30 mars 2012

C‘est qu’ils en font un de ces bruits !

Les oreilles qui sifflent suite à un boucan atroce, on connaît tous. C’est une sensation désagréable, l’impression d’avoir quelque chose dans les esgourdes qui se trémousse sans arrêt, alors que le silence s’est déjà fait depuis bien longtemps. On s’en accommode un peu, on supporte, puis l’on peut finir par devenir dingue, faut à un sommeil perturbé, une vie insupportable à force d’insomnies et de stress… Bref, le bruit qui vous démolit les tympans est dangereux pour votre santé tant physique que mentale.

Mais alors, bordel de bordel, pourquoi des abrutis de journaleux n’arrêtent-ils donc pas de se prendre pour des mouches autour d’un pot de miel mal fermé ? Ils sont d’un pénibles ! Le bruit de fond qu’ils provoquent est assourdissant, à tel point que ce frétillement finit par couvrir le bruit que pourrait faire n’importe quelle information importante hélas noyée dans la masse. Regardez donc : on n’en finit pas de remuer les poubelles avec les horreurs de Toulouse, mais pour autant on n’accorde pas plus de dix secondes à la fin de la trêve hivernale des expulsions. On se moque des gouvernants et du RAID concernant l’assaut sur l’assassin, mais l’on se moque littéralement de savoir ce qu’il peut se passer dans bien des pays du monde. (Tiens, un coup d’état par ci, tiens un despote qui tombe par là…)

Sans rire, je m’interroge sur la nécessité à nous retourner la cafetière avec des imbécillités : que voulez-vous qu’on fasse, en tant que citoyens, du lieu d’inhumation d’un criminel ? A tout choisir, je me serais délesté du problème en balançant la dépouille lestée dans la Méditerranée, comme ça pas de sépulture, pas de lieu de culte ou de vengeance, et surtout pas d’humiliante obligation de devoir garder à l’œil la dépouille du criminel. Mais non, le droit, la loi, la morale, tout cela, les journalistes en font fi et font leurs choux gras du « L’Algérie ne veut pas du corps ». Evidemment qu’ils n’en veulent pas ! Qui voudrait d’un paquet aussi encombrant ? Pour que le problème soit reporté chez eux ? Et puis quoi encore, ils ont bien assez à faire que de se trouver mêlés à ce cirque médiatique et politique.

Ah, autre chose aussi. J’ai l’impression que les gens découvrent que l’horreur est humaine. Bizarre, j’en suis pourtant convaincu depuis bien assez longtemps. Suis-je donc trop cynique ? Pourtant, les meurtres, les viols, les actes de barbarie, les bombardements, toutes ces atrocités supposées « inhumaines » (alors qu’elles sont perpétrées par des êtres humains justement) n’ont rien de bien nouvelles. Cependant, on continue à s’ébahir quand quatre adolescents en tue un cinquième, quand un violeur récidive une énième fois, quand un pays s’effondre à coups de bombes, bref quand l’homme se comporte de manière atrocement ordinaire. Mais merde les gars, il faut se regarder en face deux minutes ! L’homme est un boucher, un sauvage, une bête qui ne demande qu’à dévier de sa route morale. Et ça n’est pas faute d’instaurer des lois pour essayer d’encadrer nos penchants ! Nous sommes parmi les rares bestioles de ce monde qui n’hésitent pas : à tuer gratuitement, à tuer par plaisir, à détruire sans raison, à gaspiller volontairement, à créer des systèmes qui jaugent la valeur d’une vie, et ainsi de suite. Et la morale voudrait qu’on soit sereins, propres, exempts de corruption ? Fumisterie morale, quand tu nous tiens.

Le monde a toujours été, et sera probablement toujours un cirque à ciel ouvert. Notre besoin de « savoir » ne s’arrête pas à des aspects purement intellectuels. Nous voulons « tout » savoir, les travers des autres par les tabloïds, la vie fantastique et enviée des puissants, ou encore les futilités des engueulades de nos voisins. Voyeurs, colporteurs de rumeurs et de fausses nouvelles, nous sommes clients et friands des cochonneries dont les dits journaleux font leur beurre. C’est ainsi, les scribouillards existent parce qu’il y a une demande, tout comme les intellectuels existent parce qu’il y a un besoin naturel de se trouver des références. De là, où est le juste milieu ? Probablement au même endroit où notre vestige de repas finit, bien au centre… Comprenne qui pourra.

Nous avons les médias et les politiques que nous méritons. Nous avons le niveau de culture et d’information dont nous sommes capables de tenir compte. Alors, demandez vous : qui, de votre entourage, se pourrit le cortex à coups d’émissions débiles, se gave d’articles sur les stars, qui en sait plus sur les goûts vestimentaires d’une starlette quelconque, que sur les goûts alimentaires de leur conjoint (e) ? Là, vous frémissez ! Tremblez, lecteurs, vous êtes cernés par les cons, par l’ignorance ; par la folie furieuse ! C’est donc un monde tout aussi nauséabond qu’il y a 60 ans, qu’il y a dix siècles, que dans un futur lointain.

Vive l’Homme !

27 mars 2012

Surfer sur la mauvaise vague

J’aurais pu faire comme tout le monde. J’aurais pu réagir intensément après l’horreur de ces derniers jours, et surtout faire la polémique autour des thématiques que trop souvent entendues. « Encore des juifs qui se font tuer ! », « Encore un arabe qui tue aveuglément » et j’en passe. Stop ! Qu’on arrête immédiatement le carnage, les amalgames, qu’on interrompe sur le champ toute intervention mal venue. Vous oubliez tous la première des réactions qui se devrait d’être pour toute personne, à savoir la dignité ! Ca ne vous touche pas, mais vous récupérez les thèmes qui vous conviennent, vous instrumentalisez la mort de gosses sans vergogne, et vous poussez tous le vice jusqu’à en faire des prétextes pour la haine sectaire et raciale. Dans quel monde sommes-nous donc pour encore tolérer de telles inepties ? N’avez-vous donc rien appris ?

J’aurais pu faire l’effort de tenter de comprendre les arguments des uns et des autres, surtout quand il s’agit de débattre sur la sécurité des citoyens, sur la surveillance des extrémistes, et donc sur l’intervention en sous-marin des services secrets. J’adore le double discours des gens qui, d’un côté veulent un monde sécuritaire et rassurant, et de l’autre qui refusent obstinément de comprendre que la sécurité extrême se fait systématiquement au prix des libertés individuelles de chacun de nous. C’est que trop facile de mettre en accusation les compétences et les lois, mais avant tout, n’est-ce pas nous qui revendiquons que nous voulons de l’anonymat, de la démocratie, du droit à l’opinion personnelle, même si celle-ci peut se révéler nauséabonde ? Quelle est la frontière entre religion et sectarisme ? Quelle est la ligne qui sépare opinion politique et danger pour autrui ? Chacun doit se regarder dans le miroir et se demander quelle est sa frontière personnelle. Je me refuse de classer facilement, comme beaucoup le fond, les musulmans dans le bac des dangers. Qui est dangereux ? Le catholique qui met le feu à un cinéma parce que le film parle du Christ ? Un athée qui vandalise une mosquée parce que l’islam est, selon lui, l’ennemi, ou bien le juif qui expulse des gens pour faire sa résidence dans un kibboutz ? Tous sont des terroristes, tous sont des racistes, des pourvoyeurs d’horreur, et je ne crois pas que nous puissions dire « Je suis hors de cette mécanique ».

On met en accusation les forces d’intervention du Raid face à l’assassin. On dit çà et là « c’est un échec ». Ben voyons, tant que vous n’avez pas la décision entre les mains, ou sans porter l’arme pour donner l’assaut, qui êtes-vous pour dire de telles choses ? C’est dingue de se rendre compte à quel point l’incompétence et la méconnaissance permet au tout à chacun de réagir et de se placer en expert. Personnellement, je ne peux pas critiquer l’assaut, puisque je n’ai pas l’expérience de ces hommes là, mais un peu de bon sens s’impose. On le voulait vivant pour l’interroger, il ne s’est pas rendu ; on ne savait pas ce qu’il y avait dans l’appartement, il était donc dangereux de donner l’assaut aveuglément. On ne pouvait pas envoyer à l’abattoir des hommes d’élite sans avoir un minimum essayé de trouver une solution négociée. Oui, cela a duré, peut-être trop longtemps, peut-être aurait-on dû tenter quelque chose dans l’heure qui suivait la découverte de son dernier refuge, mais de là à traiter ces hommes courageux d’incompétents, je hurle au scandale ! Tentez donc de déloger quelqu’un de retranché dans un appartement, armé et potentiellement nihiliste, et nous en reparlerons plus longuement.

Je suis intraitable aujourd’hui. J’ai honte pour les gens qui se mettent à tout récupérer. Politiques, journalistes, homme de la rue, tous sont dans le même panier de pommes pourries. Chacun va de sa petite phrase profondément connotée, jusqu’au point d’aller oser faire des ignominies comme cette institutrice qui a eu le culot de demander à ses gamins une minute de silence pour le tueur ! Mais bordel, qui est-elle pour oser cela ? Ce n’est pas une mise à pied que cela mérite, mais un licenciement sans indemnité, voire même une plainte pour son comportement. L’école n’est pas un lieu de prosélytisme pour les enseignants engagés, pas plus que c’est un lieu de recrutement pour y embrigader des gosses dans des idéologies débiles. Si un enseignant s’autorise cela, où sont nos limites ? Quels sont vos critères de décence ? L’école n’est pas un lieu à politiser, mais visiblement nombre de professeurs perdent cela de vue. Le cercle privé n’est pas le cercle des élèves, loin s’en faut. Et je n’ose même pas imaginer ma réaction si un de mes enfants était l’élève de cette femme. Je pense qu’il y aurait rapidement eu « explication ». Si la République forme ses esprits de la sorte, ne nous étonnons pas d’avoir des dérives sectaires, des extrémismes à gauche comme à droite, et surtout une culture de l’intolérance.

Je suis profondément atterré de voir qu’on ose me dire « pourquoi protéger les mosquées autant que les écoles juives ? » Parce que l’envoi de bombes incendiaires dans les mosquées, le vandalisme de ces lieux de culte, ça ne vous semble pas mériter une sécurité au même titre que pour les lieux de culte juifs ? Quelle est cette mentalité scandaleuse ? J’en ai plus que ras le bol de cette victimisation systématique, cette manipulation morale où l’on se devrait de dire « les juifs avant les autres ». Non ! Encore trois fois, mille fois non ! Juif, musulman, orthodoxe, tous ont le droit à la même sécurité, à la même tolérance, mais aussi aux mêmes devoirs de réserve et de tolérance. Et j’attends non sans plaisir qu’on me traite d’antisémite. Cela ne fera que me confirmer que, tant en religion qu’en politique, quand on veut le droit à s’exprimer, cela revient toujours à être taxé de « fasciste », ou bien de « antisémite ». Le fascisme, c’est censurer quand on ne pense pas comme les autres. Le fascisme, c’est de se penser supérieur aux autres. Le fascisme, c’est de prétendre à écraser les autres en se faisant passer pour des victimes ou des maîtres.

Je ne reculerai pas : Pas question de dire « Tous les arabes sont mauvais ». Pas question de dire « Les juifs sont des victimes partout, protégeons les ». Toutes les communautés ont des victimes. Toutes les religions peuvent être maltraitées. Je ne distingue pas les victimes, parce qu’une victime n’a plus de religion ou d’identité, elle devient une statistique pour tous ces gens. Ils se foutent du malheur des familles, ils se foutent complètement de mettre tout le monde dans le mauvais sac. Je ne surferai jamais sur cette mauvaise vague ! Ici, je suis supposé exprimer ma colère avec acidité, mais là les seuls mots qui me viennent à l’esprit sont des insultes. Marre d’entendre ces gens aux propos étriqués, marre d’entendre seriner les mêmes idées viciées ! J’en ai du mal à garder mon calme tant cela me fait enrager… Et pourtant, je me le dois parce que sinon je vais succomber aux mêmes extrêmes qui me font justement horreur. Le démon de la violence me hante, il me taraude l’esprit presque aussi sûrement que la haine raciale taraude celui des racistes. La xénophobie ? Elle est en moi : je suis xénophobe aves les cons, les rétrogrades, les attardés de l’évolution sociale, avec les despotes moraux, avec les fascistes bien pensants, avec les escrocs, avec les falsificateurs d’histoire. Oui, je vous hais, tous, en bloc, sans tri, sans distinction. Tous, vous créez la haine, vous provoquez la violence, vous faites naître des rancoeurs, puis vous vous dites innocents des carnages. Que ne donnerais-je pas pour qu’on fasse payer le prix de vos actions !

19 mars 2012

Je regarde les gens tomber

Il paraîtrait que nous sommes entourés de gens capables d’aller bien au-delà de leurs limites, d’être des exemples, donc en gros des représentants de ce qu’il y a de mieux dans l’humanité. Soit. Admettons. Je ne vais pas faire preuve de méchanceté gratuite, d’autant qu’il y a effectivement de véritables héros, qu’ils soient anonymes ou bien reconnus par chacun de nous. Ainsi, le pompier qui sauvera une vie au mépris de la sienne, comme Armstrong faisant l’andouille sur la lune méritent d’avoir le même piédestal, et, selon mes échelles de valeurs, j’irais même dire que celui dont on ne connaît pas le nom a finalement plus de mérites, puisqu’il s’agit d’un quotidien au service des autres.


Malgré cela, et bien que j’ai tenté une ouverture dans mon esprit borné, je n’arrive toujours pas à appréhender comme notre chère plèbe arrive encore à trouver des politiques séduisants, à les idolâtrer, au point d’aller gueuler à qui veut l’entendre «Un tel sauvera la France ! », ou encore « Votez X ! ». Désolé, mais quand ont tente de faire du prosélytisme sur du vent, quand on veut me faire avaler des couleuvres de la taille d’un câble de téléphérique, je renâcle. Déjà, mon estomac rechigne à digérer tout et n’importe quoi, ensuite mon esprit se veut un minimum critique, parce que je le vaux bien, et enfin et surtout, parce que je ne pense pas qu’on puisse me faire croire que la parole d’un politicien puisse devenir celle d’un évangile. Je veux bien croire que certains se sentent investis d’une mission, que les convictions sont profondes, mais de là à ce que j’admette qu’ils sont « touchés par la grâce »… Je n’ai pas plus confiance dans cette idée, que j’en ai dans les radicalismes pour réformer le monde.

Oh, je sais que je me fais des ennemis en lançant ce genre d’invectives. En effet, avec le « bien pensant » qui se faufile dans toutes les discussions, penser du mal d’un sauveur, c’est forcément être un fasciste, un malsain, un déviant, bref celui qui doit être embastillé d’urgence ! Dites, les bas de plafonds et autres restreints de la boîte à gamberge, vouloir censurer les opinions qui ne vous conviennent pas, ce n’est pas du fascisme justement ? De quelle autorité s’imposent-ils dans mes idées ? C’est beau la démocratie, surtout quand on la pratique à coups de censure dans la gueule ! En d’autres temps, on aurait parlé de matraque, maintenant on parle de manchettes de journaux et autres interviews menées par des serviteurs zélés. Autres médias, autres mœurs je suppose. Bref, je sais que plus proche sera la date buttoir des présidentielles, pire sera les tentatives lamentables de ramassage de voix et autres opinions favorables.

Tenez, les sondages sont particulièrement criants… de connerie. Les uns montent, les autres descendent, on s’entend (quand on n’a pas le ticket d’entrée des 500 signatures) pour refourguer son cheptel d’électeurs potentiels, ceci en échange de quelques faveurs en cas de victoires, et on se jette des briques ou des fleurs pour se dire tout l’amour qu’on se porte. Amusant, tant qu’on se contente de compter les points, mais bien moins quand on en arrive à s’interroger sur les thèmes de campagne. Hé, les guignols en costard, ça vous arrive de vous pencher non sur votre petit sort, mais sur le grand sort de la nation qui est supposée vous élire ? Déjà, au lieu de sortir des squelettes du placard, commencez par balayer devant vos portes ! Chaque politicien a nécessairement des dossiers sales, des poubelles pas vidées, et concrètement c’est la fonction même qui appelle à se salir les mains. Tous, nous en convenons et l’acceptons, du fait que l’humanité est aussi corrompue qu’elle peut se prétendre vertueuse. Par contre, abaisser le débat au niveau des fosses (qui me rendent sceptiques), c’est aller bien au-delà des seules batailles politiciennes, non ? Ceci dit, les sondages donnent raison à cet étalage de saleté, parce que les gens semblent être attirés plus par la démagogie que par le fond. Rien à cirer des problèmes, tant qu’un des types nous vend du bonheur et du progrès…

Ils me font tous penser à des représentants en aspirateurs, vendant de la puissance, du silence (social), tout en oubliant de préciser que l’engin se révèlera inefficace, nauséabond à force de pourrir dans un placard, et qu’il sera impossible ou presque de le remettre en marche en cas de panne. Gauche ou droite ? Radical, extrémiste, centriste ? Chacun aura un choix à faire. Là, ce qui m’ennuie, c’est que je connais déjà l’aspirateur, mais qu’en fait de nouvel engin, c’est juste le sac à poussière qu’on va changer. Hé oui : dans la situation où nous sommes, ne comptez pas sur le moindre candidat pour révolutionner la politique ou l’économie. Tout bon président se doit de profiter de la vague du progrès, ou d’éviter de couler avec le naufrage mondial. A force de lier le destin d’une nation à celui d’un monde visiblement lancé dans une course folle, nous ne pouvons plus compter sur eux pour refaire notre réputation ou notre économie. Pourquoi sac à poussière ? Parce qu’ils ne feront que ramasser les miettes de la réussite, ou bien tenter d’ingurgiter les débris d’une société pendant son effondrement.

A l’issue des élections, un seul élu sera à la tête de notre pays. Les autres dégringoleront temporairement les escaliers, et je les regarderai tomber avec amusement. Méchant ? Oui, je le suis parfois. Cruel ? Pas du tout, tant ces gens là sont habitués à se relever. L’orgueil est un excellent moteur pour ne jamais céder, et je crois qu’un politicien se doit d’être bouffi à force d’excès d’orgueil.

Si j’étais un monstre

Si j’étais un monstre, je me serais fendu de faire de l’humour sur les évènements de ces derniers jours, d’autant plus que nombre d’humoristes ne se privent pas de faire des plaisanteries sur tout et n’importe quoi. Me concernant, je considère effectivement qu’il faut savoir rire de tout (et Pierre avait raison là-dessus, lui qui plaisantait sur son cancer !), mais je doute qu’il soit toujours de bon ton ou même de bonne intelligence de le faire avec n’importe qui. Pourquoi ? Est-ce parce que je considère que rire avec un imbécile, c’est gâcher du temps et de l’énergie ? Pas le moins du monde : c’est simplement parce qu’il y a des choses qui vont au-delà de la liberté d’expression et du droit de rire de « tout ».

Nous avons tous vu l’atroce accident de bus où de nombreux enfants viennent de mourir. Je ne mettrai ni image, ni lien vers quoi que ce soit sur le web à ce propos. Certains me diront que ce ne serait pas manquer de respect aux victimes, sauf qu’en fait, j’estime que le sensationnalisme ambiant m’écoeure. Les titres s’enchaînent, les hypothèses parfois insultantes pour le chauffeur (lui aussi décédé) s’empilent, et ce sans autre chose que des rumeurs, des suppositions, bref sans la moindre once de preuve ! En les lisant, ces pourfendeurs de baratin étalés à la truelle sur nos écrans pour nourrir nos esprits infertiles et mollassons, je ne vois plus de l’information, mais plus de l’humour dégueulasse, des mauvaises blagues indignes même des bas-fonds qu’ils remuent sans cesse pour nous abreuver d’horreurs. Je n’arrive pas à cautionner, je n’arrive plus à pardonner ce comportement scandaleux. Pourtant, oui, je crois que la presse se doit de parler, d’expliquer, d’aider les gens à comprendre le monde qui les entoure. Cependant, je n’arrive plus à tolérer cette course à l’information instantanée, d’autant plus quand elle porte atteinte à la mémoire des victimes.

Les journaux européens se sont très majoritairement comportés avec dignité, arborant des « unes » dignes, souvent dépourvues de photographie, ceci afin de montrer que beaucoup de monde pleure ce drame atroce. Des témoignages de sauveteurs parlent des conditions de leur arrivée sur le site de l’accident, et de la douleur de devoir porter secours à des enfants. Je ne lierai pas non plus ces propos, parce qu’ils sont durs, tristes, et que je ne crois pas au net spectacle. Encore une fois, cette presse internet se gave, se régale du malheur des autres, de la détresse de ces sauveteurs qui sont forcément traumatisés par ce qu’ils ont vécu. Qui ne le serait pas ? Les gestionnaires de ces sites « d’information » ne le sont pas apparemment, tant ils exposent sans complexe les clichés de l’autobus complètement démoli par le crash. Où est le respect, la dignité ? Messieurs les rédacteurs, je vous conchie, je vous vomis, vous et votre politique éditoriale de voyeurisme exacerbée !

Je me suis toujours plaint du net, de ses travers, de ses excès, mais jusqu’à présent je laissais le bénéfice du doute à la presse dématérialisée. Peut-être était-ce de la candeur, ou tout du moins une forme étrange de charité pour ce « nouveau » média qui prend le pas sur la presse papier. Malheureusement, je constate avec effarement que, non content d’être des voyeurs malsains, ces journaleux sont prêts à tout pour se faire une place dans les mass médias virtuels. Candeur, adieu, bonjour cynisme. Qu’on ne s’étonne pas de l’abêtissement global, car, dans le fond, si la presse est conne, c’est qu’elle s’adresse forcément à des cons, non ? Je veux bien admettre qu’il en faut pour tous les goûts, mais là on dépasse plus que largement les limites du raisonnable. D’ailleurs, j’aimerais bien que ces pourris soient mis au ban de leur propre profession, parce que ça fait mal au portefeuille, vu que de dignité ils n’ont plus que des lambeaux.

Evidemment que je pourrais, moi aussi, avec mon ton ordurier et malsain qui m’est coutumier, faire preuve de cynisme et profiter de l’accident pour faire de l’humour noir. Pas question. Je n’y arrive pas. Je ne peux pas, c’est au-delà de mes forces. Je ne les connais pas, ces pauvres gosses, je ne connais pas même leurs familles, mais je connais une chose qui me semble essentielle : le respect ; je me dois de respecter la douleur commune de toutes ces victimes, je me dois de respecter les larmes qui perleront longtemps encore sur bien des joues.

Le seul message que je puisse envoyer à tout le monde, sans ironie, sans hésitation, c’est laissez donc les gens pleurer leurs morts, ne vous gavez pas du malheur d’autrui. Offrez vous du respect, montrez que, tous, vous pouvez faire preuve de compassion.

Mes condoléances.

PS : j’aurais voulu rédiger un « joyeux anniversaire » pour une amie qui m’est chère… Mais finalement, je me suis dit qu’elle comprendra que je me devais de réagir. Elle me connaît.