27 septembre 2010

Dico sauvage

Après avoir suggéré, non sans une pointe d’humour sous cape, que vous puissiez me fournir quelques mots pour alimenter mon « Abécédaire de la connerie humaine », voici qu’une amie s’est proposée pour une première volée de bois vert, pardon, de mots qu’elle aimerait voir décrits par mes soins. N’étant pas avare en propos diffamants pour la société, l’homme, enfin pour toute chose, attaquons à ses obsessions, puisqu’il convient de les considérer comme telles, étant donné qu’elles les as suggérées… Oui je sais, c’est vache de dire cela, mais que voulez-vous, je ne saurais me refaire, eu égard à ma flemme légendaire de me remettre en question, mais également du fait que j’ai bien autre chose à faire. Quoi donc ? Ca ne vous regarde pas, et puis, quitte à se refaire, pensez donc à le faire sur vous-même avant de me le suggérer ! Tas de Pygmalion que vous êtes !

Passons donc à quelques termes pour l’abécédaire.

Amitié : Meilleur moyen de s’endetter pour le compte d’un autre, et de découvrir avec horreur que les amis, c’est comme les puces : on en a d’autant plus qu’on n’en a pas besoin. L’amitié, c’est la forme la plus évoluée du parasitage, car contrairement à celle classique de la tique ou du pou, l’amitié incite non pas à dévorer littéralement la victime, mais à lui faire croire que le tout est agréable et utile. En plus, l’amitié sert parfois comme prétexte pour mourir bêtement. Tout le monde a en tête une scène de film où le héros (condamné) va se sacrifier pour sauver ses amis. Foutaises : comme tout bon mammifère égocentrique, l’homme se torchera avec ses convictions, sauvera sa vie, se saoulera dans un élan de remords, et financera la vie parasitaire de la caste des psychothérapeutes qui, par charité, lui lancera sans réflexion ni explication un « C’est Œdipe ». Cela expliquerait la croissance affolante du nombre de suicides…

Amour : Sentiment. Trop long à expliquer, trop de problèmes à y inclure. L’amour peut provoquer de grands moments de bonheur ou de détresse, voire même déclencher des guerres. Donc, définir l’amour, c’est quelque part définir l’existence et l’humanité. Je ne suis pas philosophe, et puis me les brisez pas je n’ai pas que ça à foutre.

Barbare : Moi. Tout simplement.
Comment cela, ça ne suffit pas ? Bon, poussons la réflexion : le barbare est quelque chose d’ordinaire, de si ordinaire qu’on ne saurait en douter. En effet, la barbarie, ce n’est pas tant être violent, méchant, sanglant, que de pratiquer l’usage de l’inculture face à la cité. Le terme, à son origine, définissait comme barbare tout ce qui n’appartenait pas à une civilisation donnée. Ainsi, les Romains définissaient les autres comme des « barbares ». Tiens donc, n’est-ce pas le terme que l’on pourrait consacrer à l’immense majorité des gens errant sur la toile, disséminant inepties, horreurs linguistiques et autres contrevérités ?

Chanceux : Race infecte de types qui ont pour principale qualité de prendre aux autres ce qu’ils rêvent. Le chanceux, c’est ce salopard qui marche sur une mine sans la faire sauter, alors que son camarade, lui, pressera son brodequin dessus, puis devra apprendre à marcher avec une prothèse. Le chanceux, c’est l’ahuri qui vous fait une chute de dix étages, à cause qu’il « nettoyait le dehors des fenêtres et qu’il a glissé sur le bord mouillé et crotté de fientes de pigeons ». Le chanceux, c’est enfin l’espèce d’ordure qui vous précède dans le bar tabac, qui tergiverse, hésite, prend enfin ses tickets à gratter, et sous votre nez, prend celui que vous convoitiez (allez savoir pourquoi), et qui s’exclame, fier et plastronnant « Bordel ! Mille Euro ! ».
Enfoiré !

Cocu : Type qui ne connaît visiblement pas sa chance, étant donné que son épouse/fiancée/maîtresse est partie prendre des cours sur la Chose avec d’autres, et vient au surplus les pratiquer avec lui. D’une certaine manière, la réflexion, poussée à son paroxysme par Sacha Guitry sous la forme d’un « La plus grande saleté qu'on puisse faire à un homme qui vous a pris votre femme, c'est de la lui laisser ». Dans les faits, cela sous-entend donc qu’après tout, si Madame va voir ailleurs, c’est qu’elle a trouvé plus idiot que vous. Cela a un petit côté rassurant, même si, dans les faits, être cocu peut aussi avoir l’inconvénient de passer temporairement pour un con, car la majorité des cocus sont les seuls à ne pas être au courant des comportements volages de leur épouse. Comme quoi, c’est à double tranchant. Ceci dit, le cocu peut même être heureux. Ne dit-on justement pas « l’imbécile heureux » ?

Effet papillon : faculté hallucinante qu’ont les mathématiques complexes de démontrer qu’une saloperie de papillon d’un côté du monde, pourra, en battant des ailes, déclencher une tempête à l’autre bout. En l’espèce, cet effet me laisse perplexe. Dites vous bien que je côtoie au quotidien des gens qui brassent de l’air sans effet, et que d’autres me le pompent littéralement. Alors pourquoi diable n’y a-t-il pas plus de cataclysmes météorologiques de par le monde ? Probablement parce que cette idée saugrenue du papillon est sortie de l’esprit enivré d’un scientifique, lors d’un « brunch » (à dire avec un accent pédant), ceci pour impressionner une écervelée aux fesses admirables, ou du moins pour en mettre plein la vue à son sportif (tout aussi décérébré) d’amant. Comme quoi, la science, c’est aussi un domaine où l’on peut pratiquer la revanche mesquine.

Femme : Ah, question piège. Comment définir la femme ? Comment lui coller des épithètes sans passer pour un misogyne, ou a contrario lui épargner ma verve (à défaut de l’approcher avec le « g » substitué au « v », comprenne qui pourra), ceci pouvant laisser augurer une certaine lâcheté. Qu’est-ce donc que la femme. Femme : complément technique parfait pour l’homme. La femme est le cerveau amovible de l’homme, car techniquement quand vous ne savez pas où vous allez, madame, elle, sait que ce n’est pas par là qu’il faut aller. D’une mémoire épatante, une femme saura toujours vous ressortir quelques dossiers croustillants, vous faire avoir des remords sur des erreurs passées (et si possible oubliée), et avec un zeste de cynisme, saura vous faire comprendre qu’il ne faut pas l’emmerder (ah, Saint Alka Seltzer, pourquoi ne fais tu pas taire leurs migraines ?!). En bref, la femme, c’est le sens de l’organisation, de la famille que n’ont jamais les hommes. D’ailleurs, quand madame aborde une question, ce n’est pas pour nous faire fuir, c’est qu’elles sont justes curieuses. Enfin bon, se faire interroger sur « qu’est-ce que tu as foutu hier soir, pochard ! » ne mérite généralement pas de réponse, à moins de vouloir lui avouer vos vomissements frénétiques dans un caniveau inconnu.
Ceci dit, la femme a pour principal défaut l’incapacité à accepter une réflexion. Je m’explique : dites lui « tu es belle », il vous faudra sans cesse lui répéter pour que cela soit un tant soit peu admis. De plus, il vous faudra appliquer la recette à longueur de temps, sous peine que le soin soit considéré comme inefficace. Ajoutez aussi un sens inné et pénible de la contradiction pour vous faire perdre patience (du genre « non on ne regardera pas le foot, on va plutôt regarder secret Story. » Ok… mauvais exemple, on est tombé chez des beaufs), et vous obtenez un portrait très incomplet et insupportable de la femme !

Gynécologue : Profession étrange qui a pour but unique de pratique la spéléologie dans l’intimité des femmes. Allez savoir pourquoi, mais tout comme pour les proctologues, je n’arrive pas trop à comprendre ce qui a pu inciter ces types là à choisir une telle orientation. Autant le chirurgien cardiaque, le pédiatre, j’arrive à voir l’intérêt, mais à l’instar du dentiste, quel est le foutu intérêt que de devoir pratiquer l’exploration des femmes de la sorte ?! N’est-ce pas là une démonstration parfaite du vice mené au paroxysme, jusqu’à la profession ? Il est notable qu’en plus d’être un métier étrange, le gynécologue garde toute sa dignité, chose qu’un proctologue aura bien plus de mal à faire. Dommage, les deux s’occupant pourtant d’orifices et d’accès… Enfin bref, le gynécologue, c’est le toubib spécialisé qui se charge de la plomberie reproductrice de votre chère et tendre.

Politique : Chasse gardée d’une élite autoproclamée, la politique est l’art de dire des conneries, et de faire croire à la population qu’on en est convaincus. Toute la rhétorique, dialectique et autres arts de la paraphrases sont utilisables en politique, d’autant plus qu’il est nettement conseillé de cumuler populisme cinglant à travers quelques phrases choc (ou propices au lavage à haute pression) avec de l’idéologie bien ficelée, et surtout incompréhensible de l’ahuri moyen. Il faut noter que le langage politique n’est pas celui de l’homme de la rue. En effet, il ne faut pas que l’électeur (le pigeon, l’abruti, le roulé dans la farine, vous, moi…) puisse saisir qu’il s’est fait enfler lors de son dernier plébiscite. En gros, la politique, cela tient à deux arts distincts : caresser le bébé d’une main, en lui piquant sa tétine de l’autre, et réussir à servir comme un plat exceptionnel de la merde recouverte d’une plâtrée de chantilly. Hé oui : la politique, c’est sûr que c’est très présentable, mais quant à la saveur, j’ai quelques doutes.

Vicieux : Le vicieux, c’est la chose qui fait de nous des êtres humains. Notez que dans vicieux, il y a ce sifflement caractéristique qu’on pourrait associer au serpent vicelard (justement) de la création, ce petit quelque chose de désagréable à vos tympans qui vous dit « méfiez vous de lui, il est vicieux ». Pourtant, l’âme humaine est propice au vice, elle s’étale dans la fange, se barbouillant le visage et accessoirement les miches de la boue de la luxure ! Oh, toi qui vas aux putes et qui, ensuite, se lave l’âme à confesse, n’es-tu pas l’archétype du vicieux ? Et puis merde, le vice, c’est la pornographie, le sexe, le plaisir, le désir, l’envie, les sentiments, la torture de l’âme par la chair… En somme, c’est vivre, et quitte à y laisser ma peau, je me contenterai de dire que je suis un vicieux ordinaire, et que le diable m’accueillera volontiers pour une soirée pizza bière, tout en regardant une émission décérébrant le blaireau moyen que je suis.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pari réussi, mais j'en doutais pas...euh petite parenthèse, ces quelques définitions ne sont pas des obsessions, mais bel et bien des définitions que, te connaissant plutot bien désormais, je voulais te voir traiter...
et je dois dire que je ne suis pas déçue, non pas un instant !
alors...
Amitié = c'est pas faux non comme dirait quelqu'un que j'apprécie particulièrement...
Amour = c'est tellement bien écrit
Barbare = oui c'est tout toi !!! pas de doute en face de barbare le nom de fred est marqué....
Chanceux = bien vu :)
Cocu = à mourir de rire :)
Effet papillon = qu'il aille voler ds son coin et nous lache la grappe le papillon
Femme = grrrr saloupiot va, cela dit c'est vrai vous seriez perdu sans nous, mais chapeau, bien sorti de cette question piège
Vicieux = toi vicieux ? ha ben là je l'apprend mais tellement vrai
en résumé j'adore, une fois encore tu viens de me prouver que rien ne t'est impossible !!! ça en est rageant pour uen pauvre femme comme moi
mais c'est tellement bon de te lire...
Bisous mon tit ange (ouais je sais va en faire sourire qqles uns ce que je dis)
Didine