16 juin 2011

Le handicap en France

J’ignore si, parmi vous, il y a des gens qui côtoient régulièrement des proches atteints d’un handicap. Qu’il soit mental, physique, léger ou bien très lourd, le handicap est une chose que nous regardons sans y prêter attention, sauf à y être confronté frontalement. Ainsi, que ce soient les lieux publics, les administrations, ou même les logements, avoir un handicap, c’est être quasiment exclu de la société. Qu’on ne me parle surtout pas d’intégration de ces personnes, car nous les traitons comme tout sauf des « personnes » justement ! Les lois sont claires : les grandes entreprises sont tenues de faire une place au handicap, sous peine de payer une amende. Combien de sociétés préfèrent payer la dite amende, que de faire l’effort d’avoir des postes adaptés (ergonomie et accessibilité notamment), ou de pourvoir des postes à faible qualification pour les problèmes mentaux ?

Aujourd’hui encore, le handicap crée l’exclusion. Scolariser un enfant handicapé se révèle plus tenir du parcours du combattant, que de la formalité qu’elle devrait être en France. Au surplus, combien de familles s’entendent dire qu’il n’y a carrément pas d’infrastructures pour gérer le handicap quel qu’il soit ? Honteux, d’autant plus quand l’état se gargarise des efforts faits en la matière. Si vous voulez comprendre de quoi il s’agit, allez en ville, et observez les trottoirs, les passages piétons, et l’accès aux commerces. Je vous mets au défi de trouver une seule ville pouvant se targuer d’être totalement accessible aux fauteuils roulants. Pire encore, quels efforts sont-ils fait pour la cécité ou la surdité ? Et le monde virtuel n’est pas épargné, car rares sont les sites institutionnels à être capables de s’adapter au handicap des citoyens ! Parce que là, on ne parle pas d’une très faible population, mais de citoyens comme les autres, qui méritent que l’on tienne compte d’eux.

La discrimination à l’embauche n’est pas en reste : fauteuil ? Béquilles ?
«
- Désolé monsieur, vous ne pourriez pas vous déplacer chez nos clients.
- Ah, et comment suis-je venu à l’entretien ? (je censure les épithètes qui suivent normalement la phrase) »
De quoi avoir envie de vomir. J’ignorais que la compétence était tributaire de la capacité à tenir sur ses jambes… Ou alors Stephen_Hawking n’est pas une sommité scientifique ! Je suis furieux contre cet état de fait, parce que nos critères sont dignes des paysans du moyen-âge : obscurantisme, intolérance, méconnaissance, tout est bon pour considérer que le handicap est honteux et gênant.

Oui, la vie d’un handicapé n’est pas simple. Pour le handicap mental, cela va de l’isolement par incapacité à communiquer, à l’isolement de fait, par intolérance envers la personne handicapée. Trisomie, autisme, « faiblesse intellectuelle » (expression pudique pour dire attardé mental, débile, mongole…), nous les mettons ensemble en partant du principe qu’ils ne nous comprennent pas, et qu’en retour nous ne comprenons rien à leur logique. Soit. Il est souvent délicat de communiquer simplement, mais cela ne doit pas nous ôter de l’esprit qu’ils peuvent aussi vivre dignement, effectuer des tâches plus ou moins simples, du moment qu’elles sont correctement encadrées. Mieux encore : le retard mental n’est pas pour autant synonyme de bêtise intégrale, et à l’aide d’une formation adaptée, un handicapé mental sera tout à fait capable de tenir un poste, et donc une place dans notre société.
Pour l’handicap physique, pourquoi croire que tout se réduit à « peut faire », ou « ne peut pas faire » ? Un tétraplégique peut tout à fait utiliser un ordinateur de nos jours. Un paraplégique n’a pas besoin de ses pieds pour conduire une voiture à commandes adaptées. Un hémiplégique pourra trouver un emploi, du moment que son handicap sera pris en compte. J’ai une profonde colère contre celles et ceux qui se contentent de dire que « embaucher un handicapé, ce n’est que des emm… ».

Enfin, lisez ce billet d’humeur d’un internaute. Il est tétraplégique (comme un de mes amis), entrepreneur (tout comme lui encore une fois), et se voit traité d’une manière totalement indigne. Pour un qui ose se plaindre sur la toile, combien se taisent de peur d’être traités, à tort, de « jamais contents » ? Nous n’avons absolument pas le droit de nous comporter de la sorte. Nous n’avons pas à traiter nos proches, nos frères, nos enfants en parias parce que la vie n’a pas été tendre. Nous n’avons qu’une chose à avoir, c’est honte de nous-même en leur refusant une place naturelle dans notre société. Oui, il est parfois difficile d’avancer, oui, il est compliqué de progresser dans cette voie, mais non, trois fois non il n’est pas impossible de donner une place légitime à nos concitoyens.
Louis van Proosdij Duport qui parle des protocoles de soins

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