31 août 2010

Virtuel sentimental

Qu'on ne me dise plus que le virtuel ne sait pas véhiculer l'émotion, ou qu'il est froid comme le matériau dont sont faits les ordinateurs.

Lisez cette bande dessinée, et comprenez à quel point un sentiment peut passer à travers l'écran.

A méditer...
"Le dernier blog", et la BD en question

30 août 2010

Une mine

Les plus attentifs d’entres vous auront immédiatement envisagé que je parlerais de cet accessoire sympathique qu’est la mine antipersonnel. Erreur ! Pour une fois, je ne vais pas faire l’apologie cynique d’un tel équipement, mais plutôt songer au sort des 33 mineurs bloqués au Chili. En effet, en plus de l’évènement humain, je trouve qu’il y a énormément de choses à voir derrière ce « miracle » de leur survie. Entre la médiatisation mondiale de l’incident, et l’expérience humaine totalement unique, je pense que nous avons de quoi réfléchir sur notre condition.

Tout d’abord, pour ceux qui vivraient en ermite et que se contenteraient de me lire pour avoir des nouvelles du monde extérieur, il y a, à l’heure où j’écris ces lignes, 33 mineurs qui sont bloqués à plus de 700 mètres de profondeur. Oui, 700 mètres ! Miraculés, ils sont à présent assistés, depuis la surface, à travers un mince boyau par lequel on leur fait parvenir eau, soins, nourriture et distractions. Bien entendu, cela va prendre des mois pour les faire sortir, et, d’ici là, ils seront surveillés par des psychologues, et en liaison permanente avec la surface. Rien que cela apparaît comme une aventure humaine sans précédent : plusieurs mois, totalement isolés, sans aucune possibilité d’écourter le séjour ! Même les types qui allaient sur MIR pouvaient envisager un retour anticipé. Pas là ! alors, songez donc à la vie sous terre, dans des conditions aussi difficiles que vivre dans une mine : hygiène, santé, salubrité, sans compter la promiscuité, il y a de quoi devenir fou en quelques heures seulement ! Quand je songe à ces gens qui paniquent dès qu’un ascenseur met un peu de temps à circuler…

Là où le tout devient vraiment intéressant, c’est avant tout sur la capacité des hommes à s’organiser. Les informations dont je dispose (via la lecture de divers sites), est que ces mineurs sont organisés de manière exemplaire. Dans un premier temps, avant qu’on les contacte, ils ont rationnés l’eau, la nourriture, pris le temps de gérer une surveillance par roulement, de sorte à ce que chacun ait une part, et puisse se reposer de manière suffisante Cela prouve qu’il faut vivre des situations extrêmes pour trouver, d’une part, un ou plusieurs meneurs rigoureux, et, d’autre part, accepter les contraintes d’une telle crise. Combien auraient réussi à tenir sans craquer ? Je suis le premier à reconnaître que j’ignore si je n’aurais pas cédé à la panique, ou, pire encore, à des envies morbides. Ils sont donc, pour moi, très impressionnants.

Le second aspect qui m’interpelle est l’expérience unique d’isolement. Si l’on fait un parallèle, ils vivent dans les conditions de promiscuité et d’isolement que pourraient connaître des astronautes faisant un voyage… vers Mars par exemple ! La Nasa, par la bouche du président Obama, a réitéré son fantasme de faire marcher un Américain sur la lointaine planète. Or, l’inquiétude majeure est la santé mentale des dits voyageurs de l’espace. Supporte-t-on de rester enfermé aussi longtemps ? Peut-on éviter de s’entretuer, à force de devoir supporter son prochain ? Je suis convaincu que cet évènement va devenir une véritable référence scientifique pour nombre de laboratoires gérant le biorythme, ainsi que pour les prochains traités sur la psychologie de l’isolement. Et, pardessus le marché, il faut ne pas oublier qu’en bas, sous terre, jour et nuit n’ont plus de sens, faute de vision du soleil. En conséquence, il y a là une matière unique à étude.

Le dernier point qui semble intéressant, c’est cette « solidarité » qui apparaît en tâche de fond. Jusqu’à présent, le sort de mineur ensevelis se réduisait à « On a cherché, pas de survivant ». Maintenant qu’ils ont trouvés ces 33 mineurs, comment leur refuser l’espoir de revenir à la surface ? Est-ce de la solidarité, ou de la conscience mise en accusation ? Le chantier est faramineux, tant techniquement qu’humainement, et le coût n’est pas en reste. Mais comme mauvaise publicité, difficile de faire pire qu’un « On ne peut pas les sortir, on a pas le fric ». De là, je crois que nombre d’acteurs de cette situation unique sont simplement honnêtes : ils veulent sauver des collègues, car il y a une grande fraternité dans ce métier si dangereux qu’est d’être mineur. Je ne crois pas qu’on puisse, nous autres citadins, comprendre à quel point il existe un lien du « sang » quand on risque sa vie au quotidien avec des amis.

Je leur souhaite de survivre, de revenir à la surface, et de pouvoir raconter au monde, ce que c’est de vivre ainsi. Ils sont, à mes yeux, la représentation vivante de la volonté et du courage, l’envie de vivre à tout prix. Bonne chance, les gars !

Deux amis écrivent...

Alors, pour une fois, je vais faire un peu de publicité! hé oui, j'ai la fibre mercantile aujourd'hui...

Bon en fait non, je fais cela pour soutenir deux jeunes auteurs, des amis de longue date, dont j'aime tant la plume que la personnalité.

Cliquez sur le livre pour accéder au site de l'éditeur. En plus d'être bien fait, le dit site permet une lecture des premières pages de l'ouvrage. Il s'agit d'un recueil de poèmes. Si cela vous plaît, achetez en un!

27 août 2010

Liberté d'opinion

Suite à mon article d’hier, je me suis pris de curiosité sur le pouvoir d’Internet, ainsi que sur ses impacts potentiels sur le monde réel. C’est étrange, surprenant même à quel point le moindre propos peut être recyclé, déformé et instrumentalisé, au point de mener des auteurs « apparemment » de bonne foi au tribunal.

Avertissement à mes lecteurs : Je ne m’engagerai en rien sur les vérités des acteurs des différentes versions des affaires citées. Je ne suis pas juriste, pas plus que bien renseigné sur les dossiers. De ce fait, je laisse à chacun la possibilité de se faire une opinion. La mienne est simple : nauséabond et très grave tant pour la liberté d’opinion, que sur le pouvoir des contradicteurs. Donc quelques liens à consulter : certains passages sont littéralement puants (à mon goût). Encore une fois, je me fais colporteur, à vous de décider.

Tegam Vs Guillermito, sur kitetoa.com
L'affaire Ney, sur kitetoa.com

NOTA: ces dossiers ne sont pas récents, mais assez signifiants pour que je m'appuie dessus.

Maintenant, passons à ma propre vindicte, à ma colère intérieure ! Là, je suis l’auteur, j’assume pleinement le moindre de mes propos. Je fais également notifier la source de cet article, de manière à ne pas « agir dans le dos » de qui que ce soit. Question de politesse et de respect pour l’auteur des différents rapports. Qu’il soit rassuré, je ne compte pas le vilipender, même si nous avons des divergences d’opinions sur certains de ses articles. Etre d’accord sur tout n’aurait pas été rigolo, n’est-ce pas ? (Sinon, vous ne seriez pas là à me lire je pense…). Je reviens à mes moutons, car mes digressions trop nombreuses peuvent rendre chèvre (je donne dans les bestioles en ce moment). Sur les deux affaires, c’est l’analyse indépendante qui fut attaquée, l’une sur le piratage, l’autre sur un antivirus qui, apparemment, se révélait pas aussi efficace que sa publicité le laissait entendre. Diffamant ? En quoi ? Insultant ? Qu’on m’explique ce qu’il y a de diffamant à se poser des questions, ou à démontrer qu’un outil payant n’est pas à la hauteur des attentes des clients…

Allons plus loin : celui qui a voulu montrer au monde qu’un produit pouvait être peu fiable a fini condamné par la justice. Parce qu’il a eu le culot d’utiliser une méthode commune en informatique de sécurité : démonter le fonctionnement d’un logiciel, et le contourner pour s’assurer qu’il y avait source à inquiétude. Que la société incriminée ne soit pas satisfaite par le résultat, c’est logique : personne n’aime voir son (seul) produit voir démoli par un n’importe qui, et le tout porté sur la place publique. Toutefois, les grandes sociétés évitent généralement de faire du bruit, parce que si c’est prouvé, ce serait ridicule d’aller au juridique (mauvaise publicité double : non seulement je suis pris en faute, mais en plus je m’acharne sur celui qui prouve que je suis mauvais). Et là, par contre, on donne « raison » à la société, et l’on lynche juridiquement. J’ai du mal à voir où est la justice là-dedans, et tout l’imbroglio de « connivences », d’espionnage (risible), ou encore de travail de sape sont à hurler. Confondre justice et mythomanie, et obtenir gain de cause, c’est donc défaire tout droit à la critique constructive aux citoyens. Faisons une analogie : demain je critique un produit que j’ai acheté et que j’estime minable. J’en fais part dans mes colonnes. Et on me colle un procès parce que je « serais » un salarié caché d’un concurrent qui veut la mort de la société ? Le juge, s’il est un tant soit peu raisonnable, éclaterait de rire une fois l’enquête menée bien entendu.

Et l’autre article n’est guère plus « frais » : de l’acharnement thérapeutique, des menaces, de la haine gratuite, de l’entêtement. Je ne comprends pas qu’on puisse se complaire dans le rôle de « victime », surtout quand soi-même l’on va jusqu’aux menaces physiques. Il existe des dispositifs pour traiter la diffamation, pour gérer les calomnies. Alors pourquoi passer par la case « haine et violence » ? La violence, ce n’est que la seule solution que puisse trouver l’entêté à court d’arguments. J’ai en horreur ceux qui recourent à cette façon d’agir, d’autant plus quand il y aurait possibilité de discuter. Les espaces d’échange ont été conçus pour, justement, offrir tribune à chacun, sans distinction de « qui a raison, qui a tort ». Affligeant qu’il soit devenu nécessaire d’aller au procès pour tenter de museler la haine gratuite et la bile de certains. Je suis même horrifié de lire les détails, tant ils tiennent de la folie pure et simple !

Et ça, ce n’est que deux affaires, deux extraits parmi des milliers, sûrement anonymes qui, face à la bêtise humaine, ne peuvent qu’être censurés, ou finir au procès. J’ai, par le passé, été actifs dans certains forums. Par curiosité, je voulais voir si l’on pouvait avoir des discussions sereines, contradictoires, et constructives. Réponse : majoritairement non. Abordez frontalement les mensonges des uns, et vous aurez le droit au mieux à la vindicte, au pire à une plainte au pénal. Magnifique : dans un état de droit, être menacé de prison pour avoir « dénoncé le mensonge », c’est à mes yeux légitimer l’attirail répressif que sont les HADOPI, LOPPSI et autres acronymes liberticides. Je ne peux décemment pas apprécier les échanges que j’ai pu lire sur le site : honteux, inacceptables, je ne peux pas cautionner ni le chantage, ni les menaces.

Des critiques ? Des défenses ? Bien entendu ! Le droit de réponse EST l’essence même du réseau. Pour la première affaire, pourquoi ne pas s’être contenté de démontrer le contraire des assertions du « pirate » ? Pourquoi ne pas avoir simplement démontré l’efficacité du produit ? Dans la seconde, pourquoi jouer de la menace et de la diffamation, au lieu de s’entretenir sereinement avec l’auteur initial de l’article ? La vérité serait donc si douloureuse ? Qui n’a jamais fauté n’a jamais agi. Qui ne se trompe pas, n’agit pas. Je pense qu’un produit, une opinion, une action peut être mauvaise, insuffisante, ou même ridicule. Mais c’est naturel, cela fait partie du quotidien. En revanche, refuser de reconnaître l’erreur, et pire encore, menacer celui qui la constate en le traînant devant les tribunaux, ce n’est pas une action élégante, ni même constructive. Violence pour violence, autant se faire justice soi-même à ce compte là.

Le Web est neutre (en principe) : il est un support, et non une idée. Celui qui est l’idée, c’est l’auteur. Face à face, les idées, les opinions doivent se confronter. Si l’on ne critique pas, on ne peut pas envisager le progrès. Sans l’autocritique, aucun progrès pour soi. Et là, j’ai peur que le réseau ne devienne qu’une source de revenus pour avocaillons à l’affût d’affaires de diffamations et autres dossiers aussi ridicules que malsains.

Une vidéo

Etrange, magique, surprenante... C'est une oeuvre du cirque Royal de luxe.

Admirez le travail, la poésie qui s'en dégage.

26 août 2010

Justice? Sur Internet?

Après la lecture d’une brève sur le site sebsauvage.net, je n’ai pas pu résister à l’envie de rebondir dessus. Court, mais intéressant à plus d’un titre, cet article décrit une de mes pires crainte, qui est l’impact de la vie « virtuelle » sur la vie réelle. Commencez par lire le lien ci-dessous, puis revenez, afin que vous puissiez déjà vous faire une idée du problème.

L'article, sur sebsauvage.net

Ca y est ? Vous avez lu ? Personnellement, je vais au-delà du choc initial, car, si la personne a bien déposé un chat dans le container, ce qui est inacceptable et débile, je vois aussi dans cette vidéo autrement plus de délicatesses que l’action d’une personne isolée. Tout d’abord, réfléchissons à la situation, et à l’origine de la vidéo. D’une part, c’est une caméra ciblant la rue (de surveillance donc), qui donc est supposée être là pour la sécurité de chacun, et par conséquent inaccessible au « commun des mortels ». Qui a provoqué la fuite de la vidéo sur la toile ? Un surveillant qui voulait que « justice » soit faite ? Que la dite personne soit condamnée pour cet acte de malveillance et de cruauté animale ? Fort bien, mais où est le respect de la vie privée d’une part, et le droit à l’image d’autre part ? En effet, élargissons notre regard : si une telle vidéo est diffusée, rien n’empêche alors de nous imaginer mis en scène à notre insu, et donc de devenir les vedettes involontaires d’un show médiatique sur le réseau ! Rien que sur ce principe, je suis terriblement inquiet concernant nos libertés individuelles. Toutes les dérives sont possibles : diffusion des caméras de surveillance des plages, donc menant au voyeurisme, usage des images par les entreprises à l’encontre de leurs salariés, ou encore mise en scène de violences (snuff movies), de manière à encore un peu plus provoquer de l’audience.

Passé ce premier aspect du respect de la vie privée, je vois, tout comme l’auteur de la brève initiale, une véritable dérive sécuritaire. A l’instar des films dits de « vigilantes », nous sommes amenés à devenir juges, jurés, et bourreaux tout à la fois. Où est la justice ? Qui sommes-nous pour nous estimer compétents ? Pour ceux qui ignorent ce qu’est un film de vigilantes, c’est une mode cinématographique remontant aux années 70, donc l’acteur emblématique fut Charles Bronson. Le principe était simple : mettre en scène un justicier voulant se venger, ceci à cause des lacunes supposées du système. Les critères principaux du vigilante sont généralement les mêmes : vengeance, usage de la violence, assassinats justifiés par la dite vengeance, et souvent connivence avec un agent de contrôle (policier pour majorité) fatigué des erreurs et du laxisme des juges. En ramenant cela à notre époque, nous pouvons alors être inquiets : n’est-ce pas là, via le web et sa technologie, une incitation à nous prendre pour des vigilantes ? L’usage de la violence, tout comme la traque de la personne incriminée sont illégales, d’autant plus que cela ne saurait être que très difficilement pris en compte par la justice ! Alors quoi ? Si le juge ne peut pas utiliser les documents à charge, car obtenus de manière illégale, quoi faire ? Tabasser la personne ? La tuer, si le crime estimé est « grave » ? C’est une dérive qui fut également connue lors de situations de sinistres mémoire : ratonnades, pogroms, inquisition, émeutes…

Le web est supposé être neutre, au titre qu’il n’a pas, en principe, pour rôle d’être moteur, mais support. Je m’explique : Internet permet d’exprimer ses opinions, de chercher des informations, de partager, mais certainement pas de recruter des traqueurs, des chasseurs de voyous, et encore moins d’inciter au non respect des lois. Imaginez donc le pouvoir de ces sites qui, sous couvert de « justice », pourraient mener des actions diffamatoires, ou de vengeance, contre une personne en particulier. Cela semble anodin, puisque ce n’est que « virtuel », or, il n’en est rien. Le virtuel n’est pas une excuse, ni même un protection contre les conséquences de nos dires et de nos actes. Par analogie, ces sites pourraient bien devenir les remplaçants des livres de propagandes, des campagnes d’affichage, ou des graffitis racistes qui perdurent encore.

L’interaction entre utilisateurs du réseau n’est pas neutre, loin de là. Le réseau, lui, ne fait qu’offrir des liens, des possibilités de communication. On ne peut décemment pas accuser Internet d’être l’origine de ces problèmes, c’est l’homme, et lui seul, qui pourvoie aux propos et aux discours dangereux. Pour moi, il faut différencier deux choses majeures : le web serait la voûte céleste, et les hommes seraient les astres et planètes. Prenons un exemple : nous observons les étoiles, et nous les voyons briller. C’est chaque étoile, indépendamment des autres, qui font, une fois réunies, un spectacle unique. C’est ce que propose le réseau : voir des milliards d’étoiles, que nous pouvons alors observer séparément. Les réseaux humains, de connaissances, d’amitiés, ou de travail, seraient alors le système solaire par exemple. Chacun de nous serait un astre spécifique, interconnecté aux autres via la gravitation, les trajectoires stellaires, et donc liés aux hommes, mais ceci dans un système au périmètre défini. L’analogie me semble d’ailleurs opportune, notamment concernant la notoriété de certains : telles des comètes, ou des astéroïdes, certaines personnes traversent nos réseaux personnels, et en disparaissent aussi rapidement qu’elles sont apparues ; d’autres sont des soleils, créant des communautés solides autour d’eux, et maintenant ces liens de par leur aura et leur compétence (C’est le modèle technologique et participatif de Linux notamment, autour d’un Linus Torvalds). Où je veux en venir ? J’y arrive : donc, si nous admettons être ainsi sur le web, c’est donc, qu’en agissant comme la news le décrit, nous devons des trous noirs. Nous absorbons la lumière, engendrons une déstabilisation de notre environnement, au point de perdre toute clarté. En acceptant, que la justice puisse se faire par nous-mêmes, c’est alors accepter tacitement d’être jugés en retour, sans avocat, sans aucune possibilité de défense d’ailleurs.

L’Histoire nous a démontré qu’accorder au peuple le droit de justice, et de sanction n’a jamais rien donné d’autre que la terreur. La vengeance, la haine, tous ces sentiments négatifs sont d’excellents outils entre les mains de gens peu scrupuleux. Je vais refaire un dernier parallèle avec le « monde réel ». Bien souvent, les groupes néonazis recrutent des jeunes désoeuvrés, et le modèle est de les fanatiser par la propagande, ainsi que par l’esprit de corps. De cette manière, ils n’admettent plus qu’une vérité, celle de la meute, celle du groupe, et surtout celle du meneur. L’action constatée contre cette femme n’a rien de bien différent, car tous ont pris la vidéo pour argent comptant. Quid de la vérification ? Quid de l’obligation de réserve et de précaution ? Je trouve tout particulièrement suicidaire de laisser l’esprit critique au placard, surtout quand il s’agit de justice ! Je ne peux et ne pourrai jamais admettre que l’on puisse utiliser le réseau de la sorte. Il doit être vecteur d’information, pas de prolifération ni de prise de décisions aux conséquences terribles. Restons prudents, analysons : nous avons choisis des élus, nous maintenons nos systèmes politiques et juridiques justement pour que le peuple ne soit pas directement habilité à se prendre pour un juge absolu.

« Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument. » (Lord Acton).

25 août 2010

Rammstein

Petit avertissement... ce n'est pas recommandé pour les tympans fragiles!


Et voici la traduction des paroles (en Allemand et Russe):
Moskau (feat. Viktoria Fersh) (Moscou)

[C'est une chanson à propos De la plus belle ville au monde, Moscou !]

Cette ville est une fille de joie
Elle a des taches rouges sur le front
Ses dents sont en or
Elle est grasse et pourtant si charmante
Sa bouche descend jusqu'à ma vallée
Si je la paie pour cela
Elle se dévêtis, pourtant seulement pour l'argent
La ville qui me fait retenir mon souffle

[Refrain]
Moscou, [1, 2, 3]
Moscou [regarde]
[Les pionniers ici et là Chantent des chansons à Lenine](2)

Elle est agée mais tout de même belle
Je ne peux lui résister
[Je ne peux m'en passer]

Elle se poudre sa vieille peau
Elle s'est refait les seins
[J'ai construit de nouveau]

Elle m'excite, je souffre le martyr
Elle danse pour moi, je dois payer
[je dois payer]

Elle dort avec moi, pourtant seulement pour l'argent
Elle est pourtant la plus belle ville du monde
[allons-y ]

[Refrain] x 2
1, 2, 3 !

Je vois ce que, ce que tu ne vois pas
[quand tu dors profondément]
Je vois ce que, ce que tu ne vois pas
[quand tu es allongée près de moi]
Je vois ce que, ce que tu ne vois pas
[quand tu parles avec moi]
Je vois ce que, ca tu ne le vois jamais
1, 2, 3 !

[Refrain] x3

Moscou !

Imagerie médiatique

C’est en écoutant, en pleine journée de travail, un morceau de Rammstein, que je me suis rendu compte d’une chose surprenante : si l’on devait sélectionner des images marquantes de notre passé, des évènements, nous sommes souvent tentés d’adosser tant nos souvenirs personnels, que des situations mondiales. Aussi surprenant que cela paraisse, nous ferons forcément ressortir des photographies ou des vidéos tirées des médias. Cela peut déranger, voire même choquer certains, tant nous sommes pourtant convaincus que nous avons plus retenus de notre vécu que de l’histoire mondiale.

Et pourtant…

Vous voulez quelques exemples ? A chaque question que je vais poser, essayez de répondre aussi rapidement que possible, sans prendre le temps de trop réfléchir ou analyser. Ensuite, lisez la réponse.

Premier lien : Cliquez ci-dessous, et identifiez de quel pays est originaire l’avion ci-dessous.
Première image
Vous avez une idée ? Qu’avez-vous répondu ? Si ce sont les USA, vous avez tout juste. Maintenant, regardez à nouveau, et demandez vous comment diable vous avez réussi à reconnaître un avion militaire Américain, alors que vous n’avez pas nécessairement de passion pour l’aviation, ni même pour l’armement en général. Parce que cet avion, vous l’avez vu dans les médias, vous en avez probablement entendu parler, ou, pire encore, vu le dit avion dans un film quelconque. Hé oui : nous sommes sensibles à la propagande, et nous sommes des éponges pour des informations qui, pour utiles qu’elles soient, colportent des thématiques violentes et guerrières.

Second lien : Même principe, cliquez sur le lien, et tentez de définir quel évènement est présenté par la photographie.
Seconde image
Si vous me dites qu’il s’agit de la chute du mur de Berlin, vous avez tout juste. C’est incroyable, de pouvoir reconnaître un coin de mur, sans avoir même déjà vu le fameux mur de la honte ! Nous identifions immédiatement la fin d’une ère, la disparition du bloc Soviétique, et ce par des photographies choc. C’est terrifiant : nous n’avons parfois même pas vécus l’époque en question, mais nous sommes capables de la situer avec une certaine précision. Est-ce que j’ai appris la chute du mur à l’école ? Pour le moins pas vraiment, car le sujet était quasiment tabou, d’autant plus qu’une éducation faite par une majorité de gauchiste déprimés par l’échec de 68 ne pouvait certainement pas intégrer le fait que l’idéal communiste était en plein naufrage. Stupéfiant comment une seule photographie peut préciser énormément de choses.

Troisième lien : Identifiez la région où a été prise la photographie, voire, si possible, précisez l’époque.
Troisième image
Vous avez trouvé ? Vietnam, suite à un bombardement au napalm. Cette image a fait le tour du monde, elle a été instrumentalisée pour décrier les USA, et surtout pour être une critique de l’usage des bombes incendiaires. Etions-nous nés ? Pour ma part, non. Pourtant, je connais ce visage qui hurle de douleur, je le reconnais immédiatement, même s’il est utilisé dans un montage quelconque. A croire que ce cri de douleur m’a autant marqué que les situations dures de ma vie. Je me demande même si je ne serais pas tenté par l’envie de placer autant de clichés historiques que personnels dans ma vie. Je suis assez particulier sur cet aspect, eu égard à ma passion pour l’histoire en général. Pourtant, vais-je alors insérer des livres parmi mes expériences ? Probablement.

Dernière image : situez l’évènement de manière temporelle et géographique.
Dernière image
Marquant non ? Inutile d’épiloguer, nous avons tous vu les images de cette catastrophe, nous avons tous réagi face à l’horreur de cet attentat. Nous l’avons « vécu » en temps réel, via les médias, nous avons tous retenu notre souffle en pensant à ceux bloqués dans les étages, et nous avons tous eu un moment d’horreur absolu en voyant la première, puis la seconde tour s’effondrer. Marquant, atroce, définitif, cet évènement sera à jamais gravé dans l’inconscient collectif comme étant le tournant fatal aux USA concernant sa politique de sécurité intérieure.

Et là, c’est notre album personnel qui en est chamboulé. Où plaçons nous notre vie alors ? Les anniversaires, ils sont récurrents, souvent ordinaires. Quelques faits marquants peuvent aller dans le calendrier (naissance, décès, mariage…), mais globalement, combien de mois, voire d’années sans nouveauté ou fait marquant ? Serions-nous donc en pleine compensation de ces trous avec les histoires des autres ? C’est à se poser sincèrement la question…

24 août 2010

Du nom des expositions

La France, revendiquant un statut de nation cultivée, avec une histoire riche, aime à présenter des expositions sur tous les thèmes possibles et imaginables : l’art précolombien, en passant par l’art moderne, les équipements militaires, voire même l’histoire de l’informatique, tout thème peut se voir un jour exploité pour être mis en vitrine. Au demeurant, je trouve la démarche fort intéressante, surtout quand celle-ci offre la possibilité à l’ignare moyen (que je suis) d’appréhender des thèmes qu’il ne connaît pas. Ainsi, j’ai pu avoir l’occasion de visiter le centre Pompidou de Metz (que je vous conseille), aller à quelques expos et autres vernissages à Paris (chose que je ne vous conseillerai pas forcément), et donc d’observer, de temps en temps, les affiches des prochaines expositions « majeures » se déroulant près de moi.

Pourtant, là, j’ai eu comme un doute. Une exposition parlant des « Les grands Hommes : quand femmes et hommes construisent l’Histoire ». Déjà, rien que le titre ronflant m’a fait frémir. C’est quoi, un grand homme ? A la seule idée que l’on puisse mettre en scène des personnages historiques m’a donné le sentiment qu’il s’agissait plus de l’expression de la masturbation intellectuelle d’un conservateur en mal de visiteurs, que d’une véritable démarche artistique, ou intellectuelle. Moquerie mise à part, comment décrire, définir ou préciser ce qu’est un grand homme ? L’Histoire se construit hélas autant grâce aux bonnes volontés des uns, qu’à cause des ambitions des autres. Alors, définir si un dictateur fut un grand homme, c’est tout aussi possible que d’accorder cette définition aux anonymes qui, de par leur abnégation, agissent au quotidien pour aider autrui.

Je sais, je râle, je n’ai pas vu l’exposition, ni même cherché à en savoir plus sur le moment. Allez, fendons nous d’une page officielle sur Internet, pour y trouver des précisions sur la thématique. Ne soyons pas des salauds à œillères (comme je le suis souvent), soyons ouverts à la réflexion. Qui sait, les organisateurs sont peut-être plus futés que je n’eusse pu le penser au départ !

Les expositions sur le thème, sur le site de culture.gouv.fr

Ca y est ? C’est lu ? Qu’en pensez-vous ? Soyez honnêtes, parce que là, moi, je suis encore plus perplexe qu’au départ ! Alors, non content d’être racoleur, le thème de fond n’est pas tant « l’homme et l’histoire », mais plutôt « l’homme faisant évoluer son environnement » et « l’homme préservant son histoire en sauvant son environnement ». Chouette ! Donc, on a, je suppose, le droit aux éternels refrains sur un comte quelconque, passionné d’art, qui aura embelli son château (à la sueur de ses serfs bien entendu), ou l’histoire du petit conservateur qui aura réussi, avec courage, à camoufler des œuvres pour les tirer des griffes rapaces des nazis amateurs de belles toiles. Et le rapport avec la « construction de l’histoire » ? J’espérais une explication plus riche, plus emblématique de la détermination de personnages particuliers au fur et à mesure de l’histoire, mais là, non, on va venir me causer de Tartampion ayant voulu coller des arabesques sur des colonnes doriques !

Je me moque, je raille, mais c’est un fait hélas : la culture, c’est quelque chose avec laquelle nombre de personnes aiment à faire joujou, sans forcément se rendre compte à quel point ce jeu devient dangereux quand il détériore l’essence même de la visite ou de l’exposition. Oui, aborder l’histoire, la grande, en même temps que les petites sous-jacentes, cela fait partie d’un vrai travail de mémoire, et surtout d’un vrai talent de la part des conférenciers. Le petit détail, l’exaltation créée par l’anecdote, tout ceci doit être transmis au visiteur... Mais cela doit être quotidien, récurrent, de sorte à ce que chaque demeuré comme moi puisse retenir plus que l’ébahissement du déballage de dorures et de stuc d’un Versailles, de l’épatante grandeur du Louvres, de l’improbable beauté de l’art moderne, ou encore de la surprenante existence d’une chapelle perdue au milieu des immeubles d’Haussmann. Arrêtez de faire comme si un titre devait être le plus ronflant possible, cessez donc de gonfler l’ego de ces présentations. Je suis convaincu (et je l’ai constaté) qu’il y a une vraie passion pour celles et ceux qui font vivre ces moments culturels. Accordez leur simplement du crédit en évitant de rendre impropre le titre initial ! Là, je me serais contenté du « Les grands Hommes : quand femmes et hommes construisent l’Histoire », j’aurais passé mon chemin. Peut-être vais-je faire la démarche pour aller visiter quelques lieux listés, histoire de ne pas mourir aussi idiot que je ne le suis aujourd’hui.

Faites les musées, visitez les, vous ne regretterez que rarement votre démarche. Un autre tuyau : oubliez les chroniques des « experts » qui encensent ou vomissent une exposition. Une opinion, surtout dans l’art, doit venir de soi, pas d’un tiers se prenant pour une sommité. Si nous devions les écouter en permanence, m’est avis que nombre d’experts auraient fait disparaître Dali, Picasso, Rembrandt, ou encore Werner, sous prétexte qu’ils n’étaient pas dans l’air du temps.

Ah oui, une dernière chose : soyez toujours circonspect concernant les vernissages. Ils peuvent être tout aussi passionnants et réussis, que la concentration des pédants et autres représentants petits bourgeois prétentieux du quartier. Si vous y allez avec le cynisme et l’ironie en bandoulière, pourquoi pas, mais si c’est avec candeur... Oubliez.

23 août 2010

Balle rebondissante

C’est en voyant des gosses jouant avec une balle rebondissante que je me suis fait des analogies étranges avec le monde dans son ensemble. Vous ne voyez pas ce qu’est une « balle rebondissante » ? Mais si, vous les connaissez, ces saloperies en plastique bizarre qui, contrairement aux autres balles ordinaires, rebondissent à des hauteurs invraisemblables, et semblent être capables d’accumuler une capacité quasi infinie à rebondir. Agaçantes, ces balles peuvent vous pourrir l’existence (si vous êtes du genre maso, ou que vous voulez détruire vitres et bibelots chez quelqu’un, lancez en une bien fort contre le plancher. Effet destructeur garanti, et amitié ruinée à jamais).

Revenons à la baballe et au monde qui nous entoure. Quoi de plus ahurissant que cette faculté à rebondir sur les ennuis ? Une guerre ? Une fois terminée, c’est l’embellie économique, la relance, la croissance à deux chiffres, et une époque prospère comme jamais. Bon, il faut dire que coller au cimetière un tiers des mâles en âge de travailler, et donc coller les femmes à leur place, ça vous règle bien des soucis de chômage, et ça incite à la natalité à outrance. Bref, le monde aime à rebondir, l’homme aime la folie meurtrière, puis, en se servant comme d’une béquille le malheur des uns, il remontera plus haut qu’au départ, le tout enjolivé de slogans tels que « plus jamais ça ». Le monde est donc fait de milliards de balles rebondissantes qui s’entrechoquent, et finissent tôt ou tard par faire des dégâts irréversibles.

On pourrait croire que cet effet élastique n’est réservé qu’aux élites, aux politiques, aux excités de la petite phrase. En effet, c’est une partie même de la fonction de politique si l’on y songe bien : prendre le propos de l’opposant, le retourner, et s’en servir pour « rebondir » justement. Certains sont plus experts, et, apparemment, les partis extrémistes (politiques hein, restons simples) jouent mieux à ce jeu là que les modérés (modérés mon cul, soit dit en passant : ces mêmes modérés peuvent voter pour la guerre sans sourciller, le tout sous le prétexte minable « qu’il n’y avait pas d’autre choix »). Prenez les communistes : toujours à rebondir de partout, à bondir sur la moindre occasion de se faire entendre. Manifestations, colloques, réunions, vitupérations sans fin, les communistes, tels que nous les connaissons aujourd’hui, jouent plus de la polémique bas de gamme, que du pouvoir des urnes. D’ailleurs, il y a-t-il encore des communistes, des vrais je veux dire ? J’en doute... Bref : les excités du rebondissement verbal sont capables du pire, ceci en cognant leur sphère de bêtise contre tout ce qui est proche et fragile : le système social, la paix, les pays voisins, la diplomatie, l’économie...

Malheureusement, l’homme de la rue, lui aussi, est un grand expert de la balle rebondissante. Versatile, instable, le « colle dans l’urne le billet du populiste le plus crédible » n’hésite pas à sautiller dans tous les sens, quitte à faire des dégâts collatéraux. L’histoire de France, la récente s’entend, n’est pas avare en exemples. 2002, l’année des élections les plus foireuses de la cinquième république, reflète très bien ce sentiment de « rebond » débile des citoyens. Alors comme ça, les balles préfèrent rester neutres au premier tour, ne pas s’activer. Paf ! Ceux qui votent extrême droite, eux, font passer leur candidat au second tour. Scandale ! Horreur ! Un (je cite) « fasciste » ! Hé non ! Les baballes sont restées au repos, puis, mises en danger par leur propre incapacité à rebondir toutes seules, les voici lancées en tous sens. On ne compta plus les manifestations contre le résultat du premier tour, les déclarations assassines des non votants qui insultent ceux qui ont fait leur devoir citoyen, ou encore les propos incohérents de ceux qui pensaient que « ne pas voter, c’est éviter la débâcle ». Balles rebondissantes sans cervelle, que de dégâts vous avez fait à la démocratie ! Boing ! Boing ! Choisir entre Chirac et Le Pen, merci pour le choix ! D’ailleurs, je me permets une remarque méchante : contre quoi ont-ils manifestés, ces ahuris ? Huit ans après, je ne comprends toujours pas : ne fallait-il pas agir AVANT le premier tour, et surtout pendant le dimanche fatidique ? Ne fallait-il pas se mobiliser pour que l’abstention ne sabote pas le décompte des voix ? Je ne comprendrai jamais... Mais je dois être trop con pour comprendre apparemment.

Et puis finalement, il y a moi, la baballe bizarre, qui se lance d’elle-même contre des murs, rebondit sur des thèmes parfois éculés, parfois dérangeants, n’hésitant pas à décevoir, émouvoir ou plaire, parce que finalement, si la vie n’est faite que de rebonds, autant qu’ils soient les plus hauts possibles, simplement parce qu’il faut reconnaître que « vue de haut, la Terre est vraiment belle »...

20 août 2010

J'ai failli oublier

Et l'univers des jeux peut inspirer les musiciens!

Et


Il n'y aurait pas comme des points communs?

Tout autre chose

Suite à un surf hasardeux, je suis tombé sur ces deux introductions à une série qui, si elle parvient à réunir tous les financements, devrait être produite sous peu. L'idée originale? En 1945, les Nazis envoient une flotte de soucoupes volantes vers la Lune. En 2018, les Nazis reviennent de la face cachée de la Lune pour se venger!

Rien que l'idée me fait frémir, et le tout me semble particulièrement bien ficelé!
Alors regardez avec attention, et allez sur le site officiel pour suivre ce projet plus que prometteur.

PS: pour une fois que c'est une production hors des majors... On ne va pas se plaindre!
Site officiel de la future série Iron Sky (en Anglais)


Pour la horde !

C’est amusant. Je passe des heures et des heures à pratiquer ce loisir, à y rejoindre quasiment chaque soir une amie, et pourtant je n’ai jamais parlé (sauf erreur de ma part) de ce jeu qu’est World Of Warcaft. Je ne compte pas en faire l’éloge ou la critique, car, mine de rien, ce produit est devenu si célèbre qu’il touche toutes les couches sociales, et tous les âges de joueurs. D’un contenu tellement riche qu’on en remplit des encyclopédies, des possibilités sans cesse renouvelées, cela doit forcément avoir un intérêt pour que je sois encore à jouer à ce truc, plus de quatre ans après avoir commencé ! Je dois être cinglé. Ceci étant, vous pouvez tester le jeu « gratuitement » (en gros, vous téléchargez, vous essayez sept jours sans payer, et une fois bien accroché, vous casquez l’abonnement. Je me suis fait avoir avant vous, donc prudence !). A vous de rechercher le lien qui va bien chez Blizzard, je ne veux pas être tenu pour responsable si votre copine/épouse/fiancé(e) vous largue en gueulant « Marre que tu passes plus de temps sur le PC qu’avec moi ! ».

Mais si je ne parle pas du jeu, alors pourquoi aborder ce thème ? C’est contradictoire, n’est-ce pas ? Hé bien, pas du tout je trouve. L’aspect ludique a été maintes fois décrit sur les sites spécialisés, décriés par les médias, encensés par les communautés de joueurs, donc refaire un bilan dessus serait aussi illusoire qu’inutile. Au mieux, ce serait de la redite, au pire, incomplet. Bref, ce qui m’amène à parler de Wow (le petit nom de ce bidule, souvent utilisé entre initiés), c’est qu’il permet de choisir son avatar, et donc une faction. Deux factions s’opposent : l’Alliance et la Horde. Fort bien. Classique, deux ennemis héréditaires, qui ne peuvent pas de piffer, et qui se castagnent à vue. Jusqu’ici, c’est presque la routine dans ce genre d’univers : les elfes contre les orcs, les nains contre les gobelins, les trolls contre les humains… Bref, un classique des classiques ! Alors que choisir ? A l’instant même où, pour la première fois, j’ai créé un personne, je me rendis compte qu’il n’y avait pas de toute à avoir. Vous voulez une preuve ?


A gauche, le bleu de l’Alliance : Mignon, limite à coller dans un bon vieux film de cape et d’épée. Un seul mot ? Burp !
A droite, le rouge de la Horde : Bourrin, tenant plus de l’étendard de bataille que du drapeau. Tout à fait mon style quoi !

Et puis là, je me dis « allons voir les personnages que présentent les deux factions, histoire de ne pas mourir idiot ».

Même constat :
Cliquez pour voir l'écran de création d'un personnage
La horde ? Des orcs, des taurens, des trolls, des bestioles qu’elles en ont une bonne bouille de brute épaisse !
L’Alliance ? Oh le mignon gobelin, oh la tronche de premier de la classe d’humain, oh le nain moustachu et affable !

BURP !
C’est décidé : je jouerai un tauren (un mélange d’humain et de taureau. Un truc cornu quoi), juste parce que j’ai envie de côtoyer des bourrins dans mon genre !

Et ça s’est confirmé. Quand on est préado, on rêve encore de prince sauveur, de princesse en détresse, et de tout un tas d’autres conneries qui vous bousillent une enfance aussi vite qu’un McDo vous flingue un régime. Alors, me voilà donc une bestiole cornue, massive, poilue, dotée d’un caractère de cochon, et qui plus est empestant sûrement comme un bouc !

Et puis, c’est le drame. On se met à douter de son choix d’avatar, en se disant « Moi aussi, au fond, j’ai envie d’être un héros tout gentil, rose bisounours câlin mimi trognon »... et l’on tombe sur ça...


POUR LA HORDE QUOI ! Du rock, du bruit, des tripes, du sang, des cadavres !

19 août 2010

Instrument de musique

Je me suis souvent posé des questions existentielles concernant le choix d’un instrument de musique. En effet, depuis que l’accès à la culture n’est plus réservé à une élite de demeurés pédants et prétentieux, tout gosse un peu dégourdi, et pourvu de parents de bonne volonté, peut se mettre à la musique. Les conservatoires sont d’ailleurs constructifs : location ou prêt d’instruments d’occasion, professeurs généralement sympathiques et motivés, le môme qui veut apprendre peut alors, sur son temps libre, s’enfourner les gammes, le système diatonique, et espérer, à l’adolescence, faire le malin sur sa guitare en enchaînant les premiers accords de hôtel California des Eagles. Ah ça, ça a de la gueule, de pouvoir balancer une mélodie en plein milieu d’une réunion de potes. Et puis, on a la classe, avec la guitare sur le dos. Personne ne se paierait la fiole de Keith Richards, ou de George Brassens.

Et pourtant…

Qu’on m’explique ce qui a pu traverser l’esprit mal formé d’un mioche quand il annonce à ses parents « j’veux faire du trombone », ou encore « J’ai envie d’apprendre à jouer du bombardon ». Bordel ! Déjà que le supplice du mouflet martyrisant son instrument lors de sa phase d’apprentissage relève des plus subtiles tortures du KGB, si il faut qu’au surplus ce petit tordu vous choisisse un bidule obscur… Ce n’est pas possible, il y a forcément une explication rationnelle à ces choix hallucinants. Le piano, je vois bien : c’est la classe, ça fait tourner les têtes, et puis un piano droit dans le salon, même chez le prolo désargenté, ça en jette. La guitare, c’est encore le must, le truc qui jamais ne se démode. Que le môme massacre les classiques de la chanson française, ou s’échine à tenter les solos de Van Halen (en vain, bien sûr), la guitare offre la notoriété d’un instant, et en plus, elle se transporte jusqu’en vacances. Ca n’a l’air de rien, mais si le mouflet devient fainéant, il n’aura pas l’excuse de ne pas pouvoir emmener son instrument pendant les vacances d’été. Efficace, et pédagogique. Mais le morpion, là, celui à la mèche rebelle, il a quoi dans la fiole pour demander un violoncelle, ou encore une mandoline ?!

Je crois que le futur Mozart hérite des désirs castrés de ses parents. C’est obligé. Un môme n’a PAS envie de savoir jouer de la trompette. A six ans, on ne fait pas des bonds en entendant parler de Louis Amstrong. Un gosse, à six ans, ça n’apprend pas la clarinette pour faire comme Sidney Bechett ! A six ans, on a, au mieux, envie de savoir jouer du Henri Dès, ou à défaut, des trucs que nos parents écoutent en boucle. Alors pourquoi diable irait-il jouer de la viole de gambe, le petit salopard ? Parce que ses parents rêvent d’un artiste, mais pas un chevelu crado qui va ensuite jouer sa « musique » dans les couloirs du métro. Le violon, c’est quand même plus classe que le type qui gratouille Stairway to heaven métro Barbès. Alors, ces damnés parents, sadiques, martèlent le crâne mou de la fontanelle du gosse, en lui disant que c’est bien de savoir jouer du saxophone, que ça fait classe de savoir jouer du Bach, du Mozart ou du Haendel, alors que le mioche, lui, aurait juste aimé faire quelques notes pour se marrer.

Je suis convaincu que cette projection massacre énormément de vocations. D’ailleurs, je serais curieux de savoir combien abandonnent, une fois arrivés à l’adolescence. Parce que le bazar encombrant et bruyant, jusqu’au collège, pas de souci, mais une fois goûté aux petits groupes de potes pour « faire un bœuf », difficile d’aller dire à ceux qui font du punk « Dites, y a de la place pour un joueur de clavecin ? ». Ridicule. Sans compter qu’un enfant et discipline, c’est comme associer dans le même propos intelligence et raciste. De là, c’est quand même navrant d’imaginer tous ces beaux instruments, payés à prix d’or, finir dans des brocantes, ou au grenier pour prendre la poussière. Les dépôts vente regorgent de ces instruments dénigrés et oubliés, et attendent parfois longtemps un repreneur de bonne volonté… jusqu’à la prochaine revente.

Mesdames, messieurs, foutez la paix aux gosses. Donnez leur la chance de choisir à l’oreille, en leur faisant savourer quelques beaux morceaux, de sorte à ce qu’ils prennent connaissance de la musique. A six ans, on ne connaît rien à la musique, si ce n’est celle des émissions de télévision, et celle des disques de papa ou maman. Alors, arrêtez de les faire chier avec vos fantasmes de grand musicien, parce que pardessus le marché, si par malheur le loupiot s’avérait être un virtuose, aussitôt la morale bourgeoise se manifestera pour lui dire « la musique c’est bien, en vivre, c’est mieux. Alors tu finis tes études et tu fermes ta gueule avec tes rêves de festival rock dans la Creuse ». Choisissez : vous les voulez musiciens, oui ou non ? Si oui, alors aidez les à s’accomplir, et pas à les tenter d’un côté, pour les castrer de l’autre.

Bonne musique à tous !

18 août 2010

Révolutionnaires de canapé

La mode est à la contestation, à la critique permanente des « élites », des scribouillards, des entreprises, de l’argent, des traders, bref, de tout ce qui s’avèrent être des symboles de notre monde moderne. Entre un Internet diabolisé (pornographie, pédophilie, pirate…), et une communication mal maîtrisée, au quotidien, par nos élus, il y a de quoi exacerber certaines frustrations. Alors, on communique sur les salaires scandaleux des sportifs, sur les malversations des patrons, et l’on met le tout, servi tiède et fade, sous le nez d’une foule qui a pour principale préoccupation de savoir de quoi demain matin sera fait. C’est tellement plus simple d’occuper une foule avec des « affaires » souvent bidonnées, souvent tronquées, et jamais correctement expliquées, que de la laisser s’inquiéter des vrais problèmes de fond.

Depuis que j’ai conscience des choses, j’ai toujours entendu des discours révolutionnaires. Le « ça va péter, je vous le prédis » est un récurrent, à tel point que j’en suis venu à me demander s’il ne s’agit pas là d’un simple slogan, plus que d’un désir réel de remettre en cause le fonctionnement de notre société. Ah, cette jeunesse imberbe qui idéalise la révolution, qui voit en l’anarchie une solution à l’oligarchie et à la ploutocratie ! Que tu es belle, dans tes espoirs enfantins, à porter le ruban rouge contre le Sida, le signe de paix, et le « no future » des punks d’antan ! Et pourtant, c’est toi, jeune con avide de libertés qui, dans vingt ans, votera pour un discours sécuritaire et outrageusement populiste. Et ce n’est pas nouveau d’ailleurs : le mai 68 des élites fut un pet dans le vent, car ces mêmes élites sont celles qui nous dirigent, gèrent le capital, et pressurent sans vergogne l’ouvrier. Alors l’idéal révolutionnaire, vous savez, c’est comme la mayonnaise : elle assaisonne correctement les plats, mais ça se garde très mal, et puis ça n’est pas la panacée pour les vrais grands plats.

Je raille cet esprit révolutionnaire, mais ce n’est pas dans l’esprit de me moquer des espérances qui s’évaporent. Au contraire, je tiens à ce que ces rêves perdurent, car certains continuent à y croire, même après la désillusion du quotidien. Pour peu qu’il y ait un anar’ parmi cette masse de fils de bourgeois qui continue à y croire, alors il n’y aura pas totalement eu échec des espérances de Bakounine. Ceux là, ceux qui portent encore la parole de la révolte, il faut les écouter, tout en prenant des pincettes bien entendu. Toute révolution n’est jamais bonne à prendre, car la révolution n’a jamais menée qu’à la guerre, puis à la dictature. 1789,1917, les révolutions violentes finissent toujours en despotisme et en idolâtrie d’un « sauveur ». De ce fait, c’est la révolution en douceur qui doit s’amorcer. Gandhi avait raison : la violence ne mène qu’à la violence, et la révolte passive a fonctionné, du moins un temps, en Inde.

Malheureusement, là je parle de convaincus, de vrais, de purs idéalistes. Mais combien de révolutionnaires de canapé qui gueulent à qui va devoir l’entendre, qu’ils veulent la révolution ? A tous ces abrutis, à ces ramollis de l’opinion impersonnelle, je vous dis merde. Vous salissez ceux morts sur les barricades de la commune, vous outragez les mémoires de ceux qui se sont battus pour un avenir meilleur. A vous tous, abreuvés de télévision malsaine, de malbouffe, gavés par les journaleux prompts à vous vendre des opinions mâchées et incomplètes, je vous conseille promptement de changer de crèmerie et au plus vite. Le monde va mal ? Mais il s’est toujours mal porté. Le capital, la dictature du bien pensant, le pouvoir des despotes, l’oppression policière, ce ne sont pas des nouveautés ! Il y a toujours eu quelque chose pour opprimer, comprimer, et censurer les idéaux. Faites vous vos opinions, mais cessez donc de vous contenter de celles qu’on vous sert au 20 heures bordel !

Pratique, cette tendance à noircir tous les tableaux. Une entreprise disparaît, on vous en fait des tonnes pour que le péquin moyen ait la trouille pour son job. Une crise sanitaire apparaît, et hop dans la foulée on fout la pétoche à grands coups de slogans parlant de nouvelle peste et j’en passe. On parle d’immigration, et voilà qu’on nous montre les campements des roms, qu’on nous parle d’un durcissement de la politique de répression des sans-papiers. Anxiogènes ? Pas seulement : cela permet aussi de pousser une part de la population vers une révolte contenue, une révolte juste verbale et inactive. Alors, cette même part de révoltés se contentera de ne pas voter, soutenant ainsi les extrémismes les plus nauséabonds. 2002 ? Les gens ont réagis, poussant le pseudo ras-le-bol jusqu’à l’abstention massive. Résultat des courses : pas de révolution, pas de barricade, mais un Le Pen au deuxième tour. Merci qui ? Les révolutionnaires de canapé.

Merci à vous, les trous du cul du monde, les nombrils du peuple. Merci à vous de nous donner les élus que l’on mérite, de nous donner les lois auxquelles on a le droit. C’est ainsi, grâce à vous, que nous pourrons, un jour peut-être, rêver, en parlant au passé, de nos libertés perdues. L’action, elle ne se fait pas que dans le salon en sirotant une bière. C’est aussi en se déplaçant pour voter, c’est en s’instruisant, c’est en réagissant, en argumentant. Il faut oser parler aux autres, exprimer et défendre son point de vue. Militer ? Oui, si c’est avec conviction. J’ai refusé de prendre la carte d’un syndicat pour lequel j’ai été élu dans mon entreprise. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas voulu de leur étiquette. J’ai revendiqué, à mon niveau, que je voulais agir dans le bon sens. Pas pour la place, pas pour le statut de « protégé ». En refusant ma carte, j’ai refusé la protection du dit syndicat. Vous n’êtes pas tenus à adhérer à un parti, à une doctrine. Au contraire, soyez critiques, jouez l’alternance, mais uniquement en connaissance de cause.

Votez.

Le courage, c'est une qualité rare

Regardez cette vidéo, puis lisez la suite de l'article.


Etonnant? Surprenant? Ce ne sont pas les mots aptes à décrire cette prestation. Il a simplement démontré que la volonté fait tout, que le courage est une vertu propre à forcer le respect.

Allez sur l'article, et lisez son histoire. c'est une leçon de vie.

L'article source, sur premiere.fr

17 août 2010

Naturalisation

J’ai choisi de séparer le thème de la naturalisation du texte d’hier, parce qu’il m’a semblé être une étape à part entière. En effet, trop de gens pensent qu’il ne s’agit là que d’une étape administrative, que d’un vulgaire moyen d’être « dans la norme », et surtout de s’épargner bien des tracas administratifs. Or, c’est bien plus, c’est quelque chose qui dépasse probablement la majorité des gens n’ayant jamais eu à se poser de questions sur ce qu’est une identité. Le « qui suis-je ? » n’est pas une question anodine. Qu’est-ce qui nous définit, si ce n’est cette identité ? Où suis-je né ? Quelle est ma patrie ? Je reprends donc l’histoire de mes parents, et la mienne...

Nous avions enfin ce titre de séjour permanent, sésame garantissant un peu de quiétude pour les immigrés. Il y a trois choses qui sont essentielles dans la vie de l’immigré : le passeport, la carte de séjour, et le numéro de sécurité sociale. Nous devions toujours avoir la possibilité de prouver que nous n’étions pas des clandestins, que nous travaillions, et que nous étions en règle à tout point de vue. Quel effet bizarre d’être systématiquement codifié « 99 » pour tout ! 99, nombre des étrangers, 99, code pour que tout fonctionnaire puisse, en un regard, faire le tri entre ceux nés Français, et ceux nés étrangers. Et ce 99, c’est la seule chose qui perdure, même si vous obtenez la nationalité française, car on ne change jamais de numéro de sécurité sociale. Quoi que vous fassiez, à vie, vous êtes un 99.

Portugais, Africains, Yougoslaves, nous étions tous des 99, bossant et trimant chaque jour pour gagner de l’argent, et souvent en envoyer une partie au pays. A l’époque, nous étions le tiers monde de l’Europe, des pays soit arriérés, soit en pleine dictature, voire les deux. On se reconnaissait, on discutait de tout et de rien, profitant d’un café dans un bar hors d’âge, où le patron avait autant de franc parler que les clients. Drôle d’époque où le policier pénétrait dans le bistrot et buvait le canon avec les potes, où la patronne causait aussi rudement que les pires des charretiers. On échangeait les billets, les pascal, on rêvait de construire une maison au pays, ou plus proche de soi, d’acheter sa première voiture d’occasion. Et on se saluait « Salut le yougo », « Salut le portos », avec tendresse et affection, sans le côté péjoratif que cela a pris aujourd’hui. Nous étions les 99 de la France, ses ouvriers, parfois même ses larbins, mais nous vivions.

J’avais une identité ? Moi ? Oui : né Yougoslave, ayant choisi la France pour vivre. Puis, peu à peu, la politique a fait que je vis mon pays se déliter et s’engager sur la voie de la guerre. Un jour, feue ma mère nous appela, et nous annonça que mon fils aîné était appelé pour faire son service militaire. Ce n’était plus la Yougoslavie, c’était déjà la Croatie, une Croatie en guerre, se battant pour obtenir son indépendance. Il était en France ! Pas là-bas ! Pourquoi devoir choisir entre sa terre d’origine, et celle d’adoption ? Je choisis, avec ma femme, de prendre la nationalité Française pour nous et nos deux fils. Pas question qu’ils aillent se faire tuer pour une terre qu’ils ne connaissaient que de très loin, à travers la vie de vacanciers chaque été. Si j’avais été sur place, alors moi, oui moi, et moi seul serait allé au front, mais pas mes enfants. Notre sort à tous les quatre tenait à ce changement de nationalité, à ce choix définitif de prendre une autre identité. Devenir Français, ça ne fut pas un choix aussi évident qu’on pourrait le croire ! Je ne voulais pas perdre mon identité, je voulais rejoindre la nation France, pour sa force, sa beauté, sa richesse, et pour prendre des décisions telles que voter pour mon maire ou mon président. A tout bien réfléchir, j’avais vécu sous le régime de plusieurs présidents, mais jamais je n’avais pu ni les choisir, ni avoir le droit d’en contester l’accession au pouvoir. N’avais-je pas quitté la Yougoslavie parce qu’elle n’offrait justement pas de choix ?

A l’époque, le passeport Croate n’était pas encore prêt. Nous étions encore Yougoslaves, et notre document d’étranger tenait en un carnet gris argenté, frappé en son centre de l’étoile rouge. Extrêmement discret, face aux autres documents officiels ! De bureaux en bureaux, ce fut la valse des formulaires, certificats, actes de naissance et j’en passe et des pires. Je me souviens même qu’on osa me demander ma religion, extrémisme d’une politique scandaleuse de la part d’un ministre de sinistre mémoire. Par chance, mon refus de remplir cette partie ne fut pas problématique. Je pense même que les fonctionnaires derrière leurs bureaux se moquaient que je sois catholique, juif, ou musulman. Patiemment, nous attendîmes que notre sort soit réglé. Entre-temps, la Yougoslavie n’était plus, et la Croatie pas encore reconnue. Apatrides, inconnus au bataillon, avec passeports valides nulle part ! Ce fut difficile à avaler, qu’on puisse vous dire « vous n’êtes plus ressortissant de ce pays, puisqu’il refuse de vous considérer comme un de ses ressortissants ». Que de courses dans les ambassades, à quémander un formulaire traduit, à devoir tergiverser avec des gens se moquant éperdument de notre sort ! Ce fut usant, inquiétant. Rien qu’à l’idée que nous pourrions peut-être finir expulsés...

Puis un jour, nous reçûmes nos convocations pour aller au tribunal de grande instance. C’était fait ! Nous étions Français. De VRAIS Français, comme monsieur tout le monde, avec sa carte d’identité en carton crème, son passeport « RF », son livret de famille. La reconnaissance d’un pays pour les efforts que nous avions consentis pour y être intégrés, le remerciement d’une nation pour ses enfants qui, jour après jour, allaient à l’école et s’instruisaient avec sérieux, l’honneur d’avoir le droit d’être définitivement en règle, le devoir de participer à la vie civique de notre pays. Je dis avec orgueil mon pays, car la France, je l’ai adoptée, tout comme elle m’a acceptée en son sein. Je suis Français. Je ne suis pas né Français, mais je le suis devenu.

16 août 2010

Papi, c’est loin, la Croatie ?

En guise de préambule, j’ai décidé d’écrire ce billet après la lecture du blog de Doudette qui, fort intelligemment, parle d’intégration et fait raconter à ses lecteurs leurs histoires. La mienne, j’ai décidé de ne pas la réduire à quelques passages et réflexions, mais à un texte plus construit, et plus long aussi. De ce fait, je lui enverrai le lien vers cet article, en espérant que vous, en retour, vous irez lire ces anecdotes, ces moments où certains racontent ce que signifie « s’intégrer ». En une époque où la xénophobie devient une façon d’exprimer ses craintes, je crois qu’il est toujours bon de raconter, sans romance ni fard, ce que peut être la trajectoire d’un citoyen comme vous et moi. Enfin, plus comme moi je crois...
Une histoire d'intégration chez Doudette

On est arrivés sur le quai de la gare de Lyon. Comme tant d’autres, comme tellement d’autres gens qui, souvent par espoir d’une vie meilleure, ont atterris sur ce même quai. On était tous les deux, portant notre maigre bagage fait de quelques vêtements, de la vaisselle offerte pour notre mariage, et d’un billet de cent francs rudement économisés sur nos salaires. La France, ce pays inconnu, à la langue inaudible pour nous, les slaves, qu’offrait-il de si beau pour qu’on choisisse de quitter la Yougoslavie ? Simplement l’envie d’être libres, d’être libres de vivre, de penser, d’espérer, de donner un avenir à nos enfants à naître. Alors, c’est le cœur frémissant que nous avons trimballés nos bagages à bouts de bras, tirant et souffrant après d’interminables heures de voyage dans le Balkans express.

Que Paris pouvait être belle sur les cartes postales ! Elle semblait resplendir, être la ville des lumières, celle où l’on pourrait enfin envisager autre chose qu’être prisonniers d’un avenir déprimant. Sans connaître un mot de la langue, j’eus la chance de pouvoir travailler comme ouvrier peintre, ceci par l’entremise de l’oncle de mon épouse. Elle, grâce à ses cours de langue au lycée, elle put envisager un travail comme caissière dans une boutique de cadeaux. Il nous fallait travailler, sans relâche, sans compter ni les heures ni la fatigue. Il fallait réussir, quoi qu’il advienne de nous. Je ne voulais plus revenir en arrière. Nous avions jetés les amarres, et brûlés nos navires. Seulement, l’idyllique tableau dépeint dans les documentaires et autres revues ne sont là que pour berner le badaud, pour enivrer le touriste de passage. Nous, nous avons dû trimer, jour après jour, au point d’être brisés tant physiquement que moralement. Nous n’avions plus le choix, il fallait payer les factures, payer le loyer du studio, avancer, coûte que coûte.

Lorsque notre fils est né, nous eûmes énormément de mal à joindre les deux bouts. Il était malade, hospitalisé, et pourtant nous devions continuer à travailler. Moi, je ne connaissais plus le sens des jours tels que le Dimanche. Sept jours sur sept, la nuit parfois, je travaillais, ne rentrant que pour manger et dormir quelques heures. Elle, courageuse, elle courait de son travail à la maison, faisait le ménage, à manger, passait à la clinique, puis elle repartait, toujours en courant, pour reprendre sa place de vendeuse. Ce fut une vie de fous, de forçats, avec les poches plus souvent vides que pleines. J’eus à faire le choix entre la cigarette et le lait pour le petit, nous eûmes à choisir entre avoir un peu à manger et être constamment sur la paille. Chaque sou, chaque pièce était examinée avec soin. Dépenser ? Déjà que nous ne gagnions pas des masses... Alors, patiemment, nous économisâmes, dans l’espoir d’être mieux lotis, d’avoir notre part de réussite à la française.

Quand notre fils mourut, nous fûmes anéantis. Je parlais déjà un peu mieux le français, mais ce n’était sûrement pas suffisant pour tout comprendre de ces administrations où le vocabulaire vous dépasse, même en étant Français. Je choisis de m’abrutir de travail, de redoubler d’efforts. Ma femme, elle, agit de même, multipliant les ménages, les petits jobs, parce qu’il le fallait. C’était notre vie. Bosser, dormir, un petit peu, puis repartir à nouveau d’un chantier à un autre. La France, quel beau pays. Je n’avais aucune rancœur contre la France, car, peu à peu, je compris que nous étions plus que tolérés, nous étions acceptés par les autres. Les ouvriers se respectaient non pour leur origine, mais pour leur volonté à travailler. Et puis, il y avait aussi ces gens qui savent vous tendre la main. Jacques, ce patron qui me l’a tendue, qui m’a appris, jour après jour, à lire le journal, Pierre, ce voisin et ami qui jamais n’a oublié notre amitié, ou encore cette fonctionnaire anonyme qui, par charité et tendresse pour notre détermination, a décrété que notre dossier pour accéder à un appartement HLM était plus prioritaire que les autres. Comment en vouloir à la France ? Comment ne pas l’aimer ?

Nous avions toujours la peur que notre carte de séjour ne soit pas renouvelée, qu’on nous dise en substance « rentrez chez vous ». A chaque fois, c’était la rengaine de la course aux papiers, la présentation des fiches de paie, le suivi des paiements des loyers, des charges. Nous tenions tous nos comptes de manière aussi précise qu’une entreprise, conservant chaque facture comme autant de trésors. Notre premier canapé, c’est à crédit que nous l’avions achetés, parce que nos deux paies cumulées ne permettaient pas un tel luxe. Et nous l’avons remboursé, sou à sou, avec la fierté de nous dire que nous y sommes arrivés. Et patiemment, lentement, au rythme des mois s’enchaînant, des congés jamais pris ou rachetés en douce, des chantiers au noir, nous avons pu faire quelque chose de l’espoir d’être en France.

Quand notre deuxième fils est né, nous avions déjà énormément avancés. Enfin nous ne comptions plus les sous, enfin nous pouvions rêver d’un avenir plus doux. Et pourtant, nous n’avons alors pas changé de rythme de vie. Nous étions rodés, prêts à ces sacrifices pour que nos enfants n’aient pas à trimer. Fierté ? Oui, fierté que nos fils puissent envisager la France comme un pays de travail, d’avancée sociale, et pas d’une nation fermée, repliée sur elle-même et ses convictions communistes. Son petit frère suivit, et, lui aussi, put alors voir une vie meilleure, aller à l’école, étudier, et espérer, quelque part, ne jamais avoir à revivre ce que nous, immigrés, nous avons vécus.

Aujourd’hui, c’est une retraite payée rubis sur l’ongle qui me donne la chance de vivre. J’aime la France, mes enfants l’aiment tout autant. Mes petits enfants sont Français, et ils ne parlent pas le Croate. Peu m’importe pour le moment. Nous avions décidés que nos enfants parleraient Français avant de parler le Croate, car, au fond, ils étaient Français eux aussi. Droit du sol ? Non, droit d’amour pour une nation nous ayant offert plus que l’asile, plus que de l’argent. La France nous a offert une identité, une unité, quelque chose de beau et fort. Je suis né d’un sang Croate, dans un pays qui n’existe plus. J’ai vécu ma vie d’homme dans une nation qui m’a montré que sa devise n’était pas veine. Je vais certainement y mourir, et je ne sais pas si je serai inhumé ici ou là-bas. Ca n’a plus d’importance, j’aime la France et la Croatie à part égale. Je peux dire fièrement que ma famille, elle est ici. Je peux revendiquer mes amitiés en France. Je peux enfin dire que j’ai au fond du cœur une gare de Lyon, une gare où je suis arrivé, effrayé par le défi, et où je peux repasser avec fierté et nostalgie.

Merci à ces anonymes qui m’ont dit bonjour alors que mon accent était infect. Merci à ces gens qui aidèrent mon épouse à la maternité, à l’hôpital, sans se préoccuper que son passeport fut gris frappé d’une étoile rouge. Merci à ces professeurs qui jamais n’ont regardés de biais mes enfants parce qu’ils avaient un nom qui ne « sonne pas Français ». Merci à vous, Monsieur Jacques, parce que vous avez été un second père, honnête et droit. Merci à ces amis qui, jour après jour, me montrent que j’ai fait le bon choix. Et merci tous ceux qui savent aimer la France, la respecter, et lui donner de la grandeur...

13 août 2010

Je pensais grogner

Et dire que je pensais avoir envie d’une diatribe, d’un cri de colère récurrent sur l’attitude des internautes, sur l’exacerbation de leurs réactions... Puis je suis tombé sur ça.

Comment décrire ce que j’ai ressenti à son écoute ? Y a-t-il des mots suffisamment appropriés pour décrire ce que ce morceau a réveillé en moi ? Je me voyais déjà pourfendre les fascistes, les xénophobes, le con qui se croit plus malin que la moyenne, l’ordure qui ne respecte rien d’autre que lui-même, et là, Paul Personne joue, et j’oublie toutes mes colères. J’ai remisé mon flingue, il est là, dans sa boîte, bien loin de mes doigts. Paul Personne joue, et je suis simplement à rêver, l’envie de fermer les yeux se fait sentir. J’imagine des situations que je pensais oubliées, je me souviens, je revis le passé, j’extrais de terre trop de souvenirs qui se bousculent et se mélangent. Nostalgie ? Regrets ? Tout est mélangé, et qu’importe ce qu’il se passe autour, je me replie sur moi-même, revivant des moments intenses, enivrants, durs pour certains. Moi, en quelque sorte, couchant enfin sur le papier des instants que j’arrache à mon propre passé.

Il y a ce souvenir, cette fille dont on ne peut que tomber amoureux, avec son sourire encore juvénile, avec la queue de cheval qui ballote quand elle court pour rentrer chez elle. Il y a ces pas sous la pluie, à quelques distances, parce qu’on a pas envie de l’aborder, de peur de ne pas être à la hauteur, ou parce qu’on sait qu’elle ne pourra pas passer à la maison. C’est ainsi. On reconnaît alors la rue, les voitures qui aujourd’hui doivent orner les casses, ou être déjà recyclées, il y a ces vêtements démodés qu’on a portés avec fierté, et ce cartable toujours trop lourd qui tire sur le bras et que l’on maudit d’avoir à trimballer aussi loin de chez soi. Est-ce qu’on l’observe, la traque ? Non, elle, comme le souvenir, on ne le suit pas, il prend le chemin qu’on est tenu de prendre pour vivre, et puis, enfin, quand arrive le carrefour où elle tourne à droite, on continue tout droit. Seul. Enfin, seul, pas tant que ça, car on se sent accompagné d’une présence qu’on aimerait permanente.

Il y a aussi ce moment de solitude intense. Ce moment où l’on est assis dans le train de banlieue, la nuit, seul dans le wagon. La tête posée contre le carreau, je scrute l’extérieur détrempé par la pluie d’un automne qui hésite à devenir hiver. Les halos jaunes sont sales, ils transpirent à travers les gouttes qui glissent sur la vitre. J’entends dans le casque une de ces mélodies tristes où un type parle d’amour, de tendresse, d’abandon. Comme s’il savait ce que cela fait, d’aimer sans avoir la chance de sentir ce sentiment être partagé ! La vie est identique à elle-même, dégueulasse, grise, sentant le reste de sandwich abandonné sous une banquette, l’urine d’un chien qui s’est soulagé sur le quai qu’on vient de quitter, le bitume glacé et souillé d’une existence entre quatre murs. Et l’on se sent bercé, enfin, on espère l’être un peu. Le trajet se prolonge alors, interminable, et l’on fait tout pour ne pas penser au visage de celle que l’on vient de quitter. Encore un échec, habituel, ordinaire, de ceux qu’on vit tous au moins une fois dans sa vie. Mais cela ne donne pas envie d’y songer avec tendresse, on est mélancolique, on se demande où l’on n’est pas assez bon pour l’autre. Puis finalement je descends du train, composte le ticket dans le tourniquet, et je change de morceau, parce que j’en ai marre d’avoir envie de verser des larmes.

Il y a le trou, la fosse qu’on regarde avec circonspection, qu’on analyse dans ses dimensions. On voit une foule d’amis, de proches qui soutiennent les parents du défunt. On entoure le disparu de soins devenus futiles, on salue une boîte fermée avec soin, et j’ai comme une envie de chialer. Ils se tiennent la main, d’autres s’effondrent, et certains se réfugient derrière des lunettes de soleil. Il fait beau, une beauté glauque, un soleil cruel qui aurait mieux fait de se cacher, au lieu de provoquer transpiration et malaises. Et je jette de l’eau sur la fosse, je fais un signe de croix, et mes larmes coulent. C’est laid, cette beauté arrogante qui se moque de chacun de nous. C’est laid, ce sentiment d’être incapable de faire quoi que ce soit pour soulager la peine des autres. Alors on se tait, on serre des mains, on soutient physiquement celles et ceux qui ne peuvent plus résister. Et toute l’ironie de la Vie se voit résumée quand on quitte le cimetière. Chacun de son côté, en emmenant en soi le même sentiment, celui d’avoir échoué quelque part. Où ? Nul ne le sait. Peut-être à dire honnêtement je t’aime, ou à avoir admis sa propre faiblesse. Trop fiers, trop prétentieux, j’ai été de ceux qui tentent de ne rien laisser transparaître. Une façon stupide de se défendre contre la Vie, telle qu’elle est réellement. Simplement brutale, ordinaire, banale de cruauté.

Et puis il y a ce baiser enflammé dont on rêve pouvoir le donner, et qui reste pendu à nos lèvres. Il y a cette étreinte qu’on aurait aimé réussir à rendre plus fougueuse, il y a cette envie d’avoir un gosse qui vous prend aux tripes et qui vous frustre quand un couple passe près de vous. Il y a ce moment de douleur que l’on étouffe, parce qu’il est inutile d’aller se plaindre, parce qu’on se doit d’assumer, parce qu’on se doit de ne pas montrer ses faiblesses. Il y a ces matins où l’on se réveille, épuisé, hagard, où toute chose n’est qu’une source de désespoir. On s’accroche, on serre les dents, jusqu’à la prochaine fois, comme si, par miracle, tout pouvait changer quand on ne fait rien pour. Et puis, enfin, il y a cette voix qui vous dit « Si tu abandonnes, c’est que tu auras choisi de te laisser faire. Tu n’auras alors plus aucune raison de te réveiller ». Et elle aura raison. Alors, pour la détromper, lui prouver que je ne suis ni lâche ni faible, je me lève. Je marche. Je me rase. Je bois mon café. Je me détruis la santé avec ma première cigarette. Je regarde le miroir dans l’entrée. Je suis vivant, bien vivant. Mes souvenirs aussi. Tant pis pour eux.

12 août 2010

Musique stupéfiante

Les gens ne manquent vraiment pas d’air. Entre les sons que seuls les jeunes peuvent entendre, et la musique supposée pouvoir avoir des effets similaires à la prise de stupéfiants, on va vraiment prêter toutes les propriétés aux sons ! J’adore l’idée : collez vous le baladeur sur les oreilles, balancer « Lsd_Effets_psychédéliques.mp3 » dans les tympans, et en voiture pour le monde des hallucinations, le tout sans risque chimique (pas d’absorption de substances douteuses), avec probablement une forte accoutumance. A quand une vente légale de musique planante sur les grands réseaux de distribution ? M’est avis que Apple pourrait alors se targuer d’être un défenseur des plaisirs virtuels à travers une vente de ces musiques.

Plaisanteries mises à part, l’idée a tout de même de quoi séduire. La détention, la consommation et la vente de produits stupéfiants est interdite. Mais comment mettre la main sur un trafiquant de morceaux ? En contrôlant tous les médias numériques, ce qui comprend aussi bien le baladeur à la pomme de tata Fernande, que la clé USB du petit dernier, ou encore le téléphone mobile de monsieur tout le monde. Et de là, il faut donc une compétence technique pour aller piocher dedans, vérifier chaque fichier, s’assurer qu’aucun ne contient la ou les fréquences susceptibles de nous envoyer dans le monde des rêves. Un boulot de fourmi, inabordable par les agents qui ont déjà de quoi faire par ailleurs. Bon, c’est caricatural, car c’est en partant du postulat que cela fonctionne réellement. Franchement, je crois que les grands réseaux criminels se régaleraient d’un tel concept : achetez des CD pour vous défoncer sans risque d’être pris en flagrant délit ! Et que dire des éventuelles retombées thérapeutiques, pour aider les malades à soulager la douleur, ou encore pour se substituer aux drogues dures, ou en cure pour les maladies mentales ? Ce serait la fin de bien des dépendances, la possibilité de soigner sans altérer le corps, bref, de jouer la « médecine douce ».

Si l’on regarde un tant soit peu le principe, il s’agit d’user des fréquences musicales pour en générer d’autres dans le cerveau. Sur le principe, cela semble intéressant, voire même facile, puisque, après tout, il suffit patiemment de coller un type à côté un haut parleur, et de balancer des gammes jusqu’à temps qu’il présente des réactions anormales. Pour l’instant, je n’ai ni vu, ni même entendu ces fameux morceaux, donc je me garderai bien de rejeter en bloc leur existence et leur fiabilité, mais permettez moi de faire preuve d’une perplexité tout à fait normale. De la musique pour planer ? Mais chacun de nous est différent, et, mis à part une injection d’un produit dont les effets sont réellement connus, je doute que la simple émission d’une fréquence déterminée puisse réellement semer un tel trouble dans le système interne du cerveau. Quoique : on voit bien des gens se mettre à hurler, se rouler par terre, des midinettes se mettre à pleurer, ceci pendant les concerts d’un groupe de rock gothique, ou un spectacle d’une star sexy et éphémère…

Mais cela ne semble pas être une plaisanterie pour autant. Nombre de médias abordent la question avec sérieux, et je pense que les systèmes de contrôle se posent des questions. Censurer de la musique ? A quel titre ? On différencie musique et drogues. Le média, le support ne peut pas être qualifié de drogue, seul le contenu le serait. Alors comment classer ces nouvelles opportunités de se démolir la tête ? Parmi les nouvelles molécules inconnues au bataillon ? En sachant que le mal (s’il existe) est déjà fait : la question fait le tour de la toile, les gens cherchent à savoir, si ce n’est à télécharger les fameux morceaux si sulfureux. Personnellement, je préfère éviter car, au mieux, c’est une arnaque, au pire, cela peut s’avérer tout aussi dangereux que la prise de vrais produits. Vous en doutez ? Pensez donc que si la façon d’opérer de ces ondes est réelle, cela veut dire que c’est notre corps qui produit alors les drogues supposées nous mettre en transe. Concrètement, c’est une altération sévère du fonctionnement chimique de notre boîte à gamberge ! Donc, à tout choisir... sans moi.

Enfin, et pour le moment, je crois que je peux dormir, et les douaniers aussi : ces études sont aussi vieilles que la notion d’enregistrement de la musique. Chacun a cherché à trouver des choses absurdes dans les disques (chants sataniques en passant un vinyle à l’envers, messages politiques dans les rimes d’un chanteur…), mais au final, rien n’a été prouvé d’autre que nous sommes tous sensibles à la musique, et que nous l’aimons parce qu’elle dépasse la simple réflexion. C’est sensoriel, inné, étrange, passionnant. Pourquoi aimer un chanteur plus qu’un autre ? Seuls nos sentiments, des choses dépassant complètement les notions de fréquence et d’analyse, nous dictent nos choix musicaux. Et c’est mieux ainsi... Imaginez une société qui se servirait des fréquences psychotropes pour nous amener à acheter des disques en masse.

Ce n’est pas comme cela qu’ils feraient pour réussir à vendre de la Star Ac’, par hasard ? Mais là je m’égare...

I-doser, la drogue musicale!(article en Français)
I-doser, le site officiel (en Anglais)
La sonnerie que les "vieux" ne peuvent pas entrendre! (article descriptif)

11 août 2010

Brutale séduction

Sous ce titre ne se cache pas du tout une réflexion concernant les femmes battues, même si, dans l’absolu, je trouve qu’on ne traitera jamais assez le sujet. Non, là je songe surtout à la surprenante alchimie qu’il y a entre la violence et le fait qu’elle devienne plaisante pour l’être humain. Comment diable une brute peut-elle devenir attirante ? Comment un monstre, un assassin en série peut-il susciter un amour inconditionnel ? Depuis que la médiatisation des crimes est devenue monnaie courante, avec par exemple Charles Manson (cliquez sur le nom pour voir de qui il s’agit), il est indiscutable que la violence fascine telle une ampoule attirant les papillons de nuit.

Comment analyser cela ? Difficile d’admettre que l’on puisse tomber « amoureux » d’un bourreau, d’un assassin, de lui vouer un culte ! Je pense qu’il y a de quoi réfléchir très sérieusement à notre condition d’être humain. En effet, si nous considérons la vie comme précieuse, et le respect d’autrui comme une règle fondamentale de la vie en société, force est de constater que cet esprit altruiste est à géométrie variable. Donner l’ordre de tuer au front, est-ce une marque de respect de l’humanité ? Devenir bourreau lors d’un bombardement, ou encore tenir le fusil lors d’un peloton d’exécution, sont-ce des aptitudes naturelles à l’homme ? Hélas oui. Nous faisons varier notre moralité en fonction des conditions. Prenez la peine de mort : dans l’absolu, il s’agit là d’un châtiment extrême, atroce, expéditif. Posez la question à votre entourage, vous serez alors confrontés à deux doutes : le premier, de savoir « la peine de mort pour qui ? » ; le second, de vous demander « Seriez-vous alors capable d’appliquer la sentence ? ». Certains iront répondre à la seconde question, sans frémir, un oui irrévocable et dénué de doute. Effrayant.

La violence fait partie intégrante de toute forme de vie. Il faut survivre avant de vivre, il faut résister aux éléments, aux prédateurs, aux « autres » au sens large du terme. Dans une société où la sociabilité est un pilier, cette violence est devenue plus insidieuse. De guerres et duels, il est resté l’agression verbale, la représentation homérique de la violence par les médias et la littérature, et notre exutoire moderne des jeux vidéo permet à beaucoup de s’adonner à la violence, sans avoir pour autant mauvaise conscience. Il est d’ailleurs particulièrement fascinant de voir l’impact du stress et de la violence graphique sur les joueurs : sueur, respiration haletante, tremblements, sursauts lors de moments « effrayants »… Tout l’attirail des réactions physiques qu’on aurait crûes réservées à la réalité, et non à un simple jeu. Cela démontre aussi une capacité à s’impliquer fortement dans les moments de brutalité. Il n’est pas rare, hélas, de voir affluer les témoignages (souvent involontaires) de la part de joueurs dont l’addiction les pousse à tenir des propos haineux, à insulter leurs camarades, surtout en cas de défaite. Exutoire mal assumé ? Plutôt réalité pervertie par des esprits faibles se raccrochant à des victoires éphémères.

Au quotidien, cette violence n’est majoritairement qu’esthétique. On pousse même le vice jusqu’à rendre la chose impersonnelle, notamment à travers les médias d’information. Le journal télévisé, grand messe du repas du soir, s’avère être un expert dans la présentation de la brutalité de manière peu édulcorée : sang sur les trottoirs après un attentat, le cercueil d’une victime sur les épaules des amis et voisins, ou encore la rediffusion en boucle des attentats du 11/09. Est-ce nécessaire ? Notre violence personnelle s’est muée en voyeurisme malsain, où toutes les formes de violence sont réduites à de l’artificiel, du « plat » à travers la télévision… Mais pour certains, cette pseudo fiction finit parfois par devenir la réalité, celle qu’ils veulent mettre en place. Nombre de méthodes d’embrigadements passent par la vidéo, la diffusion perpétuelle d’images sanglantes, de thématiques bien connues, ceci dans le but d’enfoncer dans la tête des recrues le message « Nous défendons une noble cause ».

L’empathie, la passion, l’amour, tous les sentiments forts de l’humanité peuvent être pervertis, car ils sont souvent exacerbés et intransigeants. En usant de l’amour, un jaloux peut devenir une brute, alors que, paradoxalement, il aime profondément sa femme. Une femme, poussée au désespoir par un amour non réciproque, pourra aller jusqu’à tuer l’objet même de ses sentiments. Enfin, la violence retournée contre soi-même est souvent la dernière des solutions, quand toutes les autres ont été épuisées. Nous sommes tous ainsi, fascinés par le pouvoir de la destruction, de la haine, du meurtre. Nous évoquons même la question avec une étrange légèreté, tant nous sommes devenus impassibles devant le défilé des scènes d’horreur autour de nous. La violence urbaine, si elle semble pourtant anormale, n’est qu’un des effets pervers de l’entassement de la foule. Prenez une population, barricadez la dans un périmètre à la réputation nauséabonde. Ensuite, oppressez la de diverses manières : présence policière, discours haineux ou caricaturaux. Enfin, observez ceux du dehors regardant ceux du dedans ; Vous obtenez alors les cités : des jeunes désoeuvrés à qui l’on ne prêtera jamais aucune confiance, à qui la ville n’offre qu’un panier de basket, au lieu de leur offrir des perspectives éducatives et salariales, qui, finalement, en guise d’expression, brûlera des voitures, car ce sera la seule chose que daignera passer les médias. Violence, haine, destruction. Cercle vicieux de la haine réciproque entre le gamin et le bourgeois effrayé.

Finalement, je songe aussi à ces femmes et ces hommes qui épousent des détenus. Loin de moi l’idée de juger de telles relations. Je me demande simplement si, pour certains des condamnés, s’il n’y a pas plus une passion morbide pour les crimes perpétrés par le détenu, plus que pour la personne elle-même. Effrayant ? Juste humain : les grands monstres de l’histoire ont fascinés, et fascinent encore les foules. Je ne les listerai pas, vous les connaissez tous, vous les retenez justement parce qu’ils ont été monstrueux. Aussi grave que cela semble être, c’est un fait indéniable : on ne retient pas les dictateurs, on retient ceux qui ont ajoutés la violence à leur attirail répressif. Et cela a toujours un pouvoir d’attraction sur les plus faibles, ou les plus fanatiques…

10 août 2010

La vulgarité

Il est d’usage d’associer la vulgarité à la foule, car, par défaut, nous l’estimons mal éduquée, mal dégrossie, et donc capable d’utiliser un vocabulaire des plus restreints. En guise d’expression orale, on lui prêtera donc plus volontiers des insultes que des propos construits, et ce n’est pas les médias qui se priveront de véhiculer une telle image, notamment concernant la jeunesse des banlieues. Du « Fils de pute » à la pelle, des mots tirés de diverses langues étrangères, voire même d’un argot local incompréhensible pour le béotien que je suis, la vulgarité semble être la chasse gardée des couches sociales les moins aisées. Et pourtant, si vous observez plus attentivement, il n’en est rien ! Le vulgaire, le mauvais goût est partout, et ni les riches, ni les nantis, et encore moins les prétentieux à la langue de bois ne sont épargnés par la vulgarité.

Vous ne me croyez pas ? Et dire que cela semble évident ! La vulgarité n’est pas seulement d’ordre linguistique, elle peut être éthique, morale, physique ou visuelle. Qu’on n’aille pas me dire qu’un politicien qui parle, sans frémir, d’immigration contrôlée, de politique sécuritaire, ou encore de « moralité » (alors qu’il patauge probablement soit dans l’adultère, soit dans une magouille financière… ou les deux tant qu’à faire !) n’a rien de vulgaire ! A les écouter, ces femmes et ces hommes aux costumes impeccablement taillés sont les garants de la morale et de la bonne tenue des choses. Comme disent les vrais charretiers « Mon cul ! ». Nous prendraient-ils pour des demeurés prêts à tout avaler sous prétexte que cela sort de leurs bouches ? Grossières erreurs, chers élus : nous ne gobons pas vos mensonges, vos vulgaires transformations de la vérité, nous les acceptons, à défaut d’avoir mieux à se mettre sous la dent. Malheureusement, c’est ce fossé creusé entre celui qui pense tout savoir, et celui qui sait que l’autre ne sait finalement rien qui fait, qu’à défaut d’une expression honnête et salutaire, nous mâchons de la vulgarité morale et politique à longueurs de journées. Affligeant.

La mode, ça aussi c’est du vulgaire en barres ! Entre la gosse tirant vers la morue qui n’a pas compris qu’un string dépassant d’un pantalon, ça n’a rien de sexy, et la vieille rombière qui, sous des litres de peinture pour façades craquelées, espère obtenir un visage plus présentable qu’un lendemain de bombardement à Berlin, il y a de quoi faire. Quoi penser de cet acharnement à créer des motifs absurdes, à choisir les couleurs les plus criardes, et surtout à les agencer de sorte à créer la nausée ? Nous sommes tous victimes de cette vulgarité, et cela ne manque pas d’être présent partout : la télévision, avec le défilé ses squelettes, pardon mannequins vêtus comme des berlingots ou des papillotes premier prix, les gens, qui, sous couvert de suivre la mode, se rendent ridicules, ou encore les magazines qui colportent ces horreurs. Quoi ? Vous n’êtes pas d’accord ? Et croiser un ado androgyne qui semble tout droit sorti d’un camp de concentration tant sa maigreur fait peine à voir, ça n’a rien de vulgaire ? Et ces quadras qui s’entêtent à se fringuer comme leurs gosses, ils ne sont pas ridicules peut-être ? Et puis, celle qui porte son tailleur Chanel rose bonbon… je ne la remercie pas non plus tiens !

Le parler crade, le vulgaire oral n’est qu’une petite chose parmi tant d’autres : on exhibe sans manière ni respect le corps des hommes et des femmes (alors qu’un nu, cela peut être très beau !), on fait de la femme un objet, avec le vocabulaire dégradant qui va avec. « Pute », « chienne » et j’en passe. Et ça, étrangement, on ne parle pas de vulgaire, mais d’effet de mode. Mais comme la mode est vulgaire, comme je l’ai précisé précédemment… Sans rire, dire des insanités n’a jamais été quelque chose d’anormal dans la langue. D’ailleurs, toutes les langues disposent d’atrocités auditives pour invectiver son voisin, pour lui rappeler que sa naissance est le résultat d’amours adultères, ou encore que son épouse n’est pas la dernière à le tromper. Bref, tout le monde peut devenir verbalement infâme, mais pour autant, est-ce que cela fait de chacun de nous des gens vulgaires ? Pas du tout ! Il est d’autant plus drôle de dire des atrocités qu’il peut s’avérer malsain de prétendre à ne jamais dire de vulgarités. Qui n’a pas gueulé, après s’être refait le petit doigt de pied contre un coin de meuble « Putain de merde ! » ? Qui n’a pas dit à sa voiture, dans un moment de colère noire « Saloperie de bagnole ! » ? Qui n’a pas lancé, à haute voix, un « Connard ! » à un autre conducteur ? Tout le monde le fait !

Alors, assez d’hypocrisie : préférez vous le « Veuillez agréer de ma sodomie la plus vigoureuse », ou bien un bien franchouillard, graveleux et vulgaire « Va te faire enculer » ? Je ris d’avance de la réponse !

09 août 2010

Destruction massive

Par le passé, j’ai déjà abordé la question de la bombe atomique sur Hiroshima puis Nagasaki. Atroce, inhumain, démesuré, le massacre de civils à travers ces deux attaques ne me laissa que peu de doutes sur la nature humaine. Ainsi, j’ai donc chroniqué l’après guerre, la façon de réduire à néant les bonnes volontés au profit des extrémismes, et donc d’inciter le retour à une situation terrifiante, celle d’une guerre en attente. Le Japon, aujourd’hui, commémore 65 années de souvenir de l’holocauste nucléaire, 65 années de course à l’armement, aux essais atomiques, à la dissémination anarchique de l’arme de destruction massive par excellence. A-t-on retenu les leçons de ce désastre ?

Nombre d’analystes posent l’équation militaire comme suit : envahir le Japon, sans lui avoir asséné un coup terrible, aurait mené à l’échec, ou du moins à un massacre et à une guerre d’usure. Exact. Calcul probant, si l’on part du principe que le Japon n’aurait pas capitulé en ayant la flotte Américaine à ses portes. De là, le « calcul par la terreur » a été appliqué : rasons deux villes de la carte, et validons par la même occasion le fonctionnement de la bombe atomique. Bilan : Hiroshima et Nagasaki. Si l’on y réfléchit, ces bombes auraient pu être utilisées en Europe, mais la décision s’est faite trop tôt, par la victoire Soviétique à l’est et par la chute de Berlin. Dans ces conditions, la bombe A n’aurait pas pu être testée de manière offensive si le Japon avait cédé plus tôt ! Ignoble, cynique, mais totalement fondé. N’oublions pas que le budget alloué au projet Manhattan fut colossal, à tel point que nulle nation ne pourrait, aujourd’hui, absorber une telle dépense. Pas même les USA (dans un contexte de paix s’entend, pendant la guerre, on ne compte plus les deniers de l’état…).

Où cela nous mène-t-il finalement ? A l’invraisemblable, à l’inepte, à la terreur mondiale. A rien d’autre. Tout comme pour Dresde, raser deux villes ne fut pas efficace militairement, ni même stratégiquement. La seule chose qui différencie ces villes martyrs, c’est que l’empereur a compris que les USA auraient utilisées la bombe sur d’autres villes, dont la capitale, jusqu’à ce que l’empire nippon cède. Sa capitulation fut donc une décision dictée par le bon sens ; le nihilisme a ses limites, limites que le IIIème Reich, lui, n’a jamais connue. Dresde réduite en cendres, le pouvoir nazi a tout de même continué à inciter à la résistance, utilisant de fait la ville martyre comme exemple de la barbarie des alliés. Efficace pour pousser à se battre toute personne capable de le faire. De ce fait, ce fut aussi la preuve de l’inefficacité de la terreur face à la propagande.

Et dire que la politique mondiale est aujourd’hui encore dictée par le nucléaire ! Armement, menace des missiles, crise Cubaine, essais à répétitions, désarmement, détente, effondrement soviétique, puis armement des nations du tiers-monde… finalement, chaque moment clé du vingtième siècle est tributaire, directement ou indirectement, de la menace atomique. Crise de Cuba ? Menace de missiles balistiques Soviétiques contre les côtes Américaines. Berlin-est ? Lieu de stigmatisation de la peur de l’armement du pacte de Varsovie contre les forces de l’OTAN en Europe. Crise Inde Pakistan ? Menace mutuelle de l’usage de la bombe, ceci permettant de « calmer » chaque camp… temporairement. Accession d’Israël au statut de nation nucléarisée ? Théorie de l’autodéfense contre les nations arabes entourant l’état juif. Naufrage des républiques ex Soviétiques ? Fin du financement des bases militaires par le pouvoir central, déliquescence de la gestion de l’arsenal nucléaire, corruption, revente de l’armement présent dans les casernes, et j’en passe. Irak ? Présence potentielle de la bombe entre les mains d’une nation devenue « politiquement ingérable ». Et ainsi de suite. La bombe a dicté la loi des années 19xx, elle dictera encore très longtemps les relations entre les puissances équipées, et celles n’en disposant pas.

Nagasaki et Hiroshima représentent pour moi la crucifixion de l’humanité, comme un parallèle écoeurant avec la situation de Jésus. Le peuple, représentant une possibilité de penser, d’être différent, d’être en accord avec chacun, se voit alors trahi par son plus proche contact : le gouvernement. De là, souffrance des peuples soumis à la torture, incapables de se libérer physiquement de l’oppression et du supplice, et pourtant libre de penser, de réfléchir, de rêver à un avenir meilleur pour tous. Et finalement, la mort ? La mort des peuples ? L’holocauste ? La fin du monde ? Puis, une renaissance ? L’allégorie est osée, provocatrice, mais proche de la réalité. Nous avons vécu sous le parapluie atomique, il est toujours là, prêt à anéantir l’ennemi en représailles de notre propre anéantissement. La violence des actes n’a jamais mené qu’à la riposte. L’impossible pardon pour l’atrocité est là, bien ancré. Le Japon est un pays qui, aujourd’hui, reste névrosé par ces deux abominations : films, dessins animés, littérature, souvenirs des survivants, tout rappelle aux Japonais que le nucléaire est une horreur. Tout rappelle au Japon qu’ils furent les premières victimes de la technologie atomique.

Et Dieu merci (ou merci l’humanité de craindre pour sa propre existence), ce furent les seuls. Jusqu’à quand ? Quand un autre fou prendra le pari d’utiliser la bombe ? La Corée du Nord ? Le Pakistan ? L’Inde ? La Chine ? Les USA ? La Russie ? Nous ? Qui osera presser le bouton pour déclarer ainsi, par une signature éternelle « J’ai décidé de réduire à néant l’humanité. Je me suis pris pour Dieu, qu’il me pardonne. ». Faites que personne n’y consente jamais !

Mon article (2006) sur Hiroshima et Nagasaki