31 juillet 2009

Congés

Alors...

Je suis en congés pour une période d'un mois. De ce fait, les mises à jour seront sporadiques, voire inexistantes sur le mois d'août. Bien entendu, je reviendrai plus aigri que jamais en Septembre, et je me ferai alors une joie de revendiquer mes amertumes par le biais de ce blog.

D'ici là, profitez de la relative quiétude que vous offre mon absence, et savourez chaque minute qui vous reste avant l'orage verbal.

Votre serviteur.

Frédéric / JeFaisPeurALaFoule.

30 juillet 2009

Erreur colossale

Qu’honneurs et décorations soient donnés à ces héros quotidiens, ces gens qui, anonymes, agissent pour le bien de la communauté. Vous les côtoyez sans les voir, vous entendez parler d’eux sans pour autant les connaître. Hé oui, ce sont des fantômes, des gens qui agissent sans l’ombre pour que notre société avance. Ils sont là. Nous comptons sur eux… Ce sont…

Rhaaaaa ! Je me suis trompé de bande son d’accueil dans mon cinéma intérieur ! C’est quand même pénible de subir ainsi ses propres constructions mentales. J’étais déjà en train d’échafauder une note sur l’héroïsme ordinaire de nombre de personne, quand mon regard s’est posé sur ces gens justement ordinaire. Bordel, quel choc ! Moi qui pensais leur dresser un autel garni d’offrandes, je sens que je vais remballer marteau et burin pour surtout ne pas leur tailler une statue glorificatrice. Les gens sont des sagouins, la majorité ignore tout du courage, et quand ils sont confrontés aux situations de crise, ils pratiquent la méthode lemming. Qu’est-ce qu’un lemming ? Un sympathique animal qui, de temps en temps, se met à migrer sans qu’on sache pourquoi, et qui tente de traverser des rivières et même des mers…

… Sans savoir nager.

Comme je le disais plus haut, j’allais me fourvoyer en vains compliments pour les rares courageux et déterminés qui considèrent leurs actions comme utiles, quant bien même sont-elles désintéressées et sans retour. Il suffit d’observer les rues et avenues pour s’en convaincre ! Un père courageux qui s’occupe de son enfant ? Ah, donc l’abruti de base qui laisse son chiard brailler dans un centre commercial, celui qui lui cogne une torgnole pour tout et n’importe quoi, ou encore celui qui se croit viril en poussant une gueulante à tout bout de champ… Que j’aime ces caricatures de parents qui, sous couvert d’éducation, se font plus bourreaux qu’éducateurs ! Et puis, pourquoi faire des gosses si l’objectif est d’en faire des souffres douleurs ?

Je caricature ? J’exagère ? L’anonymat prévaut énormément dans la brutalité ordinaire. Nous, tous autant que nous sommes, avons sous les yeux le naufrage systématique de notre conscience collective, et ceci au profit de l’individualisme forcené. Ah, ce sont vos voisins avec le petit dernier. Vous connaissez le prénom du gosse, vous ? Avez-vous déjà dépanné en sucre ou en café la voisine du dessus ? Nombre de personnes revendiquent d’habiter dans un « village urbain ». La bonne blague ! Ce n’est pas une fête annuelle des immeubles qui va tisser des liens sociaux entre des gens qui se contrefoutent les uns des autres ! Touchez vous le nombril, c’est sûrement la meilleure manière de vous rassurer de votre inutilité ! C’en est caricatural : chaque jour, des centaines de personnes sont roulées dans la farine par des escrocs leur promettant monts et merveilles, alors qu’elles se refusent à donner un sou à qui que ce soit. L’égoïsme est flagrant dans les deux cas, car à chaque fois c’est sur la cupidité que se basent ces montages fumeux ! Et nous serions donc des gens généreux ?

Certains iront me faire remarquer que nombre de professions nécessitent une forme d’abnégation, d’autant plus si la fonction a un aspect social. Fort bien : alors pourquoi nombre de métiers de la fonction publique sont aujourd’hui des postes « pour se planquer » ? La sécurité de l’emploi prime bien sur les convictions, non ? Et puis le gauchiste convaincu de pouvoir refaire le monde, pourquoi accepte-t-il alors de rentrer dans le rang et de bosser comme chaque mouton que nous sommes ? Par dépit, ou par lucidité ? Cessons un peu d’être des prétentieux, des auto-satisfaits de la conscience ! Nous sommes tous avides, cupides, égocentriques, et nos envies dépassent souvent nos possibilités. Est-ce de l’ambition ? Plutôt de la gourmandise finalement…

Alors, empiffrons nous, tant que la terre pourra nous nourrir !

29 juillet 2009

Petit malaise médiatique

« Qu’on me pende si je dis une bêtise ! », tel est le cri de l’âme désespérée par son environnement. Comme toute personne tentant, à tort, de faire réagir ses contemporains, cet oracle périra par lapidation, ou mieux encore, se devra de s’exiler pour exprimer son mécontentement auprès d’intellectuels tout aussi impuissants que lui à lever les foules. Hé oui, il est certain qu’observer le quotidien s’avère au moins aussi dangereux que de manipuler de l’uranium à mains nues.

C’est le cœur serré que j’ai écouté les commentaires concernant le malaise du président. Sitôt l’évènement connu, c’est une véritable nuée de sauterelles à appareil photo qui s’est ruée sur le Val de Grâce, tous empressés qu’ils étaient de détenir LE cliché du président malade. C’est quand même dingue, ce besoin de préparer la pierre tombale avant même que l’autopsie soit pratiquée, d’autant qu’il s’est avéré que le dit malaise n’était qu’un signe du surmenage du bonhomme. Qu’on en s’y trompe pas : la France est terrifiée à l’idée de perdre à nouveau un président en cours de mandat. Pourtant, l’expérience n’est pas récente, elle date de 1974 avec Pompidou ! Bon, il est vrai que de devoir réorganiser des élections, c’est chiant, mais de là à faire retenir son souffle l’opinion publique… Quelque part, je suis certain que ce sont avant tout les « vieux » des rédactions, ainsi que les reliquats de cet ère politique qui se sont montés la tête, et non pas le péquin moyen pour qui un malaise temporaire n’est rien de plus qu’un malaise, et sûrement pas une affaire d’état.

Ah, les vautours de la télévision, à l’affût d’un officiel entrant dans l’hôpital ! J’ai trouvé la situation médiatique hallucinante : minute par minute, les chaînes de désinformation lançaient une « minute spéciale » pour faire des bilans sans rien dedans. J’ai tout particulièrement adoré cette course à l’information, la présentation de l’annonce officielle de l’Elysée (mal censurée par ailleurs, les caches laissant apparaître des numéros de notification), l’interview de médecins qui n’avaient PAS auscultés le président, ni même eu accès à son dossier, puis enfin des explications du « malaise vagal » avec, à l’appui, moult animations 3D et j’en passe. Bon, le bonhomme s’est senti mal, par précaution on le fout à l’hosto, mais merde ce n’est pas non plus l’information du siècle ! Et puis, foutons lui la paix : c’est le peuple Français qui fut friand, des mois durant, de ses interventions tout comme de ses actions. A trop pressurer un homme, on ne peut que l’user, non ?

Je dois admettre aussi que la France a un don pour coller des présidents à la santé douteuse au pouvoir : Mitterrand camouflant son cancer à la face du monde (puis finalement qu’à lui-même, tout le monde ayant remarqué qu’il était amoindri par la maladie), Chirac avec des bilans de santé des plus obscurs, sans compter un président passant l’arme à gauche en cours de mandat. C’est dingue tout de même, cet acharnement à briguer des postes alors que la santé ne suit plus, à croire qu’ils se supposent tous suffisamment supérieurs au point de se supposer indispensables. Nul n’est indispensable, les cimetières regorgent de gens irremplaçables, et qui plus est la Mort, elle, ne croit pas à la pérennité de la personne. Nous sommes tous astreints à cette discipline mortuaire qui consiste à naître, grandir, puis claquer d’une manière ou d’une autre. Alors pourquoi diable ces décideurs s’entêtent-ils à défier la Mort en se prétendant « en bonne santé » ?

Que le président Sarkozy ait eu, ou non, quelque chose de grave, là n’est plus vraiment la question. La question est, à mon sens, de se demander si, avec une pathologie quelconque (sous entendu grave), il abandonnerait son poste à quelqu’un de valide. Aucun précédent est à noter dans la gouvernance de la France… Mais modulons : le président est du genre actif (trop bien souvent, mais passons le débat d’opinion), et puis, au fond, les Français se sont retrouvés l’espace de quelques heures, plus proches du président que jamais il ne le seront plus. Inquiétude, curiosité, tous les médias et réseaux se sont agités à ce sujet. N’est-ce pas là le contrecoup de notre passion pour l’information, même si elle se révèle inutile ? Je trouve que nous avons fait d’un malaise une montagne, et qu’au final tous ces journalistes capitalisent sur le voyeurisme des gens. Espérons que cela sera plus serein avec l’annonce faite par l’Elysée qui consiste à un engagement de fourniture d’un bilan de santé régulier. Et voilà : on fout donc Nicolas Sarkozy sous surveillance permanente ! Grandiose, en démocratie, non ?

28 juillet 2009

Grosse flemme

Il y a des jours comme ça... donc... à demain!

27 juillet 2009

L’augure

An 2000, 2012 pour les incas, chaque changement de siècle, les jours d’éclipse, l’homme a toujours craint les étapes dans son calendrier. Paniquant à l’idée d’une apocalypse annoncée par les astres ou les oracles, chaque civilisation s’est empressée de sacrifier poulets et jeunes vierges sur les autels des dieux pour s’assurer leur pardon. Amusante coutume que de poignarder les jeunes femmes vierges par ailleurs : et hop, on liquide la richesse génétique d’un peuple pour un bout de caillou au sourire improbable ! Comme quoi, le nihilisme peut devenir institutionnel…

Que l’on soit croyant, agnostique ou carrément athée, les échéances planétaires nous semblent être envisageables. Les uns collent ça sur le dos d’un jugement dernier divin, d’autres sur la chute d’un météore, et certains vont même jusqu’à envisager l’apparition d’un envahisseur à tentacules et à l’accent texan. Statistiquement, il est évident que la terre peut être sur la trajectoire d’un rocher gigantesque, tout comme la probabilité d’une autre forme de vie n’est pas nulle dans l’univers, mais de là jusqu’à trembler au moindre pet de travers de l’espace, il y a des limites, non ? La trouille séculaire du ciel ne s’est finalement pas évanouie avec l’avènement des sciences, loin s’en faut.

De toute façon, la science s’est donnée pour rôle d’être le nouvel épouvantail du monde : pandémies analysées au microscope, désastres écologiques mis en équation, tout est bon pour effrayer le chaland, surtout s’il est friand de chiffres et de tableaux abscons. Moi qui croyais que nous serions juste plus lucides sur notre monde, voilà qu’on se met à nouveau à frémir concernant des échéances dignes d’apparaître dans la bible. Amusant cinq minutes, pénible à la longue, d’autant plus quand de pseudo scientifiques vous gonflent le cortex avec des parallèles sur les oracles de l’ancien temps, et une « conscience » de l’Internet. Hé oui ! La toile serait notre nouvelle religion, où le dieu information serait omnipotent et omniscient. En toute franchise, quand je vois le nombre de conneries proférées à la minute (voire à la microseconde) dans le monde, je doute fort que ce « dieu » soit saint d’esprit… Enfin passons.

Le monde a une durée de vie limitée, tout comme les civilisations ne sont pas éternelles. Nous avons abandonnés le polythéisme, bannis nombre de croyances concernant la nature et les étoiles, mais pour autant, nous pratiquons toujours une forme d’obscurantisme des plus pénibles. Si le monde doit disparaître, nous serons tous aux premières loges, et ce n’est pas à ce moment là que nous serons en position de parler de regrets ou de remords. Invariablement, nous pourrions tous périr, et ce sans l’aide d’un météore ! Un bon gros volcan piquant sa crise, un tremblement de terre plus sévère que les autres, et hop, un hiver digne d’une apocalypse nucléaire ! Et dire qu’on farcit le crâne des gens avec une terreur illégitime ! Qu’on m’explique l’intérêt de coller la frousse dans la tête des téléphages, car techniquement, ils n’iront pas tous acheter un bunker climatisé pour autant !

Je suis passablement gonflé par les oiseaux de mauvais augure. Tous, sans exception, me braillent que je suis un criminel, que les bébés phoques c’est ma faute, que la fonte des glaces, c’est encore ma faute, et que je porte sur le dos tous les malheurs du monde. Hé, dites les crétins, êtes-vous des humains tout comme moi, ou des mollusques tout juste bons à être déversés dans l’aquarium d’un requin tigre ? C’est quand même fort ça, cette façon dont les bouffeurs de tofus, les amateurs de shamanisme aux neurones carbonisés par les stupéfiants, ou encore les voyants de tous poils, se dédouanent de leurs propres responsabilités. J’aime tout particulièrement les prédicateurs qui se font fort de faire la leçon aux foules, avec bien entendu la part belle au commerce « de proximité ». Eau miraculeuse, lectures conseillées et j’en passe, tout est bon pour que le chaland soit accroc aux méthodes du bonhomme. Comme quoi, la peur de la mort et de l’avenir font mieux vendre que toutes les réflexions positivistes sur l’évolution du monde.

A mon tour de jouer les sinistres devins : la terre sera détruite en 2007, le premier janvier…

On me dit à l’oreillette que la date est déjà passée ! ET MERDE !

24 juillet 2009

Ah au fait

Pour les esprits chagrins, ainsi que pour les avides de mes pérégrinations intellectuelles, j'ai eu une surchage (non pas pondérale déjà identifiée) de travail hier, qui m'a imposé le silence, ainsi qu'une incapacité temporaire d'écriture.

Merde, en me relisant, voilà que je cause comme un politicard.

Bon ok, je la refais:

Ca me gonflait d'écrire parce que j'avais trop bossé, et puis fais chier, j'étais crevé, et j'ai le droit de faire ce que je veux, vu que je ne suis pas payé pour le faire!

Merci de ne pas me jeter de tomates (et encore moins de patates, ça fait mal ces tubercules), et à lundi!

Frédéric/Jefaispeuralafoule

Qualitatif

C’est étrange, cette façon de quantifier toute chose sur terre… On se prend à vouloir tout mesurer, un peu comme si le mètre étalon pouvait faire des petits et ainsi représenter chaque étape de l’existence sous forme de graphique, ou bien de synthèse synthétique. Ne me demandez pas pourquoi, mais cette manie est de plus en plus envahissante, d’autant plus que cela touche tous les points de l’existence. Depuis votre naissance, jusqu’à votre mise en terre (ou en cendrier), chaque évènement dispose d’une table de référence prompte à vous fournir ce que vous coûtez, et si la façon d’opérer est rentable, ou tout du moins si elle n’est pas excessive. Nous ne serions donc que des séries d’opérations mathématiques, de lignes comptables, où tout bon gestionnaire pourrait trouver son bonheur.

Je hurle contre cette façon de voir ! Depuis quand peut-on quantifier la vie ? Oh, je sais, il suffit de se poser les bonnes questions, et tout humain peut être qualifié en terme de coût. Tenez, les militaires, eux, savent vous dire sans hésitation ce qu’un troufion coûte précisément chaque jour sur le front… mais de là à généraliser le concept… Quoique : la sécurité sociale, elle aussi, sait très bien vous dire que vous êtes un poids de la société avec votre cancer, que vous êtes pénibles à être myopes, ou encore à râler parce que vous voulez être pris en charge suite à une chute en skis. Admettons. On veut économiser l’argent, rationaliser les méthodes afin d’optimiser l’efficacité, mais cela ne me semble pas systématiquement pertinent, si ce n’est pour faire plaisir à un foutu comptable qui se moque de la qualité, et qui n’observe que la colonne « débits » de son livre de comptes.

C’est assez flagrant dans les hôpitaux d’ailleurs. « Fermeture du service obstétrique pour cause de rentabilité insuffisante ». Parce qu’un accouchement, c’est supposé être rentable ? Et notre fonctionnaire es analyste, il l’est, lui, rentable ? Observez donc ce parasite du tissu social, qui se gave de chiffres, vous vomit des bilans haineux à l’encontre du personnel soignant, et qui, en bout de chaîne, se plaindra de l’inefficacité du service des urgences qu’il aura préalablement réformé ! Un seul mot me vient à l’esprit en songeant à ce genre de monomaniaque du portefeuille, mais tant la décence que la politesse m’imposent le silence en ce lieu.

Oh et puis on s’en fout : CONNARD ! Oui, non pas Monsieur Connard, mais bien le connard, l’abruti primaire qui ne sait pas différencier la nécessité d’un service de proximité et le coût pour la collectivité. En parlant de collectivité, n’est-ce pas là le rôle des administrations, que de répondre aux besoins collectifs, et ce où que ce soit ? A ce rythme, autant sous-traiter la fonction publique, et donc fermer les mairies en campagne, faire disparaître la gendarmerie en montagne et j’en passe. Ce n’est pas caricatural, pas plus qu’il est logique d’aller raisonner en termes financiers dans ce domaine. Mais là, j’ai fait un énorme zoom sur un aspect de la mise en équation de la vie, allons jeter un œil sur la nôtre, d’existence !

Objectifs, résultats trimestriels, quotients de productivité, réalisés sur historiques, toutes ces notions touchent chacun de nous ou presque. Que de concepts pour simplement exiger de toujours plus produire, toujours plus économiser au détriment du service, et finalement dégrader totalement la perception de tout un tas de professions. De qui se moque-t-on ? Ce n’est pas en instaurant des objectifs intenables qu’une personne deviendra plus efficace, pas plus qu’un râlant sur le salarié tributaire d’un marché en berne concernant ses résultats. Les voitures se vendent mal en ce moment… et vous allez demander à un vendeur d’augmenter ses résultats ? Ca n’a pas de sens ? Alors pourquoi maintenir ce genre de pression sans efficacité ni intérêt ?

On me parle souvent de lisibilité de la santé des sociétés. Fort bien. Admettons donc qu’à l’augure de bons résultats en pourcentages, la clientèle est nécessairement satisfaite et les salariés payés au plus juste prix. FAUX ! Réduisez la qualité, réduisez les salaires, vous augmentez la marge… temporairement. Le client qui a deux sous de bon sens ira voire votre concurrent qui, lui, s’engagera avant tout sur la qualité finale de sa production. A quoi bon disposer d’un produit fini deux semaines en avance sur le planning, si le produit ne correspond pas à votre attente ? Cette façon de faire a coûté la vie à bien des entreprises prospères, tout comme elle incite aujourd’hui à revenir du modèle de la délocalisation. Tôt ou tard, il faut payer le juste prix de bout en bout, et rouler le client n’est pas la solution.

Ceci dit, je vois au moins un domaine où ce genre d’analyse serait judicieuse : la politique. On aurait bien besoin d’identifier d’un côté les promesses, de l’autre celles tenues, et de pénaliser chaque manquement. De toute façon, le politique a pour mission première de nous baratiner, ce qui par conséquent revient à dire « J’ai promis, mais la conjoncture/crise/cohabitation/inertie de l’administration m’impose de ne pas pouvoir le faire ». Commun, baratin, mais si efficace pour se laver les mains du mensonge…

Bons quotas les enfants, demain, si vous ne tenez pas la ligne de progression, vous serez envoyés au goulag !

Un retour au soviétisme barbare des déportations en Sibérie ? Meuh non… dans le Larzac ou la Creuse, tout au plus…

22 juillet 2009

Miniaturisation

C’est en regardant un de ces accessoires électroniques devenus vitaux dans le quotidien, que je me suis soudain rendu compte de sa taille ridicule. Hé oui ! La clé USB en question n’est pas plus grosse qu’une pièce de monnaie, et contient un volume équivalent à un DVD, ou bien à une dizaine de CD, ou plusieurs milliers de disquettes. Oui ! Les disquettes ! Vous ne connaissez pas ? Bon, rappel pour les deux ou trois morveux qui ne connaissent l’informatique que depuis l’avènement des galettes réfléchissantes, la disquette fut un média très employés par vos ancêtres, et fonctionnaient sur un principe non pas optique (le laser), mais magnétique (tête de lecture). Alors, en quelques années, nous sommes passés du « une photo par disquette », à « un millier de photo par DVD ». Fantastique, non ?

Dans l’absolu, c’est génial de miniaturiser, de réduire à outrance la taille de ces objets devenus communs… Mais si je pouvais tenir l’abruti qui a considéré que « plus c’est petit mieux c’est », je lui ferais bien voir, moi, mes godasses pointure 45 fillette ! Non, sans rire, quelle idée de TOUT passer à la moulinette des échelles ? C’est quoi ce principe où le téléphone doit venir inutilisable de par un clavier trop petit ? Certains modèles sont si peu ergonomiques qu’il me faudrait une aiguille pour aller presser les touches du clavier. Et qu’on ne vienne pas me tanner les esgourdes avec mes paluches de maçon, ou les bourres pifs vont se distribuer ! Rhaa les cons ! Faire tenir dans la poche c’est bien, permettre de s’en servir, c’est mieux !

Et tout est à l’avenant, sans pour autant que le prix soit en regard. Car oui, la technologie fonctionne à l’envers : plus c’est petit, plus c’est cher. Ainsi, un téléphone format timbre poste sera autrement plus cher que les lessiveuses semi autonomes que nous avons connus aux aurores de la téléphonie mobile. Et puis, ajoutez à cela la fumeuse idée de tout intégrer dedans, et vous aurez le cauchemar de tout ceux qui ne sont pas asiatiques, comprendre tout ceux qui n’ont pas les doigts taillés comme des baguettes chinoises. En l’occurrence, vous et moi, les Européens légèrement bouffis par l’inactivité et la malbouffe… Un téléphone, ça sert à téléphoner il me semble, du moins jusqu’à tout récemment où, au quotidien, j’ai pu constater l’apparition de choses rigolotes comme la lecture des médias, le GPS, voire même l’allume cigare (authentique !). Dites, regarder un film sur un écran que je couvre dans difficulté de mon pouce, ça me sert à quoi, concrètement ? Non pas que la mobilité des médias soit saugrenue, mais pour ma part, tenir une loupe en plus de l’appareil pour aller lire les sous titres, j’ai quelques difficultés à comprendre le concept.

Un amateur de la firme à la pomme braille là-bas, au fond de la salle, que son appareil peut me lire des vidéos d’un format acceptable, qu’on peut sans difficulté se taper un bon film avec son téléphone. Tiens, ils ont fait des progrès sur l’autonomie ? Ironie mise à part, miniaturiser tout nous amène à des paradoxes amusants : la télécommande multifonction au nombre de boutons tel qu’elle en devient inexploitable, les écrans d’informations aux caractères si ridicules que la moindre myopie fait de vous un aveugle, ou encore ces damnés affichages dans les automobiles supposés vous assister, mais qui en pratique s’avèrent inutiles puisque trop chargés pour être lisibles. Faudrait savoir si l’on veut donc déconcentrer le client, ou l’inciter à tenir informé, ce qui fondamentalement n’est pas la même chose !

Bien entendu, il est agréable d’avoir des ordinateurs d’une taille décente, surtout en la comparant aux monstres qui peuplaient les entreprises il y a seulement deux décennies. De plus, il est tout aussi savoureux de pouvoir être connecté partout dans le monde, sans pour autant envisager de trimballer sa rallonge téléphonique avec soi. Mais faut-il pour autant sacrifier l’ergonomie pour autant ? J’ai beaucoup ri quand on a taxé mon téléphone mobile de « frigo ». Oui, il n’a pas la taille des mini bidules choses, mais je l’ai choisi tant pour ses technologies embarquées… que pour son clavier avec lequel je ne suis pas frustré !

Certains iront crier que je suis un « rétrograde », un de ces réfractaires amish qui prônent un retour aux sources. Point de conneries tas d’ânes ! Je considère que la technologie doit se mettre à mon service, et que je n’ai pas à me plier à sa conception bancale ou encore à son ergonomie défaillante. Je serais amusé de voir votre réaction si vous deviez pédaler sur un vélo dont une des roues est voilée. Pour moi, c’est du même niveau, cela me rend l’appareil impropre à l’utilisation. Tournez cela comme vous voulez, miniaturiser, ce n’est pas rendre les boutons plus petit !

21 juillet 2009

Télé poubelle

Notre quotidien télévisuel est à l’instar d’un repas en période de disette : peu de chair et beaucoup de remplissage peu savoureux. Ainsi, télécommande en main, il m’est difficile de croire que le téléviseur soit encore capable de me prodiguer un quelconque plaisir audiovisuel. Prenons donc les émissions quotidiennes ou hebdomadaires qui font le commerce des grandes chaînes. N’est-ce pas là la machine à lobotomiser la plus efficace qui soit ? Qu’on n’aille pas me dire qu’une « roue de la fortune », ou encore un « Secret stories » puissent être des étendards pour la culture française ! Rien que d’envisager cela, j’ai des envies d’inquisition à l’encontre des programmateurs, mais aussi des présentateurs, car les uns comme les autres, ils symbolisent la décadence et l’inexorable abêtissement des foules.

Toi, le client favori des chaînes, n’es-tu pas ahuri de te farcir les séries sans scénario, sans budget et sans talent qui hantent ton récepteur ? Ah oui j’oubliais, tu aimes ces séries, c’est même pour cela qu’elles sont encore programmées. Serais-je donc entouré de zombis ? J’en frémis d’avance même si, quelque part, cela saurait m’assurer une certaine autorité intellectuelle sur les troupeaux passant à l’abattoir culturel. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas vraiment rassuré par la production française qui pardessus le marché, va s’alimenter en nouvelles « idées » à l’étranger.

Vous me trouvez dur et méchant ? Allez, soyez honnêtes, et décortiquons un peu ces fameuses « meilleures ventes ». L’île de la tentation ? Des (faux) couples venus pour une (fausse) orgie, le tout sur fond de pseudo trahisons scénarisées à outrance. La roue de la fortune ? Des candidats font tourner une roue, et doivent trouver un mot ou une phrase…. Waouh ! Ca c’est du cérébral ! Attention à la tendinite du neurone là ! Et les séries basées sur des flics, celles comme « Plus belle ma vie » qui encombrent les ondes, ou encore les inoxydables « Feux de l’amour »… Ca y est ? Vous recadrez un peu plus le décor bancal de notre télé poubelle ?

Le pire, c’est que ce n’est pas fini ! Le bilan est déjà glauque, mais il n’est que partiel. Maintenant, nous sommes à l’ère de l’instantané et du voyeurisme. M.Jackson décède ? On voit dans l’instant sa dépouille trimballée par un hélicoptère. Un attentat ? Les images sont diffusées aussitôt que possible. On ne prend même plus les précautions élémentaires de contrôle de l’information et de contrôle de l’image. Diffuser un type qui se fait sauter aux explosifs, c’est non seulement dramatique, mais surtout lamentable de la part des chaînes. Mais les gens sont friands de sensationnel, avides de bidoche éparpillée sur les murs… enfin du moins tant que cela reste loin de chez eux !

Je leur en collerais moi, du phénoménal ! Des concepts osés, ce n’est pas ce qui manque d’ailleurs, il suffit juste de faire preuve d’une absence totale de moralité, ainsi que d’une volonté affichée de faire de la télé poubelle. Jusqu’à présent, nombre d’émissions sans contenu se sont réfugiées derrière l’étiquette sociale ou culturelle : les débats à la Delarue, tout comme les Star Ac’ et consoeurs, toutes ces médiocrités se collaient une devanture présentable et respectable, bien que le fond soit plus proches des égouts que du jardin d’Eden. Après tout, si le téléspectateur se rassure en se disant « C’est un fait de société, il faut le savoir pour le connaître » ou « C’est de la musique, chouette, de la culture… », alors le pari est gagné, non ?

Laissez moi faire : une téléréalité fondée sur le choix cornélien de faire exécuter un condamné par semaine, le dit condamné étant sélectionné parmi les candidats détenus. Pratique pour écrémer nos prisons surpeuplées. Que diriez vous aussi d’un « Le dernier gagne », où chaque candidat est autorisé à tuer les autres concurrents, ceci à condition de le faire à découvert, bien en vue de la caméra ? Ou encore cette idée qui fut un échec : alternez deux équipes qui, tour à tour, sont geôliers puis détenus… Superbe non ?

Allez, la télévision a encore une chance, celle d’être éteinte chez moi, sinon je crains qu’elle aurait déjà fait les frais d’un coup de pied rageur.

20 juillet 2009

La phrase du siècle ?

Aujourd’hui, 20 Juillet 2009, nous pouvons fêter les 40 ans des premiers pas de l’homme sur la lune. A ce jour, nous sommes encore à rêver de telles missions, et le fantasme d’une base lunaire reste bien au fond des cartons des grands de ce monde. A l’époque, nombre de personnes se prirent à rêver d’une vie permanente sur l’astre colonisé, et à un réseau de navettes dédiés aux transferts depuis le caillou vers la planète bleue. Fantasme, rêve, illusions, désillusions surtout, la lune est tout de même le premier corps céleste que l’homme a pu aborder physiquement en dehors de notre terre ! L’exploit en soi est donc à maintenir dans les mémoires, et à célébrer comme il se doit.

Si l’on excepte la raison fondamentale de ce geste, l’idée même que la lune fut un jour foulée par des hommes demeure un évènement essentiel du siècle précédent. Ceci dit, pour moi, savoir le pourquoi d’une telle opération est aussi indispensable que d’en admirer la réussite. En 1961, le président Kennedy lança un défi gigantesque à sa nation : mettre des hommes sur la lune d’ici la fin de la décennie. Le discours fut donc triple : défier l’espace, progresser technologiquement pour y parvenir, et surtout défier les soviétiques en leur adressant un message fort. L’exploration spatiale est aujourd’hui nommée « La course aux étoiles ». Pour nous, génération vivant hors de l’époque de la guerre froide, cette course semble plus tenir d’une aventure que d’un véritable enjeu politique et stratégique, et pourtant… Pourtant la réalité était tout autre : si vous pouvez envoyer quelqu’un sur la lune, envoyer un missile par delà les mers n’est plus qu’une formalité. Ainsi, cette course à l’espace est, à elle seule, un symptôme de la guerre est ouest. D’ailleurs, les soviétiques aussi tentèrent de parvenir à la lune, mais des ennuis techniques, ainsi que la réussite des américains mirent un terme au projet. Personnellement, j’aurais trouvé très ironique que le drapeau rouge soit planté, lui aussi, quelque part sur la lune. Au moins, les nostalgiques de l’ère communiste aurait pu regarder le ciel en soupirant !

Force est de constater que l’impact idéologique est énorme : tout le monde a vu ou verra une photo ou une vidéo de l’évènement. D’ampleur planétaire, il n’existe pas (Corée du Nord excepté) de nation où les premiers pas de l’homme sur la lune ne soit pas connu. Je suis fermement convaincu que Armstrong et Aldrin furent au moins aussi forts comme impact idéologique, que toutes les autres propagandes Américaines réunies. « Les USA sont sur la lune ? Cela veut donc dire qu’ils sont les plus forts ! » Avec notre recul, nous ne mesurons que très difficilement à quel point les missions Apollo furent motrices de notre quotidien. Sans la mission sur la lune, l’idée même des vols habités serait aujourd’hui bien moins admise qu’elle l’est réellement. D’une certaine manière, nos satellites, les missions de réparation (voir la correction de la « vue » de Hubble en orbite), ou encore les bases habitées seraient restées dans des cartons, ou au mieux envisagés plus que mis en œuvre. Difficile d’imaginer le monde sans les GPS, la téléphonie actuelle, la télévision par satellite !

L’Histoire retient aujourd’hui la beauté du geste, l’esthétique des clichés et vidéo, et surtout la phrase « C’est un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité ». C’est une grande vérité : nous faisons progresser le monde par des évènements qui restent dans les mémoires, mais souvent ils sont le fruit d’actes individuels, ou du moins d’anonymes participant à la même action. Apollo, c’est 400.000 personnes entre les ingénieurs, les astronautes, mais également les ouvriers et les sous-traitants. Imaginez cette foule réunie pour célébrer leur réussite ! Retenons également le coût humain des missions échouées, des accidents plus ou moins graves, des heures de doute où chacun pensait que cela ne fonctionnerait pas. Apollo XIII, symbole de la réussite échouée, c'est-à-dire une mission échouée, mais réussissant à ramener l’équipage sain et sauf, c’est ça aussi, la course à la lune…

Maintenant, il s’avère qu’un américain sur cinq est convaincu que tout est faux, et que c’est le gouvernement qui a créé ces images à des fins de propagande. Fort bien, admettons, mais après tout, Apollo a fait rêver des générations de gamins avides d’aventures, a créé un mouvement mondial de liesse (URSS excepté je suppose), et a offert un nouveau regard sur la terre. S’il est important que la vérité soit connue, il est tout aussi important de convenir que, de toute façon, des sceptiques trouveront toujours quelque chose à redire ! Personnellement, je crois surtout que si c’est un bidonnage, c’est sûrement la plus grande opération d’intoxication de l’opinion de l’histoire de l’humanité. De plus, si c’est faux, c’est aussi un véritable camouflet pour notre foi en nos technologies. Dites vous bien que si le 20 Juillet 1969 est faux, alors nos certitudes dans les grands évènements ne peuvent être que douteuses. Dans ces conditions, il est « normal » que le secret demeure à jamais tant l’impact serait désastreux.

Je me moque de savoir si le tout fut tourné en studio en fait, ce qui compte à mes yeux c’est qu’il y a un rêve qui devint réalité, et qu’aujourd’hui encore une telle mission reste très difficile à réaliser. Le tourisme lunaire n’est pas pour demain, je ne verrai sûrement jamais de mon vivant une base habitée, et qui sait quand le monde reprendra des initiatives aussi osées. A vous les astronautes de l’impossible, je vous dis merci pour cette part de rêve que vous nous avez offerts.

17 juillet 2009

Eponge

Hé dites, j’ai une question existentielle à vous soumettre ! Tel l’homme sandwich déambulant dans les artères des villes, avec pour seule fonction la revendication de sa passion pour une marque de shampooing antipelliculaire, je me mets face à vous pour vous interroger. Pourquoi sommes-nous des acharnés de la censure et de la restriction à outrance ? Cet autisme me sidère chaque jour : vous mangez, on vous dit de « bien manger », vous consommez de l’alcool et on vous les brise avec la « modération », ou encore on martèle les fumeurs avec des slogans qu’on ne lit jamais. C’en est devenu pénible tant les emballages deviennent eux-mêmes des vecteurs d’avertissements.

Quel est ce besoin de rabâcher des alertes sur des choses devenues élémentaires ? On sait que manger gras est nocif, tout comme le fumeur ne peut pas prétendre consommer un produit sain, ou encore tous nous savons que boire à outrance provoque des addictions ainsi que des états éthyliques des plus désagréables. Je me demande si nous ne sommes pas tout simplement des bêtes de somme auxquelles il faut sans cesse répéter, ceci par crainte que l’on oublie. Mais, étrangement, je ne regarde jamais les valeurs nutritionnelles sur les emballages, pas plus que je ne tiens compte des indications sur les bouteilles de boisson. Donc de fait, soit je suis un réactionnaire (ce qui ne serait pas nécessairement étonnant), soit je dois faire partie de cette tranche de population qui se fout de ces alertes permanentes. Dans les deux cas, je dois être un paria, non ?

S’acharner ainsi, c’est faire preuve d’une bêtise innommable. L’homme AIME s’empoisonner, il est passionné par le nihilisme gastronomique, et les rares acharnés qui, sous couvert d’un écologisme militant, viennent vous expliquer que la bidoche est nocive... Ceci en sachant qu’ils compensent leurs carences de par leur alimentation en ingurgitant des gélules ! Si ce n’est pas se triturer le cortex, je ne sais pas ce que c’est. En quelque sorte, il y a une mouvance qui est prête à tout mettre sous contrôle, sous prétexte que c’est pour notre bien. Allez, à tous les cons qui prétendent à ce genre de raisonnement, j’affirme qu’une entrecôte avec une bonne sauce me fait plaisir, et que nul écolo bas de plafond ne saura me convaincre du contraire.

Tenez, encore tout récemment j’ai eu l’occasion d’entendre des propos limite haineux sur le fait que je sois amateur de vodka. Et quoi les cons, oui il m’arrive de savourer un verre de vodka (sans glace, sacrilège !), et ce sans le remord illégitime d’une masse de moutons qui culpabilisent dès le moindre pseudo écart de conduite. Je ne suis pas une éponge imbibée du soir au matin, pas plus que je trouve normal d’en arriver à l’ivresse totale. Laissez moi savourer ma gnaule, goûter ma bière, et merde à ceux qui se restreignent sous couvert de bonne conscience sociale. La modération, ça n’est pas se la faire entrer dans le ciboulot à coup de messages, c’est comprendre que toute bonne chose peut être mauvaise au-delà du raisonnable.

Oui, je sais, les limites sont différentes d’une personne à une autre, certains s’estimant capables de gérer efficacement l’alcool, d’autres estimant leur estomac indomptable face aux quantités gargantuesques de victuailles, d’autre encore suggèrent même qu’ils tolèrent facilement les stupéfiants sans addiction. Et après ? L’excès fait partie de la nature humaine, tout comme peut l’être le sexe (menant jusqu’à l’obsession), le jeu ou encore la violence. Doit-on pour autant traiter le reste de l’humanité en demeuré pour autant ? A vous autres, les censeurs et autres agités du cortex, je réitère ma remarque : MERDE. Je n’ai pas à obéir à vos dogmes consuméristes, et encore moins à me farcir votre propagande pour abrutis finis. Que l’on veuille faire de notre société un monde meilleur se conçoit, mais de là faire des gens des irresponsables, il y a une marge de manœuvre des plus grandes, en tout cas je le pense.

Bon, c’est pas tout ça, mais la nicotine et les molécules d’éthyle m’attendent !

16 juillet 2009

Trop de boulot

Tout est dit!

15 juillet 2009

Cauchemar

Qu’est-ce qui fait le cauchemar ? Est-ce une émulsion chimique à l’intérieur de notre cerveau, la résurgence de tempéraments primaires, ou encore l’expression d’un autre « soi » auquel l’on accède que de manière détournée ? Si j’étais scientifique, je pourrais me contenter des concepts de chimie, de transmissions d’informations stockées dans notre boîte crânienne, et envisager qu’un dérèglement quelconque puisse générer des réponses et des stimuli incohérents. Cependant, cela me semble tout particulièrement réducteur et abscons d’en rester à une vision si étriquée de l’esprit humain. A mon sens, le cauchemar est autrement plus complexe qu’une réaction intellectuelle distordue par le jeu de l’acquis/vécu.

On dit souvent que les cauchemars naissent suite à des angoisses qui ressortent. Fort bien, cette idée me semble convenir quand il s’agit de stress aigu, de frustrations récurrentes, ou encore de terreurs infantiles hantant leur victime. Après tout, l’homme réagit souvent par peur, et se voit infliger un contrecoup à travers un sommeil agité. On pourrait donc envisager l’idée que le cauchemar émerge de soi quand la frayeur en question devient trop encombrante au fond de son esprit. Typiquement, l’enfant réagit brutalement à ses craintes, et son sommeil en pâtit presque systématiquement. De la même manière, les victimes d’incidents violents voient leur sommeil devenir un enfer : rappel de la situation traumatisante, émergence de montages imaginaires reliant toujours tout à l’évènement passé… En clair, l’esprit recompose le rêve avec nos mauvais souvenirs et/ou nos craintes pour en faire des cauchemars.

Mais cette vision est encore trop réductrice, non ? Pour autant que je sache, il n’est pas nécessaire de stimuler l’imagination pour cauchemarder. Le rêve, tout comme le cauchemar, semble fonctionner par devers nos désirs et envies. Cela sous entend donc une dynamique qui nous est inconnue, en tout cas pas maîtrisée par notre conscient. Le sommeil est d’ailleurs un phénomène tout à fait intéressant : d’un côté notre organisme se met « en veille » pour restituer un stock énergétique suffisant, de l’autre notre esprit se met à fonctionner sans véritable contrôle. On dit que l’on se souvient rarement de nos rêves et de nos cauchemars, mais pour autant nous les vivons avec parfois une violence extrême : agitation, somnambulisme, propos incohérents, notre corps vit le cauchemar alors qu’il ne serait qu’une construction de l’esprit ? Cela veut donc dire que notre esprit arrive à dépasser le réel, que nous arrivons à aller au-delà de la perception organique à travers l’alchimie des neurones. Allongeons nous : même les yeux fermés, nous « savons » que nous sommes allongés. Les indices sont flagrants, nous ressentons la position. Endormons nous : si votre cauchemar vous fait courir, il est probable que vous essaierez de courir … à l’horizontale. Etrange, et même terrifiant.

Il est « admis » que l’inconscient est présent en chacun de nous, et qu’il dicte certaines choses qui nous dépassent. J’admets ce raisonnement d’autant plus facilement que visiblement, l’inconscient se comporte comme un filtre de la réalité. Si l’inconscient est le maître de nos nuits, ça peut vouloir dire qu’il est supérieur à l’intelligence et même aux sensations. J’expliquais le cas de la course : si l’on continue à pousser l’investigation, cela veut dire que l’inconscient peut nous faire agir par devers des décisions conscientes ! C’est le cas lors de terreurs vécues où les victimes peuvent en arriver à une endurance surhumaine, ou encore à perdre tout ou partie du temps passé à fuir par exemple. Le cauchemar serait alors une expression brutale de cet inconscient dominant temporairement la conscience humaine. Comme les deux sont liés, je peux même penser que l’inconscient pioche dans les souvenirs, les idées et les fantasmes pour y bâtir les rêves et les cauchemars.

Cet inconscient m’impressionne, car je suis convaincu que la « folie » (au sens très large du terme) peut être une altération de la conscience et de la logique. Cela semble idiot ? Pourtant, il est bien clair que l’inconscient arrive à nous faire marcher les yeux fermés, à nous faire courir allongé, ou encore à ressentir physiquement l’étouffement et ceci sans cause extérieure. Quelque part, l’inconscient semble être (pour moi) un catalyseur émotionnel qui exacerbe le bien et le mal au point d’en faire des images mentales impossibles à traiter par le conscient. L’excès sensoriel est tel qu’il arrive même à surpasser le réel, tel que les sensations tactiles, ou encore la compréhension spatiale. Pour parvenir à désorienter à ce point, il faut de sacrés stupéfiants !

Alors la question de l’âme se pose : aurait-on deux âmes, une consciente et l’autre inconsciente ? L’inconscient est-il la seconde face d’une seule et même pièce ? Le cauchemar n’est-il pas finalement un « signe » que l’âme est autrement plus forte que la chair ? Je me plais à croire que nous rêvons et cauchemardons parce que nous parvenons à en analyser la réalité, et donc à la distinguer de la fiction de notre esprit tourmenté.

10 juillet 2009

Barbarie

Je m’interroge parfois sur la nécessité d’exacerber des faits divers pour en tirer des situations supposées communes. L’exemple actuellement très flagrant est le jugement du procès Fofana. Souvenons nous de l’affaire : une bande organisée enlève, séquestre, torture puis finalement tuent un jeune homme juif nommé Ilan Halimi. Fofana est le nom de famille du principal accusé dans cette enquête. Fait divers ? Rien ne vous choque donc dans l’énoncé des faits ? Moi si : que l’on mentionne la religion comme étant signifiante. Certes, on ne peut ôter le côté xénophobe du crime, toutefois j’estime comme superflu d’aller en tirer des conclusions.

Il s’agit là d’un problème récurrent depuis Nuremberg : tout acte contre une personne de religion juive est forcément un acte antisémite, toute affaire est alors montée en exemple de la situation des juifs dans le monde occidental. J’estime que ce raisonnement est non seulement erroné mais même honteux de la part tant de la presse, que des associations se battant contre le racisme et la xénophobie. J’ai en horreur le terme « antisémitisme ». En quoi un crime contre un juif est-il différent du même crime perpétré contre un catholique, ou un taoïste ? C’est, à ce jour, le seul terme de la langue française définissant un crime contre un peuple et une obédience spécifique. Dans ces conditions, on ne peut pas avoir une information sereine ni même une réflexion correctement orientée vers la quête de la vérité.

Cette affaire est symptomatique de deux phénomènes distincts et tout aussi inquiétants l’un que l’autre. Tout d’abord, c’est la mauvaise assimilation du crime contre une personne à celui perpétré contre un « peuple ». Cet homme, ce n’est pas un peuple, c’est un être humain, une personne, un être vivant qui n’avait pas à subir les foudres de tortionnaires méritant probablement plus le poteau que la cellule. Pourquoi chercher à tergiverser sur ce point ? Raciste, indubitablement, fou très probablement, mais à montrer en exemple du traitement des juifs dans le monde, je dis non. Je ne porterai pas la responsabilité des crimes de guerre nazis (puisque c’est encore et toujours le fond de la rhétorique du LICRA), pas plus que celle de traiter différemment un juif d’un musulman. C’est un véritable scandale que l’on puisse estimer que les crimes « antisémites » soient plus importants à mettre en valeur que ceux perpétrés contre les autres croyances. Et les attaques racistes contre des musulmans ? Et l’incendie d’églises au moyen orient ? Et la traque des moines bouddhistes en Chine ? Nous n’avons pas à distinguer la criminalité de l’intolérance envers une foi par rapport à une autre. Toute intolérance est criminelle.

Le second symptôme à analyser dans ce crime est la déshumanisation de la victime. Le crime passionnel se raccroche à des sentiments convertis en violence, la haine raciale est un exutoire pour la vengeance, mais en arriver à déshumaniser, c’est passer une étape autrement plus importante. La barbarie est quelque chose d’humain, et c’est l’ordinaire de cette violence qui doit inquiéter pardessus toute autre considération morale ou religieuse. Arriver à torturer sans sourciller, rire des souffrances infligées, il s’agit là d’un phénomène qui semble de plus en plus courant. J’en veux pour preuve le meurtre d’une jeune femme par son propre frère qui l’a fait brûler ! Bon sang, quelle démarche intellectuelle peut mener quelqu’un à mettre le feu au corps d’une sœur !? Dans un cas comme dans l’autre, le choix de refuser la notion de « personne » à la victime sous-entend une démarche intellectuelle terrifiante : la hiérarchisation de la valeur d’une vie humaine. J’insiste sur le parallèle à plus d’un titre car notez également que, non content de faire du mal à un humain, les deux dossiers impliquent une détermination et une constance dans la violence ; le premier a torturé avant de tuer, le second a organisé l’incinération du corps. Il ne suffit donc pas de tuer, mais d’en planifier tout le cheminement. Je n’ai pas, heureusement, un tel sang froid !

Ce genre de crimes semblent progresser : nous avons oublié que l’humain ne vit pas seul, il vit en société, et que cette société mue sans arrêt. Notre monde me semble autrement plus enclin à tolérer l’extrême violence, et à considérer toute modération comme une censure. En allant plus loin, je crois même que des fondamentaux tels la famille, la structure éducative de l’enfant, ou encore la sécurité par la police sont aujourd’hui traités avec irrespect. Un professeur n’a plus d’autorité, pas plus qu’un policier que l’on nomme péjorativement « flic ». Va-t-on vers l’ultime étape qui est d’oublier que l’humain est humain ? Quelles sont les solutions qui s’offrent à nous quand on se permet de distinguer les crimes non par leur violence mais par le type culturel de la victime ? A stigmatiser des communautés, nous ne parvenons qu’à renforcer l’opinion de certains les déclarant « profiter du système pour se placer en victime ». Quelque part cette opinion est particulièrement vraie dans ces deux dossiers. Pour Fofana, c’est « parce qu’il était juif qu’il est mort », pour la seconde l’argument « vie en cité, crime d’honneur pour une fille trop émancipée ». Merde ! C’est le moyen âge ? Alors à quand l’inquisition ?

Ne laissons pas ces jugements de valeur prendre le pas sur le jugement légal qui dit que : « un criminel sera jugé équitablement, selon le dossier, et sans implication de sa race ou son obédience ». On devrait ajouter « Et les crimes lui étant reprochés analysés sur les conséquences, et non uniquement sur des causes plus ou moins compréhensibles ».

09 juillet 2009

Marre du 14 Juillet ? PARDON !?

Je m’insurge ! Nombre de sites Internet recensent ces derniers temps l’information suivante : les français seraient agacés par les défilés militaires du 14 Juillet, et les estimeraient même inutiles. A les écouter, un bon jour férié serait amplement suffisant, et que se préoccuper de faire une démonstration de soldats défilant au pas cadencé serait juste se raccrocher au passé. Je suis furieux, tout bonnement furieux que des imbéciles puissent traiter ainsi un évènement aussi symbolique que fort dans l’histoire de France. A vous tous, les crétins supposant à tort que la liberté est un acquis, je vous souhaite de ne pas avoir à regretter une telle réflexion.

Qu’est-ce que le 14 Juillet ? La prise de la Bastille ? L’effondrement de la monarchie au profit (détriment plutôt, mais c’est déjà trop complexe et lointain pour les crétins susnommés) de l’abolition du système autocratique. Réveillez vous ! Il s’agit là non de célébrer la destruction d’un monument, mais de fêter la mise en application de fantasmes républicains, où le vote aurait au sens, et où le citoyen serait autre chose qu’un sujet du roi en place. C’est donc la fin du droit du sang pour le voir remplacé par le droit des urnes. Si ce n’est pas une révolution et un acte fondateur, je ne sais pas ce que c’est ! Le 14 juillet marque, à mon sens, la naissance des idées qui sont aujourd’hui traitées avec trop de condescendance et pas assez de respect par le quidam. On parle de droit de vote… c’est un devoir bon sang, et la révolution française a apporté ce concept à la nation, tout comme la conception même de ce que pourrait être une république « démocratique » (encore un débat sans fin…). Alors dire que le 14 Juillet n’est pus à célébrer, c’est donc partir du principe que la légitimité même de notre système n’est plus d’actualité. Vous voulez le renouveau du dictateur de droit divin ? Cela vous tente, un nouveau roi Soleil omnipotent ? Vous connaissez mes opinions sur le sujet.

Alors quoi donc ? Serait-ce le fait que ce soit un défilé militaire qui vous défrise tant que cela ? En quoi le fait d’avoir une armée serait une tare dans notre monde ? La France, comme quasiment tous les états du monde, se doit d’avoir une force militaire suffisante pour, d’une part, assurer sa propre sécurité (et celle de ses ressortissants à l’étranger comme à Kolwezi), et d’autre part dissuader d’autres nations de se faire la guerre (forces d’interpositions, sous l’égide de l’ONU ou dans le cadre d’actions combinées en Afrique par exemple).Je ne saisis pas ce qu’il y a de dégradant d’être fier de ses troupes : le kaki n’impose pas la bêtise, pas plus que d’être vêtu en hippie scandant la paix dans le monde soit une garantie d’intelligence. Notre armée a pour rôle principal de garantir la sécurité de la nation, et qui plus est de maintenir en place les principes fondateurs de la république. Typiquement, ils sont sollicités dans les missions de sécurité dans le cadre de l’antiterrorisme, ils peuvent avoir à intervenir en cas de tentative de coup d’état, et surtout ils sont garants d’une certaine idée d’une armée de métier. Que l’on soit pro ou antimilitariste, difficile de renier la qualité et l’efficacité de l’armée dans ce rôle. Qui plus est, ce défilé a également un aspect symbolique, c'est-à-dire la force armée défilant dans un état en paix, donc la force politique et armée se rencontrant au cœur même de la vie des citoyens. Ca n’a rien de malsain, bien au contraire.

Nous devons énormément au passé militaire et militant des Français : révolution contre la royauté, guerres contre les invasions, guerre de libération, résistance militante contre l’occupation, la France a dû plus d’une fois se battre et verser son sang pour préserver les libertés qui sont aujourd’hui trop souvent prises pour acquises. Rien n’est absolu en ce monde, pas plus la paix que la sécurité. Le terrorisme a démontré que nul ne peut prétendre que les frontières nationales soient inexpugnables, tout autant qu’il a mis en lumière que la façon de vivre à la française pouvait être considérée comme « inacceptable ». Au nom de tous les morts sur le front, des anonymes emprisonnés et exécutés, pour le souvenir de celles et ceux ayant dû se battre pour que nous vivions dans une nation en paix, j’estime qu’un jour et qu’un défilé par an n’a rien d’insultant ni de superflu. 1789, c’est loin ? Non, c’est hier, car, après tout, l’apparition des idées révolutionnaires furent remises à chaque fois en question, à chaque crise remises au goût du jour, et aujourd’hui elles sont, je l’espère, encore bien ancrées dans les mentalités. Ne soyez pas les moutons que vous êtes que trop souvent, soyez phrygiens, soyez Marianne, soyez Gavroche sur les barricades si nécessaire, mais ne crachez pas sur le drapeau qui, en son nom, a fait couler tant de sang.

08 juillet 2009

Marin

Je n’ai pas à préciser… encore une histoire partant imaginaire.

J'aime me souvenir de cette adolescence passée comme mousse sur les mers du monde. A l’époque, j’avais décrété que je n’aurais jamais l’opportunité d’étudier, et que la mer était plus concrète que tous leurs bouquins. Papa m’avait dit que la mer était quelque chose de très dur à vivre, mais qu’avec du courage je pourrais m’en sortir. Maman, elle, avait pris peur en songeant à tous ces fils du pays perdus en mer dans le nord. Je ne voulais pas être pêcheur à la morue, pas plus que je ne me voyais me lancer dans le chalut au large. Non, ce que je voulais moi, c’est voir du pays, arpenter les océans et découvrir de nouveaux territoires. En ce temps là, c’était la vapeur qui dominait les mers. Ah, les premiers liners qui crachaient de grands panaches de fumée blanche, ces engins mixant le bois et l’acier… à côté de ça, les navires tout en métal apparaissaient, et semblaient autrement plus vorace et terrifiants que ces bons vieux voiliers amarrés à Brest.

A quatorze ans donc, je me suis engagé sur un cargo qui devait faire la navette avec la Chine. C’était un voyage gigantesque à mon échelle, moi qui n’avais jamais vu plus loin que Brest. A mes yeux, la ville portuaire était déjà immense, et je ne voyais pas comment l’on pouvait faire plus grand. En entendant cela, les anciens, eux, se marraient en me frottant les cheveux d’une main calleuse et amicale. « T’en verras des villes plus grandes et plus sales le petit ! », disaient-ils affectueusement en se moquant gentiment de moi. Je prenais cela pour de la méchanceté, on est si irritable quand on est adolescent ! Quoi qu’il en soit, le cargo nommé « Belle Sophie » était là, attaché le long du quai en granit. Son rôle ? Aller chercher plein de marchandises dont je n’avais jamais entendu parler : des épices, des textiles inconnus, des fruits exotiques et que sais-je encore. En tant que mousse, on me donna pour seul et unique rôle d’obéir à tout ordre qui me serait donné. Simple non ?

Lorsque, au petit matin, nous larguâmes les amarres, ma mère me salua avec fierté et tristesse mêlées. Papa, lui, avait repris la route du poisson pour trois mois, et il m’avait gratifié de quelques conseils avisés : ne pas boire n’importe quoi, fuir les beuveries au port, toujours bien se nourrir même quand on n’a pas faim, et surtout toujours obéir au patron, au capitaine du navire. Il devait être dieu à bord, sans contestation possible. Je pris religieusement acte de ces avertissements, j’avais si peur d’échouer pour mon premier voyage au long cours. Sachant que papa connaissait quelques hommes à bord, j’eus quand même un traitement moins pénible que les autres mousses de mon âge : un petit coin pour dormir et non une paillasse dans la cuisine, et le droit de manger à table comme tous les autres membres de l’équipage. Un honneur à l’époque.

Ayant déjà un peu navigué, je ne ressentis d’abord pas les affres du mal de mer. Ce fut malgré tout les premiers jours qui furent les plus durs : s’habituer aux quarts, supporter l’humeur de certains marins revenus à bord un peu trop ivres et sanctionnés par le capitaine, et puis cavaler sans cesse pour exécuter mes tâches : vaisselle, lavage du pont, débarras, ménage constant, aide à la manœuvre et j’en passe. Sur un navire à vapeur, il ne faut pas oublier quelques contraintes élémentaires : la vapeur, c’est de l’eau, la chaleur, c’est du charbon. En passant certaines journées en soute, j’en sortais noir jusque dans la bouche, crachant péniblement la suie s’incrustant partout. J’étais vraiment impressionné par les mécaniciens qui, eux, supportaient l’infernale chaleur du foyer à longueur de traversées. Je fus aussi rudoyé par l’équipage qui attendait de moi que je sois immédiatement opérationnel : le pont d’un navire, c’est l’école de l’instant, pas celle de la réflexion. Il faut agir, et surtout bien agir, chaque erreur pouvant vous coûter la vie.

Au bout de trois semaines de voyage, j’avais déjà bien plus d’assurance qu’en montant à bord, et je me sentais déjà moins enfant et plus adolescent. On ne m’appelait plus « petit », mais « Mousse ». Un honneur ! J’avais pris le statut d’un débutant marin ! Je me faisais mes journées comme tout le monde, je me faisais mes corvées comme chacun d’eux, et je n’avais pas à rougir du travail abattu. Moi qui me croyais incapable de tenir aussi longtemps un tel rythme, toute pause semblait alors inutile et trop longue. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la reconnaissance de ses aînés !

Et ce fut la première escale, celle qu’on n’oublie jamais car l’on s’y fait avoir comme le bleu qu’on est. Et que je dépense sans compter dans des bars miteux, et que je me fais avoir en payant des babioles comme souvenirs qui finissent systématiquement dans un sac qu’on finit par jeter, et qu’on rentre à bord, les poches vides, la bouche pâteuse et l’œil torve. Je ne regrette pas d’avoir été ivre pour la première fois de ma vie, pas plus que d’avoir claqué mon avance sur ma solde. J’ai connu l’ambiance des comptoirs d’Afrique, cette ambiance bien lointaine des ports modernes où tout s’automatise de plus en plus, et où les quartiers à marins ne sont plus que des alignements de bistrots et de clubs à prostituées. Ah, l’ambiance néo coloniale, ces échanges de mots (et de poings aussi) avec les autres marins du monde, les histoires incroyables de villes en Asie, de ports juste vus sur une carte ! J’ai été émerveillé par ces hommes faits de sueur et de volonté, effrayé par ces brutes prêtes à sortir le couteau pour un oui ou pour un non, et fier d’être tabassé en me battant auprès d’un marin de l’équipage. C’est la Vie de marin, ma vie…

07 juillet 2009

Encore de l’imaginaire

Après avoir abordé la mythologie, l’historique, et même l’anticipation, je change encore de domaine… Hé oui ! Votre râleur s’entêtera encore quelques jours à improviser autre chose que de la chronique !

Bonne lecture (comme toujours) !

« Ah ces jeunes ! » se dit Thomas en observant une bande d’adolescents dansant frénétiquement sur une musique qu’ils entendaient dans leur tête. Depuis l’avènement de la convergence entre l’humain et la machine, les interfaces électroniques neuronales avaient pris le pas sur tout le reste. Plus besoin de casque pour les baladeurs, plus d’équipements tiers pour la téléphonie ou même l’Internet, tout se concentrait dans des implants microscopiques logés dans le corps. Le plus gros des progrès avait surtout été la découverte de polymère permettant d’éviter tout rejet de l’organisme étranger ; on avait nommé cela la fusion. De fait, il était devenu inutile d’avoir un téléphone portable ou bien un terminal pour aller sur le réseau mondial, il suffisait de se concentrer, de songer à sa recherche, et l’équipement se reliait au réseau sans fil pour fournir les données sous forme d’idées mentales, ou bien d’images passant pour être des souvenirs.

Du haut de ses 45 ans, Thomas voyait bien ce changement radical dans la société. Lui-même avait été moteur dans la technologie fut une époque. Développeur de son métier, il s’était énormément intéressé aux intelligences artificielles et il avait même collaboré à quelques projets intéressants dans le domaine. Toutefois, rien ne l’avait préparé à la révolution numérique. En l’espace de dix ans, chacun devint non plus un humain, mais une nouvelle forme d’existence, une identité intégralement informatisée contenant non seulement des données classiques d’identité, mais également des souvenirs et des sentiments. Grâce (ou à cause comme le pensait Thomas) aux interfaces, les gens stockaient sur le réseau des clichés cérébraux de leurs souvenirs et de leurs réactions. Chacun pouvait donc « ressentir » artificiellement un mariage, une relation sexuelle, ou la joie de vivre une naissance. C’était même devenu une nouvelle drogue : l’émotion virtuelle. Les VIFEE (VIrtuals FEElings) pouvaient se partager, mais d’autres se vendaient très cher. Le goût de l’extrême, l’affrontement de la mort cérébrale, certains allaient jusqu’à se payer le frisson final avec les VIFEE’s de condamnés à mort.

Il n’y avait pas que cette dématérialisation qui troublait Thomas. Le quotidien lui-même était devenu bizarre, car s’adaptant à chacun. Le principe de « réalité augmentée » battait son plein : en entrant dans une boutique, ce sont les modèles qui vous correspondaient en taille ou en « goût probable » qui scintillaient dans votre regard. De la même manière, la publicité était totalement ciblée pour chacun. Vous venez d’avoir un enfant ? Le grand panneau dans la rue affichera des réclames animées vous vantant une marque de poussettes. Vous êtes célibataire ? Les réseaux de rencontre se feront un plaisir de vous mettre en relation avec la personne la plus adaptée. Vous avez besoin de faire vos courses ? Le magasin le plus proche vous sera indiqué avec une signalisation propre à votre besoin. Thomas, lui, ayant refusé d’être branché, ne voyait que de grands panneaux vides, et à de rares exceptions des affiches statiques pour que les « non branchés » puissent, eux aussi, « profiter » du matraquage publicitaire.

Pourquoi avait-il refusé ? Peut-être était-ce tout simplement par conscience de l’aspect invasif de la chose. Lui-même développeur, il avait été confronté plusieurs fois à la confidentialité de l’information, au besoin de la protéger, mais aussi au risque de la voir dérobée et manipulée. Sa fille, à présent adolescente, avait choisi, tout comme son épouse, de rejoindre la maille numérique. Ainsi, l’une comme l’autre pouvaient faire leur course tout en déambulant dans Paris, et apprendre en quelques instants une nouvelle langue. Mila… Sa fille, son bijou, n’avait plus besoin d’étudier au sens classique du terme. Histoire ? Connexion au serveur d’information, restitution des dates et évènements. Cours d’anglais ? Récupération des lexiques de l’encyclopédie Britannica et traduction à la volée de ses idées. Cours d’économie ? Récupération des synthèses automatisées sur un serveur dédié… On ne demandait plus aux étudiants d’apprendre, mais de synthétiser l’information, pas de la restituer mais de la comprendre. Ainsi, les cours de langue étaient devenus des cours de philosophie en langue étrangère.

Tout cela le déprimait au plus haut point. Etre un paria dans la société, un « réactionnaire », un de ces hommes qui refusaient le progrès, enfin une certaine conception du progrès. Les états du monde avaient instauré l’équipement systématique des détenus et condamnés, ceci de manière à pouvoir contrôler leurs pulsions et les traquer en cas de fuite. Contrairement au commun des mortels, leurs implants n’étaient pas débrayables. La criminalité avait effectivement baissée, la thérapie génique réduit énormément les naissances d’enfants atteints de maladies rares ou de handicaps, et l’éthique était clairement sur le déclin. Les criminels plus dangereux, ceux nés avant la systématisation des analyses génétiques, se voyaient libérés mais vivant plus comme des automates que comme des humains : manger à heure fixe, travailler à des tâches simples mais automatisées et sans risque…. Des zombies, des morts cérébraux aux pulsions mises en sommeil. Et si l’on appliquait ce traitement à tout le monde, que se passerait-il ? Tous les implants pouvaient potentiellement transformer l’humanité en armée de travailleurs serviles et dépendants du système. Chaque semaine, un cas de piratage cérébral était annoncé, avec pour conséquence des suicides, des attentats, des assassinats, une violence nouvelle où le coupable ne l’était pas forcément. Quoi qu’il en soit, Thomas se félicitait de ne pas être une victime potentielle de cette nouvelle religion : le Web.

Dans le vieux réseau, celui où l’on se connecte par terminal manuel, il y a des gens qui affirment ne plus vouloir vivre dans une société aseptisée, où la moindre trace d’individualité est considérée comme une déviance. Il n’y a pas de censure dans ce monde, les gens ne s’intéressent plus aux écrits de révolte. Pour eux, Octobre rouge est la préhistoire, les guerres une relique effrayante du passé. Pourtant, les états se font encore la guerre, une guerre électronique, les combats se font à distance, on sabote les infrastructures de l’ennemi, on pollue l’information avec une propagande choisie, et l’on se bat par petites unités de soldats interposés. Parfois, des conflits éclatent encore, mais ce sont, selon les critères des pays industrialisés, « le tiers monde technologique se rebellant contre le progrès ». Thomas, lui, cherche presque chaque soir la réponse, la seule vraie raison qui l’a poussé à refuser les implants : pourquoi accepter d’être asservi par la machine ? Et, la machine, est-elle parvenue à une conscience, ceci en partant du principe que chaque cerveau branché est une fraction de cette conscience mondiale ? Qui sait si la manipulation n’est pas l’œuvre d’un système qui s’est emballé, qui en sait trop, qui veut encore en savoir plus sur chacun de nous ? Et qui sont ces « rebelles », ces terroristes du réseau qui, parfois, arrivent à bloquer certains systèmes ?

06 juillet 2009

Période créative

Ces derniers temps, j’ai tendance à pratiquer l’imagination au détriment de la chronique politique, historique ou sociale. En toute honnêteté, c’est avant tout parce que j’avoue une faiblesse pour l’imaginaire, au détriment de la froide réalité. Donc, aujourd’hui encore, vous aurez le droit à mes frasques…

Bonne lecture !

La grande Mort nous avaient chassés de nos terres. En quelques jours, toute la contrée s’était vidée de ses habitants, et nous avions abandonnés les malades et les mourants à leur sort. J’étais terrifié de quitter ma maison de chaume et de torchis, mais le choix s’était imposé ainsi : fuir ou mourir. Je ne peux que pleurer à distance ma défunte mère, elle aussi condamnée par la peste au trépas. Dès que tout sera fini, je lui ferai une sépulture décente, si Dieu m’en donne la chance.

Seigneur, pourquoi harceler vos enfants ainsi ? Nous avions connus nombre de guerres, depuis le passage des Anglais saisissant biens et femmes, jusqu’aux débandades des troupes du roy se muant en hordes de pillards, rien ne nous fut épargné. Pourtant, nous n’avons jamais été acculés à la fuite, jamais nous n’avons été réduits à laisser nos amis, nos proches, nos familles être la proie de la Mort. Qu’on pardonne ma lâcheté, je n’ai pas osé aller saluer tous ces gens que j’ai aimés du plus profond de mon âme. Seigneur, protégez ces gens simples, accordez leur le pardon pour leurs péchés, qu’ils soient absous et qu’ils connaissent le repose éternel.

Je regarde souvent du coin de l’œil mon épouse qui serre le petit dernier dans ses bras. Emmailloté, il grelotte le pauvre, nous n’avons plus de bêtes de peur de transporter la maladie plus loin. La nouvelle s’est déjà répandue, notre village est déclaré maudit de Dieu, et nous autres, fuyards, sommes déclarés indésirables où que nous allions. Même les hommes d’église nous refusent leur protection et l’hospitalité. Ces cochons qui s’engraissent avec les deniers du culte, qui récoltent or et flatteries des nobles pour une grâce, qu’ils périssent comme les autres, qu’ils paient leur vanité et leur cupidité !

Des jours et des jours de marche, nous n’avons quasiment plus rien. De la charrette à bras que j’ai péniblement tiré avec du grain il ne nous reste qu’un demi sac, tout juste de quoi assurer le prochain repas pour nos quatre enfants. Qu’ils sont maigres ! La famine est passée par là, nous avons même pris les semailles de la prochaine saison… En espérant qu’il y aura une prochaine saison du blé. De toute façon, toute la région se vide de ses habitants, la mort rôde, implacable, froide et cruelle. Chaque village que nous traversons résonne des cris des femmes éplorées, des paroles des moines psalmodiant une extrême onction, et du bruit des bêches ouvrant la terre pour offrir une dernière demeure aux mourants. Plus je regarde ce monde, plus la pluie qui s’est mise à tomber il y a trois jours semble vouloir nous noyer et nous rappeler le grand déluge. Nos fautes… Seigneur, pardonne les je t’en supplie !

Voilà un mois à présent que nous sommes partis. J’ai enterré le cadet, il s’est endormi pour ne plus se réveiller. La plus petite est surprenante, elle reste souriante et gaie, riant et babillant à tout rompre. Que son rire cristallin tr anche avec ces forêts dégarnies par l’automne ! Grâce à elle, nous avons obtenus un peu d’aide des paysans de ces coteaux inconnus. De ma vie, je n’avais jamais quitté le village, et mon épouse était la fille de notre défunte voisine. Ils ont un accent bizarre, mais ils sont sympathiques. Nous avons pu manger un peu de pain, que grâce leur soit rendue ! Je vais tenter de me faire métayer, avec un peu de chance, ils accepteront d’héberger ma famille en échange de mes bras. Et puis j’ai deux autres enfants qui peuvent travailler. Ils sont petits mais vaillants. Dommage, j’aurais aimé qu’ils apprennent au moins à lire chez les moines… Mais la peste en a décidé autrement.

La cadette a eu une question étrange aujourd’hui … Est-ce les anglais qui nous ont chassés ? « Non ma Jeanne, ce n’est pas les Anglais, Dieu a puni la France pour son arrogance, tout comme elle punira les Anglais pour leurs péchés », ai-je répondu. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois qu’elle est très remontée contre ces Anglais qui ont pris la vie de mon père il y a déjà dix ans de cela. Du calme ma Jeanne, et puis va chercher un peu d’eau à la rivière !

03 juillet 2009

J’aime jouer avec les mots

Comme vous pouvez le constater au quotidien, j’aime jouer avec les mots, un peu comme un gosse aime jouer avec les mécanos. Dans l’absolu, la langue est complètement semblable avec ce jeu de construction : on assemble logiquement les pièces, et au final on obtient quelque chose de plus ou moins présentable. (Juste un aparté : j’ai toujours préféré les legos qui me laissaient bien plus de possibilités que ces satanés bouts de tôle qui, une fois pliés, ne se redressaient jamais correctement). De fait, j’aime jouer, et j’adore surtout bricoler des ambiances et des atmosphères, certaines inédites, d’autres envisageables. Fut une époque, je m’amusais à demander quelques mots pour avoir la trame et rédiger, au fil de l’eau, une nouvelle pour le plaisir de mes interlocuteurs.

Alors aujourd’hui, qu’avons-nous au menu ? Désastre dans l’aviation civile, politique foireuse et antidémocratique concernant HADOPI… Et puis non, je vais me faire plaisir (et à vous aussi j’espère), en créant une ambiance différente, tirée tant de ma culture que de mon cerveau probablement bien dérangé. Etes-vous prêts ? Et puis pourquoi je pose la question moi, finalement, qu’ils soient prêts ou non ne change rien… Encore cette mauvaise habitude de schizophrénie ! Vite, mes pilules !

Bonne lecture !

Lorsqu’elle se leva et observa le monde qui l’entourait, elle ne put s’empêcher de sourire. Quelque part, ses péchés étaient la source de cette destruction, elle était l’instigatrice de cette déchéance totale. Bien qu’on pût dire qu’elle n’avait pas le pouvoir de mener le monde à sa perte, elle devint, par ses choix, le symbole de la faiblesse humaine. De simple personne ordinaire, elle avait choisi d’être l’exécutrice, l’ultime cause, l’étendard de la perte de foi en Lui.
Assise sur un rocher, elle mit un peu d’ordre dans sa chevelure et dépoussiéra sa robe blanche maculée de boue et de cendre. Les mains posées sur ses genoux, elle prit une grande inspiration, et savoura paisiblement l’odeur pestilentielle des combats qui venaient de s’achever. On l’avait traitée de tous les noms, souillée par mille insultes imprononçables, et pourtant, elle s’était endurcie ainsi, convaincue que ses choix seraient les bons. Elle se savait être une arme finale, et qu’un simple geste de sa part suffirait à réduire à néant des millénaires de paix et de fraternité. Ce n’est pas tant qu’elle aurait voulu voir ces empires être anéantis, pas plus qu’elle n’aimait la guerre, mais finalement, après bien des épreuves, elle estima que la fin du règne des hommes sur terre était méritée. Alors, elle fomenta la plus grande des révolutions, celle où l’homme n’a plus sa place car il serait autant victime qu’instrument.

Toute petite, elle avait été vouée à être la compagne docile et aimante d’un empereur omnipotent, décidant de tout, gérant tout, et condamné, lui aussi, à être un guide aussi spirituel que politique. Elle avait été éduquée dans cette optique : sportive, séduisante, cultivée, mais silencieuse et réservée, elle devait être l’épouse par excellence, celle qui obéit sans réagir, qui subit sans pleurer, qui engendre une descendance sans l’élever. Tout semblait être écrit et planifié, à tel point qu’elle ne se donnait aucune chance de croire en autre chose. En quelque sorte, adolescente, elle tomba amoureuse de cet empereur inconnu, ce lointain personnage adulé et craint. Pour son image, elle fut exhibée et traitée en sainte et en vierge. On ne lui permit d’avoir ni ami ni confident, de n’être approchée que par des servantes tenues au silence, ou des médecins l’auscultant sans ménagement ; on voulait être sûr qu’elle pourrait procréer.

Ils furent mariés sans un mot ou presque, elle ne put que l’entrevoir durant toutes les festivités. C’est au moment de la nuit de noce qu’elle pu être avec lui. Sans un égard, elle fut prise, violentée par cet homme froid et manipulateur. Lui aussi avait été éduquée en ce sens : être un tyran, un despote impitoyable et sûr de son pouvoir. Cette nuit ne laissa en elle qu’un immense vide, pas même une larme ne perla sur ses joues. De frustration en solitude, elle accumula de la colère intérieure, une véritable haine contre cet homme qui se moquait d’elle. Il avait besoin de sa matrice, pas celle autour. Durant des jours et des jours, la situation se renouvela, sans échappatoire, sans chance d’être un jour délivrée. Il voulait la féconder et avoir un héritier mâle. Et rien de plus.

Seulement, lorsque, enfin, l’enfant naquit, ce fut une fille qui vint au monde. De fureur, le tyran donna l’ordre que l’enfant soit abandonné dans le plus grand secret. On ôta alors le poupon à sa mère, en lui faisant comprendre que cela se reproduirait jusqu’à la naissance d’un garçon. De désespoir, elle voulut se suicider, quand un esclave lui conseilla plutôt de lui faire payer amèrement cette horreur. Le serpent avait mordu, le poison coulait dans ses veines. Il fallait le blesser à mort, mais pas le tuer. Le ruiner, le voir s’effondrer de lui-même. Et l’occasion se présenta d’elle-même un jour de faste, un de ces jours où elle n’était qu’une potiche pour la galerie. Elle croisa un empereur ennemi avec qui son époux était en trêve.

L’idée fut simple : fomenter une guerre, créer une alliance entre les ennemis de l’empereur. Ce fut plus si simple que l’histoire ne retint que son rôle de catin, celle qui coucha avec ses ennemis pour la ruine de son empire. Rapidement, les affrontements débutèrent, et ce fut l’orgueil qui vint à bout de la dictature. Toutes les frontières s’embrasèrent, les villes subirent d’effroyables famines, de terrifiants combats, et, grâce aux fonds de son foyer, elle paya même des esclaves pour lever une révolte intérieure. On mit le feu aux greniers, on tua les nobles, exécuta les rebelles, fit subir des représailles sur les familles et des uns et des autres. En arrière plan, elle poussait l’empereur, encore et encore, pour qu’il soit intraitable. On lui conseillait de tergiverser, et elle, perfide, déterminée à le broyer, insistait sur son rôle de tyran. Plus il faiblissait militairement, plus elle avait l’ascendant sur lui, et elle jubilait intérieurement.

Le palais venait d’être anéanti. Elle était assise, là, sur les restes de ce qui fut signe de splendeur et de pouvoir. Il était mort, non le glaive à la main, mais lâchement, implorant ses ennemis de l’épargner. Il fut percé de dizaines de coups de lance, et ses ennemis n’étaient pas des armées, mais son propre peuple, lassé par les guerres et le sang versé. Elle ? Son sort était convenu, elle serait exécutée, passant à la postérité comme étant la destructrice d’Eden, elle, l’épouse d’Adam...

Eve.

02 juillet 2009

ET DE 600 !!!


Vous avez bien lus : 600 messages, 600 écrits depuis le 29 Juin 2006. Trois années à râler, pester, rire, parfois pleurer, mais avec toujours à l’esprit l’envie de me faire plaisir, et par la même occasion faire plaisir à mon lectorat.

Donc, à celles et ceux que je peux considérer comme des fidèles de la première heure, je vous dit merci. Je pourrais bien vous lancer des fleurs, me lancer dans une flagornerie bien peu typique de ma plume, pourtant je dois admettre qu’il est flatteur d’être lu, et parfois critiqué ou encensé. Comme tout gratte papier, j’apprécie de faire réagir, de provoquer quelque chose et pas uniquement un « ah » que l’on pourrait mollement pousser à la lecture d’une une quelconque. En tout état de cause, que ce soit le bâtisseur ou « l’écriveur » public, la satisfaction d’être apprécié est nécessaire pour être motivé.

Motivation… Un bien grand mot dans un monde où l’essentiel de l’existence semble se tourner vers l’autosatisfaction. L’individualisme forcené paraît être devenue une vertu, au lieu d’être tournée en ridicule. Pour ma part, étant un rien misanthrope, tout étant amoureux de l’Humanité, j’aime à penser que certains de mes textes puissent être un jour lus avec respect et traités comme des idées au moins intéressantes, voire même progressistes. Qui sait, un jour peut-être pourrais-je apprendre qu’un de mes exutoires soit devenu une référence scolaire… Qui sait, De toute façon, ce n’est pas vraiment la reconnaissance du monde qui m’intéresse, c’est surtout le partage avec autrui de mes idées, de ma conception du monde, et parfois l’ironie qui en découle. Rions de nous, comme cela nous saurons être tristes de nos erreurs.

600… Quelle folie quand j’y songe ! N’est-ce pas là une véritable frénésie ? C’est dévorant d’écrire chaque jour, c’est une véritable drogue que d’épancher ses sentiments du moment dans un format déterminé. A l’instar du jardin secret de l’adolescent, ce blog est devenu au fil du temps un recueil d’énormément de mes sentiments personnels. Coucher ainsi une existence, c’est aussi un peu s’exhiber, non pour se faire plaindre ou envier, mais juste pour se soulager. La conscience aime être libérée, elle apprécie de ne pas devoir supporter le poids de notre expérience… Et moi, peu à peu, j’en ai profité. A ce jour, il me reste encore énormément de choses à traiter, tant de sujets trop légèrement abordés pour que je cesse d’écrire ainsi. Un ami m’a dit récemment que « tu sais maintenant pourquoi tu écris ». Il a raison : je le sais, et je le remercie de me le dire ainsi, droit, d’homme à homme, sans l’enrobage mielleux que d’autres auraient mis. Il sait me dire mes erreurs, me critiquer sur mes idées, et me dire quand il apprécie. Que ne donnerais-je pas pour que cela soit un fonctionnement pour tous les humains… enfin passons.

600 articles, je regarde cela avec étonnement. Je me demande comment regarder l’amoncellement de textes, d’idées et même de dessins qui trône sous mes yeux en ce moment même. N’usant jamais de brouillon, il m’arrive de me relire avec étonnement, en décrétant que « c’est mauvais », ou bien pire encore « C’est de moi ça ? ». J’affine et affûte lentement ma plume, avec la patience du maître affûteur penché sur le sabre qu’il mettra des mois à polir. Je polis patiemment, jour après jour, les formes et les étirements de la langue, en espérant qu’un jour je sois à la hauteur d’autres grands dans cet art de l’écriture. Sans envisager les rejoindre, j’aimerais pouvoir tenir la comparaison sans avoir honte de moi… Un jour, allez savoir…

Dois-je me féliciter d’avoir tellement écrit ? Je ne le crois pas. Le temps est un ennemi permanent qui ronge, peu à peu, chaque cellule de nos corps chétifs, et j’écris comme pour me rassurer qu’il ne passe pas pour rien. Ecriture, tu restes, parole, tu t’envoles si facilement ! J’espère pouvoir tenir encore plusieurs décennies, et au crépuscule de ma vie pouvoir me dire « j’ai été quand même productif… », tout en riant de mes écrits passés, à la lumière de mon expérience d’une vie. Est-ce un labeur ? Non : une fierté. Est-ce difficile parfois ? Si écrire devenait difficile, je ferais taire ma plume dans l’instant.

Enfin, encore une fois merci, en souhaitant que l’on puisse se recroiser ici même au millième article. Ce jour là, j’envisagerais bien un verre partagé à Paris, ou bien un restaurant avec tous les lecteurs du blog. C’est une idée, non, réunir les amateurs pour une soirée, un samedi soir à refaire le monde… Notre monde. Si l’idée vous plaît, contactez moi par les commentaires, ou éventuellement par messagerie pour ceux qui en disposent (je fournirai le mail aux autres de manière plus discrète).

A demain, si ma plume le veut bien !

01 juillet 2009

Démon cratie

« Chose promise chose due » vous annonce l’adage populaire… Pour ma part, étant non seulement pragmatique, mais aussi un brin cynique, j’estime que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. De fait, je vais faire preuve d’une surprenante bonne volonté et réattaquer le sujet lancé hier, à savoir se poser des questions sur la notion de démocratie. Les moins prompts de la boîte à gamberge auront bien entendu tiqués sur la faute volontaire dans le titre… Alors, pour eux, allons décortiquer par le biais d’une autopsie en règle le principe de démocratie en France ! Sortons les scalpels, il y a de la viande à découper !

J’estime inutile de rappeler ce qu’est étymologiquement parlant la démocratie. Je vais donc prêter à nos enseignants l’intelligence d’avoir expliqué aux mioches que nous étions le sens de ce terme, et me réserver pour l’analyse de la théorie mise à l’épreuve de la pratique. Sommes-nous en démocratie ? Les braillards mécontents beuglent depuis toujours que nous sommes en quasi dictature, et les satisfaits narcissiques se contentent, eux, de décréter que nous avons le moins mauvais des systèmes. Fort bien messieurs dames, fournissons aux uns et aux autres des armes, juste histoire de récupérer les survivants, et d’en tirer les conséquences. C’est dans l’affrontement des mouvances extrêmes que l’essence même de la démocratie s’exprime le mieux. Absurde ? Souvenez vous : 2002, les électeurs, non, les bœufs de l’électorat, ayant estimés que le premier tour serait une formalité, ont permis l’apparition de l’extrême droite au second tour. « Déni de démocratie ! », hurlèrent dans la rue les crétins, les abstentionnistes et les anars. Navré de vous le rappeler : c’est en refusant le fonctionnement démocratique de l’élection que le duel Le Pen – Chirac fut possible ! Hé oui : une démocratie se juge non à son quotidien, mais surtout à sa résistance aux épreuves. N’oublions pas, par ailleurs, l’expérience historique de la disparition de la IV ème république : celle-ci fut démantelée par De Gaulle, ceci parce qu’elle fut non seulement incapable de gérer l’entre deux guerres (en permettant la montée des nationalismes, et sa souplesse excessive lors de la crise des Sudètes et de l’Anschluss en Autriche), mais également de par sa dislocation totale, ceci à travers la valse des ministères. La V ème république, elle, résiste, aujourd’hui encore, à cette tendance à l’usure du pouvoir.

Dans ces conditions, on peut estimer que la démocratie, du moins une certaine idée de celle-ci, survit encore dans nos institutions. Cependant, penchons nous sur un problème plus délicat. Si l’on parle de démocratie, c’est que l’on espère donc une représentativité populaire à travers les élus du peuple. Est-ce le cas ? Concrètement, je crois que deux écoles s’affrontent. D’un côté, nous avons face à nous un corps de politiques aussi disparates qu’incohérent : extrême gauche inconsistante et populiste, extrême droite se préparant aux prochaines échéances électorales avec la relève du FN, et entre les deux une nébuleuse d’idées et de partis plus ou moins solides. Dans ces conditions, nous conservons donc dans les urnes des gens déjà en place depuis des années (voire des décennies), qui, par l’entremise d’étiquettes politiques soi disant tranchées, maintiennent les choses en l’état. Est-ce vraiment progressiste de voter NPA ? Est-ce intelligent d’aller laisser sa voix pour un parti satellite sans pouvoir ? Est-ce pour autant normal d’aller se noyer dans la masse des grosses machines électorales ? De ce constat, nombre de votants peuvent alors légitimement se demander où se placer. Aussi incrédule que je sois face à l’abstention, je peux toutefois tolérer le discours décrétant que le changement ne semble pas possible par la voie des urnes. La seconde option de compréhension consiste à justement trouver logique que l’ancienne garde soit en place, justement parce qu’elle connaît les rouages complexes du système, et qu’elle sait donc composer avec ses fragiles mécanismes. Du haut de notre pouvoir individuel, force est de constater que notre expertise sur les domaines aussi divers que l’économie, la stratégie militaire, ou encore la politique sociale, se cantonne à notre expérience personnelle et à nos quelques convictions glanées au hasard de notre culture individuelle. Expert en tout ? Sûrement pas. Potentiellement informé ? Déjà bien plus. Devons-nous donc conclure que la démocratie est assurée et comprise par chacun ? J’irais à l’essentiel : nous votons pour élire, nos élus ne sont tenus que par un devoir moral.

Et c’est là le handicap de l’élection !

Comprenons nous bien : comme l’a dit Churchill, « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes ». Je suis en plein accord avec cette idée. Pourquoi ? Parce que nous déléguons nos pouvoirs à une population restreinte de gens, ce qui les incite à utiliser le pouvoir non pour le bien de la communauté, mais plus pour leur bien personnel. En tout état de cause, la démocratie représente tous les travers possibles : corruption, mensonge, manipulations, les coups bas sont légions, et l’intelligence de mettre en doute les gouvernants se doit d’être un réflexe…. Mais un réflexe de bon sens, non de contestation gratuite sans construction. L’anarchisme est une ineptie, du moins sur le principe de compter sur le chaos pour bâtir une société civilisée. Chacun espère prospérer sans craindre son voisin, et surtout nombre de personnes compte sur le paternalisme affiché de l’état pour s’épargner la charge de réfléchir à comment faire fonctionner le monde. C’est compréhensible, légitime même, mais à quoi aboutit-on dans ces conditions ? A un ersatz, une déviance inadmissible des institutions, une forme de ploutocratie qui ne dit pas son nom.

Ploutocratie : (du grec ploutos : richesse ; kratos : pouvoir) consiste en un système de gouvernement où l'argent constitue la base principale du pouvoir. D'un point de vue social, cette concentration du pouvoir dans les mains d’une classe sociale s’accompagne de fortes inégalités et d’une faible mobilité.

Nous avons diabolisés le FN, taillés en brèche le communisme pour son désastreux passé, raillé lutte ouvrière pour son attitude datant des manifestations de 1936, et enfin réduits à néant l’opinion publique en médiatisant nos élus comme des vedettes de cinéma. Par la faute même de l’opinion, celle-ci s’est donc bâillonnée et ainsi permis l’émergence d’une classe politique étrange, hésitant entre le pouvoir de l’argent et le pouvoir des institutions. Si l’on taxe le président Sarkozy de populisme, si on lui reproche ses relations avec les milieux riches de la France, c’est aussi grâce à cet aspect « people » qu’il fut élu. Démocratie ? Ca ? Ce n’est pas lui qu’il faut taxer de bêtise, c’est aux électeurs qu’il faut alors faire la leçon ! Je suis tout de même surpris que les gens ne se rendent pas compte que la situation actuelle, ainsi que ses actions, étaient prévisibles, et même annoncées par ses soins. Il ne me semble pas si évident que cela que Sarkozy se soit caché d’un déterminisme et d’une certaine connivence avec le modèle américain, loin s’en faut même ! Avant même les élections, je me souviens avoir mis en avant ces faits, et annoncé que l’on pourrait avoir des doutes sur le résultat final. Nous y sommes : faisons un bilan provisoire alors ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le système est encore solide et démocratique car ce sont les urnes qui parlent. Concrètement : il fut élu, l’assemblée aussi, les deux lui donnant un pouvoir quasi absolu sur son mandat. Les Européennes viennent d’être bouclées, avec un repli significatif de la gauche, et un maintien évident pour la droite… Le tout sur fond d’abstention, encore une fois. Les élections sont donc libres, indispensables, mais peu respectées par ceux même qui réclament le pouvoir. Allez comprendre : en légitimant le pouvoir par les urnes, la France s’est offerte le président qu’elle méritait : déterminé, populiste, franchouillard même dans ses gaffes, un rien roquet dans certaines attitudes, mais toujours convaincu de son bon droit. Si l’on demandait à un étranger sa vision sur le Français moyen… il le décrirait dans les mêmes termes ! Prenons en bonne note : la France est démocratique, ses instances fonctionnent, son système judiciaire si imparfait soit-il n’est pas délabré, c’est avant tout l’implication populaire dans la vie politique qui n’est plus suffisante. A force de tout laisser passer, à force de supposer que le vote sécuritaire est une bonne décision en cas de crise, nous ne serions donc que des moutons réitérant l’erreur Allemande des années 30.

Enfin, à celles et ceux qui pensent qu’une manifestation fait reculer le gouvernement (CPE, les étudiants et j’en passe) : le droit de grève, c’est le droit de revendiquer. Pas celui d’obtenir satisfaction. En amorçant à chaque fois une reculade visible, les gouvernements en place furent toujours prompts à revenir à la charge, mais de travers. A croire que la stratégie est : « Filons leur un os à ronger, une loi intolérable… laissons les brailler, une fois calmés on leur collera tout de même une réforme sous le nez, et ils l’accepteront sans broncher. » Je n’ai vu quasiment personne bondir quand R.Dati s’est lancée dans une politique digne des méthodes de la Gestapo. J’ai gueulé « Schutzhaft ! », et personne n’a réagi. Preuve à l’appui : les pâturages de la démocratie sont donc bien propices aux pires mauvaises herbes…

Adolf Hitler a bien profité de ce concept, tout autant que Mussolini, ou bien Napoléon, ou encore César.

« Accorde toi la bienveillance du peuple, et celui-ci te suivra jusqu’en enfer ». Cela aurait pu être de Machiavel, mais pour une fois, c’est de moi.

A bon entendeur...

PS: ces deux liens sont sur mon blog... par curiosité, observez les dates de rédaction.
La Schutzhaft est de retour
Un parallèle osé (concernant N.Sarkozy)