les étudiants s’entend) que l’avenir passait par une révolution. Hé oui, les esprits malléables de la jeunesse, à qui l’on inculque que le progrès est forcément de virer à gauche. Enfin bref, je ne me faisais pas que des amis en revendiquant bien haut et fort que je contestais ces idées, ce qui m’a valu l’inimitié de certains professeurs, et, étrangement, une forme d’amitié avec mon professeur de philosophie.

Le professeur de philosophie, parasite universitaire des établissements inférieurs, a généralement le visage d’un type torturé, aux idées débridées, et à la tenue cliché qui fait songer au cercle des poètes disparus, et non à un cours magistral sur la pensée unique. J’ai d’ailleurs du mal à saisir le sens profond d’aller coller un prof de philo dans un lycée technique, quand plus de la moitié des élèves qui s’y présentent au BAC sont quasi illettrés… Probablement une lubie de l’éducation nationale espérant enfourner quelques vertus morales dans les crânes mous d’élèves, alors que la priorité serait d’y caser quelques notions fondamentales de français, mais là je diverge du sujet initial. Bref, la philosophie, c’est le parent pauvre de l’éducation dans les sections autres que littéraires, et qui plus est le cours qu’exècre généralement les étudiants.

Mais pourquoi une telle hantise du cours de philo chez ces chers remplisseurs de copies doubles A4 ? Parce qu’il est difficile de mettre en équation des choses qui n’ont pour seul support que la pensée ; Un adolescent, c’est plutôt rare que cela pense. Un ado, cela réagit, cela agit, quitte à se planter lamentablement. Dans ces conditions, demander à un gamin se croyant adulte de jouer avec l’abstraction, l’antithèse, le débat moral, c’est comme demander à un singe de résoudre des équations du second degré ! Alors, les copies du BAC sont majoritairement d’une platitude exemplaire, une sortie de mélasse réchauffée au fourneau des clichés généreusement servis par le professeur quelques semaines avant la date fatidique, et dont la seule lecture a de quoi faire grimper l’action BOIRON en bourse. De ce point de vue, encore, le BAC de philosophie se révèle donc un bon examen sur le bachotage, mais certainement pas un contrôle de la capacité de réflexion des élèves. Pire encore, tout élève un tant soit peu lucide gardera pour lui ses opinions, ceci afin de se conformer à la « morale » prévue dans le dit examen. Il serait en effet stupide de défendre une chapelle différente de celle qui vous donne la note finale, non ?

Après, on pourra me dire que la philosophie, c’est s’ouvrir l’esprit, s’approprier des concepts complexes, s’affranchir des clichés, et constater que l’homme a toujours pensé aux questions fondamentales. Soit : Socrate n’est pas né hier, tout comme il y a une littérature foisonnante d’auteurs qui sont encore d’une criante actualité. Ca, je ne peux qu’en convenir avec honnêteté. Par contre, avant d’espérer pétrir nos chers bacheliers avec du Kant, ne serait-il pas plus approprié de mettre la philosophie à leur portée ? Le « Je pense, donc je suis » est magnifique, bourré de sens, et fait gamberger depuis un paquet de temps… Mais est-ce que cela effleure réellement celui qui vise son BAC ? J’en doute. Je garde un souvenir émouvant de cette époque où, comme souvent, je faisais le contraire de ce qu’on pouvait attendre d’un élève moyen. Quand d’autres lisaient l’équipe pour savoir le dernier ragot sur le football, je m’envoyais des dizaines de livres, dont quelques classiques politiques comme le capital (bien qu’il soit d’un ennui profond de le lire dans son ensemble). Quand d’autres absorbaient des pages et des pages du livre de philosophie, ceci afin de formater leur future « composition », je lisais les auteurs cités, plutôt que leurs pseudo explications faites de raccourcis et autres omissions chroniques. Plus passionné des lettres ? C’est possible, mais c’est aussi et surtout parce que je ne tolérais pas qu’on m’enfonce dans le crâne des vérités sans que je sois en mesure d’en peser la valeur.

Amusante anecdote : mon professeur de philosophie m’a réellement apprécié le jour où, face à une dissertation ordinaire sur la liberté et ses limites, je me suis fait l’apôtre de la dictature. Amusé par ma manière de répondre à la question, tout en refusant la facilité, celui-ci m’a alors avoué, des années plus tard, qu’il avait eu un fou rire en constatant mon indéniable sens de l’ironie (selon lui je précise). Comme quoi, il y a parfois des professeurs se sentant investis par le plaisir de voir l’esprit chez leurs élèves, quand d’autres ne voient que des espaces de stockage à informations formatées et préparées à l’avance. La philosophie, à mes yeux, c’est comme la cuisine : si l’on vous livre un plat tout préparé en barquette, n’espérez certainement pas y trouver une quelconque finesse. En revanche, si vous préparez vous-même votre plat, si simple et élémentaire qu’il soit, vous y trouverez toujours la petite différence qui saura vous satisfaire…

Alors les bacheliers qui se seraient perdu dans mes lignes, ça pique toujours autant, de rester des plombes prostré face à un sujet aussi incompréhensible qu’inintéressant ?

07 juin 2011

Parité et égalité

Voici une petite définition très personnelle de la parité aujourd’hui :
« Parité :
Escroquerie morale supposée réduire les écarts de traitement, de rémunération et de respect entre les hommes et les femmes. »


Car oui, je parle bel et bien d’une escroquerie, d’une fumisterie comme il en existe quelques unes en politique. Depuis les quotas de « minorités visibles », jusqu’à ces salades ridicules de parité, tout ceci n’est qu’un vernis pseudo-moral derrière lequel certains se réfugient pour se donner bonne conscience. Or, la vérité est autrement plus simple : ce n’est pas en instaurant des quotas qu’on obtient une véritable égalité, c’est en agissant sur le fond du problème, à savoir que nous vivons, aujourd’hui encore, dans une société profondément misogyne, voire même raciste dans certains cas. Il est inutile de se voiler la face, le traitement des hommes et des femmes n’a rien d’égalitaire, et encore moins celui des Français qu’on considère, à tort, comme différents car n’ayant pas pour nom Dupuis ou Durand, ou encore parce que leur teint de peau n’est pas parfaitement blafard.

Pourquoi je réagis à ce propos ? Parce que je suis particulièrement ulcéré par l’attitude stupide et condescendante de nombre de députés face aux réactions des députées face à ces problèmes. En effet, nombre de femmes sont traitées dans le plus grand irrespect, le tout couvert par le rire gras de la plaisanterie salace (supposée drôle), mais qui couvre très majoritairement un comportement machiste et misogyne. Je suis furieux face à des « C’est juste de l’humour », ou encore des réponses comme « Elles en rient aussi ». NON ! Ce mensonge éhonté qui a pour but de pousser sous le tapis des attitudes malsaines n’est pas acceptable, et ce que ce soit dans l’hémicycle, ou au quotidien pour toutes le femmes. Et j’admets d’ailleurs d’autant moins de tels propos quand ils viennent de gens supposés lettrés, éduqués, et qui doivent représenter le peuple par leur position d’élu. Seraient-ils donc représentatifs d’une France qui se veut dirigée par des mâles ? Alors ce n’est pas la France en laquelle je crois profondément.

Tout ce battage provient de l’opportunité créée par « l’affaire » DSK. Chacun tire son profit de ce cirque, et ceci que ce soit à gauche comme à droite. Au fait, je me dois de faire un mea culpa concernant la personne de Jack Lang : ses propos ont été sortis de leur contexte, et donc déformés à loisir pour faire de lui une ordure finie. Je lui fais donc, par cet aparté, mes plus plates excuses. Revenons donc au sujet que je traite… Comme je le disais, les histoires DSK et Fron servent de support à une édifiante constatation sur le sexisme qui sévit en France. Derrière le silence des femmes qui, de peur d’être mal vues, ou de perdre leur emploi, se réfugient bien des ordures qui savourent un pouvoir inacceptable. Une femme, comme un homme, cela doit être traité de la même manière, avec le même respect, avec une analyse à compétences équivalentes, et le tout sorti de toute trace d’un débat quelconque sur la parité ou sur le sexe de la personne concernée. A mes yeux, je ne peux ni admettre ni comprendre qu’on puisse prétendre qu’une femme est moins compétente qu’un homme, sous prétexte qu’elle n’a pas d’attribut phallique.

Mais pourquoi remettre cette question sur le tapis alors, puisqu’il est entendu qu’on se doit d’être équitable ? Parce que la loi ne fait pas fléchir les mentalités, sauf à sanctionner très lourdement les résistances. En effet, sorti de quelques plaintes trop anecdotiques, les femmes ne sont réellement pas mises sur le même pied d’égalité que les hommes. Parce que les RH sont des hommes, parce que les recruteurs le sont aussi ? Allez savoir, et cela ne m’intéresse pas plus que cela. Ce qui m’intéresse, c’est avant tout que nous sommes encore à voir les femmes comme des « choses », des objets de désir, avant même de se préoccuper du fait qu’elles sont, au même titre que les hommes, le moteur de la société. J’ajoute qu’en plus de cette misogynie latente, nous ne faisons, pour l’heure, aucun effort concret pour protéger les femmes concernant les violences conjugales. Est-ce normal que nombre de femmes soient réduites à s’adresser à des associations, alors que cette protection devrait être un service de l’état ? Bien entendu, la réponse est clairement non. Je maintiens, j’affirme, et je revendique même que nombre de politiques n’agissent pas, tant parce qu’ils estiment que la femme leur est inférieure, et qu’au surplus ils se complaisent dans cet obscurantisme pour flatter leurs petits camarades. Cela me met hors de moi !

Le pire, c’est qu’au fond, nous sommes réduits à faire des lois inutiles, inapplicables, ou au mieux juste bonnes à décorer des règlements que personne ou presque ne daigne lire. Je suis sincèrement persuadé qu’on accusera, et ce pour longtemps encore, les femmes d’être moins productives parce qu’elles ont des enfants, parce qu’elles s’en occupent… ou je ne sais quoi encore. Dites, les crétins qui réfléchissent ainsi, auriez-vous oublié que ces enfants sont justement vos clients potentiels, qu’ils sont des consommateurs par le truchement de leurs parents, qu’ils seront, à terme, des adultes, et donc encore des clients ?! Le mot lamentable est insuffisant, il est même tendre face à ce que je pense de tout ceci. Si nous étions réellement capable de nous comporter dignement, aucune loi sur la parité ou l’égalité ne serait nécessaire. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une femme, se présentant à n’importe quel poste, serait alors traitée équitablement, embauchée au même salaire, et ce sans avoir à recourir à des lois complexes et passablement sexistes. Hé oui : la discrimination positive est juste une manière d’être rassuré que nous agissons avec respect pour la soi-disant différence. Ce n’est pas le cas : la parité, soit donc 50/50 ? Soyez honnêtes : pensez-vous sincèrement que les femmes soient aussi ambitieuses de petits pouvoirs pathétiques et temporaires, ou bien, comme Maître Desproges l’a si bien dit :

« J’ai envie de suggérer une hypothèse, selon laquelle la faible participation des femmes sur la scène politique serait le simple mépris qu’elles en ont. »

06 juin 2011

Point de vue

Tout n’est finalement qu’une question de point de vue dans l’existence. Depuis la mise bas d’un être humain, jusqu’à la dépose de son corps plus bas encore, le point de vue dicte clairement nos réactions et nos opinions. Songez y : comprendre une situation, tout comme y réagir ne sont que des analyses issues de notre point d’observation. Ainsi, les sciences, l’art, le quotidien, tout est affreusement tributaire du point de vue !

Commençons simple. L’homme, dès les premiers jours de sa naissance, sera tributaire de son extraction sociale, ainsi que de son lieu de résidence. Typiquement, il sera plus probable pour un enfant né en pleine guerre civile dans une république bananière quelconque de mourir par balle, qu’un enfant né dans un quartier chic de n’importe quelle mégapole riche de notre monde. Bien entendu, on pourrait alors me rétorquer qu’il y a les maladies, la génétique, ou encore les accidents improbables. J’entends bien, mais selon le point de vue des parents de l’enfant né en zone de combat, lequel des deux petits a le plus de chance d’atteindre l’âge adulte ? Je vois que vous avez déjà la réponse... Donc, quelque part, c’est le point de vue qui va nous dire si l’on est heureux ou pas. Ajoutons un autre critère histoire de pimenter le tout : est-ce que les parents de l’enfant jusqu’à présent mal loti croiront les parents de l’autre morveux quand ils leur affirmeraient (si tant est qu’ils soient amenés à se rencontrer un jour) que leur progéniture a au moins la chance de ne pas naître dans un endroit surpeuplé, pollué, devenu invivable à force de promiscuité et d’incivilités récurrentes ? Non, bien entendu : le malheur des uns ferait bien volontiers le bonheur de beaucoup d’autres.

Soyons plus vaches à présent. Les horreurs des uns sont la réussite des autres. Selon le point de vue appliqué, les drames de ce monde peuvent bizarrement devenir « tolérables ». Sans jouer les réactionnaires, l’esclavage moderne, l’exploitation des masses laborieuses font de nous tous des satisfaits de la surconsommation mondialisée. Pire encore, nous nous complaisons dans ce système, car, de notre point de vue, nous avons le « droit » de profiter de nos richesses, quitte à ce que cela soit au détriment des autres. Je sais bien qu’il s’agit là d’une image éculée digne des clichés faisant de l’occidental un bourreau pour l’asiatique, mais cela n’en demeure pas totalement faux... si l’on fait abstraction du point de vue de l’ouvrier sur chaîne en Chine par exemple ! Pour lui, nous sommes son salaire, nous sommes sa possibilité d’envoyer ses enfants à l’école, car nous sommes le principal débouché pour les produits qu’il fabrique. Il sacrifie ses libertés, ses loisirs, voire sa santé, tout ça pour qu’il y ait un avenir. Dans ces conditions, deux regards positifs sur une chose terriblement négative... Il est donc indispensable d’avoir tous les points de vue pour comprendre de quoi il en retourne vraiment.

Enfin, il y a l’incompétence crasse de l’homme, avec sa vue à court terme, pour ne pas dire pas au-delà de son groin… pardon nez. Depuis le général trop gourmand qui « oublie » par péché d’orgueil d’aller jeter un coup d’œil par delà la « foutue colline en face d’où ne viendront jamais nos ennemis », en passant par l’abruti qui grille un feu rouge, parce que de son point de vue « il a encore le temps de passer », jusqu’à l’impayable optimiste qui, lors du naufrage du Titanic, a affirmé jusqu’à son dernier souffle avant de se noyer « Ils avaient dit qu’il ne coulera jamais », l’homme aime à avoir un point de vue incroyablement stupide, à courte échéance, et surchargé d’espoirs trop souvent déçus. Nous sommes ainsi : nous ne croyons pas ce que nous voyons, mais finalement plus ce qu’on nous dit. C’en est même risible d’ailleurs, car il s’agit là d’une des mamelles de la propagande ! Allez répéter des dizaines de fois par jour qu’il existe des vaches bleues, et, tôt ou tard, quelqu’un prétendra en avoir vu une quelque part. De son point de vue, à cet observateur aussi mythomane qu’idiot, il s’agira là non d’un mensonge, mais « d’une vérité déguisée ». Le point de vue est éminemment politique, puisqu’il offre toutes les souplesses possible : mentir, ce n’est pas un péché, puisqu’il s’agit en fait d’une déformation de la réalité. Donc, du point de vue du politicien, baratiner un auditoire, ce n’est pas être un salaud, mais juste un orateur compétent, respecté, et surtout… susceptible d’inculquer ses thèses aux masses ; Chouette, ça tombe bien, j’ai quelques conneries à enfourner dans la tête des gens. Et si l’on affirmait que la voûte céleste n’est qu’un poster géant ? De mon point de vue étriqué, c’est presque crédible, puisque je vois le même ciel tous les soirs !