21 juin 2011

Elections à la Napoléon

Certains n’hésitent pas à comparer notre président à un « Napoléon », tant par la taille, que par l’apparente démesure mégalomane dans ses actes et ses propos. Certes, nous avons connu des politiques plus pondérés, moins amateurs de médiatisation, et surtout beaucoup moins visibles dans la presse dite « people ». D’une certaine manière, je ne peux pas contester certaines affirmations, tout en réaffirmant derechef que nous avons élu cet homme, et que nous l’avons choisi pour sa présence médiatique justement. De là à dire que nous avons le président que nous méritons… Enfin bref, ce n’est pas le sujet du jour, les frasques télévisuelles de N.Sarkozy ne sont pas le cœur de cette chronique, mais l’analogie faite le concernant avec l’empereur. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas le seul à avoir une certaine « vision » de la France.

Les primaires socialistes s’organisent peu à peu, avec la chute de DSK, les inusable « ira, ira pas », ainsi que les guerres internes pour identifier LE candidat PS de 2012. Dans l’absolu, le principe des primaires est quelque chose d’assez ancien, notamment aux USA où ces élections anticipées identifient les deux seuls candidats à se présenter en bout de chaîne. Le bipartisme Américain semble donc faire des émules, et ce malgré le fait que le PS n’ait pas pu fédérer toutes les mouvances de gauche, loin s’en faut. Dans ces conditions, la force de ces primaires se révèle finalement bien moindre qu’aux Etats-Unis, à tel point qu’on pourrait presque parler de non enjeu. Cependant, ce n’est pas tant l’idée qui est à critiquer, que le fonctionnement. Autant je trouve louable de choisir un vrai candidat unique, un chef de liste susceptible de retenir l’éparpillement des voix, autant j’ai plus de mal sur le concept même. Raisonnons un peu, et analysons.

Qui va voter aux primaires ? Visiblement, les militants, donc les adhérents, donc ceux qui, en principe, soutiennent le parti tant dans les urnes que dans les caisses. A partir de là, que crée-t-on, si ce n’est des listes électorales ? Bien entendu, jusqu’ici, tout semble plutôt conforme, au bémol près que je suis plus que perplexe sur la confiance que l’on peut avoir concernant l’usage final de ces listes. Prenons plusieurs cas : un adhérent qui n’a pas voté, peut-il ensuite espérer un poste comme fonctionnaire dans une mairie PS ? Ne va-t-on pas lui reprocher de ne pas avoir été suffisamment actif lors des dites primaires ? Et que dire des fonctionnaires déjà en place ? Ne risquent-ils pas d’être mal vus par leur hiérarchie potentiellement plus militante ? De ce point de vue, et bien que l’UMP se pose en juge illégitime, puisque que le dit parti n’est pas exempt d’une forme crasse de dictature interne, je rejoins certaines craintes à propos de la sécurité du vote. N’oublions pas qu’il y a des lois concernant la rétention des listes électorales, ainsi que sur leur usage une fois l’élection terminée.

Je vois venir le lecteur qui, agacé de ne pas voir de rapport avec Napoléon, va me dire « que de digressions sans revenir au sujet ! ». Et il n’aura pas tout à fait tort… Sauf que je vais rappeler un petit fait historique assez marquant. Napoléon, avant d’être empereur, s’était fait élire premier consul. L’usage des urnes, liste électorale, tout ceci pouvait sembler démocratique, non ? Bien qu’ambitieux, le personnage dût paraître raisonnable, surtout après une révolution Française et la « terreur » de triste mémoire. Cependant, penchons nous sur le procédé de vote. Comment savoir qui avait voté ? En dressant un registre de vote, et non pas un isoloir ! Vous ne voyez pas le concept ? Imaginez donc un grand livre, dont les colonnes sont les suivantes : Nom et prénom, une colonne à cocher pour le OUI, une autre pour le non… et une dernière pour la signature du votant. Ca y est ? Vous voyez mieux le principe ? Comment voter NON en laissant votre identité, sans craindre des représailles ? Je vois donc une élection à la Napoléon dans ces primaires, même si le fondement de telles accusations ne tient pas sur grand-chose de concret. Je doute que le PS soit réduit à de telles méthodes, et encore moins qu’un élu soit suffisamment idiot pour utiliser ces listes pour peu de choses. Toutefois, sachant que les primaires sont d’une importance stratégique majeure, m’est avis que nombre d’élus vont jouer les rabatteurs auprès de leurs collaborateurs, avec, si possible, un petit mot pour les d’un candidats en lice pour la place de « candidat unique du PS ». Ceci dit, qu’importe les méthodes : si le PS s’abaisse à utiliser les listes comme épée de Damoclès, m’est avis que quelqu’un finira par en parler, et le parti d’en payer les lourdes conséquences.

Ah, dernier point, et non des moindres. Je suis plus que réservé concernant l’avenir du PS, parce que je ne vois, pour l’heure, aucune cohésion possible derrière une seule tête. Quant bien même un candidat unique se dégagerait réellement, les guerres intestines seraient bien capables de pousser nombre de militants à se détourner du PS, ceci au profit de partis plus radicaux… au bénéfice net de la droite qui n’aurait alors guère que le FN comme ennemi direct. 2002 a démontré que le FN pouvait très bien se poser en arbitre des présidentielles, et j’appréhende ce scénario dix ans après. On peut dire que les médias nous assomment d’affirmations comme quoi le président sortant est quasi grillé… Mais de telles affirmations étaient également le lot de J.Chirac en 2002, non ?

Un conseil donc : votez !

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