30 décembre 2008

Palestine et une guerre à venir

Cela ne suffit pas aux gens que leurs symboles de Foi soient ceux qui servent de prétexte à la violence et à la haine, non à présent il faut en plus s’en servir comme raison d’un supplice quel qu’il soit. Depuis des décennies le conflit entre Israël et la Palestine ne fait que s’alimenter de lui-même, comme si chacun n’avait aucun intérêt réel à trouver un terrain d’entente, si entente il y a. J’ai comme des hauts le cœur quand on m’annonce avec ce pince sans rire si journalistique que « les belligérants se sont assis à la table des négociations ». Ah ? Une négociation ça se fait avec un canon collé sur la tempe ? En ce qui me concerne j’appelle cela un chantage pur et simple. De fait, chacun tente de son côté de faire pression sur la partie adverse, les uns à coup de roquettes artisanales et de bombes, de l’autre à l’aide de blindés et de bombardements. Quoi qu’il en soit, Gaza n’est plus réellement une ville mais simplement un ghetto que chacun se complait à maintenir dans la promiscuité (isolement par fermeture régulière des frontières), dans la pauvreté (chantage énergétique) et même l’ignorance (censure des médias). A ce jeu aucun des deux états ne peut prétendre à obtenir une paix durable pourtant désirée par la majorité silencieuse de leurs deux nations.

Aberrant. Le mot n’est pas suffisamment fort pour décrire cet entêtement ridicule qu’ont les uns et les autres à refuser de faire un pas vers un compromis. La terre n’est pas une possession, on l’occupe temporairement et l’Histoire se fait fort d’effacer les propriétaires d’hier au profit des occupants d’aujourd’hui. C’est tout de même hallucinant : pourquoi refuser des droits fondamentaux aux palestiniens comme celui d’exister et d’exprimer leur opinion, et de l’autre de ne pas prendre en compte le fait que la nation israélienne, aussi artificielle qu’elle fut à sa création est dorénavant un fait politique avéré ? Cela n’arrange alors personne de vouloir prendre le temps de la discussion ? Ah ça pour exiger, décréter que l’autre est un menteur, chacun n’hésite pas à user de ces termes de manière à rendre l’ennemi atroce et malsain, par contre faire son autocritique et assainir ses propres rangs, personne n’ose ! Tenez, si l’on prend chacun des camps, n’ont-ils pas tous les deux les mêmes handicaps ? La religion comme méthode de gestion politique, la haine fervente par la Foi pour doctrine, et au bout du compte des revendications issues d’une histoire millénaire et franchement souvent plus fantasmée que réelle. Aussi honteuse que soit l’attitude des terroristes palestiniens, encore faut-il comprendre la vie d’un expulsé de sa terre natale, et ainsi saisir la douleur et la frustration de n’avoir aucun droit si ce n’est de vivre comme un rat dans un camp. L’arrogance d’un côté, la haine fanatique de l’autre, de quoi continuer à alimenter le brasier de la haine réciproque.

Je parlais de religion mêlée à la politique... On va me rétorquer que cela n’existe que du côté palestinien, mais c’est un mensonge éhonté : pourquoi l’état israélien n’intervint jamais contre la création de colonies sauvages ? Parce ce que celles-ci furent montées par des chefs religieux, ces guides spirituels qui décrétèrent que la terre sainte est celle des juifs et nul autre peuple. Difficile de se mettre à dos les maîtres de la Foi surtout quand on arbore la dite religion sur le drapeau national... De l’autre côté même combat : un gouvernement lié à l’intervention armée de résistants qui, par désespoir ou au contraire par foi inébranlable dans leur convictions, se rabattent sur la religion comme méthode de fédération des forces. Soyons clairs : tant que nous cautionnerons l’un ou l’autre des deux partis sans pour autant le forcer à se tenir assis à la table des négociations, ce conflit durera tant que l’anéantissement ne sera pas total d’un côté ou de l’autre.

A terme l’on pourrait aisément assister à une escalade plus grave encore que celle qui s’engage. L’armée de terre israélienne va s’enliser dans les villes et bourgades et, bien que rompus à l’exercice, ces troupes vont subir un camouflet de la guérilla urbaine qui va s’engager. A l’instar des USA devenus trop arrogants en Irak Israël risque de payer le prix fort de son enthousiasme à frapper au cœur de la Palestine. Ce qui risque de faire dégénérer le conflit c’est aussi l’attitude des autres nations arabes qui encerclent l’enclave juive. Que les différents états daignent se mettre d’accord et ce sera un bain de sang, quand bien même l’armée Israélienne serait mieux équipée et formée que celles de ses opposants, le raz de marée serait inévitable ou presque. Ce fut presque le cas lors de l’assaut égyptien durant la guerre du Kippour, par chance pour Israël la stratégie psychorigide égyptienne leur coûta la victoire. Attendons nous à ce que des chefs de guerre mieux formés soient plus lucides que leurs prédécesseurs, et donc que le conflit ne se contente pas de durer que quelques jours... En perspective si aucun système n’arrive à enrayer cette folie de l’état hébreu, nul doute qu’il va payer sa fierté et son orgueil un prix que la population va rapidement estimer comme inacceptable.

29 décembre 2008

Loisirs de groupe

Qu’il me soit donné de comprendre le pourquoi des mouvements grégaires humains à périodes précises et je pense que je me coucherai, une fois n’est pas coutume, moins idiot que la veille. En effet, rien ne m’est plus incompréhensible que cette nécessité absolue d’aller suivre le troupeau pour effectuer une migration vers des lieux dits de tourisme de masse (mis à part peut-être l’humanité en elle-même, mais là n’est plus vraiment la question). Observez donc : l’autoroute A6 obstruée en été et les routes menant aux stations de montagne en hiver sont deux symptômes de la sauterelle homme engoncée dans son exosquelette mécanique. Je ne dois pas être comme eux puisque je ne saisis vraiment pas ce plaisir d’être mêlé à une foule d’inconnus et encore moins de ressentir de la joie à me serrer contre eux toute la journée.

Tenez, prenons la plage. Quoi de plus déprimant qu’une plage en été ? Entre la compagne blessée de ne pas avoir les formes adéquates pour apparaître séduisante en maillot et son beauf d’époux qui regrette déjà son teint blafard remplacé par les coups de soleil de la première exposition, on assiste vraiment au défilé de celles et ceux qui tentent désespérément de paraître plus que d’être au moment de l’été. Et puis ça n’en finit jamais : défilé de « sans honte » dont l’allure ou la tenue est une ode à l’attitude beauf par excellence, rôtis humains qui ne se sentent exister qu’une fois la peau vérolée de mélanomes en devenir, et ces marmots qui trouvent le moyen de ne pas se noyer alors que la baignade est strictement interdite... Non sincèrement, la plage n’a rien de ragoûtante d’un point de vue uniquement humain. Et puis là survient le pire, la chose qui m’est la plus insupportable, le drame qui me harcèle plus que n’importe quelle autre douleur à la vue d’un beau paysage saccagé par le béton. La plage, un lieu de loisir ? Dites plutôt un étalage où trouver une place revient à garer un camion dans un parking d’hypermarché une veille de noël ! Le moindre carré libre est pris d’assaut, on se dispute l’espace vital avec une serviette refuge et l’on va jusqu’à vous louer (sic) ce dit espace sous prétexte que « tout ce qui est rare est forcément cher ». C’est d’ailleurs pince sans rire qu’on vous propose des matelas à prix prohibitif, tarif supposé décourager les fauchés, en gros vous et mois qui ne mettent pas un SMIC par paire de godasses. Décourageant d’autant que les restaurateurs et hôteliers ne se privent pas pour vous asséner le coup de grâce en triplant le prix de la moindre consommation... Bref, la plage ce sera sans moi !

Parlons en de ces loisirs hivernaux, de cet attroupement bariolé et informe qui vient envahir et souiller les pentes enneigées de nos belles montagnes ! Parlons en de ce bétail qui vient s’entasser dans des cabines bondées, glisser sur les pistes tenant plus de l’autoroute A6 (encore elle) que du chemin vicinal désert. C’est bien simple, il ne manque plus que des feux rouges et la maréchaussée pour que Courchevel ou Tignes ressemblent au périphérique parisien aux heures d’affluence ! Rien que cela m’horripile, alors que dire des goûts vestimentaires plus que douteux qui guident les gens à ces périodes de frimas en altitude ! Arc-en-ciel en guise de blouson, bonnets aux couleurs improbables, lunettes de soleil « à la mode » qui vous font un visage ridicule, bref l’attirail du comment se ridiculiser sous couvert de se croire à la mode. Même les mômes n’y échappent pas, et les marques n’hésitent pas à en rajouter : sponsoring de dessin animé débile sur l’écharpe, jouets divers et variés qui ne supportent la poudreuse que l’espace d’une minute ou deux, et puis au final tant les parents que les enfants se voient plombés par le mouvement perpétuel du look à préserver. Par pitié, équipez vous mais sans pour autant céder à la bêtise ! Sans rire, à quoi bon des oreilles de lapin sur un bonnet si ce n’est passer pour un idiot fini ? Certes, le côté amusant pourrait être mis en avant, mais quand tout le monde le fait...

Il y a une autre catégorie que j’ai oubliée dans mon bestiaire : les retraités. Ceux-là sont une engeance, une plaie pire que celles qui furent promptes à ravager l’Egypte ! Le retraité a deux priorités : ne pas se fatiguer et rester tranquille. Alors là, j’ai du mal à suivre : pourquoi notre cher papi râleur s’acharne-t-il à aller sur les pistes et donc à insulter les jeunes qui, eux, ont encore toute leur souplesse ? Pourquoi faut-il qu’il se plaigne des plages bondées ? Faut-il qu’il soit si stupide pour qu’il oublie que, lui aussi, il fut un amateur de beuveries nocturnes et de ski à tombeau ouvert ? Alors en désespoir de cause il se rabat sur la thalassothérapie, se sent vieillir tandis qu’on le scelle dans de la boue supposée bienfaisante, puis il se satisfait en se disant qu’une partie des soins seront à la charge de la société. Mais merde l’ancêtre, en quoi fuir les zones touristiques est une preuve de bon sens ? Une plage est belle une fois qu’on la sait vidée de la foule, alors autant partir hors saison ! D’ailleurs de saison le retraité n’a pas à s’en soucier vu que, par essence, il est libre d’aller et venir sans contrainte. C’est à croire que la foule a un pouvoir d’attraction même sur les plus anciens d’entres nous. Soit dit en passant, rien n’est plus pénible que la proximité d’un couple d’anciens acariâtres qui ne voient dans la jeunesse (entendre moins de 45 ans) qu’une contrainte voire même une gêne. Je n’ai rien contre les anciens, c’est le contraire, mais j’apprécierais qu’ils me retournent la politesse...

Et puis finalement le troupeau s’est fait faire les poches, il revient délesté de ses économies, mais la peau chargée des balafres dues aux méduses et au soleil trop cruel, et une fois rentré dans ses pénates et l’attirail stocké pour l’année prochaine, le troupeau s’exclamera avec satisfaction qu’il a passé de bonnes vacances. Ah ? C’est cela des vacances ? Très peu pour moi !

26 décembre 2008

Faire son bourgeois

Serait-ce l’embonpoint naturel que je traîne depuis des années, ou bien l’improbable plaisir coupable que j’ai éprouvé durant les festivités de Noël qui me ferait douter de ma qualité de fils de prolétaire ? En effet, loin de l’aspect un peu beauf et suranné que l’on peut prêter au cérémonial du sapin, je me suis pris à savourer la tablée ainsi que le sourire un brin ringard que chacun arbora au moment de la remise du paquet emmailloté. Qu’on me pende, qu’on m’étripe en place publique, j’embourgeoise tandis que la bourse elle se charge de déboiser les bourgeois déjà en place. A croire que la conjoncture morose serait favorable aux cyniques de mon espèce !

Oh je dis ça avec un côté provocateur que chacun me connaît, toutefois cette maladie du bourgeois n’est pas si prétendue que réelle. Tenez, si la connexion Internet ne fonctionne pas je suis capable de pester et de mêler à mon discours courtois des insultes propres à faire pâlir un charretier. Sans rire, le mélange entre culture pointue et éducation prolétaire donne franchement un mélange explosif hésitant entre embrasement spontané et subtile destruction patiente de la cible. De là à dire qu’une personnalité double se serait créée au sein de ma boîte à neurones il n’y aurait qu’un pas que j’ose franchir avec une certaine fierté. Alors, côté introspection je peux y aller de ma petite phrase : je suis un dingue cultivé ! Etrange analyse, d’autant qu’un dingue se doit d’être raffiné, un Hannibal Lecter que l’on peut inviter sans frémir à une table de grand restaurant. On ne tolère plus les bouchers, on repousse les meurtriers sans revendication sociale, et le psychotique n’a la cote que dans les écoles de médecine. Franchement, éliminer une énorme part des névroses très bourgeoises que sont l’angoisse de la pauvreté et la frayeur du manque de reconnaissance, n’est-ce pas là le signal d’un déclin d’une classe pourtant prospère ?

On s’éloigne du sujet me susurre mon censeur insatisfait de ma sérénade suintante de considérations sensibles (essayez donc de dire cette phrase sans bafouiller que je rigole !). Non pauvre fat ! Au contraire même ! La bourgeoisie ne se repère que parce qu’elle se boursoufle de fierté mal placée, parce qu’elle ne prend jamais part à quelque revendication autre que sa préservation, et donc qu’elle ne tolère pas les écarts de morale telles que les déviances psychologiques ou psychiatriques propres aux prolétaires. Alors moi qui tangue entre le pointu de l’esprit étriqué indispensable au bien paraître en société, et l’arrogance râleuse au poing brandi d’un tiers état colérique, me voilà donc assis entre deux systèmes qui n’ont pour vocation que l’affrontement ou l’exploitation du plus riche au détriment du plus nombreux. C’est pénible d’autant que le conflit intérieur mené par ces deux entités m’amène aux débats les plus imbéciles. Tenez, pour revenir ma tablée de Noël : costume ou pas costume ? Le bourgeois ensommeillé m’invite poliment à me parer de mes plus beaux atours pour honorer la famille, honorer le dieu consommation et ainsi faire jouer la machine à laver et le pressing en cas d’accident culinaire. Le prolo lui me lance avec fureur qu’il n’y a pas de raison de s’endimancher comme un pingouin et que somme toute si ma famille n’apprécie pas ma tenue c’est qu’elle s’inquiète que de broutilles. Vous me faites suer, laissez moi me préoccuper non du superflu mais que de l’essentiel !

Alors faire son bourgeois a ses avantages indéniables : on vous sert avec obséquiosité dans les restaurants, on vous gratifie d’un sourire poli et insistant dans les commerces, et le geste de sortir une carte bleue qui dit « oui » avec facilité semble délier la langue des vendeurs les plus malpolis qui soient. Tels des vautours ils vous encerclent alors, se font humbles et prêts à tout pour vous refiler leur dernier frigo en stock (celui dont personne ne veut) et qui se doit d’être « une super affaire à ne pas rater ! ». J’oublie également l’attitude souriante et même parfois complaisante de certains membres de la maréchaussée qui doivent confondre souplesse face à la sanction et passer la brosse à reluire sur le dos des bons contribuables. Et dire que ces mêmes agents de la force publique me vouaient une haine farouche lorsque j’errais paisiblement avec mes amis, ceci pour la simple et malfaisante raison qu’ils n’avaient ni la dégaine du fils de riche ni la couleur de peau dite « réglementaire ». Alors, satisfaisante la vie du bourgeois ? Parfois elle se fait pénible : se plier à des codes de moralité aussi hypocrites que jamais respectés mais systématiquement revendiqués, obligation de respect pour une hiérarchie plus pétrie d’incompétence que d’efficacité, sans rire la vie du petit bourgeois se doit d’être frustrante pour être réussie. Et là mon sang bouillonne, le démon de la grande gueule remonte comme les remugles d’un lendemain de fête trop arrosée : « Mais gueule bordel ! » s’insurge la conscience trop longtemps étouffée par la bienséance. « Envoie les se faire … ! » ajoute-t-elle avec véhémence tout en me tortillant les intestins qui n’avaient pourtant à rien à se reprocher.

Je bascule donc vers l’anarchiste convaincu, le braillard à l’étendard claquant au vent… puis tout à coup le confort du sofa, l’agréable sensation d’être chez soi, à l’abri des drames du monde et des hommes se fait sentir. Je suis donc là, assis, les fesses vissées à un fauteuil dont le nombre de réglages fait passer un siège de voiture pour une cagette de marché. C’est ainsi, la colère aussi légitime qu’elle soit se laisse souvent soudoyer par la facile décontraction et à la trop aisée fin des revendications au profit de la quiétude si durement acquise. Peut-être aurais-je dû grandir dans la soie, alors mes gueulantes auraient elles prises une autre route que celle d’être instantanément brisées par ma propre flemme. Honteux ? Qui peut me dire à quand remonte sa dernière véritable manifestation de colère contre le système si honni (soi-disant) ? Allons, un peu d’honnêteté : ceux qui me lisent sont comme moi après tout : des petits bourgeois bien heureux de pouvoir savourer la chaleur d’un radiateur… Que nous sommes veules et lâches n’est-ce pas ?

Là je m’en veux un peu, je vomis ma haine misanthrope contre tout ce qui vit, comme si j’étais l’archétype du dégonflé à grande gueule, la caricature de ce que fait l’Homme quand il se croit capable de réflexion. Hélas, difficile de nier l’évidence : chacun a ses travers, ses lâchetés plus ou moins bien assumées, et au bout de la route seul le trou arrive à nous mettre tous d’accords. Un jour, qui sait, nous serons peut-être amenés à réfléchir à notre sort individuel. Faites que je ne sois pas le plus lâche du lot, j’en serais franchement contrit et même déçu !

24 décembre 2008

Une vidéo pour finir la journée en beauté

Et dire que je hais tout ce rituel

L’Homme n’est que paradoxes : il vit, se plaint de vivre, puis il meurt et se refuse à quitter le monde pourtant peu chaleureux où il a évolué sans but ni même d’intérêt autre que lui-même. Alors, penché sur le destin qui est le sien, il geint, creuse en son âme et se cherche une conscience qui lui a fait si souvent défaut. Somme toute il offre alors ses dernières parcelles d’existence non à se repentir et à se comprendre mais à se lamenter et exiger un pardon pour ses fautes au lieu de les expier. La Foi qu’il a en la Vie est alors si forte que son corps se démène pour résister au trépas tandis que la Mort, joueuse et experte en plaisanteries vaseuses s’offre un petit moment de bonheur qui consiste à torturer le faux pénitent agenouillé face à des idoles qui ne sont pas les siennes. Se racheter ? Oui l’Homme tente de se racheter en se payant une conduite, il fait don de ses abats et de ses biens à des sociétés expertes dans le racket moral et il s’adonne enfin au dernier soupir, le plus long, le plus éternel des râles, celui qui le mène on ne sait où mais auquel il a voué une vie d’errances.

De temps en temps l’Homme se souvient qu’il n’est pas seul, il s’épanche en présents aussi vains qu’hypocrites et tente de se rassurer en s’imposant un cérémonial fait de rubans et de papier à motifs. Son âme tente alors de s’extirper du marasme d’un quotidien consensuel et cherche à pousser le cri d’un besoin d’union, un de ces hurlements que l’on n’aime guère sentir passer par la gorge nouée. Il se veut charitable, soucieux d’aimer sans décorum théâtral, et tenter de renouer des liens avec celles et ceux qu’il a si simplement oublié ou mis de côté plus par commodité que par ressentiment. La grand-mère lâchement stockée dans un mouroir, le cousin empêtré dans ses ennuis mais pour qui l’on a aucune compassion, le voisin vieux garçon qui n’a pas d’autre choix que de vivre reclus, à tous il fait un présent qu’il joint à un sourire circonstancié. Dans quel but ? Est-il si peu logique qu’il suppose à tort qu’il aura le droit à la rédemption ou à un paradis aussi illusoire que jamais démontré ? Il s’en moque du moment que le poids de son inconséquence diminue quelque peu au moment des fêtes obligatoires.

C’est ainsi : on se rachète plus qu’on s’offre réellement lors des instants de grâce. Le regard embué des larmes de remords il enlace la petite dernière bien malade, embrasse la belle-sœur qu’il taxe pourtant de bêtise crasse et serre la main de son parrain, demeuré parmi les cons. La table dressée il s’enivre, s’empiffre et se laisse aller aux bacchantes simplement parce que le plaisir a le don de faire oublier le quotidien. Fuite en avant s’il en est, il tressaille déjà à l’idée que des cadeaux soient mal choisis, il frémit de terreur en imaginant le regard déçu du gamin innocent s’attendant non à une boîte de legos mais plutôt une voiture radio commandée. Dansant d’une fesse à l’autre sur son trône d’hôte d’un cérémonial qu’il honnit, ses doigts triturent en silence la pauvre serviette de papier qui lui sert d’exutoire. Pauvre de moi se lamente-t-il en regardant les autres apparemment amusés de la situation. En bon paranoïaque il s’attend aux foudres de ses invités, se prépare aux sarcasmes de la vieille peau toujours prompte à critiquer plus qu’à bâtir quoi que ce soit de concret. Que la pendule est cruelle au milieu du brouhaha fait de tintements de verres en cristal et de cognements de l’inox sur la céramique des assiettes ! Lui, il n’entend que le cliquètement de l’horloge fixée au mur, il surveille la trotteuse si pressée de parvenir à son châtiment, ce moment où la nuit bascule d’une date anodine à une autre symbolique.

Plus la nuit avance moins il est serein. A-t-il oublié quelqu’un, tous les paquets sont-ils emballés ? Il tourne et retourne en lui-même car impossible de se déplacer sans briser la magie de trottoir mise en place pour fasciner les enfantins rêves des bambins déjà à moitié assoupis. Traumatisante attente, plus que quelques minutes à tenir, les vapeurs d’alcool s’évaporent sous l’action d’un métabolisme déjà fort mis à l’épreuve. Et puis c’est le moment : tous se lèvent, on allume la lumière, chacun se saisit des paquets qui leur sont destinés, puis les emballages volent et s’empilent avec frénésie. Pas d’ironie ? Pas de critique ? Pas de sourire forcé ? Tous semblent ravis de l’instant, les mômes s’excitent et déjà créent des univers improbables et même l’acariâtre belle mère se prend au jeu et fait la bise à cette famille rapportée qu’elle prétend ne pas trop apprécier. Alors finalement de mort annoncée, de sacrifice rituel au Dieu Noël rien se ne passe, la joie est en la demeure et les flammes d’un enfer terrestre disparaissent au profit d’une douce neige de sentiments partagés. Devient-il pour autant nostalgique ce cher Homme ? Pas vraiment, il s’enivre de chaleur humaine puis se sent stupéfait à une idée qui commence déjà à le ronger de l’intérieur : il va falloir recommencer ce péplum l’année prochaine !

A vous tous qui me lisez je vous souhaite malgré mon cynisme de bon ton de très bonnes fêtes, que vous soyez seuls ou non à dîner. Je partage avec vous ces vœux que j’ai déjà déposé l’année passée, un hommage d’un grand chanteur, un rêve que je partage avec lui.

Merci Monsieur Lennon, faites que vous soyez un jour exaucé...

23 décembre 2008

Tribulations

Depuis que l’Homme est capable de sortir de sa grotte et d’émettre d’autres sons que de simples grognements il s’est empressé d’explorer le monde et d’en jalonner joyeusement les contours. Non content de s’approprier des territoires, notre cher explorateur s’est également mis en tête de créer des frontières ainsi que des états. Mais si, vous savez, ces pointillés sur les planisphères qui ne se voient pas au sol et qui donnent lieu à une recrudescence du commerce des armes ! Ah ça, pour s’identifier l’Homme fut donc toujours prompt à s’accaparer la terre qui finalement lui rend bien en l’absorbant à son tour, boîte en sapin comprise.

Et voilà que nous voyageons, souriants, insouciants et ravis de savourer le confort d’un fauteuil étroit et raide comme la justice dans un avion charter d’une compagnie sur liste noire ! On se satisfait des paysages, des nuages et autres oiseaux effrayés par la machine volante tandis qu’au dessous errent des soldats en guerre, des sous marins aux mains de paranoïaques ou d’autres avions très lourdement armés. C’est amusant comme du ciel nos nations semblent vaines et inexistantes, comme nos concepts de passeports et autres visas apparaissent ridicules et même pathétique. A dresser des barrières nous en sommes donc venus à nous dresser les uns contre les autres, ce qui a mon sens vaut bien un oscar à la connerie (un de plus va-t-on dire). Alors, au milieu des conflits, entre les balles et les obus l’on trouve encore des tordus qui veulent se déplacer sans limite, de ces malades qui supposent à tort que l’océan est un état indépendant et que le désert n’est qu’un territoire aride et pas une zone militarisée à outrance. Tenez, les navigateurs sur leurs machines hors de prix, ne sont-ils pas les tenants du luxe absolu, celui de la liberté temporaire d’errer d’un port à un autre sans risque d’être contrôlé par une douane volante ? D’un autre côté il faut dire que la vérité ressort vite du rêve... nombre de concurrents du Paris Dakar s’en sont rendus compte soit en croisant des hommes en arme, soit en traversant des zones supposées minées. On ne fait généralement pas deux fois la même erreur mais tout de même, s’aventurer en plein conflit sous prétexte de gagner une course, il y a de quoi se demander s’ils sont sains d’esprit.

La Nature elle se fout de nous à longueur de journées : virus transportés par des oiseaux migrateurs, loups qui se moquent des frontières douanières et j’en passe. Ne rit-elle pas de notre ridicule acharnement à vouloir tout réguler ? Va-t-on leur coller des passeports électroniques ? J’en ris d’avance ! J’imagine bien l’interrogatoire d’un écureuil qui ne s’est pas rendu compte qu’il a franchi une frontière en fraude, tout cela parce que la noisette d’en face était plus appétissante que celle pendant sous son museau. Pauvre de nous, se lamentent les voyageurs, les gens de bonne volonté, ceux qui croient encore mordicus au concept de nation humaine. Ils ont de quoi pleurer même si cela fait marcher le commerce. Merci les taxes, merci les impôts, merci le marché noir, merci la contrebande ! Sans rire, créer des limites crée immanquablement des débordements imprévus et pires que le remède initial, et nous en payons tous les jours le prix. Ceci dit, je pourrais également imaginer que nous allions jusqu’à utiliser les animaux pour en faire des transporteurs aussi agiles que silencieux sur leur tâche. Une baleine, ça ne se syndique pas à ce que je sache. On pourrait alors lui faire tracter des containers à vil prix, tout ça contre un peu de plancton non souillé par nos polluants.

Alors quoi, que reste-t-il des idéaux des grands conquérants des mers, de ces gens qui se sont attelés à cartographier des territoires inconnus ? Le Saint GPS s’est chargé de devenir notre mémoire géographique et qui plus est de nous raccourcir les distances. Amusant quand on sait que plus la distance est courte plus il y a de cons sur la route. Je me moque, mais à tout bien y réfléchir nous avons supprimés le rêve fondamental de voyager : l’action de voyager par elle-même. Rien n’est plus ordinaire que de décoller d’un aéroport, rien n’est plus banal que de prendre le train pour aller à l’étranger. Alors quoi, plus de fantasme de lointain ? A ce rythme les monuments et la culture des autres devient presque trop abordable, une sorte de fast food du divertissement où l’on se presse devant une grille, bien en rang, clac dix photos et hop, patelin pourri suivant. Qui s’émerveille encore sur des paysages simples, sans prétention, rudes et francs ? Mis à part les rêveurs et les dingues comme moi...

n’allez pas en parler à une agence de voyage, elle me foutrait un hôtel juste en face de chez moi !

Mollesse

Qu’il me soit donné d’exprimer avec véhémence ma bile vis-à-vis de l’humanité est déjà une chance, mais qu’en plus je sois capable de la mettre sous une forme somme toute compréhensible d’une part certes congrue, mais une part tout de même de l’humanité me rend heureux. En effet, quoi de plus jouissif que de pouvoir, sans la moindre hésitation, tracer les lignes de son esprit et de les exposer tel un exhibitionniste à une foule avide de critiques acerbes ? En ces termes l’idée d’écrire est donc un ravissement de tous les instants, d’autant qu’il m’est salutaire de relater ici même chacune de mes aigreurs avec l’emphase que vous me connaissez. Toutefois, il m’arrive de rester coi, silencieux et sidéré face à mes contemporains tant ils font preuve d’un don unique dans le règne animal : la connerie.

S’il y avait un temple à ériger et qu’aucune civilisation n’a daigné dresser c’est celui en l’honneur de la bêtise humaine. Dites vous que ce ne sont que les vertus qui sont supposées élever l’homme et pas ses travers, et que de fait, nul croyant ne se serait abaissé à s’incliner face au dieu de la stupidité. Pourtant, force est de constater que la modernité apparente s’apparenterait plus à une ode à l’imbécile construction humaine qu’à la richesse d’une société supposée évoluée. Evolution, voilà un mot bien pédant et qui n’a que faire de la réalité ! Par exemple, aujourd’hui encore j’ai eu le déplaisir de croiser cette jeunesse aussi désoeuvrée qu’inutilement abreuvée de publicité. La voici, déambulant sans but au cœur du temple de la consommation qu’est un centre commercial. Sont-ils là pour perpétuer le geste d’achat si cher à notre capitalisme galopant ? Même pas, il s’agit d’une errance sans but, d’une recherche du temps que l’on veut tuer et de la noyade oculaire dans l’opulence des rayonnages anonymes. Certes ils conversent, discutent les tarifs, taxent les marques de qualités et de superlatifs, mais tous font preuve de la même mollesse intellectuelle, de celle qui fait que l’on s’appesantit non sur la nécessité mais sur le superflu. Alors, depuis la conception de l’idée de besoin jusqu’au constat déprimant d’absence de ce dit besoin, cette jeunesse se trouve donc prisonnière de critères stupides et dénués de fondement. Navrant.

A vrai dire, la fausse idée que le tempérament sert à la préservation est aussi dangereuse que vaine. Regardez donc : celui qui hurle ses grands dieux qu’il ne se laissera pas piéger par le système se presse généralement pour ne pas rater le journal du soir ou bien se dépêche d’être dans ses pénates pour lancer le dernier jeu à la mode sur sa console dernier cri. D’ailleurs de cri ce n’est alors plus qu’un piaillement informe, le genre moineau étouffé par les serres d’un aigle trop heureux de se saisir d’une proie aussi facile. Mous ils sont, mais c’est avant toute chose par choix conformiste que par l’apparition d’une quelconque contrainte. Nous ne sommes pas en terre sous l’égide d’un despote, bien que l’on pourrait fort justement estimer que le nouveau dictateur de notre monde est le roi monnaie. Dans cet esprit il est donc plus simple de courber l’échine en prétendant que c’est nécessaire pour pouvoir faire de l’argent. Nous sommes donc vraiment cons car nous nous avilissons de bonne grâce à l’économie de marché qui est le masque souriant d’un monstre, que dis-je un démon plus dangereux encore, celui de la conformité ordinaire.

Mine de rien notre monde se divise qu’en deux grands groupes. Desproges déclarait : les juifs et les antisémites. Moi je vois plutôt ceux qui sont tenus de consommer et ceux tenus de produire. Bien sûr la première population agit aux dépends de la seconde, et ce depuis que le câble électrique ou téléphonique a supplanté le coursier à cheval. Nous nous devons de symboliser une réussite sociale, quitte à devoir ravaler nos idéaux les plus élémentaires. Il est plus difficile de croire en la liberté quand une baïonnette vous fouille les omoplates répondra avec justesse le nord coréen, et paradoxalement il sera presque aussi dur de croire à l’égalité des chances quand le banquier vous tiendra en joue avec ses taux d’intérêt exorbitants. C’est le jeu : on a remplacé le canon par le portefeuille et l’artillerie des prix semble plus efficace pour raser une ville qu’un bombardement allié sur Dresde. Fermez une usine vous tuez la région, détruisez la elle sera reconstruite. A croire que nous sommes attachés à la prison professionnelle plus qu’à la liberté individuelle.

Et puis c’est la catastrophe : trois charlots en goguette jouent avec les économies du monde, nombre de bidouilleurs boivent le bouillon, ou du moins font boire la tasse aux épargnants, puis l’on décrète que le système est trop permissif, voire malsain. Aussi bêtes que des ânes lancés dans le transport de l’artillerie napoléonienne dans les Alpes, nous voilà prêts à nous abreuver à la sainte résurrection des idéaux communautaires, à la dive régulation des marchés, et ceci le temps d’apaiser la saine fureur supposée nous libérer de l’enfer économique. Rêveries de comptoir, fantasmes de ménagère perdue suite au naufrage de son livret A, nous voilà réduits à espérer et donc à être les imbéciles que nous devons toujours rester. Humainement c’est plus facile d’avaler une pilule que de prendre un suppositoire nous dit le gamin atteint d’une bonne grippe. Pas faux petit, mais ne va pas demander à tes parents ce qu’ils ressentent après avoir lu le relevé de leur banque qui a, en tout bien tout honneur, placé leur capital dans des actions aussi factices que peuvent l’être aujourd’hui les emprunts russes. Pourtant nul n’ira incendier le siège de ces banques, nul ne se rebellera contre cet état de fait. Nous sommes vraiment stupides parfois.

Finalement l’épreuve de force n’aura pas lieu. Avec une jeunesse aux neurones lessivés par un demi siècle de paix et de pacifisme gluant, et une population vieillissante qui se refuse elle aussi au combat sous prétexte que le confort, même piquant est mieux que l’inconfort total, il me sera difficile de croire que nous révolutionnerons le dispositif actuel. Nul n’est prêt à admettre que le prix à payer pour une remise en cause de notre connerie est de savoir être prêt à sacrifier toute chose, y compris soi-même. Le pragmatique va dire : qu’ils y aillent en premier, et ces mots seront repris par le couard. L’idéaliste ira de sa petite : il y a des solutions négociées ! Ce qui sera évidemment redit sans déformation aucune par l’hypocrite espérant temporiser. Et puis enfin, il y aura les fous, les névrosés, les inadaptés sociaux comme moi qui revendiqueront une levée de boucliers contre la folie humaine basée non sur notre sort mais sur celui de l’or. En tout cas, j’espère ne pas être seul sur ce terrain !

22 décembre 2008

Le futur, une aventure !

Si tant est que nous soyons clairvoyants, l’Homme a toujours tenté de se projeter dans le futur en envisageant énormément de changements sans pour autant réellement ne serait-ce qu’entrevoir ce qui attendait l’humanité. Entre critères obsolètes et impossibilité d’imaginer les évolutions majeures de la science, voir le futur s’est systématiquement heurté à des bourdes aussi monumentales que décevantes. A tout bien réfléchir l’anticipation (genre littéraire où des plumes s’acharnent à faire preuve d’imagination pour décrire un futur jamais réalisé) est donc plus de la science fiction qu’une source de réflexion. C’est d’autant plus dommage que nombre d’idées étaient séduisantes.

D'entrée de jeu oubliez : la téléportation, le voyage dans le temps ainsi les rencontres du troisième type. Nous sommes encore bien trop empotés pour y songer et encore moins capables d'y parvenir. Alors un peu de sérieux et passons à des choses plus proches de nous!

Tenez, je me penche sur le cas des transports. C’est un domaine où chaque écrivain, réalisateur de films ou bien scénariste de série télévisée s’est donné à cœur joie : voitures volantes, skateboards en sustentation, voyage interstellaire, avions suborbitaux, stations spatiales de transit, bref tout l’attirail propre à faire rêver les foules. Raté messieurs dames, aucune de ces magnifiques inventions n’est pour l’heure en fonctionnement, et la station internationale tient plus du gigantesque Meccano temporaire que de l’étoile noire. Ah, les voitures qui flottent et qui prennent des autoroutes virtuelles entre les immeubles... C’est un de ces exemples où la déception doit forcément être douloureuses pour ces créateurs. Nous en sommes encore à l’énergie fossile, à des véhicules à roues comme aux temps héroïques des premiers pneus à talons et les énergies renouvelables sont encore qu’une portion congrue du marché mondiale. C’est d’autant plus navrant que l’électricité ou toute autre source de substitution est à présent enfin envisagée, alors que la première voiture à battre un record de vitesse (dépasser les 100 km/h) était électrique (la « Jamais contente » , le 29 Avril ou 1er Mai 1899). Pathétique, non ?
Alors pour ce qui est des avions, oublions de suite les vols supersoniques, le Concorde n’est plus en service et aucune société ne semble envisager la chose avant bien des décennies. Pour preuve, même Boeing ne présente plus de maquettes fantaisistes ou de dessins d’artistes sur le sujet. Les avions deviennent plutôt des Léviathans, et nous multiplions les passagers plutôt que de diviser le temps de trajet. Question de coûts je suppose. En tout cas ce n’est pas encore demain que nous ferons un Paris Tokyo en moins de huit heures ! Et dire que des plumes fantasmaient déjà sur la possibilité de subir la micro gravité en cours de voyage, et pire encore que des petits malins se voyaient déjà vendre des baptêmes de l’espace... Pareil pour la lune : une fois le sol de l’astre foulé plus personne n’a envisagé sérieusement d’y bâtir une station et encore moins d’en faire un lieu habité. Cosmos 1999, ce n’est pas pour demain, et pour ce qui est des missions sur des planètes plus lointaines on avance 2050 voire au-delà. Technologie, quand tu te traînes par rapport aux fantasmes des Hommes !

Question technologies de l’information le mouvement Cyberpunk rêvait de voir les humains connectés en permanence à un réseau persistant à l’aide de puces électroniques directement implantées dans notre corps. Encore une fois la science s’est avérée impuissante à nous pondre une telle chose étant donné que le corps se comporte aussi bien avec ce genre d’objets que mon estomac avec un excès chronique de boisson : refus immédiat d’assimilation. Logique, et qui plus est plutôt rassurant car sinon nous nous verrions déjà marqués par des puces tout comme certains auteurs plus sombres l’ont envisagé. Je songe aussi à ces remplacements de membres par des artificiels : pour le moment les mutilés doivent se contenter de prothèses assez vulgaires, peu pratiques et trop rigides pour vraiment prendre la place d’un bras par exemple. Le désir d’un corps entièrement mécanique n’est plus qu’une idée que l’on repousse sans arrêt jusqu’aux calendes grecques. Et que dire du clonage ? Nous avions délirés sur la possibilité de faire des armées de soldats clones : c’est impossible au titre que le temps de gestation et de croissance d’un corps humain est incompressible. En l’espèce en nous lançant dans cette folie eugénique il faudrait donc une vingtaine d’années avant de pouvoir espérer voir le premier soldat porter son uniforme sur le terrain. Et puis, nous ne disposons pas (encore) de méthode de programmation de l’esprit. Cela me rassure finalement.

Et puis enfin il y a tous ces trucs, bidules et machins qui finalement apparurent bien des décennies de rêve : le sous marin atomique (donc électrique) de Jules Verne, la visiophonie, la téléphonie sans fil, l’informatisation à outrance, le réseau Internet disponible pour ainsi dire partout dans le monde, l’avion sans hélice, la navigation sans voile, les trains électriques et j’en passe. Pour ces aspects la vie « moderne » est d’autant plus trépidante que notre progrès technologique ne semble pas fléchir : ce qu’on rêvait de faire il y a dix ans est aujourd’hui ordinaire. Un téléphone mobile d’hier servait à téléphoner, aujourd’hui il permet de se repérer via un GPS, de prendre des photos sur le vif, de filmer, bref de tout faire sauf téléphoner. La communication, est-ce vraiment la chose la plus surprenante parmi ces avancées ? A mon sens non car un téléphone, avec ou sans fil, cela reste un moyen de communication qui n’a guère changé en un siècle. Pour moi le plus gros progrès qui soit apparu est la capacité que nous avons tous à stocker de l’image et du son de manière autonome. En effet, les souvenirs étaient avant écrits voire photographiés. Dorénavant chacun peut devenir le cinéaste de son existence et restituer sa voix pour sa descendance. Qui sait, nous arriverons peut-être à des testaments vidéo, des mariages par écrans interposés et bien entendu des jugements virtuels mais aux peines bien réelles.

A quand un bourreau numérique ?

19 décembre 2008

Electrique !

La lumière arrive, elle s’est installée sous nos fenêtres comme autant de lucioles stagnant bien haut pour nous offrir leur clarté. Il fait jour en pleine nuit et ces larmes d’énergie prennent toutes les couleurs rêvées par l’enfant en quête d’imaginaire... En fait non, c’est tout sauf aussi onirique : ces demeurés de commerçants se sont lancés le défi ultime qui est de nous saturer les rétines avec les éclairages les plus criards qui soient. Non content de vous décoller la cataracte à longueur de journées avec des néons infâmes, voilà que Noël fait fleurir ses lampions, sapins en ampoules et autres guirlandes pendues en filets de pêche, et ce bien entendu pour la plus grande joie de EDF. Une banderole passe encore, un petit sapin sympathiquement décoré avec naïveté par la pullulante descendance du maître des lieux, pourquoi pas, mais de là à s’acharner à coup de rallonges et de coloris vous assurant à coup sûr l’obligation de fréquenter un ophtalmo, non merci !

Allez, je vais être sympa et laisser le bénéfice du doute à celles et ceux qui agissent dans le seul but d’assurer un peu de joie à leurs enfants, mais là, quand il s’agit de commerces je hurle à la filouterie. Un patron de magasin ne croit pas au père Noël si ce n’est à son pouvoir attractif sur vos économies. C’en est pathétique : entre celui qui veut faire à l’économie en recyclant des décorations premier prix et celui qui dépense sans compter il s’avère que le résultat est tout aussi tragique pour l’un que pour l’autre. De boutique somme toute relativement sobre notre échoppe devient alors une annexe des luminaires X ou des néons Y, avec tous les désagréments qui vont bien. Nombre de personnes oublient en effet une règle élémentaire en électricité : plus l’on branche d’appareils, plus la chaleur générée est grande, et donc plus le potentiel de panne grandit en proportion. Tenez, il suffit pour s’en convaincre de voir les efforts que font les fabricants de fanfreluche lumineuse pour trouver des solutions moins énergétivores que le traditionnel filament : diodes, ampoules basse consommation, bref tout l’arsenal moderne pour vous pourrir l’existence.

Bon à la limite la circonstance atténuante du commerçant est son essence même : attirer le chaland et donc vendre, mais que dire des particuliers qui font dégringoler ces mêmes guirlandes sur leurs terrasses ou façades ? Sont-ils séniles, fous, ou juste sont-ils simplement atteint de cette maladie du « M’as-tu vu ? ». Sans rire ni frémir la mode de l’éclairage privé tient franchement de la débilité la plus profonde. D’appartement ou maison les logements sont devenus des annexes de fête foraine avec leurs chenillards qui clignotent, leurs logos qui tintent et ô suprême mauvais goût le père Noël full plastoc qui contient une ampoule, le rendant donc aussi glauque que lumineux. Ce dernier objet est à mes yeux à placer au sommet du classement de la connerie consumériste.... Ah non j’allais oublier la réduction de papa rouge pendue au balcon comme s’il venait de mettre fin à ses jours. Déprimant, laid et ridicule.

Ce n’est pas vraiment Noël qui me rend acariâtre sur ce point précis, c’est avant toute chose l’imbécile besoin qu’ont les gens de s’exhiber. Cela sert à quoi d’en coller pour 1500 watts sur la baraque si ce n’est pour se faire voir ? Autant je pourrais trouver cette déviance amusante mais à petite échelle, autant je suis inquiet pour leur santé mentale quand la dite installation prend des allures de spectacle son et lumières et que la décoration ne se cantonne plus aux bêtes guirlandes. J’ai déjà vu des pavillons ayant pour totem le bonhomme de neige... en polystyrène, voisinant sans honte le traîneau du père Noël avec ses rennes aux nez éclairés, et suprême ignominie la neige synthétique projetée sur la pelouse qui n’avait pourtant rien demandée à personne. Dans le genre mauvais goût il y a une expertise qui me dépasse sur ce point.

Un dernier point me passionne : certains ont un sapin en synthétique, d’autres prennent des vrais qu’ils jettent une fois la fête passée. Que deviennent ces saletés aussi incongrues qu’encombrantes ? Je n’ose même pas imaginer le dépôt de ces propriétaires fiers (si si !) de ces cochonneries car, à mon avis, si à Noël ils se ridiculisent le reste de l’année ne doit pas être triste non plus. Comme quoi, l’Homme a un don inné pour se ridiculiser et cela ne semble pas être prêt à changer !

18 décembre 2008

Ce qu’ils disent...

Comme vous l’aurez remarqué (enfin je l'espère), j’aime jouer avec la langue comme d’autres aiment à jongler avec des tronçonneuses ou bien jouer avec leur vie. De ce fait, il m’arrive bien souvent de réfléchir au sens caché des propos qui peuvent être tenus par chacun, notamment quand l’on échine à vouloir faire passer un message soit subtil (pour ne pas froisser), soit subliminal (pour se faire ... sans commentaire). De là, tout l’amusement est alors de décortiquer ou d’imaginer ces phrases alambiquées remises en forme et énoncées sans retenue. Ce qui est intéressant c’est que l’on peut y jouer à plusieurs : une table, un journal quelconque, quelques convives et hop, une phrase au hasard à réinventer ou à analyser ! Des heures de rigolade en perspective.

Ah la politique, ce le terrain propice à la langue de bois où le bourbier des idées gluantes dispute l’espace aux arbres symboliques cachant les forêts de vérités mauvaises à dire ! Tout homme politique se doit de manier avec dextérité cette fameuse langue de la vacuité de sorte à tout dire, et surtout son contraire dans une seule et même phrase. L’essentiel est que la plèbe soit subjuguée et non pas informée après tout ! Relevons quelques phrases et plaçons un sous-titre adéquat : on entendra volontiers « la rigueur sera nécessaire pour ces prochaines années et notre gouvernement se fera fort d’être à la pointe des efforts », qu’il faut comprendre « En gros les actifs vous allez casquer plus, on va serrer la ceinture à tout le monde et on va faire en sorte d’avoir l’air impliqués, mais en gardant nos passe droits et autres avantages divers ». C’est suffisamment clair pour ne pas pouvoir être pris au dépourvu non ?

Toute personne ayant envie de faire preuve de subtilité jouera sur les mots pour inviter l’autre à agir dans le bons sens. Un brin de finesse, de l’intelligence utilisée avec précision et vous voilà négociateur sans blessure... Mais parfois cela ne fonctionne pas. Tenez, par exemple : « Je t’offre ce coffret douche et déodorant » peut être facilement compris comme « Lave toi ! » mais qui hélas est majoritairement pris comme l’offrande d’un cadeau facile sans risque d’erreur ou de déception. Alors bien sûr il y a les brutes qui, comme moi, énoncent sans vergogne « Dis, tu sais qu’il existe un endroit nommé salle de bain chez toi ? ». C’est à proscrire pour garder un minimum d’amis, ceci dit avoir un ami qui refoule comme une décharge sauvage dans les bidonvilles de Bombay... Enfin bref, faites preuve de finesse pour que l’on vous comprenne sans pour autant que cela soit directement relié à votre intention initiale.

Il y a une d’autres professions expertes dans la circonlocution à tiroirs. Les assureurs par exemple ont une prédilection pour la langue alambiquée que pour la clarté. N’essayez pas de comprendre vos contrats, le but n’est pas d’être abordable mais de protéger la société vendant la prestation et surtout pas vos intérêts personnels. C’est une règle : le client est roi mais pour autant c’est lui qui doit payer, pas l’entreprise. Ah ça, les discours formatés depuis belle lurette vous expliquant que « Etant donné les prestations pour lesquelles votre contrat a été établi nous sommes au regret de ne pas pouvoir rembourser votre bien etc etc ... », donc en décodé « Vous avez la couverture minimale, vous n’aviez qu’à lire les petits caractères ! ». Sympathique, d’autant plus que le système leur offre une quantité invraisemblable d’échappatoires : « nous protégeons contre les catastrophes naturelles UNIQUEMENT si l’état de catastrophe est déclaré », donc nada si vous avez le malheur d’être inondé mais que le département décrète qu’il n’y a pas de situation d’urgence.

Les avocats, n’oublions pas ces parasites de la justice. Tenaces, experts dans le baratin, ils sont les dignes enfants d’un scribe et d’une écuyère de cirque. Les écouter est une grande leçon de français : réussir à faire croire qu’un client pris en flagrant délit est un innocent c’est du grand art ! Ah, franchement, j’admire cette technique qui leur permet de rendre sympathique les terroristes, rendre la victime douteuse et même coupable (il suffit de voir les minutes d’un jugement pour viol pour s’en convaincre), et que dire de celui qui, avec aplomb, affirme sans vergogne qu’un policier s’est fait pour se faire tirer dessus par un braqueur. C’est certainement l’espèce la plus évoluée de l’humanité car c’est la seule capable de jouer avec la langue avec tellement de talent que tous nous en sommes enivrés et donc capables de les croire. Chapeau bas messieurs dames en robe !

Et enfin il y a moi, baratineur, gonflant et gonflé usant et abusant du verbe comme d’autres de la dive bouteille. J’ai la chance d’avoir le luxe de pouvoir m’exprimer avec aisance et de recourir aux mots plus qu’aux poings. Soit dit en passant, un mot percutant peut faire plus de dégâts que n’importe quelle trique... Songez donc aux discours tenus par les dictateurs pour saisir toute la puissance du verbe.

Allez, bon bourrage de crâne, moi je m’en retourne m’emplir la tête avec un bon livre !

17 décembre 2008

Glauque

C’est étrange comme la nuit a un effet déformant sur les choses. Dans l’orgueil démesuré des architectes tous prompts à jouer le « sérieux » dans les bâtiments de bureaux (entendre par là étaler du noir partout et ce jusqu’aux fenêtres), un immeuble se doit d’être austère pour que la société qui l’occupe paraisse sérieuse. C’est dramatique tant ces colonnes de béton et de verre ont plus des airs de funérarium que de locaux où les gens vivent et travaillent. Tenez, juste en face de mon bureau se dresse un anguleux totem à la gloire d’un concurrent (IBM pour ne pas le citer). Froid, transparent, éclairé de manière rectiligne, l’ensemble prête plus à frémir à qu’à sourire. De jour le tout s’apparente à une stèle sans nom et la nuit, là maintenant, à un monolithe malsain auquel l’on pourrait prêter des pouvoirs paranormaux. Bref, pas de quoi rire ni même sourire.

Je ne comprendrai probablement jamais ce besoin de faire strict quand le fonctionnel serait déjà efficace. Combien de bureaux s’avèrent tout sauf fonctionnels du fait même qu’ils ont une esthétique trop spécifique, combien de crises de nerf à chercher la bonne position pour s’épargner et le soleil et le chef en goguette dans les couloirs jamais rectilignes ! Ca aussi c’est une constante : plus la bâtisse est un parallélépipède plus sont intérieur est biscornu. C’est bien simple, un immeuble de forme cubique serait alors potentiellement empli de couloirs serpentant au petit bonheur la chance. En y regardant de plus près il serait peut-être possible que les dessinateurs responsables de ce cafouillage apparent ce soient demandés comment ôter toute envie de se rendre en pause aux usagers du lieu. C’est bien simple, pour peu que vous ne soyez pas juste à côté de la salle réservée à la détente, impossible de s’y rendre et d’en revenir sans avoir excédé le temps imparti à la dite pause ! Joli coup, j’avoue !

Ce n’est bien entendu pas général et heureusement, toutefois la mode des fenêtres sombres, des stores constamment tirés est une véritable plaie. Certaines personnes semblent ignorer l’existence même du soleil tant ils usent du store magique et du néon salvateur. Pour ma part une rai de lumière naturelle dans un univers glacé de technologie est une bénédiction, mais visiblement d’autres suggèrent qu’il s’agit là d’un parasitage de mon travail. Certes, j’apprécie d’admirer un coucher de soleil à travers la baie vitrée d’un bureau, cependant je n’en ai pas la possibilité en ce moment... Foutue bâtisse laide et obscure qui se dresse juste en face de moi ! Ils n’auraient pas pu enlaidir une autre perspective que la mienne ?! Hélas non : où que vous soyez dans un ensemble de bâtiments de bureaux vous n’aurez que peu de chance d’avoir une véritable vue sur la nature, ou tout du moins sur autre chose que la façade prétentieuse d’un concurrent. Dieu qu’ils me gonflent à jouer l’arrogance dans la construction.

Ceci dit, en y réfléchissant bien, quand je songe à la trogne des bâtiments qui me servent de siège social je me dis que ma société est un exemple... de déprime. Là franchement c’est le contre exemple de l’orgueil : immeuble en location auquel un ravalement serait salvateur, intérieur et équipement de bureau datant d’une ère pendant laquelle je n’étais pas encore de ce monde, bref un désastre esthétique. Si l’on ajoute en plus un quartier tenant plus du souk que du quartier d’affaires je vous laisse imaginer l’hilarité étouffée de certains futurs ex clients s’y présentant. Je me souviens encore de cet accueil qui disposait d’une moquette bleue auréolée non pas de lumière mais de taches de café. Splendide comme façon de recevoir, non ? Sans rire, plus d’une fois la question même de la propreté de l’endroit fut soulevée mais sans succès. Quand on économise on le fait sur tout il paraît. Enfin bon, depuis que le PDG s’est présenté et n’a pas souri bien des choses ont changées.

Là, chez mon client c’est encore différent : on refait, on bricole, on bidouille et le chant du marteau piqueur dévorant le plâtre dispute l’atmosphère aux ventilateurs des ordinateurs. Quoi qu’il en soit certains commencent déjà à regretter notre siège social, moi je ris en déclarant que je suis habitué au boucan. Dommage que mes collègues ne le soient pas. Mais que ne donnerais-je pas pour être habitué à la laideur de l’immeuble d’en face...

De l'art Flash

Un morceau de Radiohead associé à une belle animation.

Enjoy!



16 décembre 2008

Neutralité du réseau

C’est un thème récurrent dans la communication des grands réseaux de communication Internet : neutralité de l’information restituée. Ainsi, ces derniers Google a consacré énormément d’efforts (et d’argent) à revendiquer un statut d’informateur et non de censeur. Si l’on est du genre crédule et peu informé cette communication serait agréable à entendre et qui plus est rassurante sur notre avenir, toutefois je suis plus que circonspect sur les fondements même de cet engagement. Donner l’information, est-ce si neutre que cela ? Peut-on s’octroyer une image de neutralité quand il s’agit de restituer des évènements nécessitant tant analyse que précisions ?

De prime abord Google semble déjà bien trop tentaculaire pour être vraiment crédible. Avec une expansion mondiale et une implication forte dans l’activité globale d’Internet, cet acteur des technologies de l’information ne peut pas prétendre à être totalement neutre. La problématique chinoise prouve d’ailleurs le handicap du géant : à devenir trop grand l’on devient encombrant pour les états. Ainsi, tel un service gouvernemental pseudo indépendant Google devient partenaire forcé de l’état chinois en censurant à travers son portail les liens susceptibles de véhiculer la contestation en Chine. Les derniers jeux olympiques furent d’autant plus marquants qu’ils furent les premiers à être aussi le théâtre de la guerre de l’information moderne. Bien qu’il fut difficile d’en savoir suffisamment pour être critiques de nombreux journalistes purent constater que l’informatique est bel et bien un nouveau siège de la révolte sous toutes ses formes. Google, en commerçant avisé, n’a pas pu se dédouaner et refuser les injonctions qui lui furent faites. A vrai dire l’ultimatum fut simple : vous censurez ou l’on vous censure. De fait, la neutralité n’est pas crédible en ces termes.

En élargissant le scope d’observation de cette prétendue neutralité à l’ensemble de l’Internet, force est de constater que chaque acteur a le même souci : être franc et potentiellement censuré, ou bien louvoyer pour continuer à communiquer. Entre ces deux extrêmes se trouvent la plupart des opérateurs de l’information, qu’ils soient issus de l’ancienne technologie (télévision et presse), ou bien totalement issus du réseau (sites Internet sans rattachement aux sociétés précédentes). Parmi toutes les nations libres rares sont celles qui usent du droit de censure concernant l’Internet, à la nuance près qu’elles acceptent de gérer au cas par cas les propos potentiellement justiciables : racisme, antisémitisme, incitation à la négation des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité... la liste n’est pas exhaustive. Cependant, à force de proposer des recours en justice nombre de sites revendiquant une véritable indépendance tant politique que financière se virent mis en accusation pour avoir trop franchement abordés des sujets dits « sensibles ». En effet, et comme je l’ai déjà à maintes reprises exprimé, il est aujourd’hui difficile de parler de l’état d’Israël, de la guerre en Irak, ou bien même de l’antisémitisme supposé en France sans être immédiatement harcelé et insulté. Ces mêmes sites dont le courage de la plume n’est pas sans évoquer les plus belles lignes de Zola avec « J’accuse » perdent bien souvent de leur teneur à coups de trique d’avocats empressés de s’enrichir, et qui plus est de faire taire toute contestation. C’est donc plus un pouvoir fiduciaire qu’étatique qui se charge actuellement de la véritable censure, et par voie de conséquence de la mort programmée de la neutralité rédactionnelle.

Le ciel interactif du réseau Internet fut au départ envisagé comme celui de la liberté d’évoluer, sans doute sur la qualité des données transmises et comptant sur la foi des utilisateurs en un espace de réflexion commun. Dans cette utopie naquirent bien des concepts aussi novateurs qu’intéressants : mutualisation des connaissances dans des encyclopédies communautaires, assistance et communication entre personnes via les forums, disponibilité « éternelle » de l’information avec un libre échange des idées. Bref, tout ce qui pourrait ressembler aux actes fondateurs de la bibliothèque d’Alexandrie. Là où tout s’est effondré c’est au moment même où les états eurent à gérer cette information, et donc potentiellement l’interdire. Nul gouvernement ne saurait être totalement muet concernant ce qui circule aussi librement sur le réseau, et qui plus est toute dictature se doit d’être réceptive à ces nouveaux médias afin de les intercepter, voire les utiliser. Revenons à la Chine : c’est, en ce qui concerne la véritable guerre électronique, la première nation au monde capable d’attaquer en bonne et due forme tout autre état à travers Internet. Sans pouvoir réellement le prouver nombre de sites informatifs furent ostensiblement harcelés, attaqués et mis hors service par des hordes de pirates très (trop ?) organisés. Cela sous-entend donc que potentiellement nombre de sites furent donc modifiés à l’insu de leurs propriétaires légitimes. L’ère de l’indépendance de réflexion, de la liberté de communication et donc finalement de la neutralité n’est pas encore à l’ordre du jour : tant que la donnée sera tributaire d’un financement celui-ci pourra briser l’élan libertaire de toute plume un rien trop affûtée.

Enfin, n’oublions pas un point commun à tous les médias : toute analyse est tributaire du sentiment de celui qui la réalise. De ce fait, tout engagement à être neutre revient finalement à choisir une ligne de conduite. La neutralité est au fond une utopie, mais une utopie indispensable au journalisme, tout autant qu’il est nécessaire d’être juste et équitable pour un juge. Seulement nous le savons tous : la justice et l’équité sont des vertus hors de portée de l’Homme qui est imparfait. L’information si « parfaite » soit-elle sera donc toujours imparfaitement retransmise. Je m’en arrangerais volontiers si je ne doutais pas, déjà, de la fiabilité de ces acteurs. Le cirque médiatique fait autour des choses anodines afin de boucler un journal qui n’abordera pas les sujets sensibles me laisse déjà plus que perplexe à ce sujet, et l’Internet ne va qu’intensifier ce problème. Tenez, par curiosité, allez donc explorer les sites officiels des grandes publications internationales, et comptez ceux qui n’offrent pas le moindre bandeau de publicité où que ce soit...

Neutres ? Indépendants ? A vous de réfléchir et de répondre à ces deux questions fondamentales que doivent se poser tout utilisateur avisé du réseau Internet.

15 décembre 2008

Télévision allemande en deuil

L’inspecteur Derrick est mort. Dit comme ça, cela pourrait prêter à sourire avec pour question imbécile « pendant un de ses épisodes ? ». Hélas non, la nature a rattrapé Horst Tappert, l’acteur principal de la dite série. Moquez vous, riez donc de ce personnage si caricatural et pourtant connu de tous ! Nul ne peut prétendre à ignorer que Derrick était une de ces séries diffusées à outrance pendant les après midi et qui savaient occuper tant les ménagères que les maisons de retraite. Personnellement je ne peux pas prétendre à avoir aimé la série mais tout de même, je crois qu’elle mérite qu’on se penche plus sur son sort que de s’en moquer bêtement comme trop d’imbéciles le font.

Tout d’abord recadrons un peu : c’est une série policière au rythme assez lent tenant plus de Columbo germanique que de courses poursuite à n’en plus finir. Dans ces conditions, difficile d’attirer les jeunes qui ne jurent plus que par les carambolages et les échanges de coups de feu. Bien entendu, ces séries déjà anciennes avaient pour vocation de faire réfléchir le spectateur qui avait toute ou partie de l’énigme et qui observait donc les déductions durant l’enquête. Ce genre de schéma ne saurait plus vraiment marcher car seul le spectaculaire est important. Tiens, un doigt se lève et me parle des experts comme série intellectuelle. Les experts ? De l’exagération supposée scientifique et toujours risible (pour moi) quand l’informatique s’en mêle (désolé, c’est maladif mais voir des inepties dans ce domaine m’horripile au plus haut point). Alors bon, le format réfléchi, formaté pour amener à se poser des questions, ce n’est sûrement pas dans la production actuelle qu’on la trouve.

Oh évidemment l’esthétique datée, l’aspect taciturne et son côté un peu moralisateur de l’acteur peuvent agacer, mais après tout qu’est ce donc qu’un policier si ce n’est un défenseur d’une certaine idée de la justice et de la morale ? C’est dommage que l’on vilipende des séries et des acteurs sans en avoir vu ne serait-ce qu’un extrait. Je cite un article intéressant faisant la nécrologie de l’acteur :

« Il laisse derrière lui 281 épisodes. Vingt-quatre années de service, pendant lesquelles il aura démasqué 282 coupables, vu 344 cadavres et laissé échapper 3 meurtriers - jamais retrouvés d'ailleurs, mais l'un des trois était en fait innocent. Au sommet de la non-violence, l'inspecteur légendaire n'aurait dégainé son arme que dix fois en vingt-cinq saisons. A vous de le vérifier… »

Non violente, bien bâtie, donc une série probablement intéressante et symbolique d’une époque où l’on cherchait le coupable et non l’éblouissement du spectateur. Pour information je doute que les policiers de la criminelle soient de ceux qui sortent constamment leur arme pour riposter. Nous ne sommes pas au cinéma et la violence est surfaite… Pratique pour créer un climat de paranoïa soit dit en passant. Bref, Derrick est l’exemple même de ce que la vindicte stupide peut faire : une série « culte » mais dans un sens kitch et bien moqueur.

A tout choisir je crois que je laisserai le soin à la télévision de lessiver les esprits. Entre publicité abêtissante et séries formatées pour nous faire craindre notre voisin, il ne me restera guère qu’à compter les morts quand la violence télévisuelle deviendra véritablement standard dans nos rues. L’inspecteur Derrick représente un peu ce que la vie communautaire devrait être : imparfaite, pleine de paradoxes et de tristesses, mais à la violence ordinaire plus sordide que voyante. Nous sommes depuis toujours des êtres doués d’un don pour la violence gratuite, et inutile d’en vanter l’esthétisme par un excès de flammes et d’hémoglobine. Pour moi la mort devrait suffire à effrayer au lieu de se lancer dans une projection malsaine et scabreuse de tripes éparpillées. Un assassin aujourd’hui ce n’est plus le type qui tire par panique plus que par envie, non c’est maintenant une machine à tuer, supérieurement intelligente et dénuée d’humanité. Pourtant, il me semble que les meurtres sont majoritairement causés par le cœur (jalousie), l’argent (envie ou dettes), ou l’imprévisible (cambriolage qui tourne mal). Au-delà la préméditation n’est pas une constante ! Donc encore une fois dommage que de telles séries ne soient pas remises au goût du jour : un tournage un rien plus nerveux sans trop en faire, des acteurs charismatiques mais sans esbroufe, et par pitié ne leur collez pas des mots scientifiques pas maîtrisés sans leurs bouches ! Tiens, ça ferait peut-être un tabac, non ?

12 décembre 2008

Discours de conquérant

Vêtu de mon uniforme, les mains jointes dans le dos, j’observe du haut de la montagne le territoire qui se déchire sous moi. Fier de mon œuvre, je balaie du regard ces âmes qui s’envolent en souffrant et ces ruines encore fumantes d’un monde dont j’ai le contrôle absolu. Tout autour de moi mes conseillers obséquieux se contentent de me suivre en gardant le silence, craignant mes colères, redoutant mes actes et souhaitant avant tout ma reconnaissance. Je suis absolu, je suis tout, je suis un maître, l’univers des humains est mien.

Sans tristesse ni joie j’ai fait sauter les frontières, j’ai enfoncé les portes fermées des citadelles. Dans le fracas des batailles je n’ai pas manifesté autre chose que ma détermination sans limite. Pas de larme, pas de cri, pas de tumulte intérieur, simplement l’indéfectible volonté d’être tout, d’être en haut, d’être un symbole. A mes pieds gisent les corps sans vie de mes ennemis, d’autres tentent de ramper pour quémander une clémence qu’ils n’obtiendront pas. Le fort vit, le faible meurt, telle est la loi, telle est ma loi. Parmi les flammes consumant les forêts s’élèvent les restes d’un monde qui se refusait à moi. A présent quoi qu’embrasse mon regard, quelque soit le terrain que je puisse voir il est mien, absolument mien, dénué de quelque résistance que ce soit.

Soumis à ma volonté les peuples se courbent, ils s’inclinent et vénèrent mon image. Ils ont bâtis des temples à ma gloire, baptisés des rues et même des villes de mon nom. Des enfants naissent et se prénomment comme moi, symbole de soumission absolue à mon existence. Je ne suis plus terrestre, je ne suis plus un chef, je suis une icône, un dieu, le Dieu. Les chants de mes louanges se transmettent, chacun de mes gestes est reporté, écrit, préservé et répété à l’infini d’une âme à une autre. Je suis devenu enseignement, règle de vie, règle de mort. Quiconque s’oppose à ma loi se voit châtié. J’ai tout pouvoir, rien de ce que pouvait être l’ordre ancien ne subsiste. Les foules brûlent les anciens dieux, ils démontent les temples et en recyclent la pierre pour se loger. A moi les villes, à moi les villages, à moi le monde entier.

Sous les pas de mes armées se sont tracées les routes les plus longues qui soient. Pavées de notre force commune, chaque chemin trace une jonction entre mon centre du monde et le reste des nations conquises. Nul n’ignore qu’entre ma capitale et le reste du globe il existe forcément une connexion routière. Le profil même de la terre a été changé par ma main : montagnes anéanties, collines redessinées, océans connectés, mon empire est celui du remodelage du monde et non celui temporel du despotisme. Je vois, j’imagine, ils exécutent mes rêves. Je voulais des tombes décentes pour mes soldats tombés dans l’honneur, ils ont construits des mausolées gigantesques à leur gloire commune. Leur sang n’aura pas été versé en vain, nul ne les oubliera.

Par delà ces fleuves où la barbarie n’est plus vivent et grandissent mon peuple fraîchement installé. Ils dessinent de nouvelles villes, créent de nouveaux commerces et renforcent encore mon influence. De partout me parviennent des messagers qui affirment que la réussite est la caractéristique commune à toutes ces implantations. Tous vénèrent mon nom, tous s’unissent pour dire que je suis au-delà du génie, au-delà même des humains. Science, architecture, agriculture, tout est mis en œuvre pour notre richesse et ma gloire. Nul ne songe plus à se révolter, les anciennes lois sont abrogées, les miennes sont à présent en vigueur. Obéissez ou périssez déclarent mes fiers soldats. Obéissez à notre maître à tous.

Alors de Rome je pourrai un jour déclarer, à l’instant de ma mort, que j’ai fait de l’empire une nouvelle force, la plus grande du monde, la seule force du monde. De nos Dieux auxquels tous nous étions fidèles il ne restera que des habitudes, mais de moi il subsistera une mémoire éternelle de nos faits d’arme. Gloire à l’empire !

Ce discours aurait pu être prononcé par un empereur, mais j’ai eu envie de restituer le ton qui aurait pu être utilisé pour galvaniser les foules. J’espère que c’est concluant.

11 décembre 2008

Pourquoi Babylon V

Bon… il s’avère que je m’y prends assez tard en terme d’horaire pour traiter de la question qui s’est sûrement vissée sur bien des lèvres. « Mais qu’est-ce donc que Babylon V ? » Je vous dois une petite description qui bien entendu vous sera absconse si vous ne cherchez pas sur Internet.

Babylon V est une série de science fiction qui a pour sujet la vie à bord d’une station spatiale (nommée comme la série) dans un futur relativement éloigné (année 2253 pour être précis). Le tronc commun de l’histoire traite donc de la cohabitation entre espèces différentes, les heurts que les différences culturelles, les différends politiques et historiques peuvent provoquer ainsi que de la vie quotidienne de quelques personnages importants. Pour première qualité je peux affirmer que cette série est très « crédible » au titre que cette fameuse diplomatie est traitée avec finesse. En effet, les situations de négociations semblent tirées d’évènements de notre histoire tant chaque réaction amène une véritable réflexion. Comme dans toute communauté des haines ancestrales sont mises en scène et là, le talent des auteurs aidant, on ne peut pas vraiment choisir un protagoniste tant chaque parti a des responsabilités dans la situation.

Comme dans bien des cas la science fiction impose une certaine qualité visuelle. Pour peu d’être un peu patient et de s’habituer au design la seconde qualité majeure de la série apparaît peu à peu : l’ambiance. Loin de n’être qu’un décor la station Babylon s’avère être un acteur à part entière. Bien évidemment ceux qui admirent les effets spéciaux risquent d’être un peu déçus du fait que l’on est loin d’un Star Wars, toutefois les scènes en intérieur, les décors pittoresques et les costumes bigarrés donnent une véritable vie. A la fois froide par sa technicité et chaleureuse par ses habitants, tout semble se mouvoir avec naturel. On ne se formalise plus de la présence d’extraterrestres humanoïdes ni de l’intervention d’objets insolites. Donc de là, difficile de ne pas apprécier cette série.

Le troisième aspect qui m’a plu est plus humain. Les acteurs semblent tout d’abord très stéréotypés (un chef de la sécurité fort en gueule, un commandant intelligent et subtil…) mais au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire et les saisons. Certains prennent de l’ampleur, d’autres s’effacent puis reviennent, donc ils en deviennent d’autant plus intéressants. Pour une fois que cet aspect est creusé et approfondi je ne peux qu’applaudir ! Comme a dit le collègue et ami qui m’a présenté la dite série « c’est une série où personne n’est ce qu’il est supposé être », et je confirme : c’est sa plus grande richesse, c'est-à-dire celle d’offrir des surprises dans le tempérament des personnages. Franchement, on est pris au jeu de comprendre des gestes passés à la lumière de faits nouveaux.

Le dernier point appréciable dans cette série c’est que la morale est sauve, mais pas systématiquement : certains perdent plus qu’ils ne gagnent alors que tout prêtait à croire qu’ils seraient les mieux lotis. C’est en cette capacité à ne pas prendre le spectateur pour un enfant que la dite série est donc si bonne. Je suis persuadé qu’elle n’est pas connue dans nos contrées du fait qu’elle n’est pas suffisamment manichéenne pour être diffusée. Hé oui, les programmateurs de la télévision estiment sûrement que nous sommes trop bêtes ou pas suffisamment abrutis par la publicité pour nous donner le droit à de telles perles. C’est d’autant plus dommage qu’ils sont disponibles en coffret car la série a été doublée. J’ai eu ouï dire qu’elle fut diffusée quelques temps sur des chaînes à péages (Canal +) mais en discutant avec énormément de monde rares sont ceux qui connaissent Babylon V.

En parlant de ça, je vais retourner voir quelques épisodes !

10 décembre 2008

Beaucoup de boulot

09 décembre 2008

Enfer du devoir

C’est en regardant une série injustement méconnue en France nommée Babylon 5, que bien des questions se sont imposé à moi sur le rôle d’un militaire dans un environnement sensible, et qui plus est de l’impact d’obligations d’obéir lorsque les ordres sont graves. On reproche bien souvent au militaire d’être le fer de lance d’une résolution des problèmes par la violence et non comme les gardiens d’une paix toujours précaire. Alors, dans l’absolu, peut-il exister une liberté sans les armes, et si non alors que faire si la dite liberté est en jeu ?

Dans toute défense des droits la violence est un recours ultime, le dernier pion que l’on avance qu’avec énormément de circonspection. A présent que les nations européennes se tiennent un peu tranquilles les militaires se retrouvent à faire de l’interposition entre nations, ethnies ou forces militaires de sorte à tenter une solution négociée. Pourtant, il me semble essentiel de se demander d’une part si le soldat arrive à appréhender son rôle véritable, et d’autre part s’il a la latitude nécessaire pour douter de ce qu’il est supposé faire. Par essence le soldat doit obéissance et respect à sa hiérarchie car sans ordre point d’efficacité. Toutefois, est-il acceptable de ne pas tirer quand l’ordre est donné tandis qu’un massacre a lieu sous vos yeux ? Entre devoir et obligation morale l’uniforme ne permet pas vraiment de faire de subtiles analyses, il est là pour cantonner le soldat à l’action et non à la réflexion. Chacun son rôle dira l’officier, le soldat lui fera en sorte « d’oublier » ses doutes. Une balle ne réfléchit pas...

Les exemples ne manquent pas : poilus refusant de partir dans un assaut suicidaire décidé en haut lieu, désertion dans toutes les guerres, insubordination suite à l’incompétence notoire d’un officier, bref les minutes des tribunaux militaires regorgent de noms d’hommes qui ont choisi de réfléchir, quitte à y laisser leur vie au peloton ou au bout d’une corde. Sont-ils défendables ? En toute objectivité c’est difficile à peser : d’un côté je suis le premier à affirmer que refuser de massacrer des civils sous couvert que « c’est la guerre », c’est un acte de courage énorme, mais d’un autre c’est aussi s’assurer à coup sûr d’une défection des soldats aux alentours et inciter ses compagnons à agir de la même manière. L’ennemi lui se moquera de telles considérations et tirera sur tout soldat qu’il croisera, ne serait-ce que parce qu’il se vengera de ceux qui n’auront pas eu le cran de se révolter. La guerre est paradoxale car elle exalte tant le courage que la folie pure et dure. Héros ? Certains le sont sûrement par un choix raisonné de se sacrifier, d’autres deviennent dingues et donnent la charge en ne se préoccupant plus du tout de leur sécurité. Délicat équilibre entre pensée et ineptie.

Servir, être aux ordres et avoir la fierté d’être dans un régiment. C’est essentiel et constructif pour les armées et ce qu’elles soient antiques ou modernes. Le légionnaire romain par exemple était certes un mercenaire dans les faits mais il avait pour principale obligation de savoir obéir et réagir selon les ordres, donc il agissait comme un bras armé dénué de pensée personnelle. Ce n’est pas pour rien qu’il est interdit de se syndiquer dans l’armée car une conscience politique sous entendrait alors d’agir à l’encontre des obligations stratégiques. La stratégie est amorale car elle s’encombrera non d’idéologie mais avant toute chose de faits. On ne demande pas une division blindée de rouler sur un village par envie d’y coller un drapeau, non on le fait par nécessité, la nécessité absolue d’une armée : vaincre. Dès que le soldat oublie son devoir de vaincre l’ennemi il oublie sa propre survie. Pactiser c’est déjà accepter la mort de ses camarades, même si l’on est « le méchant ».

J’estime enfin que plus les rôles de l’armée deviennent complexes (action humanitaire, action dans le but d’obtenir la paix, gestion de crises sanitaires...) plus le soldat doit devenir intelligent. Le port du casque lourd ne suffit plus, il faut que la tête qui le supporte doit être également prête à réfléchir au-delà du bout du canon. C’est en cela que le devoir peut devenir un enfer, car comprendre c’est alors aussi pouvoir mettre en doute les choix effectués plus haut. J’espère que les officiers aujourd’hui responsables de cette jeunesse impétueuse et souvent pétrie d’idéaux soient prêts à analyser cette problématique et qu’ils soient alors capables de la prendre en main. Je ne saurais trop douter du bon sens humain quand certains se bornent à déclarer sans frémir qu’un soldat, c’est avant toute chose fait pour mourir. Le soldat de demain devra être un technicien, mais aussi quelqu’un de politiquement éduqué, ne serait-ce que pour savoir quoi faire en situation de crise... mais après tout, si moi j’y pense je ne dois probablement pas être le seul à y réfléchir. Espérons...

08 décembre 2008

Noël?

Fuyez !

Ca se rapproche.

Leurs pas résonnent dans les allées, ils soulèvent la poussière et font vibrer les vitrines. Fuyez tant qu’il est temps, n’attendez pas le dernier moment ! Courrez, courrez aussi loin que possible de ces monstres, ne vous laissez pas prendre vifs ! Je les entends, leurs cris stridents me déchirent les tympans, je vais m’effondrer, avancez sans moi je suis fait mes amis. Je n’ai pas de regret j’aurais lutté jusqu’à mon dernier souffle...

Hé oui ! Les gosses arrivent en trombe, c’est Noël, cette ode à la consommation de masse et à l’hypocrisie familiale. Rien que d’imaginer ces hordes de trolls abordant les rayonnages en hurlant leur rage de possession je frémis et ma nuque s’humecte de sueur froide. Cauchemar des adultes, Noël nous te haïssons de tout notre cœur ! Pourquoi s’avilir de la sorte d’autant que ce n’est pas le montant de la facture jouets qui fera que votre progéniture vous aimera plus qu’à présent. Allez, un peu d’honnêteté : si l’on se plie à la traditionnelle course aux jouets c’est avant toute chose parce que tout le monde le fait et que chacun s’impose ces damnés cadeaux. Raisonnablement on se devrait d’aimer au quotidien et de faire plaisir sans se soucier d’un calendrier, mais non c’est si rassurant de le faire à date fixe...

De ce point de vue les publicitaires sont très doués : subtilement on commence le matraque mais en douceur à partir de mi-novembre, puis peu à peu la place prise par les jouets dans la réclame augmente graduellement tandis que votre patience elle s’effondre. Les commentaires du bambin pointant l’écran du doigt sont explicites : « Je Veux ça ! » ou bien le splendide et inusable « Tu m’achètes ça papa ? » . GRRRRR ! De quoi avoir des envies de meurtre sur ces pourris qui enfoncent des merdes dans les crânes malléables de nos descendants déjà bel et bien formatés à la consommation de masse. Noël ? Une belle période ? Foutaise oui ! Ah ça les boîtes aux lettres doivent nous maudire. Entre le catalogue d’une chaîne qui tient plus de l’annuaire que d’une simple énumération et les affichages grand format, nous avons de quoi avoir plus que souper des publicités tapageuses vêtues de rouge grenat et de vert sapin. BERK ! Marre des guirlandes clignotantes explose mirettes qui dégueulent sur les étalages. Plein le fondement des ritournelles qui vous assaillent dès la porte passée par inadvertance d’un commerçant soucieux d’être « dans l’esprit ».

C’en est criminel. Oui je l’affirme c’est criminel que de nous harceler de la sorte avec toute cette imagerie minable où le père noël est débonnaire, plein de promesses qu’il ne tiendra pas et de ces couleurs la gerbe qui ne sont tolérables que de loin, très très loin si possible. Parlons en de ce gros tas de saindoux engoncé dans un costume ridicule et au rire lourdaud d’ivrogne au teint rosé ! Cette ordure promet, jure devant Dieu d’être généreux et de s’occuper de tous les enfants. Je vois bien quelques gosses afghans halluciner devant une telle hypocrisie, et puis soit dit en passant, depuis le temps que ce pochtron se tape des milliers de bornes, comment se fait-il qu’aucun radar militaire ne l’ait détecté, qu’aucun intercepteur ne se soit lancé à sa poursuite et que les états ne semblent pas soucieux de son existence ? Parce que ce gros con n’existe pas ! Ah ça t’en bouche un coin le morveux ! Oui, l’autre abruti payé à l’heure pour te chuchoter qu’il passera par la cheminé dans ton deux pièces chauffé à l’électricité, c’est un collabo, le pire de l’espèce humaine : il collabore au capital. Toi gamin de n’importe quel pays, vérifie si le père noël que tu vois ne porte pas un badge d’un sponsor, auquel cas fuis le vite ou il te refilera une de ses saloperies en plastique très cher et sans valeur réelle.

Je m’emporte, je maudis noël comme d’autres maudissent la guerre ou la famine dans le monde mais c’est avant toute chose l’Homme que je maudis. Nous nous foutons de l’esprit réel de noël, tout comme nombre de personnes se foutent de l’Homme tout court. A quoi bon s’imposer un acte de générosité feinte quand on peut être sincèrement misanthrope ? Dire merde à la belle-mère casse noix, envoyer sur les roses le frangin envahissant, ça fait du bien un coup de sang de temps en temps. Et puis bien trop souvent les dits cadeaux sont inutiles, redondants voire parfaitement infects. Je pense que les surplus des grands magasins (déco et autres pourritures du genre) se soldent à vil prix à ce moment là de manière à d’une part vider les entrepôts et d’autre par véroler les intérieurs des gens. Tenez, qui aurait l’idée de pendre chez lui une truite chantante ? Personne, par contre l’offrir à votre ami... pas de souci ! A croire que le cadeau est une vengeance... Tiens c’est une idée : et si j’offrais une grenade à mon patron, qui sait il croira que c’est un jouet !

05 décembre 2008

Le morceau de ce soir

Après avoir mis à jour le blog, je me suis souvenu d'un groupe et d'un morceau. Je vous le remets ici car il mérite vraiment d'être écouté.

Votre serviteur.

Macabre

L’Histoire s’est écrite avec le sang des uns et les armes des autres. L’Histoire s’est inscrite sur le marbre et le bois plus souvent qu’aucune pandémie n’a pu le faire. L’Histoire humaine, c’est l’abattoir qui ne dit pas son nom, qui se cache derrière le désespoir des uns et le malheur des autres. L’honneur, vertu portée en triomphe tant par la propagande que la morale populaire est systématiquement une valeur qui disparaît quand il s’agit de survivre. Sommes-nous donc si benêts pour ne pas trouver de solution où la discussion serait le mode de communication raisonnée de l’Homme ? A mon sens nous ne savons pas plus négocier qu’un loup négocie avec l’agneau, nous sommes des prédateurs les uns pour les autres et rien ne sait réellement assouvir notre soif de pouvoir plus que d’autre chose.

Nous nous sommes souvent voilés la face en supposant que c’est l’avidité de richesses qui a entraîné de grands conflits. Tel un prétexte facile à brandir, nous avons décrétés que bien des boucheries furent causées par le besoin territorial ou bien l’envie de richesse des sous-sols sous exploités. Tout ceci n’est qu’un mensonge, une illusion que l’on se borne à répéter de manière à ne pas se demander si, fondamentalement, nous ne sommes pas tous désireux d’avoir le pouvoir, ce pouvoir absolu qui permet d’avilir son prochain et qui offre toute latitude de décision sans risque de contradiction. A quoi sert l’argent si ce n’est à fournir un glaive déguisé en sceptre aux tyrans et autres despotes ? On finance une armée, on envahit une terre, mais l’on domine avant toute chose « l’ennemi », celui d’en face à qui l’on veut imposer un mode de vie, une religion ou simplement un fonctionnement économique. Qu’importe si l’adversaire se voit écrasé tant que la victoire permet d’engranger plus de ressources, et donc plus de pouvoir !

Le décompte des corps est une tâche macabre, lugubre travail de fourmi où l’on emballe et étiquette les corps, et où finalement le sens du mot humanité s’évapore à la vitesse où sèche le sang au soleil. La brutalité n’est qu’une expression de l’envie, la mort une résultante et non une finalité. Tout envahisseur se moque du prestige, il souhaite la victoire finale, celle qui lui offrira de nouvelles frontières et donc de nouveaux pouvoirs. Le fonctionnaire zélé tenant registre des disparus sera toujours celui qui ne connaîtra jamais le chômage, tout comme le fossoyeur qui aura vu dans sa vie d’homme un trop grand nombre de femmes, de jeunes et d’enfants finir sous une dalle sous prétexte qu’ils se tenaient là, chez eux, sur la ligne de front. La haine n’est pas un état forcé de la nature humaine, c’est même une de ses essences. Stimulez la rage et vous obtiendrez un bourreau efficace et désensibilisé à jamais. Nous ne sommes que quantité négligeable, matricule dans un bataillon ou bien nom sur une sonnette d’immeuble.

Lorsque je regarde les rues et avenues des grandes villes, je vois non seulement l’acier, le béton et le verre, mais aussi le sang de ceux qui se battirent un jour pour soit en préserver l’autonomie ou au contraire l’envahir. Cette ville nouvelle n’est-elle pas bâtie sur un ancien champ de bataille ? N’est-ce pas là les restes d’un soldat mort trop jeune que l’on vient d’exhumer par hasard ? Qui se souvient de lui ? Va-t-on l’exhiber comme un souvenir brutal et froid d’une histoire dont on s’empresse généralement d’oublier les leçons ? Il m’est difficile d’admettre sans ciller que nous soyons si ingrats envers ces femmes et ces hommes qui furent convaincus de leurs opinions et qui donnèrent leur existence dans un seul but : que nous soyons tous heureux dans le monde dont ils rêvaient. Ceux qui décident et font les guerres ne sont jamais ceux qui y meurent, et il est terrible de se dire que nous avons le décompte des morts à notre charge, et la victoire à la leur. Quand un « grand » perd, c’est un peuple qui souffre, quand cette même personne revendique la victoire il devient un être adulé et se targue d’avoir pris les bonnes décisions. Ils réécrivent l’Histoire si besoin est afin d’avoir une image de propreté morale, un peu comme ces clichés bidonnés par Moscou afin que l’armée rouge passe pour une troupe organisée et de bonne moralité politique. Pour ceux qui ne connaissent pas ces photographies il faut savoir que tous les clichés et vidéos fournies par l’URSS après la seconde guerre mondiale sont des reconstitutions voire même des photomontages. Les vidéos des camps libérés ? Scènes rejouées a posteriori. Photographies de la chute de Berlin ? Celle du drapeau tenue par un soldat russe fut retouchée afin d’effacer les montres qu’il avait volé sur les cadavres des soldats allemands. La liste est longue, infecte, dérisoire en comparaison des horreurs vécues par le monde et pourtant cette damnée liste nous sert de référence historique, de socle à nos connaissances.

Le pouvoir appelle le pouvoir, l’envie génère son lot de barbarie et rien ne saurait être plus terrible et infâmant que le désir mégalomane de certains au détriment du plus grand nombre. Les tombes s’alignent plus facilement que les bonnes volontés, tout comme il est plus facile de raser une ville que de la bâtir. L’Homme s’entête à croire qu’il est fort parce qu’il est intelligent, mais finalement sa plus grande faiblesse est de justement de croire que son intelligence sera sa planche de salut. Tant que nous supposerons que notre esprit permet de dépasser toutes les limites nous subirons encore le choix barbare de tuer toujours plus efficacement ceux qui ne pensent pas comme nous. Devrons nous revenir à un âge sans technologie, sans capacité, sans ambition afin que seule notre survie à tous sera le choix global, et donc d’exclure par cette communion forcée toute velléité de domination ou de haine de la différence ? Je reste perplexe sur notre avenir tant il est encore dicté par la force des convictions et non par la raison.

Comme dit le dicton : la raison du plus fort est toujours la meilleure. A méditer.

04 décembre 2008

Tiens, une nouveauté!

Vous remarquerez sans doute l'apparition d'une liste par thèmes concernant mes articles. Cela vous permettra de lire ce qu'il vous convient, et donc aussi de revenir dans l'histoire de ces 450 messages!

Bonne lecture!

Votre obligé...

Un silence bien involontaire

N’étant pas de ceux qui apprécient la lâcheté je dois vous informer qu’hier j’ai cumulé une rupture technique du réseau ainsi qu’un manque chronique de temps pour vous écrire. De ce fait désolé pour l’absence de brève, je vais tenter de me rattraper ce soir. Ceci dit, ne comptez pas sur moi pour me flageller, je n’ai pas un tempérament masochiste et qui plus est j’ai en horreur les suppliques couinantes de ces gens qui s’avilissent dans le vain espoir d’obtenir de la pitié. Alors à ce tarif, autant vous le dire tout de suite : cette excuse vaut simplement pour la forme !

Bon, maintenant que je me suis fait quelques ennemis, que j’ai fait fuir mes derniers lecteurs je peux enfin pavoiser et m’exprimer tout en étant totalement libre de ne pas flatter mon lectorat. A l’exception de quelques publications nombrilistes et pourtant quotidiennes, la plume se doit d’assouvir un plaisir chez celui qui daigne poser ses yeux pleins de suffisance sur les lignes si péniblement pondues par de précaires pigistes anonymes, ou presque. C’est là toute la bienséance que doit le rédacteur aux lecteurs, il est tenu d’être politiquement correct, suffisamment incisif pour ne passer pour un lâche mais tout en maintenant une retenue propre à s’éviter toute critique trop cinglante. Hé oui ! Foutue déception, il faut cirer les pompes de ceux qui vous font vivre et donc automatiquement s’éviter leur foudres. Ah ça, le coup de l’indépendance, c’est bon pour les livres d’école et les discours déclamés avec morgue par nos politiciens trop heureux de se targuer d’être des démocrates ! Quand vous ouvrez un journal ou un magazine, chacune de ces publications aura une ligne éditoriale qui tiendra lieu de sacerdoce. Selon la tendance politique affichée (ou la politique commerciale de la feuille de chou), on ne touchera pas à certains intérêts ou l’on ne fera pas de vraie remarque pertinente sans se soucier des réactions du lectorat. C’est ainsi : le portefeuille dicte plus efficacement le silence aux plumes que le fusil d’un garde mobile bien formaté.

Il existe toutefois quelques journaux qui peuvent encore se vanter d’être agressifs et vindicatifs tous azimuts, mais soyons lucides, ceux-ci ont un domaine de compétence plus pamphlétaire qu’informatif. Au même titre que je suis un râleur, ces exceptions sont redoutables dans la mâchoire mais paradoxalement inefficaces pour véhiculer autre chose que de l’ironie ou de l’humour noir. Le canard enchaîné est l’exemple typique où l’humour est omniprésent, les critiques pertinentes, mais globalement l’analyse n’y est pas je dirais le fond même de la ligne éditoriale. Grâce au canard nombre d’affaires sont sorties des placards à squelettes de nos dirigeants maladroits mais somme toute, à bien y regarder, est-ce là suffisant ? Le lectorat du canard enchaîné est trop pointu, bien informé et donc très différente de la plèbe qui se cantonne à un Parisien des chiens écrasés ou un généraliste politiquement orienté. Je trouve dommage que le nombre de lecteurs du canard n’augmente pas plus que cela, ce serait une bonne façon de les pousser à, d’une part, augmenter le nombre d’articles (ou leur tailles), et d’autre part à fournir des analyses plus poussées. Tout le monde n’a pas la spécialité des finances et donc par exemple chroniquer efficacement la bêtise des banquiers nécessite dans la majorité des cas une explication, voire un véritable cours de remise à niveau.

Nombre d’imbéciles prétendent que le réseau autorise justement la publication plus libre et offre donc une force critique plus grande à l’opinion publique. Penser cela c’est être non seulement stupide mais pardessus le marché aveugle. Dans la masse gigantesque d’informations circulant sur le Net, combien sont potentiellement intéressantes et bien expliquées ? Dans le cas de l’actualité il est indispensable de piocher ça et là pour récupérer suffisamment d’éléments et se faire une idée sur le sujet. J’ai en mémoire la situation en Géorgie : les gens ont été mis au courant par les médias, mais parmi tous ces lecteurs (auditeurs, peu importe le média après tout), combien peuvent dire où se trouve cet état et au surplus... qui le dirige. L’abondance ne fait pas la qualité, et le souci est qu’à force d’accumuler des informations tant fausses qu’incomplètes il s’avère terriblement difficile d’être vraiment bien au courant de la santé du monde. Notons que la foule se moque bien des détails, c’est avant toute chose assimiler le plus possible en un temps très court qui entre dans la valse. Je n’ai guère confiance dans le Web parce qu’il fournit trop de mensonges pratiques à digérer et je regrette une presse qui se serait faite analyste pertinente et non chantre de la passivité morale et intellectuelle. J’ajouterais enfin qu’à force d’être lénifiants ou trop critiques sans argumentaire les journaux sont devenus comme nos partis politiques en ce moment même : sans stabilité (Vive le Ps), ou bien menés comme des dictatures qui ne disent pas leur nom (merci l’UMP). J’ai comme un doute sur l’avenir de la presse tout à coup !

02 décembre 2008

Personnes trop vieilles

L’aspect comique de la société actuelle est qu’elle est aussi cynique qu’indécente dans ses réflexions. Tout comme je l’affirme depuis bien longtemps notre égocentrisme nous pousse à des analyses volontairement biaisées, et ce juste pour la malsaine satisfaction d’avoir quelqu’un sur qui cogner. C’est dans cette optique que je me suis amusé à lire un « article » placé en une de Yahoo (je mets le lien en fin de ce texte). En substance la chose revendique que nos seniors sont des radins trop riches qui ne donnent pas assez de leur pognon à la nouvelle génération. Avec un argumentaire complet sur la question (les étrennes des petits enfants, l’appartement possédé à la Défense et j’en passe), c’est globalement une apologie à la jeunesse faisant les poches aux vieux trop friqués. Qu’est ce que j’en pense ? A votre avis ?

Ah ces « jeunes » (comprendre avortons en mal de reconnaissance et d’argent facile sans sueur), toujours à brailler qu’il est difficile de bosser, d’étudier et de mettre en perspective le besoin d’avoir un revenu et de désirer des loisirs. Dites, les dégénérés trop pressés, vous croyez qu’ils sont devenus propriétaires sans sacrifice ? On leur reproche leurs voyages, qu’ils ne dépensent que pour eux ou presque et qu’ils donnent aux autres avec parcimonie... Mais bordel ils ont raison ! De quel droit exigerait-on d’eux qu’ils filent leurs économies sous prétexte que nous sommes leurs descendants ?! C’est inepte, à chacun d’être capable de se bâtir un avenir et non de compter sur l’aide des autres. « Dieu a dit : Aide toi et le ciel t’aidera » et non « Compte sur ton grand père pour te payer ta bagnole » ! C’est pourtant élémentaire il me semble : à trop espérer d’autrui l’on finit de toute façon seul et fauché. La capacité d’être avec les autres c’est de ne pas en être tributaire à quelque moment que ce soit.

L’autre point qui m’a fait bondir c’est que les dits « jeunes » sont aussi malins que des lemmings se jetant dans l’océan sans savoir nager. En effet, dès qu’il s’agit de quitter le cadre d’une vie calme, dénuée de problèmes et où les finances sont juste existantes au moment de la ponction dans la trésorerie parentale, c’est immédiatement le naufrage. QUOI ?! Travailler comme caissier ?! Quelle horreur ! Ce n’est pas caricatural, loin de là. Les nouvelles générations espèrent qu’un tiers fera les métiers ingrats qu’ils ne se privent pas de dénigrer et ne visent que les postes disponibles dans les bureaux climatisés d’une multinationale, ou au pire d’une administration pour s’y encroûter (comprendre glander pour une paie assortie d’avantages divers). Je suis foncièrement sidéré par cette tendance à chercher le sponsor au lieu de se financer par ses propres moyens. Serais-je donc un imbécile de m’être échiné pour me payer ma première bagnole, puis encore plus pour en faire le plein et pouvoir payer une tournée à mes amis ? J’estime devoir dire que je suis fier de m’être usé les mains et non d’avoir des doigts dignes d’un snob manucuré. Dans une société où le manuel est considéré comme dégradant il ne faut pas s’étonner que les prestations comme la plomberie, la maçonnerie ou la vitrerie, soient devenues relativement difficile à obtenir... et assez chères.

A terme ma plus grande inquiétude est que cet esprit de facilité devienne non quelques imbéciles mal éduqués mais une norme où chacun enviera son géniteur sous prétexte qu’il a eu la bêtise de bosser quarante ans, cotiser et épargner comme un con et finalement qu’il dépensera avec sa femme ces quelques deniers camouflés dans le petit bas de laine pour les vieux jours. Morveux ingrats, pourritures sans respect pour le travail d’autrui, il serait intelligent de vous coller une belle branlée qui vous a manqué durant votre enfance, mais aussi de vous mettre au turbin quelques mois afin de comprendre qu’il n’y a pas que des places de planquées dans une nation. Tiens grand-père était charpentier... Ca serait enrichissant de faire trimballer des bastings par son morveux de petit-fils pour qu’on lui enfonce dans le crâne que le travail n’est pas dégradant et qu’il est méritoire d’avoir résisté à ce boulot, et ainsi avoir réuni un peu d’argent pour en profiter après.

Bienheureux sont les parents qui peuvent apprécier la présence de leurs enfants qui se foutent du matériel et qui respectent leurs efforts pour leur offrir une vie décente. En quoi l’argent de poche serait une obligation ? J’ai à l’esprit une devise familiale : « Celui qui a bossé pour son fric a toute autorité pour le dépenser comme il l’entend. ». De ce point de vue cela sous-entend « Dépense que le fric que tu possèdes, pas celui de quelqu’un d’autre ».

Alors les petits cons jaloux, quel effet cela fait de se faire tailler un costard ? Je vous offrirais volontiers quatre planches... mais vous seriez foutus de vous plaindre qu’elles sont d’Isorel et non en sapin !

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