26 novembre 2013

Dis, c'est quoi un fractale?

J'avoue, je serais bien en peine de vous expliquer "simplement" ce qu'est un fractale. Mathématiquement et géométriquement, c'est assez complexe à décrire... Mais retenez ceci: un fractale est quelque-chose qui est dans la nature, qui est descriptible par des formules mathématiques, et qui se révèle être magnifique à regarder.
Une explication plus complète de ce qu'est un fractale, sur Wikipedia

Ma définition très simplifiée serait alors:
une figure géométrique complexe qu'on observerait au microscope, et qui se répèterait en motif à l'infini quand on effectuerait un zoom dessus
Pas clair hein...

voici une animation pour tenter de faire saisir ce que j'entends par là.

Et là, on fait de l'art avec des mathématiques...


Et là, c'est au CNRS qu'il faut parler pour voir des choses dingues faites avec des fractales. Apprêtez-vous à être surpris!

Mandelbox? Kézako? Sur le site du CNRS
Et sa représentation en 3D...
Puis cette autre page du CNRS sur le même sujet, tout aussi impressionnant à regarder. je vous invite surtout à regarder la vidéo en fin de page... et à lire le détail la décrivant!
Mandelbulb, sur le site du CNRS

25 novembre 2013

Je l'avais pressenti

Je vais passer pour un radoteur de première, voire même être soupçonné d'être la caricature du vieux chnoque revanchard grognant sans cesse "je vous l'avais dit". Et pourtant, hélas, les statistiques semblent me donner terriblement raison: plus d'un jeune sur deux semble prêt à voter FN aux prochaines élections.

Le vote FN par les jeunes en 2014, sur Yahoo.fr
Dit comme ça, l'annonce est rude pour celles et ceux qui voient dans le FN un parti fasciste. (NOTE: je vous invite à me relire sur ce qu'est le fascisme, et pourquoi dire cela est complètement hors de propos). Je les sens frémir, ces "démocrates", ces convaincus que le FN est la pire voie à prendre, que le parti tricolore va nous mener à notre perte. Et pourtant, c'est une chose tout à fait logique, voire même inévitable, tant la situation actuelle ne peut mener qu'à un vote refuge dans les extrêmes. L'Histoire est d'ailleurs plus que prolixe pour nous rappeler qu'il n'y a rien de nouveau dans un tel acte "citoyen".

Prenons les choses telles qu'elles sont, et méthodiquement présentons les raisons concrètes de l'envie de vote FN. Je précise que je ne compte pas être exhaustif, car je vais exclure d'emblée le vote "de conviction" qui peut cumuler les vrais xénophobes, les nationalistes purs et durs, ainsi que toute une partie de la population qui croit qu'une politique basée sur l'ordre sera toujours plus efficace qu'une politique adossée à la négociation. De fait, regardons donc tous les autres, les électeurs lambda qui vont potentiellement donner des voix au FN, sans pour autant en être ni les supporters inconditionnels, ni des adhérents acquis à leurs thèses.

Tout d'abord, nous avons le vote sanction. Ce vote là, c'est le pire que vous puissiez envisager, car clairement il n'a d'autre but que de punir les partis classiques. En l'espèce, la gauche comme la droite se débattent avec une crise qui perdure, avec des structures internes qui s'étiolent, et surtout qui s'embourbent dans des débats aussi stériles que ridicules. Entre des gens tirant à droite, frustrés d'un président de leur bord, et des gens à gauche, déçus par l'appareil politique actuellement au pouvoir, il y a de quoi envisager le vote sanction. Or, parmi les autres partis d'opposition, seul le FN arrive à avoir une certaine crédibilité, tant parce que les autres ne sont guère représentatifs d'autre chose que d'idées contestataires, que parce qu'il ne reste pas spécialement de personnages forts pour les porter. Il est loin ce temps où M. Bayrou semblait représenter une alternative viable; Il est loin encore, le temps de G. Marchais à la tête du PCF. Dans ces conditions, pour amener un contrepouvoir, seul le FN amène une image de robustesse et de détermination. Cela ne peut qu'amener à un second mai 2002...

Ensuite, nous avons tous les votes dits "sécuritaires". Après presque deux décennies à nous vendre du discours sécuritaire, les gens ne peuvent plus comprendre les atermoiements du gouvernement face à l'immigration ou les violences urbaines, et encore moins tolérer l'humiliation du président par une gamine expulsée. Comment dire à ces électeurs qu'ils doivent avoir confiance? Comment les convaincre qu'ils peuvent compter sur une politique de sécurité, de protection sociale et économique, alors que l'état n'a de cesse de reculer, de se compromettre, et même se ridiculiser en faisant n'importe quoi? Encore du pain béni pour le FN, surtout face à une présidence allant mettre les pieds là où seule la justice aurait eu à s'exprimer.

Le troisième vivier pour le FN se trouve tout simplement sous le nez de chacun de nous. Que ce soit à gauche ou à droite, aucune solution n'a été identifiée pour faire cesser l'effondrement économique et industriel de la France. Chaque semaine, la même litanie de liquidations, faillites, fermetures d'usines, et donc de licenciements emplissent notre téléviseur. Quoi en penser, si ce n'est que l'état est alors "vendu" aux grands capitalistes; Comment les détromper à ce sujet? On a financé le sauvetage des banques, alors qu'on laisse mourir des entreprises; on prête de l'argent à l'étranger pour sauver l'UE, alors qu'en France on voit les usines se fermer à tout jamais; on voit de grandes structures capitalisées en bourse se moquer des ouvriers en exhibant des marges record, tout en mettant un terme à la production locale. Dans ces conditions, quand le FN parle de protectionnisme, d'économie verrouillée, de nationalisation à marche forcée si nécessaire, m'est avis que ces déçus de la politique iront soutenir le propos frontiste.

Les derniers, les plus inquiétants, ce sont tous ces jeunes électeurs qui véhiculent déjà une idéologie bien au-delà de toute forme de politique, à savoir un nationalisme radicalisé, où la notion de couleur de peau, de foi, et même d'origine sociale est une forme de revendication en soi. Les mouvements "FAF" (France Aux Français) sont bien plus virulents et présents qu'on veut bien le croire, et leurs idées font leur place parmi la jeunesse désoeuvrée. Après plusieurs décennies à vendre du "Les immigrés sont la cause de tous les maux", à force de montrer des émeutes "où bizarrement on ne voit que des noirs et des arabes", on forge alors une nouvelle génération foncièrement raciste, désespérée de n'avoir aucun respect de la part de qui que ce soit, et donc nécessairement prompte à chercher de l'ordre et de la discipline. Or, avec un président incapable d'avoir une seule voix dans son parti, une droite qui n'est pas foutue d'élire un chef sans magouille, le FN est dorénavant la nouvelle forme de résistance, d'expression de la colère, donc de refuge moral.

Au final, je crains que le vote FN ne soit qu'un symptôme de surface, un peu comme le fut l'émergence des partis nazis ou fascistes en leurs temps. Ils ont émergés de la même manière, par les urnes, sans coup d'état, simplement en séduisant celles et ceux qui étaient déçus par les politiques en place. Notez au surplus que nombre de premiers votants furent également affolés en voyant où se dirigèrent ces partis... Même si je n'ai aucun doute que le FN n'ira jamais dans cette direction. J'ai bien plus peur d'une gouvernance FN menant à une forme à peine voilée de despotisme légal, ceci à travers une politique sécuritaire bien plus dure, ainsi que des lois autrement plus fermes que celles qui sont supposées nous garantir sécurité et libertés individuelles. En démocrate convaincu, et surtout en légaliste obstiné, j'ai l'intime certitude que le FN a souvent été, et sera de plus en plus le véritable arbitre. Même les alliances d'hier ne supporteront pas vraiment le raz-de-marée frontiste, d'autant plus dans des régions où la délinquance, l'inadaptation des politiques sociales, ou encore l'existence de cités de non-droit. Ces votants, ces déçus, ceux dont chaque politique s'est ouvertement moqué en ne tenant aucune promesse, ces votants là pourraient très bien vous faire pleurer...

22 novembre 2013

Docteur... qui?

Attention, ceci est une plaisanterie vaseuse sur le titre d'une série que j'affectionne tout particulièrement, et ce malgré une découverte assez tardive... le "Doctor Who". Vous connaissez? Vous ne connaissez pas? Cela vous dit vaguement quelque-chose? Dans tous les cas, c'est une série qui mérite votre attention, notamment parce qu'elle est anglaise, et surtout parce qu'elle aborde énormément de choses, depuis le racisme, en passant par l'histoire de l'humanité, jusqu'aux sciences les plus complexes (l'étude du temps, les paradoxes... bref de quoi prendre une énorme migraine au dessert).
Plantons d'emblée l'arrière-plan de la série: produite depuis 50 ans par la BBC (avec des coupures, des reprises... bref une vraie saga télévisuelle), la série est l'exemple même d'une production intelligente où, malgré des budgets parfois insuffisants, l'imagination et l'écriture soignée offrent un vrai plaisir aux spectateurs. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la série a été relancée en 2005 pour sept saisons que je déguste sans modération. Donc, je m'intéresse là aux "nouvelles" saisons, qui profitent bien entendu d'une qualité esthétique moderne, d'une écriture moins datée, mais d'un fond toujours aussi riche, si ce n'est plus!

Maintenant que les présentations techniques sont faites, voyons ce qu'est la série "Doctor Who". Pour en faire un résumé... Par quoi commencer d'ailleurs? Le concept est si étrange et fou qu'il est difficile de savoir comment présenter l'OVNI télévisuel sans en perdre un morceau en route. Mais allons-y!
Le personnage central, se faisant appeler "Le Docteur", est une extraterrestre plusieurs fois centenaire, dont l'apparence humaine cache des pouvoirs et un organisme très particulier. Voyageur dans le temps et l'espace, il côtoie des mondes, des ères historiques et des gens radicalement différents. Son principe est de voyager au gré de la chance et du hasard, et de n'intervenir que si cela s'avère possible ou nécessaire... quitte à braver tous les dangers.
Pacifiste, humaniste, c'est un amoureux de la non-violence, cherchant la solution en dehors de la haine, et ce malgré tous les malheurs et horreurs qu'il a pu rencontrer durant sa vie.
Souvent accompagné par des humains (dont il affectionne la compagnie), il leur fait visiter l'univers et l'histoire de la terre, les confrontant ainsi à leur propre humanité, aux erreurs du monde, mais aussi à des choix souvent très durs.
Il a donc une vie d'errance, le confrontant au départ de ses compagnons temporaires de voyage, parfois même à leur mort, ceci lui renvoyant sa propre éternité... Et à notre propre solitude


Ca vous semble obscur? Oh... même pour moi qui suis fan, difficile de tout résumer sans trop en révéler. Donc, en gros, c'est un voyageur du temps qui, peu à peu, implique trop ses compagnons humains, les sauvant de la mort où lui-même les as emmenés très involontairement. En guise de caricature, imaginez un tour-operator amical, jovial, qui vous fait voir une île paradisiaque, où il s'avère, et ce contre toute attente, que logent des pirates ou des monstres d'un autre temps! Ce serait à la fois intéressant pour le côté aventure, merveilleux pour le lieu, et affreux pour le risque que cela génère. De ce fait, on aime autant qu'on déteste ce héros, ce type qu'on regarde de biais en se disant "il est stupide? Ah non, c'est du génie... Ah non finalement, quoique... Enfin décide-toi!".

Qu'est-ce qui caractérise le plus les épisodes de cette série? Qu'ils ne se ressemblent jamais, parce qu'ils se situent sur des périodes historiques extrêmement variées. Des exemples? Un épisode prend place à Londres pendant le blitz, un autre dans un futur terriblement lointain dans un autre univers, un troisième à notre époque mais quelque peu déformée par des "bégaiements" du temps! Donc, vous dire qu'il y a les constantes de lieu et/ou de temps n'a aucun sens. Ce qui est constant en revanche, c'est que le Docteur a une fâcheuse tendance à se mettre dans des situations inextricables, soit à cause de sa curiosité, soit tout simplement parce qu'il se retrouve au mauvais endroit... au mauvais moment. Comme quoi, être un génie ne préserve pas de faire d'incommensurables boulettes.

Un tel personnage se doit d'avoir des ennemis, et, mine de rien, ceux du Docteur ont le mérite d'être charismatiques. On compte deux ennemis récurrents et très dangereux qui sont les Daleks et les cybermens.
Ah, les Daleks, symboles d'une folie meurtrière poussée à son paroxysme! Les Daleks sont des machines contenant un être "vivant", auquel on a ôté toute forme de sentiment, sauf la haine de la différence. Le mot clé du Dalek est "Exterminer!", et il s'appliquera à le mettre en oeuvre à chaque occasion. Vivant en société, supérieurement intelligent, le Dalek est une machine à tuer implacable. Un bon Dalek est un Dalek mort. Le Docteur et les Daleks se vouent une haine millénaire, dont on ne sait qu'une seule chose certaine: c'est que le Docteur les déteste au point de mettre entre guillemets ses propres convictions et principes pour les anéantir. C'est même eux qui poussent la logique du Docteur dans ses derniers retranchements: les détruire ou les sauver? Mais un Dalek peut-il être sauvé?
Les cybermens... Toute une histoire complexe pour eux aussi. Issus d'un esprit humain malade rêvant d'immortalité et de conquête du monde, ce sont des êtres humains qu'on a inclus dans un corps totalement robotisé, ceci pour les affranchir de la douleur, de la peine d'être mortel, et donc d'offrir une immortalité toute relative. Les cybermens sont donc déshumanisés, dépourvus d'une conscience, et ont pour seul but (à part contrôler l'univers), de convertir les gens pour les faire à leur image. Pygmalions sinistres, toute personne convertie est condamnée à rester un cyberman, sans espoir de retour à un état "humain". Moins importants que les Daleks pour leur impact sur l'univers, ils restent néanmoins un ennemi de poids, car ils fonctionnent en communauté, affichent une résistance hors norme, et n'hésitent pas à pratiquer le génocide. Sans conscience, la mort et la violence ne sont alors plus que des informations.
Pourquoi parler des ennemis du Docteur? Parce qu'ils sont, en lisant entre les lignes, des symboles contre lesquels le Docteur lutte constamment. Racisme, haine d'autrui, autoritarisme, les deux races citées en sont l'alpha et l'oméga. Durant la série, on peut également constater que l'organisation hiérarchique des deux races mènent à une structure qu'on pourrait qualifier de "religieuse", avec la déification de certains de leurs membres, et la création d'un "Satan" en la personne du Docteur. Critique amère de ce que l'homme peut créer, les cybermens sont encore plus proches de nous, car fondamentalement créés par des humains. Le regard attendri du Docteur sur notre existence en est d'ailleurs que plus amer pour nous, car il voit nos tares, et cherche pourtant à nous défendre parce que, selon son idée, nous sommes "Une race fantastique, qui avance coûte que coûte, même quand elle trébuche". C'est une belle leçon d'humanité... et une leçon donnée par un extraterrestre.

Que dire de plus? L'esthétique de la série est à elle seule si marquée que tout passionné reconnaît, tant à l'oeil qu'à l'oreille, un épisode. Chaque chose a sa place, que ce soit un son si étrange et pourtant récurrent, ou bien une façon pour le Docteur de se vêtir. Je pourrais aussi m'étaler sur certains objets appartenant au Docteur, comme son TARDIS, son tournevis, ses élucubrations, son débit de parole, ses attitudes et réflexions souvent cruelles mais dites avec une candeur digne d'un enfant en bas âge, bref je pourrais m'étendre tellement que cela n'aurait plus tellement de sens. Notez simplement ceci: le Docteur est comment il se fait appeler, mais Doctor Who n'est en rien son nom! D'ailleurs, voici la seule "révélation" que je puisse vous faire: la série s'appelle ainsi parce que le gag qui se répète souvent est un dialogue de non-sens comme celui-ci:
- Comment vous appelez-vous?
- Docteur qui?
- Juste le Docteur.
- Vous n'avez pas de nom?
- Si. Le Docteur.
- Donc, docteur Docteur?
- Non. Juste le Docteur.


Ah, et pourquoi je ne parle pas des compagnons de voyage du Docteur? Ces humains qui font un bout de route avec lui? Regardez la série, vous comprendrez bien mieux. Et PS: regardez la depuis la première saison et dans l'ordre, sous peine de ne pas comprendre grand-chose!


Petit ajout: Google a mis un "Doodle spécial Doctor Who, sous la forme d'un jeu 8bits!
Google doodle de Doctor Who!

20 novembre 2013

Folie

On se demande souvent ce qui peut pousser au meurtre certaines personnes, notamment quand l'affaire est médiatisée. Entre la mère tuant ses enfants, celui qui va faire un massacre sur une île, ou encore un type solitaire se trimballant en ce moment même dans Paris avec un fusil, il y a de quoi s'interroger. Pourtant, peu se disent "Et s'il n'y avait tout simplement pas de réponse simple?". Nous voulons, bien entendu, avoir des solutions et une meilleure compréhension des folies quotidiennes, de saisir les motivation du "tueur ordinaire", ou encore de pouvoir mettre des mots sur un comportement étrange et potentiellement à risque. Mais est-ce légitime, et même seulement faisable?

Nous mettons à profit, et ce chaque jour, notre intelligence, que ce soit à nos dépends ou pour notre bien. Forts de cette capacité à raisonner, nous estimons donc qu'il existe une forme de normalité, une sorte de niveau intellectuel et psychologique nous permettant de prétendre à une intégration plus ou moins complète dans la société. Or, force est de constater qu'au détail chacun a sa manière de comprendre, ses convictions, ainsi que ses tares intellectuelles. Du point de vue du quidam, on aura alors le têtu, le faible, le borné, le courageux, le vindicatif, l'agressif... et au-delà de toute mesure -jaugée sur l'état de la société- le "fou", celui qu'on se doit de sortir du système, afin qu'il ne devienne pas un danger pour lui-même ou pour autrui. Les gens ont besoin de connaître la différence entre un sain d'esprit et un fou, ils ont ce besoin maladif de pouvoir se classer, et donc de dire "je suis normal".

C'est sur cette erreur fondamentale que s'adosse la société. Qu'est-ce qu'un fou? Un assassin? Une personne ne respectant pas les règles dictées par son monde? Quelqu'un qui a des hallucinations? Votre voisin qui voue un culte quasi religieux à une star quelconque? Votre tante qui radote en parlant de son passé? C'est quoi un fou? Cette seule question est une difficulté majeure pour tout le monde, pour ne pas simplement dire une question sans réponse. La folie se juge à l'aune de la société, de son état, de ses marques, et de ses règles, qu'elles soient ou pas. Croire qu'on peut interner toute personne ne correspondant pas à certains critères sociaux, c'est légitimer un tri sur la "moralité" et sur "l'état mental" des gens. Or, c'est un outil despotique, et donc particulièrement dangereux. En poussant jusqu'au bout le raisonnement, sachant que chaque être humain a ses défauts intellectuels, qui est en droit de poser un jugement péremptoire concernant autrui? Un type ayant fait des études? Pourquoi serait-il moins fou que vous et moi?

On détermine souvent la violence comme la marque la plus aigue de folie: assassin en masse, tueur aveugle, violeur, perte de contrôle, attitudes asociales, bref on a pour principe fondateur que toute personne ne respectant pas la vie n'est pas sain d'esprit. C'est en soi une énorme erreur selon moi, car c'est encore une fois une question de moralité. On exécutait sans hésiter les esclaves quand ils n'étaient plus "bons pour le travail". Le bourreau était-il fou, ou alors la société lui disait que les gens qu'il tuait n'étaient pas des "égaux" pour lui? Le viol est aujourd'hui -et heureusement-lourdement sanctionné, mais fut une époque, cette horreur n'était même pas pénalement punissable! Et que dire de la pédophilie, ou de l'homosexualité? La première est une déviance qui ne choquait pas les vieilles civilisations, et la pratique de la seconde était condamnée de mort tant par les églises que par les états. Où est donc le "fou" alors? Où est l'assassin réellement fou, dangereux, le "psychopathe" qu'affectionnent les séries policières modernes?

La psychiatrie et la psychologie s'efforcent de trouver des critères, ceci à travers le dialogue, des tests plus ou moins empiriques, et les soins apportés tiennent souvent plus de la camisole chimique, que du véritable soin de fond de la "pathologie". Suis-je donc fou si je dis que j'ai des rêves particuliers? Le suis-je moins si je tais que j'ai des hallucinations et que je sais que ce sont des visions, et non la réalité? Est-il réellement simple de traiter la folie, que ce soit par la médication, ou par l'internement? Hier encore, on pratiquait ce qu'on appelle pudiquement "la sismothérapie" qu'on doit honnêtement appeler "électrochocs". Est-ce efficace? Les avis divergent. Est-ce qu'on parvient à contrôler les patients étant réellement dangereux? Difficile à prouver, tant ces institutions sont amenées à faire des choix. La schizophrénie provoque des drames tous les ans, car elle est plus répandue qu'on le pense, tout comme il est plus courant qu'on veut l'admettre que des gens simplement épuisés par la vie finissent entre quatre murs capitonnés. Où est la "folie" alors? Chez le patient, ou chez le praticien?

Quiconque a côtoyé une personne suivie pour des troubles plus ou moins lourds du comportement peut affirmer ceci: le fou n'est pas forcément sur le divan. Le quotidien peut nous mener à la déprime, à la fatigue morale et physique, l'effondrement personnel peut mener à des comportements nihilistes et/ou violents, donc sans analyser en profondeur tant les causes que les conséquences, nous ne pouvons décemment pas dire "untel en cellule d'isolement", et "unetelle est guérie". Une béquille chimique peut énormément aider, mais elle se révèlera souvent bien insuffisante, ne serait-ce que parce que le patient a souvent besoin plus de communiquer, que de se gaver de médicaments. Notre gestion de la "folie" tient donc plus d'une justice expéditive, que d'une véritable politique de soin de fond.

Enormément de personnes sont déprimées, ou tout du moins susceptibles de glisser vers ce qu'on appelle pudiquement la dépression nerveuse. Que se passe-t-il généralement? Manque d'écoute de l'entourage, ou alors honte de reconnaître sa propre faiblesse face aux évènements; ajoutez à cela un environnement qui devient de moins en moins tendre avec ceux qui craquent, et vous obtenez des suicides, des assassins, des alcooliques, de la toxicomanie... Bref diverses destructions plus ou moins volontaires de l'être et de l'âme. Le premier soutien doit avant tout venir de l'entourage, non pas en poussant les gens à se soigner, mais avant tout en communiquant, en parlant, en cherchant à donner tant une main secourable, qu'une claque salvatrice pour secouer celui ou celle qui se laisse aller. Les interactions sociales évitent bien des drames, et ce n'est pas une boite pleine de cachets qui pourra se substituer au dialogue.

Fou? Folle? Pourquoi? Pour avoir entendu des voix? On dresse bien Jeanne d'Arc en symbole féministe et/ou nationaliste; Dingue? Cinglé? Pour avoir voulu voler de ses propres ailes "différemment"? On disait des frères Wright qu'ils étaient dérangés, et pourtant sans eux m'est avis qu'on aurait pris un sacré retard dans le domaine de l'aviation. Malade? Dérangé? Parce qu'il peint des oeuvres qu'on ne peut ou ne veut pas comprendre? Van Gogh est devenu un symbole de cette "folie" qui tient finalement du génie. A enfermer? Halluciné? Alors qu'il a écrit des oeuvres phénoménales? Demandons à Maupassant ce qu'il pensait de la folie!

Comme quoi, ces critères d'état mental sont, à mes yeux, particulièrement difficiles à appréhender, et surtout dangereux pour chacun de nous. Qui sait, un jour je serai peut-être crucifié et interné, pour avoir eu le malheur de dire "je pense que". La folie commence souvent parce qu'on se croit sains d'esprit.

Et pour finir...

Peuple des sains d'esprit, ce que les toqués de l'asile m'ont appris, c'est que vous pourrez manger tout le savon que vous voudrez, cela ne vous lavera pas pour autant l'âme et le coeur (Flo)

18 novembre 2013

Le conspirateur qui prépare ses horreurs

La vox-populi a un sens de l'humour très étrange. Elle adore tout ce qui n'est pas ordinaire, tout ce qui est bizarre, inquiétant, sournois, tout ça pour le plaisir quelque peu malsain de croire qu'elle a le contrôle sur la Vérité. Pourquoi est-ce de l'humour involontaire? Parce qu'il est comique d'espérer contrôler quoi que ce soit, tout simplement! Le concept même de conspiration pose énormément de soucis, notamment parce qu'il sous-entend le secret et la dissimulation, ce qui par essence rend au mieux très difficile d'en vérifier l'existence, au pire de faire avaler à la foule qu'il y a des conspirations là où il n'y en a pas la moindre. Me concernant, l'Histoire a de quoi nous donner quelques leçons sur le "Petit précis de conception et mise en oeuvre d'une conspiration qui fonctionne"... ou pas.

L'Histoire récente est splendide à ce propos, ceci grâce du réseau Internet. On a donc tout un tas de sites qui colportent autant de l'information, que de la propagande à peine déguisée pour faire de nos chefs d'état des monstres et des experts dans la modification volontaire des médias. Des exemples? Le 11 Septembre, les armes de destruction massive en Irak, les écoutes du réseau par les USA, ou encore les actions douteuses des services secrets un peu partout dans le monde. Allons encore plus loin: Kennedy, Pearl Harbour, le fait de marcher sur la lune, tout est susceptible d'être remis en doute, tant parce que cela donne au grand public le droit et la capacité de douter des dirigeants, que parce qu'il y a et aura toujours une population friande de théories du complot. Alors faisons un peu le tri là-dedans, et demandons-nous: cela est vrai, ou bien c'est complètement issu d'une sous-culture populaire aussi incompétente que paranoïaque?

Sommes-nous paranoïaques face à nos gouvernants? Non. Il s'agit bien d'un excellent réflexe de protection que de douter et de réfléchir sur chacune des situations et décisions prises pour nous et surtout en notre nom. Rien n'est pire qu'une population complètement apathique qui se laisse mener comme des moutons, et rien n'est plus dangereux qu'une foule qui se moque de savoir "où" est la vérité. Cependant, entre saine réflexion et acharnement à chercher des complots là où il n'y en a pas... La marge est tout de même grande voire même gigantesque! Prenons trois exemples distincts et clairement symptomatiques: Les armes en Irak, le 11 septembre 2001, et l'assassinat de Kennedy.
Commençons par la plus flagrante des fumisteries, démonstration qu'un complot peut être totalement et lamentablement raté: les armes Irakiennes. Il fallait un prétexte aux USA pour aller coller une rouste au seul des despotes refusant de traiter avec eux, et quoi de mieux que des stocks d'armes dangereuses? Alors, allons-y pour des cartes, des clichés, des "rumeurs", le tout soutenu par la presse mondiale, et vous avez là le creuset idéal pour légitimer des bombardements et autres attaques "préventives". Sauf que l'incompétence notoire des gens ayant mis en oeuvre ces faux grossiers a donné de quoi se moquer au monde entier, si cela pouvait être comique de faire pleuvoir des bombes sur un pays. En gros, on a là de quoi légitimer les craintes de la foule, malheureusement. USA, manipulateurs? Oui, mais visiblement parfaitement incompétents dans le domaine!
Passons au suivant, qui oscille entre le vrai, le faux, le manipulé et surtout l'invérifiable. D'ici quelques jours, cela fera 50 ans que Kennedy est mort à Dallas. L'homme, symbole des sixties, représentant d'une politique anticommuniste et fortement progressiste malgré tout, est aujourd'hui encore levé en héros de la résistance contre le Kremlin, tout en étant un personnage cherchant à faire avancer son pays. Sa mort, aussi choquante que violente, a fait trembler le monde entier, et rapidement on a cherché à savoir "qui", et surtout "pourquoi". En se penchant sur ce qu'on peut affirmer sans trembler, c'est que Kennedy était comme tout homme (politique ou non), à savoir faillible, parfois incapable d'admettre qu'il se mettait en danger, et surtout cerné par des ennemis aussi bien politiques que hors de celle-ci. Dans l'ordre? Entre des Cubains lâchés lors de la baie des cochons, des militaires US craignant de se voir couper les vivres par des réductions de budget, d'autres militaires US inquiets de devoir se retirer du Vietnam (ce qui aurait été un aveu d'impuissance, aussi humiliant que réel), des membres de son entourage globalement mouillés dans des affaires plus ou moins sordides, et des communistes (dont Castro en tête) cherchant à se venger d'une énième tentative de putsch dans l'ile de Cuba, et pour finir la CIA humiliée d'avoir à se restructurer pour que le président puisse en reprendre un peu le contrôle, il y avait de quoi faire! Dans le genre bestiaire des pires ennemis, on peut dire que le président Kennedy s'en est fait une belle sélection. A partir de là, que sait-on également: peu de choses finalement, parce que tout semble trouble, flou, et surtout incohérent. Oswald pouvait-il réussir ce tir? Potentiellement, oui, tout dépend de la configuration du tir. Des experts s'opposent depuis cinq décennies sur la question, notamment pour la première balle tirée contre le cortège. Oswald était-il seul? Selon cette même analyse, on pourra dire oui ou non, et donc affirmer, ou pas, s'il y a eu complot. Oswald a-t-il revendiqué son crime? Non, et cela représente un souci, puisqu'il n'a jamais dit quoi que ce soit pouvant inviter à croire qu'il était le tueur. Qui a laissé entrer J.Ruby qui l'a tué avant même son procès? Pourquoi a-t-il pu approcher Oswald et l'abattre ainsi? Toutes ces zones d'ombre, toutes ces tergiversations peuvent mener à s'interroger sur la possible existence d'un complot. D'ailleurs, je n'ai pas vraiment de conviction, car dans tous les cas je manque clairement d'éléments, puisque la plupart des preuves sont soit scellés, soit jamais retrouvées. C'est un cas d'école: la paranoïa ambiante alimente bien des théories, et ces mêmes théories trouvent des fonds de vérité dans les faits qu'on nous expose. De quoi faire tourner, pour un moment encore, les rotatives de la presse spécialisée ou des éditeurs, prompts à sortir un énième livre sur le sujet. Comme quoi, la mort d'une personne peut créer des dizaines de millionnaires...
Maintenant, passons à la dernière et la plus dramatique des situations: on a un attentat, gigantesque, monstrueux, où des milliers de personnes ont péri en quelques heures. Comment le voit-on? Deux tours qui s'effondrent, suite l'impact de deux gros porteurs dans leurs structures. Qu'y voit-on rapidement? Tout d'abord, l'oeuvre de terroristes convaincus, puis, quelques semaines plus tard, l'action souterraine des services secrets. Où est la vérité? Qui a raison, qui a tort? A mon sens, nous sommes face à une grande vérité humiliante et dangereuse, à savoir que malgré tous nos efforts pour faire preuve de paranoïa proactive, en scellant les communications, en surveillant tout le monde, on n'arrivera jamais à freiner les gens motivés et bien organisés. J'ai la quasi certitude que le 11/09 n'est rien de plus que la pire des preuves qu'un état ne peut pas tout vérifier, et que toute personne sûre d'elle arrivera à ses fins, d'autant plus si elle ne craint pas la mort. Alors, on va me passer des vidéos où l'on "voit" des bombes exploser dans les immeubles, des "études" prouvant que le tout ne pouvait pas s'effondrer... Arrêtons un instant: ce genre d'incident n'est jamais arrivé à une telle échelle, pas plus qu'aucun bâtiment au monde (si ce n'est les centrales nucléaires) n'est conçu pour résister à une telle catastrophe. L'horreur de ce carnage devrai suffire à nous faire admettre notre impuissance, tout comme elle ne devrait pas légitimer des réactions aussi dingues que d'aller en guerre contre le "terrorisme". Par essence, le terrorisme, c'est fonctionner en cellules, indépendantes, bien équipées et entraînées, et cela avec peu de membres. A quoi bon compter sur des bombardements massifs, quand les groupes en question disparaissent dans la foule comme des fantômes? Cet attentat a permis aux USA de légitimer leur présence dans le golfe, d'accentuer son emprise sur certains états, mais aussi de voir la faiblesse de cette nation, et à terme son échec cuisant dans ses opérations hors de ses frontières. Irak? Echec; Afghanistan? Echec; situation au Moyen-Orient? Une poudrière. De fait, le "complot", il n'a été que dans l'idée saugrenue qu'eurent les USA en tentant de contrôler un homme comme Ben-Laden, qui s'est empressé de retourner ses compétences acquises contre le pays initiateur... Quand on apprend à un homme à tuer, il ne faut plus jamais lui tourner le dos, sous peine de risquer de se prendre une balle!

Dans ces conditions, demandons-nous finalement où nous en sommes: à cautionner les dires de la toile sur tous les complots réels ou supposés, à colporter un discours paranoïaque et donc dangereux, j'ai peur que nous ayons perdus l'essentiel de vue, à savoir contrôler la véracité des théories. A l'épreuve des sciences, des analyses, bien des "complots" se voient démontés. L'exemple le plus risible reste celui du "On n'a pas marché sur la lune". Bien qu'il y ait une quantité délirante de preuves et d'explications, il y a encore des gens pour aller parler de complot de propagande, tout comme l'on a une masse ahurissante de gens s'acharnant à "prouver" que la mission Apollo XI a eu lieu en studio de cinéma. A votre guise, vous ne faites que faciliter la tâche à ceux qui manipulent réellement l'information. En criant trop au loup, le gamin y a laissé plus que sa dignité. De la même manière, à force de crier à la conspiration, toute nouvelle conspiration découverte s'en voit alors protégée, parce que ceux la dénonçant seront pointés comme des fous sans argumentaire solide. Quoi faire? Recouper, réfléchir, analyser, tester, protéger et surtout distribuer les preuves, au lieu d'aller communiquer à l'emporte-pièce. Nos dirigeants nous doivent des comptes, mais ce n'est pas pour autant que nous devons croire n'importe quoi. Là est toute la difficulté, là est le fondement même du pouvoir du peuple face aux états. Seulement... qui se portera garant de cette réflexion, qui sera la caution intellectuelle et morale pour prouver qu'on ne fait pas n'importe quoi dans les arcanes du pouvoir? C'est ma seule vraie question... si vous avez une réponse...

On est tous racistes

Disons le tout de suite, cette affirmation doit en faire souffrir plus d'un parmi ceux qui me liront. C'est méchant, direct, aussi brutal qu'une bonne baffe en pleine tronche, et tout aussi susceptible de fouetter le sang. Pourtant, quoi de plus vrai que cette affirmation, quoi de plus tangible que cette réalité quotidienne qui arrive même à empoisonner la vie des politiques? Aussi absurde et indécent que puisse être cette réalité, nous le sommes tous, le racisme n'étant que le reflet d'un mauvais fond dont chaque être humain dispose: la méchanceté gratuite.

Alors oui, on va me citer des humanistes et des saints pour me dire "Et eux?". Je vois d'ici la liste: Mère Térésa, Gandhi, Coluche, et j'en passe. Dites les gens, sont-ils un modèle classique, ou sont-ils connus parce qu'ils sont exceptionnels justement? Interrogez-vous un peu sur cette vérité avant de pontifier sur l'humanisme du quidam. Tous, oui tous nous avons un fond de méchanceté, de xénophobie, de clichés infects qui nous collent à la peau. Qu'on le veuille ou non, qu'on soit complètement convaincus de tels clichés minables, ou juste imprégnés d'une culture populaire décadente, force est de constater que le "Arabe voleur", "Rom escroc aux allocs", "chinetoque bosseur et magouilleur", ou encore "Portos maçon/plombier" a la peau très dure. Difficile à digérer comme vérité, non? Parce que oui, on se dit tous qu'on a un pote jaune qui n'a rien du cliché précité, ou encore tous une copine au teint basané qui est une salariée zélée et une mère idéale... Mais n'a-t-on pas tous dit un jour "bougnoule", "négro", ou encore "nouache"? Si?

Le racisme est une chose contre quoi il est difficile de lutter, d'autant plus quand l'époque est à la crainte pour son avenir plus qu'à l'embellie "American way of life". On n'est plus à fantasmer sur la troisième bagnole, sur la climatisation dans la maison avec gazon vert fluo, mais bel et bien à avoir peur du péril jaune avec les usines délocalisées, du chômage de longue durée, de la précarité, ou encore de l'avenir plus que douteux pour nos descendants. C'est ainsi: quand on vit dans la peur du lendemain, il faut un ennemi, qu'il soit tangible comme l'étranger, ou intangible comme une "classe sociale". Par le passé, on a collé l'ennemi sur l'immigré, en l'accusant de piquer des places aux "pauvres ouvriers Français qui veulent avoir leur place", à "Ces salopards de banquiers mondiaux qui font couler nos boîtes". Dites, les mecs, dans les deux cas vous ne regardez pas ce que vous êtes, ce que vous avez obtenus (ni comment d'ailleurs), mais sur qui rejeter la responsabilité. On vit en collectivité, non? De là, rien de surprenant qu'on en arrive à des cris de singe pour moquer un membre du gouvernement...

Arrivés à une telle situation, nous sommes comme une bande de touristes largués au milieu d'un pays hostile sans un guide pour les emmener vers l'hôtel. Entre les taxis craignos qui vous font les poches, les vendeurs de babioles pour pigeons d'étrangers, on regarde tous la route et les panneaux en se disant "Mais c'est vers où, le bonheur?". Sous votre nez les enfants! Ce n'est pas en maltraitant un ennemi fantasmé, une différence de couleur et/ou de foi que vous obtiendrez la collaboration des gens qui vous entourent. Le monde n'est hostile que parce que nous l'abordons comme tel. L'homme est un animal agressif, et en réponse nous agissons comme des hyènes, prêts à mordre en défense. La haine raciale, qu'elle soit revendiquée, ou juste suggérée, n'est pas tant le symptôme d'une société qui va mal, que d'une humanité qui a toujours besoin de trouver quelque-chose à cibler pour se défausser de sa propre faiblesse. Quand des débiles crient comme des singes, c'est avant tout pour démontrer, et ce très involontairement, qu'ils sont encore plus stupides que ne le laisse entendre leurs positions politiques. La bêtise, l'incapacité à progresser moralement, ce sont des choses qui ont toujours été, et qui hélas seront toujours parmi nos tares premières. L'homme est fondamentalement con, et s'en offusquer l'est plus encore.

Je sens que certains se sentent alors insultés, traités de cons, d'abrutis, étiquetés avec des épithètes peu glorieux. Arrêtez de jouer les saints, remballez les vestes confortables, et adoptez le vrai profil de l'homme, avec son éclat et sa crasse mêlés. Nous sommes tous ainsi, oscillant entre le meilleur et le pire, en ayant des idéaux, des rêves, mais aussi des clichés littéralement soudés à notre âme, des propos intolérables dans la tête. Certains vont jusqu'à les revendiquer, tandis que d'autres ont juste la lâcheté suffisante pour ne pas le faire à haute voix. Nous sommes tous racistes, parce que nous avons peur de l'autre, nous avons peur de la différence, du progrès, des changements sociaux. Le temps où le "noir" était moins qu'un animal domestique aux USA n'est pas si lointain, le temps où l'Afrique du sud avaient des transports séparés par couleur de peau non plus, pas plus qu'il est si loin que ça le temps où l'idée même de mixité de couleur dans les écoles faisaient hurler les puritains. Les temps changent? Vous êtes sûrs? Vous pensez sincèrement que ce monde a progressé? Certains pays prétendent avoir fait de grands pas en avant... mais à quel prix! Les USA ont été tenus de changer, vue la taille de la communauté "non blanche"; L'Afrique du sud avait le choix entre une guerre civile (avec la mort programmée des blancs très minoritaires en population), et effectuer une transition intelligente et surtout inévitable. Ce sont les circonstances qui déterminent ces progrès, plus qu'une véritable volonté de changer.

Ca n'empêche pas pour autant d'être scandalisé de l'attitude indigne de certains, pas plus que cela ne doit cautionner les actes liés à cette xénophobie. Comme je viens de le marteler, il y a nous, la masse, les majoritaires qui ont des clichés dans la tête, et les autres, les convaincus, les vindicatifs qui annoncent clairement la couleur (ou les trois couleurs? Là j'ironise évidemment). Quoi que vous fassiez, cela ne changera pas, cela existera, résistera au temps, aux démonstrations historiques, aux progrès de la science ou du système éducatif. Le racisme est et sera toujours notre handicap social majeur, et le réduire devra avant tout passer par une meilleure compréhension de l'autre.
Seulement voilà, le quotidien nous démontre tout le contraire: communautarisme religieux pour retrouver ses racines, communautarisme intellectuel allant jusqu'à créer un esprit de classe (Ah ces cons de bobos qui pensent avoir le côté gauche de l'intellectuel, et le côté droit de l'ambitieux!), et tout récemment -pour moi- un mélange étrange entre les deux via un site de rencontres dédiés... aux juifs. Pardon de vous le dire les gens: vous êtes encore plus cons que je ne le craignais! Comment demander le respect des autres quand soi-même on va jusqu'à exclure les autres de ses relations? Comment peut-on demander la paix quand on cultive le sectarisme et le choix social par la foi? Si ce n'est pas une forme de xénophobie, je ne sais pas ce que c'est! J'ai déjà en horreur le concept même de réseau social, mais de là à pousser jusqu'à faire des rencontres uniquement sur un critère religieux, j'ai dans l'idée que je ne serai pas le seul à trouver ça non seulement inepte, mais en plus dangereux. Car oui, c'est dangereux à plus d'un titre: que revendiquaient les nazis comme reproches aux juifs? Dans la liste, il y avait ce côté communauté trop fermée aux autres, refusant l'intégration sociale. N'est-ce pas là un exemple flagrant allant dans le sens de ces monstres à croix gammée? Et puis surtout, petite question cruelle sur le fond aux adhérents de ces services hyper ciblés: êtes-vous plus Français que juifs, ou l'inverse? Pensez-vous participer à la vie de la nation, ou vivez-vous en marge d'elle? Ces réponses peuvent dicter l'avenir, du moins je le pense... Et puis enfin, une réflexion me vient: comment quelqu'un qui adhère ainsi à une sélection par la foi peut-il avoir le droit de critiquer ce même mode de fonctionnement pour une autre religion? Peut-on alors décemment dire "Les musulmans n'ont pas à se réunir comme ils le font, c'est du communautarisme dangereux", tout en le faisant soi-même...

Racistes? Tous racistes, tous égaux devant la connerie humaine. Je le dis, le revendique, je ne vaux pas mieux que les autres, mais au moins une chose peut m'en distinguer: je ferai mon possible pour m'en débarrasser autant que faire se peut. Le monstre raciste est en chacun de nous, c'est un poison qui nous contaminera toujours... Faites en sorte qu'il ne soit pas un jour si présent qu'il devienne non pas un cliché réflexe, mais bel et bien une idée ancrée en nous. Se battre contre? "SOS Racisme"? Non. J'exige simplement qu'on apprenne à se respecter, si nécessaire à se craindre mutuellement, à la seule condition que ce soit pour de vraies raisons morale, politiques, ou économiques, mais certainement pour une différence de couleur ou de convictions religieuses. Rien que ça, déjà, permettra qu'on ne lance plus un cri de singe à un tel niveau élevé de l'état.

07 novembre 2013

Quand la plume brûle

On ne peut pas prendre les choses à la légère, d'autant plus quand on parle de la liberté de la presse. Tous les jours, des plumes sont brisées, enfermées, voire même brûlées parce qu'on cherche à faire taire les esprits libres. Quoi de plus honteux qu'un régime qui veut censurer la vérité, qui veut enterrer l'information, parce que celle-ci reflète non pas un monde idyllique de carte postale, mais bel et bien un monde de prison à ciel ouvert, où chacun épie l'autre avec une paranoïa élevée en règle de vie? On a beau croire être rêveurs, pacifistes, ou encore carrément utopistes, nous sommes tous face à une réalité bien plus cruelle: nous sommes chanceux, libres que nous sommes de nous informer, d'apprendre, de comparer et de mettre en cause le système. Seulement, nous sommes l'exception, le royaume qui brille dans les yeux des migrants s'échouant par dizaines sur les plages de l'Europe, nous avons des états qui, bien que souvent critiquables, nous laissent encore l'espoir de pouvoir faire mieux. Or, le seul témoin de tout ceci, c'est la plume, c'est le vrai journaliste, celui qui s'engage... pas celui qui n'est qu'un instrument de plus dans l'arsenal de la propagande.

Regardez ce monde, mais faites le non par à travers une lucarne qui cache les bords et la souillure, mais bel et bien à travers les panoramas de ceux qui se battent pour que "ça se sache". Au quotidien, nous faisons mine de ne pas voir les horreurs causées par les guerres, les atrocités commises au nom d'une politique ou d'une foi, et pardessus le marché, dès que l'information réapparaît, nous nous offusquons entre la poire et le digestif. Ce n'est pas ainsi que doit aller le monde, et encore moins être accepté ni toléré. Se révolter? Manifester? Hurler notre rage contre ces gouvernements dont nous devenons complices par confort ou par cynisme? Chaque jour, nous leur offrons notre soutien par trois armes essentielles: par les urnes, le portefeuille, et l'indifférence. Nous choisissons des gouvernants qui refusent de froisser ces alliés économiques et/ou militaires, nous consommons leurs produits (manufacturés, matières premières...), et nous participons à ceci par notre indifférence crasse. Où est la conscience collective? Dans notre téléphone dernier cri, dans notre voiture diesel, dans nos fringues en coton, ou encore dans nos godasses haut de gamme produites à bas coût. Nous sommes criminels, et les journalistes qui s'engagent veulent être des témoins, parce que voir nous poussent à réagir, à agir dans le bon sens, à se mobiliser, si petite que soit celle-ci.

L'individu seul peut envisager de changer le monde. Le monde change quand l'individu a fait changer les gens. L'information, telle qu'elle nous est présentée, est le reflet de notre société: voyeuse des crimes les plus sordides, observatrice glacée des monstruosités humaines, tronquée et censurée par confort intellectuel, bref, brutale et dépourvue de conscience. Nous appliquons le "Si je ne le vois pas, ça n'existe pas". Si, cela existe, si, cela se produit à chaque instant! Nous n'avons pas le droit de croire que nous vivons tous dans les mêmes conditions, et il est criminel de se dire que la seule gentillesse parviendra à faire bouger les choses. L'urne est une arme, tout comme la plume en est une. En laissant nos urnes se vider de nos désirs, nous autorisons que les plumes puissent être brûlées. Depuis quand le refus de voir efface l'existence d'une chose? Combien de journalistes, de témoins de notre temps laisseront nous périr, être emprisonnés et torturés? Combien de noms oubliés, de gens mis au cachot pour avoir eu le malheur de vouloir "voir" et surtout "témoigner"?

Il n'est pas tolérable de partir du principe qu'il s'agit d'un risque du métier que de craindre pour sa vie. Le journaliste de guerre, celui qui se démène pour nous montrer à tous ce que nous laissons faire, il est présent parce que nous ne sommes pas capables d'accepter que cela existe. A chaque instant, il court le risque d'être tué, mais ce n'est pas inhérent à son métier, c'est totalement lié à notre désir farouches de voir avant même d'admettre. La Vérité, c'est une chose essentielle, vitale pour la presse. Trop de porteurs de la carte de presse ne sont que des vendeurs de papier, des pourvoyeurs d'inexactitudes, voire de contrevérités. Charge à nous de légitimer ceux qui se démènent et risquent leur vie pour nous, pour que nous sachions, et que nous agissions en conséquence. Non, le risque de mourir n'est pas une chose qu'on peut compenser avec une prime Non, oublier ces victimes n'est pas acceptable, surtout sous le prétexte immonde que "ils savaient où ils allaient". Quand on tue un journaliste, on tue la liberté d'information, on assassine notre droit de savoir, et on les tue une seconde foi en jouant l'indifférence.

Dans ce spectacle inique, ce théâtre des horreurs où chaque jour se jouent des pièces immondes, nous ne sommes pas des spectateurs. Ne pas agir, c'est déjà agir en soi. Ne pas faire en sorte d'être moteur de notre société, c'est tout aussi criminel que de détourner le regard. Des journalistes sont morts, abattus pour délit d'opinion, pour délit d'information, pour avoir fait un métier fantastique et difficile, celui de nous relater avec exactitude et sans voile pudique ce qu'est notre monde. Notre monde est malade de notre propre incurie, de notre propre cruauté envers nos congénères. On se moque de tout, et surtout des autres, parce qu'on ne se sent concernés que quand nous sommes directement impliqués. Honte à ceux qui s'en moquent!

Maintenant, beaucoup de "penseurs" vont reprocher aux gouvernants d'être présents aux obsèques, de commenter ce qu'il s'est passé, et même de simplement prendre la parole. Interrogez-vous, réfléchissez un instant à l'infamie de vos propos. Tant que nos dirigeants seront inquiets pour la liberté de la presse et pour la sécurité de nos journalistes, nous pourrons alors espérer que ce droit élémentaire à l'expression écrite sera quand même préservé. J'estime que le journaliste doit avoir une place prépondérante dans notre société de l'information, parce qu'il est, à mon sens, celui se fera l'écho du temps qui passe. J'entends déjà ceux qui "pensent" qu'ils sont corrompus, vendus à des idées, minables, sans compétence... parce que vous vous prétendez capables de réfléchir et vous exprimer sans y mettre vos opinions? Avez-vous cette âme suffisamment froide pour avoir la plume claire sans la voir teintée? Etrangement, pas plus que ça. Ce que je reproche à nombre de journaleux, c'est non pas d'avoir des idées, mais de transformer leurs papiers en tribunes personnelles. Le chroniqueur dit ce qu'il pense, le journaliste relate des faits. Faites cette distinction, et vous aurez alors une vue plus précise sur nos médias. Malheureusement, une majorité de gens dotés du sésame "presse" sont des chroniqueurs, ou pire encore des scribouillards qui croient pouvoir dire des choses, alors qu'ils ne font que dire ce qu'ils veulent qu'on admette.

Enfin, je rends hommage à ces femmes, ces hommes, ces gens qui ont la foi dans leur métier, à ces plumes indépendantes qui veulent qu'on comprenne le monde qui nous entoure. Ils prennent des risques monstrueux pour que nous autres, confortablement enfoncés dans nos canapés, nous puissions avoir le droit d'exercer cette liberté fondamentale qui est de savoir.

"Le savoir est une arme, il faut toujours sortir armé".