20 février 2014

Un concert...

03 février 2014

Et un dernier!

Attention... humour absurde en vue! (âmes sensibles et sans humour s'abstenir)

Mr Antoine Daniel, sur Youtube

C'est tout simplement une sorte de zapping de l'absurde sur le net, un concentré de la bêtise humaine dans toute sa splendeur. C'est con, oui vraiment très con, mais bon sang, que c'est drôle parfois!

Un exemple? Un melting pot des vidéos "Russes"... avec tout ce qu'elles ont d'absurde, drôles, pathétiques...

Guerre d'immondes

C'est un grand fracas. On entend les déchirantes plaintes des structures qui s'écroulent. Les flammes chantent une cantate sinistre, et leurs crépitements semblent hanter l'espace devenu silencieux des hommes. Malgré la chaleur des braises fumantes, malgré le soleil qui perce à travers les nuages sombres des incendies, il fait un froid atroce, si dur, si mordant, qu'on pourrait se demander si c'est l'hiver, ou bien les bombes, qui ont fait disparaître les sons liés à la vie. Tout est mort, l'existence même d'une humanité n'est plus perceptible que sous la forme de déchets calcinés, ou souillés par les pluies des jours précédents. Ca et là traînent des livres, des poupées démembrées, on voit dans un coin un restant de meuble, et les assiettes sont redevenues poussière. Il n'y a plus rien, en dehors des gravats, des poutres tordues, des toitures éventrées, et des ruines de voitures détruites sous les décombres.

On aurait pu espérer que la vie reprenne ses droits, que les survivants seraient là, hagards, à sortir des caves pour tenter de trouver des survivants. On aurait même pu envisager d'entendre le cri strident des sirènes des services d'urgence... Rien de tout cela. Il n'y a plus personne. Tout est abandonné. La ville n'est plus habitée, elle est dorénavant hantée par son passé, parce que l'homme a décidé de s'anéantir, parce qu'un clan a décidé de réduire au silence un autre. Où sont les lampadaires? Qu'est devenu le parc aux chênes centenaires? Tout a brûlé. Tout est tordu, et les choses les plus belles sont maintenant tordues, dans des attitudes grotesques, dans des positions que seul le hasard peut avoir créées. De la ville d'hier, seul le souvenir persiste. Une ville n'existe que par la vie de ses habitants, et là, c'est la mort qui a pris ses quartiers.

Alors, on voudrait croire qu'ils ont fui, que ces gens se sont réfugiés ailleurs, qu'il y a l'espoir de revenir, et ce malgré la disparition des maisons, des immeubles, et même des rues. Mais il n'y a personne. Il n'y a pas de survivant. Ils sont tous partis avec la ville elle-même. De résidence, l'endroit est devenu charnier, cimetière atroce où ce sont les blocs de béton qui font les monuments funéraires. Partout où le regard peut se poser, ce n'est que poussière grise, sale, collante, qui va jusqu'à momifier les rares corps encore identifiables. Les morts sont là, tapis sous les débris, ou simplement allongés, inertes, silencieux à tout jamais. Le carnage a bien eu lieu, certains ont tenté de fuir, mais rien ne leur a permis de se réfugier. La vie s'est envolée, comme s'envolent les dernières gouttes de buée d'une vitre recevant les premiers rayons du soleil.

Se déplacer au milieu de ce monde silencieux, c'est errer au milieu d'un monde surnaturel. Le seul bruit qui résonne, c'est celui des pas qui viennent troubler les cendres, ou qui viennent buter contre un bout de bois, ou un reste de fenêtre consumé. Le vent glisse et se faufile, âpre et brutal, par là où il y a quelques heures encore se tenaient de grands bâtiments. Les immeubles se sont effondrés, et les plus tenaces branlent, penchés, décomposés, avec leurs façades grêlés d'impacts. Certaines bâtisses présentent des faciès tordus, immondes, comme si l'on avait pratiqué les pires tortures sur eux. Sous peu, ils cèderont sous leur propre poids, ou sous l'action des dernières flammes encore vivantes en eux. Et chaque rafale de vent lève une vague de poussière, puante, collante, s'infiltrant partout, adhérant à chaque vêtement, à chaque espace de peau non couvert. Dans cette poussière, il y a tant du béton concassé, que certainement les restes des victimes de cette vision d'horreur.

On se prend à espérer un bruit, n'importe quoi, que ce soit l'aboiement d'un chien errant, ou le cri désagréable d'un corbeau. Et puis rien. Encore ce silence, obsédant, glauque, cruel, qui vous fait souffrir tant par l'absence de son, que par la pesanteur du silence sur l'esprit. On entend sa propre respiration, courte, haletante, saccadée, qui vous tranche la gorge, qui vous abîme les poumons, et qui vous tire des larmes tant de douleur que de rage. Le génocide a eu lieu, là, et la seule chose à blâmer, c'est nous-mêmes. Nous sommes tous responsables, et ce reproche, aussi douloureux qu'évident, ajoute encore à la culpabilité d'être là, en observateur. On se voudrait victime, pour ne pas avoir à porter l'écrasante responsabilité qui découle du carnage. L'heure n'est plus à pleurer, car pour pleurer, il faut des survivants. L'heure est à l'introspection, violence contre soi d'un regard lucide qui vous fait comprendre qu'il y avait peut-être une autre voie, une autre solution que d'anéantir la vie dans son ensemble. Hier encore, les magasins étaient pleins. Aujourd'hui, il n'y a plus personne pour se distribuer les derniers produits rationnés. Et demain, qui se souviendra de ce qu'il s'est passé ici? On s'en veut alors d'être un témoin, on se reproche d'avoir pu éviter, pour soi uniquement, d'être pris dans les flammes.

Et au final, où était cet enfer sur terre? Où sont ces victimes? Qui sont ces gens, fauchés par la main de l'homme? Dresde, Hiroshima, Reims, Bagdad, Sarajevo, Alep... il n'y a pas besoin d'un drapeau, pas besoin d'une adresse pour signifier que toutes ces villes ont subi ce même sort morbide... Et la pire des infamies, c'est qu'on oublie. A chaque nouvelle guerre, nous oublions la précédente. A chaque nouveau combat, on revoit les mêmes scènes, se répétant encore et encore. Les brasiers naissent de nos mains, comme sont nées, un jour, ces structures monumentales de verre et de béton. La guerre est une chose immonde, et pourtant, nous la recommençons, encore et encore, avec le vain espoir qu'elle sera la dernière... jusqu'à la prochaine fois.

N'oubliez jamais. Souvenez-vous, et apprenons.

Avis aux amateurs

Attention... texte fleuve!

Je m'interroge encore et encore sur la critique qui est faite sur les idées concernant aussi bien le travail, que la possibilité de financer le non-travail d'une manière ou d'une autre. Cette réflexion, qui, d'un point de vue moral, semble assez légitime, nous apparaît dorénavant plus que complexe à traiter tant la société dans laquelle nous vivons est bâtie sur des paradoxes: économie adossée au travail de l'argent, dévalorisation de la production au profit d'une délocalisation à bas coût, financements divers et variés de l'inactivité souvent associés au concept de "l'oisiveté aux frais de l'état"... De quoi se demander où est la "bonne" solution, si tant est qu'il puisse en exister une.

Déjà, observons un peu le raisonnement tenu aujourd'hui : il est devenu autrement plus rentable de faire travailler l'argent (par le truchement de la spéculation, des investissements à rendements, bref tout produit financier susceptible de générer du bénéfice sans avoir soi-même produit quoi que ce soit), que par la production "pure" de richesses. Qu'est-ce que cela sous-entend? Tout simplement que quiconque ayant des richesses peut se permettre d'investir, et donc potentiellement de s'enrichir, et que tous les autres, dépourvus de ce pouvoir, sont tenus à rester à la marge, à l'exception près de quelques entrepreneurs aventureux qui, finalement, arrivent à prendre une position rejoignant les "riches investisseurs". Doit-on blâmer ceux qui placent de l'argent? Dans l'absolu, en fantasmant une société équitable, on pourrait espérer que cet argent soit injecté dans l'économie globale, qu'il serve à développer des biens et des services... Or, force est de constater qu'il ne fait que pousser à la roue pour celles et ceux qui veulent voir des nombres grossir sur un compte, et pas voir des entreprises croître. Après tout, un trader voit un matricule pour une action, pas ce qu'elle fait ou si peu. Dans ces conditions, difficile de légitimer un tel fonctionnement, au titre qu'il ne peut pas inciter à travailler, puisque cela sera en pure perte en terme de rendement économique.
En allant au-delà, cela implique alors trois choses. En premier lieu, l'entreprenariat, étouffé face au coût qu'engendre un fonctionnement en indépendant, va pousser soit à s'effondrer, soit à travailler sans tout déclarer. En étranglant ceux qui veulent entreprendre, on ne peut qu'y perdre, notamment dans le domaine du service. Au surplus, comment le client final peut-il accepter de voir la note se saler, surtout quand il s'agit de surcoûts liés aux taxes ou au coût du travail? On fait alors appel à la délocalisation, ou carrément à la main-d'œuvre bon marché (cas des ouvriers Polonais en France par exemple). Dans un second temps, quand on s'offre une politique défavorable au travail, on ne peut que pousser certains à "profiter" du système, en récupérant tous les dispositifs supposés aider ceux mis à l'écart par le système, et non pas financer l'inactivité professionnelle. Quand on en arrive à prendre sa calculatrice pour savoir, si oui ou non, il est rentable de travailler, c'est qu'il y a un énorme problème dans les mécanismes de protection sociale. Enfin, le troisième point, et non des moindres, découle directement des deux précédents: pourquoi espérer trouver un emploi, puisque les entreprises vont chercher à réduire les coûts, tant afin de prendre des marchés, que par souci d'augmenter les marges? Clairement, le suicide économique est tout à fait flagrant, car l'équation de la banqueroute est sous notre nez. Taxez plus ceux qui travaillent (au sens large), c'est les inciter à ne plus embaucher (patronat), à ne plus travailler (salariés), et à dénigrer clairement le travail local au profit d'un travail moins cher... Avec pour effet pervers de perdre toute une compétence, avec toutes les conséquence que cela peut avoir.

Alors quoi faire? Déjà, s'interroger avec force sur quelques règles fondamentales: l'aspect social d'une société ne doit en rien venir contredire les aspects économique fondamentaux. On ne peut et surtout on ne doit pas rendre le travail, l'activité professionnelle inutile, ou insuffisamment rentable pour l'employé. De plus, il est notoirement dangereux d'inciter à jouer avec l'argent, au lieu de s'en servir avec bon sens. Je ne comprends toujours pas comment l'on omet de dire qu'il existe bien trop de portes de sorties juridiques pour les "riches", là où les classes moyennes et basses n'ont pour seule issue que de se taire et payer. De plus, je ne vois toujours pas de loi permettant de mettre un terme aux actions aussi irraisonnées qu'intolérables des spéculateurs purs. Comment peut-on considérer comme logique d'essorer des sociétés qui produisent, là où l'on tolère des marges délirantes, sous prétexte que les dites marges ne passent pas par l'économie réelle? Il y a un énorme problème à ce niveau.
Certains abordent cette catastrophe à travers des taxes, comme par exemple celle nommée "Tobin", dont le but fondamental est de taxer les transactions boursières. Admettons. L'idée est plaisante, mais elle reste, selon moi, complètement insuffisante car globalement incitatrice à exiler les capitaux, et non à les faire rester localement. Je crois qu'il y a, avant toute chose, un besoin de réfléchir à des mécanismes encore plus globaux, non pas en imposant des quotas/taxes et autres solutions "communisantes", mais à mon sens sur des stratégies d'incitation à injecter les capitaux dans de l'économie réelle. Certains croient, à tort, qu'il est aisé de créer de l'emploi en réduisant les taxes et les charges. C'est en soi une énorme bévue que d'y croire, car l'embauche se fait non à la vue de taxes réduites (voire effacées, comme cela existe pour certaines embauches spécifiques), mais en regard d'un gain de production nécessaire ou potentiel. Embaucher, c'est un investissement sur une personne, une forme de placement à risque où le rendement doit être trouvé... sous peine de devoir licencier le salarié, faute de gain. Dans ces conditions, j'ai la conviction que la solution première est de rendre l'investissement concret fiscalement plus intéressant que l'investissement boursier. Reste à voir comment articuler des lois de finance en ce sens.
Un autre point critique est à passer, à savoir le fantasme d'une société totalement sociale, équitable. Encore une fois, pour donner à quelqu'un, il faut avoir pris l'argent en question quelque-part, sauf à vouloir s'endetter. A ce jour, la question reste entière: où prendre l'argent, alors que nous sommes déjà dans une situation financière sensible? Peut-on encore croire à un financement massif de l'état? A mon sens, ce n'est pas en créant des niches d'inactivité "maîtrisée" qu'on obtient tant une paix sociale, qu'une vie potable pour celles et ceux rabaissés par les mécaniques actuelles. Le chômage devient une fatalité, voire un mode de vie, quand il n'y a pas l'espoir de "mieux vivre" en travaillant. La stimulation de l'emploi doit, selon moi, partir d'un constat élémentaire: il ne faut pas que l'emploi soit une source de perte de prestations, et encore moins que l'emploi devienne un esclavage. Quand on est confronté au choix du "travailler ou glander, même résultat financier", difficile de blâmer celui qui va choisir de ne pas se lever, puisqu'en fin de mois, les deux seront équivalents ou presque. Comment faire travailler les gens alors? Déjà, il est selon moi indispensable de revoir complètement la politique de taxation du travail, non pas en faisant des mesures radicales, mais en traitant le cas des bas salaires en priorité. Aujourd'hui, ce qui pousse nombre de sociétés à délocaliser, c'est l'idée (souvent ridicule), qu'il n'est plus possible de produire en France, parce que l'emploi des bas salaires reste non compétitif. Charge à la politique fiscale de trouver une façon de rendre à nouveau séduisant l'emploi localisé. Il peut tout à fait y avoir un mécanisme de vase communiquant, entre une réduction drastique des coûts sur les petits revenus (avantages fiscaux, détaxe...), et la taxation compensatoire sur les gains faits en bourse par exemple; Là, on aurait déjà un premier retour vers un équilibre entre travail et capitalisme boursier.

bien au-delà de ces petites idées, j'imagine également que certains rêvent encore de voir une société plus juste, équitable... Comment l'obtenir? Quels sont les moyens qu'on doit se donner pour permettre à chacun d'avoir une vie meilleure? Je considère le travail comme une vertu, comme un enrichissement personnel. Cependant, il est évident que cela ne vaut que parce que j'exerce un emploi qui m'enrichit intellectuellement, et qu'il est difficile de demander une telle appréciation pour celui qui n'a pas un emploi stimulant. C'est là qu'il y a un énorme progrès à faire, mais d'un point de vue moral et éthique. Qu'on cesse de dévaloriser les emplois non qualifiés, qu'on arrête de pousser les enfants vers des études à rallonge. A mon sens, il faudra absolument trouver une méthode de communication rappelant que chacun peut se trouver une place, et que l'ouvrier à la chaîne n'a pas moins de valeur que l'ingénieur qui a conçu la machine sur laquelle le premier travaille. Nous ne pouvons, ni ne devons pas considérer le diplôme comme une finalité, mais comme une référence. Il n'est pas acceptable qu'on aille constamment s'adosser à des discours tels que "trop diplômé", ou "insuffisamment diplômé" lors de l'embauche. Déjà, l'expérience, la détermination doivent entrer en ligne de compte. De plus, traiter chaque salarié à égale valeur ne peut qu'améliorer le climat social. Et pardessus tout, faire se sentir "valorisé" par son employeur ne peut qu'amener à une meilleure considération de sa tâche par l'ouvrier. Comme dirait l'autre "J'aime mon métier parce que je suis respecté pour ce que je fais".

Comment faire changer les choses? En créant des "revenus minimum d'aide" comme le RSA? L'étendre à ces classes d'âges actuellement non prises en compte (18-26 ans par exemple)? En traitant le problème par l'assistanat, ou en pratiquant des politiques incitatives? Les ajustement fiscaux ne sont que des manipulations de chiffres, alors qu'une bonne pratique est, avant tout, de pousser à consommer ce que nous produisons, et en consommant les produits des autres. Il ne s'agit pas seulement de protéger ce qui peut l'être, mais aussi et avant tout de faire revenir un savoir-faire dilapidé au gré des délocalisations, de la perte de rentabilité de certaines activités, ou encore plus cruellement par la destruction d'un patrimoine industriel, détruit par des choix stratégiques honteux (entreprises en faillite non par manque de compétitivité, mais à cause d'investissements hasardeux), ou pillé (vendu à l'étranger, puis démantelé, cela pour satisfaire l'actionnaire et pas la production). On m'a déjà argumenté que les entreprises meurent aussi faute de clients. Cela existe. Mais quand une entreprise meurt, alors que son portefeuille client est encore tout à fait crédible, c'est que les dits clients vont forcément se reporter sur un autre fournisseur. Dans ces conditions, soit nous laissons mourir les concurrents pour privilégier des ploutocraties (voir la situation monolithique vécue dans l'informatique avec Google/Microsoft, ou dans l'industrier avec Mittal), soit nous sauvons l'emploi, ceci à travers une vraie politique économique et industrielle. Il n'est plus temps de se gargariser avec le TGV et le Concorde, il est plus que temps d'espérer revoir de tels projets émerger au milieu du marasme actuel.

J'entends plein de gens me parler de surconsommation, d'orgie, de gâchis. Nous ne surconsommons pas selon moi. Nous consommons n'importe comment, sans raison ni besoin. Il est tout à fait envisageable de revoir nos modèles de consommation, ceci afin que l'argent dépensé le soit intelligemment. Il y a tant à faire: économies d'énergie, politique écologique dans les domiciles, renouvellement des véhicules pour tendre vers des villes plus propres, réflexions sur nos équipements électroniques et électriques afin de moins consommer, modernisation des réseaux de l'information et du maillage hors des grandes villes... Nous pouvons fort bien mettre un terme à la spirale du chômage, car nous avons des possibilités de progrès, de la main-d'oeuvre qui sera aisée à motiver à travers de vrais gains, et qui plus est de pouvoir recréer une situation de crédibilité industrielle à l'international. Admettons une chose fort simple, et pourtant prise en défaut voire même tournée en ridicule, à savoir la modernisation de nos équipements électriques. La majorité consomment énormément, sont peu recyclables en bout de chaîne, et entre les deux surconsommés car sans cesse rendus obsolètes par les industriels (plus de maintenance, voire impossible à maintenir= déchet quasi systématique). Cela me paraît parfaitement crédible d'imposer des systèmes modulaires de taxes comme "produit vert produit localement=TVA réduite" par exemple. Il y a énormément d'axes de réflexions, de solutions, alors ne laissons pas les choses sombres dicter notre attitude.

Enfin, pour moi, travailler n'a rien de honteux ni de dégradant. Ce qui l'est, c'est de résumer le travail à une corvée, et non à une fonction sociale majeure. Travailler, ce n'est pas s'avilir à une machine, c'est en prendre le contrôle. La juste répartition des gains ne peut se faire qu'en rendant à nouveau le travail attrayant, tant socialement que financièrement. Tant que les exemples de réussite seront ceux issus de gens manipulant l'argent, au lieu de manipuler des entreprises, force est de constater que notre modèle social sera bancal... Si bancal qu'il pourrait, à terme, inciter des mouvements anticapitalistes à se radicaliser, ou tout du moins obtenir une oreille de plus en plus attentive de la population. Et pourtant, ce n'est pas tant le capitalisme qui ne fonctionne pas, c'est l'idée même que le capitalisme se résume à manipuler des capitaux... Alors que les dits capitaux devraient être générés non pas par de l'artificiel, mais du concret. Quand on voit que la première source de revenus de certaines structures se révèlent être la publicité, ou les feintes fiscales, j'ai dans l'idée que nous faisons gravement fausse route. Quand on spécule, à terme, on ne peut qu'aller à la banqueroute, car augmenter artificiellement la valeur de quoi que ce soit pousse, tôt ou tard, à rendre le prix du produit complètement hors de proportion. Un exemple: admettons un bien immobilier d'un prix X. On voit son prix augmenter jour après jour au moment de la vente par le jeu de l'offre et de la demande.... jusqu'au jour où le dit prix ne correspond plus à sa valeur, et les ventes s'effondrent. En bourse? Même combat... et 1929 en ligne de mire. A quoi bon mener à sa propre perte alors? Faisons en sorte de rendre le marché logique, sain, car indexé sur la capacité de chacun à profiter du système, et non d'en être complètement tributaire. Croyons en nous, et non en les chiffres. Croyons en notre capacité à partager, produire, améliorer le quotidien, au lieu de se contenter de suivre des courbes absurdes, des statistiques aussi vaines que muettes sur les réalités.

Pour le progrès, pour l'avenir; pour chacun de nous un potentiel de vivre mieux, plus équitablement.

Une clope

Je crois que, lorsqu'on est fumeur, on peut parfois constater des choses qui peuvent sembler anodines, voire invisibles aux autres. En effet, quoi de plus ordinaire qu'un groupe de fumeurs au pied d'un immeuble de bureaux? C'est là, planté devant une porte, qu'on peut observer le monde avec un regard bien différent. Loin de moi l'idée de promouvoir la clope comme étant un moyen de socialisation, et encore moins de mettre en avant les "vertus" du tabagisme. Là, c'est plutôt un regard bien particulier qui me vient, car, suite à une de ces "pause clope" que j'ai pu assister à un phénomène particulièrement difficile à accepter dans notre société. Prenez donc place, lisez donc ce qui suit, et dites vous bien que, si je l'ai constaté, d'autres ont fait ce même constat assez terrible sur l'état de notre société.

Toute personne vivant dans une grande ville est plus ou moins rodée à la mendicité: entre l'instrumentiste pathétique errant dans le métropolitain, le jeune adulte assis, main tendue, avec son chien en guise de caution morale, et le défilement des gosses exploités pour apitoyer le quidam, il y a de quoi faire. Bien souvent, cette mendicité met soit mal à l'aise, soit désintéresse totalement le passant. L'un dans l'autre, les rares gestes de charité s'adossent plus à une bonne volonté anonyme, qu'à un geste grandiloquent pour se dire "je l'ai fait, je suis quelqu'un de bien". Cependant, il existe un acte bien plus dramatique, tout aussi ordinaire, qui se révèle bien moins visible, du moins pour le piéton pressé: le fait de "faire les poubelles". Ca vous semble cliché? Ca vous apparaît comme "extrême"? Loin s'en faut! Cela existe bel et bien, et nos déchets peuvent devenir une source de survie pour d'autres... malheureusement.

Alors pourquoi parler de la cigarette en ce cas? Parce qu'il y a une chose qui ne marche quasiment plus, que les fumeurs surnomment "la taxe", à savoir un quidam venant demander une cigarette à une autre. Cela semble incongru, et bien souvent un refus poli suffit à neutraliser le demandeur qui, pas démonté pour un sou, tentera sa chance plus loin. Mais là, vu le prix d'un paquet, cette méthode ne fonctionne plus ou presque... Car l'âme humaine est ainsi, elle nous incite plus à dire "démerde toi", que "tiens prends, ça n'est pas cher payé finalement". Et là, stupeur... Les cendriers, totems du tabagisme, plantés devant les immeubles de bureaux, dégorgent de mégots, démontrant par l'absurde que l'addiction au tabac a encore de beaux jours devant elle, se voient fouillés par des passants. Dans quel but? Pour récupérer ce reste de tabac imbrûlé, pour accumuler les mégots et former ainsi la "clope" dont on a nécessairement envie, mais pas forcément les moyens. Faire les poubelles ou les cendriers, quelle société décemment conçue peut tolérer ça?

Quand on en est réduit à tenter sa chance de la sorte, c'est que notre monde est bel et bien malade. Sa maladie c'est l'indifférence. On va me rétorquer que le tabac est un luxe nocif, qu'on peut s'en passer... Je vous réponds, à vous autres donneurs de leçons, de la fermer et de surtout de vous regarder en face. En quoi cela vous concerne? En quoi cela vous nuit? Après tout, c'est le choix de chacun, et je trouve particulièrement inadmissible qu'il n'existe plus grand-chose pour venir en aide aux autres. Est-ce normal qu'une société qui se vante d'avoir des mécanismes sociaux mène quand même des gens à fouiller nos déchets, que ce soit pour se nourrir, ou pour simplement avoir cette foutue cigarette? Non. Je ne dis certainement pas qu'il s'agirait alors de distribuer du tabac, d'aider les indigents à s'intoxiquer, mais je crois que ce tabac récupéré ainsi est une marque de déchéance de notre monde. Je parle bien de la déchéance du monde, pas la leur, car le monde, lui, pourrait faire en sorte que chaque citoyen ne soit pas réduit à de telles méthodes pour survivre. C'est en ça que j'affirme froidement que notre modèle est pourri, qu'il sent l'égoïsme, et qu'au fond, je trouve plus digne que le fumeur fasse le cendrier, plutôt que de pratiquer la "taxe" aussi humiliante que vaine.

Dans ce genre de situation, et bien qu'on pourrait me dire "ne pas donner de tabac peut être salvateur", je me déleste toujours de quelques cigarettes. Pour le don? Non. Pour la morale? Encore moins. Pour la solidarité? Toujours pas. Alors pourquoi? Pour le principe: j'ai l'intime conviction que donner ainsi, n'importe quoi, que ce soit une pièce, une clope, un bout de pain, c'est un geste intelligent, innocent, qui ne nécessite ni justification ni un gros effort financier ou moral. Je lui souhaite du plaisir dans la consumation des deux ou trois clopes que je lui donne; j'espère aussi qu'il les savourera avec un vrai café bien chaud; et puis, surtout, je lui souhaite de pouvoir, un jour, pouvoir à nouveau fumer ses propres cigarettes, et non celles reconstituées avec les restes des autres.