09 octobre 2009

Urbanisme et artistes

« L’art, cette expression du cœur, ce phénomène de création interne qui… » Bon ta gueule le pédant, les gens s’en cognent de savoir le trajet synaptique des idées, ils veulent que la création existe, et qu’elle apporte quelque chose. Là, tu nous fais le cinoche du prétentieux qui s’y connaît, moi je réponds « La ferme ! ». Faudrait voir à pas m’écraser les arpions, ça me les brise cette habitude de nous prendre de haut, nous, les nanars pas assez cultivés pour paner ces « trucs ».

Ils me font marrer, là, tous, à mettre en avant leur ville comme étant un symbole artistique ! Et que je te colle une fontaine sur une place, et que je t’en fous pour trois tonnes de bidules en béton supposés être des statues, et que je te prends tout ça en exemple culturel. Tiens, je ne savais pas que fournir une bétonneuse, un coffrage et quelques tires fonds étaient de l’art, parce que sinon j’aurais dit à feu notre ami et ouvrier maçon « T’es un artiste Pierrot ! Tu vas être à Beaubourg ! Ouais, sans déconner, ils mettent les murs en parpaings en galerie ! ». Il y a quelqu’un qui y croit, à cet art urbain ? Pour ma part, je vois surtout un gros tas de couleurs façon « gosse de cinq ans qui découvre la boîte à Crayola », plus qu’une œuvre expriment (je cite en rigolant) « l’élévation spirituelle de l’âme au-dessus de l’inconsistance des liens humains en zone périurbaine ».

Et puis ils ne plaisantent pas les gus quand ils vous foutent ça sous le nez ! C’est dans le démesuré, le grotesque, gigantesque pardon (lapsus révélateur ? Sans doute), et ça passe à la téloche avec orgueil. Tout ça parce que l’état subventionne et paie des artistes pour vous pourrir la vie urbaine. Merde ! Une fontaine, ce n’est pas un empilement de blocs gris dans lequel stagne l’eau, et où l’artiste refuse mordicus tout nettoyage. Ah oui, important ça : l’artiste est propriétaire, et libre à lui de refuser tout entretien, même salutaire et sanitaire ! Alors, le maire, emmerdé, se retrouve avec une fontaine sans eau (pour éviter les algues), donc une esplanade couleur boue et varech en décomposition, avec l’odorama en prime pour les riverains. Moi ? Bulldozer, ou deux torgnoles à Monsieur l’artiste… Au choix, ou les deux. Plutôt les deux d’ailleurs.

L’art, ce n’est pas se foutre du monde en mettant ses excréments en conserve, ou encore fourguer un bout de tissu blanc en parlant de dépouillement extrême de l’œuvre. Pourquoi faut-il que ces cons innovent ? Quand je dis innove, je devrais plutôt dire pourrissent ! Plus ça va, pire c’est. Des sphères noires posées là au pif, des amoncellements de ferrailles boulonnées et soudées, et hop une sculpture. Pour la rime ? Torture oui. Assassin visuel, criminel multirécidiviste, vos masturbations intellectuelles démolissent le paysage, sont dégradées tant par la vindicte populaire, l’urbanisme anarchique des jeunes taggers, et par les éléments qui aiment à faire couler les oxydes de vos horreurs. Et on se plaint ensuite que la terre est polluée. Dites, vous ne pourriez pas nous faire des parcs avec des buissons taillés ? Au pire, on vire l’arbre et on replante, ou on retaille les branches. Ecologiquement acceptable, non ?

Et je n’ose même pas penser à ce qu’ils feraient, ces guignols du pinceau et de la clé de 12. Donnez leur une façade, ils en feront un repoussoir dignes d’une bavure policière à Bucarest. Et pourtant les palettes naïves du douanier Rousseau, les coloris frais de Van Gogh, pourquoi ne pas les reproduire ? Ca donnerait vie au béton, ça assainirait énormément d’immeubles en les rendant plus attrayants, et ça offrirait une réflexion éducative. Meuh non, c’est tellement plus chouette de te foutre un sac plastoc sur Notre Dame ou le pont Neuf ! Quoi ? Emballer un monument, c’est de l’art ? Rhaaaaa ! Alors les clandestins de l’esplanade sont des artistes accomplis : ils t’emballent une tour Eiffel 100% Made in China en dix secondes, et remballent la camelote en moins de trente quand les hirondelles débarquent ! Là ce n’est plus de l’art, c’est du record du monde en live les enfants !

Et puis, un de ces quatre, on aura un président novateur, un tordu amateur des arts qui donnera « carte blanche » à un hurluberlu quelconque et obscur. Vivement le jour où ils dévoileront l’Elysée repeint façon hippie 70’s ! J’aurai alors l’occasion de me marrer, puis de chialer en pensant à mes impôts collés sur les pierres de ce monument. Criera-t-on « Ah ça ira, ça ira, ça ira ! Les artistes à la con à la lanterne ! Ah, ça ira, ça ira, ça ira ! Les artistes miteux, on les pendra ! »

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