31 mars 2011

Le parrain

Sous ce terme assez ordinaire se cache une des plus fameuses trilogies du cinéma mondial. Qui n’a pas entendu parler du parrain, de cette saga sur la famille mafieuse des Corleone ? Qui n’a pas vu le cliché de la mafia à l’italienne, dans les traits bouffis et sérieux à la fois de Marlon Brando ? L’œuvre de Mario Puzo a été convertie au cinéma avec virtuosité par Francis Ford Coppola présente donc quelque chose de totalement à part dans le cinéma, à tel point que tous les films parlant de la mafia seront par la suite comparés à cette trilogie. Pourtant, un film qui a pour sujet le « milieu », ça ne peut pas plaire, ça ne peut pas être magistral, dixit les critiques de l’époque. Coppola a démontré le contraire, et a mis en scène une œuvre exceptionnelle. Je m’en vais donc parler de la force de la trilogie, ainsi que son impact culturel.

Commençons par l’histoire. La trilogie décrit environ cinquante ans de l’existence d’une famille italienne ayant migrée aux USA. Le père, personnage central, est parti suite à un règlement de comptes en Sicile. Sa mère assassinée, le gamin se voit donc envoyé à New-York afin qu’il ait une chance d’échapper à la vendetta. Grandissant quasi seul, et apprenant les ficelles de l’économie locale des quartiers italiens de la ville, il découvre qu’il est capable d’exercer un certain pouvoir grâce à des amis fidèles, et grâce aussi à une forme étrange de culture du respect de la mafia. Après plusieurs décennies de contrôle, d’augmentation de son influence, l’homme sera donc face à sa propre famille, à ses fils, et à d’autres familles mafieuses qui se disputent le pouvoir et les territoires. Le premier film installe donc l’histoire au moment où le père Vito Corleone (Marlon Brando) doit prendre des décisions cruciales pour l’avenir de ses trois fils : Frédo (John Cazale), Sonny (James Caan) et Michael (Al Pacino). Frédo, un peu simplet face à ses frères, est souvent relégué à des tâches subalternes. Il est donc incapable, en principe, de prendre la suite des affaires. Sonny, lui, est l’héritier tout désigné, car son tempérament et ses pratiques sans scrupule en font un homme capable. Michael, lui, est parti au front pour faire son devoir. Tenu à l’écart par son père, il se révèlera être le seul apte à reprendre le flambeau des affaires familiales, après le meurtre de Sonny.
Le second film se concentre plus sur l’arrivée de Vito en Amérique, ainsi que sur sa montée en puissance. Vito Corleone jeune est campé par Robert de Niro. Le film met donc en perspective cette jeunesse, et l’ascension de Michael dans les années 50. Le dernier film est l’épreuve finale, avec la dislocation de la famille, et la mort finale de Michael.
La saga se développe donc depuis l’avant guerre avec l’enfance de Vito, jusque dans les années 70, avec le décès de Michael Corleone. Là où elle est très marquante, c’est que visuellement les reconstitutions sont impressionnantes, et souvent teintées d’une sorte de nostalgie latente. On ne peut qu’être pris dans le mouvement, tant l’esthétique est léchée et soignée ; chaque plan, chaque angle est mis au service de l’émotion, et le jeu des acteurs est particulièrement à la hauteur. Difficile de ne pas reconnaître les qualités de réalisateur de Coppola sur cet aspect.

Maintenant, concentrons nous sur les aspects qui font de cette série une œuvre qui reste, trente ans après le premier opus, quelque chose de sulfureux et délicat. Déjà, le sujet initial dérange. On ne met pas des « méchants » en avant, on ne revendique pas les qualités de fidélité et d’efficacité des crapules. Bien sûr, dans l’absolu, on pourrait prendre la série de films pour une publicité masquée pour la mafia, et au surplus lui reprocher de potentiellement être complaisante avec le sujet. Or, la vérité est bien différente. La trilogie se révèle être désespérée, car elle détruit peu à peu ses principaux protagonistes. Le père, Vito, meurt d’un infarctus en voyant son fils qu’il voulait être épargné lui succéder. Sonny est assassiné du vivant de ses parents. Il paie le prix du sang pour avoir voulu partir en guerre contre les autres familles. Frédo meurt, sur l’ordre de son propre frère Michael, parce qu’il a trahi la famille. Le seul répit qui lui est accordé est de mourir après le décès de sa mère. Michael meurt en ayant vu sa fille décéder dans ses bras. Tous les principaux protagonistes décèdent donc, après avoir souffert de voir les autres périr. Le destin de cette famille n’est donc ni glorieux, ni à l’avantage de la description de la mafia. Pire encore, elle définit nombre de codes sinistres comme le fait de tuer, de pratiquer le chantage, la menace ou la trahison. L’univers du parrain est donc sombre, malsain parfois même effrayant.

Il faut noter que les personnages sont très typés : Sonny est l’exemple de l’homme latin, emporté, bavard, parfois même prétentieux. Il semble tenir de l’archétype de l’Italien du sud au sang chaud. Michael est son opposé total : réfléchi, serein, calculateur, il se manifeste comme étant tout le contraire de ce qu’on pensait de lui. N’ayant au départ pas baigné dans les affaires, il est un temps vu comme un timide, presque effacé. Au final, c’est un parfait parrain, digne de son père. C’est en cela que la trilogie est sublime et triste aussi, car Michael devient donc un parrain, en sacrifiant à l’autel de la « famille » sa véritable famille. Ses enfants le fuient, il divorce avec sa femme, et se retrouve bien seul pour la fin de sa vie. Il meurt d’ailleurs dans un plan final marquant sa déchéance tant physique avec la maladie, que morale avec sa solitude d’être assis sur une chaise, au milieu d’un immense jardin, sans personne autour. Ce dernier morceau vient un peu en contrepoint de la scène finale du premier film, où Vito meurt d’un infarctus en jouant avec son petit-fils. Nul doute n’est permis : le pouvoir corrompt et détruit. Il a brisé les vies de tous les Corleone, et tous paient le prix tant du sang que de l’âme brisée.

Enfin, je trouve impressionnant l’impact qu’ont ces films sur la société. On ne peut plus songer à un mafieux sans voir un de ces hommes en costume typé années 50, le chapeau mou et la mitraillette à la main. On ne peut plus songer à la corruption sans prononcer le mot mafia. On n’arrive plus à suggérer un monde de corruption sans s’attendre à un type dans l’ombre, à l’accent Italien prononcé. On ne peut plus envisager de faire un film sur le sujet sans risquer la comparaison avec ces trois œuvres. Marlon Brando, après des années de traversée du désert, a trouvé là un rôle monumental, où il a montré tout son art et sa compétence. Malgré une carrure particulière, malgré une voix volontairement éraillée (après que Vito ait pris une balle dans la gorge), l’homme semble être un titan. Mi terrifiant, mi fascinant, Brando a su jouer la finesse et la brutalité dans le même personnage. Pacino, jeune, aborde le rôle avec une retenue tout à fait stupéfiante. Fin, inquiétant par un regard glacial, le jeune homme démontre un véritable tempérament tant de chef de clan, que d’assassin froid et sournois. Il y a une scène de meurtre où Michael tue celui qui a tenté de tuer son père. Il y est magistral de sang-froid et de violence libérée. De Niro, en Vito jeune, est l’exemple même du jeu intelligent, alternant un sourire amical et enchanteur, avec une capacité à tuer sans remord. C’est par un meurtre qu’il prend d’ailleurs sa place dans son quartier de New-York. Enfin, tous les autres acteurs ajoutent à ce drame des personnages dignes de figurer dans le théâtre grec. Depuis la mère qui contrôle sans en avoir l’air, jusqu’au frère traître, en passant par les amis qui n’en sont pas, et les ennemis qui savent être amicaux, tout est bâti pour que le spectateur ne perde pas de vue les faits : la mafia, c’est la perte de l’âme. Et nous autres, nous le constatons avec douleur.

30 mars 2011

Balade en stade

Je commence cette chronique avec un avertissement de taille pour les amateurs du football : je ne suis pas, et ne serai jamais un amateur averti du ballon rond. Pourquoi ? Parce que j’ai en horreur que des types outrageusement riches, mal éduqués, intolérants et profondément nombrilistes viennent agiter leurs gambettes sous mes narines sensibles. Dans ces conditions, hormis peut-être certaines compétitions internationales où ce sont les nations et non les sponsors qui s’affrontent, j’ai un mal de chien à supporter le football sous sa forme actuelle. Mercantile, médiatisé à outrance, les joueurs oscillent entre le ridicule des propos, et la profonde débilité de l’attitude inacceptable. Je ne referai pas un résumé de l’épisode « Equipe de France s’en va faire n’importe quoi en Afrique du Sud », mais rien que d’y songer devrait vous mettre sur la voie de mon dégoût pour ces types.

Maintenant, passons un peu au sujet qui me préoccupe. Hier soir, j’ai assisté à un match amical entre la France et la Croatie. Les deux nations étant mes pays de cœur et de sang, je n’ai pas pu refuser une telle opportunité de voir un match dans un grand stade (le stade de France en l’occurrence), ni me priver de la chance d’enfin goûter à l’ambiance si prisée des supporters du ballon rond. Dans ces conditions, va pour aller regarder 22 types cavaler sur le gazon fraîchement tondu ! Après tout, je pourrai dire « J’y suis allé, je sais de quoi il en retourne ». Je dois dire que je n’ai pas été déçu, et ce à plus d’un titre !

Déjà, première bonne surprise : le stade en lui-même et son organisation. Un seul mot me vient à l’esprit : irréprochable. Tant en propreté qu’en gestion de la foule, le grand stade est particulièrement agréable, à tel point que je n’ai rien à redire. Pour une fois que je vois un gros truc fonctionner sans écueil, difficile de faire la fine bouche. Mieux encore : au lieu de laisser mijoter les spectateurs, l’organisation s’échine à trouver des moyens d’occuper la foule, à tel point que je n’ai pas vu le temps passer. Je m’attendais à faire le « mort » sur un siège étriqué, cerné par une masse beuglante plus proche du fanatisme que de l’amour du beau jeu… Et ce fut un loisir familial, avec des gamins s’amusant du match, des personnes âgées respectées par tout le monde, bref, un spectacle tant sur la pelouse que dans les gradins. Rien que pour cela, je remercie humblement les équipes du stade de France. Ils font un boulot réellement formidable, avec un sourire avenant, et une gentillesse devenue trop rare.

Côté terrain, l’observation fut de mise. Tout d’abord intimidé par l’ampleur de la construction, j’ai rapidement été pris au jeu, tout en gardant un regard passablement chronique. Regarder un stade, c’est voir l’entrée sur le terrain, c’est observer les gradins, leur agencement, saisir la présence discrète mais efficace d’un service de sécurité rompu à la gestion de crise. Alors là, franchement, le football, c’est à mes yeux le système des gladiateurs : une entrée en fanfare, un pas athlétique sensée mettre en valeur les qualités des joueurs, c’est un positionnement strict qui fait plus penser à un légion qu’à des sportifs, et c’est enfin une foule qui hue et qui applaudit sans arrêt. Qu’est-ce donc ? Une arène avec des gladiateurs ! Mais c’est bien sûr ! Au lieu de se faire des politesses, les joueurs se font donc des vacheries, quelques coups tantôt discrets, tantôt brutaux, le tout avec l’accord d’une partie du public. Dans ces conditions, j’ai pu voir ce que Rome considérait comme un passe-temps vital : tuer ou être tué. Il ne leur a manqué que des armes pour que nous puissions revivre les bons vieux duels… Ou alors quelques fauves, histoire de corser un peu le jeu !

Côté spectateur, j’ai pu voir un autre phénomène assez étrange. Les supporters, contrairement à la majorité silencieuse, ont la mémoire très solide, et la rancune particulièrement tenace. Sans m’étaler, l’entrée de Ribéry a provoqué une montée franche de huées justifiées, juste un peu contrebalancée par des applaudissements épars mais bien présents. Comme quoi, le sujet divise encore, comme si la présence d’un personnage emblématique de la crise sud-africaine dérangeait. Personnellement, elle ne m’a pas dérangé : elle m’a littéralement horripilé. Mais bon, passons. De fait, les tribunes sont donc un macrocosme où se mélangent des gens d’horizons divers, avec des opinions parfois totalement opposées, et chaque siège peut devenir, l’espace d’un instant, le site de la naissance d’un « expert » aussi temporaire qu’incompétent. Amusant, surprenant, mais parfois inquiétant. Et si le match se passe mal, sont-ils toujours sereins, ou bien casseront-ils le mobilier, et accessoirement la gueule des supporters d’en face ?

Pour finir, je dois admettre avoir apprécié le match en lui-même, bien qu’il semble ne pas avoir été d’un bon niveau. Qu’importe : j’ai goûté au stade, j’ai pu découvrir ce qui arrive à attirer des dizaines de milliers de personnes dans les stades chaque week-end. Mon seul véritable reproche ? C’est que l’individu est un fanatique potentiel, et qui parfois a du mal à se contenir. Les gens sont vraiment cons parfois : admirer un type qui fait vingt fois votre salaire, et qui vous toise en vous prenant pour des larbins… Cela me dépasse. Mais moi aussi, je dois être con, puisque qu’une majorité semble savoir de quoi il en retourne…

Vive le foot ? heuuu… Pour les autres, oui, pour moi…

28 mars 2011

Surprise ?

Je suis particulièrement amusé par les réactions qui peuvent émerger suite à des votes nationaux. Généralement, les analystes se vautrent lamentablement, et leur lecture de la carte politique se révèle au mieux erronée, au pire en total décalage avec la réalité. A croire que l’incompétence soit un critère de sélection pour cette profession. Je suis intimement convaincu que la plupart se concentrent sur les résultats bruts des sondages, puis se posent quelques interrogations sur la popularité des différents candidats. Or, c’est oublier une particularité bien de chez nous, à savoir que les urnes sont généralement utilisées non pas pour prendre une décision, mais bel et bien pour sanctionner un parti. Dans ces conditions, croire que les Français aient compris les enjeux des cantonales, c’est croire qu’ils se soient inquiétés de quoi que ce d’autre que d’eux-mêmes.

Force est de constater qu’il y a pas mal de choses à conclure (temporairement) de ce vote. Dans un premier temps, l’abstention est si signifiante qu’elle a probablement faussée la carte dans certaines régions. En effet, à partir d’un certain pourcentage, le vote ne peut plus être crédible. Pourquoi ? Parce que l’abstention est majoritairement le résultat des indécis, ou bien de ceux qui se désintéressent totalement de la politique. En revanche, ces désistements de responsabilité font fortement le jeu des partis plus radicaux qui, eux, arrivent systématiquement à mobiliser leurs troupes. Quoi qu’il en soit, c’est la gauche qui sort gagnante du scrutin, à un bémol près tout de même. Est-ce réellement une victoire de la gauche, ou bien, dans les triangulaires avec le FN notamment, une victoire par assistance de la droite ? L’analyse de chaque résultat serait nécessaire pour en tirer des conclusions, mais, à mon sens, on ne peut pas parler d’une véritable réussite électorale. Une vraie réussite, cela aurait été de mobiliser les troupes, et non pas gagner le cœur que de la moitié des votants. Au surplus, l’abstention provoque maintenant des débats sur l’éventuel décompte des votes blancs, chose qui dérange depuis des décennies. Dans ces conditions, on ne peut décemment pas croire que la gauche soit si fière de son résultat.

Le second aspect intéressant à conclure des résultats, c’est que le vote s’est révélé être de sanction. On ne peut pas franchement analyser la globalité du scrutin sans y percevoir une forme de vengeance par les urnes contre le gouvernement. De là, les conséquences sont inquiétantes : est ce que les Français vont procéder de même lors d’une élection aux enjeux plus importants ? On peut se souvenir des votes sanctions lors de la présidentielle de 2002, ou pour la constitution Européenne. C’est une manière assez dangereuse et excentrique d’agir, car en bout de chemin, il n’y a que le chaos. Voter contre une personne, au lieu de voter pour une idée, cela ne peut que brouiller le résultat. C’est aussi pour ça que la gauche mentionne, mais que du bout des lèvres, qu’ils doivent cette victoire à un vote contestataire. En déduire que les votes de gauche sont une concentration de personnes qui râlent… Je ne ferai pas ce pas.

Le dernier aspect est la relative poussée du FN, mais avec un résultat plutôt faible. Les gens craignent un nouveau 2002, et ceux mêmes qui sont allés voter se sont bien gardés d’offrir des postes à des élus FN. Pourquoi ? Parce qu’il y a une contradiction : nombre de Français votent FN non par conviction, mais, encore une fois, par contestation. Or, la contestation passe en ce moment par un vote à gauche. Je suis intimement convaincu que le vote de gauche n’est pas un choix politique, mais pour beaucoup une façon de marquer sa différence. Voter à droite, c’est voter sécurité, bourgeoisie, finances. Voter à gauche, c’est voter écolo, voter morale, voter social. Est-ce vraiment une façon de concevoir la politique ? Je crains qu’il s’agisse donc d’une forme de militantisme identitaire, plus que d’une véritable adhésion à un programme ou à des thèses. C’est donc, encore une fois, une manière détournée de brouiller la carte politique nationale.

A terme, on devrait se méfier des résultats. Je crois que le FN a pâti de la « fraîcheur » de Marine le Pen. Je crois également que l’aspect politique de cette élection reflète surtout une volonté de mettre en garde les élus, plus que d’en choisir un avec soin. Je crois enfin que l’abstention ne saurait être réduite par des mesures comme le vote obligatoire, ou le décompte des votes blancs. Que va-t-on faire si le blanc l’emporte ? Rejouer les élections ? Ne rêvons pas : c’est à nos élus de se montrer convaincants, pas aux électeurs de se sentir obligés d’agir, même si le devoir électoral a un sens. Il faut toutefois raison garder : la poussée FN n’est, pour l’heure, pas encore signifiante. Je me mettrai à la craindre quand les élus de ce parti se mettront à revendiquer plus ouvertement leur appartenance. Par « miracle », il y a un front commun contre le FN… Mais n’est-ce pas là la logique d’un parti unique… donc d’une dictature en puissance ? A nous d’en définir les frontières, et de ne surtout pas se pencher au-delà du raisonnable. Autant certaines thèses des votants FN m’inquiètent, autant je suis plus inquiet encore quand j’entends les thèses à gauche. Où se positionner ? Libre à chacun de faire son choix, mais faites le pour l’élu, pas contre l’élu en place.

25 mars 2011

Quantification

Tue un homme, tu es un assassin.
Tue dix hommes, tu es un tueur en série.
Tue dix milles hommes, tu es un conquérant.
Tue tous les hommes, tu es un dieu.

De cette réflexion légitime ressort un élément intéressant : l’homme aime quantifier, il aime à positionner des valeurs sur tout et n’importe quoi, de sorte à pouvoir identifier des échelles. Ainsi, que ce soit un tremblement de terre, le nombre de victimes, la longueur, la largeur, nous cherchons systématiquement une quantification afin que nous puissions tous nous comprendre. Et ce n’est pas anodin, car, quelque part, cela sous-entend que certaines choses sont mises en échelle, alors qu’elles sont des valeurs morales. Ainsi, nous définissons des seuils pour la vie humaine, comme « A partir de combien de morts peut-on parler de génocide ? ».

J’admets humblement être très moqueur vis-à-vis de ces notions. C’est, en tout cas pour moi, la meilleure représentation de notre bêtise tant individuelle que collective. Je ne crois pas que l’on puisse établir une hiérarchie quand il s’agit de la vie, qu’elle soit humaine ou pas. L’horreur de la mort est identique à toutes les échelles, et s’amuser à établir ce qui est le pire, c’est nier que tout décès est un décès de trop. Alors, bien entendu, comme nous sommes tous des barbares en puissance, il nous faut avoir des points de repère, quelque chose de suffisamment ferme, sous peine de dériver vers la folie meurtrière. Notre humanité est hélas à pas variable, et notre capacité à nier tous nos principes impose donc des règles, des échelles, des gradations. Ceci dit, je ne crois qu’il puisse être légitime de dire qu’un type est plus barbare qu’un autre, sous prétexte que le nombre de morts de ses mains est moins grand que celui de son adversaire.

En l’espèce, nous flattons l’ego de chacun en résumant tout à des chiffres et des statistiques. Fort bien ! On se croit suffisamment malins pour que ces résultats soient, pour nous en tout cas, signifiants et capables de définir nos orientations, or c’est complètement hors de propos. Avec ou sans chiffres, nous devrions raisonner à partir de notre expérience et de nos constatations. Tenez, par exemple, est-ce qu’une statistique de mortalité à l’hôpital est nécessairement le reflet d’une mauvaise qualité des services ? D’emblée, certains s’engouffreront dans la question en revendiquant que, oui, en effet, plus il y a de morts, plus le service est mauvais. Tiens donc… parce qu’on peut dire que la mortalité en service de fin de vie peut être comparée à celle dans une maternité ? J’en doute fort, puisque le premier est justement là pour accompagner les derniers jours de patients incurables. Concrètement, même si cet exemple est exagéré, il faut raison garder et se pencher avant tout sur le concret, avant d’aller parler de chiffres ou de quantités. A mes yeux, tout ceci se résumerait presque à du « 100% des gagnants ont tenté leur chance »…

On s’amuse bien trop à mettre en perspective des chiffres qui, bien souvent, n’ont que peu de rapports. J’ai en horreur les échelles de valeur, parce que celles-ci participent à des raccourcis souvent malsains. Un exemple ? Si l’on prend des nations pauvres, le chômage, les salaires très bas sont utilisés pour exploiter la population et créer de la richesse à peu de frais. On appelle cela la mondialisation. Maintenant, si l’on parle des conditions de vie de ces populations, nombre de personnes vont les taxer de « sales », « sans hygiène » et j’en passe. En effet : les bidonvilles sont bien moins propres que les grandes avenues de nos villes riches. Si l’on part sur la mortalité infantile, on va aussi définir que ces gens sont plus susceptibles de perdre leurs enfants. Mais tout ceci amène alors à omettre simplement que sans argent point de confort et de commodités. Là, tout à coup, les chiffres disent tout autre chose. Et cela fait le jeu des uns ou des autres, selon le regard qu’on porte sur les tableaux.

Je n’éprouve que peu de confiance en ces résultats. Nous sommes tous trop inquiets des chiffres que peuvent fournir des formules aussi complexes qu’incompréhensibles. La vérité est bien plus simple : à force de croire que l’homme n’est qu’une quantité, nous en venons à l’inclure dans des statistiques qui sont supposées dire qui nous sommes. Là, je râle, car bien souvent les résultats sont calculés de sorte à ce qu’ils conviennent, ou pas, aux lecteurs cible. Tenez, je suis amusé quand j’entends les gens qui s’étonnent des résultats du FN. Ah bon ? J’ignorais que le FN était une nouvelle force politique, tout comme j’étais convaincu que la France contenait une part de contestataires, de nationalistes, ou encore de fascistes potentiels. Le FN n’est pas un nouveau parti, pas plus qu’il n’est fasciste dans son essence. Il peut le devenir, tout comme nombre de partis actuellement représentés en France. L’UMP est de droite, et peut souvent dériver vers des thèses plutôt inquiétantes (d’ailleurs, je vous invite à rechercher mes différentes chroniques analysant la dégradation de nos libertés individuelles, qu’elles soient numériques avec LOPPSI, HADOPI et autres, ou concrètes avec la détention de protection). Le PS se dit plus serein et ouvert, mais je ne suis pas convaincu qu’ils peuvent prétendre à ne pas contenir une part de nationalistes. Le NPA est l’extrême gauche, celle qui s’appelait le PCR (Parti communiste révolutionnaire). Sont-ils moins radicaux que le FN ? Ne représentent-ils pas une potentielle dérive vers des terminologies plus inquiétantes comme le national socialisme ? Le PCF moribond, n’est-il pas, enfin, l’archétype du parti qui s’appuie sur des théories ayant menées à bien des désastres dans le monde ?

Prenons acte d’une chose élémentaire : une vie, ça ne se quantifie pas. Une personne, c’est, en principe, l’unité élémentaire de la Vie. Toute personne se doit d’être un élément du peuple, tout comme le peuple doit bien comprendre que chaque élément qui le constitue est indispensable. Le drame de la société actuelle, sa véritable dérive, c’est d’arriver à des démarches telles que la minorité visible, à la mise en exergue de l’individualisme, et surtout à l’opposition entre les gens basée sur la différence. Je déteste ces concepts. Je les hais même. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas une nationalité, une religion, ou une couleur de peau qui définit une personne. Ce sont sa détermination, sa capacité à être un membre actif du groupe, son respect pour les autres. Plus on s’appuiera sur la différence, moins l’on accordera de valeur à l’ensemble. Le débat sur l’identité nationale a fait des étincelles. Des gens se plaignent de ne plus se reconnaître dans leur patrie. Et cela étonne ? J’ai comme des doutes là. Quand on vous annonce sans frémir qu’une culture nationale et séculaire n’a pas d’importance (comme quand l’UE « oublie » d’inclure les fêtes religieuses catholiques dans un agenda à destination des élèves, tandis que toutes les autres religions y sont mentionnées). Quand on vous impose des débats qui n’ont pas lieu d’être (comme par exemple l’interdiction formelle des signes religieux dans les administrations, les services publics et les écoles, alors que la laïcité est inscrite dans le marbre depuis 1905), je n’ai aucun doute sur le fait qu’il devient légitime de douter tant des chiffres, que de sa propre position dans la société.

Oubliez les chiffres. Oubliez les échelles. Revenons à des fondamentaux, à des constats, à des analyses de la réalité, et pas des projections absconses qui satisfont l’ego de certains. C’est en regardant la rue, au dehors, chez soi qu’on sait ce qui est concret. Pas en établissant des grilles stupides et confortables. Notez enfin un point « amusant » (selon mes critères s’entend) : on se plaint de l’abstention record lors des cantonales. Vous savez pourquoi ? Parce que les gens se fient à des chiffres, au lieu d’en prendre toute la mesure. Deux choses ressortent : un, peu de gens comprennent les enjeux de ces élections. Deux, les gens veulent avant tout se préoccuper de ce qui les concerne dans l’immédiat, donc non pas à savoir quel fantoche sera élu, mais plus de savoir qui leur donnera un salaire décent, dans quelles conditions ils pourront avoir un avenir, ou encore dans quelle école iront leurs enfants.

22 mars 2011

Rien ce soir...

Pas le temps! A bientôt.

Jefaispeuralafoule/Frédéric

21 mars 2011

Boudiou !

Ah, les joies du terroir, de l’authentique rusticité de la vie hors de nos villes aseptisées ! Comment exprimer toute la joie que l’on peut ressentir quand, enfin, on quitte la noirceur d’un quotidien organisé par le métronome de nos besoins économiques ? La vérité est assez simple je trouve, et elle tient en un seul mot : nature. Hé oui, j’aime la nature, la vraie, celle qui a des odeurs, des parfums, des saveurs, celle qui sait mettre les sens en émoi à peu près aussi efficacement que les courbes fines et raffinées d’une jolie femme. Nous nous extasions sans arrêt face à la miniaturisation de nos équipements, à tel point que certains appareils deviennent suffisamment petits pour tenir non plus dans la main, mais carrément dans l’oreille. Impressionnant, mais bien futile face au chêne centenaire qui, du haut de ses années passées à vivre notre passage sous ses branches, s’amuse à nous voir naître, grandir, puis un jour, mourir. J’aime la nature, tout comme j’aime ceux qui travaillent la terre.

C’est beau, cette abnégation pour le terroir, l’authentique. Rien n’est meilleur que le fruit frais cueilli sur l’arbre, pas celui passé entre mille mains, dans mille traitements divers, et ayant fait des kilomètres à en faire rougir le compteur des camions encombrant nos routes. Certains s’offusquent concernant leur pauvre odorat quand on ouvre une boite d’un fromage un brin robuste… Mais celui qui vit à la campagne, quand il met les pieds chez nous, c’est l’odeur même de la ville qui le révulse, et bon sang, qu’est-ce qu’il a raison ! Ce qui pue, ce n’est pas le frometon affiné avec amour, c’est le pot d’échappement, c’est la climatisation utilisée à outrance, c’est le bitume qui libère ses senteurs pendant les grandes chaleurs ! Dites ce que vous voulez, nos villes schlinguent, et les fuir est salvateur.

Après avoir eu le plaisir et l’honneur de déguster une vraie entrecôte, de celles qui vous marquent à tout jamais, après avoir poussé le déjeuner avec une vraie poire maison, n’essayez surtout pas de me vendre les bienfaits du bio en magasin. Le bio, l’authentique, c’est dans nos fermes qu’il se fait, là où la terre sent quand elle est trempée, là où la bête existe, pas le bout de bidoche sous cellophane vendu au prix du platine. D’ailleurs, allez dans la campagne la plus proche, et arrêtez vous. Prenez une bonne bouffée d’air, et admirez le travail des champs. Là, vous pourrez ressentir une vraie relation au travail bien fait, à la chaleur des hommes et des femmes du terroir, celles et ceux qui donnent honnêtement, parfois de manière un peu rustre, mais qui savent se montrer droits comme personne dans nos immeubles glauques et sans identité.

Je suis un héritier indigne d’une lignée d’agriculteurs. J’ignore tout des choses de la terre, et l’idée même de me confier une exploitation reviendrait à la retrouver au mieux ruinée, au pire en flammes suite à une faute impardonnable de ma part. Etre agriculteur, ce n’est pas seulement faire tourner une entreprise, c’est aussi un savoir faire, des gestes, des idées, des procédés qui ne doivent rien au hasard, mais totalement à l’expérience et au bon sens. L’homme de la ville gâche, l’homme de la campagne consomme avec raison. Il faut être bien idiot pour se croire capable de prendre en main une exploitation, tant celle-ci requiert un nombre invraisemblable de compétences ! Déjà qu’on n’est pas foutus de gérer un budget domestique, alors la vie d’animaux aussi robustes en apparence qu’ils sont fragiles dans les faits, n’y pensez surtout pas !

Par contre, il y a une chose surprenante… C’est là qu’il y a un seul problème. Ils sont accueillants, généreux, fiers, tout ce que j’aime, mais bordel, qu’est-ce qu’il m’arrive de souffrir en leur compagnie. Non qu’ils soient trop rustres pour mon attitude un peu « cul fin » malheureusement héritée d’une vie en ville, mais plus de l’ordre de l’auditif. Hélas oui, je le confesse, je l’avoue avec une honte sans borne… Bordel, articulez quand vous causez ! Ces accents, c’est de l’authentique, du robuste, mais pour moi, c’est de la destruction de mes tympans ! Je ne suis pas rodé aux accents toniques d’un patois local, et qui plus est infoutu de saisir tout le vocabulaire lié à la terre. Malheur à moi, je concède mon inculture profonde sur les définitions, terminaisons et autres déclinaisons du langage de l’agriculteur. A quand le dico patois/français ? Non que je leur reproche cette langue, mais bon sang, qu’est-ce que je peux avoir l’air con quand j’acquiesce à des phrases que je n’ai pas comprises !

16 mars 2011

Grandeur

Ce n’est que trop rarement que nous soupçonnons la grandeur que peut receler l’être humain. Bien souvent, c’est plus son côté imbécile et malsain qui prédominent et qui, hélas, font les beaux jours des journaux qui devraient se renommer poubelles du monde. J’aimerais tant qu’on mette aussi en avant le courage et l’abnégation dont certains arrivent à faire preuve dans les pires épreuves. Ainsi, nous aurions alors de vrais modèles à enseigner à nos enfants, et pas des braillards en costume qui se pavanent dans nos petits écrans. La réussite, c’est aujourd’hui d’être riche, quitte à faire n’importe quoi, alors qu’à mes yeux, c’est plutôt avoir réussi son existence qui est important. Et autour de nous, les exemples ne manquent pourtant pas ! C’est à croire que nous vouons un culte au futile, dont les divinités seraient la bêtise et l’égocentrisme.

Je n’aime pas trop fonctionner par clichés, mais l’un d’eux reste à mes yeux le plus riche et le plus fort, et c’est celui de Rocky Balboa. Quoi qu’on en pense, qu’on aime ou pas la boxe, ce personnage de fiction a vu naître des vocations, et il a démontré que la détermination et le courage ne sont pas des valeurs inutiles. Un type ordinaire, apparemment pas très malin, juste bon à utiliser ses poings pour vivre, prouve à la face du monde que le courage mène à la victoire. J’aime ce symbole, car il véhicule l’idée forte que rien n’est inaccessible, mais que cela s’obtient aussi aux prix de gros efforts. C’est gratifiant de réussir, surtout de se souvenir à quel prix nous parvenons à nos fins. Je suis fermement convaincu que ces valeurs devraient être mises en avant, et pas juste des stars temporaires qui n’ont d’autre talent que celui de faire le pitre en public sans avoir honte de soi. Oui, c’est vrai, je suis dur avec ces gens là, mais je ne leur envierai jamais le destin d’avoir l’air débile à la face du public. J’envie plus la volonté d’un personnage de fiction qui a su se sortir de l’anonymat à la seule force de son courage. Ca, c’est du cœur, ça, c’est un homme comme il en faudrait plus.

Cependant, nul besoin d’aller fouiller dans les médias pour trouver de tels personnages. Depuis celui qui se lève tous les matins pour aller à la mine, jusqu’à celle qui passe ses nuits à veiller des patients dans un hôpital, ils ont tous un sens fort du devoir et du cœur. Un « super-héros », c’est monsieur ou madame tout le monde, votre voisin, votre amie, quelqu’un de votre famille, des personnes qui ne se laissent pas abattre au premier obstacle. La vertu d’être soi-même, c’est avant tout de se tenir debout face à la Vie. La force de caractère de ces gens m’impressionne, car je me sens alors tout petit face à eux. Ils avancent, ils font des métiers que beaucoup refuseraient de faire, soit parce qu’ils sont dangereux, soit parce qu’ils sont durs moralement. Le pompier, le policier, le militaire, l’infirmière, la mère célibataire, tous ont de quoi nous en remontrer sur ce qu’est le courage au quotidien. Oui, c’est cliché de dire cela, oui, c’est un cliché éculé que d’aller mettre en avant la vertu, mais après tout, je préfère être cliché que d’avoir perdu tout sens des valeurs humaines.

Les héros ordinaires sont souvent des êtres qui se sacrifient sans se préoccuper de leur propre sort. On a vu des gens donner leur vie pour sauver les autres, tout en ayant pleinement conscience des risques. Il suffit de songer à celles et ceux qui ont luttés autour de Tchernobyl, car c’est bien d’une bataille dont il s’agissait. Beaucoup sont morts, et peu sont encore là pour raconter une histoire bien triste, mais pleine d’espoir. Ils sont morts en sachant qu’ils avaient agi pour le bien de tous. Ils ont donné une leçon de vie au monde entier. Ils ne sont pas morts en vain. Les techniciens de Fukushima agissent certainement avec la même conscience des risques qu’ils côtoient, et je les salue pour ce courage démesuré, ce sens du devoir et du sacrifice. Je ne sais pas si je serais capable d’en faire autant, je n’ai pas cette prétention de me croire aussi courageux qu’eux.

Les pires épreuves révèlent les qualités humaines de certains. Si seulement quelques uns arrivent à enseigner aux autres le sens du partage, de la volonté commune, et donc de vivre en harmonie malgré les horreurs de la vie, alors peut-être pouvons nous rêver d’un avenir enfin meilleur. Nous savons tous à quel point le destin peut être cruel, à quel point il peut se jouer de nos rêves les plus ordinaires. Certains proches meurent trop tôt, d’autres sont mutilés, handicapés, des amis partent, mais d’autres arrivent, des naissances nous rappellent à l’ordre et nous regardons devant nous, au lieu de nous lamenter sur notre pauvre sort. Nous avons cette chance inouïe que la Vie n’est pas éternelle. Pourquoi ? Certains me diraient, en effet, que c’est un contresens, et que la Mort est triste. C’est tout le contraire : nous devons pleinement aimer la Vie parce que, justement, elle est trop précieuse pour être gâchée. On se doit d’avancer, vaille que vaille, et de se donner pleinement aux causes et aux gens.

La tiédeur de cœur, c’est la défaite de l’espoir. La tiédeur de volonté, c’est la victoire de la Mort sur la Vie. La tiédeur de conviction, c’est la mort du courage. Ce n’est qu’en marchant d’un même pas déterminé que nous pouvons choisir, pour tous, nous nous-mêmes, une voie de progrès tant moral que social. Abandonner ne serait alors qu’une preuve de notre propre inutilité, et que nous méritons alors un destin tel que la mort. Car, après tout, toute vie est sanctionnée par une fin, qu’elle soit belle ou non. L’essentiel, c’est d’avoir bien agi entre notre naissance et notre mort.

15 mars 2011

Je pensais

Je pensais pouvoir sereinement souhaiter le plus bel anniversaire possible à une amie de cœur, à quelqu’un à qui je tiens énormément, mais les faits sont là, il y a parfois des situations qui font que l’on ne peut décemment pas taire d’autres évènements. Je sais qu’elle ne m’en voudra pas de ne pas m’étaler sur les sentiments qui me rapprochent d’elle, de la tendresse que j’ai pour cette personne qui sait me redonner le sourire, qui sait être là quand j’en ai besoin, qui m’apporte cette part d’humanité dont je me suis parfois délesté. Je te souhaite un joyeux anniversaire ma belle violette, ma douce ancolie, mais j’ai le cœur en berne, et l’esprit tourné vers le Japon.

Tous, nous l’avons lu, nous avons vu ce pays être dévasté par plusieurs tremblements de terre, puis rasé par des tsunamis. A présent, le nucléaire prend le relais pour terrifier le monde. Le spectre infernal de Tchernobyl est là, planant tel un vautour sur Fukushima, provoquant la crainte d’un nouveau désastre, et qui relance, malheureusement, les vieux débats sur la sécurité du nucléaire civil. Tas d’imbéciles, tas d’irresponsables, vous rendez-vous compte de votre égocentrisme et de votre égoïsme ? Est-ce qu’il est urgent de se préoccuper de soi, au lieu de se préoccuper d’un pays dévasté, qui a vu des villes entières disparaître avec leurs habitants ? N’avez-vous tout simplement pas honte d’être là à porter un jugement, au lieu de simplement déclarer que vous soutenez le peuple Japonais ? J’ai honte pour cette nation d’ingrats, pour cette population d’imbéciles qui ne pensent qu’à court terme. Ah oui, le nucléaire c’est dangereux, c’est malsain, cela peut provoquer des risques majeurs, mais parmi ces détracteurs de l’atome, combien seront prêts à payer une addition énergétique doublée pour se débarrasser de nos centrales… Tiens, il n’y a plus personne pour se bousculer au portillon et ouvrir le portefeuille. Je suis furieux, écoeuré de les écouter geindre à tort et à travers, d’autant plus qu’ils perdent de vue que nous n’avons, pour l’heure, aucune solution viable pour maintenir des coûts acceptables, tout en ayant une production énergétique de masse. C’est si facile de dire « Il faut changer ! », sans proposer d’alternative. Moi aussi je peux le faire ça ! « Débarrassons nous des despotes, des monstres, des bouchers, des barbares. Remplaçons les gouvernements iniques, pour y positionner de vrais démocrates, tolérants et raisonnables ! ». Et je propose qui, pour faire ce boulot de fond ? Pourritures ! Egoïstes !

Le Japon est actuellement un pays sinistré, qui voit sa population souffrir, et qui impose un travail ignoble et pourtant nécessaire de fouiller les décombres pour y trouver les dépouilles. Je ne pense pas qu’il y ait parmi ces chers imbéciles qui que ce soit qui ait, un jour, dû tenir une pelle pour creuser une fosse commune, ou qui ait eu le devoir de sortir des corps d’enfants de la boue et des ruines d’une maison. Je ne sais pas comment je pourrais supporter ce genre de tâche, quant bien même est-elle indispensable pour reprendre une existence décente. Aujourd’hui, les villes et villages dévastés sont des charniers où la boue et les décombres couvrent encore l’ampleur réelle du désastre. Dans quelques années, le Japon sera orné de cimetières où l’on pourra lire la même date de décès, la même cause, la même souffrance sans comparaison. Et nous trouvons encore le moyen de critiquer la nation Japonaise. Allez-y, salopards, allez sur place prendre une pioche et une pelle, allez déblayer ces tombes, allez donner la force de vos bras, au lieu de donner la force de votre grande gueule !

Oui, le nucléaire fait peur. Oui, un nouveau Tchernobyl me fait tout autant frémir que vous. Je n’ai pas envie que le Japon ait à connaître un troisième désastre nucléaire. Cette nation a connu Hiroshima et Nagasaki, et nous autres, Européens bassement rassurés par notre sécurité relative, nous ignorons tout ou presque de ce qu’est la peur de l’atome. Le pays est traumatisé par l’atrocité des radiations, à tel point que la culture populaire en est profondément imprégné. Cinéma, BD, dessins animés, la bombe atomique, la radioactivité y est présente à tous les niveaux. Eux savent ce que c’est, de voir des proches être brûlés par les radiations, de voir des gosses avoir un goitre parce que la thyroïde a été saturée en iode radioactive. Nous sommes lamentables à les critiquer. Moi, j’admire ce peuple si digne, si courageux, si fier. Oui, nous pouvons reprocher aux Japonais d’être protectionnistes et fondamentalement nationalistes, mais eux savent ce que représente l’entraide. J’ai un profond respect pour celles et ceux qui ont le courage de rester debout, malgré tout, malgré l’horreur, malgré la mort. J’ai vu une photo emblématique (dommage que je n’arrive pas à remettre la main dessus) : une adolescente est là, les vêtements sales, déchirés. Elle est assise sur les ruines de sa maison. Tous ses proches sont morts, mais elle n’est pas effondrée, au contraire, on peut lire dans son regard la détermination de vivre, coûte que coûte, d’être à la hauteur des espérances et aspirations de son peuple. CA, c’est de la fierté ! CA, c’est une valeur morale. Qu’elle ne plaise pas à tout le monde, honnêtement, je m’en contrefous totalement. Allez au diable, vous autres critiques, râleurs et autres abrutis toujours prêts à aller de votre commentaire puant. Je suis fier de dire et de revendiquer que les Japonais sont des gens biens !

Enfin, le débat du nucléaire est reparti, parce qu’il faut bien un prétexte pour le relancer. Dites, pourritures sans cœur, oubliez-vous les ouvriers qui risquent leur vie pour tenter d’endiguer le désastre ? Fukushima a subi une situation improbable, une apocalypse, et malgré tout, malgré la peur des radiations, malgré la crainte des explosions à répétition, des ouvriers sont en train de se dédier corps et âme à la tâche de préserver la population. Les populations locales ont été évacuées, par mesure logique de précaution. Mais là, à deux pas des barres de combustibles qui menacent d’entrer en fusion, il y a des hommes et des femmes qui luttent pour qu’un nouveau Tchernobyl n’arrive pas. Ils sont comme les liquidateurs, ils savent ce qu’ils risquent, ils connaissent très bien les conséquences d’une trop forte exposition. Mais ils retournent au travail. Ils meurent, soit à petit feu, soit tués par les explosions d’hydrogène. Ils se battent contre l’enfer radioactif. Ils luttent, pied à pied, pour que l’avenir de leur pays ne soit pas celui de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Au lieu de la ramener, tas d’ordures prétentieuses, gardez un silence respectueux pour celles et ceux qui sont là-bas, au cœur d’une bataille peut-être déjà perdue, qui feront l’impossible pour que le monde n’ait pas à vivre un second désastre nucléaire. Merci à eux.

Je m’incline respectueusement, avec humilité, devant ces gens qui se tiennent debout avec dignité. Ils ont au cœur ce que je voudrais que le monde connaisse : l’authentique respect pour l’honneur, celui qu’on ne comprend pas, celui qui semble avoir disparu depuis bien longtemps des cœurs des Européens. Nous n’avons pas cette qualité d’avoir une pensée pour ceux qui avancent, pour ceux qui n’abandonnent pas au premier chaos sur leur route. Je garde la tête baissée, bien bas, incliné pour marquer ma position inférieure face à ce peuple. Japonais, toi l’asiatique, toi qui aujourd’hui vis l’horreur et la peur, toi qui vas devoir se battre pendant des années pour reconstruire ta nation, je te salue humblement. Je me sens petit et faible, je me sens indigne de ton salut, je me sens incapable d’être à ta hauteur morale. J’ai vu, à la télévision, comme tout le monde, ces gens qui errent dans les ruines. Regardez les correctement, ne voyez pas des gens perdus, des désespérés. Regardez attentivement leurs yeux, et lisez dedans le véritable message que ces yeux contiennent : nous ne cèderons jamais, nous n’abandonnerons jamais. Nous avons subi, nous subirons encore, mais jamais l’adversité n’aura raison de notre détermination.

Peuple du Japon, je te salue !

14 mars 2011

Grumpf de Grumpf !

Il arrive parfois que les séries fassent force de loi. En effet, quand une tuile vous tombe sur le coin de la tronche, attendez vous à vous prendre, en prime, une bonne partie de la toiture, si ce n’est la cheminée en briques. Ca ne serait pas drôle qu’une galère reste seule, et généralement, les emmerdes aiment bien fonctionner en groupe. Ainsi, mon Dimanche fut particulier, à tel point qu’il représente, à lui seul, ce qu’on appelle, hélas, la loi des séries !

Petit avertissement : ce qu suit est parfaitement exact, sinon, ça n’aurait pas le moindre intérêt.

Imaginez votre serviteur au volant de son véhicule. Fringuant, la truffe au vent, les naseaux enfumés par la nicotine qu’il savoure, il ne se doute absolument pas qu’il vient de passer un point où une malédiction l’attend avec entrain. L’autoroute défile sous ses roues, quand, tout à coup, un voyant d’un orange inquiétant se met à scintiller sur le tableau de bord. « Ah ? Tiens, un souci », me dis-je en estimant, à raison, qu’une alerte, c’est toujours mauvais. Arrêt aux stands, ou plutôt sur une de ces aires d’autoroute impersonnelles, dépourvues de la moindre trace de vie humaine, si ce n’est la poubelle toujours trop pleine, et les toilettes toujours trop sales. Alors forcément, on se tâte, on cherche, on réfléchit. Et là, éclair de réflexion : et si le voyant s’était mis à simplement se plaindre d’un potentiel manque d’huile ? Ni une, ni deux, voici votre narrateur lancé dans l’ouverture du bouchon de remplissage d’huile, qui … lui reste dans la main, magnifiquement brisé en son centre. Et que ça commence ! Et quelle [censuré pour diverses raisons très valables] ! Bon. Après quelques assauts, la chose s’ouvre, le complément est fait, et là, le véhicule daigne redémarrer sans trop de difficulté, mais toujours peu heureux de rouler.

Les kilomètres s’enchaînent avec anxiété. Allez, encore 50 Kms, et le trajet sera fini ! Ah, péage, halte racket obligée pour tout conducteur au long cours ! Et là, malheur de malheur, poisse honnie, haineuse mécanique imprécise et fumeuse, voilà que la bestiole automatique, dans un rictus malsain, me mange ma carte de crédit, tout en annonçant, hilare, qu’elle n’est pas correctement insérée. Mais je vais me la faire à la batte cette [Censure toujours aussi nécessaire] ! Bouton d’alerte qui, finalement, au bout de quelques minutes, me met en contact avec un type plutôt sympathique (ça change) qui me restitue la carte. Bien heureusement, j’ai de l’espèce, et je rentre. Inquiet, sur la pointe des roues, je préserve la machine, de crainte de prendre un bain de pieds à l’huile de vidange. Et là, devinez ce que me fait la bestiole mécanique ? Elle éteint ce foutu voyant ! Bien sûr, c’est plus drôle de coller une trouille énorme, puis de disparaître sans raison cohérente, hein ?!

Bon, zen, je suis arrivé, l’alerte est passée… Il ne me reste plus qu’à rentrer me … tiens, où sont mes clés ? Croyez le ou non, mais j’avais posé mes clés de mon domicile sur le capot lors de ma halte parking. Qu’est-ce que Monsieur l’imbécile maladroit que je suis a fait ? Oublié ses clés qui ont, bien entendu, choisies de se poser au pied même de l’aire de stationnement. Rhaaaa ! [hurlement primaire offert par moi-même]. Repartir dans l’autre sens, avec une autre voiture (histoire de ne pas tirer le diable par la queue), 70 Kms dans un sens, demi-tour à un péage, retour sur le parking, et là, coup de chance ahurissant, les clés sont toujours là ! Moi qui croyais qu’elles étaient perdues, les voici, trônant fièrement par terre, symbolisant, sous leur apparence chromée dépolie, toute ma bêtise et mon incurie en terme de prudence élémentaire.

Et retour final à mon domicile, soit quasiment deux heures pour ce second voyage forcé.

Quand je vous disais que les séries, ça craint… et Personne pour me croire ! Pourtant, tout ceci est parfaitement authentique.

GRUMPF DE GRUMPF !

10 mars 2011

Le reflet de notre société

Assis au bord d’une mer d’huile,
J’observe l’horizon noirci de fumée.
Sous les ruines aux toits en tuiles,
S’amoncelle le peuple mal aimé.

Certains tendent la main pour mendier,
D’autres se contentent d’errer.
Les églises n’accueillent plus pour prier,
Que les derniers dévots désespérés.

Alors, quand la faim pousse au crime,
Quand on s’arme pour le combat,
C’est que l’espoir est devenu infime,
Et que l’homme est tombé trop bas.

Comme un vautour, j’observe,
Bête noire qui guette les corps,
De ceux dont les puissants se servent,
Jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la mort.

Puis un matin, la foule se réunit.
Elle charge les symboles de l’oppression.
Et moi, avec cynisme, je ris,
Parce qu’ils ne sont que nos obsessions.

Les riches comme les pauvres meurent,
Tous, ils sont condamnés à la naissance.
Les hommes et les femmes pleurent,
Car ils se savent condamnés à l’errance.

Et moi, je compte les victimes du combat.
Et moi, j’analyse le désastre annoncé.
Et moi, je les regarde courir comme des rats.
Et moi, j’achèverai sans pitié les blessés.

Je resterai toujours assis près des mares,
Qu’elles soient de pétrole ou de sang,
Je serai toujours à guetter le désespoir,
Parce qu’il y aura toujours des tyrans.

Parce que je suis le destin de l’humanité,
Parce que je suis le capitalisme forcené,
Parce que je suis le communisme délité,
Parce que je suis qui a vous a aliéné.

Parce que je suis l’horreur de pouvoir penser,
Parce que je suis le cauchemar de devoir vivre.
Parce que je suis ce qui va vous oppresser,
Parce que je suis l’ambition de mieux vivre.

Parce que je suis vous...

09 mars 2011

Prise de risque inconsidérée

Petite remarque initiale : j’ai trouvé un peu de temps pour ouvrir ma grande gueule, mais pour le moment, mes textes apparaîtront de manière sporadique… Donc, patience, et merci à celles et ceux qui passent encore voir par ici si je suis encore vivant !

S’il est une situation non maîtrisée qui, dans les prochaines semaines, pourrait amener à un véritable massacre, c’est bien la Libye. Nous observons, avec notre œil d’Européen sceptique, l’agitation qui secoue actuellement cette dictature. Avec peu d’informations, une volonté coupable de « bien faire » de la part des médias, et une prise de position dangereuse de la part des politiques, la France est à présent mise en mauvaise posture, et ce pour plusieurs raisons que je vais énumérer. Je vais également aborder les conséquences possibles de notre comportement politique vis-à-vis de cette crise majeure.

Comme nous l’avons tous vu, les vieilles dictatures sont tombées les unes après les autres. Toute la détermination des peuples (Tunisie, Egypte) s’est mise au service d’un espoir de progrès, et surtout de liberté enfin acquise, et au prix du sang versé malheureusement. Notre diplomatie, tout comme l’immense majorité des médias du monde, n’a pas su percevoir que le mouvement initial n’était pas qu’un simple frémissement, mais bel et bien la fin de vie de systèmes dictatoriaux usés par leurs durées. En conséquence, par crainte d’être en retard diplomatique en cas de réussite de la révolte libyenne, les journaux présentent clairement Kadhafi comme un fou furieux, et n’hésitent clairement pas à blâmer les gouvernants actuels pour leurs « faveurs » faites au colonel. Deux choses sont à noter : d’une, soutenir inconsidérément une révolution, c’est oublier qu’ignore qui en sortira vainqueur, et de deux éluder l’historique de plus de trente années de collaboration c’est pratiquer de la mémoire sélective.

Revenons sur le premier point litigieux. Actuellement, les insurgés tentent de résister, avec les moyens du bord, contre les forces restées fidèles à Kadhafi. Inexpérimentées, mal dirigés et mal armées, ces milices peuvent tout aussi bien vaincre, qu’être balayées en quelques jours. De là, Kadhafi a ouvertement promis des représailles sanglantes, ainsi qu’une revanche violente contre les états ayant cautionnés la révolution. Après s’être vu reprocher une franche frilosité, la France a maintenant versé dans un excédent de confiance dans la capacité de la Libye à se débarrasser de son despote. Dans les faits, cela revient donc à annoncer aux résistants « nous sommes avec vous », ce qui impose donc, à terme, qu’ils gagnent. Dans le cas contraire, nous serions alors la cible de mesures de rétorsion au mieux économiques, au pire terroristes. On ne peut décemment pas parler d’un soutien moral, quand il y a un besoin de soutien logistique et technique. Pour que la France ne se retrouve pas en mauvaise posture, il faut à tout prix que Kadhafi soit destitué. Or, pour l’heure, nulle action autre que verbale n’est menée en ce sens. Les médias, très critiques, sont donc aussi responsables d’une potentielle crise.

Le second point qui me fait grincer des dents est cette attitude hypocrite de nombreux médias. On reparle avec confort et opportunisme de la tente de Kadhafi plantée en plein Paris, tout comme l’on affiche des images des poignées de mains à l’Elysée. Dites, les scribouillards, peut-on revenir sur les contrats d’armes passés avec l’Egypte ou la Libye ? Peut-on reparler des avantages que tiraient, en terme d’immigration, les gouvernements successifs Français, en négociant avec ces mêmes dictateurs ? Certes, l’aveuglement actuel de la plupart des diplomaties Européennes (voire mondiales), a mené à l’absence de clairvoyance concernant la fin des dictatures. Pour autant, exhorter le gouvernement, par vox populi (prétendue, puisque pas nécessairement validée de quelque manière que ce soit), à s’immiscer dans les affaires de la Libye, c’est très certainement prendre des risques inconsidérés. La politique ne se fait pas dans les journaux, ni les sites Internet. Elle se fait tant sur le terrain, dans les ambassades, que dans les ministères, le tout en accord avec le président de la République. Petite pique supplémentaire à nos chers grattes papiers : que fera-t-on si, en désespoir de cause, Kadhafi se lance dans un génocide ? Devra-t-on envoyer des troupes ? Dans quel cadre ? Selon quel mandat ? Nous n’avons, en principe, pas vocation à destituer des dictateurs. D’ailleurs, pour mémoire, nous nous sommes félicités quand la France n’est pas allée en Irak pour déboulonner Saddam Hussein. Et là, bizarrement, on changerait de discours ? Pourquoi ? Soit on intervient clairement, et on assume les conséquences, soit on se tait.

Enfin, je suis particulièrement frileux concernant l’idée d’intervenir. Nous ne sommes, à mon avis, pas forcément compétents pour choisir un camp à soutenir. La Libye a une problématique spécifique s’appuyant sur un historique de tribus. Dans ces conditions, favoriser une tribu au détriment d’une autre, c’est instaurer un système où l’autorité de la majorité ne saurait être respectée. Pire encore, je doute que les Libyens puissent tolérer que la France se prenne pour un policier en venant prendre le pouvoir. En admettant une intervention militaire, même limitée, pour sortir Kadhafi, nous aborderions une expression très dangereuse : le coup d’état. Prenons garde : si nous voulons soutenir les insurgés, faisons le vite, car je doute qu’ils tiennent longtemps face à des troupes entraînées et bien armées. Si nous ne le faisons pas, empressons nous alors de trouver une voie médiane entre l’attentisme et l’interventionnisme. Reste à définir si cette troisième voie existe, chose dont je doute. Maintenant que nous en avons trop dit, Kadhafi reprochera à tout dirigeant Français de s’être mêlé d’affaires qui ne le regardait pas, et, dans le cas d’une chute du dictateur, l’instabilité politique qui en résultera mettra du temps à disparaître. Dans tous les cas, la Libye n’est pas sortie de la crise, et elle mettra du temps à s’en sortir.

07 mars 2011

Trop de travail....

Tout est dit... donc soyez patients!

A bientôt.

Jefiaspeuralafoule/Frédéric

02 mars 2011

Lancez lui une bouée bordel

Si les politiques étaient des nageurs, il faudrait sérieusement envisager de coller des CRS à chacune de leurs allocutions, simplement pour leur éviter de se noyer. C’est ainsi : nos élus, forts d’être désignés par le peuple, n’hésitent pas à dire n’importe quoi, avec une conviction digne des gosses les moins sages. En effet, dire tout et son contraire, c’est un peu assimilable à un môme qui s’essaye au crash-test contre un mur avec son vélo, et qui affirme ensuite que c’était quelque chose de marrant… le tout alité à l’hôpital suite à l’impact. Nos hommes politiques ont ce je ne sais quoi de candeur dans leurs propos, à tel point qu’ils en sont désarmants !

Bon, bien évidemment, ils ne disent pas ce qu’ils pensent. Pensez-vous ! Qui serait assez débile pour aller revendiquer en place publique, en plein mandat, que « Les Français sont des cons, ignares, nombrilistes, et qui méritent leur sort ! ». Personne ! Il vaut alors mieux dire « Les Français traversent une crise mondiale difficile, qui nécessitera des efforts, des économies, et que chacun soit concerné pour tendre vers une phase de reprise ». Baratin, quand tu nous tiens. Malheureusement, certains dérapent, disent des conneries, et font les beaux jours des feuilles de choux qui garnissent joyeusement les étals glauques de nos libraires analphabètes. Petit aparté à ce propos : vendre du journal ne sous-entend pas les lire… Enfin bref, revenons à nos politiques. Je les adore quand ils mettent les pieds dans le plat, je les trouve succulents quand ils perdent le peu de crédibilité dont ils étaient crédités. Certains sont même allés jusqu’à devenir « Il était vachement bien ce type, jusqu’au moment où il a eu le malheur de parler ». Et là, hélas, nul n’est présent pour leur procurer une bouée de sauvetage.

Ce que j’aime en politique, c’est que les amitiés, c’est comme le mauvais pinard, car tout le monde prétend avoir un vin de garde en cave, et c’est finalement le picrate qui arrive sur la table. Ainsi, les amitiés politiques ne tiennent que le temps où elles se révèlent nécessaires. Ensuite, le couteau dans le dos est monnaie courante, ainsi que le retour de manivelle. Faire une liste des « amitiés » brisées serait comme construire l’historique de tous les politiciens, car chacun sait que le politicien est ce personnage qui trahit sans vergogne, et qui, dès le lendemain, saisit la main de celui qu’il a entubé la veille. Bien sûr, la main serrée n’est pas toujours bon signe, et ce serait même plutôt le contraire, car, à chaque session de secouement spasmodique de mains jointes s’associe une photographie souvenir. « Chouette ! J’ai serré la paluche d’un dictateur aujourd’hui déboulonné, et on vient me dire que j’ai merdé ! Victoire pour les médias et l’opposition ! » Les photographies sont la mémoire des crasses, et là, encore une fois, au lieu d’avoir un gentil maître nageur sauveteur, les politiciens « mouillés » reçoivent en guise d’aide une bouée de sauvetage en plomb.

Ah, cette faune sauvage, ces animaux qui constituent la chaîne alimentaire… Merde, on se croirait dans un documentaire animalier ! Mais pas du tout ! Vous êtes bien face à cette hiérarchie mouvante de requins, de hyènes cyniques, d’agneaux à sacrifier, ou encore de renards patients qui, à la dérobée, s’entretuent joyeusement, le tout avec l’indispensable et ineffaçable sourire pour la sempiternelle photo souvenir. Reprenez quelques clichés des années 2000, puis regardez ceux qui étaient là pendant les meetings. Maintenant, mettez ce cliché en regard de la situation actuelle, et fléchez les « qui a écrabouillé qui », les « Qui a trahi qui », ou l’inusable et intéressant « Qui a pris la place de qui ». Impressionnant, non ? Et là, ce n’est plus le CRS de plage qui devrait bosser, mais carrément le fossoyeur, histoire de coller les squelettes ailleurs que dans les placards des uns et des autres. C’est souvent la même histoire : on en a un qui a les dents longues, un autre qui a la grande gueule, et un dernier qui se fait tout petit pour ne pas se prendre la foudre sur la tronche. Pas de bol, car, généralement, quand il se met à pleuvoir, tout le monde se prend la flotte, et elle n’épargne que trop peu. Les plus malins s’équipent, les arnaqués se retrouvent à la porte sans parapluie, et tous les autres tentent de s’abriter sous un préau anonyme. Dans ces conditions, c’est quand même à celui qui sera le plus fourbe… et j’avoue aimer compter les points.

Finalement, un bon politique, ce qu’il doit avoir en priorité, ce n’est pas tant du talent à revendre, mais plus soit une bonne bouée de sauvetage, soit avoir les compétences en brasse coulée nécessaire à tout requin qui se respecte. Moi ? Je ne suis même pas foutu de faire une longueur sans chercher l’assistance du plancher des vaches, alors nager en politique, n’y pensez même pas !