26 février 2010

Communication musclée

Etes-vous réellement convaincus par l’idée de pouvoir tout régler par la discussion, la négociation et les palabres sans fin ? Etes-vous réellement et intimement persuadés que l’on peut s’épargner bien des crises en se contentant de jouer les diplomates ? Personnellement, j’ai pour éthique d’éviter le conflit, ou alors de l’assumer pleinement, quitte à me mettre sur le pied de guerre. C’est ainsi, je ne crois à la vertu de la parole que lorsque les conditions sont propices. Dans toutes les batailles verbales, il y a toujours une limite au-delà de laquelle l’on finit par ne pas vouloir aller, et je suis de ceux qui basculent d’un coup vers le côté obscur, celui qui peut terrifier le plus serein et le plus blasé des interlocuteurs.

Pourquoi devrions-nous nous éterniser à vainement tenter de convaincre, ou d’obtenir d’autrui le respect ou de la compréhension ? N’est-ce pas là un effort aussi inutile que pénible ? C’est quand même impressionnant de se dire qu’on tente d’éduquer, ou d’informer son interlocuteur qui vous rétorque avec morgue et une pointe d’agressivité « Je ne suis pas d’accord ». Ah, là, pas question de perdre mon temps, pas plus qu’il ne sera question d’entrer dans tous les détails qui seront, de toute façon, complètement omis et mis à la trappe. Non. Concrètement, je préfère quitter le terrain ou sortir l’artillerie. A l’instar d’un Sun Tzu, j’estime qu’il vaut mieux éviter le combat quand il est inutile ! De la lâcheté ? Juste du bon sens : discuter avec un con, c’est perdre son temps.

Bon, il est vrai qu’il n’est pas profitable de rester braqué de la sorte, et qu’il faut savoir faire preuve de patience. De la patience ?! Moi ?! C’est demander à un bataillon de blindés de s’arrêter dans un champ de violettes pour y sentir l’odeur suave et sucrée de ces fleurs magnifiques ! Hélas pour moi, je suis incapable de retenir mes troupes, d’autant plus quand le sujet me semble mériter des mises au point. Je ne suis pas pédagogue, je suis chroniqueur, et ce n’est pas du tout la même chose ! De fait, je peux devenir virulent, vociférant ma colère et mes opinions sans craindre la contre-attaque. M’exposer ? J’assume, j’accepte, j’affronte. Polémiste, têtu, voire cabochard, la communication musclée ne me fait pas peur. N’ayez pas peur de vous exprimer, ce serait presque un bon slogan me concernant.

Oh, je sais bien qu’il peut être désagréable de devoir supporter un tel trublion lors d’un repas, d’une soirée où le parasite a été invité par erreur, ou encore lors d’une réunion supposée être sereine et posée. Désolé, je n’arrive pas à laisser passer les inepties, ou alors je m’en vais, claquant la porte avec véhémence et sans aucune charité pour l’hôte ayant eu le malheur de me convier. Je ne me suis jamais caché d’être un emmerdeur doublé d’un bourricot, charge à lui de comprendre qu’on ne doit pas jouer avec le feu… Ce serait comme reprocher à un bidon d’essence de prendre feu à la promiscuité avec une allumette ! Aucune pitié : je charge ou je pars, mais je ne ferme pas ma gueule.

Une réflexion sympathique dit « Mieux vaut fermer sa gueule et passer pour un con, que de l’ouvrir et ne plus laisser de doute à ce sujet. ». Fort bien, monsieur Audiard n’avait pas tout à fait tort pour beaucoup de choses, mais de là à rester coi et d’écouter les imbéciles vous triturer l’histoire, la politique ou la vie pour vous faire la leçon, ça me dépasse. C’est plus fort que moi : j’aime dire merde, où que ce soit, avec qui que ce soit ! Pas diplomate ? En effet, j’ai en horreur les hypocrites qui vous saluent, acquiescent sans mot dire, et qui par derrière vous taxe de fasciste, d’intolérant, ou de tout un tas d’épithètes aussi sympathiques. Mon slogan « Que tu sois con ou pas, se taire, c’est cautionner la connerie. Alors, dans le doute, ouvre la ».

Et enfin, quel bonheur de discuter, quitte à rentrer dans le lard, quitte à se défendre avec quelqu’un sachant se défendre ! Les divergences d’opinions bâtissent les sociétés, les idées différentes ouvrent de nouvelles voies, alors fermer sa gueule… JAMAIS !

25 février 2010

Gaston!

Je voudrais rendre hommage à ce personnage bien connu des mordus de la bande dessinée, l’inusable Gaston Lagaffe, l’éternel pauvre type en pull vert à l’allure si inimitable. Autant nous pouvons dire que les héros aux pouvoirs improbables n’existent pas, autant Gaston peut être croisé, et ce au quotidien, dans votre entourage. Vous pensez que j’exagère, que je caricature ? Pourtant, Franquin ne s’est pas seulement appuyé sur son sens de l’humour, il s’est aussi (à mon avis) inspiré de ce que peuvent être les employés de toute entreprise : des phénomènes à l’imagination débordante !

Entre instruments de musique aussi dangereux qu’insupportables, Gaston est un mélomane ! Son entourage maudit ses excès au trombone, sa tendance à tester de nouvelles expériences sonores, et, il faut le reconnaître, le tout avec une nonchalance enviable par tout Anglais au flegme pourtant légendaire. Vous n’avez donc personne que vous côtoyez qui confond musique et « boucan » ? Vous n’avez donc pas un seul adulte aux goûts musicaux aussi douteux qu’un hamburger oublié pendant plus d’un mois dans un caniveau sordide ? Pour ma part, j’ai eu la pénible expérience de découvrir que mes tympans pouvaient me supplier d’encombrer l’embouchure de mon conduit auditif pour cesser le supplice. Ah, ces fanatiques de braillards au chant agressif et à la musique indigente ! Ah, ces accrocs aux morceaux à la mode sitôt entendus, sitôt effacés de ma mémoire ! Gaston, lui, a cet avantage de proposer ses expériences avec candeur, et il lui arrive même d’être « potables » (selon ses propres critères s’entend)… Pauvres oreilles !

Qui n’a pas côtoyé l’expérimentateur, le bidouilleur fou qui s’essaye à tout et surtout à n’importe quoi, parce que c’est quelqu’un de curieux ? Adorable au demeurant, le laborantin de pacotille s’adonne sans compter à ses essais, trifouillant livres et recettes pour tenter de mettre au point « le nouveau carburant », ou bien « une peinture qui ne sent pas mauvais ». Pourtant, sous des dehors sympathiques, on ne peut que le détester, cordialement certes, mais le haïr même pour les résultats obtenus : mobilier bousillé, taches sur la moquette, odeur persistance mêlant solvants toxiques et plastique brûlé, tout est bon pour vous rendre dingue. Et là, c’est l’aspect chimique, parce que le Gaston, lui, est un touche à tout ! Tout y passe : la mécanique avec une voiture aussi effrayante que dangereuse et polluante, l’électricité (provoquant coupures et crises de nerfs en pagaille), ainsi que divers autres domaines aussi variés que la botanique (ses inénarrables aventures avec une collection de cactées), l’archivage (transformant toute chose rangée en capharnaüm), ou encore le sport (avec le lancer de ventouse à déboucher les éviers sur les murs, les portes, et donc aussi en travers de la tronche de son patron…). Bref : fuyez le, fuyez Gaston, c’est une menace permanente pour votre santé physique et mentale.

Pourtant, on n’arrive pas à le haïr suffisamment pour le sortir de nos existences. Sympathique, souriant, serviable, c’est quelqu’un qu’on aimerait avoir pour ami tant sa vie est remplie d’incidents cocasses. Il ne sera pas dit ici que Gaston est quelqu’un de méchant ! Maladroit, fainéant, tournant toute chose en ridicule, mais jamais avec un mauvais esprit propre à nos contemporains. Gaston se contente d’exister, de végéter, riant de tout, se moquant de lui-même (en créant, par exemple, un double de lui en latex), et donc de rendre la vie des autres moins morose. Bien sûr, il tue la productivité, provoque des catastrophes dignes des pires tsunamis, et pourtant, on ne le blâmera que le temps d’une saine colère. Après tout, il faut bien que quelqu’un se tromper pour qu’on puisse justifier d’une hiérarchie, non ?

Si Gaston est un fainéant chronique, c’est peut-être et surtout parce qu’il est un humaniste. Il plaide pour l’entraide, le repos, l’absence de stress… La productivité ? C’est hors du vocabulaire d’un tel personnage, à tel point que lui en parler est une impossibilité physique. Ses proches, ses chefs même ont abandonné l’idée, à moins de vouloir le tourmenter… pour de rire !

Merci à toi Gaston !

24 février 2010

Pas l'temps!

23 février 2010

Jeux d’hiver

Mais pourquoi diable notre râleur n’a-t-il pas encore réagi concernant les JO ? Pourquoi ne s’est-il pas fendu d’un mot dont il a le secret ? Peut-être tout simplement parce que je ne suis ni amateur de sports d’hiver, ni vraiment féru de retransmission télévisée de curling. Allez savoir si, par hasard, je n’aurais pas une forme de réticence face à l’effort physique chronométré…

Bon, je peux tout de même déclarer que j’admire les différentes performances, et qu’aucun des sports présentés n’est ridicule. Si je cite le curling, ce n’est pas pour le moquer, car, d’un point de vue purement technique, réussir à obtenir de la précision et de l’efficacité dans ce sport n’a rien d’une sinécure, donc, de fait, ce n’est pas la performance qui me dérange. Ce qui me gêne un peu plus, c’est ce chauvinisme de circonstance. En effet, je reste éminemment perplexe face à l’engouement temporaire pour ces sportifs, passion qui ne survivra guère après la fin des jeux. De fait, j’ai l’impression que ce n’est pas tant la qualité des réalisations qui est observée, mais essentiellement le fait de pouvoir défier les autres nations au petit jeu du « Qui aura la plus grosse moisson de médailles ». Le super G ? La descente ? Le bobsleigh ? Je n’y comprends pas grand-chose, comme d’ailleurs l’immense majorité des spectateurs qui couinent « allez la France » avec maillot et peintures de guerre de circonstance.

J’ai en horreur le chauvinisme, d’autant plus quand il s’agit du sport ! C’est quand même paradoxal que des sports « obscurs » deviennent médiatiques et intéressants au moment où ils apportent une médaille d’or ? Le biathlon, qui sait comment ça se concourt ? Agaçant pour le béotien que je suis, surtout quand on a le droit au flash essentiel à l’existence dans les médias relatant l’exploit « première victoire Française depuis xxx années ! ». Il ne manquerait plus que le son et le grésillement des années 30 pour que cela ressemble aux images de propagande durant la seconde guerre mondiale. Enfin bon, qu’importe, cela amène un sentiment de satisfaction à la population, alors pourquoi s’en priver ?

Notez un autre travers assez pénible pour les jeux olympiques. Autant on a revendiqué les scandales du dopage dans le vélo, autant là on tait tout ou presque. Alors, l’athlète sur skis n’est pas susceptible de se donner un bonus chimique ? Ou alors la blancheur immaculée des pentes garantirait-elle une moralité supérieure ? J’ai peine à croire que le milieu des JO soit épargné par de telles affaires. Laissez moi rire aux éclats ! Si argent il y a, si enjeu il y a, il y a forcément des tentatives plus ou moins grossières de frauder pour gagner les centièmes nécessaires à la victoire. C’est triste, dégradant pour l’esprit des jeux, mais très pragmatique et probablement pire que cela dans les faits.

Quand j’allume la télévision, j’observe ces jeux et me dis « Merde, c’est un sport de bourgeois ! ». Hé oui : ce n’est pas le smicard qui va accéder aux pistes, s’offrir les skis nécessaires, et encore moins payer sa semaine de détente sportive dans les stations réputées… A moins qu’il soit assez cinglé pour se ruiner et s’endetter pour toute une année ! Autant la course à pieds ne nécessite pas grand-chose, autant dévaler les pentes blanches impose de s’équiper en conséquence. Alors, le ski, populaire ? Certainement, mais parce que la France n’est pas encore un pays pauvre, et parce qu’on a envie de se faire plaisir. Ceci étant, ce n’est pas abordable, et organiser ces jeux olympiques a également un coût faramineux. Quoi qu’il en soit, j’estime donc être doublement exclu des JO : par mes finances, et par mon absence de passion pour les sports de glisse.

Et, dernier point, et non des moindres, c’est cette monumentale hypocrisie politique qui tourne autour des JO. Je ne réserve pas cette critique qu’à ceux de Vancouver, mais à tous les JO sans exception. Les organisateurs acceptent toutes les nations, ceci dans l’esprit où l’on dit « toute nation qui a des athlètes doit avoir sa chance, à égalité avec les autres ». Ah bon ? Cela impose donc de fermer les yeux sur les exactions de la Chine, d’oublier les crises mondiales, la répression policière, de rester muet concernant la déportation ou l’oppression de populations ? C’est moralement inacceptable ! Je suis de ceux qui estiment qu’on ne saurait organiser des jeux tant que d’un côté on tolèrera les dictatures, et que de l’autre les dites dictatures auront le droit d’être représentées. C’est de l’ordre du bon sens : on ne saurait dire que les muets (donc accord tacite) sont plus légitimes que les oppresseurs (qui reçoivent le dit accord tacite pour tout un tas de raisons).

PS : J’allais oublier, mais là, c’est mon côté emmerdeur qui se réveille. Je n’éprouve guère de passion pour certains de ces sports, les trouvant simplement… sans attrait ? La performance du patineur sur glace est splendide, mais, comment dire, je ne me sens pas touché par la « grâce » d’un type efféminé moulé dans une tenue à paillettes. Admettons que ça plaise, ça fera plaisir aux spectateurs, mais pas à moi. J’ai bien une idée : et si l’on se lançait dans un mélange des genres ? On lâcherait sur les pistes les despotes du monde, on leur laisserait une minute d’avance, ensuite on leur collerait des experts du tir aux fesses, de sorte à cumuler sport (ski de fond, alpin, tir…) et effet bénéfique sur l’humanité ! CA, ça serait du grand spectacle à applaudir à tout rompre. Ah, doux rêves…

22 février 2010

La situation est grave

Mais pas désespérée ! Quoi qu’on puisse penser du quotidien morose, voire morbide qui s’égrène au rythme des catastrophes et autres horreurs que l’être humain est tenu de subir, nous avons cette surprenante capacité à rire et nous moquer notre condition. Pourtant, ce n’est ni la vue d’une île dévastée par un tremblement de terre, ou encore l’assassinat sordide d’une jeune femme qui saurait nous faire réagir les zygomatiques, n’est-ce pas ? Alors, qu’est-ce qui est responsable de notre hilarité, de notre capacité à nous moquer de tout, du meilleur comme du pire, ceci sans avoir la moindre trace de remord ou de pitié ?

Le rire est corrosif, il est l’acide verbal qui sait détériorer les réalités pour les rendre risibles et hautement pathétiques. Nous ne vivons que pour mourir, et c’est la durée de vie qui est la seule variable d’ajustement : un tel périra sous les bombes en pleine adolescence sinistre dans un pays quelconque d’Afrique, tel autre cassera sa pipe avec un cancer généralisé du haut de son centenaire bien tassé. Equité ? Justice ? Le lieu et la nationalité de naissance définissent pour beaucoup notre destin individuel, à tel point qu’il nous est quasiment impossible de nous départir de la poisse d’être né là où il ne fallait pas. Et pourtant, le gosse des favelas se marre tout autant que le bourgeois prétentieux d’un Paris ayant chassé ses prolétaires. Pourquoi ? Par quel miracle rigolent-ils avec ironie ?

Oh, nous n’aimons pas trop rire des atrocités, du moins pas de celles qui nous touchent directement. On rit plus difficilement des enfants, du cancer de ses proches, que de la mort d’un inconnu d’une nationalité inconnue dans un avion pourri et mal piloté. Question de standing je suppose… Et dire qu’il n’y a guère de différence entre le type qui claque d’une balle dans le dos dans un braquage, qu’un autre descendu par le même calibre, mais ceci lors d’une escarmouche à Bagdad par exemple. Il ne faut pas se leurrer, rire de cela ne plaît pas, car cela nous amènerait à reconnaître qu’il n’y de valeur pour les choses et les gens que quand nous sommes concernés. Vaste escroquerie morale ! Le rire n’a pas à se tenir tranquille sous la chape de plomb de la bienséance et la vertu (que les gens ont souvent très petite), et d’y coller l’étiquette « vulgaire » pour faire taire l’importun.

Je me complais régulièrement dans le cynisme et le rire malsain. Je ris du champ de mine autant que de la rate de l’accidenté de la route, je me moque avec la même ferveur féroce du dictateur que de celui qui en subit les foudres, car, après, tout nous sommes tôt ou tard confrontés aux mêmes démons, aux mêmes réflexions, aux mêmes débats d’idées. Quelle lâcheté de ne pas rire du passé, de ne pas se moquer de nous-même, de ne pas glousser cruellement des bons mots malsains et malséants des humoristes un rien moins politiquement corrects ! On se cachera d’autant plus la face qu’on a envie d’être bien vus de nos pairs. Tenez, plaisantez des camps, du nazisme, et vous aurez le droit à des remarques hypocrites chargées du « ça ne se fait pas de rire du malheur des autres ». Et le malheur, lui, ne se plait-il pas à se rire de nous, le saligaud ? Riez, ça vous rassurera de votre condition d’humain, ignoble bestiole qui supporte tout et n’importe quoi avec un flegme qui lui est propre.

Et puis, après tout, l’humour, c’est le seul médicament qui ne soit pas à mettre sur une ordonnance, c’est le seul traitement efficace contre la morosité. Laissons donc une place d’honneur au rire, car il est plus aisé de faire la gueule que de se payer une tranche de rigolade. Comme quoi, le rire, ce n’est pas la chose la plus naturelle qui soit, car nous le conditionnons que trop à nos critères culturels. Riez de tout, sachez rire et vous moquer, car c’est déjà une tentative d’analyse, si petite et ridicule qu’elle soit. Hé oui : la chronique humoristique, sous des dehors potaches, peut et se doit de contenir de grandes vérités, un certain déterminisme politique, et aussi de quoi alimenter les conversations. Quand on se moque des dictatures, c’est pour rappeler au monde qu’elles existent et qu’elles permettent aux tortionnaires d’expérimenter et d’améliorer l’art de la torture. Si l’on ose se moquer et critiquer le sort des déportés, c’est peut-être aussi pour dire au monde qu’une responsabilité n’est pas éternelle, et qu’il ne faut pas confondre souvenir et chantage moral. Et, finalement, si l’on rit du cancer, du SIDA, des massacres du Darfour, de la famine en Ethiopie, des SDF, c’est pour que notre inconscient collectif n’oublie pas que nous sommes, en France, des gens assez bien lotis face au monde entier. Rions donc de bon cœur, cela saura peut-être maintenir une forme de réflexion chez les plus bornés et imbéciles d’entres nous.

Rions !

19 février 2010

Coup d'état au Niger

Sans pouvoir me prétendre expert de la situation africaine, et encore moins de la situation nigériane, j’ai été interpellé non par le coup d’état militaire, mais par les réactions internationales. C’est d’autant plus important à analyser que le Niger est dans une phase que trop connue par les nations d’Afrique : le contrôle du pouvoir par une junte.

Le rappel des faits est simple : le président nigérien Mamadou Tandja a été destitué par la force, et le gouvernement dissout par la junte. Deux jours après la prise effective du pouvoir, la gouvernance militaire a annoncé ne pas avoir éliminé ni les ministres, ni le président déchu. Apparemment, les militaires ayant fomenté le coup d’état font partie du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), et le but avoué de l’opération serait donc de rendre le pouvoir au peuple, ceci par la voie démocratique du vote. Contradictoire ? Pas crédible ? De notre point de vue, aucun putsch ne saurait redonner une quelconque légitimité au peuple, or la situation semble tout de même plus complexe. Et c’est un point essentiel à identifier avant de réagir négativement aux déclarations du porte-parole de la junte.

L’ex président Tandja était déjà sur la sellette, du fait qu’il avait prolongé sa présence au pouvoir au-delà de son mandat, D’ailleurs, des élections législatives supposées se tenir en Octobre de l’année dernière, avaient été boycottées par l’opposition du fait même que le mandat présidentiel avait été arbitrairement prolongé, ceci contre toutes les possibilités légales du pays. De ce fait, difficile d’identifier clairement si le dit ex président n’était pas lui-même un dictateur en devenir, plutôt qu’un « pauvre » président déchu par des dictateurs en uniforme. Il est également à noter que les officiers et soldats lancés dans l’opération ont été commandés par le commandant Salou Djibo, un officier qui a servi sous le drapeau de l'ONU dans des missions de maintien de la paix. Alors, la question est donc encore plus épineuse : comment un serviteur de la paix sous mandat de l’ONU aurait pu tourner casaque pour devenir un nouveau tyran sur le continent Africain ?

La situation semble déjà plus stable. Entre méconnaissance du dossier, le manque d’information relatant les faits, et en plus une véritable campagne de désinformation des anciennes puissances coloniales que trop mouillées dans la corruption et le maintien de dictatures, il me semble plus que délicat de s’engager sereinement dans un soutien ou une critique de l’action militaire. Que cela suscite des inquiétudes est légitime, que cela provoque un rejet irrévocable et une critique absolue me semble déjà moins judicieux. Qu’est-ce qui dérange l’union Africaine, l’union Européenne et la France ? Que leur interlocuteur ne soit plus celui qui leur facilitait la tâche économique et stratégique ? Qu’il y ait potentiellement un pouvoir fort pouvant facilement rejeter les injonctions d’une communauté plus intéressée par les débouchés économiques que par la situation sociale locale ? C’est encore plus écoeurant que les médias internationaux se soient lancés dans une campagne de dénigrement, en prétendant qu’il y avait quelque chose de prévisible. Qui dit prévisible dit explicable, ce qui amène donc à se demander s’il n’y a pas là une contradiction entre « Pas de coup d’état » et un tacite « même s’ils ont de bonnes raisons ».

Je suis bien entendu opposé, moralement du moins, à ce genre de coup de force, ceci non parce qu’il est illégal, mais parce qu’il n’aborde pas la problématique d’un soutien populaire. Tant que je n’aurai pas la certitude que les Nigérians étaient derrière ce coup de force, a minima moralement, je ne saurai cautionner la destitution d’un chef d’état. Par contre, je pose des questions qui ne sont, pour l’heure, pas abordées par nos médias.
Premier point : Les origines de la décision ne sont-elles pas issues d’un gouvernement devenant dictatorial ?
Second point : Ne devrait-on pas immédiatement proposer un contrôle de l’ONU dans le pays, et observer la bonne volonté de la junte ? Si celle-ci accepte cette présence pour réorganiser de vraies élections libres, ne pourrait-on pas, à terme, penser que l’action était donc devenue nécessaire ?
Troisième point : quels sont les intérêts internationaux au Niger pour que le rejet soit immédiat ?
Quatrième point : Il ne me semble pas avoir perçu plus de vagues médiatiques que cela lorsque Tandja a prolongé arbitrairement son mandat, alors que les médias abordent la question en rappelant que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait suspendu le Niger à cause de cette action, et que l'UE avait gelée son aide au développement économique pour cette même raison.
Cinquième point : quels seront les décisions économiques et politiques prises contre le Niger si la junte tarde à mettre en action ses promesses ?
Dernier point : Est-il légitime d’isoler une nation, et surtout son peuple ?

La présence des dissidents Français au Niger est assez importante, et l’importance du pays pour la France n’est plus à démontrer. En effet, le Niger est la source pour moitié de l’uranium exploité dans nos centrales nucléaires. De là à voir une relation de cause à effet dans la réaction profondément « colonialiste » de l’état face à la destitution du président, il n’y a qu’un pas qu’on peut franchir assez facilement. Jusqu’à preuve du contraire, avoir un chef d’état « sensible » aux arguments économiques (ou autres) est plus simple à gérer qu’un élu (ou un dictateur) se préoccupant d’autres intérêts (pouvoir ou le peuple… tout dépend). Je suis donc perplexe et peu satisfait d’une réaction aussi rapide et équivoque. Le Niger, ancienne colonie Française, doit être respectée comme état indépendant, et la France n’est pas vraiment en position pour donner des leçons sur la conduite à tenir. Je doute que la France ait été motrice dans le gel des avoirs Européens, tout comme je suis plus que mal à l’aise face à l’attitude du Quai d’Orsay.

Espérons donc que, d’une part, la junte tienne ses engagements démocratiques, et donc fasse taire les critiques internationales, et que, d’autre part, cette même communauté fasse acte de bienveillance face à l’hypothétique démocratie qui pourrait en résulter. Cependant, j’estime qu’il y a matière à inquiétude. L’économie locale est tributaire d’investissements et d’aides qui ne parviennent que partiellement aux habitants, et j’ai les plus grandes réticences à croire que ce système de république bananière puisse réellement disparaître au profit d’un système économique raisonné. Notons enfin qu’il y a une véritable délicatesse d’une telle mutation pour la France et consoeurs : s’il fallait payer le juste prix des matières premières extraites, est-ce que le Niger ne deviendrait pas un véritable problème pour ses clients ? Il me semble improbable que les employés des mines extrayant l’uranium soient payés au tarif salarial Français, tout comme je suis convaincu que nombre de passes droits ont permis de maintenir des coûts bas d’extraction, ceci en trichant sur la sécurité, l’équipement, et les salaires. En conséquence, je souhaite au Niger de prendre les capitaux qu’elle mérite, ceci grâce à la démocratie et l’économie de marché, et que tous les acteurs locaux aient enfin une juste rétribution de la matière hautement stratégique qu’elle vend sûrement à vil prix à ses clients.
Article sur lemonde.fr du 19/12/2010
Article et infos sur LCI.fr

Le forum sur la robotique

Suite à l'article d'hier, j'ai été agréablement surpris d'être interpelé par un acteur compétent sur le sujet. Ouvert, documenté, riche d'expériences diverses, j'ai été orienté vers le forum de discussion de cette personne.

Cliquez donc sur le lien ci-dessous, et allez apprécier les textes et idées qui y fourmillent!

18 février 2010

Robotique

Quel monde étrange nous vivons là ! Nous sommes encore à une époque où le robot se contente d’être une machine dénuée d’intelligence, cantonnée à des tâches répétitives dans les usines, et où nous autres humains, nous pensons avoir le pouvoir sur la machine. C’est d’autant plus amusant que nous ne pouvons plus vraiment produire sans ces automates de plus en plus agiles, nous leur déléguons même des opérations délicates et dangereuses comme le déminage, la manipulation de matières dangereuses dans le nucléaire, ou des actions infaisables par l’homme telle que l’exploration des fonds marins, ou celle des planètes du système solaire. Or, c’est abus de langage que de parler de robots, car ces machines ne sont pas réellement autonomes, elles sont dépourvues d’une véritable autonomie de prise de décision. Nous décidons, nous les programmons, elles exécutent. Au mieux, elles s’adaptent un peu et tentent des solutions prédéfinies, au pire, elles attendent un acquittement humain pour agir.

Mais quel sera le monde de demain, quand ces robots seront devenus abordables, et de plus en plus présents dans notre quotidien ?

Loin de moi l’idée de soutenir l’idée de l’avènement d’une intelligence artificielle. L’Homme est bien trop paranoïaque pour laisser de tels dispositifs sans sécurité, et de plus, notre méfiance systématique envers la technologie ne permettra pas, du moins à un horizon proche, d’avoir autour de nous des robots totalement autonomes et dotés d’une possibilité de choix individuel. Attention, quand je parle de choix, j’entends par là de juger une situation afin d’avoir un ersatz d’intelligence, pas d’effectuer des opérations telles que « si la porte est fermée, et que j’en ai le droit, je l’ouvre en actionnant mon bras ». Par contre, je crois qu’il est, et ce dès maintenant, indispensable d’analyser quels seront les impacts de la propagation de ces machines parmi nous, ainsi que les risques engendrés par l’usage de robots au milieu des hommes. Nous gardions les robots dans des salles confinées, avec des espaces de sécurité empêchant toute personne d’accéder au périmètre, et donc de mettre sa vie en danger. Une machine ne tient que rarement compte de son environnement ! A l’avenir, ces barrières disparaîtront, et nous devrons donc appréhender la présence de machines plus fortes, plus robustes

Je n’ai aucune difficulté à accepter ce progrès, notamment parce que nous pourrions alors gérer des situations qui, aujourd’hui, nécessitent des humains dans des métiers soit peu gratifiants, soit psychologiquement difficiles à gérer. Prenons quelques exemples qui peuvent nous ouvrir nombre de perspectives. Dans nos cités, le nombre d’habitants ne cesse de croître, et en proportion tant les problématiques de gestion des déchets, que celle de la maintenance des infrastructures. On peut donc imaginer une robotique dédiée au nettoyage urbain, effectuant ces tâches complexes de tri, sans le risque sanitaire inhérent à l’exposition aux ordures. On peut aussi concevoir des robots spécialisés pour la réparation des rues, de l’entretien des réseaux d’énergie, ou encore la prise en charge du courrier papier. De cette manière, on aurait plus une société finançant non les services, mais la maintenance de ceux-ci.

J’imagine également un véritable rôle social pour ces robots d’un nouveau genre. Les pays riches vieillissent, et ce à tel point que nous aurons plus de retraités que d’actifs. Le service à la personne devient une véritable branche de l’économie, avec toutes les problématiques délicates : gestion de l’hygiène, de la santé, des risques physiques, de l’activité permanente de la surveillance… Un robot serait alors apte à l’accompagnement des personnes à mobilité réduite, leur offrant leur force pour compenser les handicaps liés à l’âge. De plus, un robot, n’ayant, dans l’absolu, aucun besoin de repos, celui-ci pourrait alors être un garde malade efficace, sûr, et exempt du risque de distraction ou de la fatigue d’une telle tâche. Je n’envisage pas le remplacement de l’être humain par ces machines, mais plus une délégation de ce genre de nécessités. Je ne crois pas qu’on cèdera le champ d’investigation médical au robot, car cela relève de l’intelligence, de l’examen, de l’analyse de symptômes, chose qu’une machine n’est pas capable de faire (à moins de revenir au fantasme d’intelligence artificielle quasi humaine).

Enfin, imaginez donc ces villes capables de changer grâce aux machines qui construiront vite, bien, et sans risque pour les hommes. Imaginez également la résolution des incidents de la vie courante par des machines : plus besoin d’attendre une équipe spécialisée pour gérer les chutes d’arbres lors d’une tempête. On enverra un bataillon robotisé qui saura traiter le problème, rouvrant rapidement les voies de circulation, réparant les réseaux électriques et téléphoniques, et offrant ainsi une efficacité et une sécurité inconnue jusqu’alors. Enfin, nous pourrons aussi reprendre en main nos solutions temporaires de stockage des déchets, lancer des usines automatisées de recyclage de nos monceaux d’horreurs, et ainsi assainir des décennies de gâchis consumériste.

La seule chose que je craigne, c’est qu’on délègue la sécurité et la guerre aux machines. Là, que se passera-t-il ? Une machine ne connaît ni le sentiment ni le remord. Une machine ignore la pitié, elle ignore tous les concepts qui font notre humanité. Alors, concepteurs de robots, faites en sorte qu’ils soient uniquement dédiés à notre service et notre confort.

Et un vœu pieu de plus à mettre dans ma liste…

17 février 2010

RAS!

16 février 2010

Anticipation d'une société prison

Il m’arrive parfois de laisser tomber le cynisme, l’actualité et les pensées claires pour me rabattre sur l’imagination pure. Comme vous pouvez l’avoir déjà constaté, je ne suis pas avare en textes de ce genre. Alors, aujourd’hui, j’ai envie de reprendre la plume (disons le clavier) pour vous offrir une autre de ces courtes pièces tirées de mes neurones légèrement embrumés par les médicaments supposés traiter mon rhume.

Bonne lecture !

Quand une ville devient une mégapole, la physionomie de ses habitants change radicalement : de personnes connues, de voisinage amical, ils se métamorphosent en une masse humaine informe, pressée, bariolé et bruyante. En l’espace de deux décennies, ce qui n’était que quelques banlieues était devenu de véritables quartiers intégrés à la cité. Toujours plus dense, les frontières artificielles des villes limitrophes finissaient par être supprimées au profit d’un système d’arrondissements. On ne put bientôt plus distinguer l’ancien et le récent tant les murs, le béton et l’acier s’emmêlaient dans les tentacules inhumaines de la cité. Par le passé, aller d’une banlieue à une autre ressemblait à un petit voyage, tant les paysages urbains étaient différents ; là, tout s’était uniformisé à tel point que les habitants finirent par surnommer la ville « l’immeuble ». Les quartiers les plus anciens demeuraient, survivaient tels des parasites au milieu d’un corps totalement nouveau et différent.

Les évolutions technologiques étaient entrées de plein pieds dans la ville : écrans, projections d’images colorées, festivals d’éclats sonores, bornes relais d’information mises à jour en temps réel, tout était fait pour que chacun puisse puiser de la donnée n’importe où, comme si la monnaie était aujourd’hui l’octet et non l’argent d’antan. On n’échangeait plus de pièces et de billets, les portefeuilles électroniques ayant pris la place de ce moyen de paiement obsolète. C’était souvent l’escalade : affichage personnalisé dans les magasins, électronique embarquée par chacun informant le propriétaire des bonnes affaires du quartier, publicité spécifique en fonction du profil du connecté, et même la possibilité de se voir virtuellement vêtu par les derniers modèles présentés en boutique. L’achat était donc devenu un mode de vie, et pas uniquement un besoin à assouvir. Les plus grandes chaînes s’étaient lancées dans une guerre à la nouveauté, et l’on en était arrivé à la production à façon, avec la fabrication sur mesure des vêtements à l’achat. Pas de stock, peu de salariés, une dynamique commerciale si rapide que les plus lents périssaient par manque de renouvellement.

Après les grandes crises énergétiques ayant menées à deux conflits mondiaux, les produits fossiles furent proscris de l’économie mondiale : le solaire, l’éolienne et la fusion nucléaire offraient donc de l’énergie peu chère et renouvelable. La pollution de l’air s’était enfin amoindrie, mais celle du monde, plus insidieuse par les nouvelles particules inventées en laboratoires, commençait à menacer la faune, la flore, et l’être humain. Nano tubes, nano machines, protéines artificielles, peu à peu nous constatâmes que ces inventions fabuleuses généraient de nouveaux problèmes au moins aussi dramatiques que le pétrole et les gaz à effet de serre. Pourtant, la cité, elle, usait et abusait de ces outils modernes. La construction avait changée de physionomie, et bâtir un immeuble n’eut plus rien de long ni de pénible pour les ouvriers. On programmait des armées de machines microscopiques, on les lançait à l’assaut du bâtiment à « formaliser », et l’on attendait quelques jours que le tout soit terminé, contrôlé et validé. Les quartiers d’affaires devinrent même le siège de concours fous, comme celui de la tour la plus haute, ou celle la plus audacieuse dans ses formes. 1000 mètres n’eut plus rien d’exceptionnel, pas plus que des formes improbables ou de portées impossible il y a dix ans en arrière. Acier, béton, carbone, l’union des matières pour le renouvellement effréné du style et de l’orgueil.

En contrebas de ces tours sans fin, c’est avant tout une faune humaine qui se développa. A force d’automatisation, de modernisation, et de délocalisations, c’est tout un pan de la société qui subit le contrecoup de notre progrès technologique : chômage galopant, apparition de « paradis virtuels » où les gens se connectaient pour s’y abandonner corps et âme, violence urbaine en constante progression, les bas quartiers devinrent définitivement invivables pour la classe moyenne quand les sociétés décidèrent de créer des macrocosmes destinés à leurs employés. Ces immeubles, ou plutôt îles dans l’océan urbain, contenaient tous les services nécessaires à la vie, l’éducation, et le consumérisme des salariés. On dit même que nombre d’employés ne sortirent plus de ces arches bétonnées, qu’ils prenaient l’air sur les terrasses arborées, et que, très rarement, ils quittaient cette sécurité que pour pouvoir croiser de la famille. Des amis ? Oui, dans l’entreprise, pas à l’extérieur.

Le racisme, tout comme énormément de formes de xénophobies finirent par disparaître. Entre métissage, augmentation énorme de la population, et l’émergence des ethnies dans la politique, la mégapole vit l’extinction progressive des mouvements nationalistes… Au profit des mouvements extrémistes. Epuisés par la crise perpétuelle pour les moins riches, usés par l’insultante opulence des entreprises, les citoyens se mirent parfois à rejoindre des groupuscules terroristes, usant de sabotage, d’assassinat et de prises d’otages pour faire entendre leurs voix. Seulement, les entreprises ciblées s’étaient peu à peu substituées aux gouvernants fantoches. Privatisation des services de sécurité, des prisons, et même de la protection intérieure, la nouvelle police était donc un outil à la solde des oligarques, et plus au service de la cité. La répression se fit plus forte, mais aussi plus étouffée par la censure de fait des médias, tous détenus et contrôlés par ces mêmes entreprises. On ne s’étonna même plus quand un consortium prit le contrôle simultané des trois grandes chaînes de télévision, celui du plus grand fournisseur d’accès au réseau, et emporta l’appel d’offres de gestion d’une nouvelle cité prison. Transversal autant que vertical, l’entreprise devint plus signifiante en tant qu’identité sociale qu’un quartier ou une adresse.

Pervers, profondément ancré dans tous les modes de communication, la démagogie économique et la censure des idées rendit presque impossible toute forme de libre arbitre. Abreuvés par la publicité omniprésente, les gens n’étaient plus que des clients, prêts à se battre pour le dernier produit à la mode, mais incapables de se rendre aux urnes. « Dormez tranquilles » pouvait-on entendre dans une campagne pour un somnifère. Dans cette atmosphère de paranoïa justifiée par l’explosion de la vidéosurveillance automatisée, les suicides finirent par faire plus de victimes que les accidents de la route. Pourtant, une forme latente de résistance apparut, pourrissant de l’intérieur les outils supposés nous observer. Campagnes de publicité pirate, marché noir de la culture, appareils électroniques modifiés pour y supprimer les processus de surveillance, ce fut la naissance de la nouvelle sous culture, celle du piratage militant. Plus les médias déclarèrent criminels ces actes de rébellion, plus ils devinrent un mode de vie. Ne plus être prisonnier du câblage de son employeur, c’était déjà redevenir un peu plus libre que les autres !

Aujourd’hui, nous arpentons les coins sombres, à l’ombre des buildings délirants. Nous communiquons sans que ces dictateurs en costume puissent y faire quoi que ce soit. Sans code vestimentaire, sans code d’identification, nous nous reconnaissons malgré tout, et nous agissons de concert pour saper ce matraquage et ce contrôle mental du peuple. Chaque jour, une action, aussi petite soit-elle, s’ajoute à une autre. Nous attaquons, jouons nos vies pour que le peuple puisse retrouver sa liberté d’antan. Toi qui lis mes propos, toi qui vis dans la mégapole, participe à notre révolte. Sois un acteur de la chute de la dictature économique, communique, instruis toi hors du cadre contrôlé des bibliothèques de ton employeur. Ne regarde plus les chaînes formatées, passe sur le réseau et cherche nous… Tôt ou tard, tu nous trouveras, tu pourras comprendre, apprendre, et découvrir qu’il existe autre chose qu’une société sans dirigeant, qu’il existe autre chose qu’une existence fondée sur le portefeuille. A toi d’agir, en ton âme et conscience !

15 février 2010

Odyssée de la Vie

La Vie est une chose espiègle, qui ne manque pas d’humour ni de piquant. Quand on y songe, les millénaires ne furent qu’une étape fort courte en regard du temps dévolu à l’apparition de la Vie elle-même. Nous, pauvres primates assujettis à l’existence éphémère, fragile, nous ne devons notre conscience de notre propre existence que grâce à des étapes où l’humour fut omniprésent ! Si l’on y songe patiemment, on ne peut douter que c’est bel et bien un esprit potache qui a produit notre forme de vie actuelle.

Cela vous semble incongru comme analyse ? Réfléchissez… oui d’accord, c’est beaucoup demander, mais faites le un instant, juste pour prendre conscience de ce que nous sommes. Techniquement, nous vivons sur une planète qui navigue ni trop loin ni trop près du soleil, l’amplitude thermique présente au sol est assez faible par rapport au reste des planètes de notre système solaire, et pardessus le marché, nous disposons de l’eau sous forme liquide, chose très rare dans l’univers. Ah, petit aparté concernant l’eau sous forme liquide : l’eau ne peut exister sous forme liquide que si la température est supérieure à zéro degré Celsius, et inférieure à 100 degrés (en gros), or 100° d’écart n’est quasiment rien ! Enfin bon, revenons au sujet : c’est donc des conditions on ne peut plus favorables qui nous ont permis de progresser, mais pourtant bien des évènements auraient pu nous anéantir : les glaciations, la tectonique (non, pas la danse d’épileptique) des plaques, les volcans, les sécheresses, les prédateurs, les météorites et dieu sait quoi encore. Et nous sommes là, bien vivants, proliférants à une vitesse ahurissante, bien satisfaits de notre existence, et fiers de notre intelligence.

Alors, s’il s’agit d’un miracle divin, pourquoi est-ce que je parle d’humour ? Vous ne voyez vraiment pas ? Moi j’y vois la désopilante manie de la nature à chercher des solutions à des problèmes qui se créent au fur et à mesure. Prenons la pilosité par exemple : lointain héritage des primates, celle-ci a persisté comme un vestige d’un pelage de protection contre les éléments, or nous cherchons par tous les moyens de nous en débarrasser, ou du moins à la contrôler contre vents et marées ! Coiffeurs, épilateurs de tous poils, régalez vous avec ce cadeau de l’évolution ! De là, l’évidence est faite : c’est un trait d’humour que de nous laisser la barbe, ou le poil aux pattes. Et là, c’est le petit exemple idiot, que dire de ce reste de queue qui nous permet de nous briser littéralement le postérieur en cas de chute ? Si ce n’est pas une vacherie que de le laisser en place, je ne sais pas trop ce que c’est ! Ah, l’humour de la nature : une peau juste suffisamment rigide pour protéger de la pluie, mais insuffisante pour nous épargner les piqûres d’insectes ! Une vue tout juste bonne à faire le bonheur des ophtalmo et autres business de la lunetterie, et une ouie qu’on aime à détruire à coups de décibels…

Quittons le domaine de l’anatomie, et allons jeter un œil sur notre planète. Comme l’a dit un ami proche « L’homme a toujours expérimenté. Pour savoir si la lave était chaude, il a bien fallu qu’il y en ait un qui plonge, et qui se rende compte, l’espace d’une microseconde, que la lave, ça brûle ! ». Pas con. On s’est doté de l’outil d’analyse qu’est notre cerveau qu’en échouant sans cesse, en affinant nos boulettes, en faisant à chaque fois empirer le bazar pour exclure toutes les pires bêtises. Si l’on en est arrivé à faire des machines pour voler, c’est qu’un crétin comme Icare a tenté le coup avec des plumes et qu’il a fini la tronche (et le reste) en vrac à l’atterrissage. Si l’on est arrivé à comprendre la nage et l’enseigner, c’est qu’un paquet de tordus y a laissé la peau, et, si l’on a compris l’utilité du feu, c’est qu’il y a du avoir quelques ancêtres qui ont finis en rôti quelque part sur cette terre. Notre environnement a toujours été hostile, et j’imagine bien mère Nature hilare, voyant un homo habilis s’enfuir après avoir échoué à tuer un tigre ou une autre bestiole hostile. Que dire aussi des changements de climat ? Un tsunami pour lui remettre les idées en place au primate, une bonne descente de température pour lui rappeler sa condition de fragilité, et un été torride pour lui faire cuire la peau façon barbecue !

Mère Nature n’est pas une ennemie, et nous ne pouvons pas la guider. On se doit d’en respecter les règles, car, au fond, notre vain espoir de la maîtriser nous mène, en ce moment, à notre perte. Mais en retour de notre orgueil, elle se marre la mémère millénaire ! Elle nous fout nos propres erreurs dans la gueule, à coups de calamités climatiques, à coups de famine, et se rit de notre insistance à vouloir survivre. Après tout, il n’y a qu’elle qui nous survit, car avant nous, elle était déjà là, à préparer notre venue, et si nous venions à disparaître, elle se ferait joie de recréer ce monde, différemment, en expérimentant une autre évolution. Si nous nous faisons sauter la tronche à la bombe, peut-être que dans cinq millions d’années, des dauphins joueront au poker, examineront nos vestiges, se gratteront le nez en se demandant « Comment ils ont pu survivre sur les terres émergées ces machins là ?! »

12 février 2010

Saint Valentin

Dois-je faire une note cynique et un rien misanthrope, ou alors plutôt un texte pétri par l’espoir ? Quand on parle d’amour, de sentiments, on est tenté de ne pas laisser la moindre chance aux clichés, notamment parce qu’on a tous eu à devoir subir une déconvenue, ou pire. Alors, on se réfugie d’autant plus dans l’ironie et la vengeance verbale qu’on grandit et se heurte à la Vie. Quoi qu’il en soit, c’est difficile pour moi de choisir entre méchanceté mâtinée d’humour noir, et sentimentalisme juste ce qu’il faut nostalgique. Et vous, comment percevez vous la Saint Valentin ? Comme un bon moment où vous renouvelez vos vœux à l’être aimé, ou bien comme une épreuve qui vous rappelle votre solitude qu’on sait toujours trop longue ?

Cela peut paraître très cliché, mais pourtant on continue à perpétuer la Saint Valentin avec entêtement : décorations, cadeaux divers, chocolateries débordées à force de produire des petits cœurs, et puis ces rubans qui emmaillotent nos présents. On cavale dans le froid parce que, naturellement, on a oublié la date fatidique du 14 Février, on s’empresse d’accourir vers le fleuriste pour s’emparer d’un bouquet de fleur, et l’on arrive, essoufflé, au rendez-vous qu’on voudrait parfait. Pourtant, à force d’exagérer et d’appuyer sur le sujet, les commerçants rendent pénibles la profusion de références : du rose, encore du rose, toujours du rose ! Ces cœurs qui s’attachent comme des guirlandes pastel aux vitrines et dans les restaurants rendent l’évènement encore moins symbolique qu’il ne l’est déjà. Et, quelque part, les amoureux transis finissent donc par maudire l’excès de zèle des boutiquiers, aspirent à éteindre la télévision qui n’est pas avare en références et films mielleux, tout cela parce qu’il faut bien vendre le stock de marchandise estampillée Saint Valentin.

Maudire la Saint Valentin ? Pourquoi ? Par aigreur, par déception sentimentale, parce que l’on envie les autres de se tenir par la main et de s’embrasser sans honte en public ? Les bancs de Brassens existent encore, les bonnes gens scrutent encore et médiront toujours sur le compte des tendresses faites dans la rue. Alors pourquoi cette trêve de la Saint Valentin ? Peut-être parce qu’eux aussi, rêvent de pouvoir dire « je t’aime », embrasser sans ressentir l’obligation de retenue qui est nôtre dans nos sociétés avides de bonne morale. Je ne sais pas trop quoi penser, car, au fond, je ne maudis pas tant la fête que les mauvaises expériences. On ne peut pas reprocher aux autres d’être heureux, puisque c’est à cela qu’on aspire soi-même. Ce serait quand même profondément égoïste d’interdire aux autres d’aimer, alors qu’on en rêve sans cesse et qu’on finit même par les jalouser ! En quoi aimer serait alors la faute ? La faute nous revient à nous, pauvres idiots qui ne comprennent pas le sens profond des sentiments, à nous autres, humains, qui préfèrent représenter qu’être, qui favorisent le paraître pardessus toute autre qualité humaine.

Suis-je de ceux qui détournent le regard en pestant ? Je crois qu’avant tout je souris avec tendresse quand un nouvel amour naît devant moi. J’aime à me dire que ce couple aura potentiellement une chance de faire durer cet instant un plus longtemps qu’un baiser donné à la volée, qu’ils auront, qui sait, la chance de voir la Vie apparaître sous la forme d’un enfant. Est-ce de la faute de la Saint Valentin que je ne suis pas encore père ? Certainement pas, plus que c’est la faute de qui que ce soit. La Vie est ainsi faite, certains savourent l’existence, d’autres la goûtent, et les derniers en maudissent la saveur. La Saint Valentin, pensée et vécue par les clichés m’est pénible, parce qu’elle ne laisse plus de place aux sentiments, elle n’est plus que le geste quasi obligatoire du présent, du cadeau vite offert, vite oublié. Tel noël ayant perdu tout sens de partage, la Saint Valentin a perdu toute valeur à mes yeux. Si vous aimez, offrez votre cœur et votre âme, pas une babiole enrubannée à la hâte !

Je ne peux pas prétendre à aimer la Saint Valentin. Elle me jette au visage ce que je voudrais être, et pas nécessairement ce que je suis pour le moment. Ce n’est pas les gens qui me jettent leur bonheur, c’est le fait qu’on tente, péniblement et lamentablement, de me faire culpabiliser de n’avoir pas encore trouvé quelqu’un pour m’enlacer quand je m’endors. Je vis, ce qui n’est déjà pas si mal finalement, car d’autres souffrent de ne même plus pouvoir vivre à peu près paisiblement. On peut regretter énormément de choses, mais certainement pas de vivre. La Vie est telle qu’on la subit, triste, joyeuse, sombre, heureuse, bref, elle est, et c’est l’essentiel. Oubliez la Saint Valentin, et remplacez la par les gestes du quotidien. Les roses s’apprécient chaque jour, pas une fois par an. Les baisers et les « je t’aime » ne s’offrent pas de manières ponctuelles, ils doivent peupler l’existence comme autant d’étoiles qu’on aime à regarder la nuit quand le ciel se dégage. Et puis, dire pour toujours, c’est pour chaque instant, chaque seconde où l’on vit avec l’autre, pas juste une parole lancée vers le néant. Qu’ils soient mariés ou pas, avec ou sans enfant, hétéros ou homos, les couples qui s’aiment sont quand même si beaux qu’ils méritent mieux qu’une simple fête annuelle. Fêtez la Saint Valentin tous les jours alors, comme si c’était le dernier jour où vous êtes avec l’autre. Aimez, tout simplement.

Et moi, j’aimerai, enfin je l’espère…

11 février 2010

Philosophie humaine

Ce titre n’a pas pour but de revenir sur notre « cher » BHL national. M’étant suffisamment exprimé sur le personnage, je pense plutôt à ces tous ces philosophes qui emplissent joyeusement les bistrots, et qui, autour d’une boisson alcoolisée, et donc abrutissante, refont le monde et analysent les relations humaines. Forts de leur expérience, ils passent tout en revue : de la vertu du métissage, des qualités morales d’un politique pris en flagrant délit d’escroquerie, ou encore des méthodes aptes à remettre de l’ordre dans les esprits (forcément pourris) des adolescents. Ils sont, à mes yeux, aussi succulents qu’un excellent plat préparé avec amour par une femme adorée. Pourquoi ? Il est vrai que, de prime abord, cette confiture à cochon semble indigeste, mais, si l’on y goûte, on y trouve toutes les saveurs permettant au cynique de s’amuser de ses pairs.

Ah, la bonne foi véhiculée par le philosophe de zinc ! Par essence, elle se définit comme inébranlable, toujours prête à rassurer un auditoire attentif du bien fondé de ses idées, et, pardessus tout, elle a la force de la conviction de celui qui se croit investi d’expliquer au monde « Ce qu’il faut, ou pas, faire ». Les messies de fonds de verre ont cette surprenante et amusante capacité à renier toute incompétence, ceci au titre que « si ils disent ça, c’est parce que je pense comme ça aussi ». Pratique, non ? Entendre une opinion, puis se l’approprier, et enfin l’assaisonner ! En bons cuistots de l’hypothèse, la sacoche à vinasse adorera donc tripatouiller les grands penseurs, afin d’y trouver des excuses, des échappatoires et des définitions propres à lui assurer une haute estime de lui-même. Prenons un exemple : si vous l’accusez d’abuser de la dive bouteille, celui-ci pourra, avec aplomb, s’excuser de son penchant en prétendant qu’il s’agit là de son seul moment de détente. Entre des gosses braillards et malfaisants, et une épouse mal choisie, le philosophe de bistrot pourra donc décréter que l’alcool n’est pas un refuge, mais au contraire une porte vers le repos et la connaissance. Ah, le bar convivial des copains, le tabouret tendu au pote qui vient refaire le monde en votre compagnie…

Le philosophe, le vrai, a pour fonction première de confronter les idées aux faits, et de suggérer des façons de comprendre différemment notre monde. S’appuyant sur le doute, et la remise en question des « certitudes », il aura pour but principal d’aider ses congénères à mieux se comporter, du moins à ne plus apparaître aussi primaires qu’ils le sont en réalité. Le philosophe de comptoir, lui, aura une démarche où les certitudes et les constantes sont légions. Par défaut, l’étranger est dangereux et encombrant. Par essence, la jeunesse est un crime contre la société, et le « penser différent » un outrage à la morale publique. Dans ces conditions, tout jeune étranger sera donc le parasite ultime, le fainéant sans morale qui ira vous piquer votre femme, votre job (n’était-il pas fainéant ? Ah, mais non, on ne s’encombre pas de ce genre de contresens… Trop trivial), ou votre autoradio. J’allais presque oublier : le repriseur de monde aura une étrange tendance à se préoccuper de ses possessions terrestres, alors que la philosophie tente justement de dissocier l’homme de cette existence matérialiste.

Les larmes du philosophe de fond de taverne ne sont pas imitées. Elles sont sincères, car elles reflètent la douleur de vivre dans le paradoxe ; il est douloureux d’admettre son incompétence et sa lâcheté quotidienne, il est affreusement pénible de devoir se soumettre à l’examen critique de soi-même, notamment face à nos échecs que trop criants une fois le verre catalyseur enfourné en soi. Hé oui : il pleurera le comportement outrageant du grand fils en échec scolaire, il pleurera sa relation bancale avec sa femme, qui, la pauvre, est toujours empêtrée dans les tracas des finances d’un foyer à la dérive, et la fatigue d’être plus une bonniche qu’une épouse et une mère, et il sentira enfin la peine d’avoir fait des choix lamentables, parce qu’il aura accepté les « bons conseils » d’un compagnon de dissertation.

Ne le blâmons pas trop finalement. Il veut refaire le monde avec incompétence, mais, quelque part, il agit plus par orgueil que par méchanceté. Doit-on présupposer qu’il est imbécile ? Par nécessairement : c’est aussi qu’il aura évolué dans un milieu peu favorable à l’épanouissement moral et culturel, il aura subi des vexations, des déceptions, propres à lui imposer des idées et comportements peu reluisants. Il est homme, ordinaire, pleutre, idiot, mais par simple protection, tout comme chacun d’entre nous. Les vrais méchants ne sont pas si nombreux que cela. La méchanceté est si ordinaire qu’elle en devient quotidien. Si vous voulez l’aider, ne l’imbibez donc pas : offrez lui la possibilité de réfléchir, à jeun, en votre compagnie. Qui sait, vous pourriez être surpris !

10 février 2010

A tous les oubliés

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’ai lancé une recherche de photographies sur Internet, avec pour thème « ancien combattant ». Probablement est-ce par association d’idée, étant donné que j’ai eu mon oncle au téléphone. Alors, en observant ces visages si différents, aux couleurs et aux origines si variées, j’ai trouvé un point commun : le regard. Je me suis dit qu’il était quand même signifiant pour l’humanité que, malgré tous les critères que nous instaurons, nous sommes tous identiques, face à la peine et à la douleur. On peut prétendre que nous avons des religions hétéroclites, des éducations disparates, mais ce regard, cette paire d’yeux fixant l’horizon, reste à tout jamais identique à toute l’humanité. Ainsi, et c’est là le drame, l’Homme s’unifie par la violence, il efface les distinctions par la douleur commune du souvenir, et il communie autour d’une stèle, d’un drapeau, d’une gerbe de fleurs ; les larmes sont universelles, et c’est cela qui est pénible.

Que pourrait raconter celui qui a tenu le fusil, et qui pourtant a encore son âme d’être humain ? J’ai eu envie de raconter ce que je crois pouvoir être non un témoignage, pas plus d’un plaidoyer, mais juste l’expression d’un cœur écorché vif, un cœur qui ne guérira jamais totalement.

Malgré mes rhumatismes, malgré mon dos qui me fait souffrir, j’ai accepté de me tenir debout ce matin, et ce pendant plus d’une heure. J’étais là, un ancien, un ridé parmi d’autres vieillards, brandissant notre drapeau, et arborant toutes ces médailles si chèrement payées avec notre sang et nos tripes. Tout comme moi, ils étaient silencieux, le regard légèrement embué de larmes, mais la stature droite, celle des géants qui se pensent minuscules. On se souvenait, avec nos familles, ou en solitaire, de ces jours sombres où nous avions eu à accepter notre sort, celui de soldat, celui d’homme devant tuer pour notre terre, pour une idée, peut-être pour rien finalement. J’avais serré ces mains usées et parfois pétrifiées par la vieillesse, et nous avions échangés des lieux communs, comme si les mots ne pouvaient être suffisamment bavards pour qu’on revienne sur notre passé. Que lui dire, à cet homme qui a vu sa ville réduite en cendres ? Que j’étais, moi aussi, rampant dans les ruines et évitant les effondrements des immeubles en flammes ? Il le savait, il me connaissait, alors pourquoi répéter, encore et encore, ces phrases qui font mal et font revivre des amis tombés trop tôt ?

Le clairon avait été donné, le maire avait prononcé son discours pétri par la facilité, forgé par des décennies d’habitude et de compétence politicienne. Le « plus jamais ça » sonna faux quand il le prononça sans frémir. Plus jamais ça, plus jamais quoi ? On nous avait promis que nous n’aurions plus à voir notre pays partir en guerre, nos élus prétendaient qu’une ère de paix éternelle était née, et pourtant, nous y sommes allés, nous sommes partis nous battre. Que sait-il du front ? Il a l’âge d’être mon fils, voire même mon petit-fils. Il semble fringuant, presque arrogant dans son costume bien taillé et parfaitement raidi par l’amidon. Il explique à la foule que nous sommes des héros, des gens qu’on se doit de respecter, d’écouter et de suivre dans la paix et l’amour. Fadaises, sait-il seulement les horreurs que nous avons commises au nom de notre cause ? Ca n’a rien de glorieux de tuer, aussi bonne soit la cause défendue. Je me suis maudit pour toutes ces balles tirées, je me suis haï au point d’espérer la mort quand nous arpentions les lignes adverses fraîchement anéanties par les bombardements de l’artillerie. Que sait-il, ce sot, de l’odeur âcre et infecte de la chair brûlée, du son des cris des blessés qui implorent les secours, de la saveur maudite de la peur dont on ne se débarrasse jamais vraiment ?

J’ai senti mes jambes me lâcher, peu à peu, comme si le temps avait décidé qu’il me fallait m’asseoir. Dans un élan déterminé, j’ai refusé de céder, serrant un peu les dents, resserrant l’étreinte de mes doigts sur la hampe du drapeau. Quand un de nos frères d’armes a pris la parole, alors seulement les mots ont repris un sens. Lui, il n’avait pas préparé de discours, pas de mots ciselés pour flatter l’ego et l’orgueil national. Non. Lui, il s’est tourné vers le monument, il a égrené quelques noms et prénoms, en touchant du bout de ses doigts calleux la pierre froide. Il a alors dit ces quelques mots, ces phrases que je crois être plus vraies et plus authentiques que tout autre discours à propos de la guerre.

« Toi, Thomas S., je me souviens. Tu étais celui qui riait sans cesse de tout et n’importe quoi. Tu nous bassinais avec ta fiancée restée au village. Toi, Sylvain A., je me souviens. Tu étais celui qu’il fallait respecter parce que tu étais costaud et fils de bonne famille. Toi, Matthieu T., je me souviens. Tu étais un gars taciturne, mais honnête et droit. Tous les trois, vous étiez mes frères dans la bataille, vous étiez ceux sur qui on pouvait compter. A la canonnade, vous n’hésitiez pas, attendant le sifflet, prêts à bondir et foncer, quitte à périr. Vous êtes morts trop tôt mes amis.
Toi, Alain X., je ne sais pas qui tu es. Tu es parmi tous ces noms que je ne connais pas, ou dont je ne me souviens plus. Peut-être n’avez-vous plus de famille, peut-être n’êtes vous plus que des noms portés par le passé, et disparus à jamais. J’ai honte, honte de vous avoir oubliés, honte de vous savoir morts et moi vivants. J’ai honte de ne pas pouvoir perpétuer votre souvenir avec dignité. L’âge efface en moi les lieux, les dates, mais il n’efface malheureusement pas les douleurs. De mes mains, j’ai relevé des amis blessés, et enterré d’autres touchés à mort. Comment puis-je me faire pardonner pour mes offenses ? La paix ? Je porte, à tout jamais, le fardeau d’avoir tué, d’avoir été l’assassin qu’on honore.
Je ne regrette pas d’avoir défendu ma patrie. J’ai simplement le cœur qui saigne, car ceux qui sont tombés sont ceux qui étaient meilleurs que moi. Eux sont nos héros, pas moi. Je ne m’estime pas digne d’eux, car eux se sont sacrifiés. Ces médailles me racontent des histoires, des anecdotes dont seuls mes camarades ont connaissance. De ces camarades, beaucoup sont déjà morts, et je les rejoindrai bientôt. Alors, quand le dernier sera parti, quand le dernier des combattants aura rejoint le ciel, qui se souviendra de nous ? Qui se souviendra des nuits à trembler de froid et de peur, et de l’étrange sentiment d’échec mêlé de joie de la fin des combats ?
On a gagné ? Non. Nous n’avons pas gagnés. Je suis parti avec des milliers, des millions d’autres soldats comme moi. Nous sommes revenus bien moins nombreux. Nous sommes revenus mutilés, blessés dans nos cœurs et notre chair, défigurés par les balles et par les larmes silencieuses. Souvenez vous de nos visages, souvenez vous, mes enfants, que nous portons quelque chose que nous ne voulons ni partager ni revendiquer. Nous voulons vous le montrer pour que vous n’ayez jamais à porter, à votre tour, le même poids sur vos épaules. Bénissez la paix, bénissez la discussion, le partage et le respect. Refusez la haine, repoussez la facilité de haïr la différence. »

Puis il est parti, en silence, claudiquant en appui sur une canne de bois verni. Personne n’a osé réagir, ni applaudir. Ils ont tous sentis que ce représentaient ces mots. Moi, je lui ai juste glissé « merci mon ami » qui l’a fait sourire,
Je l’ai salué de manière militaire, droit, le menton relevé, la poitrine gonflée. J’eus à nouveau 20 ans, lui 25.

C’était mon chef de section.
C’est mon ami.

09 février 2010

Garde à vue

Nous vivons une mutation assez étrange dans notre société. Jusqu’à récemment encore, la technologie n’était pas à même de nous contrôler tant individuellement que collectivement. Cela laissait, mine de rien, énormément de latitude tant aux citoyens ordinaires, qu’aux mouvances extrêmes. Ainsi, dans le flottement assez agréable des dispositifs de surveillance, nous pouvions nous organiser, nous réunir, discuter, sans pour autant craindre qu’un censeur, qu’une écoute, ou qu’un maton tienne nos conversations pour « potentiellement dangereuses pour la sûreté de l’état ». Or, l’informatisation à outrance, le développement de systèmes tels que le satellite, la géolocalisation, ainsi que la téléphonie mobile deviennent autant des outils de communication que de maintien sous surveillance.

Loin de moi toute paranoïa excessive : 1984 n’est pas encore arrivé, d’autant plus qu’il y a des hommes derrière les claviers. Seulement, les dérives deviennent de plus en plus flagrantes, et ce sous couvert de sécurité nationale : écoutes illégales, traçage des déplacements grâce au protocole de téléphonie mobile, suivi à travers les activités bancaires, bref, nous nous sommes involontairement soumis à des yeux inquisiteurs, et ce n’est pas fait pour s’améliorer. Entre les lois informatiques telles que DADVSI, et la création de fichiers centralisés comme EDVIGE, difficile de croire que de tels outils se cantonneront à la surveillance des terroristes, ou des marchants de mort. Tout état, aussi honnête soit-il, peut recycler des outils s’appuyant sur une nécessité, pour en faire des armes de surveillance, puis, à terme, de répression. Prenons le cas assez élémentaire du passeport : il est naturel d’avoir l’identité des voyageurs, ne serait-ce que pour interdire l’entrée sur un territoire d’une personne déjà interdite de séjour (criminel par exemple). Là, nous sommes passés à la biométrie, et de force qui plus est, sous l’impulsion des USA. Cela signifie donc que, d’une part, nous donnons nos empreintes aux USA dès notre passage en douane, et que, d’autre part, nous offrons une véritable fiche signalétique de tout ressortissant dans le monde ayant mis les pieds dans un secteur contrôlé par les Américains. Est-ce acceptable ? Certainement pas, encore moins depuis que le sénat Américain a légitimé des lois comme le Patriot Act (censure, contrôle, lois d’exceptions…), ou l’existence de lieux comme Guantanamo.

Le paternalisme sécuritaire est une demande dans toutes les nations du monde : l’état doit protéger les biens et les personnes, et pour cela, il doit s’outiller pour lutter contre toutes les criminalités. Cela comprend : une présence policière, des méthodes modernes d’investigation, ainsi que la formation des agents de contrôle à toutes les formes de criminalité. Typiquement, le piratage informatique, la copie illégale nécessitent des connaissances juridiques et techniques pour savoir de quoi il en retourne. Or, c’est avant tout d’outils de surveillance dont on se dote, et non de méthodes pour sanctionner les véritables escrocs et autres voleurs de propriété intellectuelle ! L’idée, ce n’est donc pas « J’attrape le criminel, celui qui trafique », mais plus « Prenons tous les poissons, on fera le tri ensuite ». C’est ce que j’appelle ouvertement une dérive sécuritaire. Dans le même ordre d’idée, les Anglais s’équipent sans cesse de caméras. Et la vie privée ? Est-elle à sacrifier sur l’autel de la sécurité ? Jamais ! Accepter d’être traqué, piste, suivi, fouillé, c’est accepter de devenir un simple numéro, un détenu sans prison.

Deux choses majeures m’inquiètent : la première, c’est que ce sont les intérêts privés qui décident la justice, la seconde, que nul ne semble se préoccuper des obligations de l’état envers sa propre population. Quand je parle d’intérêts privés, je fais référence à des situations absurdes qui me font hurler de colère : brûlez une préfecture, saccagez les symboles de l’état souverain, et ce sera une tape sur les doigts. Par contre, mettez à sac le bureau d’un PDG criminel ruinant une région entière par la délocalisation d’une usine, là préparez vous au couperet judiciaire, à l’acharnement économique, et à finir ruiné, brisé à jamais. Les « cinq de Conti » sont une belle démonstration : on bousille du mobilier dans une préfecture ? Pas de souci, on réduit la peine à de simples amendes. On bousille du maïs transgénique d’un gros comme Monsanto ? Du ferme ! Où va-t-on dans ce raisonnement ? Vers une société où les entreprises sont celles qui vendent les systèmes de surveillance (informatique, électronique, GPS, et j’en passe), qui, à terme, seront celles qui nous surveilleront directement (privatisation des services de police, de sécurité, milices privées, prisons gérées par des sociétés, les limites sont larges). Ainsi : vous voulez revendiquer ? Brûlez plutôt une mairie qu’une usine, c’est tout aussi visible, mais autrement moins dangereux pénalement parlant…

Le second point, c’est qu’à force de dériver vers un soutien inconditionnel de l’état pour les gros capitaux, nous sommes aussi arrivés à des investissements colossaux pour sauver nos colosses aux pieds d’argile (prêts aux banques, renflouement de la dette et assistance financière pour des Air France, EADS, ou encore Renault, et ceci envers tout respect des règles élémentaires du commerce), mais rien ou presque pour les citoyens. On veut bien censurer la parole, surveiller ce que l’on télécharge, tolérer des fichiers informatisés dignes d’une Gestapo qui ne dit pas son nom, en revanche, on ne mettra pas un centime sur la table pour traiter l’épidémie de mal logement, la problématique des SDF, ou encore la prise en compte de l’immigration. Qu’on ne vienne surtout pas me siffler aux oreilles les plans et autres mesures concernant la construction, ou la réhabilitation des HLM. C’est une fumisterie aussi vieille que les banlieues elles-mêmes. Est-ce à coups de millions qu’on va remettre en route la confiance des gens pour ces quartiers stigmatisés par les médias ? Comment attirer des entreprises, quand rien n’est prévu pour les accueillir : pas de réseau routier adapté, transports en communs insuffisants et souvent déficients, et, pire encore, pas de structures adaptées pour simplement accueillir les dites entreprises ! Ce n’est pas en multipliant les caméras, en réduisant le droit à la parole, ou encore en créant des médias sans consistance (puisque bien profondément empêtrés dans la bienséance et la morale de fond de poubelle) qu’on va faire progresser la société.

A terme, et j’espère ne jamais vivre cela, nous serions alors tous salariés des sociétés devenues états dans l’état, tributaires du bon vouloir de quelques géants, et élisant des pantins prêts à tout pour garder un statut plus honorifique qu’utile au bien public. Qu’on m’affirme que prendre des décisions politiques n’est pas chose aisée, je l’accepte sans broncher. Qu’on me dise que ces mêmes décisions peuvent être dictées non par la société mais par le capital, là je bondis ! Je n’accepterai certainement pas que ce soit une milice privée qui assure ma sécurité, pas plus que je n’accepterai qu’on vienne un jour me reprocher, sans droit de réponse ou de défense « Monsieur, vous êtes un délinquant ». C’est à cela que nous réduisons nos droits fondamentaux ? A des sociétés comme HADOPI qui pourront, sans difficulté outre mesure, nous accuser de manière diffamante, d’être des délinquants informatiques ? Au traitement automatisé de nos dossiers juridiques, à tel point que nous ne serions plus des citoyens, mais des matricules ? Ce n’est pas la France que j’aime, et ce n’est certainement pas la France qui accueillera ma sépulture. Je ne demande pas, j’exige de nos institutions qu’elles prennent la pleine mesure du décalage entre le capitalisme outrancier, et l’économie raisonnée. J’exige également des élus qu’ils comprennent que l’arbitraire n’a jamais rien donné d’autre que l’extrémisme politique ou religieux en réponse. J’exige enfin que les politiques et les acteurs sociaux se décident enfin à s’asseoir autour de la même table, ceci pour que tous aient le même élan, dans une seule et unique direction. C’est si simple de réduire à la garde à vue permanente, c’est si facile de cloisonner la parole, entre ceux qui ont les moyens de se l’offrir, et les autres.

Une dictature, c’est quand on arrive à imposer le silence. Pour cela, nul besoin d’une trique, d’un vigil, ou d’un soldat. Il suffit que la parole devienne insignifiante, facile à contrôler, à censurer, ou à moquer. Ne laissons pas la nation dériver vers une conscience de bonne morale, alors que la France a toujours été terre fertile pour les idées révolutionnaires, pour les idées progressistes, bref, pour l’évolution et non la stagnation.

Faites que je sois entendu !

Un développeur de talent!

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Je le conseille à tous ceux qui maîtrisent leur environnement, et qui désirent optimiser encore un peu plus leur système.

Aux autres, je dis d'y jeter un coup d'oeil, c'est fou ce que l'on peut faire avec ce programme! Pour ma part, je l'utilise tous les jours dans le cadre de mon boulot...

A voir!


08 février 2010

Il n'est pas polémiste...

Mais il est néanmoins un pote.... Donc faites lui honneur, allez jeter un oeil sur sa plume qui s'avère être plutôt sympathique!

L'écume des mots

BHL pris en flagrant délire

Par précaution, et surtout par prévenance pour mes éventuels nouveaux lecteurs, je dois reconnaître que le « philosophe » BHL n’est pas parmi les personnages publics que j’apprécie le plus. De ce fait, l’article qui suit est parfaitement subjectif, et il s’appuie sur ce que je pense, et non sur ce qu’on pourrait dignement appeler une analyse construite. Qu’il soit également noté que j’engage toute personne ayant deux doigts de bon sens de se renseigner sur BHL, et d’en tirer ses propres conclusions. Ainsi, je ne serai pas taxé de mener propagande contre le scribouillard à la mèche rebelle.

Bon, commençons fort : qui est BHL ? Concernant sa vie privée, je le dis tout de go, je m’en contrefous, tout comme je me moque de la couleur des caleçons que pourraient arborer notre président face à sa tendre épouse. De ce fait, je me cantonne à ce que je vois : un ahuri pédant, prétentieux, faisant des phrases pour ne rien dire, et usant à l’envi d’un ton hautain qui lui a valu la vindicte tant de ses interlocuteurs, que de la presse. Insupportablement prétentieux, les rares choses que j’ai tenues de lui entre mes mains m’ont laissé un goût hésitant entre l’aigre d’un mauvais sandwich, et l’acide d’une mayonnaise informe ayant tournée au soleil. Quoi de plus insupportable qu’un type qui se pose en autorité intellectuelle sur des sujets qu’il ne maîtrise visiblement pas ? Pour ceux qui l’ignorent, notre grouillot de la philosophie de comptoir a été lynché à de multiples reprises par l’opinion publique et ses paires pour des propos contradictoires, des discours des plus connotés, et pardessus le marché pour une forme assez malsaine d’hypocrisie (typiquement, critiquer la guerre, tout en côtoyant un Lagardère, sponsor et équipementier de nombre de conflits dans le monde). A tout cela, devoir supporter le ton faussement pleurnichard en filmant Sarajevo… comment voulez-vous que je tolère un tel pauvre type ?

Quid de mes opinions, et revenons à ce qui m’amène à causer de ce charlot (oui je sais, c’est dur comme propos : les charlots ont fait une carrière amusante, eux !). « De la guerre en philosophie », à paraître le 10 février, est le livre qui était supposé le remettre sur le devant de la scène, et lui permettre de réinstaurer son statut de « philosophe moderne de référence », si tant est qu’il y ait jamais eu qui que ce soit pour avaler pareille bêtise. Hélas, trois fois hélas pour lui, il a usé d’un vieux truc du plagiat : s’appuyer sur des références, les citer, s’en gargariser, mais sans vraiment prendre l’élémentaire précaution de s’assurer que la dite référence existe réellement ! En gros, BHL s’est référé à la vie et aux œuvres de Jean-Baptiste Botul, un illustre inconnu qui n’existe pas ! Une fumisterie ! Facile à vérifier qui plus est, le web n’étant pas avare en réponses le concernant (je vous invite à faire la recherche, histoire de s’amuser de l’incompétence de notre philo-imbécile). Ah ! Donc, on vocifère, on braille, on cite, revendique, sur des choses qui ne sont que du vent ? Magnifique ! J’adore ! J’ai éclaté de rire en imaginant la tête du snob pédant quand on lui a annoncé « Tiens Bernard, t’as été démasqué… Je crois que t’es dans la merde pour fourguer ton bouquin là ! ». Rassurez-vous, les grosses têtes, les polémistes plus sérieux, et même les profs de littératures gauchistes achèteront et liront ce canular, les uns pour en rire, les autres pour y constater l’étendue du naufrage de la gauche pseudo intellectuelle.

Je crains que trop de gens ont pariés sur le mauvais cheval en pariant sur ce branque. Autant je peux laisser le bénéfice du doute à l’auteur quand il reprend des propos et qu’il les interprète de travers, autant je trouve intolérable de jouer les sommités, ceci en misant sur le fait que le flan marche bien mieux que le sérieux. A croire qu’être cultivé, de nos jours, ne s’avère être qu’une vaste œuvre de propagande. Ah ça, dans le genre « Je SUIS un intellectuel, JE sais ce que vous devez comprendre et JE vais vous les expliquer », monsieur se pose là, mais concrètement, qu’en ai-je tiré comme enseignement ? Qu’il n’est pas plus polémiste et compétent que je suis cordonnier (parce qu’il faut être compétent pour faire ce métier d’art), et qu’au surplus, trop de lecteurs se jettent corps et âme dans des lectures parce que c’est à la mode, parce que c’est bien vu de lire des écrits pseudo de gauche (alors que l’urne penche à droite), et qu’au final, c’est mieux vu de lire du BHL, que de lire Marx, ou encore un roman écrit par un politique de droite. Dramatique pour la culture, dramatique pour la France.

Je me suis dit, un jour, que la France pouvait se targuer d’avoir une histoire riche en plumes, en génies, en experts de tous poils capables de tenir la dragée haute au reste du monde. J’ai aussi rêvé d’une nation capable de vendre cette culture et en remontrer au reste du monde. Et là, paf, qui se pointe à Sarajevo ? Le guignol à la mèche ! Hé ho, c’est quoi ce cirque ? C’est comme envoyer Casimir négocier des accords de désarmement, ou encore espérer que mon voisin, roi des polémiques de comptoir à connotation raciste, serait capable de gérer les relations diplomatiques avec l’Iran ! On n’était pas bien lotis avec l’émergence d’une sous culture poubelle avec la télévision et la presse people, mais là, on touche le fond ! Par pitié, faites œuvre de bon sens : proscrivez BHL de vos références, faites l’effort de laisser de cuistre dans les douves d’où il n’aurait jamais dû sortir ! Merci pour nous, merci pour la culture et les lettres !

BHL sur Wikipedia
Le flagrant délire de BHL, vu par le nouvel observateur

05 février 2010

R.A.S ce soir

Ben tout simplement... fatigué et pas envie d'écrire.

A lundi (peut-être...)

JeFaisPeurALaFoule / Frédéric

04 février 2010

Crucifixion d’un journaliste

Attention au titre, il ne s’agit pas de parler des crimes commis contre les journalistes dans les dictatures, mais plutôt d’un évènement somme toute anodin, mais qui est actuellement monté en mayonnaise par nombre de médias. En effet, durant une interview télévisée, Nicolas Totet, journaliste au Courrier Picard, s’est vu littéralement « crucifié » à la télévision par Xavier Bertrand. A lire nombre de réactions, il faudrait croire que le système de communication entre les médias et les élus se doit d’être à sens unique, c'est-à-dire que le politique peut être attaqué, vilipendé, critiqué, et que le gratte papier est intouchable, sain et honnête. Cela existe ? Cela a un sens de comprendre les choses de cette manière ?

Je suis particulièrement étonné que l’on puisse décréter qu’un journaliste soit un intouchable. Comme tout homme, il véhicule des opinions, rédige des analyses, et se heurte aux réalités, notamment lors d’une interview ou d’un débat. Comment peut-on décemment espérer que le dit « inquisiteur » soit protégé par sa carte professionnelle ? Celui qui est interrogé peut tout autant s’exprimer, défendre ses convictions, voire battre en brèche celui qui vient de le questionner. Et, pour moi, cela n’a rien d’illégitime. La critique se doit d’être réciproque, d’autant plus quand les médias ont un rôle tant informatif qu’idéologique, et ce second point est tout aussi important que le premier, au titre que ce sont les médias qui aident la population à se faire une idée ! Alors, pourquoi diable un journaliste serait-il en droit d’attaquer, sans craindre une riposte ?

Les plus anciens de mes lecteurs, ou les férus de politique, se souviennent du « Taisez vous Elkabbach ! » de George Marchais. Cela semble comique et caricatural, d’autant plus que l’élu en question n’était pas du genre à être modéré dans ses propos… Mais observons une autre perspective : si monsieur Elkabbach a obtenu une telle invective de la part de monsieur Marchais, n’était-ce pas mérité, à force de provocation et de propos insultants ? C’est un cliché des années 80, mais qui, aujourd’hui, semble terriblement d’actualité. Là, avec cette histoire de journaliste verbalement pris à parti par celui même qu’il était supposé interroger, on est en droit de penser que c’est un juste retour des choses.

Autant je suis contre la censure, l’autocratie, la répression, autant je suis tout aussi contre la presse poubelle, et surtout la presse auréolée du titre d’honnêteté absolue. Les élus, tout comme chacun de nous, a des comptes à rendre, mais ce n’est pas pour autant que cela doit autoriser toutes les dérives. Ces dernières années, la mise en avant des politiques sous la forme la plus basse, la forme « people » où l’on préoccupe plus du « qui couche avec qui », que du « qui décide quoi », a donné des pseudo scandales sans intérêt, ceci occultant totalement l’incompétence notoire de ces mêmes journalistes. Notez d’ailleurs le virage médiatique pris par le gouvernement, et notamment le président : jusqu’à la crise, on a reproché à N.Sarkozy d’être trop voyant, ostensiblement ami avec des puissants de l’industrie et de la finance, puis, après la crise, tout s’est étouffé, endormi, remis en place. Le changement ? Simplement une remise au pas des organes de presse avec pour consigne claire : « Le président doit être mis sur le devant de la scène que pour des actions politiques, pas pour des actions privées et personnelles ». A ce titre donc, cette attaque de Xavier Bertrand est une leçon de choses : l’impunité du journaliste n’existe pas, charge à lui d’être compétent et d’emmener, si nécessaire, le politique sur un terrain glissant… quitte à en subir le contrecoup médiatique.

Nombre d’articles parlent de la relative verdeur du journaliste, appuyant sur le fait qu’il n’accédait à un plateau télé que pour la deuxième fois… Et alors ? Se mettre face à la caméra, face à un politicien aguerri, et espérer avoir des réponses consensuelles à des questions potentiellement gênantes, c’est faire preuve au mieux d’inconscience candide, au pire, de la pire des bêtises. Il n’y a pas mille manières d’aborder un politique : soit on se met d’accord avec lui pour traiter des sujets consensuels (voir pour cela la pseudo interview de Jacques Chirac par Michel Drucker), soit l’on prépare ses notes, on se blinde, et l’on attaque de front l’homme d’état. Là, ni l’un ni l’autre, juste un journaliste peut-être très compétent, mais certainement pas pour ce genre d’exercice. Ce n’est pas la meilleure manière d’appréhender la télévision, encore moins d’en apprécier tout l’impact, mais, somme toute, le message est aussi adressé à la profession toute entière.

J’espère que ce désastre médiatique fera date, et sera utilisé pour donner une formation aux futurs journalistes : il faut savoir se défendre pour pouvoir attaquer. La leçon est douloureuse pour Nicolas Totet, j’espère qu’il ne s’en formalisera pas, et qu’il pourra progresser dans le métier. C’était maladroit, candide… mais pas nécessairement méchant. Il a juste payé pour une profession qui perd en qualité, en profondeur, et surtout en compétence. Alors, faites que cela stimule aussi ceux en poste pour qu’ils prennent la mesure du danger de s’exposer face à des gens rompus à de tels exercices.

Article et vidéo de Rue89.

03 février 2010

Le cinéma nous ment !

Ce n’est pas nouveau : depuis les frères Lumière, le cinématographe a eu autant pour vertu d’être capable de nous distraire, que de nous farcir ce qui nous sert de boîte à idées de clichés et de raccourcis imbéciles. Concrètement, le cinéma, s’il est pris comme média de détente, reste globalement intéressant et agréable, mais s’il est un tant soit peu disséqué par un œil exercé, il devient alors totalement risible, voire scandaleux. Que ce soit pour des questions de coût, de scénario, ou encore de spectacle, l’image colle plus à un monde fantasmé qu’à un monde réel, terriblement plat et peu spectaculaire. Hé oui, chers amateurs d’action, de duels endiablés, la pellicule a le don de déformer, à sa guise, les règles élémentaires de physique !

Les exemples pullulent, et certains sont amusants, d’autres plus problématiques. Prenons par exemple un cas exemplaire : les armes. Dans l’immense majorité des films, quelqu’un de touché par une balle vole, est éjecté avec une cabriole digne d’un Bambi sous amphétamines. Or, ramenons cela à de la physique élémentaire : l’énergie que peut transmettre une balle à un corps est « ridiculement » faible, notamment par rapport à la masse de la cible ; Dans les faits, cela voudrait dire qu’un plomb de quelques grammes pourrait pousser un corps pesant plusieurs dizaines de kilogrammes. Impossible, d’autant plus que la dite balle compte plus sur la perforation (donc la blessure, la mutilation) que sur l’impact lui-même. Bon, évidemment, une balle qui passe à travers, ça n’a rien de si impressionnant que cela, tout au plus peut-on compter sur une jolie gerbe de sang pour le côté « sale » de la scène. Alors, non, un homme n’est pas propulsé à dix mètres par une balle, surtout si elle sort d’un petit calibre comme une arme de poing.
D’autres exemples sont aussi signifiants avec les armes : si l’on compte le nombre de balles tirées pendant un duel, on en viendrait à plusieurs centaines de munitions tirées en peu de temps, donc autant de poids de douilles, de poudre, et de projectiles, sans compter les conteneurs (chargeurs en majorité). Et où il les trimballe, ses bastos, notre héros ? Dans une mallette à roulettes ? Pas du tout ! Sur lui ! Hé ben, je n’aimerais pas être celui qui se charge de l’intendance de ce genre de gars… Et puis, autre détail amusant : une arme se base sur la réaction produite par l’embrasement, puis l’explosion de la poudre. Qui dit explosion dit chaleur. Alors comment se fait-il que leurs armes ne fument que très rarement ? Et qu’ils tiennent en main la dite arme, la tendent par le canon (sic) sans se brûler ? Chapeau, vive les hommes, les vrais, ceux dont la peau est tannée à jamais !

D’autres bricoles allant à l’encontre des sciences apparaissent : les films de science fiction ne sont pas avares de bruits de laser, de bourdonnements sourds pour les moteurs, ceci dans l’espace. Qu’est-ce que l’espace ? Vide d’air ! Donc, pas de son ! Ah oui, je rappelle aux incompétents notoires en physique que le son se disperse grâce à l’atmosphère. Un son, c’est une onde qui fait « vibrer » l’air, et c’est cette vibration que l’on entend. C’est d’ailleurs pour cela que sa vitesse est très lente, contrairement à la lumière qui ne se « heurte » pas complètement à l’atmosphère. Un bruit de laser alors ? Le laser ne fait aucun bruit, même dans l’air ambiant, tout au plus un crépitement s’il échauffe des particules imprévues (poussière en suspension par exemple). Mais passons outre ce point, puisqu’il faut du spectaculaire ! Ce serait tout de même assez peu engageant de se regarder Star Wars avec un grand silence à chaque canonnade…
En parlant de laser encore, je suis souvent écroulé de rire à l’idée qu’un homme puisse d’une part voir le faisceau en question (donc nous, spectateurs), et d’autre part que le tir soit si « court ». En toute théorie, le laser n’est pas nécessairement sur une fréquence lumineuse perceptible par l’œil humain. Prenez par exemple les lasers utilisés dans les systèmes d’alarme, ou dans les dispositifs de sécurité des ascenseurs. Vous voyez un trait rouge, ou bleu ? Pas vraiment, pourtant, le laser est bel et bien présent. Donc, cela voudrait dire que notre concepteur a pris soin de rendre le laser bien visible pour que cela en jette ! Pour l’aspect promptitude, imaginons une expérience simple : prenez une pointe chauffée au rouge, et appliquez la sur un textile, quel qu’il soit. Combien de temps faut-il avant que le dit tissu prenne feu ? Est-ce instantané ? Pas vraiment. Donc, le laser, pour qu’il puisse envisager de traverser les textiles pour toucher notre cher « héros », se doit de dégager une énergie exceptionnelle, et ciblée, pas juste une microseconde qui lui coûte une belle blessure. Enfin bon… je suis d’un chiant…

Enfin, il y a la chose qui m’horripile le plus : l’erreur historique notoire. Autant je peux tolérer les aberrations précédentes pour le spectacle, autant je suis intolérant avec les erreurs concrètes qui viennent détruire les derniers restes de crédibilité d’un film déjà bien mis à mal : armes d’une mauvaise époque, véhicules archaïques ou trop récents, uniformes tout aussi faux, sans compter les discussions portant sur des évènements postérieurs à la période envisagée dans le scénario. Ainsi, quel ridicule de voir un hélicoptère intervenir dans un film sur la seconde guerre mondiale (déjà vu !), de voir une voiture dont le modèle est visiblement postérieur à la période (grande spécialité française, avec l’usage de modèles de traction avant des années 50 dans les films supposés se passer pendant l’occupation), ou encore les costumes des films basés sur la légende du roi Arthur (qui a vécu au Vème siècle) et qui sont approximativement datés du XVème ou XVIème siècle. De quoi vous gratter le crâne, et vous dire « Ils nous prennent pour des idiots incultes ou quoi ? ». C’est le cas : le cinéma a essentiellement pour but de divertir, quitte à prendre des raccourcis imbéciles. J’ai quelques mauvais souvenirs de films de guerre « sérieux », qui parlent de batailles connues, et où le tout est gâché par des erreurs de casting : chars allemands campés par leurs équivalents américains (un char Sherman est plus facile à trouver et à louer qu’un char Tigre de la même époque), avions « modernes » maquillés en chasseurs et j’en passe.

Ne soyons pas trop critiques tout de même : malgré la profusion de ces bêtises, je pense tout de même qu’il faut garder son âme d’enfant face à la pellicule, juste parce qu’il faut savoir absorber une vision différente. Charge à l’imaginaire de corriger les anomalies, et ainsi pardonner la production qui, souvent, fera avec les moyens du bord. Quoique : Cameron a mis le paquet dans son Titanic, et cela n’empêche pas, pour moi, de maudire ce film à gros budget pour son aspect niais et dégoulinant de romantisme Harlequin…

02 février 2010

Les jamais contents

Tradition nationale par excellence, le Français n’aime pas s’exprimer avec patience et pondération. Exacerbant chaque chose, il aime se plaindre, râler, et vociférer, à qui veut l’entendre, que tous les autres sont des salauds, des égoïstes, ou des incompétents. Jeu prisé par les bornés, être « jamais content » semble être une constante de l’éducation à la Française : je ne suis pas content, je le dis, quitte à ce que tout le monde en pâtisse.

Non que je sois de ceux qui se taisent et bêlent en suivant un leader d’opinion, mais, tout de même, reconnaissez que la France a de quoi faire des envieux : une belle nation, des paysages splendides, un climat exceptionnel, et des possibilités quasi illimitées ! Et pourtant, on se plaint, on n’aime la France que pour la traire, alors qu’il faut tout autant participer que vivre sur la bête pour que cela fonctionne. Tenez, il y a toujours un ahuri pour pester contre la météo : « fait trop chaud ! », « Il pleut ! », ou l’inusable « Ca caille ! » sont des choses qui vous sifflent dans les oreilles à longueurs de journées. Qui n’a pas eu envie de dire « Mais tu vas arrêter, oui ? On est en hiver bordel ! » ?

Notez aussi que le côté « jamais content » n’est pas unique à la météo ! La politique est un terrain où se renouvelle sans cesse les discours de mauvaise foi : un coup, on paye trop d’impôts, un autre, c’est le système de santé qui est pourri, ensuite c’est le fait de voir les prix à la pompe jouer les yoyos, et nos politiques ont toujours le mauvais rôle. Cela m’amuse, je l’admets, d’autant plus quand l’attaque est portée sur un mauvais terrain, alors qu’il y a tant à dire ailleurs. Prenons notre président : les gens se plaignaient de trop le voir, de trop l’entendre s’exprimer, alors que son prédécesseur, lui, était taxé d’être trop absent des ondes et de la presse. Rigolos, c’est tout ce que j’ai comme épithète à lancer aux énergumènes qui ne réagissent que dans l’instant, sans réfléchir au passé, et encore moins au futur. S’il a été médiatisé à outrance, c’est aussi à la demande de ses électeurs, non ? Le populisme a fait long feu, on lui a reproché d’être sanguin… mais c’est ce qui l’a mis au pouvoir il me semble. Enfin bref, les gens sont des idiots : jamais contents, mais jamais prêts à agir pour que cela change. A votre avis, qui sera réélu aux prochaines élections ? Ah merde, la réponse est dans la question !

Je suis souvent saisi de stupeur face au racisme à peine voilé des gens. Les médias ont fait mine d’être étonnés quand l’Italie s’est révélée avoir, en son sein, une population attachée aux discours néo fascistes. Tiens, parce que cela n’existe pas en France, peut-être ? Et pourtant, demandez à vos amis et voisins, et soyez prêts à rire (avec cynisme), ou, pire encore, à être déçus : ils soutiendront d’un côté ne pas être racistes, mais de l’autre, auront des propos inacceptables à l’encontre de l’Islam, des arabes, des noirs, en tout cas de tous ceux qui sont différents. Par contre, ne soyez pas pris au dépourvu si ces mêmes xénophobes de bac à sable viennent vous annoncer qu’ils ne se plaignent jamais des asiatiques par exemple. Pourquoi ? Une minorité peu visible, de nature discrète, ça ne dérange pas suffisamment pour qu’on s’en plaigne, tout simplement. Du moment qu’on est convaincus qu’ils bossent, qu’ils rapportent de l’argent Ah, la haine envers ceux qui ne sont pas pareils, c’est un puissant moteur pour les « pas contents »…

Et puis il y a aussi celui qui n’est jamais content de ce qu’il possède : jamais assez d’argent, toujours trop de problèmes, jamais assez de bonheur, toujours trop de soucis. Vous me gonflez ! Vous le savez ça ? A force de vous plaindre, on vous croirait vivant près de Kaboul, au milieu des ruines, slalomant chaque jours entre les balles, les obus et les mines. Cela mériterait un stage intensif dans le tiers monde, à prendre des coups de triques de la part de « policiers » réellement dangereux, de découvrir la saveur des rations de l’ONU, ou encore d’apprécier une balade sur un rafiot supposé vous sauver de votre pays en guerre ou en dictature. Allez, je me propose : j’ouvre une compagnie de voyage dédiée à ce genre de prestation ! Envoyez moi votre voisin trop idiot pour comprendre que la vie en communauté est une obligation et non juste un fantasme, offrez à votre beauf un petit stage « nature » pour lui rappeler que le respect n’est pas un vain mot… Et moi, je me ferai fort de faire fructifier l’investissement tant moral que financier !

Club JeFaisPeurALaFoule ! A votre service, dans toutes les conditions !

01 février 2010

Elle crisse

Tu es comme la neige, blanche et légère,
Fine et délicieuse, tu réussis à me faire taire,
Car je suis surpris par tant de beauté.

Moi qui suis trop cambré, bien trop fier,
Tu me rends paisible, et tu fais taire,
Les mots de colère me faisant me voûter.

Nous sommes côte à côte, du même pas,
Sous le dôme blanchi d’un sous-bois,
Et je te sens blottie contre mon côté.

Tout est enneigé, sauf la chaleur de tes mains,
Et je nous imagine enlacés, serrant tes reins,
Un rêve qui s’appellerait juste éternité.

Derrière nous ne subsistent que nos traces,
Avant que le dégel ne les efface,
Je les fixe tendrement en moi, à perpétuité.

Et puis devant l’âtre je pétrirai tes épaules,
Tu soupireras ton désir, et tu m’enrôleras,
Dans tes rangs, que j’ai choisi avec fierté.

Et on se dira je t’aime comme une promesse,
On s’échangera des vœux faits de tendresse,
De ces mots qui ne peuvent être que sincérité…