27 juin 2014

Analyse d'une plainte ridicule

Comme mes lecteurs peuvent le lire assez souvent, je n'ai guère de pitié, que ce soit avec moi-même qu'avec les autres. Ainsi, j'ai déjà vilipendé Le Hollandais Volant pour certains de ses propos, les estimant déplacés de mon point de vue. Ceci étant, cela ne m'empêche pas non plus de lui reconnaître de bonnes réflexions. C'est donc pour cela que je me permets de rebondir sur une autre de ses brèves, dont voici le lien ci-dessous.

La brève sur les plaintes de 40.000 étudiants concernant le BAC de mathématiques

Reprenons un peu l'idée de départ pour en parler : des étudiants se révoltent en grognant qu'un examen se révèle trop difficile, et que cela peut nuire à l'obtention de leur diplôme. Déjà, dans le texte, il y a un non-sens absolu: un examen est là pour sanctionner une compétence, permettre d'établir un niveau, et donc donner une vue "cohérente" des acquis d'une personne. De fait: si un examen est trop simple, celui-ci en devient soit inutile, soit tout simplement perçu comme inutile, puisque les futurs recruteurs feront un rapprochement légitime entre un diplôme quasi offert (puisque trop facile), et la potentielle incompétence de son détenteur. Rien que cette idée nous fait dire qu'il y a une profonde stupidité de la part des élèves de se plaindre de la difficulté d'un diplôme. Plus le diplôme est difficile, meilleure est sa perception de la part des gens amenés à en tenir compte!

Le second aspect fondamental est qu'il y a ce qu'on appelle un programme, qui est dans le principe une liste de compétences et de connaissances dont doit s'armer l'étudiant, ceci en vue d'obtenir son diplôme, puis par la suite d'avoir accès à des études supérieures. Cette liste n'a rien de secrète, et les ouvrages scolaires sont justement conçus pour couvrir l'intégralité dudit programme. Par conséquent, deux questions me taraudent... la première est élémentaire: les étudiants râlant contre l'examen ont-ils daigné ouvrir le livre de mathématiques pour voir ce qu'il contenait? La seconde, tout aussi élémentaire, est de s'interroger sur "Avez-vous pris le temps de suivre les cours, puis de réviser pour préparer le BAC"? Visiblement, j'ai tendance à revendiquer un non ferme et définitif. A mes yeux, il est hors de question de s'abaisser à négocier avec des étudiants bêlant ainsi, car visiblement c'est plus du domaine de la flemme intellectuelle que du vrai problème technique sur l'examen que relève la crise de nerfs.

On pourrait me dire de pondérer mes propos, ne serait-ce que parce que le cursus idéal n'existe pas. Entre un enseignant absent (pour de bonnes ou de mauvaises raisons), un autre qui se révèle être un très mauvais pédagogue, ou encore des cours bâclés menant à des trous dans le suivi du programme, il y a de quoi faire. Bien entendu, c'est l'étudiant en bout de chaîne qui pâtit de ces différents profils, mais je vais réinterroger ces mêmes étudiants "victimes", en leur demandant clairement: êtes-vous autonomes? Etes-vous curieux de nature? J'ai connu, bien malgré moi, la situation où le professeur se moquait ouvertement de suivre ses élèves, au prix d'une absence chronique de compétences acquises au fur et à mesure des mois. On en a tous soufferts, certes, mais l'attitude globale fut non pas de se plaindre, mais plutôt de bûcher, de chercher des renseignements, bref de ne surtout pas stagner dans un attentisme confortable et particulièrement nocifs. A l'heure de l'internet, l'excuse du "On n'a pas appris ça" ne tient plus réellement, puisque l'information, la connaissance, et même les correctifs des années antérieures sont accessibles en ligne! L'élève n'est pas une cruche qu'on doit remplir par devers sa volonté. L'élève se doit d'être l'éponge volontaire, motivée à apprendre, bref d'être moteur de sa propre réussite!

On met en accusation l'éducation nationale, la taxant de tous les maux concernant la jeunesse. Malheureusement, nombre de ces remontrances sont légitimes, au titre qu'il y a une attitude de laisser-aller dans ce secteur. Cependant, il faut bien se rendre compte que l'autorité de l'instituteur, du professeur n'a plus de vraie valeur, puisque l'enfant devient le roi absolu. Quand c'est le gosse qui détermine le fonctionnement de la classe, et plus l'enseignant, m'est avis qu'il est plus que délicat d'obtenir quoi que ce soit des élèves. J'ajoute également un aspect abordé par le Hollandais, même si je ne suis pas aussi noir dans ma façon de voir les choses: tant que l'on permettra aisément aux élèves de se distraire durant les cours, tant qu'un portable pourra sonner pendant les horaires normaux d'enseignement, la paix en classe n'existera pas. J'estime donc qu'il serait nécessaire d'instaurer la même chose qu'aux abords d'une prison, à savoir un brouillage pur et simple des émetteurs mobiles, afin de s'assurer du non-usage des téléphones pendant les heures de cours. On peut même envisager des plages horaires, à savoir un fonctionnement autorisé durant les horaires de pause, et un brouillage systématique durant les cours, à l'exception de salles "blanches", permettant au tout à chacun de passer un appel si celui-ci se révèle réellement nécessaire. Notez qu'il n'est pas utile de me parler d'urgence avec le portable: j'ai grandi sans le portable, et jusqu'à preuve du contraire, celui-ci ne m'a jamais manqué pendant que j'étudiais! Donc, merci de ne pas lancer de "Oh mais on peut en avoir besoin". La réponse est simple: non. La salle de cours doit être un sanctuaire, car l'instruction se doit d'être isolée de tout parasite extérieur.

Mon dernier point de réflexion se porte plus précisément sur l'impact de la modernisation de l'école, notamment dans les processus de fourniture des informations. Le net permet à tout étudiant d'accéder à des cours, mais également à des devoirs corrigés, voire même à des dissertations très faciles à copier. De fait, la question de fond qui se pose est de savoir comment faire passer le cap aux étudiants, tout en leur offrant un bagage intellectuel et culturel suffisant pour affronter la vie active. Il existe aujourd'hui des services payants qui se chargent de faire les devoirs des gosses, c'est dire la dérive qui est en train de se profiler! Me concernant, cela sous-entend alors deux axes fondamentaux de réflexion: l'apprentissage par la recherche, et l'examen uniquement dans le cadre de l'établissement scolaire.
La première orientation serait, selon moi, de pousser les élèves à chercher de l'information, ceci non pas en donnant des cours déjà formatés, mais en s'axant plus vers les capacités du net. Au lieu de donner des formules à résoudre par exemple, pourquoi ne pas pousser les étudiants à chercher l'origine des formules (Pythagore par exemple), et inciter à trouver des exemples pratiques d'usage de ces fameuses formules? Cela aurait pour principale vertu d'enrichir notablement et durablement la culture des élèves, mais également de sanctionner une prise de conscience et de responsabilité de chacun.
Le second point serait, selon moi, de ne plus avoir de devoirs à domicile, au sens où on l'entend aujourd'hui. J'ai la conviction qu'en replaçant les examens, devoirs et autres notations au sein de l'établissement, que celles-ci reprendraient de la valeur, et donc un sens dans le contrôle continu des connaissances. Prenons un devoir de mathématiques: durant une semaine, les élèves pourraient partager avec l'enseignant, apprendre les théories, avec des mises en pratique régulières durant les cours. Les "devoirs" seraient alors de chercher la source (comme dit précédemment), et ce n'est que la seconde semaine que seraient sanctionnées la bonne compréhension des sujets abordés. La philosophie, ou bien encore le français pourraient fonctionner de la sorte, avec un minimum à lire avant chaque cours, et des échanges constructifs durant ceux-ci. L'examen de compréhension seraient alors là pour valider de manière claire et objective les connaissances accumulées durant ces séances de formation.

Je peux paraître très rêveur, mais je crois qu'on est face à un énorme problème: la culture est aujourd'hui non pas accessible, comme on voudrait bien le croire, mais de plus en plus inaccessible, faute d'inciter quiconque à chercher. Trouver sans réflexion une réponse, ce n'est pas de l'accès à l'information, c'est du gavage d'oie gratuit. Je me plais à répéter un exemple stupide, mais particulièrement marquant. Prenez l'analyse d'un texte, où l'étudiant n'a pas accès à l'information par le net. Il sera tenu de relire, d'analyser selon ses connaissances, et donc de faire un vrai travail de réflexion. Maintenant, ce même étudiant a accès au net... il ânonnera bêtement ce qu'il a trouvé sur une page quelconque, quitte à recopier des stupidités sans nom.

Le net n'est pas un éducateur, il n'est qu'une vaste librairie où se côtoient sans contrôle des magazines people, Mad, le canard enchaîné, des fanzines, et des encyclopédies de haute volée. Comment y faire le tri? L'immense majorité de nos jeunes n'ont pas la moindre idée du sens et de la valeur de la recherche. Par analogie, quand ils cherchent, ils le font via un Google, et s'arrêtent aux trois premiers liens disponibles. Est-ce suffisant? Est-ce que cela rend inutile la lecture, la culture personnelle? Pas le moins du monde, au contraire même. L'école ne développe pas l'esprit critique, pas plus qu'il n'incite à réfléchir. Aujourd'hui, le bachotage est la norme pour l'obtention d'un diplôme. Cela ne remet pas en cause les informations ingurgitées (quoique... vue la propagande gauchiste dont on farcit allègrement les étudiants dans certaines matières...), mais bel et bien le format d'instruction. Oui, je parle d'instruction, pas d'éducation. Cela en fait bondir certains? Le français est pourtant clair sur ce point: éduquer, c'est enseigner des règles de vie, des façons d'être; l'instruction, c'est donner un bagage intellectuel et/ou culturel. L'école n'a pas pour rôle d'éduquer les enfants, c'est du domaine de la sphère familiale ça. De fait, tant que cette distinction ne sera pas clairement faite, nous aurons encore des enfants jouant les oisillons piaillant dans l'attente de la béquée, des parents bien contents de se délester de leurs responsabilités sur les enseignants, et des enseignants lassés de n'avoir pas le moindre pouvoir dans leurs classes.
Petit aparté: comment peut-on parler d'éducation nationale, (éducation...), alors qu'on parle d'enseignant (enseignement, instruction...)? Il n'y a pas là un gros problème rien que dans les termes?

Pour finir, les débats sur la qualité des examens, sur la valeur réelle des diplômes ne va aller qu'en s'intensifiant. Je vais donner un exemple particulièrement limpide qui vous poussera à réfléchir avec inquiétude sur le devenir de l'école. Quand un élève peut taper son devoir de français dans un traitement de texte, et que celui-ci lui corrige toutes les fautes grossières, est-ce l'élève qui comprend les corrections, ou bien est-ce finalement l'ordinateur qui devient le rédacteur du texte revu? Toute la question de base est là... et j'ai peur que cela devienne de plus en plus difficile de faire la distinction. J'espère sincèrement que l'on va se pencher sur ces questions, et accepter de faire une réforme enfin cohérente avec le quotidien des enfants. Le temps du monde sans le net n'est plus; le temps où l'enfant devait fouiner dans un dictionnaire, ou bien lire des articles entiers d'une encyclopédie est révolu. Alors, faisons évoluer, ensemble, l'école pour qu'elle offre des chances aux élèves, mais surtout qu'elle les incite à faire des démarches intellectuelles, ceci en lieu et place de quelques clics rapides sur un moteur de recherche.

23 juin 2014

Faites souffrir vos neurones

Qu'il soit dit haut et fort, l'intelligence est une chose qui ne sera jamais équitablement répartie, au titre évident que chacun de nous s'en suppose suffisamment doté (De fait, Descartes, paraphrasé par Coluche, avait totalement raison). De ce simple postulat apparemment insuffisamment accepté par la foule des intellectuels de comptoir, nous devrions tirer quelques leçons, ce qui, malheureusement, ne semble absolument pas être le cas. Loin de moi l'idée d'enfoncer des portes ouvertes en revendiquant que l'Homme est fondamentalement stupide, mais plutôt de m'interroger sur le manque de pragmatisme chronique dont semblerait souffrir le "homo modernis", tel qu'il aime se qualifier lui-même.

Déjà, ne dérivons pas vers les tests divers et variés dont les psychologues savent nous tartiner les neurones, notamment ceux de QI ou du Rorschach. Une fois ce premier écueil évité dans une élégante pirouette, penchons-nous sur l'absence de mémoire dont nous savons faire preuve, ceci à tel point que l'humain s'est greffé des équipements aussi variés qu'incongrus pour compenser cette mémoire défaillante. Par exemple, qui retient encore une flopée de numéros de téléphone? Qui a encore un sens de l'orientation acceptable? Nous compensons notre fainéantise cérébrale avec des logiciels, des bidules électroniques, à tel point qu'on peut littéralement dire que celui qui perd son téléphone portable perd aujourd'hui un tiers de ses souvenirs. Dramatique, non? Et pourtant, il serait tellement plus sécurisant de se servir de la seule chose qui ne tombe pas (trop) en panne, à savoir notre boîte à gamberge...

Ensuite, il y a cette vaste gabegie qui est aujourd'hui monnaie courante, à savoir l'incapacité dramatique qu'ont les gens à effectuer des opérations mathématiques sommes toutes assez élémentaires. Additions, soustractions, multiplications... il y a de quoi hurler quand le quidam sort (une fois de plus) son téléphone pour tapoter sur la calculatrice intégrée à son cerveau amovible. Et dire qu'on m'avait enfourné de force les tables de multiplication, qu'on m'avait imposé de passer des épreuves notées sans l'usage du moindre accessoire électronique... Bref, faute d'usage de la cervelle, nous devenons donc tributaires de la petite babiole en plastique! J'ajoute encore une chose ahurissante: qui sait encore se servir d'une règle à calculer? Y-a-t-il encore des enseignants qui prônent l'usage de cet outil séculaire et parfaitement fiable? Non? Ma foi, oublions, laissons le cerveau aller aux fraises, il est tellement plus confortable de s'appuyer sur un "penseur" de substitution!

Continuons donc avec l'usage des lettres. Depuis quelques années déjà, je clame haut et fort qu'il est de mon devoir de préserver mes maigres connaissances, ceci au titre qu'il m'est insupportable de déchiffrer les SMS par exemple. Harpie? Intégriste? Probablement, à tel point que je passe certainement pour un pénible à ce sujet. Ceci étant, non, je ne pourrai jamais m'abaisser à la vilénie de dire "oui bon, on peut tolérer". Pas question! Comment tolérer l'horreur, comment s'éloigner de la beauté pour l'atroce déchiffrage des bavardages futiles d'une génération inculte? Il s'agit autant d'un cri du coeur que d'une diatribe à destination des faibles et autres tièdes: je ne cèderai pas un pouce de terrain, respectons la langue, adorons là, car c'est elle qui nous permet d'exprimer avec justesse et richesse nos sentiments, qui donne à la plume toute sa force, et qui, surtout donne aux générations futures un aperçu de ce que nous avons pu être. Alors, imaginez donc l'archéologue tombant sur des archives... Et lisant, avec un sourire aussi amusé qu'attristé, des "lol cé cho ton truk"... J'en frissonne d'avance.

Pourquoi ne sollicitons-nous pas plus notre si belle mécanique biologique qu'est notre cerveau? Du rêve à l'idée, en passant par l'analyse, il est là, systématiquement présent à l'appel, et prompt à faciliter son usage, ceci même pour les plus imbéciles d'entres nous. Ne cédons pas à la facilité ni au repli derrière des excuses comme "les temps changent". Un livre se lit, qu'il soit sur papier ou sur écran; la beauté s'admire encore, que je sache, par la vue; donc, pourquoi se résigner à laisser notre si joli outil en inactivité, si ce n'est sous le prétexte minable "qu'il faut vire avec son temps"? L'Homme est un fainéant qui s'impose des règles. En effet, sans cadre, nous sommes immédiatement tentés par "la glande", quitte à partir au désastre. C'est ainsi: on est tenus d'être encadrés, parce que nous sommes incapables de nous encadrer de nous-mêmes. Dans ces conditions, donnons-nous un cadre intellectuel, ne cédons pas aux sirènes de la "culture" poubelle, car c'est cela, la vraie déchéance d'une civilisation: croire que les loisirs sont plus importants que le reste!

Enfin, j'ai l'intime conviction qu'un cerveau peut être constamment enrichi, amélioré par notre volonté d'être meilleurs; S'informer, ne pas se contenter du "peu" quand on peut avoir le plus possible. C'est ça, se cultiver. Alors, cultivons nous, lisons, écrivons, découvrons le monde qui nous entoure! Je crois sincèrement que se contenter de la lucarne interactive qu'est Internet, c'est se brider, car la toile n'est rien de plus qu'une vaste librairie désordonnée, où chacun peut publier, et ce que ce soit intéressant, dégradant, ou pire encore dangereux. En même temps... on a toujours estimé que les intellectuels étaient dangereux: la preuve en est, ce sont eux qui sont systématiquement mis en accusation dès lors qu'un système politique s'effondre, ou qu'il devient dictatorial. Les goulags doivent sûrement se souvenir des millions de "cerveaux" réduits en esclavage... Penser, c'est une arme redoutable, surtout pour celles et ceux qui voient la foule comme du bétail qu'on doit mener à l'abattoir.

En un mot: PENSEZ!

20 juin 2014

Leçon de vie

A méditer...

Histoire

Bien souvent, je me suis attaché à rédiger quelque-chose concernant les commémorations des grands évènements, que ce soit l'armistice de 1918, ou bien le 8 Mai. Pourtant, cette année, je me suis gardé de réagir concernant le débarquement allié en Normandie, ceci pour plusieurs raisons. La première, et sûrement la plus évidente, est que tout a été dit ou presque concernant l'évènement, que ce soit sous la forme de documentaires, que de films à grand spectacle. De là, je me suis dit qu'il était plus judicieux de laisser les médias se charger de nous rappeler cet évènement, que d'épiloguer vainement à son propos.
La seconde raison m'ayant poussé au silence se révèle plus morale, au titre que le débarquement allié a été un massacre, mais pas uniquement dans les rangs des assaillants. On ne se préoccupe jamais des conscrits Allemands, pas plus que des civils de la région. Etrangement, on ne garde que l'image du GI avec son casque, fauché par le méchant nazi planqué dans son bunker. Merci l'imagerie guerrière véhiculée par Hollywood. De fait, je ne vais pas relancer un énième débat sur les combats, pas que je n'envisage une analyse du résultat obtenu, ceci au prix de milliers de morts. Laissons cela aux historiens et aux propagandistes, parce que, dans le fond, il est de leur rôle de transcender la réussite du vainqueur, quelles que fussent ses vraies motivations.

Regardons plutôt l'individu, et laissons le parler. Il y a bien longtemps, j'ai écrit un texte relatant les idées et opinions d'un soldat Allemand, ceci le jour de la défaite de son pays. Je vous invite à le lire (si ce n'est déjà fait), en suivant le lien ci-dessous, puis à mettre en perspective les mots d'un vétéran s'étant battu de l'autre côté du fusil.
Le dernier jour du dernier mois de la dernière année de ma vie.

Aidé de sa canne brune tordue comme un cep de vigne, il s'avança sur son perron, et observa le soleil lourd de son Kansas natal. Lui qui était né dans une ferme assez isolée, il n'aurait jamais imaginé traverser les océans pour se battre pour sa patrie, et encore moins ressentir l'horreur d'être le témoin de la sauvagerie humaine. Son visage, ses mains, son corps même étaient lézardés par le temps, mais certaines de ces marques étaient le souvenir de la violence des combats où il avait eu le malheur de se battre. Pauvre vieillard perclus d'arthrite, usé par le temps et la vie, il continuait pourtant à se lever aux aurores, à faire de l'ombre avec sa main gauche, et à scruter le ciel pour voir le soleil s'élever lentement au bout de son champ de blé.

Derrière ses petites lunettes roulaient une paire d'yeux malicieux, cernés des replis de paupières devenues bien lourdes. Il souriait au monde, il écoutait le coq s'égosiller, et savourait la brise déjà chaude perlant sur sa peau flétrie. L'âge lui donnait un air apaisé, et la bedaine accumulée avec le temps lui aurait permis de tenir le rôle d'un père noël sans trop de difficultés, si ce n'est sa coupe de cheveux typiquement militaire, et le rasage de frais qu'il s'entêtait à maintenir dès le lever. "La discipline ne s'oublie pas", se plaisait-il à répéter quand on lui demandait pourquoi il tenait tant à ses habitudes martiales. La tasse de café à la main, adossé à un poteau de la tonnelle, il semblait chercher quelque-chose dans le levant, comme si, là-bas au loin, il y avait autre chose que la fin de ses terres. Si on lui avait posé la question, il aurait invariablement répondu "je cherche des visages du passé", puis il aurait fait mine de passer à un autre sujet, d'aller se servir une autre tasse, ou bien d'aller donner à manger à ses poules.

Tout au fond de lui, quelque part bloqués entre sa conscience et son âme se trouvaient des souvenirs d'un temps aujourd'hui pratiquement oublié. Il était un des derniers, un de ces témoins qui, un jour, finirait par mourir et emporter avec lui toute trace vivante de ces temps atroces. Il se souvenait, il n'arrivait ni à oublier, ni à se pardonner à lui-même ce que la guerre l'avait poussé à faire. Il n'y avait rien de guerrier en lui avant le débarquement, pas plus qu'il devait y en avoir chez les pauvres types en face. Ils avaient un fusil en main, ils devaient vivre ou être tué, alors à tout choisir, on tuait le gars au bout du canon. C'était comme ça, ça ne s'analysait pas, car une balle ne se pose jamais de question, elle tue, aveuglément, définitivement.
Tout pouvait déclencher en lui des souvenirs, depuis une sirène ressemblant trop à celle des navires de guerre, le cliquetis d'une chaîne ayant de faux airs de chenilles de chars, ou bien les pétards de la fête nationale qui tonnaient le 4 Juillet, n'importe quoi avait ce don douloureux de faire remonter à la surface des scènes indescriptibles. Et là, silencieux, pensif, il s'isolait intérieurement, et ses yeux voyaient défiler la pellicule parfaitement neuve et inusable des évènements vécus. Il le savait, il partirait avec ce poids sur le coeur, il ne pourrait jamais s'en départir, et ce bien qu'il ait mis une vie entière à s'y essayer. On n'oublie pas le sang sur les mains, pas plus qu'on n'oublie celui versé par ses camarades.

Il écoutait très attentivement le ronronnement des tracteurs dans les champs des voisins, surtout quand ils labouraient. C'était "son" moment, celui où il pouvait revoir les équipages des Sherman tentant de se dépêtrer du bocage, où la mécanique des blindés Allemands terrifiait ses camarades, où la vie ne tenait qu'à la chance de ne pas être en face d'un canon de fort calibre. Le diesel, le bourdonnement sourd de l'échappement crachant des nuages noirs de suie, l'odeur d'huile brûlée, c'était comme être à nouveau à l'abri d'une de ces monstruosités de fer, guettant l'opportunité de fuir face à la grêle de balles ennemies. Et personne ne pouvait le comprendre, pas plus le jeune conducteur de l'engin agricole, que ses proches qui cherchaient une explication à ses silences parfois trop longs. C'était comme ça, il avait vécu ça, cette marche à travers la France, jusqu'à l'épuisement, la peur dans les tripes, et celles des morts sur la route.

Il avait fait ses premiers pas dans la mer à Sword. Il avait entendu les balles siffler autour de lui. Il avait hurlé de rage et de terreur mêlées lorsque sa compagnie et lui furent accrochés par les Allemands. Il avait, pour la toute première fois, ôté la vie. Il avait tout fait pour ne surtout pas regarder l'adolescent en uniforme à qui il avait arraché le visage. Autour de lui flottaient les corps d'autres débarquant avec lui, certains s'étant noyés, d'autres ayant été fauchés par les mitrailleuses, ou pulvérisés par des mines. Les cris, l'effroi, les embruns, et surtout ce vacarme, assourdissant, cette sensation que la terre elle-même vibre tant elle est secouée de spasmes provoqués par les bombes... Il sentait encore dans ses jambes et ses genoux ces ondes qui revenaient, encore et encore, saccadées et brutales, douloureuses et terrifiantes. Il avait fait comme les autres, il avait couru, il était passé à travers les lignes, il était devenu un combattant, un tueur.

Il avait alors crapahuté, encore et encore, priant le ciel de ne pas mourir si jeune et si loin de chez lui. Mais il fallait le faire, qu'il le veuille ou non, c'était un devoir de se battre, de tout faire pour gagner. La vie d'un seul ne comptait plus, c'était la Vie qui devait triompher du Mal, tel qu'on leur avait inculqué en parlant du nazisme. Seulement, de nazis, en a-t-il réellement croisé un seul? Il avait surtout affronté de pauvres gars, des bidasses comme lui, des bleus tout juste sortis des jeunesses hitlériennes, des gens ordinaires poussés à bout par l'Histoire. Avoir l'uniforme Allemand ne faisait pas d'eux des monstres... Et de monstre, il se sentait en être un en étant devenu froid au sort des autres.

Les jours s'étaient alignés, imperturbables comme le sera toujours le calendrier. Eux, ils étaient ballotés par les combats, transférés d'un coin à un autre par des ordres incompréhensibles, pour parfois revenir au point de départ sans raison apparente. C'était comme ça, il devait obéir aveuglément, et surtout ne pas tomber au "champ d'horreur". Que ce paquetage pouvait être tout à la fois léger et si lourd! Que les brodequins étaient agréables et insupportables selon le terrain croisé! Les seuls réconforts dont il avait souvenir étaient le corned-beef dont il raffolait, et les cigarettes qu'on faisait tourner jusqu'à s'en brûler les doigts. Qui pouvait comprendre que ces conserves étaient les meilleures jamais mangées? Qui pouvait soupçonner toute la joie d'ôter ses chaussures après des kilomètres éreintants sous le soleil ou à l'ombre de forêts étouffantes? Qui connaissait la saveur salée et amère de la sueur qui vous coule sur le visage quand vous attendez un assaut de l'ennemi?

Il était las. Oui, las de ressasser, las de ne pas parvenir à oublier, usé d'avoir trop vu et vécu. Il avait encore l'odeur âcre de la chair brûlée des équipages des chars en flammes, il avait encore le goût de la poudre quand une douille était éjectée, il sentait encore sur sa peau la froideur de la peur quand elle venait vous alerter qu'un obus pouvait, à tout moment vous faucher... Et surtout, il entendait encore et toujours les hurlements, les pleurs, les cris, les gémissements des blessés, qu'ils soient ou non des copains. Ces cris, ils hantaient ses nuits, le terrifiaient, lui glaçaient les chairs jusqu'à la souffrance au plus profond de son être. Et il fallait oublier... Mais comment oublier?

Quand il était revenu, tout avait changé. Non que son village ou sa famille, ou encore sa fiancée avaient changés, mais lui, c'était quelqu'un d'autre. Son coeur avait été brisé puis suturé par la dureté des épreuves. Son âme était rapiécée, faite des débris de ses illusions, et recousus à coups de détermination et de reniements. Il avait tué, il avait été blessé, et s'était convaincu de devoir haïr celui d'en face. Foutaises! L'ennemi? Quel ennemi? Ce gosse qui appelait sa mère après avoir eu la jambe arrachée par un éclat d'obus? Ce pauvre type au visage miné de fatigue qui fixerait éternellement le ciel azur de Normandie? Ou encore cet autre gars qui s'était rendu, parce qu'il en avait marre de se battre... et qu'un autre de son campa avait descendu parce qu'il le voyait comme un déserteur? Il est si facile de se faire des idées sur les combats tant qu'on n'a pas vu ce que cela veut réellement dire.

Son flanc était balafré, comme le serait la portière d'une vieille voiture ayant connue les affres de la circulation et du temps. Cette blessure, c'était sur le chemin menant à l'Allemagne qu'il l'avait récoltée. On l'avait ramassé, mourant, l'aine dégoulinant de son sang caillant à cause du froid. Les Ardennes avait failli être son tombeau, et la France son dernier voyage. Il avait survécu. Pourquoi lui plus qu'un autre? Pourquoi son voisin de chambre était mort le lendemain de son arrivée? Quelle était la règle? Il n'y avait pas de règle, ce n'était ni un jeu ni une loi, tout était évènement, et au jour le jour les soldats vivaient dans l'attente de leur sort.

Il était revenu. Sa distance avec les vivants avait été insupportable pour sa fiancée. Ses cauchemars nocturnes une source perpétuelle de malaise et de peur. Il avait failli sombrer dans l'alcool, et ce n'était que la rencontre avec sa femme qui l'avait arraché aux bras d'une mort plus lente et plus douloureuse encore. La déchéance des anciens combattants était courante. Chacun trouvait sa manière de s'évader, que ce soit l'alcool, pour certains la drogue, ou encore la fuite en avant. Lui, elle lui avait sauvé la vie. Il ne pouvait donc pas se laisser aller, il lui avait promis de vivre jusqu'au bout, tant que ses forces pourraient le soutenir. Ainsi va la vie, ceux qu'on aime partent, d'autres restent ou vous survivent, et au milieu de nos proches on se cherche des raisons d'exister, avec volonté, acharnement, avec la terreur de ne plus avoir de raison de s'accrocher.

Puis, un matin comme tous les autres, il finira par s'affaisser sur la balancelle, les paupières closes, le visage apaisé du poids de la culpabilité, le coeur vidé des horreurs de son passé. Il ne s'est jamais considéré comme un héros; il ne s'est jamais vu comme étant quelqu'un de différent. Il a vu la guerre, il l'a vécue comme tant d'autres, un anonyme sur les listes de ceux envoyés au front. Il était un gamin en partant, un fils de paysan candide et excité par le voyage vers le vieux continent. Il était revenu vieilli, meurtri en dedans, blessé au dehors, marqué à jamais par ce qu'il avait fait pour survivre. Les voisins le trouveraient là, ils pleureraient ce vieux bonhomme un peu têtu, toujours aimable bien qu'un peu rude, et sa famille accompagneront sa dépouille jusqu'au cimetière. Quelqu'un fera sonner le clairon, parce qu'il faut marquer la disparition d'un soldat de cette manière, parce qu'il faut bien se souvenir de ce qu'il a fait pour une haute idée de la liberté. Croyait-il en ces idéaux, en ce patriotisme si brutalement mis en avant pour les nouvelles générations? Il n'aura jamais crû en autre chose qu'en le fait qu'on avait fait de lui un assassin, un homme doux et affectueux transformé en bête brutale et insensible. Qui se souviendra de ces gens brisés dans dix, vingt, ou bien cent ans? Qui saura ce que lui a pu ressentir? On l'oubliera, on arrêtera de fleurir sa pierre tombale, et, comme tant d'autres, son souvenir sera noyé dans le fleuve de l'Histoire. Sa petite histoire, elle, après avoir été réelle, sera souvenir, puis anecdote, pour finir effacée de la mémoire collective. Ainsi vont et viennent les vivants, ainsi partent les morts.

11 juin 2014

Les supers-héros

On m'a souvent dit que j'étais un "geek", sous prétexte que j'ai une certaine expertise dans mon métier qui est l'informatique. Ah ça, pour coller une étiquette confortable, rien ne vaut une terminologie étriquée, surtout quand il s'agit de définir quelqu'un qui est face à soi. Or, n'estimant pas que le rôle de "geek" (je hais ce terme) me convienne, je préfère estimer que je connais mon job, comme le connaîtrait bien un médecin ou bien un maçon. Ce point fait, je rappelle également une chose à la foule qui me lit, et la prie d'en tenir compte: NON, bosser dans l'informatique n'impose pas qu'on n'ait envie d'en faire après les heures ouvrées, et NON, cela ne fait pas de vous un expert dans tous les domaines possibles et imaginables. Allez-vous gonfler vos amis avec leurs domaines d'expertise à tout bout de champ? Non? Alors pourquoi nous sollicitez-vous ainsi? Et puis, si vous connaissez quelqu'un bossant dans la médecine, allez-vous compter sur lui pour savoir tout ce qui touche ce gigantesque domaine, ou vous adresser à un expert comme un ORL ou bien un cardiologue?

Maintenant, passons outre cette mise au point que je jugeais nécessaire, et revenons sur les "geeks". Je ne saisis pas trop pourquoi les gens assimilent la culture BD américaine à ceux qui bossent dans l'informatique, tout comme on y colle pêle-mêle Star Wars, la littérature SF, les échecs, ou encore plein de jeux obscurs dont je n'ai que faire. Alors: d'une, je n'aime pas Star Wars, et de deux la littérature SF (ou bien héroïc-fantasy) me laisse de glace. Mais la pire du lot reste à mes yeux cette iconographie des super-héros comme Superman, Batman et consoeurs. Je le dis, le martèle, le hurle dans toutes les langues dont j'ai connaissance: je n'aime PAS les super-héros, et ce pour de nombreuses raisons assez élémentaires. Egrainons donc les différentes choses qui font que je suis de marbre face à l'univers des Marvel et compagnie.

Tout d'abord, les personnages... Ah ça, il y a de quoi faire! C'est un véritable bestiaire, où visiblement les différentes personnes préposées à la création d'histoires "originales" ne se donnent pas le mot. Prenez n'importe quel des super-héros, son histoire de fond, ses costumes, son entourage, bref ce qui fait son essence semble être mue par du "Ben on verra, on s'en fout les gens aiment, même si c'est incohérent voire stupide". Désolé de le dire, mais un super-héros est l'archétype du personnage névrosé, pour ne pas dire socialement inadapté. Prenons Batman: est-ce que tous les orphelins se lancent dans une quête de justice, le tout dans un costume aussi ridicule qu'improbable? Est-ce que, de toute façon, n'importe quel débile du coin de la rue se prend pour un justicier masqué? Bien heureusement que non! Faire la justice envers la justice légale, cela s'appelle être un vigilante, et se croire au-dessus des lois est en soi quelque-chose de particulièrement malsain. Au surplus, qu'on m'explique comment le dit Batman réussit à rester anonyme, alors que son pendant public est Bruce Wayne, un type riche à milliards, personnage public très visible, et qui ne prive pas de se montrer? Quiconque connaît les paparazzis peut affirmer sans trop trembler que le secret serait vite éventé... Enfin bref, rien que mentalement, nos fameux "supers" ont un gros problème à régler, puisqu'ils ont la mégalomanie de croire qu'ils peuvent à eux seuls changer la face du monde.

Continuons. Je parlais de psychologie et d'autodéfense. Le seul personnage dont j'ai connaissance qui soit franc dans la démarche serait le "Punisher", qui lui assume pleinement son rôle de type qui veut se venger. Sorti de cela, tous sont complexés, et ce à des degrés parfois très graves. Superman... Ah celui-là, entre une tenue ridicule, une attitude pathétique et insupportable, il y a de quoi avoir envie de lui cogner dessus. Ah merde, le bonhomme est indestructible ou presque. Bon bref, il fait partie de cette série de super-héros dotés de pouvoirs, et qui font usage de ceux-ci malgré les risques que cela engendre pour le quidam. Oh, il y a des tentatives pour parler du racisme à travers la traque aux "mutants", mais cela me semblerait presque légitime, vu l'usage qu'en font les fameux "héros". Allez, regardez donc les films qui parlent de ces gens: chasses à l'homme en pleine ville, violence gratuite, destruction, attitude plutôt arrogante avec les forces de l'ordre... vous n'iriez pas traquer des gens dangereux comme eux? Si? Alors pourquoi doit-on les supporter? Parce qu'on essaye de couvrir cela avec le racisme? Désolé, mais un type qui se colle une tenue moule balloches avec un masque quelconque, qui n'a qu'un pseudo (parfois ridicule comme Captain America... sic), et qui joue les juges jury et bourreau dans le même temps, j'ai envie de le coller au trou ou à l'asile, plutôt que de lui faire pleinement et aveuglément confiance.

Ah, la science, cette magnifique muse si souvent bafouée et tournée en ridicule par ces personnages débiles! Une araignée radioactive? Paf, le génome évolue et vous êtes Spiderman. Vous faites joujou avec les radiations? Vous devenez Hulk, une bestiole verdâtre décérébrée. Vous êtes bombardé par une onde spatiale bizarre? Et hop, vous êtes bon pour les quatre fantastiques. Et que ça continue... et qu'on se paie la tête de la pauvre bougresse, violentée et tournée en dérision! Et je ne parle même pas des choses fondamentales comme un type qui vole dans un costume en tôle, construit au fin fond de la jungle (pour sa version initiale), ou en Afghanistan (pour sa dernière version cinéma). Oui: Iron Man est si fort qu'il s'est construit un corps métallique... au milieu de nulle part. Absolument risible... Et là, je ne parle pas des exploits comme réussir à résister à l'attraction terrestre, à la force centrifuge, à la température, aux chocs divers et variés. Désolé, mais il y a des choses qui finissent par ne plus passer, même pour le plus patient des spectateurs. J'entends le fanatique me rabrouer comme quoi "il faut laisser une part d'imagination". Désolé mec (ce sont souvent des mecs qui adorent ces personnages), mais me faire avaler des couleuvres aussi grosses, c'est du domaine de l'infaisable. J'accepte la SF parce qu'on peut dire "ta gueule, c'est dans le futur, tu ne sais pas ce qu'il va se produire", mais là, pour un monde supposé être le nôtre, je dis stop.
Ah si, petit ajout qui me laisse plus que perplexe: on parle de technologies ultra avancées pour certains, ou de pouvoirs étranges divers et variés. Mais comment se fait-il que certains personnages restent dans des situations ridicules? Il y en a un en fauteuil roulant... mais merde quoi, il n'y a pas un super quelconque pour lui prodiguer des soins "magiques", ou encore de le soigner par des avancées scientifiques? Ah non, il est tellement mieux de le voir en fauteuil roulant... volant... Tout est dit là, non?

Encore une chose, et non des moindres, je ne supporte plus que l'immense majorité de ces personnages soient au final des vecteur de propagande, ou de messages plutôt surprenants. En légitimant la violence de ces "monstres gentils", on les voit être fédérés par une organisation secrète. On peut avoir toutes les conjectures qu'on veut, quel est le but, si ce n'est de dire que les états peuvent s'offrir de telles organisations pour outrepasser les lois en vigueur, et nous "protéger" à nos dépends si nécessaire? Le culte du secret est bien ancré dans le monde des supers-héros: identité secrète, fuite en avant des personnages qui font tout pour se séparer du commun des mortels, bref tout est fait pour dissimuler, et ce jusqu'à la caricature. Certains apparaissent au grand jour, mais dans notre monde réel, ne seraient-ils pas immédiatement considérés comme des bêtes de foire, ou plus probablement comme des spécimens à disséquer d'urgence? Pour la propagande, tout est bon encore une fois: Iron Man et sa connivence avec l'armée Américaine, ou pire que tout le symbolique "Captain America" avec ses couleurs, et un bouclier des plus clair. "USA rules"? Non mais oh, ça va cinq minutes là! Je n'ai pas besoin d'un débile en collants pour me montrer comment être patriote.

Pour finir, je "connais" ces thèmes à force d'en avoir bouffé à la télévision, au cinéma, ou encore dans toute la pseudo culture "pop". Et non, encore une dernière fois NON, je n'ai pour ainsi dire jamais lu un comics et je ne compte pas m'y mettre. Dites, les scénaristes, ça serait possible d'arrêter de pomper des univers débilitants, pour aller créer de la nouveauté? La créativité est donc une denrée si rare qu'on soit réduit à faire se battre des divinités quelconques (nordiques par exemple, puisque j'ai "vu" le personnage de Thor!!!) avec des "humains"? Allez, soyez sympas, virez moi ces personnages, et qu'on passe à la suite.

Ah merde... les cons, ils sont passés aux transformers, des machines pensantes qui changent d'apparence, et qui pour tout choix se sont vus réduits à être des bagnoles ou des engins de guerre comme des hélicos ou des chars.... Merde, merde, merde, je dois me méfier de ma cafetière, elle pourrait bien se transformer en heu, que dalle?

05 juin 2014

Si la politique m'était contée

Je constate, et ce avec un certain amusement, que la plupart des gens qui discutent et débattent à bâtons rompus de politique sont plutôt au niveau du dessous du comptoir, que dans les hauteurs nécessaires à la compréhension des sujets abordés. En effet, Stendhal aurait bien pu écrire le blanc et le noir, car cela aurait amplement suffi pour teinter les avis qui déferlent régulièrement dans ces conversations de bistro, où les épithètes fusent, les caricatures dégoulinent, et surtout où les raccourcis odieux sont loi. Depuis la guerre dans tel pays, en passant à telle décision "scandaleuse", jusqu'à "l'analyse" des résultats d'un gouvernement, il y a clairement de quoi se demander si, par le plus grand des hasards, la foule ne serait pas finalement son propre véritable ennemi.

Ne me prétendant pas expert, j'aime à tendre l'oreille, parce qu'il peut arriver cet instant de grâce où, au détour d'énormités, une réflexion intelligente finit par émerger. De ce fait, je me laisse porter par le flot d'ineptie, naviguant d'idée en idée, jusqu'à découvrir un refuge acceptable. Hélas, ce n'est qu'une illusion, un de ces mirages qui rendent fous les égarés dans le désert... ou bien font le bonheur des feuilles de choux s'étalant de leurs couleurs baveuses dans les kiosques complices. A partir de là, qui écouter? La toile? J'ai bien assez vilipendé mes "camarades" pour éviter une redite à ce propos; la presse? Pourquoi pas, à condition de faire le délicat tri entre le grain et l'ivraie; la télévision? Non, pas la télévision. Dans ces conditions, comment faire pour relever le niveau, aider les gens à s'élever culturellement, afin qu'ils saisissent que rien n'est binaire en politique, pas plus que la Vie elle-même ne le sera jamais.

Ayant horreur des messies, d'autant plus quand ils se drapent de dignité, je me demande qui serait capable d'offrir une parole intelligible et assimilable pour le plus grand nombre. Il n'est jamais simple d'être tout à la fois excellent orateur et honnête, l'un s'opposant généralement à l'autre. Démagogie, moralisation de quatre sous, plus notre auditoire est grand, moins il faut être honnête, sous peine d'en décevoir beaucoup trop. Alors, que faire? Ce n'est ni un choix, ni même une capacité personnelle qui doit entrer en jeu, mais clairement une volonté.... Mais le rôle de l'évangéliste politique, de celui qui va colporter les "bonnes idées" se résume au mieux à passer pour un vendu prêt à tout pour faire admettre la ligne de conduite d'un parti, au pire de risquer la potence pour avoir froissé la susceptibilité d'un despote quelconque. En conséquence, comment faire?

Peut-être suis-je en train de prendre le problème par le mauvais bout! La parole morale et politique, une fois énoncée en termes riches, pousse quiconque l'écoutant à s'en méfier. C'est mécanique: plus l'on est précis, moins l'on est crédible. Le démagogue de bas étage aura du succès parce qu'il saura dire ce que tout le monde veut entendre, alors que celui qui pointera les faits sera forcément suspect. On n'aime pas être mis en accusation, même si l'on a conscience d'avoir sa part de responsabilité! De là, je me dis que l'idéal serait un conteur, un Henri Dès politique, qui ferait de jolies petites ritournelles entêtantes, afin de nous figer dans le crâne quelques babioles morales et intellectuelles. Au lieu de balancer du "nounours est mignon et il danse", on pourrait avoir du "Voter c'est aussi utile que d'aller pi..." Ah... je dérape, une fois n'est pas coutume...

Quoi qu'il en soit, je suis certain qu'un type à l'air sympathique, souriant, gratouillant une guitare, et allant de sa chansonnette informative, serait bien plus efficace que les sempiternels débats qui émaillent les chaînes du câble. (Note pour moi-même: en finissant la phrase précédente, je constate avec dépit que les grandes chaînes généralistes ne daignent même plus faire débattre nos élus à des heures de grande audience. Cela a un double avantage pour nos politiques: de pouvoir dire "on a débattu en public", tout en ne risquant pas gros, au titre de la faible audience relative de ces chaînes). Ah, les joies de la formation, de l'ouverture d'esprit! Une petite mélodie serait certainement du meilleur crû!

Voulez-vous mes enfants, apprendre une petite chanson?
Peut-être voulez-vous en savoir plus sur Bygmalion?
Voulez-vous mes enfants, découvrir en chanson,
comment fonctionne les magouilles de notre nation?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les politiques sont là là là!

Voulez-vous les plus grands, apprendre ce qu'est une rétro-commission?
Peut-être ne comprenez-vous pas où file votre pognon?
Voulez-vous les plus grands, chanter à l'unisson,
Que la transparence n'est pas un voeu de nourrisson?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les escrocs sont là là là!

Voulez-vous les puissants, arrêter de nous prendre pour des cons?
Peut-être ne pigez-vous pas, qu'on sait chercher l'information?
Voulez-vous les puissants, être un peu moins cons,
En répartissant mieux la richesse, plus de gens consommeront?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les puissants sont là là là!

Et toi, pauvre con, qui se fout de ce qui l'entoure,
Ne viens pas chialer quand viendra ton tour
Parce qu'être sourd et aveugle aux problèmes de ton pays,
C'est ce qui fait le terreau des escrocs et des nantis...

04 juin 2014

Un peu de punk...