30 octobre 2009

Roi déchu

J’étais le roi. Nous étions une nation, un groupe solide, à la hiérarchie claire et aux obligations identifiées. Le pouvoir, je ne l’avais pas obtenu par ma filiation mais par ma force personnelle. J’avais pris ma place en montrant mon courage et ma détermination, en vainquant mon prédécesseur. Cette couronne, je la devais donc à moi-même et non à un quelconque héritage. Et tout cela, tous le respectait. Je pouvais ainsi marcher tête haute, sans craindre les quolibets ou le moindre reproche sur ce point. La harde était dévouée, fière, marchant la tête haute dans les contrées qui étaient notre royaume.

Je n’ai jamais vu la terre comme ma possession. Nous la partagions, nous étions tous ses enfants, et la nature, Mère suprême, nous offrait gîte et pitance. Quand venait l’hiver, nous nous soumettions tous à la disette, aux devoirs de la chasse et du rationnement. Nos enfants, notre avenir se devait d’être protégée et nourrie convenablement. A la limite, les mères avaient presque plus de pouvoir que j’en eus réellement, mais je leur cédai de bonne grâce cette tâche difficile de faire des petits de futurs membres de notre clan. Nous respections notre place, et seule la force personnelle pouvait éventuellement changer notre statut. Ainsi, je fus défié, j’ai vaincu, mais je n’ai pas tué mes adversaires. La morsure de la défaite leur suffisait à tous pour admettre ma supériorité, et je n’eus jamais de ressentiment pour nos membres. Sans eux, moi comme les autres j’aurais été affamé, seul, roi dans un royaume vide et dénué de sens.

Quand, au printemps, Mère nature rendait à la contrée ses couleurs, nous profitions alors du temps, de refuges douillets, d’une nourriture abondante et du chant du vent caressant les arbres. J’aimais ce temps, j’aimais ces balades interminables à suivre les ruisseaux, à écouter le trépignement de l’eau contre les cailloux. Le soleil se levait, se couchait, il dansait derrière l’horizon, et le sommeil était un instant partagé de tous. Nul adversaire n’osait nous défier, plutôt par respect pour notre cohésion que par peur de nos représailles. C’était ainsi : le monde était fait pour être partagé, et la Vie primait sur toute autre considération. Tuer ne fut jamais pour le plaisir, ce fut pour se nourrir, sans haine ou provocation. La loi du plus fort ? Non. Nous savions que nous étions condamnées, tôt ou tard, à retourner à la terre. Nombre de mes enfants périrent de maladie, de froid, tués lors de la chasse, mais tous vécurent ce que Mère nature leur avait accordé comme temps d’existence. Ai-je pleuré ? Oui, comme leur mère, comme nos frères, leurs cousins, et tout le clan. Mais c’était ainsi. Vie s’en vient et s’en va au rythme du destin.

Puis le monde changea. La fumée apparut au loin, des nuages sombres et étranges naissant au sol et s’envolant très haut pour cacher le soleil. On nous pourchassa, on nous extermina même, et d’autres clans amis furent décimés sans pitié. La forêt, ultime refuge, commença elle aussi à se clairsemer. Peu à peu, notre harde se clairsema au gré des combats perdus d’avance. Des frères et des sœurs moururent en nous suppliant de fuir. Certains se jetèrent même sur cet ennemi inconnu, au prix de leur existence. Sauver le clan à tout prix, sauver ce qu’il restait de notre royaume à tous. Nous n’eûmes bientôt plus le temps de pleurer nos morts, nous dûmes nous déplacer sans cesse, abandonner ce qui fut notre terre. Et pourtant l’ennemi ne s’arrêta pas là, il nous traqua encore et encore, espérant ainsi nous voir disparaître à jamais de ce monde qui fut le nôtre.

A présent que je suis vieux et fatigué, je regarde mon pelage élimé, cette fourrure qui fut protectrice s’est étiolée. Moi, le plus vieux, le roi des loups, moi, le seigneur de ces fiers guerriers, je les regarde avec douleur et amertume. Les ai-je sauvés, ou bien n’ai-je fait que repousser notre trépas à tous ? Nul ne me fait de reproche, nul ne déverse sur moi les regrets légitimes qui nous rongent tous. Les familles ne sont plus, nous n’avons même plus l’occasion de pouvoir avoir des enfants. Les pauvres, comment survivraient-ils à cette vie d’errance perpétuelle et de crainte continuelle ? Roi à couronne d’épines, roi à titre sans valeur, je suis sûrement le dernier. Nul n’envie plus ma place, plus aucun jeune ne me disputera mon trône tant il est devenu vain.

Quand je mourrai, la Mère nature me reprendra, elle emportera ma toison à tout jamais, et plus personne ne se souviendra de mon nom. Je n’aurai pas de tombeau comme les hommes en ont, nul ne me mettra en terre. J’offrirai donc, à mon tour, le sang nourricier de mes veines pour qu’un autre y puise sa force. Ainsi va la vie, ainsi va le monde. Merci au soleil de me réchauffer, il fait froid, ou alors peut-être suis-je le seul à grelotter. Je baille, m’étire péniblement, et prends la route, comme les autres, dans les derniers morceaux notre si belle forêt. J’emporterai ces souvenirs, ces odeurs de pin, d’humidité, de mousse, cette tendresse de la brise, cette morsure de la neige, et la saveur de nos repas partagés. Ainsi s’en ira le dernier des rois des loups, le Roi Déchu.

29 octobre 2009

Deux petites choses

La première, c'est que le message précédent est le 666ème (comme le nombre de la Bête). Bon, ça, vous vous en foutez royalement, et je l'admets, moi aussi. C'est juste que je l'ai remarqué et que cela m'a fait sourire, notamment du fait que j'avais rendu bavard Satan ces derniers jours.

La seconde, c'est que je suis tombé un peu par hasard sur un site tenu par une Française mariée à un Japonais et qui, vidéos à l'appui, vous aident à cuisiner des plats typiques du Japon. Rigolote, enjouée, la demoiselle s'éclate visiblement et je ne saurais trop l'inciter à continuer sur cette voie.

Profitez en, sortez les baguettes, et "Itadakimasu" (merci pour ce repas en Japonais, équivalent du "bon appétit")

A vos baguettes!

Donner une âme

C’est un des plus vieux fantasmes de l’humanité : associer une âme à des objets inertes, ou encore « créer » la vie en fabriquant de toute pièce. Aussi saugrenue que puissent apparaître ces idées, il n’en demeure néanmoins pas irréaliste de croire que l’homme puisse parvenir un jour à un résultat. Entre manipulations génétiques menant au clonage, et l’apparition de technologies miniaturisées pour le remplacement d’organes (avec, à terme, l’idée de pouvoir avoir une réserve d’organes de synthèse), il ne me semble pas si incohérent que cela de « réparer » la vie, voire même créer une nouvelle espèce humaine intégralement de synthèse, où le corps serait un réceptacle. Qu’est-ce qui définit l’être humain ? Son physique ou son « âme » ? La métaphysique est alors une partie intégrante du débat, avec tous les doutes et les problèmes éthiques qui s’en suivent. Alors, laissez moi vous conter une petite histoire, une de celles que j’aime à écrire quand l’actualité me semble inintéressante.

Tout a commencé quand j’ai eu mon accident. J’avais fait une mauvaise chute en bricolant, et m’étais fracturé le bras. Jusque là, rien de bien dramatique, si ce n’est qu’en arrivant à l’hôpital, il s’est avéré que la fracture était complexe et qu’elle nécessitait une chirurgie. Je m’étais dit que tout cela était maîtrisé et connu, et qu’en quelques semaines je pourrais retourner travailler. Ce fut effectivement une réussite, avec une jolie cicatrice et un pansement. Seulement, réfractaire aux soins et pressé de reprendre mon métier, je n’ai pas été prudent, et rapidement ce qui aurait dû être une formalité devint un calvaire : infection, médicaments, surinfection, retour sur la table, et finalement apparition d’une gangrène. Ce fut douloureux et long, et le staphylocoque doré s’en était mêlé. Résultat des courses : amputation probable. Le drame ! J’allais perdre l’avant bras à cause de mon manque de patience et mes bêtises.

On m’annonça qu’il y avait une solution toute récente et incroyable consistant en la reconstruction par prothèse. Je me voyais déjà avec un bras de mannequin de supermarché, et des doigts inutilisables. Ce fut tout le contraire. On me présenta des équipements ultra modernes, utilisant les derniers progrès des technologies, et le tout utilisant de la peau de culture. C’était bluffant. Qu’avais-je donc à perdre ? On allait me couper l’avant bras de toute manière, alors autant tenter le coup ! Ce fut alors le cirque des papiers, des explications techniques, des rendez-vous avec le psy pour me préparer au changement. J’en eus rapidement assez de me faire explorer la tête par crainte des toubibs que je fasse un rejet de la prothèse. Ce n’était pas eux qui allaient y laisser la main !

La chirurgie dura quasiment dix heures. Je dormis comme un loir, et l’on ôta mon avant-bras pour poser le nouveau. Au réveil, je me sentis nauséeux et me souviens juste m’être frotté les yeux … avec mes deux mains. Ce fut incroyable. La seule chose qui me fit remarquer que j’avais été opéré fut le pansement noué à hauteur de la jonction entre la prothèse et mon corps naturel. Très rapidement je m’appropriai le membre, et les spécialistes ne procédèrent qu’à quelques réglages anodins. J’étais câblé, réparé, et tout ceci me semblait être un miracle.

Je ne fus pas exposé comme un animal de cirque. C’était devenu si commun que je sortis de l’hôpital au bout de deux semaines, et repris le boulot au bout d’un mois. La cicatrice s’estompa tellement qu’il me fallut être attentif et minutieux pour la retrouver sur ma peau. J’étais sauvé ! Quel miracle ! Seulement voilà, à moi on donna une nouvelle chance, à d’autres on augmenta la puissance et l’efficacité : membres plus efficaces, vision améliorée, audition filtrée et même pouvant être désactivée pour les environnements bruyants. « Les augmentés » apparurent en masse, et ce fut alors un débat sans fin entre l’humanité ordinaire et l’humanité trafiquée. Les premiers à être réellement poussés à l’extrême furent des troupes d’élite, puis ensuite des ouvriers pour les zones radioactives. Ainsi, le chantier de Tchernobyl put enfin être envisagé grâce à des « hommes » mécanisés.

Nombre de scandales éclatèrent. Des entreprises exigeant de leurs employés de se « booster », des métiers inaccessibles sans augmentation technologique, ce fut sans fin et les tribunaux croulèrent sous les dossiers. C’est le jour où un type riche, après un grave accident de voiture, se fit intégralement reconstruire qu’a éclaté le vrai débat : homme ou machine ? La justice ne pouvait décemment pas trancher, pas plus que les médecins qui, eux, appliquaient Hippocrate dans l’idée de sauver des vies. Seulement, les salles d’opération devenaient rentables avec ces méthodes, suffisamment en tout cas pour que l’industrie de l’augmentation physique soit plus rentable que la chirurgie esthétique. Quelle était la nouvelle limite ? Dans l’absolu, si le corps devenait totalement remplaçable, la notion de vieillesse n’avait plus cours, pas plus que l’idée même de la mort. Quel avenir ? Quel destin pour les gens ordinaires, soit trop pauvres soit trop respectueux de l’essence même du corps ?

La question ne se pose plus vraiment à présent. Après la grande guerre, et les champs de bataille cybernétiques, l’humanité s’est repliée sur elle-même avec la résurgence des religions, et les discours réfractaires aux technologies redevinrent courants. Je suis obligé de cacher que j’ai été réparé mécaniquement. Certains états ont même imposé le recours aux listes des hôpitaux pour « revenir aux fondamentaux », euphémisme utilisé pour le démontage systématique des prothèses. Ces nations autorisent quand même l’usage de la reconstruction biologique, c'est-à-dire de « faire pousser », si possible, les parties endommagées. Ce n’est pas aussi concluant que cela, mais les gens se sentent plus en sécurité avec des gens de chair et d’os, qu’avec des « hommes » dont seul et la moelle épinière sont naturels, et dont les membres peuvent sans difficulté permettre de soulever une voiture ou détruire un mur d’un coup de poing.

28 octobre 2009

Jeunisme de mes...

S’il est une chose qui se perd aujourd’hui, c’est bien le rôle que doit tenir les parents. Je dis bien tenir, car si j’avais usé du verbe « jouer », mon propos n’aurait pas eu le même poids. En effet, quoi de plus ridicule que de placer ce mot dans ma phrase ? Les parents ne doivent pas jouer la comédie, ils doivent tenir et même camper leur position d’éducateur, de formateur, voire de censeur. Donc jouer serait assimilable à « faire semblant », ce qui, pourtant, apparaît être dorénavant la norme chez bien des adultes.

Vous autres, lâches géniteurs d’une marmaille analphabète et inculte, vous, parents indignes qui se préoccupent plus de la diagonale de votre télévision que de l’avenir de vos rejetons, vous tous je vous conchie, je vous maudis ! Grâce à vous, ces geignards exigeants trouvent à présent le moyen d’exiger du respect et envisagent bien souvent de se présenter comme une sorte d’autorité, ceci bien entendu par la force. Que j’abhorre la présence et surtout la conversation de ces demeurés. Leur but ? Je cite (j’en ai encore les oreilles qui sifflent) : « Foutre le bordel ». Hein ? Parce que c’est un but en soi, de « foutre le bordel ? » Ah ! Mais le service militaire finirait presque par me manquer, avec ce côté austère, cet aspect tortionnaire du sergent s’imposant en dieu vivant à une cohorte d’anciens chevelus fraîchement tondus ! A la trique et au pas de l’oie les mouflets, ça nous en ferait une bonne génération de bidasses prêts à se donner corps et âme (corps surtout, vu la prolifération des mines anti-personnel).

Je suis méchant avec les jeunes ? Vous trouvez ? Pourtant, qu’est-ce que le jeune a d’attrayant ? N’est-il pas le symbole de la déchéance physique de ces prédécesseurs ? N’est-il pas aussi l’éclatante et dramatique démonstration de notre incurie ? Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : je n’ai rien contre les gosses, c’est le contraire même. Qui sera là pour payer ma retraite si l’on ne se reproduit pas ? C’est contre ceux qui les modèlent que j’ai une dent affûtée. J’ai en horreur la théorie de l’enfant roi, je la hais de tout mon être. C’est une des plus belles stupidité de l’histoire de l’éducation des enfants. En quoi un moutard encore morveux peut-il prendre de bonnes décisions pour lui-même ? Déjà qu’il est infoutu de se décider entre deux paires de baskets sous prétexte que les deux sont déjà la propriété de ses petits camarades, et qu’il n’arrive donc plus à savoir laquelle est à la mode… Non. Le gosse n’est pas forcément à blâmer, c’est ces imbéciles qui supposent que « jeunesse doit se faire » qui méritent l’usage de la trique !

Jusqu’à une époque pas si lointaine, l’enfant se devait d’être respectueux envers tout un tas de choses : les parents, les adultes, les personnes âgées, bref l’autorité au sens large. Maintenant, avec le principe de l’autonomie élargie, l’adolescent boutonneux à la voix de fausset se croit en position d’être intellectuellement capable de trouver quelque chose à redire à n’importe quoi, et surtout à n’importe qui. Et ça se demande alors pourquoi les baffes peuvent venir valser sur leur acné ! Je rappelle que l’autonomie intellectuelle dépend avant tout de l’expérience au sens large. On ne s’instaure pas expert de la vie, on la subit, et toi mon idiot en t-shirt estampillé « rebel generation », tu vas t’en taper de la vache enragée, comme tout le monde avant toi.

Je suis franchement énervé quand le jeunisme devient un principe de communication. « Les jeunes » par ci, « les jeunes » par là, mais quels jeunes ? Ceux des banlieues livrées à leur sort, ou ceux des milieux aisés qui sont récupérés à la sortie de l’école par le chauffeur en livrée ? Et puis, ces mêmes brasseurs de vent et d’inutile, ne sont-ils pas les mêmes qui critiquent ouvertement (et sans véritable fondement) la présence de personnages plus jeunes qu’eux ? Tenez, le fils de notre président, n’a-t-il pas été accusé d’avoir profité des bons auspices de son père ? Alors quoi ? Trop jeune, inexpérimenté ? Colossal, surtout quand ses accusateurs se vantaient juste avant d’avoir des équipes jeunes et dynamiques. Ce pseudo jeunisme est d’autant plus pathétique quand il en arrive à tout justifier, surtout des analyses contradictoires ; Dans mon métier par exemple, c’en est devenu illisible. Où se situe la marge entre le « débutant inexpérimenté » et le « trop vieux et trop cher parce que avec de l’expérience » ? Les recruteurs ont beau jeu de dire « nous voulons du jeune ! » tout en évitant bien entendu de recruter des profils juste sortis des écoles.

Alors comment le « jeune » peut-il avoir de bons repères ? Mal dégrossi, peu éduqué, au parcours familial au mieux bancal, à la scolarité inadaptée, puis pardessus le marché sans emploi parce que « trop jeune » justement, que doit-il voir concernant notre société ? La même chose que moi je suppose : un vaste bordel ambiant où les ambiguïtés sont la norme, alors que la normalité est devenue l’exception. Déprimant pour lui, sujet à railleries cyniques pour moi. Allez les jeunes, du courage ! Avec un peu de chance, on pourra compter sur l’émergence d’états totalitaires, sur la peur du terrorisme, et potentiellement sur de bonnes petites guerres économiquement rentables et humainement utiles pour renouveler le sang de la nation !

27 octobre 2009

Le langage du corps

J’ai eu l’occasion d’avoir un fou rire en entendant une réflexion d’un sophrologue autoproclamé décrétant qu’il « faut écouter son corps ». Ah ça, dans le genre évidence, voire même lieu commun, tu te poses là mon grand ! Sans rire ? Il faut que l’on soit à l’écoute des réactions de notre organisme de manière à s’entretenir et se préserver, c’est quelque chose d’illogique ? Mais c’est bien sûr ! C’est donc parce que certains ont été sourds à certaines quintes de toux qu’ils ont finalement le cancer ! Et on ne m’avait rien dit !

Moquerie mise à part, je suis épaté par la proportion de gens qui s’estiment capables de faire preuve de compétence quand il s’agit de médecine. Entre les massages prodigués par des incompétents notoires, et les listes de médicaments dignes d’une course de ménagère version caddie, il y a de quoi se détruire la santé en quelques mois. Jusqu’à un certain point, la chose peut apparaître comme amusante, notamment avec les remèdes de grand-mère (ou en tout cas classés comme tel), et dont l’efficacité laisse sérieusement à désirer. Quoi qu’il en soit, depuis que la médecine et surtout la santé sont devenues des causes économiques mondiales, force est de constater que la foule s’acharne à vouloir s’octroyer la compétence des services de santé.

Qui ne s’est pas coupé ? Qui ne s’est pas fait un hématome ? Souvenez vous des conseils aussi contradictoires que pathétique. Ah, le bon vieux « urine dessus », jusqu’au « va à l’hôpital », la latitude des conseils plus ou moins intelligents offrent toute possibilité à la mort de se saisir de vous. Bien sûr, chacun annonce, et de bonne foi, que telle combinaison de pilules a soigné le rhume ou la grippe naissante, que telle molécule est inefficace, ou pire encore, que le restant de la boîte sur ordonnance fera fort bien l’affaire. Eh ! Vous êtes dingues ? Une posologie, un traitement, ça se décide en connaissance de cause, notamment avec les problématiques d’âge, de taille, de poids, de sensibilité voire d’allergies. De plus, il y a des notions de quantité maximale, et de durée. Et là, le voisin bien intentionné, vous offre sa jolie plaquette de gélules blanches en vous disant simplement « prends ça, c’est radical ».

Pour le cimetière, éventuellement.

Bien que je ne sois pas très amical avec le corps médical, et qu’au surplus je peux être taxé de réfractaire concernant l’absorption de substances étranges, il n’en reste pas moins une évidence : ne confiez surtout pas votre santé à un tiers non compétent. Déjà que je ne le fais que rarement avec un toubib, alors les conseils du pote sympa… Enfin bref, on ne saurait badiner avec les médicaments. A tout bien y réfléchir, là je dis une énormité : les laboratoires, eux, ne badinent-ils pas généreusement avec leurs produits ? Depuis moins d’une décennie, le médicament est affiché avec force dans les rues, et la télévision est allée jusqu’à s’emparer du marché en vous causant de « génériques », de « sans ordonnance », le tout juste enrobé d’un platonique « Ne pas prolonger sans avis médical ». Tiens, et on fait quoi si on se découvre une allergie ou une intolérance au paracétamol ? On compte sur notre propre jugement pour ne pas finir à l’hôpital ou dans la tombe ? Ca a un petit côté déprimant, notamment à l’approche des frimas de l’hiver. Les placebos fleurissent tandis que les violettes dépérissent, on vous bourre de petites pilules pour vous « préserver de la grippe », « aider votre organisme », ou plus comique encore « soutenir votre effort minceur ». Intéressant. Si je résume donc l’analyse des laboratoires : votre organisme est une épave, aidons le à ce qu’il fonctionne, mais en dépendance totale avec NOS molécules.

Je suis épaté par l’ampleur du phénomène. Chacun se dit capable de bien expliquer ce qu’est un médicament, ses effets et j’en passe. Quels sont les premiers forums consultés en France ? Un forum médical et un forum automobile ! Tout est dit, non ? Je suis même affolé par certains comportements sur la toile. Prenons un exemple concret et assez intéressant. En France, nombre de médicaments sont testés chaque année, et certains ne sont pas commercialisés faute d’autorisation. Allez sur ces forums, et nombre de références interdites dans nos contrées y sont décrites, et l’on vous donne même la marche à suivre pour vous les procurer à l’étranger ! Les internautes sont-ils compétents pour se substituer aux organismes de contrôle ? J’en doute fort, mais je reste optimiste : il suffira de quelques morts par empoissonnement ou suite à une allergie fatale pour que cette mode disparaisse, ou en tout cas pour qu’elle devienne périphérique au reste des problèmes abordés dans ces lieux de discussion.

Enfin, un conseil essentiel : ne faites JAMAIS confiance à vos amis ou vos proches quand ils vous refilent des pilules qui sont sur ordonnance. Contentez vous, au pire, d’aller voir un médecin et d’en parler. Si vous êtes malades, c’est le meilleur moyen de trouver quelqu’un réellement à l’écoute de votre corps, et qui sera, en principe, d’en comprendre les réponses.

26 octobre 2009

Pour ceux qui connaissent la chanson

Ca va pas être possible... Donc pas de message ce soir!

A très vite (si possible)

Frédéric / JeFaisPeurALaFoule

23 octobre 2009

Serpillière

Bien des tris simples sont faits sur l’humanité : les riches et les pauvres, les cons et les autres, ou bien encore la force et la faiblesse. A mon sens, je définirais le découpage de l’humanité entre ceux qui se font piétiner, et ceux qui essaient de piétiner les autres. Aussi cynique que cela puisse paraître, écraser son prochain fait partie intégrante de la nature humaine, d’autant plus dans notre société qui s’appuie sur le principe de compétition. Etre le meilleur, se dépasser, être efficace, démontrer, prouver, toutes ces notions sont toutes liées à l’obligation tacite de dépasser l’autre plus que soi-même.

C’est amusant, ce besoin de revendiquer la performance. Nous décorons les militaires, les sportifs et même les artistes, et nous leur donnons une valorisation de leurs actes par de la fanfreluche. Napoléon, dans son génie, a dit un jour (de mémoire) « Les guerres se gagnent avec des médailles », et c’est d’autant plus exact que l’homme aime à être flatté ! Eh oui : donner une décoration ou un diplôme, c’est avant tout valider une étape dans la détermination individuelle. Individu ? Individualité ? Les deux mots clés de l’Homme ! Nous sommes forts parce qu’individuellement nous le sommes un peu, et le groupe cumule et émule les forces individuelles. Ce qui devient caricatural, c’est l’impénétrable bêtise qui arrive quand on refile la légion d’honneur à des braillards, des agités se prenant pour des acteurs ou des philosophes, ou encore quand on parle de « chevalier des arts et des lettres » pour certains artistes qui ne connaissent rien aux lettres ni même à l’art. Mais il faut flatter, encore et encore, de manière à convaincre le bétail qu’il est possible de se dépasser et d’être reconnu.

Combien de personnes acceptent, sans broncher, de se faire marcher dessus ? Nombre de salariés, d’ouvriers et de gens dans le domaine privé, se laissent littéralement piétiner par leur entourage familial ou professionnel. Pourquoi ? Parce qu’être soumis, c’est confortable, facile et cela ne nécessite pas d’effort intellectuel. Cette majorité dormante aime à se conforter dans ses habitudes, au point que les faire changer se révèle impossible. Prenez cette masse d’insatisfaits de la politique qui ne votent jamais, qui critiquent que du bout des lèvres, et qui répètent béatement les discours officiels. Aller contre la masse, c’est faire preuve d’autonomie et d’initiative, chose éminemment dangereuse et pénible. L’Homme peut jouer les serpillières, s’en contenter même, ceci du moment où cela ne porte pas atteinte à son mode de vie.

Vous doutez de cette soumission ? Observez donc la foule ! Elle est très représentative de l’acceptation d’abominations et d’infamies, et ne se rebelle que quand l’individu est touché. Les manifestations pour le pouvoir d’achat ? NON ! Manifestation pour SON pouvoir d’achat. Manifestations contre l’Europe ? NON ! Manifestations POUR ses intérêts propres. Les sondages en sont une manifestation ahurissante : combien de gens votent par sanction sans réfléchir au sujet initial ? Combien s’interrogent réellement sur leurs actes ? Ils préfèrent que ces réflexions soient sur le plan personnel plus que sur le plan global. J’irais même plus loin : la foule se fout d’elle-même, elle se préoccupe de chaque élément pris séparément. J’ai, par exemple, abordé l’horreur de l’esclavage moderne. Combien se posent la question de la provenance des produits manufacturés ? « Tant que ce n’est pas cher… » Sous entendu, « je m’en fous ». Atroce ? Non. C’est de la soumission à la loi du marché, encore une facilité intellectuelle, au titre qu’ils laissent les grandes questions aux autres, ceux qu’ils élisent, ceux qui, en théorie, sont tenus de réfléchir à leur place.

Ceux qui piétinent sans vergogne sont ceux qui comprennent que trop bien le système. Sois fort, montre les crocs, tu seras nécessairement plus redoutable que l’agneau qui compte sur sa bonne étoile. On ne saurait trop croire à l’illustre stupidité du « Promotion à la qualité ». La promotion, elle s’obtient généralement soit parce que personne n’en veut, soit parce qu’on montre les dents pour l’obtenir. Dans l’absolu, l’ascension sociale se fera toujours au détriment de quelqu’un. Qui peut croire qu’une progression dans une entreprise puisse se faire sans prendre le poste d’un tiers ? Chacun est envieux de l’autre, ceci incitant chaque élément à se dépasser, et potentiellement à marcher sur l’autre. J’aime à dire que le travail n’est pas un lieu pour faire du copinage, mais que cela n’exclue pas pour autant d’avoir de bonnes relations. Je le revendique même : Il faut savoir mener sa barque, quitte à riposter en cas d’assaut. Les situations conflictuelles, contrairement à bien des idées reçues, mènent souvent les entreprises qui savent en jouer, à une amélioration de la productivité individuelle. Pourquoi ? Mettez vos équipes en compétition avec une carotte en bout de piste, et observez donc les serpillières ramper et récurer pour obtenir le fruit de leurs efforts. « Méritocratie » ? Pas du tout ! C’est juste une façon d’inciter les plus « forts » à manger du faible.

Je crois, au final, que nous sommes faits pour nous entredéchirer. Cela nous arrange d’avoir des barrières morales, car elles nous préservent personnellement, alors qu’on prétend les avoir pour protéger l’autre. L’audace est l’apanage des grands, notamment des bourreaux et autres dictateurs. Avoir le « courage » d’être au-delà des frontières morales et légales, c’est une sorte de défi, d’orgueil et de stimulation. Croyez-vous sincèrement qu’un politique puisse prendre un poste élevé, juste par haute estime de sa fonction ? Laissez moi rire. L’ambition fut et sera toujours un fabuleux moteur, aussi malsain que bénéfique. Quand des entreprises progressent à cause de la concurrence, c’est que ces sociétés veulent dominer le marché, et non le partager. Et l’Homme, à son échelle, fonctionne de la même manière. Espérons simplement qu’on saura, un jour, se servir de cette détermination pour quelque chose de plus constructif que des génocides, ou la conception d’armes bactériologiques…

22 octobre 2009

Mais j'allais oublier quelque chose... 99 jours

Si vous comprenez l'anglais, découvrez cette vidéo.

Eliot fut atteint de trisomie 18, et ne lui a donné que 99 jours de vie. Ses parents ont effectué un souvenir journalier par vidéo, pour ne pas oublier, pour ne pas perdre espoir.

Merci à eux de montrer que l'amour, aussi désespéré soit-il, est beau et courageux.

Qu'est-ce que la trisomie 18 sur Wikipedia

En complément d'hier

Voici la musique sur laquelle j'ai écrit l'article d'hier... Pas de véritable article ce soir, je n'ai pas eu le temps.

Donc, à demain!

21 octobre 2009

Anticipation et désastre écologique

Cela fait quelques temps que je n’ai pas usé de ma plume pour rédiger une nouvelle, d’autant plus que c’est un format acrobatique et dangereux. En effet, ne me relisant quasiment jamais avant publication, je suis toujours susceptible de me tromper dans la trame, ou d’en perdre le fil au fur et à mesure de la rédaction. Là, je ne sais pas trop pourquoi, j’ai envie de me relancer un peu dedans… Donc, bonne lecture !

Ce monde nous appartenait.

Nous l’avions traversé d’un pôle à l’autre, exploré jusqu’au moindre de ses secrets, cartographié tant et si bien qu’il n’y eut plus rien à découvrir. Nous y avons appris à vivre, grandir, respirer et aimer. Sous son ciel tantôt azur, tantôt grisonnant, nous y avons subi les colères de la nature et appréciés les miracles de la Vie. Ce monde, c’était le nôtre, nous le partagions tous, sous ce même soleil, ces mêmes nuages, parfois à l’ombre d’un chêne, parfois allongés sur du sable brûlant. Et ce monde, nous l’avons réduit à néant, lentement, inexorablement.

Nous savions. Nous avons fait mine d’ignorer les signes. Les yeux clos sur la réalité, nous ne nous sommes pas arrêtés dans notre course, lancés à toute vitesse vers le néant. Quel néant ? Nous nous moquions des conséquences, comme si elles seraient mieux gérées par notre descendance. Qu’ont faits les héritiers des précédents ? La même chose, les mêmes désastres, les mêmes échecs. Peu à peu, le ciel devint uniformément gris. Les gens firent leur parti de ce changement, et apprirent à vivre avec la pollution constante. On se mit à accepter sans difficulté le fait d’aller dans la rue avec un masque, on ne se rebella plus quand on décréta que les allergènes végétaux devenaient trop dangereux pour la santé publique. A force d’aseptiser notre vie, l’humanité devint plus sensible que jamais au monde extérieur. Asthme, toux persistante, problèmes cutanés, chaque chose se dût d’être stérilisée et contrôlée. Et personne n’en vint à se plaindre quand, lentement, de grandes forêts naturelles furent remplacées par des arbres génétiquement modifiés. Soi-disant moins nocifs, ces hybrides se révélèrent toxiques, rejetant toute biodiversité à travers une sève acide et nocive. De loin, la canopée verte prit de l’ampleur, en dessous, de grands déserts de pénombre sèche et hostile.

On se prit de goût pour l’écologie. Quelle écologie ? Nous remplaçâmes temporairement le pétrole par des biocarburants, ceci au prix de surfaces agricoles monstrueuses. La terre fut appauvrie et devint de fait aride et stérile. Ensuite, on se rabattit sur diverses technologies, depuis le solaire en passant par les nanomachines, jusqu’au retour incroyable à la traction animale dans les nations les plus pauvres. En vain. Les bouches à nourrir se multiplièrent, mais pas les ressources. La faim, les changements climatiques majeurs chassèrent des millions de personnes, créant ainsi les premiers réfugiés écologiques. Des conflits éclatèrent entre les pays, ceci pour décider du devenir de ces populations poussées au nomadisme par notre incurie à tous. D’escarmouches frontalières des guerres naquirent, allant jusqu’à user d’armes qu’on supposait disparues ou proscrites par la morale : gaz de combat, armes bactériologiques et même l’atome. Les zones autrefois fertiles et riches en eau devinrent alors inhabitables, irradiées pour des siècles. On parla alors d’apocalypse, mais il n’en était rien. Nous ne faisions que passer le premier des cercles de l’enfer.

De grandes entreprises se substituèrent aux gouvernements devenus impuissants. Le pouvoir des sciences et de l’argent prit le relais des pouvoirs politiques. Ils imposèrent le rationnement, la fermeture des frontières, ainsi que des marchés de dupes. Le tiers monde devint alors la norme, et les riches se réfugièrent dans des cités prison, bien à l’abri derrière du béton et des armes. La mort d’un humain ne menait plus à rien d’autre qu’à de l’indifférence. Les régions les plus dévastées virent le retour d’un fonctionnement tribal, de zones sans police ni loi où chacun pût décider du sort d’autrui à sa guise. Cependant, les plus puissants estimèrent qu’il n’y devait pas avoir de zone de non droit, leur droit à eux. Des armées privées se lancèrent à la chasse de ces nouveaux nomades, ces errants en quête de nourriture et d’un futur plus clément. L’éradication devint, elle aussi, une norme de combat. Les conventions internationales furent annulées, et la brutalité devint force de loi. Il n’y eut pas de prisonniers pendant ces conflits.

Les années passèrent. Les gens des villes prison devinrent de plus en plus méfiants, traitant les gouvernants avec circonspection et crainte. Lentement, la haine des opprimés prit le pas sur la soumission, et le terrorisme suicidaire apparût dans des pays où l’on aurait, quelques décennies auparavant, eut honte d’user de telles méthodes. Bombes humaines, sabotages, endoctrinement des masses laborieuses, tout fut utilisé pour lutter contre la dictature financière et paramilitaire des oligarchies. Nombre de villes autonomes s’effondrèrent et sombrèrent dans le chaos des violences urbaines et des pillages. Avoir une arme à feu devint aussi naturel qu’avoir un téléphone portable, et tuer pour sauver sa vie une obligation. Ces villes furent classées comme « jungle ». Certaines de ces cités devenues folles furent rasées. En une seule fois. En un dixième de seconde. Ce fut le troisième conflit mondial, celui de l’humanité contre l’humanité. Les pays ayant choisi de préserver un mode démocratique furent assaillis par les réfugiés, et durent s’adapter pour absorber ce surplus de population. De là, des pays se déclarèrent mutuellement la guerre, les uns à cause de la fuite de leurs habitants, les autres pour protéger les fuyards. En deux ans de conflit, le monde perdit 70% d’être humains, et 85% des terres émergées furent classées « impropre à la vie ». Impropre à la vie ? A toute forme de vie. Ces terres furent les nouveaux déserts. L’anéantissement total à ras du sol créa un phénomène étrange, celui des grands vents. Ces étendues étaient balayées par des vents dominants, levant des millions de tonnes de poussière allant obscurcir le ciel. Sans soleil, la photosynthèse diminua dans le monde entier, entraînant des famines sans précédent. L’hiver nucléaire, le cauchemar absolu. La population terrestre diminua à hauteur de moins de 500 millions.

Les communications mondiales avaient disparues, chaque pays choisissant l’autarcie pour survivre tant bien que mal. On usa et abusa des ressources maritimes, par espoir d’y trouver le salut. Temporairement, le monde des humains se crût non plus à terre mais à genoux. Seulement, en quête d’un toujours plus jamais assouvi, la pêche, la surexploitation côtière créa les mêmes phénomènes que sur les terres : épuisement, pénurie, et la faim. Les efforts démesurés de certains pouvaient être anéantis en quelques heures soit par les retombées de poussière, par les changements brusques de météo, ou encore par les pluies acides qui pouvaient tuer un homme en quelques minutes. Du masque contre la pollution, l’homme passa aux combinaisons étanches, même pour planter un pied de tomate.

On se réfugia sous terre, créant des termitières en attendant un hypothétique retour à la normale en surface. Nombre de scientifiques usèrent des derniers progrès pour tenter de reconstruire le monde tel qu’il fut, en vain. Il ne restait plus rien ou presque, si ce n’est de vastes cimetières de béton, cercueils gigantesques pour l’humanité vouée à disparaître. Certains exploraient le « en haut », croisant parfois un animal sauvage, ou un insecte, mais jamais plus de prairies, de forêts, ou encore d’étendues d’eaux salubres. L’homme avait tué la vie, aussi définitivement qu’il s’était condamné à l’errance éternelle. Un projet vit le jour, ceci après 75 ans de carnage ininterrompu. « Renaissance ». Que d’espoirs il portait ! Le monde entier s’était mis d’accord pour partager ses connaissances, et chacun donna un peu de son temps à l’accomplissement de cette tentative de la dernière chance. On préleva de l’ADN dans les herbiers, sur les animaux empaillés, sur les squelettes de musées sauvés des flammes, et, chaque jour, on programma des zones de réimplantation. Des milliers d’espèces, des millions de combinaisons, des milliards de cellules et de nanorobots se préparèrent à recoloniser une terre désertique. Certains objectèrent que nous n’avions pas à nous prendre pour Dieu. Nul n’écouta ce conseil.

Nous avons rejoint la surface. Deux décennies après renaissance, nous pûmes à nouveau respirer à l’air libre, nous croyant sauvés. On fêta avec ferveur ce miracle. Sauf que de miracle ce fut une autre forme d’horreur qui nous attendait, nous autres humains stupides et orgueilleux. Dans notre souci de recréer le monde, nous avons ajoutés une donnée dans la recréation biologique : celle d’auto préservation. Ce monde que nous avions massacré devint notre bourreau. Plantes non comestibles, insectes aux poisons mortels, poissons prêts à nous dévorer, nous étions les proies et plus les prédateurs. La nature se vengeait. On relança alors une modification massive du système, pour corriger cette ineptie.

Aujourd’hui, nous survivons. Lors de la première renaissance, la population mondiale fut réduite à moins de 150 millions d’habitants. En dessous, il y a encore des cités qui tentent de prospérer, vivant de soja et de céréales transgéniques. La viande n’y existe plus, on y fabrique des simulacres d’aliments à travers le conditionnement et les arômes reconstitués. Moi, j’arpente les ruines de cités aux noms qui me sont inconnus. J’y cherche des objets, des reliques et même des technologies qu’on aurait peut-être oubliées dans notre fuite. Nous sommes en Octobre 2109, il fait affreusement chaud. J’ai de la chance, la région a été revisitée par la dernière vague de reformation génétique, les animaux n’y sont pas trop hostiles.

Livret de bord de l’explorateur Matricule 184-AA-69874.

20 octobre 2009

Si Satan m’était conté

Après avoir donné la parole à Dieu, je me suis dit qu’il serait amusant d’écouter les griefs de son alter ego, celui qu’on nomme Satan, ce « monstre » qu’on accuse de tous les maux. Ecoutons le, laissons le exprimer ses sentiments, je pense qu’il y a matière à rire. (ou à pleurer, vu notre condition d’être humain aussi lâche que pathétique).

Depuis que le monde est monde, et que les hommes ont été mis sur terre, je suis là, tapi dans l’ombre, à observer ces parasites grouiller, croître et détruire de manière incontrôlée. On me reproche, et ce depuis toujours, d’être celui par qui le malheur arrive. Les tsunamis, c’est ma pomme, les désastres humains, les guerres, c’est encore moi. Pour tout vous dire, on m’a même foutu sur le dos l’arrivée du nazisme ou bien la catastrophe de Tchernobyl. Hé oh ! Faudrait voir à pas me rendre responsable de la bêtise humaine tout de même ! Les hommes sont des cons, c’est l’autre là, le propre sur lui, qui a tout fait ! S’il m’avait écouté au moment de la conception, il n’aurait sûrement pas filé le libre arbitre à des abrutis infoutus de communiquer et de s’entendre correctement.

Vous me trouvez malhonnête quand j’affirme ne pas être responsable ? Et la tour de Babel ? C’est ma gueule qui l’a réduite en poussière ? C’est à moi qu’on doit les langues peut-être ? Non ! C’est à ces prétentieux d’humains qui voulaient défier les dieux en bâtissant une tour à la hauteur de leur orgueil démesuré. Et il a fait quoi le patron ? Il a l’a foutue en l’air, déchiré l’humanité entre des centaines de langues, patois et autres dialectes à la con, au lieu de leur faire subir un châtiment, tout en les soumettant à Sa volonté. Et c’est moi le cynique alors ? Avec Babel, l’Homme s’est pris deux milles piges dans la vue, et encore, je compte un peu juste là.

Et qu’on accuse des gens d’être mes larbins, les suppôts de Satan en personne ! Ouais ! Alors l’inquisition, c’était donc des chasseurs des monstres cachés dans des âmes humaines ? Tas de faux culs ! L’inquisition, ça a été la méthode spartiate, c'est-à-dire on sanctionne, on fait peur, et on discute ensuite. Et moi là dedans ? A part quelques ahuris qui vouent un culte ridicule au satanisme, et quelques paumés au milieu de la jungle équatoriale qui déifient les actes de n’importe quoi, il n’y a pas de main de Satan sur le monde. Je dirais même plus : je suis le bouc émissaire idéal ! Ben oui, un déchu, un type qui a son royaume en enfer, il ne peut être que mauvais et malsain, n’est ce pas ?

De qui se moque-t-on ? Satan, moi en l’occurrence, a pour rôle de servir de catalyseur des peurs. Un fantôme ? Une œuvre de Satan. Un démon ? Forcément un larbin du grand Satan. Vous me faites suer à me foutre sur le paletot toutes les merdes sorties de votre imagination sordide. Les Hommes vivent sous leur propre dictat des idées, et ce depuis qu’ils savent un tant soit peu aller au-delà de la cueillette. Foutus humains : ils ont créés plein d’idées pour s’entraver, s’entretuer, et après ils affirment, sans sourciller, que c’est un acte du démon. Plutôt qu’assumer, les voilà à me blâmer, brûler mon effigie, et à créer des histoires pour faire peur aux gosses. D’ailleurs, pourquoi m’avoir fait rouge, avec des cornes et des sabots ? Et pourquoi l’autre, là, il n’a pas de représentation ? Ah si, le pistonné, le fiston qui revient d’entre les morts. C’est pas du favoritisme ça ? Et moi, si j’ai la mauvaise idée de faire revivre quelqu’un de méritant, on me dira qu’il est démoniaque de rendre la vie. Allez … ah non merde, aller au diable, c’est aller chez moi, et je ne veux pas de ces cons là !

L’enfer, c’est le cachot, le truc pratique pour que les rues du Paradis restent propres et saines. Enfin, propres et saines, ça reste à voir : Parce que Disney n’était pas raciste ? Parce que nombre de grands auteurs n’étaient pas des toxicomanes notoires, ou des brutes avec leur famille ? Ne me faites pas marrer, le paradis, on n’y veut pas des vedettes, des gênants. Les bourreaux, les « monstres à face humaine », ceux là, on me les laisse. Alors oui, effectivement, j’ai un chouette zoo, mais désolé, la conversation d’un psychopathe n’a rien de réjouissant. Tout au plus, j’arrive parfois à entretenir quelque intérêt pour certains génies du mal, non pour le mal lui-même, mais avant tout pour le génie qui a été mis au service de leur cause. Soyez honnêtes, vous autres historiens et autres analystes, n’auriez vous pas voulu pouvoir discuter avec Néron, Alexandre ou encore Napoléon pour mieux les comprendre ? Si ? Alors pourquoi si, moi, je le dis, oui pourquoi suis-je alors taxé d’être malfaisant ?

J’ai des idées qu’on dit déviantes, je suis si cynique que la Mort est devenue une amie de longue date, et mon bestiaire n’a rien de très agréable à l’œil. Mais eux, au moins, ont l’honnêteté de leurs travers, ce n’est pas comme ces faux culs d’anges qui, sous couvert de moralité, vous assènent des vérités de merde. Non ! L’Homme qui est dit malsain aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Tenez, prenez l’homosexualité. L’autre con et sa clique de curetons, ils disaient qu’être pédé était une tare qui méritait la mort. « Condamné à mort pour sodomie », c’est pas de moi ça ! Hé bien, aujourd’hui, c’est dans les mœurs. Alors merci de ne pas me rendre responsable de VOS conneries ! Et puis il faut dire un truc assez tût jusqu’à présent : les âmes vraiment pourries, je ne les garde pas, je les file à mon clébard, le fameux Cerbère. Lui, il aime casser la croûte avec la pourriture de l’âme. Il la bouffe comme les vôtres graillent du Canigou puant, il s’en délecte, et accessoirement m’en déleste une fois pour toute. Le seul amusement que j’y trouve, c’est d’inciter les plus imbéciles à tenter l’évasion des enfers qui, somme toute, est impossible. Quand Orphée ou bien Hercule s’en sont tirés, vous croyez sincèrement qu’ils ont gagnés ? J’ai laissé faire… c’est tellement plus rassurant pour la plèbe que les enfers puissent être vaincus !

Et puis merde, encore un wagon de connards, un de ces tas de débiles qui pensent que le monde leur appartient. Hé, Cerbère ! Au pied ! Y a du Brésilien des favelas au dîner !
Dieu et ses pensées intimes, par moi-même...

Sensibilité numérique

Je n’ai guère d’attrait pour la folie qui s’empare souvent des amateurs de technologies. A les écouter, on pourrait croire que chaque nouveau produit qui sort est une petite révolution, or il me semble que bien des choses sont encore à l’âge de pierre. Ainsi, nos voitures ne volent toujours pas, brûlent de l’énergie fossile, nous lisons encore des livres au format papier (comme depuis bien des siècles), ou encore nous utilisons le téléphone comme nos arrières grands parents. Quoi qu’il en soit, je ne suis donc pas épaté ni en extase face à ces développements certes impressionnants, mais pas pour autant révolutionnaires. Pourtant, ce week-end, je suis resté coi, silencieux et ému grâce à la technologie…

Je ne suis pas technophobe, loin de là même puisque je communique avec vous à travers le réseau. Ce qui me dérange plus, c’est le côté invasif des technologies : Face de bouc et l’obsession exhibitionniste qui en découle, le mobile et sa géo localisation, ou encore les caméras qui suivent et épient le moindre de nos pas. Là, pour une fois, l’électronique de pointe et l’informatique nous offrent des miracles émouvants. J’ai pu voir, en effet, l’écographie en trois dimensions de ma future nièce. Milana, de son prénom, était là, apparaissant sous le scanner électronique du gynécologue. C’est épatant, incroyable, de la voir tirer la langue, bouger ses mains, et de se dire que cet être va rejoindre le monde d’ici quelques semaines. Je serai donc tonton pour le nouvel an, ou guère peu de temps après, et j’ai pu la voir, dans ce cocon, grandir et préparer son futur d’humain comme les autres.

C’est incroyable : nous dépensons des fortunes en pures pertes, tout cela pour cautionner notre paranoïa. L’ennemi, quel qu’il soit, se doit d’être surveillé, traqué et écouté, alors que là, sous notre nez, nous avons des besoins et des progrès qui seraient tout aussi utiles, si ce n’est plus. Quoi de plus utile qu’une écographie pour anticiper des problèmes de grossesse, des analyses pointues et rapides pour soigner rapidement des maladies, ou encore des dispositifs permettant une imagerie intégrale et détecter efficacement d’éventuels cancers ? Sous sommes à l’ère de l’électronique embarquée en voiture, et à l’âge de pierre chez les médecins : palpations, observations, écoute stéthoscopique, n’est-ce pas un drame que nos médecins ne soient pas équipés de nos innovations ? Le diagnostic est la première étape pour identifier le bon traitement, et pourtant l’on réserve les budgets à l’étude du missile intelligent, au lieu de le consacrer à la mise au point d’appareils IRM moins encombrants et moins coûteux à construire.

Le monde se divisera de plus en plus en deux catégories : ceux qui peuvent se soigner, et les autres. L’accès aux soins est, même dans les nations riches, un vrai problème de santé publique. Entre celui qui peut s’offrir les meilleurs traitements, qui peut accéder aux appareils modernes d’imagerie médicale, et les autres, il y a un fossé qui ne cesse de se creuser. Trop de personnes comptaient sur la sécurité sociale pour financer, et dorénavant nous comptons sur les mutuelles privées pour pallier au naufrage du système. Est-ce donc là où nous devons aller ? Une santé à deux vitesses ? Le fait que les USA veuillent se doter d’un système de santé public n’est pas une décision anodine, c’est qu’elle répond à un vrai besoin d’encadrement de la santé par l’état. Je crois que l’innovation doit malheureusement passer par l’état de manière à nous éviter de devenir prisonniers des grands laboratoires ou des réseaux de santé privés. Je crains que la santé ne devienne rien de plus qu’une sorte de système de franchises, à l’instar des chaînes de restaurants par exemple.

Les progrès techniques sont nombreux, mais tous deviennent des propriétés intellectuelles, ceci afin de protéger les investissements initiaux. Je comprends que l’on puisse espérer gagner de l’argent après en avoir investi, mais est-ce que la préservation de la vie humaine ne mériterait pas que l’on crée un concept de « licence pour le bien de l’humanité » ? L’humanité se doit de profiter, à bas coût, des améliorations de la science. La recherche ne doit en aucun cas profiter qu’à une portion congrue de la population, et faire envie à la majorité. La plupart des médicaments efficaces ont pris des années de conception, mais peuvent être produits en masse pour que quelques centimes, or les laboratoires maintiennent des tarifs intolérables. Ainsi, nous excluons l’Afrique des méthodes de trithérapies contre le SIDA, nous les empêchons d’acheter des médicaments pourtant éprouvés contre le paludisme, et nous maintenons des situations sanitaires honteuses partout dans le monde.

Milana, des mouvements de bras et tes yeux clos m’ont ému. J’ai vu la vie, celle à venir, celle qui existe déjà dans cette ambiguïté qu’est la matrice. Quand es tu née ? Le jour où tu sortira de ta mère, ou bien le jour où la magie des cellules s’est décidée à de fabriquer ? La philosophie a sa place sur cet écran qui affiche tes petits pieds, qui dessine ton relief, et qui décrit les courbes de ta tête. Ma jolie nièce, à bientôt, j’espère que toi, contrairement à trop de gens aujourd’hui, tu pourras profiter du monde, et que tu auras un sourire amusé de cette vue du passé en te disant « Aujourd’hui, c’est fini : nous vivons heureux, en paix, et en harmonie ».

Grosses bises Milana !

16 octobre 2009

Certains le font mieux que moi.

Voici un orateur fabuleux, et qui plus est très didactique que ce qu'est l'Internet et ses enjeux. HADOPI vous semble obscur? Vous avez du mal à appréhender l'avenir des libertés fondamentales sur le réseau?

Ecoutez le, et méditez.

Comme la source le précise, par avance désolé pour le son qui semble avoir subi de très mauvais traitements...

En tout cas, allez voir ce lien!
Qui veut contrôler Internet?

15 octobre 2009

Sans débat et sans dialogue

C’est tout de même grave que de constater, au quotidien, que nombre d’associations prônent « le dialogue et la concertation », alors qu’elles arborent une arrogance interdisant toute discussion. Ces derniers temps, c’est la religion qui est mise en avant, notamment avec le problème de la burqa. Vous ne savez pas ce que c’est ? Mais si, vous l’avez tous vue, cette tenue prison pour les femmes, ce machin supposer préserver la femme de la vue lubrique des hommes ! Hé bien, depuis que nombre de politiques envisagent une interdiction pure et simple, d’autres pensent tout simplement à ne pas s’en mêler, puisque la religion est du domaine privé.

Tout d’abord, posons la question fondamentale : est-ce à l’état d’agir contre une foi ? Concrètement, la question divise car, dans une nation laïque, la foi n’est pas soumise à la législation, à condition que celle-ci ne provoque pas d’atteinte à la dignité ou aux libertés fondamentales de la personne. Typiquement, on peut être juif, catholique, musulman, ce qu’on veut en fait, tant que cela ne représente pas une menace. Mais la burqa, est-elle une menace ? C’est oublier que les traditions et la pression familiale et communautaire sont quelque chose d’ancrés dans toutes les religions, d’autant plus quand il s’agit de signes d’appartenances forts. La kippa ou bien le tchador, ce sont des symboles plus que des véritables provocations. De ce fait, difficile de blâmer celles qui acceptent (bon gré mal gré) le port de la burqa.

Là où cela se complique, c’est que cette pression se matérialise également par des violences verbales, voire physiques, avec des drames comme des homicides entre frère et sœur. Notons que cela n’est pas inhérent à une foi déterminée, ce genre de problématique est générale à l’humanité toute entière. « Tu n’es pas catholique ? Ah si, mais tu ne vas pas à l’église ? Alors tu es un banni ! ». Cela vous semble être caricatural ? Pas le moins du monde, d’autant plus dans les pays émergents et dans les régions très pauvres du monde. L’église, la mosquée ou la synagogue sont des lieux de rassemblement autant que des lieux de culte, et c’est là une ambiguïté complexe à gérer.

La burqa symbolise tout l’avilissement de la condition féminine par la religion. Moi qui ne suis pas du tout misogyne (sauf avec les connes bien entendu), j’ai du mal à tolérer ce genre de reliquat du passé. Pourtant, rien ne nous prouve que celles qui portent la burqa en France soient maltraitées ou violentées pour le faire. La tradition millénaire est bien plus efficace que n’importe quelle menace. Pourtant, cela représente aussi le retour à des pratiques plus fondamentales de l’Islam, pratiques derrière lesquelles se cachent souvent des groupuscules douteux, voire pro terroristes. Alors, laisser en l’état la situation, ou bien l’état doit s’en soucier ? Encore une fois, quelque soit sa décision, celle- ci sera forcément critiquée.

Je disais que les organisations sont de mauvaise foi, et je pèse mes mots. Le conseil du culte musulman a beau jeu de parler de minorité (ce qui est vrai), et qu’elle n’a pas tous les pouvoirs (ce qui est aussi vrai), mais prend-elle la mesure de son inaction ? C’est tout d’abord à eux de rappeler quelques fondamentaux sur le respect de la dignité humaine. Une prison, qu’elle soit de tissu ou de pierre reste une prison, et c’est à cette organisation d’agir en amont pour que ce fondamentalisme dangereux ne devienne pas une norme dans leur foi.

Pensez-vous que ce soit une fronde de ma part concernant l’Islam ? C’est une colère à généraliser à tous les tenants de la foi qui, sous couvert de respect de l’étiquette et des dogmes, font de la vie de leurs croyants une véritable thématique guerrière. Je ne tolère pas plus la femme en burqa que je tolère le comportement irrespectueux de certaines communautés juives qui, d’un côté, instrumentalisent la shoah, et de l’autre parlent en yddish pour que vous ne compreniez pas, et agissent comme si vous n’existiez pas. C’est insultant, et une preuve de non assimilation de ces populations. Et j’étends ça à toute religion se croyant supérieure à une autre, à toute personne se supposant intouchable car agissant au nom d’une religion.

Les gens se demandent encore pourquoi l’intolérance prend de l’avance… Mais en agissant de la sorte, cela ne peut que stigmatiser l’opinion publique contre ces religions, provoquer le rejet des instances supposées dialoguer, et pardessus le marché rendre leur discours parfaitement mensonger. Je ne prête que peu de confiance à ces autorités qui se servent de faits divers, d’évènements mondiaux ou encore d’actes politiques pour faire leur propre promotion. La violence au moyen orient, la résurgence du néo nazisme en Europe, ou encore les violences tribales sont, dans tous les cas, les symptômes d’une radicalisation des discours religieux. L’état doit donc prendre la mesure de ses actes, et le laissé faire n’est pas une politique acceptable. Mais que faire ? Interdire ? Le droit de culte, encore une fois, est un mur très solide contre lequel peu de gouvernants oseront se heurter. A mon sens, il faudra avoir un courage politique suffisant pour affronter les tempêtes à venir. Quitte à affronter même les plus militants dans la rue ou dans les tribunaux. Si l’état se laisse faire, nous légitimerons tous les travers des différentes communautés, et la France continuera à subir ce brouhaha informe mêlant la voix de ceux qui prônent la paix et le dialogue, et les cris de ceux qui cherchent l’affrontement définitif. Je pose donc la question à chacun : Où sont les limites du dialogue, avant l’usage de la matraque ?

14 octobre 2009

Les miracles du quotidien

Etes-vous joueurs ? Pour celles et ceux qui considèrent le jeu comme une activité improductive et même mauvaise pour les neurones, je vous suggère d’aller voir ailleurs et de ne pas lire la suite. Ce serait en effet dommage que je gâche ma salive et ma plume à tenter de vous convaincre de participer à une activité ludique.

Vous êtes toujours là ? Fort bien. Alors faisons un jeu de rôle : imaginez vous comme étant une personne née au 17 ème siècle, d’âge moyen et de situation sociale à votre convenance. Voilà. Vous êtes donc là, vêtu comme à l’époque, avec les connaissances scientifiques et sociales en cohérence. Prêts ? Vous avez ces sabots de bois taillés dans la masse, la défroque du bourgeois, ou celle du paysan ? Qu’importe, nous allons nous servir de celui que vous êtes, et vous placer dans une autre situation. Accrochez vous, être quelqu’un du 17 ème siècle va vous changer la façon de voir notre monde ! Alors, lisez donc le discours que vous tiendriez face à une personne moderne… en voici un aperçu.

« Voler ? Qu’est-ce donc que cette idée saugrenue ? Il y a bien ces illuminés de Montgolfier qui ont fait une démonstration à la cour du Roy, mais de là à croire que nous soyons destinés à voler, tels des oiseaux que le Seigneur a créé… C’est impossible ! C’est même hérétique que de croire que Dieu va tolérer que nous le défiions. Que le Ciel soit clément avec les fous désirant s’approcher du soleil et risquer leur vie en vain. D’autant que je ne vois pas l’intérêt de voler mon bon ami, mes deux pieds ou mon cheval me suffisent à me déplacer. N’avons-nous pas un service de relais des plus efficaces ?

Quoi ? De la lumière en bouteille de verre ? Qui illuminerait les rues sans flamme ? Des arbres de fer aux fruits lumineux ? Invention de Satan ! Il n’y a point de lumière sans flamme, il n’y a point de flamme sans air, et donc votre idée que de la lumière puisse se créer dans le « vide », le néant, c’est tout bonnement possible que par l’entrefaite de la sorcellerie. Ne seriez vous pas aux ordres du Malin par hasard ? Qu’on enferme ce malade, il croit en une lumière autre que Divine, et que, Dieu le pardonne, la lumière peut apparaître dans des bouteilles. Docteur, soignez ce pauvre hère, il a grand besoin de vos services.

Des voitures sans chevaux, mais voyons, une voiture ne peut pas bouger sans cheval ou bœuf. Il est tout bonnement impossible d’avoir un moyen de transport sans traction animale, et, soit dit en passant, le cheval a bien du mérite de supporter sa charge et sa pénible existence pour notre profit. Ah, mais vous prétendez au surplus que votre voiture saurait aller à des vitesses impossibles ? Qu’elle irait si vite que le cheval ne saurait ni la suivre ni tenir les mêmes distances ? Je vous croyais simplement fou, là, je vous crois possédé ! Monseigneur, exorcisez cette âme en perdition !

Et quoi encore ? Vous dites que ce monde moderne peut communiquer d’un bout à l’autre du monde, que vous déclarez rond d’ailleurs, et ce sans avoir à se voir ? Par des ficelles ? Comment diable comptez-vous faire pour que deux personnes se voient sans se voir ? Des… caméras ? Qu’est-ce donc ? Je ne comprends pas du tout le sens de votre explication. Alors, si je vous suis, d’un côté une personne aurait une plaque de verre sur laquelle on verrait l’autre, et réciproquement, et, grâce à votre « caméra », les gens peuvent donc se voir. Mais bien sûr, donc, un miroir pourrait montrer autre chose que mon visage… Qu’avez-vous bu dernièrement ? Et vous ajoutez que la voix peut en faire autant ? Déjà qu’on ne s’entend plus à quelques acres de là, alors à des distances telles qu’une ville à une autre, laissez moi en rire plutôt que vous blâmer pour vos propos incohérents…

Là, vous dépassez les bornes ! D’autres sont allés au bûcher pour moins que cela ! Des hommes sur notre lune ! Sur une création de Dieu ! Vos mots deviennent insultants pour ma Foi Monsieur, et je ne saurais en tolérer plus ! L’homme ne peut dignement pas prétendre aller ni même marcher sur la lune, car la lune n’est pas une chose tangible. C’est une lumière divine, un astre miraculeux, et ce n’est point quelques ouailles prétentieuses qui pourront la défier aussi facilement. Icare lui-même s’est vu perdre ses ailes pour défi moins prétentieux…

Allons allons, soignez vous, et oubliez ces chimères. Demandez une saignée, elle vous sera profitable, j’en suis convaincu ! »

Amusant, non ?

13 octobre 2009

Hé, vous là !

Ne vous est-il jamais arrivé d’être apostrophé ainsi, que ce soit dans la rue ou bien dans un centre commercial ? N’avez-vous pas ressenti l’agression verbale de la part d’une personne inconnue, et par conséquent particulièrement inopportune ? Le comble de l’impolitesse est de s’imposer aux autres, et ces chers camelots ont un don incroyable : celui de m’insupporter au bout de trois phrases. Ah, ces vendeurs de rêve, ces pourfendeurs des prix trop chers qui tentent, par tous les moyens, de vous caser leurs saletés !

Non que je sois contre les méthodes commerciales agressives, c’est juste que je les trouve généralement très mal amenées, et surtout globalement malhonnêtes. D’ailleurs, eu égard à mes opinions politiques, on pourrait même dire que ma perception de l’humanité m’inciterait à imposer un gouvernement au moins par les baïonnettes, au mieux à l’aide de la propagande. Alors quoi ? Qu’on vous dicte une façon de penser est une chose, et l’éducation des masses fait partie intégrante de l’art de diriger un état, mais les commerçants, eux, s’y prennent comme des manches ! Les exemples sont légions, alors regardons en quelques uns qui sont tout bonnement caricaturaux.

Prenons le vendeur de cuir. Celui-là, je le mets au panthéon des emmerdeurs, au firmament du baratin de quatre sous. Rien que de le voir sortir de sa boutique, gourmette arrogante au poignet, chemise défaite et chaîne en or autour du cou grasseyant, et je vois déjà le personnage tenter de me refiler ses pelures à prix d’or. « Un acheté, un offert ! » Ah ouais ? Donc, si je saisis bien le truc, le prix d’un seul couvre le prix des deux. En conséquence, on peut donc dire, en toute logique, qu’on peut encore négocier sur le prix unitaire du blouson, non ? Là, le drame : on ne négocie pas ! Le vendeur, offusqué, va se plaindre de sa marge, et de ses charges, et de dieu sait quoi encore. Tiens, alors : Pour un prix donné tu peux m’en filer deux (donc un supposément gratuit), mais un seul un peu moins cher, ça, tu ne sais pas faire. Et on entre dans le marchandage abscons, le truc insupportable où le baratin doit faire mouche. Un tuyau : s’il vous annonce un prix pour deux produits, annoncez un prix unitaire au minimum égal à la moitié de cette valeur, et partez de ce montant pour négocier. Débile, chiant, et au final cela ne garantit en rien la qualité du ou des blousons achetés. Messieurs les caricatures, merci de m’épargner votre tchatche !

Un autre type d’alpague dans la rue me gonfle prodigieusement : les vendeurs de services. Ceux là, ils seraient prêts à tout pour vous vendre un forfait mobile pour le Maghreb (où, évidemment, vous ne connaissez personne), un abonnement à la télévision par satellite alors que vous avez le câble ou la télévision par l’ADSL, et, fin du fin, le vendeur à la sauvette d’assurances diverses et variées. Hé, dites, si je veux ces services, je sais où aller, et certainement pas en pleine rue. Et le plus pénible, c’est le discours au mieux incomplet, au pire totalement faux. N’hésitez jamais à les emmerder à votre tour : demandez du détail ! Sortez la calculette, faites jouer les chiffres pour démontrer à votre escroc en puissance que vous avez mieux pour moins cher ailleurs. Généralement, on vous laissera partir avec un rictus agacé digne d’un mauvais polar.

Aujourd’hui que la communication est reine, nombre de sociétés se sont spécialisées dans le rabattage par téléphone, voire par Internet. Ah, ces gens qui se font passer pour des sociétés de sondage, voire même des administrations, tout ça pour vous refiler des choses dont vous n’avez que faire ! Là encore, soyez pourris : s’ils se disent d’une administration, prétendez vouloir valider votre numéro d’adhérent… Et là généralement, ça finit en « biiip, biiip ». Ajoutez un soupçon de mauvaise foi, en répondant des idioties au sondage. « Etes vous marié ? », répondez, « Non, je suis veuf (veuve) depuis quatre jour ». Grand moment de solitude pour le démarcheur. « Avez-vous des animaux ? », relancez « Non, je suis allergique ». Et ainsi de suite.

Maintenant que les immeubles sont devenus des bunkers à paranoïaques grâce à l’avènement du digicode, les démarcheurs en porte à porte sont de moins en moins nombreux. Dieu merci, ils ne sont plus à tenter de caser leur sempiternelle encyclopédie, l’aspirateur qui aspire tout sauf la poussière, ou encore les produits d’entretien qui ne se lessivent que votre pécule. Les nouveaux démarcheurs passent par votre messagerie électronique, la pourrissent de prospectus et d’offres mal traduites, et espèrent ainsi appâter quelques pigeons. Vous aimez jouer ? Répondez, demandez leur une fiche technique, et faites les tourner en bourrique. Ils n’aiment pas perdre leur temps… Mais vous avez du temps à tuer, non ? C’est un juste retour des choses : « Œil pour œil ».

Oui je sais, je suis un sale con. Et alors ?

12 octobre 2009

Un chanteur engagé... et honnête

Attention, je sais que je ne vais pas me faire d'amis dans certaines communautés... Mais l'on ne pourra pas me taxer de racisme, alors écoutez précisément les paroles de cette chanson.

Merci Alpha Blondy, merci pour ton talent et ta plume.

Esclavage moderne

Il a souvent été dit tout et n’importe quoi sur l’esclavage, notamment une chose essentielle : bien que nombre de personnes soient convaincues du contraire, il existe toujours de par le monde, et ce même dans nos sociétés modernes. Hélas oui : l’esclavage, bien qu’interdit, est encore une source inépuisable de main d’œuvre avilie et peu chère (voire gratuite), et ce sous notre nez à tous. Notre bonne conscience, et surtout notre capacité à croire que, parce que nous sommes salariés ou entrepreneurs, ce genre de traitement inhumain n’existe pas en France est malheureusement efficace pour occulter bien des situations honteuses et indignes.

L’esclave, ce n’est pas nécessairement celui qui est attaché à un poteau, ou celui qui ramasse des années durant du coton dans des champs. Aujourd’hui, la canne à sucre est remplacée par des machines à coudre, des usines où de petites mains sont indispensables pour que nous, clients riches des nations émergentes, puissions avoir des produits manufacturés à bas prix. La vérité est une équation toute simple : vu que le coût de la matière première est mondialisé, il est donc uniforme partout. Alors, pour réduire le prix de revient, la solution la plus radicale et la plus simple est de pressurer les coûts de main d’œuvre, donc les ouvriers. C’est le bonheur des multinationales qui se moquent ouvertement du droit des enfants, de l’esclavage à la machine, et où la notion d’humanité est tout juste traitée à la même hauteur que la notion de respect pour un engrenage de l’usine.

La lucidité voudrait que l’on comprenne que nos chaussures à quelques Euros, nos vêtements à peine plus chers, ou ces bidules électroniques vendus à prix d’or mais ne contenant pratiquement rien proviennent toujours de ces mêmes pays. Pourquoi ? Parce que là-bas nul ne conteste qu’un gosse de 12 ans est un excellent ouvrier, qu’une mère doit, pour survivre, cumuler deux voire trois emplois, et que les usines ont tout pouvoir sur les communautés présentes autour. Plus d’usine ? Cela revient alors à condamner à mort des milliers de personnes. Alors on exploite, on avilit, on emprisonne même ceux qui sont réfractaires au travail obligatoire.

Il a été constaté de par le monde que nombre de grandes firmes disposent à leur guise des populations locales. De peur de perdre cette manne d’emplois, les autorités ferment les yeux sur des exactions comme l’absence de sécurité, les horaires déments, ainsi que sur des salaires scandaleux. N’est-ce pas là de l’esclavage ? La machine dicte la vie, elle donne la pitance et se moque de votre survie si vous n’êtes plus capable de produire. Derrière les logos Made In China, ou Made in France peuvent se cacher des broyeurs à vies humaines ! En France ? Vous ne le croyez pas possible ? Chaque année, des dizaines d’ateliers clandestins sont fermés, et les immigrants clandestins employés dedans renvoyés chez eux… Si chez eux il y a. Le procédé de ces monstres est terriblement simple : faites payer le voyage à des gens désespérés, puis saisissez leurs documents que vous négocierez contre un travail. La durée de cette « tâche » sera variable, mais globalement affreusement lucrative. Quelques mois de boulot et la personne sera alors libérée, mais toujours aussi clandestine sur le territoire Français. Et tout cela, sous notre nez.

Les conditions de vie de l’esclave moderne sont encore plus effroyables que de par le passé. Maltraitance, malnutrition, collusion des services de Police quand ils sont tenus au silence de par le statut de diplomate des bourreaux, le système leur offre un pouvoir sans précédent. Ils peuvent, dans une démocratie, créer de véritables centres où la torture et la barbarie règnent. Nombre de diplomates furent accusés de maltraitance contre leur personnel de maison, mais, à cette heure, très rares furent ceux sanctionnés ou même simplement rapatriés dans leur nation. Que penser de cela ? L’abolition de l’esclavage n’est pas récente, plusieurs générations sont passées depuis l’instauration d’un droit de l’Homme, or nous continuons à nous gaver, nous, peuples riches, sur le dos de ces esclaves attachés non plus à la terre mais aux usines.

S’il fallait croire en une utopie, ou une bonne raison de faire une révolution, ce gamin de 10 ans, mineur au Venezuela serait à mon sens un symbole suffisant. On a également créé l’horreur « grâce » à l’Europe et à la mondialisation : d’un côté des filières pour l’esclavage sexuel de femmes immigrées à travers la prostitution et la drogue, et de l’autre le tourisme sexuel amenant des gens à se rendre dans un pays pour s’offrir des « plaisirs » interdits. Barbarie que de fermer les yeux, honte aux nations riches de ne pas sanctionner avec sévérité ses ressortissants. J’ai honte de me dire que nous cautionnons tant par notre consumérisme que par notre silence de telles horreurs. Espérons que nous saurons faire disparaître, un jour, ces comportements intolérables. Peut-être que la peur du poteau ou de la potence…

09 octobre 2009

Urbanisme et artistes

« L’art, cette expression du cœur, ce phénomène de création interne qui… » Bon ta gueule le pédant, les gens s’en cognent de savoir le trajet synaptique des idées, ils veulent que la création existe, et qu’elle apporte quelque chose. Là, tu nous fais le cinoche du prétentieux qui s’y connaît, moi je réponds « La ferme ! ». Faudrait voir à pas m’écraser les arpions, ça me les brise cette habitude de nous prendre de haut, nous, les nanars pas assez cultivés pour paner ces « trucs ».

Ils me font marrer, là, tous, à mettre en avant leur ville comme étant un symbole artistique ! Et que je te colle une fontaine sur une place, et que je t’en fous pour trois tonnes de bidules en béton supposés être des statues, et que je te prends tout ça en exemple culturel. Tiens, je ne savais pas que fournir une bétonneuse, un coffrage et quelques tires fonds étaient de l’art, parce que sinon j’aurais dit à feu notre ami et ouvrier maçon « T’es un artiste Pierrot ! Tu vas être à Beaubourg ! Ouais, sans déconner, ils mettent les murs en parpaings en galerie ! ». Il y a quelqu’un qui y croit, à cet art urbain ? Pour ma part, je vois surtout un gros tas de couleurs façon « gosse de cinq ans qui découvre la boîte à Crayola », plus qu’une œuvre expriment (je cite en rigolant) « l’élévation spirituelle de l’âme au-dessus de l’inconsistance des liens humains en zone périurbaine ».

Et puis ils ne plaisantent pas les gus quand ils vous foutent ça sous le nez ! C’est dans le démesuré, le grotesque, gigantesque pardon (lapsus révélateur ? Sans doute), et ça passe à la téloche avec orgueil. Tout ça parce que l’état subventionne et paie des artistes pour vous pourrir la vie urbaine. Merde ! Une fontaine, ce n’est pas un empilement de blocs gris dans lequel stagne l’eau, et où l’artiste refuse mordicus tout nettoyage. Ah oui, important ça : l’artiste est propriétaire, et libre à lui de refuser tout entretien, même salutaire et sanitaire ! Alors, le maire, emmerdé, se retrouve avec une fontaine sans eau (pour éviter les algues), donc une esplanade couleur boue et varech en décomposition, avec l’odorama en prime pour les riverains. Moi ? Bulldozer, ou deux torgnoles à Monsieur l’artiste… Au choix, ou les deux. Plutôt les deux d’ailleurs.

L’art, ce n’est pas se foutre du monde en mettant ses excréments en conserve, ou encore fourguer un bout de tissu blanc en parlant de dépouillement extrême de l’œuvre. Pourquoi faut-il que ces cons innovent ? Quand je dis innove, je devrais plutôt dire pourrissent ! Plus ça va, pire c’est. Des sphères noires posées là au pif, des amoncellements de ferrailles boulonnées et soudées, et hop une sculpture. Pour la rime ? Torture oui. Assassin visuel, criminel multirécidiviste, vos masturbations intellectuelles démolissent le paysage, sont dégradées tant par la vindicte populaire, l’urbanisme anarchique des jeunes taggers, et par les éléments qui aiment à faire couler les oxydes de vos horreurs. Et on se plaint ensuite que la terre est polluée. Dites, vous ne pourriez pas nous faire des parcs avec des buissons taillés ? Au pire, on vire l’arbre et on replante, ou on retaille les branches. Ecologiquement acceptable, non ?

Et je n’ose même pas penser à ce qu’ils feraient, ces guignols du pinceau et de la clé de 12. Donnez leur une façade, ils en feront un repoussoir dignes d’une bavure policière à Bucarest. Et pourtant les palettes naïves du douanier Rousseau, les coloris frais de Van Gogh, pourquoi ne pas les reproduire ? Ca donnerait vie au béton, ça assainirait énormément d’immeubles en les rendant plus attrayants, et ça offrirait une réflexion éducative. Meuh non, c’est tellement plus chouette de te foutre un sac plastoc sur Notre Dame ou le pont Neuf ! Quoi ? Emballer un monument, c’est de l’art ? Rhaaaaa ! Alors les clandestins de l’esplanade sont des artistes accomplis : ils t’emballent une tour Eiffel 100% Made in China en dix secondes, et remballent la camelote en moins de trente quand les hirondelles débarquent ! Là ce n’est plus de l’art, c’est du record du monde en live les enfants !

Et puis, un de ces quatre, on aura un président novateur, un tordu amateur des arts qui donnera « carte blanche » à un hurluberlu quelconque et obscur. Vivement le jour où ils dévoileront l’Elysée repeint façon hippie 70’s ! J’aurai alors l’occasion de me marrer, puis de chialer en pensant à mes impôts collés sur les pierres de ce monument. Criera-t-on « Ah ça ira, ça ira, ça ira ! Les artistes à la con à la lanterne ! Ah, ça ira, ça ira, ça ira ! Les artistes miteux, on les pendra ! »

08 octobre 2009

Distribution de nez rouges

J’écouterais volontiers la musique d’accueil de Monsieur Loyal dans l’arène du crique Pinder… si seulement notre cher et adorable administrateur réseau (au boulot) n’estimait pas comme néfaste la possibilité d’écouter du son. Qu’importe, jouons tous de notre imagination, et laissons nous aller à fredonner l’air si connu. Ca y est ? Dans l’ambiance ? Ajoutez donc l’odeur du chapiteau mêlant le caramel brûlé du pop-corn trop cuit, l’âcre de la sciure en décomposition, et les arômes artificiels pour la barba papa. Vous y êtes ? Ajoutez enfin l’éclairage criard, mettant en valeur les coloris baroques des costumes et des décors, et nous voilà dans…

Un cirque ? Mais non, imbécile ! Si j’avais voulu vous emmener voir un spectacle d’un cirque de province, je ne me serais pas fendu de vous mettre dans l’ambiance ! Non ! Je parle de la piste aux étoiles de la politique, du grand barnum accueillant les petites phrases et les actions souvent stupides, parfois répréhensibles, mais toujours risibles ! Ah ça, la politique mondiale nous offre le meilleur défilé de clowns qui soit. Même Achille Zavatta n’aurait pu rêver meilleure équipe de comiques ! Sans déconner, vous les trouvez tristes et constipés, ces politiciens en goguette qui se gargarisent de petites phrases à l’emporte-pièce, puis qui s’en excusent deux jours plus tard ? Moi, ils me font marrer. Comme l’a dit un jour Coluche « J’arrêterai de m’occuper de politique quand les politiciens arrêteront de me faire marrer ». Et je suis totalement d’accord !

Le dernier en date ? Allons-y gaiement ! Musique maestro pour l’entrée en scène du Cavaliere, du champion du populisme et de l’embrouille financière, Monsieur Silvio (roulements de tambour et « O » traînant) BERLUSCONI ! Notre cher politique Italien tient régulièrement la vedette dans le « Top 5 des guignols involontaires ». Chapeau bas Silvio ! Quel palmarès : affaires de mœurs dignes de Sodome Et Gomorrhe, magouilles financières dignes des meilleurs polars, et là, fin du fin, une loi pour s’auto amnistier qui est finalement refusée par sa propre cour constitutionnelle… Je ne saurais trop vous féliciter ! On n’a pas vu aussi comique depuis Jimmy Carter ! Qu’est-ce qu’il va nous faire, encore, le Silvio ? Ah si ! L’ouvrir en public et mettre en doute l’impartialité du président (fantoche et symbolique, puisque le chef de l’état effectif est le président du conseil, donc Berlusconi himself), chose qui est considéré comme plus proche du crime de lèse majesté que de la simple bévue orale. Allez Silvio, encore un peu et tu pourras accéder au rang de comique de ce début de siècle !

Candidat suivant ! Et si nous allions pêcher ailleurs que dans la vieille Europe ? Parmi les requins et autres murènes nageant en eaux troubles, on a aussi la possibilité de pêcher de sacrés poissons clowns. Allez W., sors de ta cachette ! Mais non, la foule ne va pas te balancer de godasses… Redresse toi bordel, les caméras tournent abruti ! Et voilà : le fils à son papa, le Georges W.Bush, ou plus communément appelé « W », ou éventuellement « junior » par les plus vachards. A lui seul, ce type a conquis le monde du comique en quelques moments succulents, et l’écouter parler vaut bien un bon Mel Brooks ! « Il y a des armes de destruction massive en Irak ! ». Quel fou rire quand tu t’es entêté à le brailler alors que tout le monde te disait de te taire ! Et puis, les bourdes dans les médias, les phrases pourries, et même les sorties de scènes ratées, tu n’as rien raté… Si ce n’est toute ta carrière. Enfin bon, je ne te blâme pas, les Américains t’ont choisi quand tu as rempilé pour un mandat. Bon allez, va sourire ailleurs, ton dentier passé au polish éblouit la foule là. Non W., il n’y a pas de terroriste d’Al-Qaeda sous la machine à popcorn…

Un troisième larron ? Et si nous allions le pêcher chez nous ? Une bonne grosse sardine, le genre à sentir mauvais à la cuisson, et à être infâme à grailler ! Monsieur Besancenot, je vous tire mon chapeau ! Jouer du changement de nom pour tenter de s’affranchir de l’image de sa propre idéologie, on n’a pas connu cela depuis la transformation des magasins Continent en magasins Carrefour ! LCR qui devient le NPA ! Si ce n’est pas une pirouette ça ! Ligue Communiste Révolutionnaire : ça plaisait bien ça, aux gauchistes restés congelés depuis 68, ça attirait même les masses populaires convaincues que le communisme n’a jamais été criminel. Et puis, à force de parler de l’héritage sympathique des Staline, du désastre électoral de Robert Hue (ce qui lui a coûté la tête du PCF soit dit en passant), vous avez choisi de devenir le Nouveau Parti Anticapitaliste ! Hé ? Vous vous foutez de qui là ? Changer de nom ne change pas les électeurs, et on ne transforme pas une idéologie en une autre par une simple mutation administrative ! Ce serait comme si Bruno Mégret avait intégré, en son temps, la notion de démocratie dans son MNR… Ridicule. J’admire aussi votre côté comique et guignol quand, par malheur, vous vous heurtez aux réalités du terrain. Magnifique intervention publique en vous présentant devant une usine sur le point de fermer, quand un ouvrier vous a remis à votre place, c'est-à-dire loin de l’enceinte de son ancien lieu de travail. Et vous n’êtes pas à votre première gamelle publique. Continuez, nous avons besoin de gens comme vous, juste pour en rire, et puis aussi pour saboter les espoirs d’une gauche en pleine déconfiture. Ah ça, vous allez le faire, votre quota de déçus et de nostalgiques, et aussi changer une situation déjà branlante en bordel politique total. PS : petit bonus pour les petites phrases sans portée et sans intérêt, juste bonnes à séduire les étudiants Bobo sortant de leur faculté (ou du bistrot en face, en guise de rébellion contre l’ordre établi des professeurs dictateurs).

Merci à vous tous, le prochain spectacle sera intitulé « Nous faisons de la politique sans savoir de quoi nous parlons », suivi de « J’ai un ministère, mais je ne comprends pas un seul des dossiers qui me sont confiés ».

Taaaa, Dada, dadadadada... Daaaa Da, Taaa dadadada, Daaaa Da... Boum Tadadada… Boum Tadadada...

07 octobre 2009

Juri comédie

A force de moderniser le monde et d’y ajouter des lois pour l’entraver dans sa course folle, nous en sommes arrivés à un monde des plus surprenant. D’un côté, nous réclamons de plus en plus de libertés, nous colportons la démocratie (qui n’est qu’une belle utopie), et a contrario nous nous noyons dans les procès et les débats de juristes. De nécessaires, les interventions dans les tribunaux sont devenues de véritables Comedia dell arte, d’autant plus quand les sujets traités sont de plus en plus ridicules.

Savez-vous le pourquoi de certaines choses étranges ? Je prends un exemple : sommes-nous si demeurés qu’on en soit réduits à lire la documentation d’un four électrique ? Non ? Alors pourquoi rédiger ce bout de papier anti écologique, traduit n’importe comment, et fourni nonchalamment dans un sachet que nul n’ouvre ou presque ? Parce qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a nous, le consommateur, l’abruti congénital à qui il faut tout expliquer, tout mettre sous forme de jolis schémas. Hé oui : les notices sont conçues pour des attardés, afin que par la suite aucun juriste ne puisse accuser le fabricant de « ne pas avoir alerté sur les risques potentiels d’un usage non conforme de l’appareil ». Magnifique ! Donc, explicitement en plus, il y a dans la notice d’un four, que mettre un animal vivant dedans peut le tuer. Elémentaire ? Non. Juridique ? Oui.

On en vient à tout mettre face aux tribunaux : mon voisin est un con qui ne sait pas baisser la musique ? Hop, un petit procès aux miches et le type vous fera un petit chèque pour sa paix morale. Vous pensez avoir été floué par un garagiste ? Paf, une plainte, une conciliation, et une réparation pas payée alors que légitime. Tenez, un truc authentique : un abruti est allé porter plainte contre un journal parce que l’horoscope de son signe ne lui était pas favorable ! Non seulement je ne ris pas malgré le ridicule de la plainte, mais je pleure les frais engendrés par de débile profond qui a déclenché la plainte. Vous croyez qu’une plainte ridicule est systématiquement rejetée ? Hélas non, c’est une obligation légale que de traiter toutes les plaintes, si débiles soient-elles. Mais j’imagine bien la réaction du juge d’instruction annonçant, à mots couverts et avec les tournures de phrases qui vont bien que (je traduis en français non juridique) : « Hé du con ! L’horoscope, c’est un truc inventé, et le canard là, il en a rien à péter que ça te fasse râler. Et puis t’en as pâti, de leur truc ? Non ? Alors ta gueule. »

C’est un drame. L’Homme, dans sa grande passion de mise en équation de toute chose, s’est empressé de rédiger lois et préceptes de sorte à ce que ses contemporains puissent pleurer misère. Combien de lois restent valides alors qu’elles sont aujourd’hui au mieux dépassées, au pire inacceptables ? Tout juriste qui se respecte saura jouer des contradictions entre les règles, les phrases absconses et faciles à détourner, et faire d’un coupable infâme un innocent à la virginité cardinale. A force de vouloir en faire, nous en avons trop faits. N’importe quelle loi peut contenir des ajouts, des corrections, des rectifications, avec en tâche de fond une belle somme de prises de tête entre experts. « La loi X dit que… mais la loi Y dit le contraire. Chouette ! Le juge va être largué ». Et accessoirement, nous aussi.

Etre hors-la-loi est à la portée de n’importe qui. Il existe tellement de règles dans tellement de domaines que toutes les respecter tient de la gageure. J’aime à croire que le bon sens dicte les actes et les sanctions de nos képis, mais force est de constater que, parfois, le mouton noir (le gros con caricatural à uniforme imbu du pouvoir de son insigne) trouve le moyen de vous tourmenter pour rien. C’est ainsi : nous voulons légiférer, et ainsi nous tirer une balle dans le pied. J’adore (avec ironie) le système de gestion des durées de peine par exemple. Lorsqu’on condamne quelqu’un a de la prison, une durée est annoncée pour ce qu’on appelle du « ferme » (c'est-à-dire derrière les barreaux). Est-ce la peine réellement exécutée ? Non. C’est une durée de détention donnée, mais qui se réduit selon la mécanique suivant : un barème réduisant la peine par tranche d’un mois pour une année passée en prison. Ensuite, il y a la révision et la libération anticipée. De là, on a instauré la peine de sûreté, garantissant (en théorie encore) le maintien en détention d’un détenu. Or, un juge d’application des peines peut, unilatéralement, balayer les décisions et décréter que « le détenu X est réhabilité, qu’on le laisse sortir ». Alors, dans méli-mélo de règles contradictoires, de décisions et de pouvoirs, n’a-t-on pas rendue notre justice obèse et inapplicable ? Je lance la question sans savoir quoi répondre d’emblée… Bonne chance, j’en ai déjà mal au crâne !

Allez, je porte plainte contre ma boîte pour fatigue et pression excessive. D’ici à ce qu’un juge me donne raison et fasse que mon patron soit tenu de me faire un chèque… ça peut valoir le coup de tenter !

06 octobre 2009

De nouveaux punks?

Toute société, qu’elle soit antique ou dite « moderne », a su identifier une population de parasites, des gens « pas comme il faut » qui ont su mettre en exergue les tares du système et même les exploiter. Dûment étiquetés, les fauteurs de trouble furent tous placés en avant pour que la vindicte populaire puisse s’acharner dessus, avec, bien entendu, le bienveillant soutien des autorités en place. Punks, anarchistes, voyous, blousons noirs, terroristes, indépendantistes, nombre de termes furent même construits de toute pièce afin d’obtenir une classification plus que pratique de ces mouvances temporaires… et souvent vaines. On a beau jeu de croire qu’il s’agissait de gens convaincus, d’individualités prêtes à se défendre contre le système, mais, finalement, tous ou presque rentrèrent dans le rang, ou furent simplement proscris, ou éliminés. La vérité est donc là : un mouvement, dès qu’il est identifiable, peut être annihilé

Durant les précédentes décennies, les punks furent à la pointe de slogans suicidaires tels que ‘ « no future », bramés entre deux rations de bière éventée ou suite à un fix de stupéfiant. Sont-ils encore vivants ? Croit-on encore à ces idéaux d’anarchie ? Le constat est affligeant pour eux : au mieux les anciens braillards à crête sont nos cadres d’aujourd’hui, au pire l’on fleure régulièrement des pierres tombales posées sur eux par devers leurs convictions et leurs idéaux. Vivre en paria volontaire n’amène que très rarement la réussite, et la révolution permanente n’est crédible que lorsqu’elle devient une organisation très structurée. Tenez, le communisme, si cher aux passéistes de tout poil, n’a-t-il pas engendré l’infâme comité central ou encore le politburo ? De fait, nous ne voyons plus des masses de types qui donnent dans l’exubérant port de la coiffe colorée jointe au chatoyant d’un blouson de cuir clouté. Les punks sont morts, et les slogans « punk’s not dead » a une saveur douce amère.

Mais aujourd’hui, puisqu’il n’y a plus d’ennemi avéré de l’état, puisqu’il n’y a plus cette mouvance tant politique que musicale, que reste-t-il ? A part les ennemis classiques tels que les poseurs de bombes, les cinglés convaincus par un gourou quelconque, ou mieux encore des fantoches qu’on met en avant pour des crimes plus grotesques que dangereux, la France s’est rabattue sur l’international : terrorisme mondial, interventions militaires avec une couverture médiatique digne d’un tournage à Hollywood, sans compter le jeu des « petites phrases » et autres déboires médiatiques de nos élus. On n’a plus d’ennemi, fais chier, faut trouver autre chose à dire !

Et c’est là que l’Internet devient génial. Piratage, copie illégale, contenus immoraux, le Web est le paradis du censeur tant il peut y piocher de bonnes raisons de faire trembler la ménagère de moins de cinquante balais. (Petit aparté : la ménagère… Ouais, la gourde qu’on nous fourguait dans les publicités, vous savez, celle à chignon et robe à 10.000 balles qui faisait le ménage en chantant, elle existe réellement, cette morue ?) Le discours est assez simple : le web, c’est un repaire de pédophiles, un lieu où l’on spolie la propriété intellectuelle, et où votre ordinateur est susceptible de soutenir le crime organisé sans que vous le sachiez. Dans l’absolu, tout ceci est vrai… mais n’est-ce pas le cas avec les livres fascistes, la littérature antisémite ou identitaire qui se vend sous le manteau ? N’est-ce pas aussi le cas de ces réseaux physiques qui ne se préoccupent pas d’Internet pour braquer des banques, ou organiser la revente de produits contrefaits ? Le voilà donc, l’épouvantail moderne, le « punk » sale et malsain : le hacker.

Et voilà qu’on nous en fout des tartines : et que je te dis que le web est une addiction grave, et que je te vends des solutions de sécurité pour que le petit dernier n’aie pas le malheur de voir les fesses d’une jeune mannequin moldave, et que j’en colle une surcouche en déclarant le peuple coupable de copie à outrance ! Foutaises. Le hacker, celui qu’on nous vend partout, c’est monsieur tout le monde, depuis celui qui télécharge un film via un réseau P2P, jusqu’à la mère de famille qui récupère un morceau (berk) de Céline Dion pour sa mioche. Nous sommes tous coupables, tôt ou tard, de faire usage de produits illicites grâce au web, et, ne nous leurrons pas, cela ne fait pas de nous des hackers !

D’ailleurs, parlons en du terme. Un hacker, c’est quelqu’un qui fouine et cherche à comprendre les solutions technologiques, pour les améliorer, ou en tirer parti. J’aime bien l’image d’un auteur dont j’ai hélas perdu son nom : qu’il me fasse savoir par les commentaires s’il est l’auteur de cette réflexion) « Galilée était, dans son genre, un hacker ». Donc, hacker, c’est avant tout tester le système, en éprouver la robustesse. Je ne suis pas un hacker, en tout cas pas au sens technique du terme vu que ce n’est pas de mon ressort. Nous sommes simplement des « leechers », c'est-à-dire qui des gens qui téléchargent illégalement, mais sans contrepartie ou presque pour ceux qui mettent à disposition. Là déjà, on doit donc distinguer celui qui flingue la sécurité pour l’améliorer (ou en tirer partie d’une manière ou d’une autre), et ceux qui, comme vous et moi, se comportent juste comme des sagouins pour la société de consommation.

Revenons à notre hacker. Il est spectaculaire de voir la relative faible évolution de l’image d’Epinal du personnage. Auparavant, on le voyait comme un jeune homme (la trentaine en moyenne), barbu et à lunettes (bah oui les écrans cathodiques…), et bidouillant dans son coin et se nourrissant exclusivement de soda et de pizza (bonus énorme si hébergé gratuitement chez un parent ou chez un pote pas très futé). Aujourd’hui ? Il est juste moins obèse (quoique), pas plus loquace, et assez prompt à se vanter de ses exploits. Où est la vérité là dedans ? Nulle part ! Le pirate, le hacker, le vrai, n’est pas celui qui ira jouer de sa notoriété. Il sera au mieux connu de la communauté de gens curieux à travers un pseudonyme, et surtout à travers un exploit technique expliqué avec moult précisions inabordables pour le commun des mortels. Nombre de ces experts sont, par ailleurs, des salariés fort bien payés dans des entreprises expertes en sécurité. Donc pas spécialement ceux qui viendraient vous chatouiller les pieds en passant à travers votre ordinateur !

Là où tout cela devient tragi-comique, c’est que la société moderne tente désespérément de s’accaparer les codes et le langage de cette vie « virtuelle » : séries télévisées, personnages de cinéma, littérature orientée, et même émissions supposées les attirer. Qu’en est-il ? Un bide. Ils sont tous représentatifs d’une caricature incroyable. Non, il n’est pas spécialement commun que les gens bossant dans l’informatique arborent un maillot à la gloire d’une marque informatique, pas plus qu’il soit commun qu’ils soient asociaux. C’est même le contraire : le fanatique d’informatique, le « geek », aime les réseaux sociaux, s’en abreuve, et n’hésite pas à jouer des sites spécialisés de rencontre pour se faire une communauté, ou s’ouvrir au monde extérieur. L’informatique ne rend autiste que quand les gens y sont favorables. Je pense notamment à un film : Die Hard 4. Dans le genre caricature, le jeune personnage est ahurissant : il sait tout, il est capable de tout faire, mais est une catastrophe en sport, et n’a de cultivé que le terme. Ca. Ca n’existe pas.

Notons enfin une autre approche tout aussi déprimante. La plupart de ceux qui revendiquent des actions d’éclat sur le web pour lutter contre le système, le font non seulement sans ordre, mais en plus dans des proportions ridicules. L’étendard de l’anarchie sur le web ? Vaste blague. Déjà que les grands du web (Google et Yahoo par exemple) collaborent avec les états totalitaires (Chine en tête), difficile de croire à la fronde menée par Internet interposé. Ces pseudo punks du web ne sont finalement qu’une pustule facile à traiter, et pardessus le marché inintéressante. Prenez par exemple ceux qui revendiquent des idéaux anarchistes : combien s’expriment correctement, combien savent s’attirer les faveurs d’un lectorat pourtant favorable ? Le punk doit savoir se servir du système contre lui-même, vivre à ses crochets. Les punks du web sont pour la plupart si invisibles qu’on les croirait inexistants ! Dommage, d’autant que nombre de discours libertaires, fort bien rédigés, finissent aux oubliettes parce que malheureusement notre punk n’a pas su se mettre en valeur. Alors ? Pour être punk sur le web, il faut aussi savoir jouer les mannequins aguicheurs, voire se prostituer auprès des annonceurs ? En quelque sorte. Il faut savoir rendre le contenu rédactionnel attrayant, et une simple affiche, comme du temps des 70’s, ça n’est plus possible sur Internet.

Amis révolutionnaires, vous êtes étiquetés « ados boutonneux trop occupés à se masturber pour comprendre le monde ». Faites en sorte de rappeler au monde que vous existez…