30 septembre 2010

Alter Ego

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Clowneries

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PS: oui, je suis responsable de cette horreur...

29 septembre 2010

Trauma

Il arrive parfois que la créativité soit surprenante, au titre que, de temps en temps, un créateur est là, sortant des sentiers battus et ordinaires, et s’extirpent du bourbier pour nous livrer une œuvre décalée, parfois drôle, parfois triste, mais toujours originale. C’est dans cet esprit que je revendique une véritable passion pour un créateur sur le réseau, un type complètement atteint de la boite crânienne, qui crée des sagas audio, un peu dans le style des séries radiophoniques de nos grands-parents. Flopod (de son pseudo) a mis en ligne ses délires sous la forme de fichiers à télécharger, à écouter, et surtout à conserver. Merci à lui, car deux sagas me marquent tout particulièrement : Trimoria et Synapse ; L’une comme l’autre traitent de la folie humaine, du fait d’être dézingué des neurones, ceci à travers l’exploration d’un monde imaginaire et complètement anarchique dans Trimoria, et par le suivi de deux évadés d’un asile d’aliénés dans Synapse. Ecoutez les, riez, hallucinez, repérez les références qui fourmillent. Amusez vous !

Mais alors, « juste quelques mots pour faire un éloge ? », grognera l’amateur de dithyrambe et de tirades sans prise de respiration à travers des virgules perdues dans la typographie de ce site. Hé non ! Je nous crois tous capables de restituer une forme de folie de l’imagination, et de vivre, d’une certaine manière, ce délire totalement incongru prenant naissance ici (observez qu’à travers un texte, il est difficile de pointer décemment un crâne sans susciter l’intérêt puis la consternation dans la même seconde), pour finir restitués dans notre esprit. J’aime à croire que chacun saura se libérer des carcans, évacuer les clichés, sauf à s’en servir à bon escient bien entendu, pour finalement proposer une autre vision du monde, si décalée, débile, ou morbide soit-elle.

Les sagas mp3 sur flopod.fr

Et si je m’y essayais ?

Je rappelle aux non avertis qu’il s’agit là, bêtement et méchamment, d’un exercice de style !

J’avais intimement la conviction que ce monde n’était pas conçu pour moi. Entre ces affiches agressives qui tentaient lamentablement de me mettre au tabac, à l’alcool et au sexe facile par minitel interposé, je me sentais particulièrement prisonnier sans mur ni barreaux, tandis que les autres humains, eux, erraient sans raisonnement ni précaution au milieu de ces menaces permanentes. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je soupçonnais même certains de ces erres d’être prêts à me tuer pour garder leur confort et leur petite vie bien rangée de larbin au service d’intérêts aussi obscurs que dangereux. Pour moi, ce fut donc de la survie que d’assassiner ce con de vendeur de chaussures. Il n’avait pas à me dire que je n’avais pas un style acceptable en enfilant des mocassins avec un survêtement ! Imbécile ! Je ne vois qu’une explication : je me devais d’entrer dans le moule d’une société formatée où je suis le parasite, l’homme à abattre.

Quand ce collabo de juge m’a invectivé et montré du doigt durant l’audience, je me suis juré d’une part de lui faire la peau, et d’autre part de ne plus jamais être pris par les autorités. Qui savait ce qu’ils me préparaient ? Ah, ces salauds : quand un psy s’est mis à déblatérer sur mon compte, racontant tout un tas de saloperies sur mon enfance, mes angoisses, mes petites voix intérieures, je me demandais s’il n’était pas fou lui-même. De quel droit posait-il un jugement aussi abrupt sur mon existence ? Il était aveugle, ne voyant pas que son humanité misérable n’était satisfaite et gonflée d’orgueil que parce qu’il pouvait s’offrir une voiture de luxe. J’imagine bien sa tête constatant avec effroi que je lui ai laissé un message chez lui, sous la forme de son épouse et son amant enlacés à jamais avec du fil de fer sur le tapis persan du salon. A chacun ses névroses doc, et moi je vous en ai filé pour quelques années de thérapie.

On m’a donc collé en institut, estimant que je n’étais pas apte à comprendre ma sanction. Mensonges : je savais que je l’avais tué, je l’avais assumé, revendiquant mon acte en déclarant à la cour que je ne tolérais pas d’être traqué ou surveillé par des agents. Accès paranoïaques, et tendances suicidaires ? Je n’ai jamais eu envie de mettre fin à mes jours, mais interrompre ceux de toute personne voulant m’empêcher d’exister. L’hôpital psychiatrique fut une expérience enrichissante. J’étais, et de loin, un des patients les plus intelligent de cette foire au bétail humain. Il y avait là du dégénéré mangeant ses excréments, du violeur incapable de réprimer ses pulsions, un mythomane, une belle série de paumés pour la science et l’existence. De mon côté, on testa plusieurs traitements, certains me menant à des accès de rage, d’autres à des rêves aussi bizarres que glauques, puis finalement, c’est en jouant l’apathie que j’ai pu les rouler. Les idiots, moi, apathique ! Alors, un soir de relâchement, j’ai pu briser la tête à ce maton pervers et amateur de violence, lui piquer sa voiture, et partir sur les routes.

Ce fut difficile, dangereux même. Incompétent comme voleur, je fus souvent réduit à l’errance piétonne, à l’autostop, et à l’insupportable promiscuité avec des demeurés fiers de leurs machines à roues. Qu’importe : après des mois de fuite, j’ai pu me poser, trouver un petit job dans un village si ridicule qu’il n’apparaît pour ainsi dire pas sur les cartes. Mais il a fallu que le maire s’en mêle, et me menace d’appeler la gendarmerie. Pas le choix, j’ai dû le liquider et balancer son cadavre dans le canal. Tant pis, encore une vie de perdue, une autre à reconstruire. Et puis, je ne l’aimais pas, cette proprio toujours prompte à se plaindre de la télévision, de la musique, de mes cigarettes, ou encore de mes achats, car cette morue fouillait ma poubelle pour y vérifier si je n’y laissais pas de la drogue ou des seringues. Je pense qu’elle va être remise à sa place, quand elle retrouvera son salopard de Yorkshire, si tant est qu’elle comprenne qu’il est dorénavant en plusieurs morceaux. Ordure.

Maintenant, je suis là, dans cette masure. Ils attendent dehors, ils ont déployés les grands moyens : GIGN, tireurs, hélicoptères, chiens, la totale. Un vrai fugitif de cinéma. Je m’en fous, ils vont me faire la peau, c’est sûr qu’ils ne me laisseront pas parler de tout ça, m’expliquer. Personne ne tiendra compte des circonstances ni de mes motivations. Je suis un assassin pour la société, un monstre dénué de sentiments, et il faut m’éliminer. Parfait, qu’ils forcent la porte, je les attends. Du butane, un briquet, un fusil, cela fera l’affaire. Et cela fera bouffer pas mal de journaleux, ces ordures qui m’ont surnommé le sauvage, l’animal. Je ne sus pas moins un animal qu’eux, ces porcs qui se nourrissent du malheur des autres. Qu’ils viennent eux aussi, j’ai un traitement de faveur à leur offrir !

Tiens, je suis touché je crois, je ne sens plus...

28 septembre 2010

Paranoïa

Je m’amuse souvent à songer au fait que notre société s’est brutalement entichée des pires théories du complot qui soit. En effet, nombre de séries, films et autres bouquins relatent, non sans un plaisir malsain à terroriser le beauf Norbert et son épouse ménagère mégère de moins de cinquante balais accroc au loto et autres tacogratte arnaque, les pires scenarii paranoïaques, ceci à travers la menace tacite d’un gouvernement omniprésent et omnipotent. La liste est longue, démesurée, et pourtant, toutes ces œuvres s’appuient sur l’inconscient collectif qui affirme que nous sommes tous surveillés : depuis les envahisseurs, en passant par X-Files, 24, ou encore les films tels que traque sur Internet, ou encore ennemi d’état, tout concourt à conforter les gens dans l’idée que les états ne sont que des voyeurs, prêts à tout pour conserver leur autorité, et surtout qu’ils jouent avec nous sans pitié.

Qu’en penser ? On a tous entendu parler de la théorie du complot concernant l’assassinat de Kennedy, pour les attentats du WTC, ou encore sur l’usage intensif des données des gens pour les fliquer. Qui n’a pas vu un reportage sur la possibilité de prendre des voleurs sur le fait, ceci à l’aide de leurs mobiles ? D’un point de vue purement technique, l’immense majorité des techniques dictées dans les films et autres séries sont au mieux difficiles à effectuer (trop de données à analyser, recouper, et surtout trop de données différentes à mettre en rapport), voire juste impossibles à mettre en œuvre. Donc, on peut encore (temporairement) suggérer que nos libertés sont relativement protégées, d’autant qu’il faut non seulement de la technologie, mais avant tout des analystes pour s’en servir. Prenons une analogie : la masse d’informations qui circulent serait une immense bibliothèque, dans laquelle chaque livre serait le résumé de nos actions journalières (téléphonie, achats par carte bleue…). Déjà d’une : il faudrait combien de temps à une machine pour indexer, par thème, par catégorie le tout, puis ensuite à un être humain d’y trouver l’information nécessaire pour piéger et pister le voleur/terroriste/pédophile/escroc ? Ca n’est pas aussi facile que dans les films, loin de là.

Cependant, notons tout de même certaines corrélations d’idées et d’actions qui me mènent à remettre en doute ce bilan précédent. En effet, jusqu’à présent les données étaient dites non corrélées, c'est-à-dire non liées les unes par rapport aux autres. Prenons un exemple simple pour expliquer cette notion : prenez votre propre cas. Vous disposez d’un compte en banque, donc d’un historique d’achats à travers votre carte bleue, vos chèques… Mais il n’y pas de liaison directe entre ces achats et la liste des produits que vous avez acquis. Techniquement, le magasin a une somme encaissée sur un virement validé, ainsi que des historiques de quantités vendues, mais rien (en principe) n’est supposé faire la liaison. Maintenant, dites vous que vous avez la carte de fidélité qui, elle, est liée à votre identité, mais également aux achats que vous faites, puisque chaque produit vous rapporte des sous, ou des avantages quelconques. De ce fait, on a lié vos habitudes d’achats à vos dépenses, et l’on peut donc en déduire plein de choses intimes : vous achetez des couches ? Vous avez potentiellement un enfant en bas âge à votre domicile. De l’huile moteur ? Vous avez une voiture. Et ainsi de suite. On joint donc indirectement de l’information de par nos actions. Maintenant, poussons le vice plus loin : quelque soit vos actions, celles-ci sont traquées par les différents systèmes informatiques qui sont en place de par le monde : banques, sécurité sociale, administrations, paie, consommation de masse, Internet, achats en ligne, téléphonie fixe et mobile… Pour peu que l’on puisse recouper les données de manière cohérente, force est de constater qu’un peu de déduction suffirait à faire de ce monde un 1984 sans de trop grosses difficultés. Encore faut-il s’en donner les moyens.

C’est là que notre paranoïa collective revient à la charge. Entre virus informatiques, piratages montés en mayonnaise par les médias, ou encore tout récemment ver informatique soi-disant utilisé pour effectuer une attaque massive sur un ou plusieurs états, le quidam se voit peu rassuré, voire même conforté dans son idée que le flicage virtuel et intangible sur la toile devient réalité. HADOPI, que je brocarde régulièrement dans ces mêmes pages, n’est pas réellement, à mes yeux, un outil dédié à la protection du droit d’auteur. Non. HADOPI est une validation à grande échelle des outils et méthodes tant juridiques que techniques pour qu’un état puisse se doter d’un arsenal de surveillance, voire de riposte sur la toile. Quand on autorise la surveillance permanente des utilisateurs, que par défaut on les déclare coupables tenus de prouver leur bonne foi, il y a là un décalage dangereux entre droit fondamental, et mise en application d’un nouveau droit de surveillance massive. Je ne crois absolument pas au bien fondé de cette méthodologie, car elle offrira un véritable attirail pour toute dictature potentielle. On commence par surveiller, puis, tôt ou tard, on interpelle. C’est le mécanisme classique du despotisme.

Nombre d’acteurs dans la création et la mise en application de ces lois et autres manœuvres ferment littéralement les yeux, en partant du principe stupide que « si je ne le vois pas, je ne le sais pas, donc je ne le crains pas ». Pourtant, il me semble particulièrement redoutable d’autoriser une systématisation et une automatisation de la mise en accusation, surtout dans un domaine où l’expertise de l’usager moyen du réseau est à mettre en doute. Certains parlent d’analogies entre les radars automatiques et ce dispositif. Rien à voir : le radar automatique photographie un véhicule réellement en infraction, et le signale au système des contraventions. Il ne filme pas en permanence, il ne scrute pas notre vie privée. HADOPI, lui, est là, tacite, inséré à la toile, nous écoutant tous. De quoi devenir, et à juste titre, assez parano, non ? J’en suis d’autant plus inquiet que nombre de dictatures ont déjà ces outils en place (Chine notamment), et en font usage au quotidien. A croire que la liberté d’expression et la libre circulation des données et des idées n’est qu’une vaste utopie.

Ceci étant, pour moi, la plaisanterie serait qu’un officiel soit mis en accusation pour piratage. Ne serait-ce pas ironique qu’un ministre, ou un député responsable de la loi HADOPI se voie notifié par courrier qu’un de ses fils a récupéré le dernier jeu à la mode par des moyens illicites ? J’en serais non seulement hilare, mais en plus satisfait, au titre que l’arroseur arrosé est rigolo, mais que surtout cet élu serait alors confronté au quotidien du citoyen ordinaire, celui qui va être menacé par courrier, inquiété pour rien, alors qu’il n’est même pas en mesure de comprendre de quoi il en retourne. Une autre blague à faire serait qu’un véritable virus offensif, du genre agressif, vienne à polluer la toile, le tout pour retourner la puissance des machines vers un ou plusieurs états. Cela légitimerait la paranoïa ambiante, mais également pourrait pourrir l’existence à quelques états totalitaires. Oui je sais, je suis pourri, mais à pourri, pourri et demi !

Le ver stuxnet, qui fait fantasmer les théoriciens du complot

27 septembre 2010

Dico sauvage

Après avoir suggéré, non sans une pointe d’humour sous cape, que vous puissiez me fournir quelques mots pour alimenter mon « Abécédaire de la connerie humaine », voici qu’une amie s’est proposée pour une première volée de bois vert, pardon, de mots qu’elle aimerait voir décrits par mes soins. N’étant pas avare en propos diffamants pour la société, l’homme, enfin pour toute chose, attaquons à ses obsessions, puisqu’il convient de les considérer comme telles, étant donné qu’elles les as suggérées… Oui je sais, c’est vache de dire cela, mais que voulez-vous, je ne saurais me refaire, eu égard à ma flemme légendaire de me remettre en question, mais également du fait que j’ai bien autre chose à faire. Quoi donc ? Ca ne vous regarde pas, et puis, quitte à se refaire, pensez donc à le faire sur vous-même avant de me le suggérer ! Tas de Pygmalion que vous êtes !

Passons donc à quelques termes pour l’abécédaire.

Amitié : Meilleur moyen de s’endetter pour le compte d’un autre, et de découvrir avec horreur que les amis, c’est comme les puces : on en a d’autant plus qu’on n’en a pas besoin. L’amitié, c’est la forme la plus évoluée du parasitage, car contrairement à celle classique de la tique ou du pou, l’amitié incite non pas à dévorer littéralement la victime, mais à lui faire croire que le tout est agréable et utile. En plus, l’amitié sert parfois comme prétexte pour mourir bêtement. Tout le monde a en tête une scène de film où le héros (condamné) va se sacrifier pour sauver ses amis. Foutaises : comme tout bon mammifère égocentrique, l’homme se torchera avec ses convictions, sauvera sa vie, se saoulera dans un élan de remords, et financera la vie parasitaire de la caste des psychothérapeutes qui, par charité, lui lancera sans réflexion ni explication un « C’est Œdipe ». Cela expliquerait la croissance affolante du nombre de suicides…

Amour : Sentiment. Trop long à expliquer, trop de problèmes à y inclure. L’amour peut provoquer de grands moments de bonheur ou de détresse, voire même déclencher des guerres. Donc, définir l’amour, c’est quelque part définir l’existence et l’humanité. Je ne suis pas philosophe, et puis me les brisez pas je n’ai pas que ça à foutre.

Barbare : Moi. Tout simplement.
Comment cela, ça ne suffit pas ? Bon, poussons la réflexion : le barbare est quelque chose d’ordinaire, de si ordinaire qu’on ne saurait en douter. En effet, la barbarie, ce n’est pas tant être violent, méchant, sanglant, que de pratiquer l’usage de l’inculture face à la cité. Le terme, à son origine, définissait comme barbare tout ce qui n’appartenait pas à une civilisation donnée. Ainsi, les Romains définissaient les autres comme des « barbares ». Tiens donc, n’est-ce pas le terme que l’on pourrait consacrer à l’immense majorité des gens errant sur la toile, disséminant inepties, horreurs linguistiques et autres contrevérités ?

Chanceux : Race infecte de types qui ont pour principale qualité de prendre aux autres ce qu’ils rêvent. Le chanceux, c’est ce salopard qui marche sur une mine sans la faire sauter, alors que son camarade, lui, pressera son brodequin dessus, puis devra apprendre à marcher avec une prothèse. Le chanceux, c’est l’ahuri qui vous fait une chute de dix étages, à cause qu’il « nettoyait le dehors des fenêtres et qu’il a glissé sur le bord mouillé et crotté de fientes de pigeons ». Le chanceux, c’est enfin l’espèce d’ordure qui vous précède dans le bar tabac, qui tergiverse, hésite, prend enfin ses tickets à gratter, et sous votre nez, prend celui que vous convoitiez (allez savoir pourquoi), et qui s’exclame, fier et plastronnant « Bordel ! Mille Euro ! ».
Enfoiré !

Cocu : Type qui ne connaît visiblement pas sa chance, étant donné que son épouse/fiancée/maîtresse est partie prendre des cours sur la Chose avec d’autres, et vient au surplus les pratiquer avec lui. D’une certaine manière, la réflexion, poussée à son paroxysme par Sacha Guitry sous la forme d’un « La plus grande saleté qu'on puisse faire à un homme qui vous a pris votre femme, c'est de la lui laisser ». Dans les faits, cela sous-entend donc qu’après tout, si Madame va voir ailleurs, c’est qu’elle a trouvé plus idiot que vous. Cela a un petit côté rassurant, même si, dans les faits, être cocu peut aussi avoir l’inconvénient de passer temporairement pour un con, car la majorité des cocus sont les seuls à ne pas être au courant des comportements volages de leur épouse. Comme quoi, c’est à double tranchant. Ceci dit, le cocu peut même être heureux. Ne dit-on justement pas « l’imbécile heureux » ?

Effet papillon : faculté hallucinante qu’ont les mathématiques complexes de démontrer qu’une saloperie de papillon d’un côté du monde, pourra, en battant des ailes, déclencher une tempête à l’autre bout. En l’espèce, cet effet me laisse perplexe. Dites vous bien que je côtoie au quotidien des gens qui brassent de l’air sans effet, et que d’autres me le pompent littéralement. Alors pourquoi diable n’y a-t-il pas plus de cataclysmes météorologiques de par le monde ? Probablement parce que cette idée saugrenue du papillon est sortie de l’esprit enivré d’un scientifique, lors d’un « brunch » (à dire avec un accent pédant), ceci pour impressionner une écervelée aux fesses admirables, ou du moins pour en mettre plein la vue à son sportif (tout aussi décérébré) d’amant. Comme quoi, la science, c’est aussi un domaine où l’on peut pratiquer la revanche mesquine.

Femme : Ah, question piège. Comment définir la femme ? Comment lui coller des épithètes sans passer pour un misogyne, ou a contrario lui épargner ma verve (à défaut de l’approcher avec le « g » substitué au « v », comprenne qui pourra), ceci pouvant laisser augurer une certaine lâcheté. Qu’est-ce donc que la femme. Femme : complément technique parfait pour l’homme. La femme est le cerveau amovible de l’homme, car techniquement quand vous ne savez pas où vous allez, madame, elle, sait que ce n’est pas par là qu’il faut aller. D’une mémoire épatante, une femme saura toujours vous ressortir quelques dossiers croustillants, vous faire avoir des remords sur des erreurs passées (et si possible oubliée), et avec un zeste de cynisme, saura vous faire comprendre qu’il ne faut pas l’emmerder (ah, Saint Alka Seltzer, pourquoi ne fais tu pas taire leurs migraines ?!). En bref, la femme, c’est le sens de l’organisation, de la famille que n’ont jamais les hommes. D’ailleurs, quand madame aborde une question, ce n’est pas pour nous faire fuir, c’est qu’elles sont justes curieuses. Enfin bon, se faire interroger sur « qu’est-ce que tu as foutu hier soir, pochard ! » ne mérite généralement pas de réponse, à moins de vouloir lui avouer vos vomissements frénétiques dans un caniveau inconnu.
Ceci dit, la femme a pour principal défaut l’incapacité à accepter une réflexion. Je m’explique : dites lui « tu es belle », il vous faudra sans cesse lui répéter pour que cela soit un tant soit peu admis. De plus, il vous faudra appliquer la recette à longueur de temps, sous peine que le soin soit considéré comme inefficace. Ajoutez aussi un sens inné et pénible de la contradiction pour vous faire perdre patience (du genre « non on ne regardera pas le foot, on va plutôt regarder secret Story. » Ok… mauvais exemple, on est tombé chez des beaufs), et vous obtenez un portrait très incomplet et insupportable de la femme !

Gynécologue : Profession étrange qui a pour but unique de pratique la spéléologie dans l’intimité des femmes. Allez savoir pourquoi, mais tout comme pour les proctologues, je n’arrive pas trop à comprendre ce qui a pu inciter ces types là à choisir une telle orientation. Autant le chirurgien cardiaque, le pédiatre, j’arrive à voir l’intérêt, mais à l’instar du dentiste, quel est le foutu intérêt que de devoir pratiquer l’exploration des femmes de la sorte ?! N’est-ce pas là une démonstration parfaite du vice mené au paroxysme, jusqu’à la profession ? Il est notable qu’en plus d’être un métier étrange, le gynécologue garde toute sa dignité, chose qu’un proctologue aura bien plus de mal à faire. Dommage, les deux s’occupant pourtant d’orifices et d’accès… Enfin bref, le gynécologue, c’est le toubib spécialisé qui se charge de la plomberie reproductrice de votre chère et tendre.

Politique : Chasse gardée d’une élite autoproclamée, la politique est l’art de dire des conneries, et de faire croire à la population qu’on en est convaincus. Toute la rhétorique, dialectique et autres arts de la paraphrases sont utilisables en politique, d’autant plus qu’il est nettement conseillé de cumuler populisme cinglant à travers quelques phrases choc (ou propices au lavage à haute pression) avec de l’idéologie bien ficelée, et surtout incompréhensible de l’ahuri moyen. Il faut noter que le langage politique n’est pas celui de l’homme de la rue. En effet, il ne faut pas que l’électeur (le pigeon, l’abruti, le roulé dans la farine, vous, moi…) puisse saisir qu’il s’est fait enfler lors de son dernier plébiscite. En gros, la politique, cela tient à deux arts distincts : caresser le bébé d’une main, en lui piquant sa tétine de l’autre, et réussir à servir comme un plat exceptionnel de la merde recouverte d’une plâtrée de chantilly. Hé oui : la politique, c’est sûr que c’est très présentable, mais quant à la saveur, j’ai quelques doutes.

Vicieux : Le vicieux, c’est la chose qui fait de nous des êtres humains. Notez que dans vicieux, il y a ce sifflement caractéristique qu’on pourrait associer au serpent vicelard (justement) de la création, ce petit quelque chose de désagréable à vos tympans qui vous dit « méfiez vous de lui, il est vicieux ». Pourtant, l’âme humaine est propice au vice, elle s’étale dans la fange, se barbouillant le visage et accessoirement les miches de la boue de la luxure ! Oh, toi qui vas aux putes et qui, ensuite, se lave l’âme à confesse, n’es-tu pas l’archétype du vicieux ? Et puis merde, le vice, c’est la pornographie, le sexe, le plaisir, le désir, l’envie, les sentiments, la torture de l’âme par la chair… En somme, c’est vivre, et quitte à y laisser ma peau, je me contenterai de dire que je suis un vicieux ordinaire, et que le diable m’accueillera volontiers pour une soirée pizza bière, tout en regardant une émission décérébrant le blaireau moyen que je suis.

Bien pensant nauséabond

Je suis heureux ; oui je confirme, je suis heureux d’être tombé sur un article aussi bien argumenté que bien construit sur une réflexion que je me fais depuis des année sur le « bien-pensant » qu’on tente de nous inculquer dans tous les domaines. Depuis la politique, où avoir des idées contradictoires vous fait taxer de fasciste, jusqu’aux réflexions historiques qui vous donnent le droit à des épithètes parfois pires, il semblerait que l’on tente désespérément de faire de nous des moutons pleurnichards, l’échine courbée, de sorte à encenser des idées et des situations données. Or, à mon sens, le débat d’idées, ainsi que la progression intellectuelle se doit d’être tant critique que constructive.

Pour le coup, malheureusement, le thème est une fois de plus la déportation et le traitement des juifs de France pendant l’occupation. Sujet épineux, nauséabond, il a systématiquement été traité de manière niaise, pour ne pas dire minimaliste, de sorte à ménager toutes les susceptibilités. J’ai notamment en horreur que les atrocités nazies soient sans cesse agitées comme épouvantail, mais ceci en excluant toutes les autres victimes : quid des homosexuels, tziganes, communistes, opposants, des intellectuels ? Où sont ces gens qui, eux aussi, ont découverts le système concentrationnaire de l’intérieur ? Le nazisme a-t-il fait des victimes uniquement chez les juifs ? Certes, ils furent les principales victimes, mais certainement ni les premières, ni les seules. Rappelons que les premières rafles et arrestations ciblèrent les opposants au régime, et qu’au surplus Dachau fut un camp pour « réhabiliter » les déviants sociaux, donc en substance les opposants à la dictature nationale socialiste.

Si l’on analyse donc ces faits, je ne peux que soutenir ce qui est dit dans le blog ci-dessous.

Le dernier blog - De la compassion
Oui, les horreurs ne sont certainement pas à oublier, pas plus qu’il ne faut taire ce que ces régimes et ces tortionnaires ont de pire. Pour autant, a-t-on le devoir de verser sa larme à chaque nouvelle épopée sentimentaliste sur le thème ? Est-on tenu par un devoir de servitude morale vis-à-vis des victimes ? Mon premier et unique devoir est de me souvenir, afin de ne pas répéter les erreurs du passé. La culture, l’instruction, l’information ont pour but de préserver la mémoire de ce cauchemar européen, pas d’en exalter le souvenir au point de nous faire culpabiliser. Non, je n’ai pas voté national-socialiste, non, je n’ai pas participé ni collaboré pendant l’occupation, non je n’ai pas défilé ou salué un nazi avec le bras tendu. Dans ces conditions, qu’on n’exige pas de moi que je sois en larmes lorsque les films sur les thèmes durs de la déportation fleurissent, et encore moins que je taise toute critique si le film s’avère mauvais. Ce n’est pas refuser le souvenir, c’est assumer ma responsabilité actuelle, celle d’un homme, d’un électeur, d’un être qui refusera de soutenir toute politique totalitaire, tout comme de jouer le négationnisme. Je suis outré quand une personne tente de minimiser les crimes de la seconde guerre mondiale, je suis scandalisé quand certains tentent d’occulter la responsabilité des alliés dans les carnages de Dresde, ou encore quand les USA se dédouanent des désastres atomiques en instrumentalisant la guerre contre le Japon, mais je suis tout autant sidéré et furieux quand on veut me faire porter le chapeau pour le passé.

L’interview de la réaliste est symptomatique de cette attitude aussi niaise que nauséabonde. Je ne suis pas tenu à fondre en larmes à chaque film (navet) qui a pour but de m’arracher les dites larmes, et encore moins s’il s’agit tacitement de me reprocher mon « indifférence » quand je ne réagis pas comme on l’attend de moi. Je vais être franc : la liste de Shindler, film magnifique, magistral, ne m’a pas arraché de larmes, mais énormément de réflexions sur l’âme humaine. J’ai été pris aux tripes par l’art consommé de Spielberg pour le silence et la narration visuelle, mais je n’ai pas pleuré. Trop distant ? Non, simplement honnête avec moi-même, avec mes convictions. Je ne me crois pas insensible, car cela me remue profondément, tout comme énormément d’autres films sur des thèmes très différents, mais décrits avec force et conviction. Croix de fer traite du sort des soldats Allemands sur le front de l’est. Peckinpah m’a remué les tripes jusqu’à la terreur ; JFK a interpellé ma conscience de citoyen et d’électeur, malgré des propos propagandistes et passablement grossiers dans la démonstration ; Le dictateur de Chaplin a éveillé en moi le désir de constater qu’il y a plusieurs manières de revendiquer pour toutes les libertés.

En parlant de Chaplin, je rejoins totalement l’auteur du blog, ceci en utilisant justement le film « Le dictateur » comme exemple parfaitement flagrant dans l’analyse que l’esthétique et l’émotion sont intimement liées aux opérations de propagande, puis de nivellement de l’intellect dans les sociétés. Charlot, dans son mimétisme avec Hitler, nous présente le monstre comme amusant, ridicule, presque pathétique dans la scène culte du monde sous la forme d’un ballon. Quoi de plus esthétique que cette sphère flottant dans ce bureau strict et gigantesque ? Quoi de plus drôle d’abord, puis effrayant, dans ce dictateur qui s’amuse avec un ballon, pour ensuite comprendre que c’est avec le monde, le vrai, qu’il joue ? L’esthétique et le sentiment ont la force nécessaire pour faire taire les oppositions, pour censurer tacitement toute forme de critique. De là, qu’un seul constat : si l’on veut me forcer à pleurer, n’est-ce pas là déjà une attitude despotique et dictatoriale ? Si l’on veut m’imposer de bons sentiments, n’est-ce pas pour me rendre servile à des idéologies que je ne défendrai jamais ? Sans dériver sur des critiques déjà faites par mes soins concernant des associations comme la LICRA, je trouverai toujours douteux toutes celles et ceux qui joueront du violon et du reproche tacite (ou explicite) pour que je les soutienne. Encore une fois : non, je ne soutiendrai jamais ceux qui renient les atrocités du nazisme, non, je ne légitimerai jamais aucune politique raciale, mais ne me demandez certainement pas de cautionner la politique des colonies, de l’isolement de Gaza ou quoi que ce soit de ce genre, sous prétexte de victimisation. A chaque époque ses combats, ses horreurs, ses errements. A chacun d’assumer sa part de responsabilité dans le temps, et non pour toujours.

24 septembre 2010

Pas de panique !

Pour les cinéphiles un peu barrés, et pour les amateurs de science fiction burlesque, c’est bien entendu une référence directe à l’œuvre de Douglas Adams nommée « H2G2, le guide du voyageur intergalactique ». Mais qu’est-ce donc que ce guide ? C’est, selon monsieur Adams, le livre le plus vendu de la galaxie, et qui a pour but unique de rendre service à son propriétaire. En vrac, il explique le pourquoi de nombres de choses aussi futiles que de manière inexacte, explique à son détenteur qu’il ne faut jamais paniquer (puisque la couverture arbore en grosses lettres rassurantes « Don’t panic »), et qu’au surplus il s’est révélé être mieux vendu que ses concurrents parce qu’il était un peu moins cher. Merveilleux ! Mais alors, quelle est l’histoire narrée par ce H2G2 si obscur ?

Tout d’abord, faisons un petit point : H2G2 est la contraction de « HitchHicker’s Guide to the Galaxy », soit littéralement « Le guide de l’autostoppeur galactique ». L’histoire est relativement simple, car elle conte le destin d’un terrien qui se voit devenir le dernier survivant de son espèce, parce que la Terre est rasée au profit d’une déviation spatiale. Ami, sans le savoir, avec un extraterrestre, il se retrouve propulsé dans l’immensité de l’espace, et vit alors des aventures aussi improbables qu’hilarantes. Oui, H2G2 n’est pas une œuvre sérieuse, ni très cartésienne, car tout ce qui est improbable peut arriver : apprendre ce que pense un pot de pétunia ou un cachalot faisant une chute de plusieurs kilomètres, découvrir qu’un peuple s’est volontairement fait endormir en attendant que l’économie intersidérale soit plus propice au marché des planètes sur mesure, ou encore qu’il est possible de voyager de telle sorte à voyager involontairement et aléatoirement dans le temps. Incompréhensible ? Je vous le concède, mais tout s’éclairera pour vous lorsque vous tenterez d’aborder cette série d’ouvrages, ainsi que le film éponyme qui, à lui seul, est une perle d’humour pince sans rire. Nota : je ne dis pas humour british, pour des questions personnelles d’allergie à la couronne britannique, tant sur le fond que sur la forme.

Mais dans tout cela, comment aborder ce monde fait de folies, de débilités, d’impossibilités supposées ? Adams présente le monde comme il est, car, quelque part, ses personnages reflètent totalement l’âme humaine, sous des dehors comiques : un président de la galaxie imbu de lui-même, et élu à ce poste justement pour son incompétence et sa prétention à être un être unique et utile, une caricature de beauf absolu qui devient un « dieu » pour une société totalement perdue, ou encore un voyageur de l’espace qui ne se préoccupe guère que de survie aux évènements qui n’ont de cesse de le mettre dans des situations aussi absurdes que mortelles. Adams écorche donc l’Homme, il nous fait rire de lui parce que malheureusement, c’est la seule thérapie efficace contre la déprime. Après tout, si nous laissons la tristesse s’immiscer dans nos vies, c’est parce que nous sommes incapables d’en voir les bons côtés, non ?

Et puis, c'est sans compter sur l'existence d'un robot, accessoire indispensable, en principe, en SF. Hélas, maintenant dites vous que le robot en question est d'une intelligence très supérieure (il prétend avoir un QI tel que son cerveau serait de la taille d'une planète), mais dont le tempérament et la psychologie sont ceux d'un maniaco-dépressif. Hé oui, même les machines, chez Adams, ont une personnalité trouble et délirante : entre un robot psychotique et des portes de vaisseaux programmées pour éprouver du plaisir à l'ouverture et à la fermeture, et vous pourrez admettre que le futur, vu comme ça, mieux vaut s'en passer!

Tout d’abord une œuvre audio, puisque ce fut une série sur la radio de la BBC, H2G2 a aujourd’hui une immense communautés de fans, de furieux amusés par les sciences, et qui font apparaître les indices et plaisanterie de D.Adams un peu partout. J’ai quelques exemples à vous soumettre, et qui ne manqueront pas de vous interloquer. Tout d’abord, parlons du babelfish. Dans la série, c’est un poisson étrange que l’on se glisse dans l’oreille, qui se nourrit d’ondes cérébrales, et qui permet de recevoir dans sa langue toutes les autres parlées dans l’univers. Traducteur universel, c’est l’accessoire vital pour communiquer. Et devinez comment s’appelle l’outil de traduction de yahoo ? Gagné !
Un autre truc : dans l’histoire, tout tourne aussi autour d’une question existentielle énorme qui est « La grande question sur la vie, l'univers et le reste ». Un ordinateur est associé à cette recherche, et durant plus d’un million d’années, la chose calcule, analyse, tout cela pour répondre « 42 ». 42 ?! Imaginez la frustration des observateurs ayant rêvé d’obtenir la réponse à la grande question ! Donc, ensuite, la quête sera de trouver « Quelle est l’ultime question », ce qui amènera les personnages à énormément de péripéties toujours plus folles et improbables. Hé bien, tapez 42 dans Google, découvrez aussi toutes les anecdotes autour de ce nombre aussi absurde que le reste ! Wikipédia les recense d’ailleurs.

Allez voir enfin les liens, car il existe une production audio en français des premiers morceaux de l’histoire de H2G2. Hilarante, je la réécoute avec grand plaisir.
H2G2 sur Wikipedia
42, sur Wikipedia
La série audio en Français (travail de fans, mais très bien réalisée! A ne surtout pas manquer!)
babelfish sur yahoo
Un site en Français, quasiment une référence en la matière.

23 septembre 2010

900 !

Les décomptes sont souvent froids et effrayants à la fois. 900 messages, 900 diatribes, 900 bouteilles à la mer jetées avec négligence, 900 pensées arrachées à ma tête souvent trop pleine de folies et de chroniques absconses. C’est donc sans tambour ni trompette (de la renommée) que je vous annonce avoir le compte rond de 900 billets d’humeur sur ce blog ! Suis-je fier, satisfait, orgueilleux ? Même pas, juste sidéré d’avoir réussi à griffonner ce mur personnel avant autant d’ardeur et d’entêtement, et surtout de ne pas avoir perdu de mon enthousiasme à le faire. Beaucoup abandonnent leurs blogs, tant par manque de temps que par un excès d’ambition. Il ne faut pas écrire tant pour les autres que pour soi, et pour ma part, que cela satisfasse la petite foule qui vient quotidiennement me rend déjà heureux. Comme quoi, les petits nombres savent faire mieux que les masses colossales mais glacées des sites à haut trafic. Quoique : j’aurais aimé qu’il y ait plus de gens, juste pour que cela puisse déclencher des discussions et des débats. J’aurais aimé que les duels d’idées soient aussi présents ici, mais qu’importe, je continuerai à épancher ma soif de mauvaise foi, et surtout à régurgiter sans charité mes colères intimes !

En revenant sur l’historique, je me suis relu, et j’ai constaté, non sans hilarité, que j’ai pu aborder à peu près n’importe quoi : depuis l’informatique jusqu’aux situations les plus absurdes qui soient, j’ai déployé des efforts démesurés pour me diversifier. En cela, certains vont se demander « Mais comment va-t-il encore se renouveler ? ». Mais très simplement, cher lecteur avide de mes propos ! En nous observant, nous, humanité pathétique et drôle dans sa bêtise, en charcutant tendrement nos travers, et surtout en tournant en ridicule ce que je suis moi-même, un ahuri pétri par le cynisme et la misanthropie. Nous sommes intarissables dans le domaine d’ailleurs, à tel point qu’il serait presque judicieux de créer un concurrent direct aux encyclopédies classiques qu’on pourrait nommer sans exagération « Abécédaire de la connerie humaine ». Et si je mettais quelques mots sous cette forme, en guise de mise en bouche d’un tel chantier ? Allez, juste pour en rire, puisqu’il faut bien choisir entre le rire et les larmes, faisons en sorte d’en sortir plus amusé que contrit !

A

Abruti : Vous, moi, les gens, le con d’en face, le con que vous êtes, le con que je suis. L’être humain quoi.

Alcool : Produit prétendument nocif et proscrit par nombre de religions, l’alcool est le résultat soit de la distillation, soit de la putréfaction de fruits, de légumes, voire même de sciure de bois. Sa consommation peut être festive, abusive, ou mortelle, mais généralement elle prodigue autant de plaisir à ses consommateurs, qu’elle donne des sueurs froides aux toubibs, aux assureurs, et à l’état dans ses statistiques d’accidentologie routière. Il faut également relever l’ambiguïté des administrations, au titre que les impôts, eux, se satisfont de la TVA et de la vignette lors de vos achats de boisson, et des charges et impôts ponctionnés dans les veines des tripots et autres distributeurs de poison en bouteille.

Ami : Se dit d’une personne suffisamment proche pour aller au restaurant en votre compagnie, mais insuffisamment pour finir sous votre couette. Ce mot est également cause de nombre de quiproquos, notamment en société où une personne du sexe opposé vous répond « je préfère rester ami(e) avec toi », ce qui se révèle être une excuse pour ne pas répondre « tu ne me plais pas ». Attention, à ne pas utiliser à tort et à travers, sous peine d’être sollicité que lors des moments difficiles.

Animal : Synonyme de bestiole, toutou, clébard, matou, chat, piaf, poisson et j’en passe. Peut très bien décrire un véritable membre de la faune, qu’un comportement déviant d’un être humain. Il faut tout de même se mettre dans le crâne que nous disons un « comportement animal » quand nous parlons de violence humaine, alors que paradoxalement l’animal, lui, ne sera pas gratuitement violent. Comme quoi, cet écart notable de langage devrait mourir au lieu de perdurer et d’empoisonner mes lectures quand je m’attaque à la rubrique des chiens écrasés, des faits divers pardon.

Arbre : chose verte et marron (en général) de grande taille, solide, dont la principale constituante se révèle être le bois. D’un naturel placide, l’arbre n’a pas de tendance à faire usage de la violence, notamment contre les hommes qui, eux, n’hésitent pas en faire des allumettes, des commodes, ou encore de jolis bûchers lors des incendies estivaux. Pire encore, l’arbre ne se révolte pas quand l’homme, ou la gente canine se sert de sa base nommée tronc comme urinoir. L’arbre est un abri naturel pour une faune complexe, mais également un endroit particulièrement déconseillé lors des épisodes orageux à fort potentiel foudroyant. L’arbre, enfin, sert parfois de support pour les couples en mal de reconnaissance, car ils y gravent leurs initiales, en attendant que l’un des deux éconduits viennent effacer cette horreur à la hache, ou plus rapidement, à la tronçonneuse.

Atome : Science du « à qui pourrira le plus efficacement et rapidement son environnement ». Le terme a longtemps été utilisé par les militaires pour cacher le secret espoir de rayer de la carte l’adversaire, puis mis en avant par les états pour confirmer aux électeurs que leur facture d’électricité n’augmentera pas dans un proche avenir. L’atome, sous sa forme classique, est également surnommé « saloperie qui pollue tellement que Tchernobyl restera zone morte au moins pour quelques siècles ». Il faut noter que l’atome a réussi la prouesse de faire entrer dans les foyers la notion d’holocauste nucléaire, de destruction massive, de grand spectacle via les champignons à haute teneur en mortalité par irradiation, ainsi que, plus proche de nous, l’idée qu’une ampoule puisse fonctionner en cassant des atomes, ou encore qu’on peut tenter de sauver du cancer en vous rendant temporairement fluorescent.

D’autres mots ? N’hésitez pas, je me ferai une joie de compléter la chose, et d’en faire même des articles !

900 - 1


Arayashikiku no dei
A la recherche d'un nouveau pays

Harasaku baku no dei
Construisons une nouvelle maison

Hare fushigyurasa nejyuku
En glanant soigneusement la paille

Surajifushiro yondo
Pour couvrir le toit

Hare fushigyurasa nejyuku
En glanant soigneusement la paille

Fushigyurasa nejyuku
Glanant soigneusement la paille

(Gu ?)surajifusero yondo
Pour couvrir le toit

Kirishigaki ku no dei
Aux murs de pierre

Kuganeya be tatei tei
Célébrons la maison d'or

Hare momo tobyuru wakya
Qui a été construite

Ya uriba yuwa o yondo
Par une centaine de charpentiers

Hare momo to byuru wakya
Qui a été construite

Momo tobyuru wakya
A été construite

Ya uriba yuwa o yondo
Par une centaine de charpentiers

Hateigachi ya naryuri
Août approche

Tobibani ya neranu
Mais je n'ai rien pour me vêtir

Hare utou katabani
Je voudrais me faire belle

Ya karachitabore
Frère, me prêteras-tu juste une manche

Hitotsu aru bani ya
Je voudrais vêtir les enfants et ceux que j'aime

Kanasha se ni kusuitei
Avec le seul kimono que je possède

Hare wanu ya okuyama
Je me vêtirai de la vigne

Nu kazuradasuki
Que j'ai cueillie au plus profond des montagne

Ojyuugoya no teiki ya
La pleine lune brille

Kami gyurasa teryuri
Lointaine et imposante comme les dieux, Illuminant le monde de sa divine lumière

Hare kana ga jyo ni tataba kumo tei taborei
Lorsque mon amant viendra, j'espère que les nuages la masqueront un peu...

22 septembre 2010

Qui es-tu ?

Qui es-tu, toi l’homme de la rue ?
Celui qu’on ne regarde jamais.
Qui es-tu, toi au corps rompu ?
Où sont passés ceux que tu aimais ?

Qui es-tu, toi la mère célibataire ?
Celle qui ne pleure jamais en public.
Qui es-tu, toi au cœur amer ?
Où sont nées tes pensées pathétiques ?

Qui es-tu, toi l’enfant qui pleure ?
Celui que personne ne vient aider.
Qui es-tu, toi gosse plein de peur ?
Où est passée ta confiance dans tes aînés ?

Qui es-tu, toi qu’on expose partout ?
Celle qui sera une éternelle anonyme.
Qui es-tu, toi dont tout le monde se fout ?
Où est passé ton prénom, toi que l’on mime ?

Qui es-tu, toi l’homme qu’il appelle papa ?
Celui qui ne regarde jamais son gosse.
Qui es-tu, toi qui ne s’inquiète pas.
Où est passé ton amour pour celui que tu rosses ?

Qui es-tu, toi qu’on appelle Dieu ?
Celui qui ne regarde jamais ses enfants.
Qui es-tu, toi qui nous rend si peu ?
Où est passée ta compassion pour tes descendants ?

Qui suis-je, enfin pour juger ?
Je suis celui qui observe lâchement.
Qui suis-je pour vous blâmer ?
Je sais où est passée mon cœur, ironiquement.

Je l’ai perdu en nous regardant...

21 septembre 2010

2012

Ne comptez pas sur moi pour faire la chronique d’un film éponyme dont l’absence de qualité scénaristique n’est absolument pas compensée par les effets spéciaux. C’est même un des pires navets que j’ai eu l’occasion de m’envoyer lors d’une session pop-corn, au titre que la chose dégouline d’Américanisme primaire, de clichés usés jusqu’à la trame, et que tout demeuré un tant soit peu cinéphile verra la fin dès le milieu du film. Bref, oublions cet étron pour parler de l’année 2012, et de son importance pour le monde entier, et pour la France notamment.

C’est amusant de noter qu’il existe encore énormément de personnes pourtant « cultivées » qui pensent que l’année 2012 sera la dernière pour l’humanité : entre calendrier aztèque (ou je ne sais plus quoi, qu’importe) qui cesse le décompte à cette année, et les prédictions maintes fois bidouillées de notre cher Nostradamus, force est de constater que le défaitisme et le nihilisme font encore bien recette. En quoi cette année serait pire que les précédentes dans le fond ? Si l’on omet toutes les catastrophes naturelles qui nous pendent au nez, on peut décemment constater que rien, pour le moment, ne saurait nous inviter à un naufrage humain de notre propre main, si ce n’est notre humanité elle-même. En effet, quoi de plus logique après tout ? Nous avons réussi à provoquer deux guerres mondiales, mettre au pouvoir des monstres génocides, légitimer l’usage de la bombe atomique, puis avant du gaz de combat, et encore avant de la torture... Alors, quoi de révolutionnaire et de si inquiétant au fait que l’humanité est assise sur un fauteuil à bascule, sous lequel on a placé un détonateur? Nous oscillons, nous attendons patiemment qu’un abruti d’un côté provoque l’abruti d’en face, et que les deux crétins s’entendent pour ne plus être d’accord, puis finalement de les voir nous bousiller la tronche (et accessoirement le monde) à grands coups de missiles intercontinentaux. Ce fut notre monde pendant quasiment un demi siècle, et aujourd’hui encore, rien n’est impossible. Alors, trembler face à l’idée qu’on puisse s’autodétruire ? Pas plus que cela, puisque dans le fond, passer l’arme à gauche est inévitable.

Revenons sur les cataclysmes. Ah ça, il n’en manque pas un seul au décompte des psychoses scientifiques : météorite digne de la disparition des dinosaures, méga volcan nous collant un hiver nucléaire, fonte des pôles, réchauffement climatique, ou tout à l’inverse glaciation rapide, vent solaire devenant trop intense... Il y a de quoi faire et de quoi vous coller une trouille bleue. Et allez que les clowns d’Hollywood vous en collent plein la vue avec des films catastrophes (les deux mots s’acoquinant parfaitement pour décrire le résultat final), et vous promettent les pires horreurs. Dites, les guignols, quant bien même cela arriverait, nul doute que nous subirions un désastre, et que nous serions amenés à tout remettre en doute. Et alors ? L’existence même de l’humanité relève du miracle, et notre survie n’a souvent tenue qu’à un fil ténu du « coup de bol ». De ce fait, pas de panique (comme dirait le guide du voyageur intergalactique), on fera avec. Et si l’on est amenés à disparaître totalement, tant pis, au moins on se fera une dernière fiesta avec ce qu’il restera d’être humains. Je ne crains ni ces éléments stellaires, ni les potentiels débordements du climat. Je nous crains déjà bien plus que je ne craindrai jamais la nature. Elle, au moins, tente de faire preuve de bon sens en nettoyant son fonctionnement des éléments inutiles et inadaptés... Mais il reste à de se débarrasser de nous, ce qui ne sera pas si ardu finalement, si tant est qu’une météorite charitable daigne nous refaire la devanture dans un holocauste majeur.

N’oublions pas non plus que si Nostradamus ou n’importe quel illuminé a vu un désastre, c’est peut-être dans la perspective des élections présidentielles où l’on devra choisir entre l’héritière Le Pen, une des deux fêlées du PS, ou le bondissant (pour ne pas dire agité du bulbe) de président sortant. Dans le genre choix effrayant, y a de quoi songer aux pires cataclysmes, non ? Pour ma part, je verrai, à l’heure du vote, je dirai bonjour à l’urne, y glisserai ma voix, et me boufferai les doigts pendant le quinquennat à venir. Ben oui, je suis comme tous les Français : même si j’ai fait un choix, je trouverai toujours le moyen de le regretter. Ainsi va la vie !

Et puis merde ! Nous savons tous que nous avons toutes les capacités pour nous envoyer en l’air une fois pour toutes, que nous nous empoisonnons patiemment, avec une méthode et une rigueur invraisemblable. Tenez, moi qui suis fumeur, j’intoxique mon organisme avec un entêtement dramatique, tout en sachant bien que c’est le meilleur moyen de me coller plus tôt dans le trou. Et ? J’assume pleinement mon destin de viande périssable, reste à savoir comment je passerai l’éternité. Avec ma chance, on va me coller en enfer, avec pour punition divine de faire la conversation aux décérébrés de la téléréalité. A ce compte là, mieux vaut que je me fasse une vie de plaisirs, d’orgies... Ah non, si je fais ça, je vais partir plus tôt encore, et devoir m’enquiller les interminables conversations des présentateurs de talk show. Pitié... Que choisir ? La picole et Delarue, ou continuer sur mon rythme actuel et devoir me farcir Steevy ? Argh !

Dis Seigneur, t’aurais pas une grosse caillasse à nous balancer à la tronche ? Comme ça, je filerai bien plus tôt, et qui sait, avec les encombrements au purgatoire, je pourrai peut-être couper la file pour aller au paradis. Y aura qui là-bas ? Les acteurs de Navarro ? Ma boulangère pas futée mais jamais méchante ? Ah... Bon... Je crois que je vais rester dans l’autre file là... Steevy ! J’arrive !

20 septembre 2010

Rien de surprenant, hélas.

Avec le climat politique passablement empoisonné tant par un gauchisme de salon, que par des réactionnaires de droite incapables de se contenir, le débat est, pour le moment, sclérosé sur deux sujets majeurs : l’expulsion des Roms et la gestion des retraites. Quoi que les deux sujets aient été déjà traités, torturés, et surtout relancés par tous les acteurs du petit monde des grandes gueules, force est de constater que cela occulte d’autres informations et débats qui nous pendent au nez. Incrédules, le quidam me demandera, bien entendu, de préciser ce qu’il y a de plus important autour de lui, d’autant plus que les médias se font peu le relais de la situation mondiale, et notamment Européenne.

C’est par hasard que je suis tombé sur un article de l’express, daté d’aujourd’hui, traitant de la réélection de la droite au parlement Suédois, et surtout l’apparition de l’extrême droite dans ce même parlement. Concrètement, la presse ne se fait visiblement pas l’écho d’une information qui me semble majeure ! 5,7% de députés d’extrême droite, c’est un score que même le FN rêverait de faire, car dans l’absolu, si l’on regarde la répartition des partis, cette mouvance pourra systématiquement jouer les arbitres lors des votes d’importance. Malgré tous les engagements que peuvent prendre ces élus, ils sont dorénavant le bras de levier d’une opinion publique qui, visiblement, s’est radicalisée. L’émergence de tels partis n’est pas le jeu du hasard, pas plus qu’un symptôme récent en démocratie. N’oublions jamais que la radicalisation est un résultat commun dans toutes les démocraties en crise. De plus, il faut se souvenir qu’il est aisé de provoquer des crises majeures à travers le truchement d’alliances contre nature. On a bien vu la gauche et la droite se fédérer pour jouer les barrages contre le FN dans certaines régions de France, alors, lors des tergiversations dans les couloirs d’une assemblée divisée, tous les cauchemars sont permis.

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas que l’extrême droite existe et soit représentée, car c’est le principe même des élections : si ce parti a des électeurs, il se doit d’être présent à l’assemblée nationale. Je me souviens encore de gauchistes se disant libertaires envisager sereinement l’interdiction du FN. J’avoue avoir été horripilé par ce contresens manifeste, d’autant plus qu’un libertaire se doit, en principe, de donner la parole à tout le monde, et pas uniquement quand ça l’arrange, non ? Dans ces conditions, il est naturel que ces partis qui dérangent soient représentés. Non, ce qui est réellement inquiétant, c’est qu’ils émergent dans des proportions plutôt importantes. Un élu, voire deux, cela n’a rien d’étonnant, car, de manière régionale, on peut toujours trouver de l’exception électorale (voir l’élection d’un député chasse et pêche par exemple), mais là, avec un 5,7%, on parle bien d’un contrepoids. La vox populi a été claire : le nationalisme n’est pas mort, et il veut revenir en politique.

Je dis « rien de surprenant, hélas ». En effet, si la rue exprime son mécontentement, c’est en se radicalisant. Ca n’a rien de surprenant, mais malheureusement les mêmes causes aboutissent aux mêmes conséquences. On se souviendra avec inquiétude que nombre de dictatures sont apparues à travers le truchement d’élections libres, donc de manière raisonnée par le peuple (si tant est que le peuple soit raisonnable en période de crise majeure). Doit-on alors craindre ces phénomènes électoraux ? A mon sens, ce n’est pas tant les craindre que les affronter qui va se révéler difficile. La perspective d’un nouveau duel d’un parti « classique » avec le FN au second tour de 2012 est des plus effrayante, surtout qu’elle incitera, encore une fois, la rue à agir non avec bon sens, mais de manière épidermique. Typiquement, la population s’est plainte d’avoir été « contrainte » à voter Chirac en 2002. Contrainte ? Pas vraiment, si l’on prend en compte le fait que Le Pen n’a pas vu son score réellement varier entre le premier et le second tour, mais que l’abstention, elle, s’est effondrée. Cela démontrait sans doute possible que c’est la rue, et elle seule, qui a remis les clés du second tour au FN. De ce fait, j’espère que les électeurs seront moins stupides et feront acte de civisme pour nous épargner un nouveau coup d’état involontaire du prochain président sortant.

Relevons enfin un autre risque au moins aussi grave, qui est celui de tous les extrêmes. Entre une gauche radicale du NPA, et un FN qui semble pouvoir se targuer de voir ses thèses mises en application, les partis classiques risquent de se voir pris entre le marteau proto communiste et la flamme tricolore. Je crains que l’assemblée nationale devienne le théâtre d’une véritable guerre de tranchées, où chaque parti tirera sur l’autre, et se servira de son poids pour bloquer, figer et pourrir les débats. Aujourd’hui, la majorité absolue de l’UMP ne rend pas la situation plus saine, mais elle a le mérite d’éviter que des élus puissent faire le jeu du contrepoids perpétuel. Gageons que la campagne électorale sera agitée, car entre une droite qui essaye tant bien que mal de se démarquer de Sarkozy, une gauche qui tergiverse entre Royal et Aubry, et enfin un FN enfin délesté de son chef historique, il y aura de quoi assister à des passes d’armes internes, ainsi qu’à des crasses électorales assez savoureuses... Pour qui saura lire entre les lignes.

L'article sur l'express

17 septembre 2010

Représentation personnelle

Une des premières activités enrichissantes du nourrisson est de faire connaissance avec son corps. Une fois adultes, nous avons l’intime conviction de nous connaître, du moins de savoir où est quoi. On n’a pas de doute sur la position réelle de nos orteils, pas plus qu’il nous soit nécessaire de réfléchir à l’emplacement de nos yeux. Le bébé, lui, occupe le temps libre entre deux biberons et deux hurlements suite au remplissage d’une couche à tester, découvrir, et s’informer sur l’usage de son corps. C’est à un point tel qu’on peut parler d’expérimentation. La preuve en est cette tendance naturelle à enfourner en bouche toute extrémité personnelle, ceci depuis le pouce, jusqu’ doigt de pied. L’apprentissage corporel est donc quelque chose de méthodique, frisant presque la pratique scientifique par déduction. « Non, le pouce du pied gauche n’a pas un goût agréable », ou encore « tiens, ça imite pas si mal le sein de maman/biberon/tétine en latex » (rayez les mentions superflues).

Pourtant, chose étonnante dans cette démarche, c’est que même si nous passons avec succès notre enquête anatomique, nous persistons à observer et décrypter les signes marquant notre corps. L’adolescent (e) découvrira sa sexualité par l’onanisme forcené (pratique qu’il/elle n’interrompra plus avant un bon moment, voire jamais), et se posera des questions existentielles sur le fonctionnement du sexe opposé. Loin de toute considération morale ou intellectuelle, l’adolescent sera ébahi qu’une fille ne soit pas comme lui, tout comme réciproquement une fille sera stupéfaite par l’apparition de la pilosité incomplète sur le faciès simiesque de son premier petit copain. De là, on pourra donc comprendre que la caresse réciproque, la main sur la joue n’est qu’une nouvelle enquête, une analyse sur la pertinence du « Pourquoi les mecs ont de la barbe », ou bien du « Pourquoi les nanas s’emmerdent à se faire les jambes douces ».

Une fois passées ces épreuves culturelles (parce que le sexe est souvent censuré, ou juste considéré comme tabou) et psychologiques (pas facile de comprendre ni de réagir face à son hétérosexualité, ou pire encore, son homosexualité dans des sociétés encore profondément homophobes), vient enfin la plus longue, la plus difficile, et la plus pénible des quêtes, celle de la compréhension de soi. L’identification, la personnification est quelque chose d’assez délicat, car chacun se trouvera des défauts. Hé oui : il nous faut passer par la case « je suis moche » pour être bien dans sa peau, car celui trop satisfait de lui-même sera alors classé comme étant narcissique. Narcisse, ah toi qui tombe amoureux de ton reflet ! Chose tout de même étrange, on dit qu’il faut savoir s’aimer, et paradoxalement on classe ceux qui s’aiment comme étant trop imbus d’eux-mêmes. Bon d’accord, les vrais narcissiques poussent le bouchon, ils sont là à s’extasier, mais quelle jeune femme ne s’est pas regardée dans la glace en déclarant « là, je suis sexy et élégante » ?

J’aime à penser que la personnification peut passer par le dessin. On peut alors se donner les proportions qu’on perçoit de soi, ajouter ou ôter des choses qu’on ne remarque pas, alors que les autres, justement, les remarquent avec intensité. Prenons le cas typique du type un rien ahuri, qui a une coupe de cheveux improbable, et malheureusement qui ne lui sied pas du tout. Fier de son œuvre capillaire, monsieur en fera tout un foin, au point d’en gaver les plus patientes pourtant férues de soins et autres onguents pour la peau. Que dessinera-t-il alors ? Sa tignasse, bien entendu ! Et dire qu’en secret chacun rit et moque l’ouvrage digne des horreurs de certains « musées » d’art moderne. Cruauté du mensonge, quand tu nous tiens. Bref, se représenter par le dessin, c’est se faciliter l’existence, car la photographie, elle, fige brutalement nos tares et déformations. Mine de rien, l’homme n’est pas symétrique pour deux sous, et lorsqu’on voit des visages trop parfaits, comme ceux produits par l’informatique, force est de constater que nous les trouvons froids et disproportionnés. C’est un comble : la symétrie affublée du terme « disproportionnée » !

Alors, comme me dessiner ? Certainement de la pire des manières, tant par autodérision que par une tendance naturelle à me moquer des critères. Un bide ? Bien sûr ! Allez, une boule pour la brioche ! Des lorgnons ? Faisons les bien ridicules, juste ce qu’il faut pour avoir un visage hideux. Et que je t’ajoute des lèvres gonflées et mal placées, de la barbe naissante, l’implantation des cheveux juste mal faite, et hop, me voilà, horreur parmi les horreurs, monstre hideux, mais humain tout de même ! Je prends un peu de recul… Et merde, je suis franchement laid là-dessus. On corrige… le bide ? Pas touche, il est là, tu ne peux pas prétendre à l’occulter, à moins d’enfiler un poncho ! La tronche en biais ? Saleté ! Impossible, à moins de vouloir tricher sur la marchandise… Et les pieds, le nez, les oreilles, les mains boudinées…

MISERE !

16 septembre 2010

Pourriture de temps

Non, je ne pense pas à ces types jamais satisfaits et qui grognent sans arrêt contre les aléas météorologiques. Vous les connaissez tous, ces « Trop chaud, trop froid » qui couinent sans arrêt, qui ne se satisfont pas de ce que l’environnement leur donne. A les écouter, il faudrait soit une chaleur tropicale, ou un froid polaire, le tout à contre emploi de la saison en cours. Personnellement, ils ont le don de m’horripiler au point d’envisager de leur brailler dans les oreilles « Ta gueule ! », de sorte à ce qu’ils ressortent de l’épreuve sourds, et si possible muets à tout jamais. Pourtant, ce ne sont pas ces insupportables empêcheurs de pleuvoir en rond, mais du temps, celui qui s’écoule, celui qui ne suspend jamais son vol, celui qui vous arrache la beauté pour la remplacer par des rides taillées au burin que j’ai envie de chroniquer.

Salaud de temps qui passé ! A cause de toi, je vois mes cheveux virer du blond éclatant de l’enfance trop vite envolée, au gris souris de triste signe. Age mûr ? Pas encore, mais ces années s’annoncent sans pitié, car elles semblent avoir décrétées que je serais argenté et non doré ! C’est quand même dégueulasse, car je n’y vois absolument aucun usage esthétique. Pourquoi diable faudrait-il muer de la sorte, quel intérêt biologique que me coller du blanc dans la tignasse ? Sans rire, certaines femmes, hypocrites je suppose, prétendent que cela ajoute un charme particulier aux hommes. Mouais, alors qu’elles m’expliquent alors pourquoi les cosmétiques s’échinent à nous présenter des bruns parfaits, au torse sculpté, et dont l’âge n’est jamais celui de l’homme mûr ? Jusqu’à preuve du contraire, notre société vieillit, alors merci d’adapter le discours aux quadras en devenir merde ! Rendez moi mes cheveux blonds !
Bon, d’accord, certains se dégarnissent plus qu’ils ne changent de robe, à tel point qu’on peut leur parler de la perruque en peau de fesse qu’ils portent sur ce qui leur tient lieu de cafetière. Eux, parfois, sont mieux lotis puisqu’ils prétendent se raser le crâne pour ressembler à une star quelconque qui aura lancée la mode du dégarni assumé. D’ailleurs, si les bonzes se rasent la fiole, c’est probablement tant pour des soucis de « pureté », que par simple précaution en prévision d’un âge où les cheveux se comptent un par un (à défaut de se couper en quatre).

Pourriture de temps, tu es un sadique fini, et les femmes te subissent plus encore que nous autres, les hommes. Des preuves ? Pourquoi leur saboter l’organisme en déclarant sauvagement « ne pense pas procréer, une fois passé les quarante piges, rempile tes désirs, c’est foutu pour toi ! ». Ordure, tu pourrais leur laisser un délai, surtout que tu en laisses un autrement plus long aux hommes. Ce n’est pas équitable, d’autant que les femmes doivent malheureusement subir le diktat éhonté de la mode et de l’esthétique. Une belle femme à cinquante ans ? J’y crois, j’en ai vu beaucoup, mais toutes fantasment sur des gambettes de gamines, sur un visage lisse comme de la peau de nourrisson. Vous n’y croyez pas ? Alors dites cela aux sociétés de cosmétique qui vous casent des camions entiers de crèmes à la con, placebo esthétiques pour vous faire croire que vous allez rajeunir visiblement. Toi, le temps, salopard sans vergogne, serais-tu subventionné par l’Oréal et consoeurs ?!

Même les mômes vous font sentir que le temps file ! Regardez les ces chérubins, ces graines de cons en devenir : ils poussent plus vite que le chiendent, vous pourrissent très vite l’existence dès qu’ils apprennent (toujours trop tôt) à parler, et en une décennie à peine, savent ce que c’est consommer, mais à vos frais bien entendu. Le sketch est terrible : en l’espace de quelques mois, ces bestioles gloutonnes changent si vite de taille que vous autres, parents au départ paumés dans les fringues pour mioches exigeants, devenez experts es frusques à la con aux coloris façon la gerbe, mais totalement hype. Notez qu’en plus vous ne rendez pas service à votre progéniture en suivant la mode. En effet, ils vous maudiront pour les vêtements has-been de l’enfance, tout comme ma génération maudit les pulls cardigans, les cols roulés qui grattaient, ou encore les pièces en skaï 100% pur plastoc cousues aux genoux pour allonger la durée de vie de frocs en velours marron chiasse. Ou alors, faites le sciemment, un peu comme une vengeance pour ce qu’ils vous coûtent. Après tout, coller du rose bonbon à des petites filles, c’est sûrement un acte très réfléchi, une action de rétorsion contre des gosses qui pleurent toujours trop, se réveillent jamais au bon moment, et qui font de votre vie sociale un désert absolu.

Et puis le temps a parfois du bon… C’est rare, mais cela arrive. Le pinard, le frometon bien fait, ou encore les alcools qui vieillissent en fûts aiment le temps qui passe. Rien que pour ces miracles de la science de la distillation, j’arrive à pardonner tout le reste au temps. Cette ordure d’horloge aura raison de ma blonde crinière, mais elle aidera à peaufiner les arômes d’un magnifique whisky (Irlandais, j’y tiens), ou la robe d’un excellent vin de garde.

Santé à tous, et longue vie !

Une magnifique photo...

Je n'en revendique pas la paternité, mais je l'ai trouvée si belle que je ne résiste pas au plaisir de la partager avec vous!

15 septembre 2010

Provocations

Si je n’ai pas réagi pour le neuvième « anniversaire » du 11 Septembre, c’est avant tout parce que j’estime avoir déjà abordé la question de manière somme toute assez complète pour moi, mais également parce que j’ai attendu la suite des évènements concernant l’affaire des corans brûlés. Refusant l’amalgame et l’analyse simpliste, je me suis donc dit : laissons le temps faire son travail, et observons si l’autre illuminé en mal de médiatisation va, ou non, pousser sa provocation jusqu’à l’acte. Or, il n’en a rien été, et ce à mon grand soulagement. J’entends déjà les esprits chagrins et provocateurs me tancer en affirmant que je dis cela de crainte de représailles d’islamiques. Pour votre information, il n’en est rien. Je suis soulagé pour la simple et excellente raison que l’autodafé n’a jamais été une bonne solution, pas plus que l’oubli ou la suppression de l’information. Brûler des corans, c’est une idée autant sacrilège, puisque l’Islam est une religion, et le coran son livre sacré, mais en plus une bêtise innommable, car cela amalgame des millions de pratiquants raisonnables et ordinaires avec les extrémistes les plus sordides. De ce fait, je soupire de soulagement, cela n’aura été qu’une menace débile de plus pour mettre de l’huile sur le feu.

Cette thématique m’amène à la pensée du jour sur la provocation : cette nuit, Paris a été victime de deux fausses alertes à la bombe, l’une dans la gare de Saint Michel, et l’autre à la tour Eiffel. La première alerte, non contente de provoquer la peur, rappelle de véritables attentats perpétrés dans cette même gare, le 25 juillet 1995 contre une rame du RER B. Si ce n’est pas jouer sur le souvenir de la terreur engendrée par ce monstrueux souvenir, je ne sais pas ce que c’est. N’oublions pas qu’au surplus nous vivons sous vigipirate depuis les attentats de cette époque, et qu’à aujourd’hui le dispositif est toujours en place. A mes yeux, vu que les deux alertes se sont révélées fausses, je ne vois que deux raisons potentielles : la première, celle détestable du canular, la seconde, pire encore, celle de la provocation contre l’état Français. Je hais l’idée même du canular, au titre qu’elle peut nous amener à la situation de celui qui crie au loup : plus l’on a d’imbéciles qui crient vainement au loup, plus il y a de chance que le jour où le loup se présentera, plus personne n’y croira. Je considère donc cela comme irresponsable et dangereux. Pour ce qui est de la provocation brute, alors là je suis déjà plus inquiet : combien de temps ces alertes resteront des provocations, avant de devenir des véritables attentats ?

Revenons à notre illuminé Américain. Dans un contexte difficile de retrait des troupes d’Irak, et du maintien de forces en Afghanistan, les USA vivent une période de doute profond concernant leur propre façon d’envisager le monde. Il y a un projet d’installation d’une salle pour permettre aux musulmans de pratiquer leur culte… à quelques pas de Ground Zero. Nombre d’Américains classent cela comme une provocation, et le pasteur a proféré ses menaces d’autodafé pour profiter de ce problème. Si je me mets à la place des employés, des familles des victimes du 11 Septembre, ou encore des habitants à proximité du site du drame, difficile d’accepter sereinement une communauté qui pratique le culte d’une religion qui, justement, a servi de prétexte aux deux attentats suicide. C’est en quelque sorte, pour eux, tolérer le loup dans la bergerie, ou plus exactement de tenter de leur faire accepter que tout l’Islam n’est pas un danger. J’aimerais que ce soit la tolérance qui prime, mais l’honnêteté veut qu’on ne saurait facilement oublier une telle blessure, d’autant plus que New York porte encore les stigmates bien visibles de ce double attentat. Provocation ? Le candide peut éventuellement avoir envisagé la chose comme un geste d’apaisement. Espérons que cela ne sera pas pris comme la provocation de trop.

L’art de provoquer les états, la police, ou toute officine de sécurité publique, est de trouver un moyen efficace et marquant pour que la population se sente concernée. Menacer de faire sauter des bombes dans des quartiers très peuplés, parler de produits nocifs telles que les bombes sales (la secte Aoum, en 1995, a validé l’existence de cette menace à travers des attentats au gaz sarin dans le métro de Tokyo), tout ceci ne peut qu’amener à une paranoïa ambiante, et malheureusement légitimer une politique plus stricte, voire despotique de la part des états. Quand le peuple se sent menacé, il est bien moins réticent à la présence policière, à l’usage de méthodes douteuses pour les enquêtes, et n’arbore plus la même certitude sereine contre le fait de bafouer le droit individuel. Tout me monde sait bien que le réseau est aujourd’hui un vecteur monstrueux d’informations, mais aussi de propagande. De ce fait, les lois de filtrage, de contrôle et de censure n’ont pas pour but que de rassurer et « préserver » l’industrie du disque ou du cinéma. Ces lois sont également de nouveaux outils dans la recherche, l’enquête, et donc potentiellement la censure des opinions non conformes, et donc, à terme, des facilités dans la censure des opposants au régime en place.

Je me demande quelles seront les prochaines provocations. On peut s’attendre à une recrudescence de problèmes, ne serait-ce qu’au quotidien. Avec la crise amorcée entre l’Europe et la France sur la reconduite des Roms en Roumanie, on peut donc envisager énormément de choses. Des actions plus musclées, comme la dégradation de lieux symboliques telles que les préfectures ? L’allumage de crises communautaires, prenant la forme d’émeutes ethniques, comme il s’en est produit aux USA ? Je n’ai pas d’élément pouvant valider cette vision, mais je crains qu’un engrenage de violence gratuite puisse se lancer, mécanique dangereuse pouvant offrir un terreau fertile à l’extrême droite aux visées sécuritaires et nationalistes, tout comme au pouvoir en place, ceci pour leur donner une légitimité dans le discours du « On vous avait dit qu’il fallait les virer ». J’espère simplement que je suis trop pessimiste, et que rien ne se produira de cette manière.
Résumé de l'attentat du RER B, sur Wikipedia
l'attentat au gaz sarin à Tokyo, sur Wikipedia

14 septembre 2010

Death note

Sur les conseils d’amis visiblement avisés, j’ai découvert une série de dessins animés Japonais (comme d’habitude) dont le thème est assez étrange et décalé. Parte du postulat suivant :

Si vous aviez un carnet permettant, rien qu’en y notant le nom et le prénom d’une personne, de la condamner à mort sans possibilité de sauvetage, que feriez-vous ?

Le carnet maudit a été volontairement abandonné sur terre par un démon (shinigami en Japonais), pour la seule et unique raison qu’il s’ennuie ! Et c’est un jeune homme très intelligent, manipulateur, et visiblement intéressé par les pouvoirs que fournissent ce carnet. Tout le scénario tourne donc autour de ce jeune homme dont l’ambition n’est rien moins que de devenir un Dieu sur terre, ceci en appliquant une justice expéditive à travers le dit carnet. Celui-ci est fort à propos nommé le « Death note » (le carnet de la mort). Entre enquête policière pour se saisir de ce tueur en série, analyse psychologique tant des personnages (enquêteurs, assassin, victimes) que de notre société, cette série a le mérite de poser énormément de questions profondes sur notre capacité à assumer des responsabilités qui nous dépassent.

Comment s’utilise le carnet ? Il faut connaître le visage, le nom et le prénom de la victime. En remplissant le carnet, soit l’on précise une façon de mourir, ce qui permet de manipuler les victimes avant leur inéluctable décès, soit l’on laisse le sort faire, auquel cas la sentence est exécutée quarante secondes après l’écriture, sous la forme d’une crise cardiaque. L’idée même de ce pouvoir peut tout à la fois être grisante que terrifiante. Que feriez-vous, personnellement, d’un tel carnet ? Il est bien entendu évident qu’une telle puissance n’est pas sans coût : celui qui a renseigné le cahier n’ira ni en enfer ni au paradis, et de plus, en cas de perte ou de destruction du carnet, son propriétaire périra.

Maintenant envisageons la question sereinement. Vais-je jouer les justiciers, en appliquant une sentence de mort à tous les « criminels » ? Vais-je être en mesure de porter un jugement non seulement équitable, mais efficace pour chacun des cas que j’inscrirai dans le carnet ? Le jeune homme se sert de la télévision, des médias pour cibler les criminels, ce qui amène peu à peu le public, et bien entendu, la police, à comprendre qu’il y a plus que des crises cardiaques derrière la mort de dizaines, de centaines, de milliers de criminels et de détenus. Nombre de nations ont aboli la peine de mort, ceci pour énormément de raisons dont il n’est pas sujet. Toujours est-il qu’en prenant possession du « death note », nous devenons alors le plus efficace des bourreaux, car rien ne peut interrompre la condamnation à mort. Une fois notée, la victime est désignée, sans espoir d’être sauvée. Va-t-on aller à l’encontre du système pénal en prenant les devants ? Ce n’est pas anodin, car il s’agit donc là de meurtres !

Allons plus loin : le « héros » de la série se voit comme un Dieu justicier, légitimant toutes ses actions à travers son pouvoir démesuré. Impitoyable, retors, manipulateur, tout est bon pour assouvir son ambition de refondre la société, pour en faire un monde idéal dénué de criminalité. Bien entendu, si cela se produisait, les exécutions « magiques » seraient médiatisées, et tout criminel serait alors terrifié de subir la sentence de mort, ceci réduisant donc mécaniquement la criminalité ! Alors, l’opinion publique soutiendrait-elle ce « Dieu », ou le craindrait-elle, de peur qu’il choisisse de devenir de plus en plus radical ? Aujourd’hui les criminels, demain les gouvernements ? Où sont les frontières d’un tel pouvoir ? Et nous, où stopperions-nous notre ambition ? Il est bien entendu grisant d’avoir une telle capacité à tuer sans même être à côté. Les implications sont infinies : élimination des mouvements terroristes, disparition définitive des fugitifs dangereux, destruction de gouvernements criminels… Mais à quel prix ?

La série pose donc la question initiale non sans ironie, car, finalement, nous sommes à mon avis incapables de prodiguer individuellement une justice équitable et juste. Nous devenons tous des bourreaux impitoyables, et, tôt ou tard, par instinct de préservation, nous pourrions être amenés à tuer des innocents de sorte à ne pas être découverts. Songez enfin qu’il n’y a pas de retour en arrière, si ce n’est l’oubli absolu de la note et des exécutions, si l’on renonce à la possession de la Death Note. Seulement… cela ne rétablit en rien votre droit au paradis ou à l’enfer…

Et enfin, il y a un contrat complémentaire à faire avec le Shinigami : au lieu de devoir connaître le nom de votre victime, vous pouvez obtenir des yeux de démon, qui permettent de « voir » le nom et le temps de vie de restant de tout être humain. La contrepartie ? La moitié de votre espérance de vie. Sacrifier la moitié de son temps restant pour décupler son pouvoir ? Question difficile, car, après tout, celui qui « voit » le temps restant des autres ne peut pas le voir pour lui-même.
Le shinigami, finalement, est le seul gagnant de cette histoire: toute victime mourrant avant son heure, voit la différence de temps perdue accordée au démon. Ainsi, il est virtuellement immortel. Et puis, dès le départ, n'est-il pas simplement descendu sur terre par ennui?

Quel pari feriez-vous ? Accepter le carnet maudit ? S’en servir ? Et prendre les yeux du démon pour être plus efficace ?
Death Note, sur animeka.com

13 septembre 2010

La logique du paradoxe

Bien que notre construction intellectuelle soit, en principe, prévue pour nous permettre les raisonnements les plus rationnels et rigoureux, nous pratiquons sans hésitation la « logique du paradoxe ». Je désigne sous cette définition notre capacité à justifier la décision imbécile, le geste inutile, mais qui s’appuie sur une démarche intellectuelle supposée méthodique et analytique. Ainsi, je suis profondément convaincu que la bêtise humaine est essentiellement le résultat d’une tendance à synthétiser outre mesure, au point de rendre absurde la synthèse elle-même. Pourtant, nous revendiquons la science et la technologie comme nouvelles déités de notre monde « moderne », ceci pour occulter à quel point nous pouvons parler et agir en dépit du simple bon sens.

Les exemples sont légions, certains menant au rire, d’autres au désastre. Tout d’abord, plantons le décor d’une situation inhabituelle : forte inondation, un barrage, et là, dans l’eau, un poulet (oui, le volatile qui pond des œufs, et dont le cerveau n’atteint pas la taille d’une cacahuète) est en train de se noyer. Les gens, avec le cœur qu’on leur connaît, envisagent alors de sauver le pauvre volatile apparemment condamné à finir englouti par les flots déchaînés. Croyez-vous que notre bande d’intellectuels ait concocté ? Plonger pour sauver la bestiole pardi ! Et hop... trois noyés. Magnifique résultat, même si l’on pondère ce drame avec le fait que le poulet a, par la suite, trouvé refuge tout seul sur une berge. L’histoire ne dit pas si les familles des noyés ont mangé le volatile en mesure de rétorsion... Ah, l’intelligence mise au service des idées les plus saugrenues !

Quand on y pense bien, l’Histoire fourmille d’exemples autrement moins drôles, voire même terrifiants. Suite à la deuxième guerre mondiale, les deux blocs (pour les plus jeunes, ou les plus ignorants, je songe à l’URSS et les USA) se reprochèrent mutuellement de s’armer en prévention de ce que ferait l’autre. La guerre froide était née. « Construisons des bombes pour écraser l’autre, parce que sinon l’autre nous écrasera avant ». Dissuasion ? Méthode Coué plutôt, car, au fond, l’idée même d’attaquer l’adversaire, alors que celui-ci disposait du même arsenal pour répondre, c’était garantir l’anéantissement réciproque. Jusqu’à preuve du contraire, une victoire, c’est quand il reste quelque chose à revendiquer, non ? Il est quand même invraisemblable que tant les cerveaux à la bannière étoilée, que ceux au marteau et à la faucille, l’idée même de réduire à néant l’ennemi, sans retour de manivelle, ait existé. Belle réflexion, surtout si l’on pousse la compréhension de la démarche : si j’attaque le premier, j’aurai un temps d’avance. En plus, si je suis suffisamment prompt à agir, l’autre n’aura pas le temps de répliquer. En plus, si j’ai l’arme qui n’est pas détectable, quand ils comprendront, nous aurons déjà gagné ! Si ça, ce n’est pas partir d’une réflexion poussée, pour pondre une connerie...

Une anecdote sur la guerre froide me vient, et elle est totalement symptomatique de la paranoïa qui régnait alors. L’URSS avait, au début des années 80, tissée un réseau complexe de satellites de surveillance. Les yeux électroniques devaient identifier sur le sol Américain les tirs de missiles, et donc s’offrir le temps de réaction nécessaire pour fomenter une riposte équivalente. Maintenant, imaginez la scène : bunker sécurisé à grande profondeur, des soldats chargés de surveiller attentivement les écrans de contrôle. Tout à coup, alerte ! Le satellite, asservi par un logiciel, annonce un tir de missile depuis les USA. L’opérateur, inquiet, informe immédiatement ses supérieurs qui s’apprêtent à réagir sur le champ. Mais l’opérateur, allez savoir pourquoi, se méfie, et relance la vérification : le système lui remonte alors une fausse alerte. Quelques instants plus tard : rebelote ! Une fois, ça passe, deux fois, il y a une véritable alerte quand même ! Aussi bizarre que cela puisse paraître, notre opérateur, probablement par peur panique de lancer l’holocauste par erreur, vérifie à nouveau : rien ; pas de missiles. Pas de détection. Il s’est avéré que la lumière du soleil s’est reflétée sur un nuage de haute altitude, reflet passant alors pour le panache de flammes d’un tir de missile balistique ! Si l’on y songe donc, le monde a frôlé le chaos à cause : d’un satellite à la vue plus que douteuse, une nation convaincue qu’il fallait surveiller ceux en face, et qu’on ne doit notre paix qu’à un type un peu moins obéissant que la moyenne. Pour information : ce qu’il a fait fut classé comme refus d’obéissance, ce pour qui il fut radié de l’armée ! Grandiose, non ?

Et enfin, il y a nous, les âmes ordinaires, ceux qui « pensent », enfin ceux qui tentent de le faire. Au quotidien, nous réfléchissons, planifions pour finalement craquer sur un coup de cœur ou un coup de sang. « Tiens, si j’achète ça ou ça, cela sera plus rentable… Ah y a le truc trois fois plus cher mais plus à la mode ! Je le prends ! ». Moqueur ? Dites vous bien que nous sommes tous susceptibles de faire taire notre petite voix intérieure qui, lasse de se voir bâillonnée par nos réactions excessive, doit disparaître dans un soupir en déclarant « Mais bordel, que tu es con ! ».

10 septembre 2010

L’avenir n’est pas forcément décevant

La science-fiction, depuis son apparition, s’est avérée parfois aussi exacte qu’elle a pu nous mener à des déceptions. Prenez Jules Verne : il a fantasmé la visiophonie, les voyages spatiaux, les communications internationales, et aujourd’hui tout ceci fait partie soit de notre passé, soit de notre quotidien. A contrario, d’autres ont rêvés un 2010 différent du nôtre, à tel point que nous pourrions être déçu de la comparaison. Malheureusement, l’immense majorité des auteurs fondent leurs histoires sur des espoirs d’un monde meilleur, ou bien projettent leurs histoires dans d’autres univers, ou à des dates totalement incongrues (genre 3759 après Jésus-Christ). Mais est-ce un drame ?

Quand la civilisation de l’automobile est devenue réalité dans les années 50, les rêveurs se sont épris de l’idée que la voiture pourrait un jour voler, se conduire seule, ou encore marcher à l’énergie nucléaire. C’étaient des préoccupations de leur temps : Chuck Yeager avait passé le mur du son, on rêvait d’envoyer des hommes dans l’espace, après l’avoir fait avec un chien, et l’on voyait la toute puissance dans l’atome, tant militairement que pacifiquement dans les centrales électriques. Ainsi, ce fut donc l’ère du rêve, de l’espoir de la voiture supersonique, du vol autonome. L’homme a toujours voulu voler, et aujourd’hui encore, des inventeurs planchent sur des véhicules volants individuels. Est-ce vraiment décevant ? A mon sens, pas tant que cela. La voiture s’est imposée comme le moyen ultime de faire preuve de son indépendance en terme de mobilité, et nous fonctionnons sur des préceptes mécaniques qui ont plus d’un siècle (le moteur à explosion). Pourtant, rien ne se ressemble moins que la Ford T des années 20, et son héritière qui serait une Ford d’entrée de gamme par exemple. A tous les étages, la technologie est passée par là, au point qu’elle se fait même discrète. Un pneu d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec un pneu d’il y a seulement dix ans, si ce n’est sa forme... Nous progressons, peut-être moins rapidement que nous le voudrions, mais nous ne stagnons pas.

Le monde a rêvé de stations spatiales, de la vie sur d’autres planètes, de rencontres du troisième type, alors que pour le moment, nous en sommes encore à trois types qui se rencontrent. Désolant ? Encore faut-il avoir une ambition acceptable ! Voyager dans l’espace, c’est dangereux, complexe, affreusement cher, et le faire dans le seul but de s’en vanter n’est plus d’actualité. On projette des missions martiennes à un horizon d’un demi-siècle. Cela me semble raisonnable, car, après tout, Kennedy avait lancé les missions lunaires à des fins tant militaires (recherche sur les fusées, les communications...) que scientifiques (savoir si l’homme peut aller aussi loin, s’il supportera de se poser sur une autre planète), et surtout de propagande pour montrer l’avance Américaine sur l’Union Soviétique. Aujourd’hui, les nations détenant un tel savoir technologique ne sont plus ennemies, et l’union des cerveaux pourrait permettre un voyage vers mars à un horizon plus proche. Mais pour quoi faire ? Pour s’en targuer ? Le monde a, à mon sens, a plus besoin de recherche sur les technologies et les énergies propres, que sur l’envoi d’une équipe vers mars.

Nombre d’auteurs de SF présentent dans leurs œuvres la fusion entre la machine et l’homme : membres améliorés, yeux mécaniques, cœur de rechange, tout y est distillé avec des craintes ou avec des espoirs parfois démesurés. Actuellement, nous arrivons à assister l’homme quand un organe est défaillant, nous étudions des solutions pour arriver à des organes synthétiques, ou des dispositifs mécaniques de substitution. Est-ce pour demain ? La recherche avance, mai dans le bon sens, au titre qu’elle n’envisage ces procédés que dans des cas médicaux ciblés. Hors de question de songer à améliorer des hommes pour en faire des machines vivantes, pas plus qu’il n’est envisagé de prolonger indéfiniment la vie par ces technologies. Notre monde, après les horreurs de l’eugénisme nazi, la peur des manipulations génétiques, en est arrivé à mûrir ses réflexions à ce sujet. Il y a bien entendu énormément de peurs, mais je crois que c’est aux citoyens de se tenir informés, et de ne pas laisser les OGM devenir notre seule source de nourriture, et d’interdire que nos enfants soient un jour sélectionnés génétiquement, tout comme interdire l’amélioration à outrance de nos capacités.

Et puis, enfin, aucun auteur ou presque n’a su prédire l’influence du réseau. Certains penchaient pour une connexion cérébrale avec un monde « virtuel », sans pour autant en prédire correctement les impacts. Pas visionnaires ? Comment un auteur, à une époque où la télévision faisait ses premiers pas, aurait pu imaginer de telles mutations dans nos sociétés ? Nous sommes modernes, plus modernes que prévu d’ailleurs. Sur d’autres points, nous sommes toujours aussi mal lotis : famines, guerres, violences, dictatures, censure, aucune de ces horreurs n’ont disparu... Mais c’est la nature humaine : progresser, tout en se reprenant en pleine figure ses travers. Peut-être va-t-on faire des efforts et enfin oublier nos différends et nos différences... mais c’est utopique. Je laisse cela aux auteurs de SF, ils sont plus doués que moi !

09 septembre 2010

La pudeur

« La pudeur est l’apanage des pauvres ». Cette idée m’est venue en observant à quel point ce sont les frasques des gens célèbres qui tiennent le haut du pavé médiatique. Entre un joueur de football soupçonné de coucher avec des prostituées (mineures pardessus le marché), d’une starlette ivre expulsée d’un casino, ou encore des propos incohérents d’un acteur sous l’influence de stupéfiants, ce qu’on appelle la pudeur semble réservée aux gens ordinaires, à ceux qui n’ont pas les moyens de leurs travers. Le quotidien est d’ailleurs le maître incontesté des frustrations et autres contraintes morales qui nous interdissent clairement de sortir de la norme. Chaque endroit, chaque situation révèle cette camisole, à tel point qu’on peut supposer, si ce n’est déjà constaté de manière douloureuse, que nous nous imposons des règles, juste parce que nous estimons qu’une contrainte vaut mieux que la honte.

Prenons un cas simple, que chacun a pu tôt ou tard expérimenter dans son existence : les toilettes publiques. Haut lieu symbolique de l’absence chronique d’hygiène, ainsi que d’une forte propension à véhiculer des messages abscons comme « 93 rulez », ces endroits impersonnels sont des hauts lieux de la pudeur excessive. Regardez donc ! Vous êtes pressé par un terrible mal au ventre, vous vous enfermez, et là, horreur, vous vous rendez compte que votre présence va cumuler bruit et odeur. Horreur ! Que va penser celui ou celle qui, désespérément, attend que vous quittiez les lieux ? Que vous manquez chroniquement d’hygiène ? S’il a deux sous de jugeote, il pourra penser que lui-même est incapable de maîtriser ces aspects... Mais nous, engoncés dans notre paraître poli et policé, nous serons là à nous tortiller, en priant que notre urgence ne se transforme pas en concert pour trompettes et cornes de brume. Ridicule, non ?

Un autre cas tout aussi évident, et pourtant classique. Tous, nous avons fait un jour ou l’autre la fête avec excès. Pourtant, nous nous sommes tous mis plus ou moins des barrières, comme ne pas danser nu sur les tables, embrasser le tout venant, ou se jeter tout habillé dans la piscine. Seul l’alcool, grand désinhibant social, pourra éventuellement nous donner une excuse pour aller jusque là. Or, les riches, les stars, les visibles s’offrent ce genre de luxe sans pour autant s’être laissé tenter par la dive bouteille ! En quoi seraient-ils plus prompts à faire n’importe quoi, si ce n’est parce que leur notoriété ou leur argent (ou les deux) leur permettent d’imposer leurs folies aux autres ? On se frustre alors, on se dit « ce n’est pas pour moi », et l’on se tait, tout en les enviant quelque peur. Notez d’ailleurs que les magazines qui vivent de ces errances nous vendent le voyeurisme, mais aussi la tentation. Ceux qui se brident sont ceux qui rêvent d’en faire autant...

Mais là n’est pas tout pardessus le marché ! Moralement, nous excluons certaines choses, psychologiquement, nous estimons qu’il est « mal » d’aller au-delà de certaines limites, parce que la société refuserait de nous admettre. Le rejet fait encore plus peur que la honte d’agir différemment, pour peu qu’il y ait une quelconque honte à penser autrement. Ceux qui vont à l’encontre des codes classiques, comme par exemple les artistes, les doux-dingues, les rêveurs, tous sont traités en parias parce qu’ils bousculent les règles établies. En quoi est-il mieux d’avoir les cheveux courts que les cheveux longs ? Ou le contraire ? En quoi n’aurait-on pas toute autorité à être tatoué, vêtu comme on l’entend ? Le code vestimentaire, la soi-disant hygiène du rasage sont risible. Rien ne m’empêche d’être vêtu d’un t-shirt propre, d’avoir une barbe, tout en étant sorti de la douche deux heures avant ! Ce n’est qu’image et clichés, mais cela suffit à faire de vous le représentant involontaire de ce que la société déteste : le désordre.

Et puis finalement, il y a les acharnés, les fouteurs de merde, ceux qu’on n’arrivera pas à coller dans une case. Les punks (en tout cas ceux qui s’en réclament encore), les bordéliques aux tenues improbables, les jeunes de cité, tous cherchent à se réapproprier leur image à travers le désordre vestimentaire ou linguistique. Le parlé cité n’est absolument pas autre chose qu’un reflet d’une envie d’identité. La survivance de patois régionaux pourraient, quelque part, être traités sur le même pied d’égalité, même si j’admets avoir autrement plus de mal à supporter l’impolitesse et l’inculture des jeunes...

Enfin bref : se redonner une image différente, c’est une façon de se sentir exister, ou du moins de se rassurer. Une preuve ? Il m’arrive souvent de porter un t-shirt tout noir. Il semble ordinaire, classique, et personne ou presque ne remarque qu’il est estampillé « Staff – RICARD ». Oui je sais, je suis un emmerdeur...

08 septembre 2010

Star Trek

Etant donné le nombre croissant de billets d’humeurs, je suis bien en peine de me souvenir si, oui ou non, j’ai déjà cité le site « 366jour.free.fr » qui a pour particularité de fournir un éphéméride assez complet et instructif concernant l’histoire de notre monde. Ainsi, à chaque jour, ses naissances, ses décès, et ses évènements.
Voici le lien :
336jours.free.fr

C’est en le feuilletant que j’ai constaté qu’aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la première diffusion de Star Trek aux USA, sur la chaîne NBC. 1966, cela ne rajeunit certainement pas le capitaine Kirk ou Spock, et le tout peut sembler particulièrement kitsch, eu égard aux décors et aux fameux pyjamas tenant lieux d’uniformes. Mais, mine de rien, si l’on s’attarde un peu sur cette série, on ne peut être que surpris par sa grande modernité concernant tant les relations sociales, politiques ou même scientifiques de la série ! Epatant à plus d’un titre, l’univers Star Trek a convaincu énormément de fans de par le monde (les trekkies), et reste, à aujourd’hui, l’un des piliers de la science-fiction à la télévision.

Pour qui ne se souvient pas, l’histoire est relativement simple : l’Enterprise, vaisseau d’exploration de la fédération des planètes, qui navigue de planète en planète, ceci afin d’offrir de nouvelles informations tant scientifiques que stratégiques à tous les peuples de la galaxie. D’un scénario somme toute assez simple, on ne peut qu’être ébahi par l’enrichissement graduel du fond, ainsi que par la richesse et la liberté des situations : rencontres avec des extraterrestres, recherche, relations entre les races de l’univers, diplomatie… Grâce à un univers ouvert, Star Trek a réussi à multiplier les idées et les épisodes, sans pour autant stagner dans une routine qui lui aurait été fatale. Car toute la magie de Star Trek ne réside pas seulement dans son monde particulier, mais avant tout dans ses espoirs cachés.

Les deux choses qui marquent le plus dans le monde de l’Entreprise, ce sont l’absence de racisme et de monnaie. Tout d’abord le racisme ; l’équipage du vaisseau est composé de diverses nationalités : le capitaine Kirk semblant être l’archétype du bon officier Américain, Spock, officier scientifique d’origine Vulcaine (extraterrestre donc), le docteur McCoy (dont le ton et l’humour pourraient laisser songer à des origines Britanniques), Sulu, pilote d’origine « asiatique », Chekov (au fort accent Russe) qui est le navigateur, et enfin Uhura (Afrique) qui est en charge des communications. Dans ces conditions, le racisme n’a pas cours à bord, bien que la question soit abordée plus d’une fois à travers les rencontres sur les planètes inconnues, ainsi que dans les épisodes traitant d’une guerre latente avec les Klingons, peuple « guerrier » qui est le symbole même de la « barbarie » (bien que les séries ultérieures fassent apparaître les Klingons comme un empire neutre, voire allié pour des causes plus grandes que leurs antagonismes avec l’union).
Concernant l’argent, le scénario est surprenant : étant donné le haut niveau de technologie, la civilisation a fini par comprendre que la possession matérielle pouvait être totalement assouvie, et qu’il n’y avait donc à briguer que la connaissance. Ainsi, aucune trace d’échanges commerciaux (au sens financier du terme), pas plus que de boutiques avec de la monnaie. Star Trek, c’est un peu l’utopie communiste, avec sa communauté humaine, et son aspect collectiviste de la connaissance. Bien entendu, cela peut sembler enfantin, mais finalement l’idée fonctionne, car si l’on extrait nos travers actuels (économie et xénophobie en tête), Star Trek semble être étonnamment solide à la critique, sur ce point du moins.

Comme toutes les séries de science-fiction, certains aspects sont présentés sans trop d’explications. C’est une fiction après tout, mais on y retrouve certaines choses qui seront par la suite très utilisées : le voyage au-delà de la vitesse de la lumière, les armes « lasers » mais non létales, l’usage de la téléportation pour éviter l’atterrissage du vaisseau, ainsi que la présence de l’informatique « intelligente » (voire de la robotique humanisée dans les dernières séries). Original par le traitement, ces différents points ont aussi des aspects purement techniques pour la production : il s’est avéré que la téléportation fut présentée pour remplacer la création de scènes d’atterrissages du vaisseau sur chaque planète, chose qui aurait été tout simplement hors de prix ! Cet artifice, ce trucage à bas prix fut finalement la marque de fabrique, l’idée géniale où chacun peut croire qu’il est plus simple de se téléporter, plutôt que de gérer la descente d’un vaisseau dans l’atmosphère.

Ah au fait, la langue Klingon, créée de toute pièce pour la série, est aujourd’hui une langue enseignée en faculté, et même google et wikipedia disposent d’une version dans cette langue ! Comme quoi, l’influence d’une série peut aller au-delà des simples fans !

Enfin, Star Trek est un moteur de rêve : voyager, vers l’infini, s’ouvrir à d’autres mondes, explorer l’inconnu, qui n’aurait pas envie de prendre sa place dans une telle mission ?

L'univers Star Trek, sur Wikipedia

Voici le générique original.