19 décembre 2008

Electrique !

La lumière arrive, elle s’est installée sous nos fenêtres comme autant de lucioles stagnant bien haut pour nous offrir leur clarté. Il fait jour en pleine nuit et ces larmes d’énergie prennent toutes les couleurs rêvées par l’enfant en quête d’imaginaire... En fait non, c’est tout sauf aussi onirique : ces demeurés de commerçants se sont lancés le défi ultime qui est de nous saturer les rétines avec les éclairages les plus criards qui soient. Non content de vous décoller la cataracte à longueur de journées avec des néons infâmes, voilà que Noël fait fleurir ses lampions, sapins en ampoules et autres guirlandes pendues en filets de pêche, et ce bien entendu pour la plus grande joie de EDF. Une banderole passe encore, un petit sapin sympathiquement décoré avec naïveté par la pullulante descendance du maître des lieux, pourquoi pas, mais de là à s’acharner à coup de rallonges et de coloris vous assurant à coup sûr l’obligation de fréquenter un ophtalmo, non merci !

Allez, je vais être sympa et laisser le bénéfice du doute à celles et ceux qui agissent dans le seul but d’assurer un peu de joie à leurs enfants, mais là, quand il s’agit de commerces je hurle à la filouterie. Un patron de magasin ne croit pas au père Noël si ce n’est à son pouvoir attractif sur vos économies. C’en est pathétique : entre celui qui veut faire à l’économie en recyclant des décorations premier prix et celui qui dépense sans compter il s’avère que le résultat est tout aussi tragique pour l’un que pour l’autre. De boutique somme toute relativement sobre notre échoppe devient alors une annexe des luminaires X ou des néons Y, avec tous les désagréments qui vont bien. Nombre de personnes oublient en effet une règle élémentaire en électricité : plus l’on branche d’appareils, plus la chaleur générée est grande, et donc plus le potentiel de panne grandit en proportion. Tenez, il suffit pour s’en convaincre de voir les efforts que font les fabricants de fanfreluche lumineuse pour trouver des solutions moins énergétivores que le traditionnel filament : diodes, ampoules basse consommation, bref tout l’arsenal moderne pour vous pourrir l’existence.

Bon à la limite la circonstance atténuante du commerçant est son essence même : attirer le chaland et donc vendre, mais que dire des particuliers qui font dégringoler ces mêmes guirlandes sur leurs terrasses ou façades ? Sont-ils séniles, fous, ou juste sont-ils simplement atteint de cette maladie du « M’as-tu vu ? ». Sans rire ni frémir la mode de l’éclairage privé tient franchement de la débilité la plus profonde. D’appartement ou maison les logements sont devenus des annexes de fête foraine avec leurs chenillards qui clignotent, leurs logos qui tintent et ô suprême mauvais goût le père Noël full plastoc qui contient une ampoule, le rendant donc aussi glauque que lumineux. Ce dernier objet est à mes yeux à placer au sommet du classement de la connerie consumériste.... Ah non j’allais oublier la réduction de papa rouge pendue au balcon comme s’il venait de mettre fin à ses jours. Déprimant, laid et ridicule.

Ce n’est pas vraiment Noël qui me rend acariâtre sur ce point précis, c’est avant toute chose l’imbécile besoin qu’ont les gens de s’exhiber. Cela sert à quoi d’en coller pour 1500 watts sur la baraque si ce n’est pour se faire voir ? Autant je pourrais trouver cette déviance amusante mais à petite échelle, autant je suis inquiet pour leur santé mentale quand la dite installation prend des allures de spectacle son et lumières et que la décoration ne se cantonne plus aux bêtes guirlandes. J’ai déjà vu des pavillons ayant pour totem le bonhomme de neige... en polystyrène, voisinant sans honte le traîneau du père Noël avec ses rennes aux nez éclairés, et suprême ignominie la neige synthétique projetée sur la pelouse qui n’avait pourtant rien demandée à personne. Dans le genre mauvais goût il y a une expertise qui me dépasse sur ce point.

Un dernier point me passionne : certains ont un sapin en synthétique, d’autres prennent des vrais qu’ils jettent une fois la fête passée. Que deviennent ces saletés aussi incongrues qu’encombrantes ? Je n’ose même pas imaginer le dépôt de ces propriétaires fiers (si si !) de ces cochonneries car, à mon avis, si à Noël ils se ridiculisent le reste de l’année ne doit pas être triste non plus. Comme quoi, l’Homme a un don inné pour se ridiculiser et cela ne semble pas être prêt à changer !

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