31 décembre 2007

Je vous en pose des questions, moi ?!

La phrase est jetée ainsi en pâture à mes lecteurs. Et oui, est-ce qu’on en pose des questions, nous, des bonnes questions je veux dire, pas l’heure qu’il est ou bien si le poisson est frais dans un restaurant ? D’ailleurs, c’est un art consommé du langage de demander des choses qui n’ont pas de sens car généralement on obtient la réponse rassurante et systématiquement attendue dans ces instants où le moment agréable devient idiot : Le serveur répond « Il est du jour monsieur », la fiancée « Oui je suis content d’être avec toi » d’une hypocrisie crasse et même, suprême affront le « Oui » du mariage… Je m’égare. Revenons en donc à la question fondamentale de savoir si nous avons ou non le cran de demander le fondamental à notre cible ou si nous sommes trop trouillards pour aller au bout de nos convictions.

L’art du journaliste est d’interroger sans brusquer ni offusquer son interlocuteur. Diplomate et fin négociant à la Ribben… non pardon, il se doit d’aborder les sujets dangereux sans pour autant placer un champ de mines entre l’interviewé et la réponse. Par exemple, si l’on parle de torture dans le cadre d’opérations militaires on ne dira pas à l’intéressé « Pouvez-vous nier l’existence de ces actes odieux à la vue de ces clichés ? », c’est du ressort de la justice de le faire, mais plutôt « Nous avons pu obtenir ces clichés, vous semblent-ils crédibles ? ». Ménager une porte de sortie est aussi difficile que d’entrer en matière, et ce n’est ni un journaliste ni un tankiste revenant du front qui vous dira le contraire.
Population vivant sur le fil du rasoir, le journaliste devra donc composer une partition subtile au moment clé de sorte à ne tirer que les informations et les faits en les noyant dans l’eau trouble du banal plutôt que d’agresser à l’acide et ainsi brûler ses chances de faire un papier digne de ce nom. Ceci dit, il existe également toute une population de gratte-papiers experts dans l’art de ne rien dire à coup de questionnaires pratiques, anodins et surtout faciles à mettre en page. La palme revient généralement aux commentateurs spécialisés, ceux qui font et sont supposés défaire les carrières des artistes, sportifs ou politiciens. Rares sont ceux qui entrent dans le vif du sujet et se feront un malin plaisir de parler de leurs frasques vestimentaires à la place de la dernière condamnation pour usage et détention de stupéfiants du guitariste assis en face de lui. L’époque est à la modération, pas à l’écorché vif.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons dévier ces réalités sur notre quotidien, car celui-ci recèle des perles d’hypocrisie et de mauvaise foi. L’époux qui, rentré la veille au soir ivre mort, demande au matin clair à son épouse si elle va bien, n’est-il point en train de tourner autour du pot. Et elle de répondre « tout va fort bien mon chéri », n’insiste-t-elle pas lourdement sur la sonorité nasillarde du « chéri » ? On me dira qu’il s’agit souvent de convenances mais aussi de peurs de représailles… Certes, j’en conviens, mais faire le faux-cul avec la belle-mère mégère et égocentrique en diable, c’est quoi, la terreur de l’holocauste nucléaire peut-être ?
On néglige les vertus des éclats de voix il me semble. Sous prétexte de ménager les tympans et accessoirement sa réputation auprès des voisins on se targue d’affirmer que tout va parfaitement bien, au risque de passer pour un con fini. Ce qu’on tente de cacher sous le tapis finit toujours par apparaître le long des murs, et la poussière comme les engueulades finissent toujours par se loger là où c’est chiant à régler. Somme toute, refuser de dire ou de demander des vérités, c’est en revenir à l’oppressant déni de soi, cette façon glauque de s’enfermer dans le mensonge par omission ou dans la frayeur d’aborder tout un tas de sujets…
Les conversations peuvent donc être minées, dans tous les sens du terme.

Passons à autre chose : Noël et le jour de l’an, n’est-ce pas là deux fêtes qui symbolisent le royaume du non-dit ? Regardez un peu autour de vous, ces gens que vous supportez pour « faire plaisir » et non par envie. Observez vous dans le miroir, voyez donc ce sourire de faux-cul obséquieux penché au-dessus de l’épaule d’un voisin pénible et fleurant bon l’anisette rance en lui servant un « allez, un dernier pour la route », que vous lui souhaiteriez volontiers fatal… Si si c’est bien de vous tous, de nous tous finalement qu’il s’agit. On s’emmaillote de bons sentiments humant bon la supercherie et l’amertume, on décore le tout de frous-frous souriants aussi faux et vomitifs qu’un abus d’huîtres pas fraîches, et l’on conclue sur le tintement des verres, pardon « flûtes » 100% pur Pyrex en braillant lamentablement « Bonne année ! » qu’on ne souhaite à personne, puisque soi-même on a déjà du mal à s’en convaincre. Qu’il est malsain d’aller creuser dans les réunions de famille !

Tiens au fait, de vérités à vous dire et à vous demander j’en ai deux :
1 – Je suis content d’avoir des fidèles, il y a donc encore des fous sur cette terre.
2 – Même si vous trouvez ça douteux après cette diatribe, pourriez-vous penser à nous donner, à tous un aperçu de qui vous êtes ? NON ! Pas une photo, juste un petit descriptif du pourquoi vous venez… et qui sait, construire un réseau de dingues se haïssant cordialement !

Bonne année ! (dit-il en éclatant de rire)

28 décembre 2007

Je sifflote…

En guise de préambule, je tiens à saluer la mémoire de Benazir Bhutto, femme de volonté, femme de réforme, femme symbole d’un esprit progressiste et démocratique dans un pays où la dictature des armes dispute le pouvoir à la dictature religieuse. Qu’elle soit élevée au rang non pas de martyr (chose qu’elle n’aura jamais tolérée de son vivant) mais au niveau de symbole d’une façon différente de voir les choses avec toujours à l’esprit un humanisme de grande valeur. Je crois qu’elle rejoindra le panthéon où réside déjà Martin Luther King, Gandhi et d’autres personnages forts de notre Histoire.

Revenons à présent sur le thème de ce jour qui est de siffler une chanson, un air ou un hymne, ceci non en guise d’accompagnement comme l’on pourrait le faire au volant d’une voiture ou en balade, mais pour marquer son ralliement à une cause et ainsi manifester sa volonté. On raconte qu’à Drancy, durant les exécutions de résistants, bon nombre de détenus sifflèrent l’air de la Marseillaise pour soutenir le condamné dans son dernier voyage. Pour ma part, j’ai eu envie de rédiger un chant qui saurait s’accorder avec ceux déjà écrits en d’autres époques, car certains sont hélas associés à des idéologies et dénotés à cause de celles-ci. L’internationale, le chant des partisans, toutes ces mélodies ont hélas subies le joug d’actes qui ne leur correspondaient pas. Alors, dans un esprit de réforme, ou du moins de coller à une certaine façon de voir les choses, je vous propose ces vers, en espérant qu’ils soient juste une marque d’esprit et non un jour une nécessité absolue. Si ce jour venait à arriver, qu’on m’informe de la partie mélodique associée, j’offrirai alors ces paroles à la foule et non à la SACEM.

Pour tous ceux qui connaissent,
La saveur des barreaux,
Des geôliers qui les oppressent,
Puis les mènent au poteau.

A tous ces gens courageux,
Qui jamais n’abandonnent,
Chantons leurs l’hymne des preux
Pour qui le glas résonne !

Ouvrez tous votre cœur,
A la révolution,
Aux sentiers faits de peur,
Mais aussi d’insoumission.

Levez le poing bien haut,
Montrez le à l’ennemi,
Qu’il voie que c’en est trop,
Qu’on s’est tous réunis,

Sous l’étendard unique,
De la révolution,
Sur le sentier mystique,
De la libération !

A tous ces gens courageux,
Qui jamais n’abandonnent,
Chantons leurs l’hymne des preux
Pour qui le glas résonne !

Ils ont offert leurs poitrines,
Aux fusils assassins,
Sans jamais faire mine,
De faiblir, et même sereins,

On leur doit le respect,
De nous donner la route,
Qui nous mène à la paix,
Et sans le moindre doute,

A tous ces gens courageux,
Qui jamais n’abandonnent,
Chantons leurs l’hymne des preux
Pour qui le glas résonne !

27 décembre 2007

Un autre... pour le plaisir!

Allez, un autre pour le plaisir de rire!

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Une image... ça faisait longtemps!

Pour une fois je vais remplacer ma plume par mon crayon, je trouvais que cela faisait bien suffisamment longtemps que je ne me suis pas fendu d'un dessin "caustique".

Pour voir l'image en grand, cliquez dessus!

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26 décembre 2007

Ces objets maudits

Durant des siècles nous nous sommes passés de tout un tas d’outils accessoires et gadgets qui, au fur et à mesure du temps, nous sont devenus pour ainsi dire indispensables. Quoi qu’on en dise, l’humanité s’est peu à peu muée d’une peuplade primitive satisfaite de la météo et des impondérables tels que la mort, le cancer ou les accidents de rhinocéros à un groupe de bipèdes incapables de faire autrement que de remplacer l’évidence par l’inconsistance d’objets inertes et cependant semblant posséder une vie propre.

Dès la naissance l’inanimé s’impose à la marmaille comme s’imposerait l’ivresse à l’adulte dénué de raison. Un bazar pour aider le petit dernier à faire ses premiers pas, le jouet sonore et intolérable de la gamine, nous mettons tout en œuvre pour que notre chère descendance soit assujettie au règne de l’objet. Pourtant, est-il vraiment indispensable de coller le marmot derrière l’espèce de « chose » informe et bariolée à roulettes pour qu’il se tienne droit ? La nature ne s’est-elle pas chargée de nous transmettre la station debout ? Bon, bien sûr, cela évite le contact chaleureux des bras lassés du père épuisé, mais franchement, si c’est pour que le jouet devienne un papa de substitution autant se passer de la familiarité qui est nôtre avec nos rejetons !
Certes, les jouets dits éducatifs apportent un certain nombre de clés fort utiles comme « fous pas les pattes dans ce machin ou tu vas découvrir que dessiner avec quatre doigts c’est pas évident », mais était-ils nécessaire de sonoriser ces horreurs ? Je vois d’ici les parents acquiesçant avec horreur et dépit face au souvenir douloureux du joli jouet qui s’avère être le cauchemar des nuits sans sommeil. Le « bip bip » de la peluche qui parle-pète-marche-vous engueule mériterait de coller à la question son créateur, et que dire de l’ahuri qui a supposé qu’en insérant un barrissement informe dans une poupée immonde pourrait représenter les pleurs d’une enfant ? Il y a des baffes qui se perdent, et même des coups de bâtons sur les doigts !

Lorsque l’on grandit on s’asservit l’esprit et les mains à des choses soi-disant plus concrètes comme les jeux vidéo… mauvais exemple ! Ne mettez JAMAIS de son sur les jeux dits éducatifs, et surtout pas dans certains jeux tout court, vous apprendriez alors à vos dépends et à votre corps défendant les phrases et bruitages caractéristiques des différents programmes. Je suis intimement convaincu que ces saletés sont conçues pour pratiquer des lobotomies sans anesthésie générale, et qu’au surplus elles favorisent l’imbécillité. Et puis, les objets deviennent pervers : ils tombent en panne au mauvais moment, l’ado râlant contre le plantage de sa machine au moment d’une victoire chèrement acquise sur ses études, l’adulte souffrant des geignements d’horreur de cette progéniture plus passionnée par l’écran que par les livres.
Comme l’aurait dit Murphy, il existe une constante en ce bas monde : tout objet indispensable se trouver obligatoirement en panne au plus mauvais moment. En tant qu’enfant ou adolescent, on laisse le soin aux adultes de résoudre les insolubles équations existentielles concernant le téléphone, le four ou le chauffage central. Charge à eux d’en prendre soin et d’en subir bien entendu tous les caprices les plus improbables…

C’est à ce moment là que commence le vrai paradoxe de l’objet : une fois adulte on se croit enfin libres de choisir, de ne plus subir le diktat intolérable des accessoires… Erreur ! Le téléphone, ce maudit truc conçu pour vous pourrir la vie, n’est-ce pas une invention satanique ? En regardant l’heure ou le lieu on peut déjà avoir une idée du qui et du pourquoi. Jamais vous n’aurez un appel en pleine nuit pour une bonne nouvelle, encore que certains pourraient affirmer qu’une naissance en est une… Bref, s’il fait nuit c’est signe d’emmerdes ou de factures à venir, si c’est dans la journée c’est généralement pour l’hypocrite « tu vas bien » souvent suivi d’un « on se fait une bouffe ? » qui tacitement pourrait sous-entendre une note salée pour votre pomme. Toujours est-il qu’on ne peut malheureusement pas s’isoler sous peine de recevoir des appels angoissés des proches qui bizarrement se mettront à vous joindre au moment le plus inadapté. Loi de l’emmerdement maximum je suppose…
Autre chose d’insupportable : la télécommande. Ah, l’idée de vicelard que voilà ! Supposée vous faciliter la vie, ce sont toujours les boutons vitaux qui finissent par ne plus réagir, ceci vous imposant de vous lever alors que l’essence même de la télécommande est de vous permettre de rester végétatif dans le canapé. Il y a ceux qui poussent la cruauté jusqu’à rendre impossible certaines manipulations sans le graal de plastique ! Ceux-là, ils mériteraient l’électrocution et la vivisection ! Pensez-vous que je plaisante ? Tentez donc de régler autre chose que le volume et de changer de chaînes sans votre sésame sombre… vous m’en direz des nouvelles !

Je suis certain que bon nombre de designers se sont régalés en songeant à toutes les vacheries que pourraient faire leurs produits. La chaine hifi qui d’un coup se met à tout afficher en chinois, le four à minuterie qui ne minute plus qu’en journées pleines, le réveil matin qui décrète que l’heure de Moscou est plus appropriée que la vôtre, ou pire encore se met à compter 37,3 heures par jour… ces engins sont dotés d’une vie propre ! J’ai ouï-dire qu’il existe des voitures capables de sélectionner elles-mêmes leur vitesse, au point d’en faire circuler certaines à des vitesses prohibées, mais là cela reste de l’ordre de l’excuse bidon d’un automobiliste sans scrupule, mais là on s’éloigne du sujet.
Certains objets sont donc dotés d’une fonction « je vous ferai chier jusqu’au bout ! » digne des plus grands moments de burlesques du cinéma de Chaplin : l’arroseur automatique qui transforme le jardin en parc aquatique, l’alarme de la voiture tonnant un ave maria à trois heures du matin, au grand drame du voisinage, et très subtil la carte de crédit qui se dit « muette » quand le caddie s’avère être plein de victuailles. Avouez qu’il y a de quoi vouloir vivre en autarcie, reprendre la méditation… et surtout voir des touristes passant vous photographier, vous et le panneau mentionnant « Ermite anti technologie, ne pas lui jeter autre chose que de la nourriture ».

Bon, ça y est, ma messagerie, non c’est le fax ? non le portable.. ça va coup…

21 décembre 2007

L'abîme appelle l'abîme.

Puisque je suis en verve ce soir, voici une seconde prose pour vous, chers lecteurs.

Je ne me formalise que rarement concernant les verbiages incessants et inutiles de bien des personnes, ne serait-ce que pour la simple et bonne raison que j’en fais autant en étalant mes névroses ici même à un parterre de voyeurs. Ce qui me dérange ce n’est donc pas tant l’usage intensif d’une langue parfois massacrée mais avant tout d’un contenu dont la platitude n’aurait pas déplu à un Gainsbourg en mal d’aventure horizontale. Chaque chose de la vie courante, que ce soit la météo, la politique, l’histoire, le boulot et même (grand moment) les évènements cultes dans des séries qui ne le sont pas moins (parait-il) donnent énormément d’occasions de se régaler des lieux communs et autres imbécillités quotidiennes.

Ecoutez le, ce voisin ânonnant à qui veut l’entendre son expertise sur les faits de société. Ah ça monsieur tient effectivement une expertise subtile de la situation internationale qui oscille entre un frontisme revendiqué, un passéisme marqué et avant toute chose un racisme plus qu’appliqué. Les petits noms affectueux de bougnouls, ratons et autres chinetoques débordent de ses lèvres comme une rivière à Vaison-La-Romaine, l’œil torve tentant alors de vous faire approuver d’un mouvement de votre tête le tissu d’inepties qui lui tient lieu de morale. Régalez vous ! Il y a nécessairement des choses à retenir dans ce fatras, car après tout se nourrir des discours imbéciles c’est comme faire une brocante : on peut toujours trouver la perle kitsch, démodée et laide à souhait mais qui sera fort utile pour briller en société. Un conseil tout de même, évitez les sujets qui fâchent comme le fascisme (à croire qu’ils ont réussi à se fâcher avec tout le monde ceux-là), la collaboration ainsi que les colonies. Hélas oui, si l’on doit traîner sur une décharge publique, autant éviter le secteur des produits toxiques, la puanteur étant déjà bien assez intense là où nous sommes.

En face, on peut se saisir d’un autre type de profil, l’animal de non compagnie qui fait fort bon repoussoir lorsqu’on souhaite se rendre inacceptable en société. Vous voulez ne plus avoir à subir le douloureux moment d’être dans un bar avec des connaissances trop fades ? Emmenez votre crétin grande gueule avec vous ! Ce genre de bestiole a tous les avantages : il s’entretient et se nourrit tout seul, nul besoin de l’alimenter pour qu’il déblatère ses fadaises et qui plus est vous colle des étiquettes incompatibles avec l’auditoire. Une heure de ce traitement et vous serez alors probablement fiché pro nazi, communiste à tendance stalinienne (c’est un must !) et par voie de conséquence serez alors fiché parmi les infréquentables notoires. Attention tout de même, évitez de mêler cette « chose » avec ceux qui vous sont proches, le risque de détonation et de prises de bec est plus que dangereux. Je tiens également à préciser qu’il en existe un modèle plus subversif, plus fin mais tout aussi impossible à intégrer, je parle de l’intellectuel néo libéral qui vit au crochet de la société. C’est un monument à lui tout seul, car vous y trouverez tous les clichés qui sont parfaits pour radicaliser votre image de pourri tout en y maintenant un soupçon de délicatesse. Et oui : votre intello râlera sur ceux qui ne votent pas à gauche, ceux qui se font trop de fric à ses yeux (« des exploiteurs ! » s’écriera-t-il avec emphase) et qui plus est revendiquera sa subsistance à l’aide de diverses aides provenant de vos impôts sur les revenus. Parfaitement pathétique et antipathique, à moins de côtoyer que des « bobos » amateurs de bohémiens bidons.

De qui peut-on encore s’accompagner si l’on souhaite mettre un peu d’ambiance ? La potiche qui refuse d’avoir une opinion à elle, l’ahuri qui n’a d’autre raison d’exister que se sustenter ou se défoncer (ou les deux), l’étudiant rebelle qui votera à droite dans dix ans, la mythique punkette d’opérette et l’inusable mais toujours amusant musicien qui tente invariablement de se faire un nom dans « un milieu de pourris où la créativité n’a pas cours »… mouais, ils sont tous intéressants, notamment quand il s’agit de démanteler leurs arguments à coup de pragmatisme forcené, quitte à être un rien outrancier. Pour ma part je me délecte souvent des crises d’hystéries des rebelles de pacotille qui sont prêts à grogner et brailler mais jamais à lever le poing plus haut que les lèvres pour s’enquiller une choppe. Certes, la révolution est une belle idée, encore faut-il en assumer les risques et surtout les conséquences…

J’avoue, je suis un salaud notoire qui se complait dans la destruction de bien des personnes trop sûres d’elles, et parfois je semble être de ces pénibles qui « savent tout sur tout ». Je crois qu’effectivement je sais devenir un sale con, mais toujours un sale con amusé par la vacuité de l’Homme, toujours irrité par sa triste conviction d’être meilleur que son voisin, et enfin par la désespérante perpétuité des fatuités morales qui seront tôt ou tard des clichés éculés. Quoi qu’en y songeant, certains tiennent des propos assez similaires à ceux qui claquaient des talons, à ceux qui défilaient le bras tendu, ou bien à ceux qui vivaient avec un pagne sur le dos et une couronne d’olivier sur la tête. « Abyssus abyssum invocat » l'abîme appelle l'abîme…

Radio sapin

Je me demandais en scrutant mon écran si je me devais de refaire une chronique annuelle sur le comportement du bétail consumériste et affairé dans les centres commerciaux, puis je me suis dit que le cliché du père de famille débordé par sa progéniture braillarde serait éculé. Non, finalement, je laisserai le soin à chacun de maudire la publicité et les annonceurs et m’offrirai le luxe de regarder tout cela avec le détachement qui m’est coutumier… quoique, alpaguer un père noël d’opérette vantant les qualités techniques d’un téléphone portable et lui faire avaler son bazar serait sûrement un moment de pure extase mais je m’égare…

Revenons sur terre et observons paisiblement les couleurs… et merde, les salauds, les affiches engluent les forêts, les façades sont autant de surfaces à placarder d’ignominieuses propositions commerciales et les journaux dégorgent d’encarts supposés vous donner envie de consommer encore et encore ! STOP ! N’en jetez plus ! Du statut de citoyen nous sommes passés à celui de porte monnaies sur pattes, animaux aux rites étranges dont la seule essence est de dépenser puis de pleurer l’argent durement gagné et si vainement dispensé en emplettes inutiles. Le plaisir d’offrir qu’ils disent… rhaaa ! Pourris ! Le plaisir de taper le code de la carte bleue puis le jour dit de voir le regard s’assombrir devant un mauvais choix que bien entendu la politesse taira. « Oh oui ça me fait plaisir ! » signifie mentalement « T’as rien trouvé de plus hideux ?! ». Pendant cette période il y a de quoi rêver d’une vie d’ermite à méditer sur la vacuité du monde.

Ermite… Vieux fantasme de l’Homme espérant par l’isolement s’épurer des besoins abjects d’une société où l’apparence et la possession sont les deux mamelles de la reconnaissance sociale. Fut un temps on aurait pu croire à ce concept, mais aujourd’hui comment y parvenir ? En s’emmurant dans une cave ou en traversant une jungle reculée de Patagonie ? Là encore il faudrait dans ce cas « oublier » le téléphone portable, laisser au vestiaire les appareils électroniques et surtout faire en sorte de ne prévenir personne histoire de ne pas avoir de visite impromptue. Hélas, trois fois hélas ce serait alors provoquer la suspicion dans son entourage et y provoquer une crise d’inquiétude somme toute inutile.

Alors, si l’on ne peut s’isoler faut-il agir en autiste ? La famille, les amis, les gosses qui attendent le père noël, rester à leur contact signifie donc fléchir et participer à la grande messe du découvert bancaire. On se résout alors à partir résoudre la quête de l’objet ultime, le cadeau idéal pour le pote qu’on aime bien mais qui visiblement a pour ainsi dire tout ce qu’il désire… Hop, allée des films, mazette c’est qu’ils en produisent des films par an ! Un peu de méthode : le DVD du dernier tournoi de catch, non ça ne va pas l’interpeller… et ça ? Ah non, là … lui offrir le « collector du dernier concert de Dorothée à Bercy ». Excusez moi, vous n’auriez pas une serviette et de l’eau de javel ? Ah ça y est ! L’intégral de … non il l’a déjà. Fais CHIER !

Goutte de sueur frissonnante sur la tempe… je suis dans la file d’attente pour la caisse… ah merde, un stagiaire ! Produit par produit, le jeune homme souffre en analysant l’emballage, le tourne, l’ausculte puis finit par le passer face au lecteur qui couine brutalement son accord. A mon tour ! BIP ! Produit inconnu ? Il y en a tout un présentoir de ce foutu coffret vidéo ! BIP ! Toujours pas connu ? Tenez c’est écrit LA le prix… comment ça, vous ne pouvez pas le taper manuellement ? Tiens, l’énergumène appelle et l’on entend alors que la téléphonie du commerçant n’est pas un poste de dépense privilégié : « CrrRrrRRr … code …. CrrRRrR 3 … 6 …. Tu peux PssSSSCCHHHhhh répéter ? » Trois minutes plus tard, enfin l’information tombe comme une dépêche Reuters sur un téléscripteur moscovite : le prix indiqué est bien celui du produit ! Alléluia mes frères, je peux enfin payer !

Tiens, un moment de silence… que se passe-t-il ? QUOI ?! Quoi ma carte… Ah bon ? Elle est « muette » ? Saloperie de technologie à la con tu vas me filer mon pognon oui ou je te bousille la gueule à coups de pompe dans le clavier puis je te foutrai le feu avec un bidon d’essen… Ok je retape… ah ça marche ! Ouf ! Un crime d’évité !

GrmmBblll… le parking est encore encombré, la foule se bat et s’enguirlande (c’est de saison apparemment) pour savoir qui sera le premier à rentrer chez lui. Ca ne roule pas, mettons un peu de musique tranquille, tiens du jazz..

Jingle bells… Jingle bells…

SATAN ! SATAN !!!

20 décembre 2007

Pour une fleur

Toi mon ange qui me manque si souvent,
Mon regard qui s'embrume face au vent,
Il s'assouplit alors quand tu apparais,
Alors je serre ton corps frêle au plus près,
Et j'embrasse tes lèvres.

Toi mes rêves assemblés pendant les nuits,
Quand je me réveille, légèrement je souris,
Car d'un songe tu t'es faite alors réalité,
J'admire dans ton sommeil ta beauté,
et j'embrasse tes lèvres.

Toi tu t'éveilles les cheveux défaits en bataille,
Et tu tends tes bras pour enlacer ma taille,
Tu colles tes seins sur mon coeur apaisé,
Puis l'on fond dans une pluie de baisers,
Et tu embrasses mes lèvres.

Tu me dis que tu désires mes reins,
Que j'entre au creux des tiens,
Je souris fier de l'invitation,
alors sans aucune répétition,
On s'embrasse du bout des lèvres.

Tu tires sur nous les draps et la couverture,
Qui recouvre de douceur notre futur,
Cet amour qu'on partage en secret,
Dans les gémissements qui sont des mets,
Qu'on goute comme nos lèvres.

Je serre mon étreinte sur ton corps léger,
Je me fonds dans ton sourire sucré,
Toi ma fleur de ton pollen sensuel,
Je m'enivre à ton parfum éternel,
et j'embrasse tes lèvres...

C’est marrant, ce manège sous ma fenêtre.

Depuis quelques jours mes collègues et moi observons un manège plutôt étrange sous nos fenêtres, la mienne devenant de par son orientation une lucarne idéale sur l’univers du dehors et surtout sur le parvis qui devance un de ces immeubles anonymes de bureaux. En effet, chaque jour offre une vision parfaite et nouvelle sur une de ces portes de secours qui se terrent au pied des bâtisses par lesquelles passent les fournisseurs, les préposés à l’entretien des machines à café ou les maîtresses des hauts dirigeants. Pourquoi nouvelle ? C’est là tout le fond de l’histoire…

Premier matin, rien de bien choquant, si ce n’est plusieurs véhicules de pompier garés en contrebas, avec à la clé un défilé d’entrants et de sortants assez surprenant. Pas d’alarme, pas d’évacuation tapageuse qui aurait pu être le signe d’un incendie, et encore moins de brancard justifiant de telles manœuvres. Quoi qu’il en soit, après avoir vainement espéré identifier le pourquoi de cette agitation, voilà que les véhicules repartent sans sirènes ni deux-tons hurlant à tout va, juste la débandade classique qu’on pourrait supposée par une erreur ou une fausse alerte. Comme tout bureau de fainéants, pardon techniciens qui se respecte nous nous sommes empressés de théoriser sur la question, certains avançant un entraînement, d’autres une formation quelconque, et pour les cyniques (moi en l’occurrence) une tentative de suicide par défenestration s’étant finie sur une négociation rondement menée. A tout choisir, je crois que la dernière hypothèse apparaissait comme la plus héroïque, mais sans le pragmatisme des autres solutions…

Et bien ! Si ce n’était cette première journée ce fait serait resté anodin… jusqu’au lendemain : là, les camions rouges cédèrent leurs places aux camionnettes blanches fardées du mot police en lettres capitales. Tiens ! Etonnant ce regroupement d’agents, entrant et sortant les bras chargés de cartons, le tout régi comme un ballet par des gens en costume fort bien taillés d’ailleurs. « Une saisie ! y z’ont été pris en flag’ de fraude ! »… « Mais non, c’est pire, y aident la police pour une enquête ! » Et que ça spécule… et pourquoi pas une enquête sur non pas une tentative de suicide mais finalement une tentative de meurtre ? Ah bon, là effectivement on passe de l’échelon faits divers au grade peu envié de fait de société. Ca en jetterait comme une d’un journal peu avare en formules à la c.. : « Quartier des affaires : un PDG tente de pousser son adjoint par la fenêtre en lui hurlant que son café était dégueulasse ». Well… Bon ok ça craint…

Quid d’une suite ? Et non ! Il y a bien entendu une suite et pas un épilogue : petit matin frileux, givre tendu sur les vitres, voilà qu’un homme et son assesseur (ou âme damnée vu la manière dont le second suivait le premier) qui entrent encore une fois par cette satanée porte, armés de sacoches de cuir et d’un regard suspicieux comme seuls les films d’espionnage ou de gangsters savent nous montrer. Des fournisseurs inquiets pour une éventuelle amende ? Les voilà disparaissant dans la masse noire de l’immeuble, puis revenant quelques minutes plus tard suivis d’autres hommes poussant des chariots remplis de boîtes à dossiers et de liasses de documents. Coffre du monospace ouvert, les cartons s’empilent les uns après les autres, le tout dans un cérémonial de signatures attestant la bonne prise en charge des papiers.
Et c’est reparti sur les délires : « Un client qui est furieux et qui réclame la documentation de ses projets ! », « Un huissier venant se charger de la saisie des dits documents ! » ou encore le lyrique « Vous ne pigez rien, c’est la compta de la boîte qu’ils embarquent pour inculper le PDG », et moi d’ajouter « Oui, le PDG qui a tenté de balancer par la fenêtre son larbin ». Les regards des autres furent peu accueillants pour ma suggestion j’avoue…

Finalement, quelle importance ? Aujourd’hui il ne s’est rien passé de plus que d’habitude, les gens entrèrent et sortirent par les portes classiques de cette division de la société IBM… mais oui ! Tout s’explique ! Ils surveillent l’activité des extra terrestres en France et ces antennes sur le toit du bâtiment servent à communiquer leurs données à Echelon aux USA. D’ailleurs, on est même convaincus que la DST et la DGSE collaborent et que les pompiers sont venus faire la levée discrète du corps d’un non humain…

BURP… va falloir que j’arrête les X-Files et de manger trop de chips au paprika, ça me fait avoir des hallucinations, à moins que ce soit … d’accord, d’accord, j’arrête de délirer !

19 décembre 2007

Courage musical ?

J’avoue, je suis fâché avec les ondes depuis des années et ce non seulement pour une pure question de goûts musicaux qui ne sont absolument pas en phase avec le moment, mais avant tout parce que j’ai en horreur la « soupe » qui nous est servie tiède et fade à longueur de journées. J’ai une véritable phobie des radios dites jeunes qui se font un malin plaisir de balancer une espèce de purée inaudible qui hésite entre un rap mou et un acid jazz à vomir, le tout laissant de temps en temps une lucarne pour un standard ou pour une guimauve à la française.

C’est vindicatif comme analyse ? Pour ma part un groupe qui se croit revendicatif en parlant mollement de l’écologie, un autre qui qualifie la France de dépotoir ou un chanteur qui critique le système puis qui file à l’étranger pour y préserver ses revenus, en toute franchise je trouve cela un rien pathétique. Bien sûr, le fond même de ces compositions est d’entrer dans le cadre des diffusions radios et télévisuelles de manière à ne pas choquer la « ménagère de moins de cinquante ans », et ainsi se permettre de dire sans vexer qui que ce soit. Et pourtant, la qualité première de la musique fut avant tout sociale, et l’histoire même est porteuse de chants relatant des évènements, car après tout avant la tradition écrite c’était la tradition orale qui avait le rôle de transmettre aux générations futures l’expérience passée.

Je vois au loin la caricature banlieusarde ornée de son bandana et de ses vêtements de sport parler avec emphase de la douleur de vivre dans le béton, d’être entassé et de craindre d’être agressé à tous les coins de rues. Est-ce de la paranoïa ou des vérités flagrantes ? Entre le discours ultra médiatisés qui n’ont eu pour but que de terrifier l’électeur pour le faire durcir dans ses choix et ses orientations, et l’abus d’images pour favoriser l’image par rapport aux réalités, il y a de quoi douter sur l’exactitude des faits relatés. En tout état de cause, ce n’est pas d’hier qu’il y a de quoi s’exprimer sur la gestion tant sociale que morale des banlieues, tout comme il y a toujours de quoi dire sur le terrain de la politique mondiale. Pourtant, il s’avère qu’on préfère aujourd’hui vendre des disques d’une chanteuse aphone mais propre sur elle que des albums de chanteuses dont les textes sont plus proches du quotidien.

L’american way of life est un modèle aujourd’hui éculé sur lequel plus personne ne se base vraiment pour se faire une éthique de vie. Paradoxalement, ceux qui renient la société à l’américaine sont les premiers à y trouver et y piocher des préceptes comme les bonnes mœurs, l’exploitation de l’image de soi, ainsi qu’une revendication de la réussite sociale. C’est à se demander si cette idéologie ne s’est pas simplement déplacée de continent tant nous sommes tous tributaires de ces clichés : ne pas dire trop haut ce qu’on pense pour ne pas choquer, ne pas être trop engagé de crainte d’être dans l’erreur, tout est nivelé au point même qu’on accepte de faire de la musique un fatras de niaiseries tout justes bonnes à être classées verticalement.

Ce qui me déçoit le plus c’est que malgré les textes prémonitoires de bien des artistes, les chants volontaires appelant à l’union des pensées positives, on ne trouve plus guère ces opinions que dans les bacs « vieilleries » rarement abordés par les jeunes. Qu’il m’est pénible de passer pour un « vieux con » quand je dis que j’écoute aussi bien du jazz que Bérurier noir ! Qu’il m’est agaçant de pouvoir réécouter la justesse des paroles de morceaux composés il y a plus de deux décennies ! En tout état de cause je mets en bas de ce texte quelques extraits vidéos qui sont « datés » esthétiquement, mais sûrement pas d’un point de vue contenu. Une fois de plus on va me reprocher de mettre en avant qu’un style brutal de musique, du rock « punk » bourrin qui est fait pour assourdir l’auditoire. Ah, parce que Brel ce n’était pas des textes puissants et porteurs de messages ? Je pense qu’il y a de quoi faire, et qu’il nous manque de vrais talents, et surtout d’un vrai courage pour oser balancer des vérités, et ce pas nécessairement armé d’une guitare électrique…

Bonne audition des morceaux suivants : (avec une petite dédicace pour les Wriggles qui représentent à mes yeux un espoir dans ce monde de platitude...)



18 décembre 2007

Faites du sport !

Depuis deux décennies à présent on revendique avec fierté les valeurs du sport dans la vie urbaine, ainsi que la nécessité de pratiquer une activité physique afin de maintenir une image agréable de soi pour les autres. Bien entendu, on vous ajoute un soupçon de morale biologique en informant sur les risques liés au cholestérol, aux excès divers et même en allant jusqu’à diaboliser toute nourriture n’ayant pas suivie un régime drastique en terme de graisse… et de goût. Je m’élève contre la dictature de l’image !

Etant enfant, j’ai probablement connu le même dilemme que bien d’autres gosses qui consistait à savoir dans quel camp se trouver : celui des lecteurs de romans pour qui le sport est une activité avilissante, ou bien le camp des endurants qui au contraire un livre représente une corvée infâme. N’ayant nul doute sur ma place de binoclard je peux affirmer sans aucune pitié que le sport en milieu scolaire est le supplice suprême, l’activité humiliante par excellence. On met en compétition des préados qui ont déjà bien suffisamment à faire avec la puberté, on leur bourre le crâne de la nécessité d’être « beau et fort comme seul un athlète peut l’être » et surtout on offre un panel minable des sports les moins attirants. Ah la course à pied autour du stade, le lancer de javelot, le lancer de poids, la course d’endurance… que de souvenirs aussi désagréables que pathétique. Aussi étrange et illogique que cela puisse paraître, j’ai pu constater avec horreur l’incongruité des calendriers sportifs : en extérieur en hiver, en intérieur en été. Merci à vous, professeurs en jogging ne tenant en place qu’au prix de petites foulées ! Merci pour ces matchs de football dans le bourbier d’une journée de novembre, et ces parties de Volley-ball dans l’étuve du gymnase un après-midi de juin !

Et là encore il ne s’agissait que de courir contre le chronomètre, subir la frustration de la sélection lors des sports collectifs (finir le dernier sélectionné… sympa les mecs, non franchement, j’apprécie !) puis une fois les deux heurs enfin liquidées, le retour au vestiaire qui vaut à lui seul la palme de la haine ordinaire entre adolescents imbéciles : boudiné ? Pas du tout, je suis juste une bouée au large de Ouessant abruti. Quoi comment ça je n’ai pas le temps de me doucher ? M’en fous, je serai en retard… ah bon on l’est déjà ? Et merde… Bref, quoi de moins séduisant que cette collectivité de sueur acide, de rires gras et surtout de regards compatissant pour qui ne tient pas la distance ?
Je vois déjà l’ancien sportif pour qui ces moments valaient de l’or me reprocher mon aigreur et même y trouver un brin d’exagération. Navré de vous décevoir mais ce constat est on ne peut plus réaliste, surtout quand un ou plusieurs camarades s’avèrent être des sportifs de bon niveau. Tentez donc de vous taper une séance de cheval d’arçon avec un type qui fait de la gymnastique depuis tout petit et qui est déjà plusieurs fois médaillé au niveau régional… vous m’en direz des nouvelles !

Bien sûr on parle d’émulation, de redressement du niveau des faibles menés par les forts, mais personnellement je n’ai jamais vu un type convaincu de sa force venir demander une explication mathématique au binoclard, si ce n’est de la manière la moins diplomatique qui soit, en l’espèce la menace brutale du « fais mon devoir ou tu vas avoir le nez en compote ». Bien heureusement mère nature et la génétique se sont offertes une partie de plaisir en ajoutant à mes neurones un gabarit plus que conséquent, ceci malgré un embonpoint contre lequel je lutte depuis toujours (et plus que jamais en ce moment même). De cette manière j’ai pu m’épargner quelques quolibets, à moins que ce soit mon aisance à dire « merde » à qui que ce soit de pénible qui fut propice à cette relative quiétude.

A côté de ça, la propagande sur l’exploit, la performance revendique un certain nombre de vedettes qui de fameuses deviennent souvent douteuses par le simple fait qu’au lieu de pousser de la fonte certains poussent des pistons de seringues. Chouette modèle pour les gamins en manque de modèles ! Sans rire, qui peut aller dire à son gosse qu’avoir le portrait idolâtre d’un cycliste dopé est bon pour lui ? Je caricature ? Sans nul doute non, il suffit de se rendre compte que l’argent est devenu le compétiteur et le sportif l’accessoire utile mais jetable… nul n’est irremplaçable, pas même la vedette, le monstre sacré payé à prix d’or.

N’allez pas croire que je sois contre les rémunérations élevées pour les sportifs, ils ne font que toucher un quote-part des revenus de la publicité ou des ventes dérivées, mais à ce titre aussi il serait bon de se rappeler de ne pas en faire de trop : à chaque championnat de quelque chose, à chaque coupe de ceci ou cela, le chauvinisme s’étale en grand sur les maillots aussitôt rangés au moment d’une défaite ou de la fin de la compétition. Ah mais j’oubliais aussi le moment de pure extase visuelle quand un homme boudiné, violenté par ses souvenirs d’écolier studieux ou juste trop moyen partout se met à tenter la course à pied dominicale, harnaché d’un maillot tricolore, d’un bandeau pour la sueur, d’un baladeur hurlant un « I will survive » plus qu’éculé, et surtout équipé d’une ventripotence supposée lui rappeler que l’excès de cassoulet nuit à la santé. Le ridicule ne tuant pas, n’oublions pas le grand final du short moulant, cette vision d’horreur sur l’homme désespérément en quête de sa jeunesse à jamais effacée.

Je n’aime pas le sport ? Non, ce n’est pas la question, j’ai en horreur le foin qu’on fait autour d’une activité qui se devrait d’être ludique et non contraignante. Je suis contre l’activité physique ? Pas du tout, il faut juste savoir où finit le plaisir et où commence la torture. Chaque année on constate des problèmes d’image chez les filles et jeunes femmes, toutes trop influencées par l’image étalée avec indécence dans les médias. Une femme n’est pas un squelette ni une bête de somme à la Mauresmo, l’homme n’est pas systématiquement Sean Connery ou Zidane, nous sommes tous différents parce que nous devrions tous posséder notre image, et non la calquer sur un patron pétri d’imbécillités consuméristes…

17 décembre 2007

Faits d’hiver

Si la bise souffle, c’est que la ville est amère. Le givre se colle, englue et fige le paysage dans un blanc grisonnant, tempes d’une ville qui ne vibre qu’aux lumières criardes d’un noël commercial. Les thermomètres chutent, les prix s’envolent en tickets de caisses à rallonges et les gens défilent sur les avenues, pressés de retrouver la chaleur du foyer. Au coin git un corps, une chose informe vêtue d’un amoncellement bigarré de vêtements usagés. Il frémit, frotte ses doigts gourds dans des poches trouées par le temps. Il a froid. Son regard se pose sur les festivités qui ne sont pas les siennes, d’ailleurs il se moque même des symboles tant ils semblent insolents à son égard. Qui est-il ? Plus personne. Qui était-il ? Qui s’en préoccupe à présent …

Le fleuve déverse sa verdeur comme une veine malade à travers la cité. Les ponts, orgueilleux, enjambent le monde et les âmes qui se blottissent sous eux. Une tente, un fatras de cartons assemblés dans un but de survie, ils sont là, discutant du mauvais temps, de la douleur aux pieds, du manque d’hygiène et des structures d’accueil déjà pleines à cette heure de la journée. Un feu, flamme blafarde ondule au gré des courants d’air. Là-haut, les boulevards dégorgent leurs voitures bariolées d’où seul le son des moteurs arrive en bas. Stoïques, la barbe miteuse et les yeux éteints, ils s’enivrent, tentent de dormir du sommeil abruti par l’alcool, ou tentent juste de se nourrir des reliefs d’une conserve. Sont-ils une armée en déroute ? Ils n’ont pas d’uniforme. Sont-ils des fantômes ? Ils n’ont que la pâleur du monstre de nos nuits. Ils sont des hommes, elles sont des femmes perdues par la société, par nous tous, par un monde où tout n’est que repère égoïste.

La nuit tombe, le défilé des véhicules se tarit au fleuve de bitume. Des ambulances filent en hurlant, d’autres s’arrêtent et en sortent des gens vêtus de tenues rouge vif. On vient leur proposer un abri, un moment de paix et de chaleur entre les murs glauques d’un refuge sans visage. Repoussés par l’obscurité ils se terrent et guettent le ramassage du SAMU social. Va-t-on leur imposer l’humiliation de vivre comme dans un camp de réfugiés ? Ils refusent bien souvent, plutôt risquer le gel et l’humidité en restant dignes que de s’abaisser à cette extrémité de devenir une charge pour la société qui ne veut pas d’eux. De tous les âges, ils symbolisent la dérive monstrueuse d’un système où personne ne se préoccupe de son prochain, où tout signe extérieur de richesse vaut plus que la bonté du cœur, cette valeur qui ne tient plus lieu que d’idée et non de vérité.

Les faits d’hiver, ces faits divers, ces gens qui se meurent sous nos ponts, au pied de nos immeubles arrogants, qui dorment dans le métro en quémandant un peu de chaleur et de quoi pouvoir se nourrir, voilà ce qu’ils sont, ces SDF, ces parias qu’on regarde de biais en marmonnant qu’ils devraient travailler. Un crime de vivre ? Les animaux ont la SPA, on leur accorde l’asile de nous-mêmes, on donne la gamelle au chien errant. L’homme, la femme seule, eux, on leur lance des regards au mieux apitoyés, au pire hargneux. Le bol de soupe en trop, ce reste de repas, vaut-il la peine de devenir cruels et intransigeants ? Qui sommes-nous pour les traiter de la sorte, suis-je mieux né que cet homme déjà vieillard qui n’a plus la moindre chaleur dans les pupilles ?

Il va faire froid. Des bénévoles, des gens de bonne volonté vont aller et venir pour distribuer pain, soupe et couvertures à ceux que nous classons en bas de notre échelle sociale. Certains accueilleront cette aide, d’autres ne seront pas là à attendre, leurs paupières alourdies par la fatigue, puis finalement closes à jamais par l’hiver. On les trouvera, recroquevillés dans des torchons, serrant contre eux un sac de voyage contenant pour tout trésor un rasoir, une bouteille vide, un bout de pain et quelques vêtements délavés. Au fond d’une poche trainera alors une carte d’identité, dernier vestige d’une existence qui a fini d’être au moment même où l’ultime rempart, l’habitation lui est devenue interdite. Les pompiers ramasseront ce corps, l’emmèneront dans un sac noir, sac poubelle pour une âme, sac de misère pour le dernier grand voyage. On autopsiera une hypothermie fatale, il sera mis en terre, tombe anonyme, tombe sans ami, sans famille.

Qui sommes-nous ? Des bourreaux ? Des êtres humains horrifiés par la barbarie des camps, alors que nous refusons le geste élémentaire de tendre la main ? N’apprendrons-nous donc jamais que la solidarité est une nécessité absolue tandis que nos valeurs humaines s’étiolent au profit de nos valeurs économiques ? Pourquoi a-t-on rédigé une déclaration des droits de l’animal sans avoir même daigné rédiger une déclaration des droits élémentaires de tout être humain ? Liberté, ils sont libres de mourir de froid. Egalité, ils sont égaux à nous tant en cœur qu’en courage. Fraternité… c’est tout ce qu’on n’est plus capable de leur donner.

Montrons nous dignes de celles et ceux qui, chaque jour, chaque nuit luttent pour survivre. Sous nos toits chauffés, ayons à l’esprit de notre bonheur, ne nous plaignons pas du quotidien, ne nous lamentons pas sur le superflu et permettons à des associations de leur porter secours. Donnons à la banque alimentaire, laissons nos meubles et vêtements usagés à Emmaüs, faisons preuve de charité… juste de charité, rien de plus. Nous ne sommes pas tous l’abbé Pierre, mais nous pouvons leur montrer que, nous aussi, nous pouvons contribuer à améliorer leur sort…

Délit de commerce

Ce soir j’avais envisagé un certain nombre de pistes pour un article, et finalement j’ai choisi de réagir sur les fondements même de notre « politique » mondiale qui se base avant tout sur des piliers économiques avant même d’être des bases idéologiques. En effet, fut un temps la politique jouait un rôle prédominant dans les choix des commerçants et des clients, puis une fois le système à l’étoile rouge en pleine déliquescence les idées sur la démocratie furent étouffées au profit des idées sur le compte bancaire. Toujours est-il que les vives réactions qu’engendrent les divers marchés de grandes envergures sont à la fois intéressantes et risibles tant l’hypocrisie s’est avérée un choix stratégique.

Reprenons un peu quelques fondements de l’économie de marché : pour tout produit il faut nécessairement un « marché », c'est-à-dire un domaine où le dit produit est susceptible de trouver preneur à un tarif acceptable. De fait, on en vient donc à la notion de concurrence où des produits équivalents luttent pour être vendus à un même acheteur. Si l’on se bornait à analyser ce fonctionnement à une échelle individuelle, ce serait le duel entre deux pots de rillettes uniformément mauvais mais vendus sous deux marques différentes à des prix comparables. Maintenant, calquons notre pot de rillettes sur la vente d’armes… d’accord c’est osé de comparer une cochonnaille avec un chargeur de mitraillettes, bien que l’un comme l’autre cela finit forcément dans le buffet de quelqu’un. Je disais donc, si l’on identifie un marché potentiel pour des armes, il est alors essentiel de voler la politesse à son concurrent en offrant des produits soit moins chers, soit plus performants. A ce petit jeu il est d’ailleurs amusant de constater que les guérillas contrairement aux états-majors favorisent la pérennité au clinquant de la nouveauté. Le succès de l’inusable AK Soviétique/Chinois/Russe ne se dément d’ailleurs pas le moins du monde puisque c’est l’arme la plus produite de tous les temps (excepté si l’on considère que les magasines « people » sont des armes de décérébration massive… mais c’est un autre débat).

Maintenant que l’on sait que les armes est un domaine très sujet à la concurrence, il faut ajouter que les plus grands producteurs d’armes sont également les membres du conseil de sécurité de l’ONU, ceci expliquant probablement l’incroyable facilité avec laquelle bien des nations émergentes se retrouvent à utiliser les surplus des armées modernes. Bien sûr, on résumerait un peu facilement la vente d’armes à celles d’armes de poing ainsi qu’à quelques équipements dérivés comme les mines et les grenades, mais ce serait également passer sous silence la nécessité de faire survivre des industries de pointe ! La France, comme toutes les autres nations engagées dans l’industrie de l’armement lourd n’est pas la dernière à tenter de vendre des chars, des avions, et même parfois des navires d’occasion. Il faut bien maintenir à flot des sociétés qui représentent des milliers d’emplois directs et indirects, mais aussi se faire une véritable publicité auprès des grands de ce monde en réussissant à distancer les américains ou les russes sur des marchés auparavant « protégés ». Comme tout bon commercial, il faut donc envisager la chose comme si GIAT Industrie (fabricant du char Leclerc) vendait non pas des équipements pour tuer mais des télévisions : la société fait sa publicité sur les Champs-élysées à chaque défilé quelconque, propose des produits clé en main livrés aux frais non de la société mais de l’état, puis fait vivre son réseau de service après-vente en proposant des contrats jumelés achat + maintenance. Economiquement imparable non ?

Et la morale me direz-vous… quelle morale ? L’argent a cette puissance d’être totalement amoral puisque le papier n’a pas la faculté de renier ses origines. Un billet de 500 se fout d’être le produit d’un délit ou d’un cadeau, il est, et cela suffit à sa propre nature. On entend des voix s’élever contre la possibilité de vendre de l’équipement à un ancien « état voyou » (un grand merci aux linguistes de Washington pour cette imbécillité) comme la Libye. Personnellement j’ai deux attitudes : la première est de me moquer ouvertement de cette classification car celle-ci dépend essentiellement des intérêts politiques que l’on peut avoir à soutenir ou honnir un pays, puis pour la simple et bonne raison qu’à ce compte là il serait judicieux de se rendre compte que tous nous travaillons et finançons d’autres hontes autrement plus graves. Et oui, vendre un avion à Kadhafi ça n’est pas plus honteux que de ne pas se préoccuper des sans-abri, de voir des pans de l’économie sacrifiés à des investisseurs en mal de bénéfices faciles, avec bien entendu à la clé le démantèlement de l’activité ciblée, ou encore du naufrage annoncé de systèmes qui n’ont plus de sociaux que le nom. Le plus amusant c’est le manque de pragmatisme de certains chroniqueurs : de toute façon dans une économie de marché si un produit est susceptible d’être vendu un commerçant se mettra forcément dans la brèche. N’espérons pas que le colonel sera désarmé si la France ne signe pas d’accord commercial, pas plus qu’il faudra espérer la moindre pitié économique de la concurrence du TGV ou des Airbus.

La raison du dollar est la meilleure, si l’on en croit les économistes. J’objecte simplement qu’aujourd’hui encore nous pâtissons de la balance entre le dollar et l’euro, et ce uniquement parce que le dollar est encore la monnaie de référence. Lors d’une discussion à bâtons rompus avec des amis, il s’est avéré que le principe de base est éminemment simple : faites un contrat aujourd’hui avec pour base de calcul de un euro pour un dollar, puis dans six mois finissez le travail et faites vous payer en dollars. Jusque là pourquoi pas, mais si le dollar perd de sa valeur ? C’est pourtant simple : si vous vendez quelque chose pour 100 millions de dollars de l’époque, soit 100 millions d’euros, et que la valeur du dollar chute de moitié entre la commande et la livraison, et bien finalement vous touchez bien les 100 millions de dollars, soit 50 millions d’euros. Stupide non ? Et pourtant c’est une des causes de la déconfiture de plus d’une entreprise européenne qui négocient encore et toujours leurs contrats en billets verts. Pour ma part ceux qui écrivent les contrats ne me semblent pas être ceux qui récupéreront les factures…

Vive l’économie !

14 décembre 2007

Anticipations

Le monde n’est jamais à l’image de ce que nos prédécesseurs avaient envisagés. Tous les spéculateurs, les devins de carnaval ont systématiquement mis à côté de la plaque et ce à tout point de vue. L’étrange est que ceux supposés sérieux se plantent lamentablement, alors que ceux élucubrant dans la littérature, la peinture ou plus récemment dans la bande dessinée trouvent le moyen de pointer du doigt des choses on ne peut plus crédibles. Et oui ! Ceux qu’on classe comme des futuristes, des auteurs de science fiction et même des affabulateurs recèlent souvent des perles de clairvoyance. Observons un peu cette « faune » éparse et difficile à suivre.

Côté plume et machine à écrire on peut déjà sans contestation possible s’adresser à la référence française ultime, le rêveur et visionnaire que fut Jules Verne. Bien des lecteurs purent sourire à l’idée de planter une fusée dans la lune, utiliser un sous marin à propulsion électrique (et même peut-être nucléaire) ou faire de la visiophonie. Aujourd’hui tout ceci semble presque ordinaire tant la vitesse du changement nous est naturelle, alors qu’à la fin du XIXème siècle toutes ces idées étaient du domaine de l’inenvisageable. Je me plais à penser que Verne était un observateur futé, à l’affût de la nouveauté et ayant su composer des principes qui ne furent réalisés que des décennies plus tard. A ce titre je trouve alors dommage qu’on le classe dans les rayonnages « littérature pour enfants » alors qu’à la base c’était de l’écriture hésitant entre la vulgarisation scientifique et l’aventure pure et dure. De nos jours prendre l’avion pour Tokyo est « ordinaire », à l’époque penser au tunnel sous la Manche et en proposer la réalisation n’aurait mené qu’aux sarcasmes et à l’oubli.

Si l’on continue du côté des écrivains il sera alors intéressant de se pencher sur le cas des écrivains classés en cyberpunk, c'est-à-dire toute une catégorie de gens convaincus que l’humain convergera tôt ou tard avec la machine pour produire une sous-espèce améliorée physiquement et ou mentalement. Après tout la biomécanique est plus qu’avancée, on a bien mis en œuvre un bras robotique câblé sur un amputé. Terrifiant ? Pas plus qu’une greffe d’organe, de la production de peau en laboratoire ou la chimiothérapie… A terme je suis personnellement convaincu qu’on poussera la chose jusqu’à la substitution d’organes par leurs équivalents améliorés, comme par exemple des yeux intégrant des fonctions optiques ou de vision nocturne, des systèmes d’interfaces très proches de l’homme, ceci nous offrant alors des ergonomies dont nous avons encore difficilement idée…

Quoique. Le Japon, la nation de l’anticipation par excellence mélange étrangement les terreurs et légendes ancestrales avec un côté très « high-tech ». Par le manga et le cinéma ce pays aborde sans hésitation la surpopulation, l’usage d’armes diverses, la fanatisation des foules ainsi que les abus de la société de consommation. Si l’on se réfère aux mangas, la façon qu’ont les annonceurs à nous polluer l’existence n’est pas prête de se terminer et même est en passe d’empirer, que l’augmentation des populations urbaines vont offrir au monde des cloaques dignes de la cour des miracles, et que les stupéfiants seront plus dangereux que jamais. Caricatures ? Pour autant que je sache il est inquiétant de constater que le moindre support est devenu capable de véhiculer un message (depuis le t-shirt jusqu’aux autobus), que l’usage de drogues dites « festives » et pourtant très dangereuses s’est banalisé chez les jeunes, et que l’ultra violence ne fait plus frémir qui que ce soit.
Il y a vingt cinq ans naissait Akira, fantasme urbain d’un futur proche où la religion et le sectarisme se voyaient réapparaître suite à des interventions scientifiques sur l’être humain. Chef-d’œuvre esthétique, scénario alambiqué, tout est sous nos yeux avides d’une définition de l’étrange. Bien sûr, prendre une telle œuvre au pied de la lettre serait malvenu puisqu’il s’agit avant tout d’un divertissement, mais pourtant Katsuhiro Otomo y a mis les névroses japonaises par excellence : la bombe atomique détruisant Tokyo et ses habitants, la perte de repères de la population, le naufrage des institutions face à la violence des jeunes et surtout la paranoïa envers des dirigeants trop imbus du pouvoir dont ils disposent. Je vous conseille de vous offrir soit le film qui vient d’être réédité en version restaurée, soit de vous intéresser de très près de la version papier. Attention tout de même, je tiens à mentionner le fait que la version Glénat au format BD est à proscrire si vous êtes amateur de qualité graphique tant la mise en couleur à la truelle est une honte. Glénat n’en est pas responsable en soi, c’est le travail original réalisé pour plaire aux américains qui est la cause réelle de ce désastre. Pour comprendre il faut juste se souvenir que l’éditeur américain DC Comics devait diffuser la chose aux USA et coller aux canons Marvel…. Au secours.
Revenons en au sujet qui nous intéresse : cette violence, cette disparition progressive d'une structure morale et historique, ainsi que la course a la performance a mené énormément de jeunes japonais à défier l'autorité en place en devenant l'archétype des mangas qu'ils lisent. Violents, drogués à l'aide d'anabolisants ou de produits divers dans le but d'améliorer l'endurance ou l'acuité, ils deviennent ce que les BD représentaient comme une conséquence de l'excès de vie consumériste. Le chômage, la haine de l'étranger, le mysticisme comme refuge moral, tout ceci fut décrit par Otomo et est finalement apparu... en vrai (secte terroriste Aum avec l'attentat de le métro de Tokyo au sarin, déviances sexuelles de plus en plus visibles, problèmes d'image de la jeunesse). A terme l'état s'est lancé le défi de revenir à des bases plus saines, mais sans grand espoir tant les traditions se sont diluées dans l'influence mondialiste des USA et des voisins Coréens et Chinois. Le futur sera-t-il voué à la violence urbaine et aux grattes-ciels malsains?

Voici quelques images pour vous donner un aperçu de ce qu’est Akira… (cliquez sur les images)

13 décembre 2007

Peuples du passé

« Quand mon regard a embrassé la vallée infinie où les ombres des anciens planent en nuages blancs, j’ai senti en mon cœur la force de notre peuple et la Vie monter comme la sève monte dans l’arbre. La chaleur du soleil, la fraîcheur du vent se sont mêlées et sont venues caresser ma peau tannée. J’ai fermé les yeux, senti la patte de l’ours, la mâchoire du loup, le poison du serpent et le dard du scorpion réunis non pour me tuer mais pour me montrer la voie des Dieux, celle qui mène au respect de la nature où nous ne faisons que passer. Que les tambours de la tribu résonnent, dansons à la gloire de l’aigle majestueux, chantons en l’honneur des Dieux vivants et inclinons nous face aux miracles quotidiens. »

De ces paroles imaginaires que j’aurais volontiers mises dans la bouche d’un chaman il n’y a pas d’enseignement à tirer, pas plus que la parole d’un sage ne cherche à convaincre car le sage n’enseigne pas, il partage sa connaissance pour que chacun y trouve ses vérités. A ces peuples du passé, à ces traditions que notre « modernisme » et notre racisme ont fait disparaître je fais un salut désolé et triste. Nous, peuples du monde, nous sommes tous responsables de la fin des traditions ancestrales où l’Homme vivait en harmonie avec son environnement, où toute chasse n’était que de subsistance, et surtout où la notion de famille ne s’arrêtait pas à l’union de quelques êtres mais s’étendait à tout un village, voire toute une tribu.

« De ses mocassins poussiéreux il foulait la place du campement, se tenant droit, heureux et fier de voir ses enfants courir autour des tipis. Le torse nu, l’œil vif et l’oreille à l’affût, son sourire et son silence marquaient la plénitude d’un homme sûr de son avenir et certain de la richesse de son peuple. De ses bras puissants il tirait orgueil car autant que guerrier il était avant tout chasseur pour subvenir aux besoins du village. Excellent cavalier, il arpentait les terres riches de la plaine où les hautes herbes savaient offrir eau, nourriture et le gîte à toute sa famille. »

La conception de l’habitat est une chose très variable entre les peuples : comparez les Romains et les Indiens d’Amérique par exemple, les premiers étaient d’entêtés bâtisseurs, innovant sans cesse pour le confort des cités, les seconds se contentaient de l’essentiel en étant des peuples nomades. Lequel a raison, lequel a tort ? Pour ma part peu importe, le confort du sédentarisme semble aussi abêtir les gens, les rendant plus propices à accepter n’importe quelle contrainte morale pour conserver le confort physique, tandis que le nomade lui refusa toujours d’être dominé par le matériel, et donc de perdre une identité morale et intellectuelle. Un juste milieu ? Si juste milieu il existe, je doute qu’on l’ait trouvé, et encore plus qu’on le trouve un jour…

« Lorsqu’elle entendit le premier cri de son enfant, elle versa une larme de bonheur qu’essuya avec fierté le père. Elle lui demanda d’emmailloter le nouveau-né, de le protéger du vent qui venait de se lever. En son honneur un feu de joie fut érigé au centre, les hommes et les femmes partageant les tâches pour préparer la grande fête : les épouses préparaient le pemmican tandis que les maris partirent chasser quelques lièvres et avec un peu de chance un bison pour avoir un beau repas. Les matriarches vinrent saluer l’heureuse mère, lui dirent les mots séculaires souhaitant prospérité et santé pour le petit homme venant de rejoindre le monde des vivants. »

On a banalisé tellement de choses, mis au rebut tant de moments à respecter qu’on se demande s’il existe encore des codes de déontologie chez les gens. Une femme qui accouche, n’est-ce pas un signe d’avenir ? Pour autant est-il inadmissible d’être en joie quand il y a un mariage ? Je suis de ceux qui ne défendent pas les traditions à tout prix si celles-ci renient le droit à la pensée indépendante ou bien à la possession de toute liberté individuelle, toutefois je constate souvent avec tristesse qu’au mépris d’une forme d’union basée sur un respect mutuel on s’est mis à tout tolérer. Pourquoi se marier si c’est pour ne pas en respecter les serments et les principes ? A quoi bon prendre le risque d’avoir un enfant si c’est pour avorter dans la foulée ? Je ne renierai jamais ce droit élémentaire qu’une femme a de disposer de son corps, mais paradoxalement je suis contre le principe qui fait que l’avortement soit devenu un acte banal, presque autant qu’une bête opération des amygdales.

« Ils montèrent à cru sur leurs chevaux, se saisirent des carcans tendus par leurs épouses. Ils épaulèrent arc et flèches et se lancèrent droit dans la bataille dans les mélopées de ceux qui restent et dans les cris de guerre de ceux qui partent. »

Aujourd’hui quelqu’un qui défend ses convictions est suspect, celui qui revendique le droit de se défendre passe pour être contre la paix, et plus encore celui qui réclame qu’on soit digne lors d’un hymne ou sous un drapeau devient immédiatement un nationaliste. La condition humaine c’est autant vivre en paix que se faire la guerre, et malheureusement le combat fait partie de notre système de pensées. La guerre ne se justifie pas, elle devient sa propre justification, c’est l’Homme qui ne sait pas faire preuve d’intelligence pour la faire disparaître à jamais. Lorsque les colons Américains prirent le chemin de l’ouest, ils estimèrent les indiens comme des indésirables. Lorsque les anglais s’installèrent en Inde, ils considérèrent les Hindous comme des manœuvres corvéables et non comme des habitants méritant le respect. C’est le drame de toute nos civilisations : détruire ce qu’on ne comprend pas, imposer nos vues à tout prix pour bien évidemment en profiter un maximum.

« Alors, la lune, ronde et brillante, apparût derrière les nuages. Le jour nocturne se fit et teinta de bleu l’horizon et la terre. Assis sur des rochers affleurant ils se mirent à chanter à la gloire de l’astre de la nuit, rappelant aux hommes que la lune existait avant eux et qu’elle existerait après eux… et pour l’éternité. Les anciens couvèrent les jeunes de leurs regards attendris, les enfants vinrent quêter l’espace des bras de leurs parents. Tous unis, ils écoutèrent alors le vent soulevant la poussière, le chant d’un rapace isolé, le frémissement d’une broussaille habitée par quelque animal. Et ils se sentirent heureux de vivre… »

12 décembre 2007

Notice de communication

Le texte du jour a pour but de présenter l’ennui quotidien qui est commun à tous, c'est-à-dire ce petit souci technique que représente d’établir une communication avec autrui. Cela semble très simple de prime abord car de prime abord, contrairement aux autres animaux (mainates et perroquets exclus) nous avons l’outil de la parole supposé régulariser et formaliser la discussion. Si seulement c’était vrai…

Prenons tout d’abord la langue. L’outil en lui-même est séduisant car il instaure des procédures très claires, enfin théoriquement généralement admises afin que plusieurs personnes puissent s’écouter mutuellement et réussir à trouver un sens commun aux mots. Dans la pratique, il a tout de même fallu que l’humanité se permette de créer plus d’un idiome et ainsi faire en sorte que tous nous soyons pris au piège de la traduction. Faites communiquer un Français avec un Espagnol qui bien entendu ne parlent pas la langue de l’autre. Grand moment de solitude partagé quand la tentative échoue et que les mots se reportent alors sur les mains, ce qui reconnaissons-le immédiatement est inaccessible au commun de mortels si l’on exclue les sourds et les muets. Bref, rien que la langue peut devenir une barrière presque infranchissable si l’on n’y prend pas garde.

Soyons charitables : prenons l’exemple moins radical de deux personnes qu’on nommera A et B qui l’une comme l’autre babillent en une langue commune. Là malheureusement on passe de l’impossibilité au pathétique, surtout quand les deux pauvres hères s’essayent à l’anglais avec un accent inadapté. L’Allemand de Bavière discutant avec le Marseillais, il y a de quoi faire une scène comique digne d’un César de Pagnol... Savoureux pour les spectateurs, bien moins pour les interlocuteurs. Toujours est-il que sous les dehors de louables efforts, le moment tournera de toute manière au fiasco le plus total, et ce menant invariablement à une frustration pouvant parfois tourner à la colère et même à la violence. Je suis convaincu que les douaniers Français ne se sont pas compris avec les forces allemandes en 1940… (Boutade… oui je précise histoire de m’épargner des foudres divines.)

Maintenant passons à ce qui nous touche bien plus souvent, c'est-à-dire les conversations qui nous entourent et qui contiennent des domaines linguistiques insoupçonnés pour ceux qui n’y sont pas initiés. L’informatique, la médecine, le bâtiment, bref tous les corps de métiers contiennent ce genre de dictionnaire de mots inutilisables ailleurs. En même temps je me demande ce que feraient un toubib d’un « processeur arithmétique » et un maçon d’un « spéculum ».Quoique… Mais pour ceux qui n’ont jamais eu ouï-dire de certains termes, il y a de quoi perdre le fil de la conversation et surtout de devoir opiner du bonnet en ayant un air pénétré de l’intelligence et de la connaissance dont bien entendu l’on ne dispose jamais. Je reste de plus convaincu que certaines professions se complaisent dans l’obscurantisme de manière à se préserver des aires de discussion où seuls des initiées peuvent errer en paix, et ce malgré l’indigence du contenu dont finalement tout le monde se moquerait ! C’est sûrement là toute la puissance du langage : rendre imbuvable des choses simples. Tiens, et si la profession de politicien n’était que ça finalement… j’y méditerai un de ces jours.

Allons à présent dans le fin fond du trou, l’apocalypse personnelle, cette douleur intolérable qu’on peut ressentir quand le discours précédemment décrit s’adresse à soi. Comme je le disais ci-dessus certaines professions sont convaincues qu’en vous parlant avec technicité vous comprendrez alors plus aisément votre incompétence. Prenez le copain expert en informatique qui, au lieu de vulgariser la chose en disant « brancher le bidule A dans le trou B » vous sortira avec fierté « tu as bien enfiché la carte AGP dans le port idoine ? Et l’alimentation c’est bien une ATX ? Non parce que parfois le bus PCI peut avoir des conflits… » Agaçant n’est-ce pas ? J’en vois même certains qui sont au bord de la colère tant cela semble être à l’image d’une situation déjà vécue. Désolé les amis, je grille votre couverture : parler techniquement ne rend pas compétent, alors que réussir à dédramatiser et exprimer clairement des choses complexes est une preuve de compétence… à la condition de ne pas raconter n’importe quoi bien entendu. Je pourrais aussi bien aborder la question du formulaire, le criminel numéro de série qu’on vous annonce derrière un hygiaphone inaudible et qui semble tout droit sorti d’une référence de pièce mécanique : « Vous avez le formulaire rose A234-B354.234 bis ? Non ? Retournez à l’autre bureau je ne peux rien pour vous ! ». Caricatural ? Pour y avoir eu le droit plus d’une fois… Point de mauvais esprit je vais m’attirer les foudres des bureaucrates et malgré tout lecteurs de mes élucubrations.

Enfin, admettons tous ensemble que nous nous amusons à tourner autour du pot, à traîner les pieds sans nécessité et même à y trouver du plaisir. Rien que le fait d’en être rendu à ce point du texte est une démonstration de ma verve mise au service de l’inutile et néanmoins indispensable vocifération quotidienne de mes idées bordéliques. La séduction n’est-ce pas l’art de ne rien dire de ses idées tout en les faisant comprendre ? Comme si séduire c’était se laisser piéger et non pas saisir immédiatement les envies mutuelles… Un peu de bonne foi serait fort utile parfois, non ? Toutefois je concède mon goût immodéré pour la circonlocution, ou l’art du tournage autour du pot. Misère…

11 décembre 2007

Le téléphone rouge

En voilà un objet somme toute assez banal qui fut la source d’énormément de fantasmes de part le monde ! Rien qu’à lui seul il a représenté toute la puissance et l’hégémonie de la terreur durant la guerre froide, et qui plus est s’est avéré un des seuls outils offrant la possibilité d’éviter une apocalypse nucléaire. Superbe engin dont la couleur ne laisse pas plus de doute que celle du cheval d’Henri IV, il est porteur d’une histoire riche en rebondissements, secrets d’états et surtout d’invraisemblables bourdes politiques. Entre ce que peuvent dire les médias et la réalité m’est avis qu’il y a de quoi humilier le prolifique Tom Clancy et même d’offrir des romans d’espionnages bourrés de clichés.

Un peu d’histoire : le fameux téléphone rouge fut mis en place (d’après la majorité des sources auxquelles je me réfère) le 30 août 1963 entre Moscou et Washington afin de permettre aux deux puissances nucléaires majeures un canal de communication privilégié entre leurs dirigeants respectifs. Rien que cette idée laisse songeur sur la confiance des deux paranoïaques étoilés à propos des autres nations du monde, car finalement hormis le président américain et son homologue Soviétique, qui fut au courant des tergiversations qui ont pu transiter à travers ces objets de plastique ? Quoi qu’il en soit, le téléphone rouge mérite sa place dans l’historique des accessoires de la frayeur atomique, notamment pour tous ceux qui en dépendaient… et en dépendent encore. Il faut en effet le savoir, la dite ligne est toujours d’actualité et l’annonce de la création d’une ligne analogue entre la Chine et les USA (annonce datée de début novembre 2007) ne présage rien de bon concernant les relations entre ces deux nations.

Pour ma part, j’imagine fort bien toute la nécessité latente d’avoir le téléphone rouge à portée de main : quoi de plus utile que de pouvoir dire à son adversaire qu’on est en paix, de pouvoir le rassurer en lui affirmant que « Les manœuvres au sud Vietnam sont à but humanitaire et rien d’autre » ou bien « Mais non, l’Afghanistan n’est pas une cible stratégique ! ». Après tout, ce n’est pas comme si ces deux blocs s’étaient menacés pendant des décennies pour des différends plus motivés par l’ambition d’être la première puissance du monde que pour des raisons idéologiques… Et puis franchement, question idéologie la seule et unique différence entre l’URSS et les USA fut que l’URSS envisagea les magasins d’état et les kolkhozes à une échelle locale et non mondiale. Quoi ? Comment ça vous ne comprenez pas ? Et un Mc Donald’s ce n’est pas une succursale d’un restaurant d’alimentation standardisé ? Et la Standard Oil ce n’est pas le concept même de la collectivisation des ressources pétrolières ? Ah, je comprends, il est je le concède difficile d’admettre qu’au fond la collectivisation et le capitalisme ne sont que des questions d’échelle.

Revenons à nos missiles, pardon moutons. La bombe atomique fut le point d’orgue du conflit entre le Japon et les Etats-Unis, ainsi que le point de départ de la guerre froide. Toutes les nations dites riches, puis plus tard celles plus pauvres mais suffisamment peuplées se lancèrent dans la quête de l’ouragan radioactif pour des raisons de sécurité nationale. Quelle vaste plaisanterie, comme si j’annonçais à mon voisin que je me suis offert un fusil histoire de me protéger de lui. Enfin bon, une fois l’URSS et les USA équipés, il fallut bien réussir à les faire discuter des boulettes diverses et variées de leurs états majors : la guerre de Corée avec l’intervention des Américains, la présence rouge en Afrique, Cuba et les missiles… ah oui Cuba, quelle belle histoire de grand n’importe quoi politique ! D‘un côté un président Américain désavouant une résistance logée et formée aux frais de la CIA (la baie des cochons), puis la réplique Soviétique avec l’installation de missiles sur le territoire Cubain. Bizarre, mais les dates sont très proches tout de même, bien que deux acteurs de cette crise l’Américain découvrit pour sa perte que la théorie de la balle magique peut fonctionner à Dallas. Amusant dans un laboratoire, beaucoup moins quand celle-ci vous transforme en écumoire.

Plus récemment je suis convaincu que l’affaire du Koursk (ou plus justement nommée par mes soins « Yankee et Boris sont dans des sous marins, Yankee percute Boris qui coule. Qu’est ce qui reste ? Un désastre humain et écologique ainsi qu’une jolie bourde de l’armée Américaine ». Si l’on s’en tient à la version officielle le Koursk aurait coulé suite à un accident dans la chambre des torpilles, et celle plus plausible que les USA, mécontents de voir les Russes faire affaire avec la Chine aurait espionné des manœuvres jusqu’à faire se percuter deux sous-marins. Mettez deux chiens de garde dans la même pièce exiguë et demandez vous combien de temps il faudra avant que le massacre commence. De ce point de vue le téléphone rouge a dû chanter comme à la grande époque de l’est ouest. Comme quoi, démanteler les missiles ne s’étant pas fait, pas de raison de couper l’abonnement pour le téléphone rouge.

Dernière chose à ce sujet : est-ce qu’il existe d’autres lignes spécialisées entre les chefs d’état ? En dehors des considérations de sécurité (cryptologie) et utilité réelle de ce genre de principes, je me demande si les grands de ce monde se font des conférences téléphoniques caricaturales avec des interprètes, des bataillons de secrétaires pour tout relever et tout analyser, ainsi que de murs d’écrans présentant les situations abordées pendant les discussions… Ah non, ça ce sont des clichés Hollywoodiens, il est plus probable que tous ont des liasses de papiers à l’ancienne, de pochettes de couleur et de post-it gribouillés pour donner des précisions au président en poste. Risible non ?

10 décembre 2007

Hystérique ?

Vu mes derniers textes je peux supposer que certains de mes lecteurs me prennent pour un hystérique, ou du moins pensent que je n’ai pas pris mes anxiolytiques. Désolé de décevoir les mauvaises langues ainsi que les beaux parleurs, en dehors de quelques troubles mentaux inhérents à la condition d’être humain ma santé mentale semble se porter à merveille ! Eh non, ce n’est pas pour demain que je serai vêtu d’une chemise blanche qui s’attache dans le dos.

Quoi qu’on puisse en dire, il arrive parfois qu’on puisse légitimement se poser des questions sur le sens même de la science psychiatrique. D’emblée j’arrête toute réaction épidermique de cette chère confrérie à la blouse blanche : je ne suis pas suffisamment prétentieux pour aller dire que l’étude des mœurs et déviances mentales est inutile et encore moins apprendre au monde une nouvelle science comme a pu le faire le docteur Freud. Non, là je parle de la médecine mise au service de l’état, la technique éprouvée par énormément de gouvernements qui déclarèrent fous les opposants et les firent interner de force. Si l’on se réfère au système de l’internement, il s’avère que celui-ci diffère radicalement de la mise sous les verrous car dans ce dernier cas la durée de la peine doit être définie et annoncée au condamné, tandis que lors d’un enfermement en établissement psychiatrique la durée est à la discrétion des médecins en charge des lieux, et sans limite sur les renouvellements de la « condamnation ». En pratique, cela signifie donc que le comité chargé du jugement des cas peut tout à fait maintenir à vie un malade mental derrière les barreaux. Bien sûr, on se rassurera en songeant que ceux et celles subissant un tel traitement sont de véritables « monstres » trop dangereux pour nous côtoyer en société, mais si l’on est un tant soit peu pessimiste cela signifie aussi que toute personne enfermée à tort peut y rester jusqu’à sa mort. Terrifiant, notamment quand on sait qu’en France par exemple la perpétuité n’a pas vraiment de sens (c'est-à-dire qu’un condamné à perpétuité voit sa peine assortie d’une peine de sûreté qui garantit une durée minimale de détention au-delà de laquelle il pourra avoir le droit à une demande de mise en liberté ou de réduction de peine), alors que ce mot serait tout à fait à propos dans un hôpital psychiatrique.

Bien sûr, il est plus qu’évident que cette logique est hors de propos en France, surtout si l’on se réfère au principe que nos médecins ne sont pas des instruments du législateur et que le serment d’Hippocrate leur impose le respect de la nature Humaine… Quoique. Je reste dubitatif sur cette affirmation tant il est vrai que j’estime que la psychiatrie est une science expérimentale plus qu’une méthodologie carrée. On ne diagnostique sûrement pas une pathologie mentale comme on discerne les symptômes d’une mauvaise grippe, et qui plus les médications permettant le traitement des troubles d’ordre mentaux sont autrement plus lourdes et délicates à mettre en œuvre qu’une simple aspirine. Relativisons : la majorité des cas répondent à des schémas, des archétypes bien détaillés dans des ouvrages, mais qu’on ne me fasse pas avaler la couleuvre de la connaissance quand on sait tous que le cerveau n’est qu’une vaste zone inconnue et difficilement explorable. Les électrochocs sont-ils si légitimes, en dehors de l’aspect sanction de la chose ? Peut-on encore parler de soin quand un patient erre sans but, totalement abruti par ses cachets ? Je suis perplexe…

C’est curieux : on a peur de la folie sans même savoir si nous ne sommes pas les fous. On se pose en juges de ce qu’est la normalité sans douter un seul instant de notre propre « bonne santé » mentale. Il y a là un point fâcheux tout de même : si nous étions fous et internions les vrais saints d’esprit ? Gênant comme raisonnement mais pas si dénué de fondements. Fut des temps encore trop proches nous faisions arrêter les épileptiques, bannir les borgnes, boiteux et bossus, et pardessus tout nous avons craints la cécité et la surdité comme des tares monstrueuses. Le moindre comportement mental « bizarre » pouvait valoir la mort dans certaines contrées, la vie était donc faite de peurs héritières de tout l’obscurantisme accumulé sur des siècles. Ca me rappelle une petite comptine assez sympathique…

« Une sorcière, bannie d’un royaume chatoyant, pour se venger empoisonna tous les puits de manière à rendre fous tous les habitants. Le seul puit qu’elle ne put empoisonner fut celui du Roi. Rapidement tous les habitants devinrent fous et seul le Roi resta « saint d’esprit » et fut accusé de folie par son peuple. Comprenant le désastre, le Roi but de l’eau empoisonnée… et le peuple le déclara guéri. »

A méditer.

09 décembre 2007

Lâches !

Assassins aveugles, criminels sans visages qui se terrent derrière une cause et qui pour la revendiquer utilisent des bombes, je vous hais ! Meurtriers écervelés, terroristes dont l’indigence des thèses n’a d’égal que la haute estime que vous en avez, je vous maudis ! Vous provoquez frayeur, larmes, haine et intolérance au lieu de défendre des opinions qui sont parfois légitimes. Lorsqu’on assassine aveuglément, c’est soi-même que l’on condamne et non les institutions visées. Quand on détruit la vie sous prétexte d’en vouloir une meilleure, ce n’est pas l’ennemi que l’on touche mais sa propre cause. A vous tous, profanateurs de libertés, destructeurs de l’honneur je vous offre un voyage pour la fosse commune !

Vous parlez de combat, de guerre contre l’ennemi mortel, celui qui vous oppresse et qui vous fait peur, cet ennemi de vos civilisations, mais finalement vous agissez comme des bêtes, des êtres ayant perdu le sens même de la valeur humaine. Quand une bombe explose vous mettez en morceau ce qui fait de vous des Hommes et non ce que vous visez. Jamais aucune religion, aucune raison politique ou morale ne saura justifier le massacre aveugle et l’action criminelle dont vous faites preuve. Vous envoyez à la mort des gens désespérés, des gens ayant cru en une Foi, une raison de rester en vie quelques instants de plus. Le talion est une loi insipide, dénuée d’une quelconque intelligence car elle n’offre qu’une victime pour une autre, qu’un mort de plus dont la tombe sera fleurie en pure perte car la Mort retient ceux qui lui appartiennent. Ne comprenez-vous pas que le courage c’est d’affronter son destin et non de l’obliger à être affronté par une tierce personne ? Depuis quand choisit-on la haine pour seule discussion ?

Je soutiens et soutiendrai toujours les révoltes légitimes, les résistants qui au cœur de la nuit courent, se terrent et fuient l’oppresseur honni. De tout mon être je revendiquerai que le drapeau doit être soutenu du bras ferme et décidé de l’union morale dont nous pouvons faire preuve dans les heures sombres de l’occupation ou de la dictature, mais jamais, non jamais je ne saurai tolérer qu’une cause soit flétrie par quelques uns souhaitant non pas la justice pure et honnête mais la vengeance, cette engeance souillant nos volontés pour en faire des ruines fanées d’une union réduite en miettes. Le courage de l’Irlandais, la volonté du Français se battant contre le vert-de-gris, l’insoumission du Palestinien se battant caillou contre blindé, cela je le respecte et en vénère non les martyrs mais les héros. Un martyr est une victime dont on instrumentalise la mort, le héros est celui qui a choisi sciemment sa voie. Recueillez vous sur les mémoriaux des poilus, de ceux fusillés pour avoir osé défier une autorité autocrate et raciste, mais jamais ne levez l’icône idolâtre d’un suicidaire s’immolant avec des civils.

Lorsqu’une guerre est menée contre une population et non une force militaire, quand une bombe tue des enfants et non des soldats, quand un obus tombe sur une crèche et non sur une caserne, on réduit à néant toute amitié réelle ou supposée, tout soutien extérieur d’une opinion friable comme le plâtre humide de larmes. Ces dernières années tous les mouvements, légitimes ou non se sont lancés dans des campagnes de terreur en employant l’explosif ou les bombes sales pour rendre la foule plus sensibles à la « cause ». Imbéciles ! Je comprends le geste de désespoir mais n’adhère pas à la méthode. Vous ne faites qu’apporter à vos ennemis une bonne raison de continuer à vous harceler en jouant de vos actes comme d’un épouvantail !

Enfin, à ceux qui utilisent la haine, la violence et le terrorisme pour des causes personnelles, pour faire parler d’eux comme lors de l’attentat contre le bureau parisien d’un avocat, j’estime qu’il y a déni de courage, une lâcheté sans borne qui ne mérite guère que la corde car le poteau est réservé aux soldats, à ceux qui défendent une cause et non à des gens sans uniforme qui font preuve de la pire des bassesses pour se faire remarquer. A vous, profonde insulte à l’Humanité, à vous je vous dis « Immolez vous, vous aurez votre heure de gloire ! »

07 décembre 2007

Valeurs

Etrange hasard mes amis... j'ai rédigé ceci sans lire les commentaires précédents. Comme quoi, les esprits se rencontrent par delà les montagnes...

On va me taxer de nationaliste, voire même de « frontiste » quand je vais faire l’apologie légitime d’un certain respect des institutions ainsi que des symboles qui ornent souvent les bâtiments officiels mais rarement le cœur des gens. Pourquoi voit-on de plus en plus de gens, des jeunes notamment, cracher sur un drapeau et siffler un hymne ? A croire qu’aucune éducation ne leur a été accordée tant je trouve ce comportement déplacé. Pour autant que je sache, il est indispensable de comprendre quelque chose avant de le dénigrer. Traiter son voisin de raciste en étant soi-même irrespectueux, c’est quelque part une sacrée ironie et une marque d’idiotie flagrante.

Toujours est-il que oui je fais l’apologie de l’amour du drapeau. Ce morceau de tissu, ces trois couleurs dont les thèmes sembles aujourd’hui désuets a un historique des plus sanglants et ceux qui sont morts pour protéger un étendard doivent probablement souffrir le martyr de voir ce qu’on en fait. Bien sûr qu’il sert d’oripeau pour les imbéciles, de slogan pour les néo fascistes et plus encore de prétexte pour un électorat en mal de « dictature de la bonne franquette », mais pour autant je n’enterrerai pas les héros des guerres passées, présentes et avenir pour leur faire plaisir. Non, on ne s’approprie pas un drapeau, on le respecte, surtout quand il est marque de tolérance, d’accueil et de respect d’autrui, on le respecte, on s’incline religieusement et l’on en conserve toute l’histoire à l’esprit.

Je suis franchement dépité quand j’entends siffler l’hymne : la marseillaise, si violente qu’elle peut être fut une marque d’engagement une fois chantée à Drancy, une marque de courage dans le Vercors, et un signe de ralliement à Dien. Tout ça, comme dirait l’autre « c’est trop vieux mon gars ». Ah mais oui c’est vieux, du moins pour l’ahuri qui croit que l’Histoire c’est six mois avant et six mois après la date du jour. Evidemment que bien des soldats, des hommes et des femmes acceptèrent de servir sous les drapeaux pour de mauvaises raisons politiques (voir l’histoire de l’Indochine et de Dien Ben Phu pour comprendre), mais somme toute l’engagement fut toujours le même : honneur et respect pour la patrie.

Nous avons tous besoin de repères, qu’ils soient familiaux, religieux ou politiques. Une Nation s’identifie par le drapeau et son hymne, puis ensuite seulement par sa culture. J’estime que la France, pays qui fut tolérant et phare de la démocratie en danger est devenue ce qu’elle n’aurait jamais du devenir, un pays mollasson où tout ce qui est institutionnel est perçu comme un mal inutile. En cumulant la crainte injustifiée du képi (ce qui n’ôte pas la nécessité de craindre les dérives), l’irrespect profond porté aux lois et autres mécanismes indispensables à la vie en société, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement sur le bon sens national et surtout sur l’avenir du vote de la génération qui arrive. Désinformée, formatée à coup de clichés économiques et pour beaucoup totalement déconnectés de la réalité mondiale, nous avons tous bâti une génération de nombrilistes qui satisfont les critères des commerciaux mais sûrement ceux d’un citoyen digne de ce nom.

Pour autant, il ne s’agit pas là de nationalisme borné où l’on mettrait en exergue les problématiques d’immigration ou d’assimilation. On parle de l’euphémisme « d’intégration » qui est une absurdité finalement : on n’impose pas sa culture, on la mêle à celle déjà présente. Nul droit à un religieux quel qu’il soit de renier le catholicisme originel en France, nul droit à des enfants ou des adolescents de renier le principe de laïcité à l’école, et pardessus le marché nul droit à qui que ce soit de refuser d’apprendre le Français tout en vivant sur le territoire. On s’assimile donc par la langue et l’éducation, en respectant les us et coutumes de chacun, tout en sachant respecter aussi l’historique déjà présent. Rien n’est dû à qui que ce soit, c’est un devoir d’être entier et honnête pour ensuite recevoir en récompense le fruit du respect mutuel.

Il m’est intolérable d’accepter que certains se disent révoltés par l’attitude du gouvernement en France : nous votons, c’est un droit élémentaire respecté en France, et qui plus est qui a force de faire vaciller un gouvernement. C’est à chacun de faire acte de volontarisme en se présentant aux urnes le moment venu, et non au voisin de le faire pour soi. Les Belges aimeraient bien avoir un gouvernement… ne laissons pas la bêtise et l’égoïsme nous priver de celui qui, somme toute, fonctionne pas si mal.

Dernière chose : certains peuples peuvent se permettre de souiller un autre drapeau car ceux-ci subissent le joug policier et même militaire d’une autre nation. Nous ne sommes pas colonisés, les Corses me font sourire quand ils parlent d’indépendance puisque la majorité refuse bien entendu l’arrêt des subventions gouvernementales, et qu’alors ils se disent « envahis ». A contrario, d’autre vraies nations, capables d’autonomie et d’indépendance sont traitées par la baïonnette et le fusil. Ces résistants eux peuvent prétendre à la souillure du drapeau ennemi, il est même légitime à mes yeux de le brûler avec toute la force de conviction que mettra un indépendantiste.

Que la paix soit, mais pas à n’importe quel prix. En France nous avons obtenus la paix, aujourd’hui l’on tolère que le coût payé pour celle-ci soit humilié pour de basses raisons politiques. Dans le même ordre d’esprit je ne me laisserai pas faire la leçon sur l’Histoire car entre le génocide Arménien, en passant par celui des Kurdes par Saddam, et évidemment le massacre des juifs, j’estime que tous nous nous devons de réfléchir et de les mettre au même niveau d’horreur. Pourquoi avoir créé un mot spécifique pour parler de haine contre les juifs ? Et les Tziganes, les homosexuels, les intellectuels, n’ont-ils jamais été déportés, gazés, et incinérés ?

Pas de « deux poids, deux mesures ». Un pour tous, tous unis sous les drapeaux qui nous correspondent.

05 décembre 2007

L’Homme

Avant toute chose deux précisions:

Tout d'abord un grand merci à celles et ceux qui me lisent, ainsi qu'à ceux qui prennent la parole pour me commenter. Loin de moi tout orgueil face à la verve mise au service de vos opinions, au contraire je me sens humblement heureux de vous offrir mes élucubrations journalières ou presque. Sachez que les mots démocratie, autonomie et respect ont pour moi valeur d'évangiles et qu'il m'est impossible de tolérer la lâcheté ambiante face à la nécessité de conscience tant politique que sociale. Notre monde n'est pas le paradis escompté mais il est enfer parce qu'une majorité de lâches lui font un sort déplorable. Scander, manifester, revendiquer le droit de vivre, de vivre libre et heureux de l'être sont des droits fondamentaux qu'aucune nation, aucun état ou aucun groupe de pression ne saura m'ôter. On dira que la violence appelle la violence, mais la violence de la répression sait parfois appeler la violence de la révolution. Ce n'est ni Mc Donald's ni Adidas qui feront pour moi acte de résistance active si un jour le drapeau sera mis en berne au profit d'une croix gammée ou d'une quelconque autre dictature.

A vous tous, merci.

Second point: je publie tardivement ce message suite à des problèmes techniques indépendants de ma volonté. Je vous prie de m'excuser de la gène occasionnée pour ceux et celles qui auraient eu le désir de me lire plus tôt.

En espérant que vous prendrez toujours autant de plaisir à me lire que moi j'en éprouve à vous écrire.

Votre serviteur...

Passons donc à quelque chose de plus "relaxant" (toutes proportions gardées, on ne se refait pas!)

Enormément de gens se sont lancés dans l’étude et la compréhension de l’âme humaine, en espérant bien souvent en disséquer l’essence afin de la mettre à plat comme une grenouille en cours de biologie. Il nous semble à tous évident qu’il n’existe fondamentalement pas de modèle commun capable de nous définir et qui plus est aucune méthode efficace pour comprendre son prochain. Et pourtant, à chaque génération de grands « penseurs » se proclament esthète de l’esprit, analyste des mécanismes relationnels, et parfois même spécialiste du cœur des hommes. Laissez moi rire un grand coup, j’ai besoin de me racler les cordes vocales. D’où nous vient ce besoin maladif de tout mettre en équation afin d’en extraire finalement rien de concret ?

Depuis le meilleur en nous jusqu’au pire, il y a de quoi alimenter une bibliographie qui ne cessera jamais de croître au rythme des époques. Fut un temps il était interdit et très mal vu de parler de sexe ouvertement, les mœurs se posant tels des monolithes garants de la santé sociale. Certains sont allés prétendre que la fin des carcans fut une réussite, d’autres s’opposant fermement à ces conclusions en avançant non sans raison que toute société dénuée de barrières ne saurait survivre très longtemps. Où se placer ? Entre la Rome naufragée dans la luxure et le Londres de la fin du XIXème siècle ? Nous sommes le résultat un rien bancal entre les deux, c'est-à-dire qu’à mon sens nous revendiquons des libertés morales (pour ne pas dire libertines) et à contrario nous nous enfermons dans une hypocrite propreté de façade. N’est-ce donc pas malsain d’aller se prétendre irréprochable en ayant un squelette dans le placard ? Certains ont résolus le problème en ayant les dits squelettes dans le jardin au pied du pommier ou dans l’âtre de la cheminée. Bref, encore une fois il n’y a pas de réelle possibilité d’estimer le bienfait ou le méfait d’une moralité commune.

Après je vais sûrement me prendre des commentaires satiriques sur mes tendances sexuelles, sociales avérées… ou prétendues, et puis au surplus je serai sûrement noyé dans la Seine pour immoler mes opinions maudites. Qu’importe ! Ce que je constate tout de même c’est que notre « cher » BHL, tout philosophe autoproclamé qu’il est n’a toujours pas été foutu de m’expliquer pourquoi quand j’estime qu’un être humain est un con celui-ci se croit indispensable à la société. On ne se valorise que par sa propre opinion, puis l’on se satisfait facilement de la haute valeur que les autres nous prêtent, mais somme toute nous ne sommes rien de plus que la somme des prétentions que l’on porte et des espérances que l’on place en nous. Prenez la valeur d’un parent : il se trouve utile en tant qu’éducateur, et l’enfant porte à son père (par exemple) un amour empli d’espoirs souvent déçus. Alors, si méchanceté il y a, ou à l’opposé si bonté l’on a en soi, c’est qu’au bout du compte la bonté c’est la satisfaction de faire le bien et la méchanceté le désespoir que les autres ont pour nous. Amusant donc d’être bâti sur deux ruines intellectuelles et morales, car si ce n’est pas être une ruine que de prendre l’esprit pour une valeur, je ne sais pas ce que c’est !

Je crois toucher quelque chose de sensible là : on schématise, analyse et décortique le cœur pour y trouver les raisons d’un dérèglement moral quelconque, tout comme le fait le psychiatre étudiant les comportements d’une personne dangereuse pour les autres, sans pour autant se soucier des véritables conséquences. Il est important de noter qu’on donne plus d’attention à un « fou » s’attaquant à des tiers qu’à ceux qui ont des tendances suicidaires. Enfin bon, ce n’est pas là la question de départ : l’homme tel qu’il est cumule les tares de devoir analyser et s’analyser à travers son environnement qui n’est pas neutre, et par le truchement de tics sociaux et moraux qui n’ont de valeur que pour les autres. On étiquette facilement une femme qui rencontre beaucoup d’hommes de « petite vertu », alors que l’inverse mène généralement à la flatterie. Encore un critère plus social et d’image que de comportement analysable, car sur ce terrain là ils sont également volages.

Au bout du compte, je crois que l’animal homme a pour principale qualité de ne justement pas obéir à quelque modèle que ce soit, d’être totalement imprévisible, et c’est ce qui le rend passionnant et pathétique à la fois. N’oublions jamais que le sublime de l’héroïsme peut, à cause d’un pas de trop ou en moins, mener au ridicule. Prenons une scène simple : il s’avance pour aider sa bien aimée à se relever. Jolie scène, cliché de cinéma. Il se fait tuer par un ennemi quelconque : c’est un héros ; ce même imbécile tombe de la falaise en glissant sur une touffe d’herbe, c’est ridicule et risible. Même lieu, mêmes personnages… résultat différent.

On ne verse que rarement des larmes sur les cons, mais les cons eux pleurent souvent l’intelligence des autres qu’ils appellent sournoisement « connerie ».