10 septembre 2010

L’avenir n’est pas forcément décevant

La science-fiction, depuis son apparition, s’est avérée parfois aussi exacte qu’elle a pu nous mener à des déceptions. Prenez Jules Verne : il a fantasmé la visiophonie, les voyages spatiaux, les communications internationales, et aujourd’hui tout ceci fait partie soit de notre passé, soit de notre quotidien. A contrario, d’autres ont rêvés un 2010 différent du nôtre, à tel point que nous pourrions être déçu de la comparaison. Malheureusement, l’immense majorité des auteurs fondent leurs histoires sur des espoirs d’un monde meilleur, ou bien projettent leurs histoires dans d’autres univers, ou à des dates totalement incongrues (genre 3759 après Jésus-Christ). Mais est-ce un drame ?

Quand la civilisation de l’automobile est devenue réalité dans les années 50, les rêveurs se sont épris de l’idée que la voiture pourrait un jour voler, se conduire seule, ou encore marcher à l’énergie nucléaire. C’étaient des préoccupations de leur temps : Chuck Yeager avait passé le mur du son, on rêvait d’envoyer des hommes dans l’espace, après l’avoir fait avec un chien, et l’on voyait la toute puissance dans l’atome, tant militairement que pacifiquement dans les centrales électriques. Ainsi, ce fut donc l’ère du rêve, de l’espoir de la voiture supersonique, du vol autonome. L’homme a toujours voulu voler, et aujourd’hui encore, des inventeurs planchent sur des véhicules volants individuels. Est-ce vraiment décevant ? A mon sens, pas tant que cela. La voiture s’est imposée comme le moyen ultime de faire preuve de son indépendance en terme de mobilité, et nous fonctionnons sur des préceptes mécaniques qui ont plus d’un siècle (le moteur à explosion). Pourtant, rien ne se ressemble moins que la Ford T des années 20, et son héritière qui serait une Ford d’entrée de gamme par exemple. A tous les étages, la technologie est passée par là, au point qu’elle se fait même discrète. Un pneu d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec un pneu d’il y a seulement dix ans, si ce n’est sa forme... Nous progressons, peut-être moins rapidement que nous le voudrions, mais nous ne stagnons pas.

Le monde a rêvé de stations spatiales, de la vie sur d’autres planètes, de rencontres du troisième type, alors que pour le moment, nous en sommes encore à trois types qui se rencontrent. Désolant ? Encore faut-il avoir une ambition acceptable ! Voyager dans l’espace, c’est dangereux, complexe, affreusement cher, et le faire dans le seul but de s’en vanter n’est plus d’actualité. On projette des missions martiennes à un horizon d’un demi-siècle. Cela me semble raisonnable, car, après tout, Kennedy avait lancé les missions lunaires à des fins tant militaires (recherche sur les fusées, les communications...) que scientifiques (savoir si l’homme peut aller aussi loin, s’il supportera de se poser sur une autre planète), et surtout de propagande pour montrer l’avance Américaine sur l’Union Soviétique. Aujourd’hui, les nations détenant un tel savoir technologique ne sont plus ennemies, et l’union des cerveaux pourrait permettre un voyage vers mars à un horizon plus proche. Mais pour quoi faire ? Pour s’en targuer ? Le monde a, à mon sens, a plus besoin de recherche sur les technologies et les énergies propres, que sur l’envoi d’une équipe vers mars.

Nombre d’auteurs de SF présentent dans leurs œuvres la fusion entre la machine et l’homme : membres améliorés, yeux mécaniques, cœur de rechange, tout y est distillé avec des craintes ou avec des espoirs parfois démesurés. Actuellement, nous arrivons à assister l’homme quand un organe est défaillant, nous étudions des solutions pour arriver à des organes synthétiques, ou des dispositifs mécaniques de substitution. Est-ce pour demain ? La recherche avance, mai dans le bon sens, au titre qu’elle n’envisage ces procédés que dans des cas médicaux ciblés. Hors de question de songer à améliorer des hommes pour en faire des machines vivantes, pas plus qu’il n’est envisagé de prolonger indéfiniment la vie par ces technologies. Notre monde, après les horreurs de l’eugénisme nazi, la peur des manipulations génétiques, en est arrivé à mûrir ses réflexions à ce sujet. Il y a bien entendu énormément de peurs, mais je crois que c’est aux citoyens de se tenir informés, et de ne pas laisser les OGM devenir notre seule source de nourriture, et d’interdire que nos enfants soient un jour sélectionnés génétiquement, tout comme interdire l’amélioration à outrance de nos capacités.

Et puis, enfin, aucun auteur ou presque n’a su prédire l’influence du réseau. Certains penchaient pour une connexion cérébrale avec un monde « virtuel », sans pour autant en prédire correctement les impacts. Pas visionnaires ? Comment un auteur, à une époque où la télévision faisait ses premiers pas, aurait pu imaginer de telles mutations dans nos sociétés ? Nous sommes modernes, plus modernes que prévu d’ailleurs. Sur d’autres points, nous sommes toujours aussi mal lotis : famines, guerres, violences, dictatures, censure, aucune de ces horreurs n’ont disparu... Mais c’est la nature humaine : progresser, tout en se reprenant en pleine figure ses travers. Peut-être va-t-on faire des efforts et enfin oublier nos différends et nos différences... mais c’est utopique. Je laisse cela aux auteurs de SF, ils sont plus doués que moi !

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