29 avril 2014

Une belle insulte à la presse écrite.

Non, je ne vais pas tailler dans le gras des rédactions feignasses, ou encore dans l'incompétence crasse des journaleux, mais plutôt dans l'analyse nauséabonde trouvée ici.
La mort de la presse, tant mieux, sur ploum.net
Je vous invite à lire cet article, y réfléchir quelques minutes, puis de revenir me lire pour que nous puissions avoir un point de comparaison.

Tout d'abord, qu'ai-je donc à reprocher à cet article de blog? Son côté absolument malfaisant et complètement à côté du sujet réel de la presse écrite. S'il s'agissait que de critiquer les tentatives de sauvetage de la presse à travers de l'assistance financière, je pourrais pleinement saisir le raisonnement... Mais s'accorder le droit de vomir sa bile ainsi sur une profession qui comprend de véritables rédacteurs, de vraies compétences, et donc un vrai métier, là je ne peux pas le tolérer. Autant, j'éprouve une rancoeur profonde pour les gratte-papiers que sont certains salopards vendus soit à une cause politique, soit en manque de sensationnalisme pour vendre de la feuille de chou, autant j'ai un profond respect pour celui qui prend son clavier/crayon/appareil photo pour relater, analyser, et donc fournir des éléments de compréhension de notre monde. Parler de blog, de Facebook comme sources d'informations? C'est déjà en soi une belle démonstration d'incompétence, voire même de reniement de ce qu'est l'information.

Le net est un vecteur non pas de l'information, mais de n'importe quoi! La toile ne fournit pas que des choses intéressantes, analysées et pondérées, c'est aussi et surtout la voix des opinions personnelles, qu'elles soient saines ou non. Croire qu'on puisse s'adosser à ces données, c'est croire en la parole de n'importe qui, de prendre au premier degré n'importe quoi, et pardessus le marché espérer que tout ce qui se dit est nécessairement "vrai". J'appelle cela au mieux de la candeur, au pire de la mauvaise foi. Facebook est, et on le sait bien, un merveilleux outil de propagande et de publicité. Ca n'est pas pour rien que les grandes sociétés y ont toutes une vitrine plus ou moins importante, et que le géant du "réseau social" leur vend des statistiques et de quoi analyser votre quotidien. Réalité? Témoignages? Presse people oui! Tous les réseaux sociaux sont détenus par des structures privées, et en conséquence capables de censurer l'information, les déformer, et ce même sans que les états soient demandeurs. Des exemples? Il suffit de fouiner quelques minutes pour retrouver des cas de comptes fermés, censurés, et ce sans décision juridique pour se convaincre que Facebook et consoeurs ne sont en rien des sources fiables.

Autre point vital: depuis quand peut-on prétendre avoir l'expertise, les réseaux et plus encore la compétence analytique quand on est un "blogueur"? Ne me faites pas rire... Ce n'est pas parce que je chronique selon MES opinions, que celles-ci sont légitimes et parfaitement exactes. Je n'ai aucun contact à l'étranger pour me relater des faits (journalisme de terrain), je n'ai aucun diplôme de science politique, pas plus que je ne peux prétendre à un travail de rédaction en groupes. Un journal, ça fonctionne à l'aide d'une rédaction, et pas avec un paumé derrière son clavier qui lâche ses opinions en attendant qu'il ait un auditoire. Quand on veut faire de la presse (papier ou numérique), on fait du rédactionnel. Et le rédactionnel respecte des règles, des formats, du contenu. Pour moi, lire un journal, c'est avoir une description plus complète et circonstanciée que les prémâchés de la toile. "Trop longs", "illisibles".... Ah ben oui, c'est bien plus digeste de bouffer une annonce Reuters non vérifiée ni analysée, que de se taper que le lendemain un article qui daigne mettre en perspective l'évènement et son cadre. Mais j'oubliais, la culture du net, c'est avant tout celle du Mc Do: si vite mangée, si vite oubliée. Ca me met en colère de lire de telles inepties: la presse est un métier respectable, avec un fond et une forme. Que la forme évolue grâce (ou à cause) de la toile, rien de choquant ni même de gênant, mais de là à vomir sur le fond, il y a une sacrée marge!

J'abhorre cette mentalité émergente de la toile qui a pour but de dénigrer les "anciens modèles". La presse est ce que nous en faisons, tout comme la toile elle-même: les médias nous vendent ce que nous voulons, et pas uniquement ce que eux veulent. Prenons trois exemples: j'entends râler les gens qui critiquent l'excès de séries violentes, Américaines, d'enquêtes policières... Mais quelles sont les séries les plus téléchargées et piratées? Ces mêmes séries! Second exemple: la toile énumère constamment les tares de la téléréalité, l'excès de people... mais quels sont les torchons les plus vendus, les sites les plus visités, les articles les plus lus sur les portails d'info, les plus gros audimats ? La vie des people, et les émissions de téléréalité. Enfin, on gueule sur la presse écrite, on les trouve minables, on dit qu'ils sont des vendus... Et que valent les blogueurs vendant leur cul à des marques pour avoir du financement? Que valent les marteleurs de claviers qui ne font pas du journalisme, mais comme moi de la chronique? Une opinion, ce n'est pas de la presse. Une idée, c'est personnel, l'information doit être universelle, et c'est en ça qu'il y a une différence fondamentale.

Oui, je crache régulièrement sur la presse, non parce qu'elle est pourrie et qu'elle mérite de mourir, mais justement parce que je l'aime, et qu'en bon amant je lui dis ce qu'elle a de mauvais en elle. La qualité d'une plume se mesure avant tout à ce qu'elle arrive à transmettre. A ce jour, je n'ai vu aucun blog qui mérite suffisamment de considération pour que je puisse l'estimer digne de confiance. C'est en recoupant, en lisant plusieurs sources, en ayant une oreille et un oeil attentifs pour de vrais experts que j'arrive à me faire une idée, et sûrement pas en m'abreuvant à une seule source. Je suis sidéré qu'on puisse être aussi malsain contre la presse, tout en revendiquant être soi-même démocrate, progressiste et j'en passe. La presse a été et sera toujours le support de l'information (du moins je l'espère), et préserver cette compétence, ces expertises, c'est préserver nos libertés. Laisser mourir la presse, c'est offrir à n'importe qui les clés de l'information : libre à chacun de croire que X ou Y sera suffisamment compétente pour raconter ce qu'il veut bien dire dans son blog dans son coin. Moi? Je n'y crois pas un seul instant.

Pour finir, j'ai l'énorme crainte que l'information devienne un autre bien de consommation jetable, où chacun ne se nourrira que du bas de gamme, parce que c'est plus digeste, parce que c'est moins difficile à appréhender, avec à la clé la perte d'une qualité qui, quoi qu'on en dise, n'est pas toujours "low cost".

16 avril 2014

Comique et vrai à la fois...

A méditer!