29 novembre 2010

La baignoire fuit

Ne cherchez pas, ce titre est un jeu de mots minable concernant l’affaire Wikileaks qui fait trembler énormément d’états de par le monde (notre de votre râleur favori : leak signifie « fuite » pour un fluide/liquide). Avez-vous entendu parler de l’affaire ? Savez-vous de quoi il en retourne ? Alors, il me faut impérativement expliquer ce qu’est le site Internet wikileaks, préciser mon opinion à son sujet, et enfin détailler ce que m’inspire son actualité. En effet, aborder la position complexe de wikileaks dans le monde bizarre du militantisme sur la toile, c’est également se rendre compte de la responsabilité et de l’impact du virtuel sur le monde réel.

Commençons de manière assez simple : Wikileaks a pour but élémentaire de diffuser, de manière totalement anonyme et sécurisée, des données confidentielles pouvant mériter d’être dévoilées au monde entier. Ainsi, toute personne estimant pouvoir dénoncer des infamies politiques, économiques, ou militaires, peut le faire en déposant anonymement sur wikileaks ces documents. Une fois validés, ceux-ci sont alors mis à disposition du monde entier. Dans ces conditions, wikileaks se comporte donc comme un dénonciateur, le porte-parole de l’information souterraine, provoquant alors tous les remous possibles et imaginables. L’idée peut paraître saugrenue, d’autant plus dans un monde virtuel où l’information est souvent manipulée, tronquée, voire pire encore totalement falsifiée. Notez qu’il est d’autant plus facile de diffuser des inepties si l’emballage est bien fait : des campagnes de dénigrement contre Coca-Cola n’arrêtent pas de progresser, car les dites campagnes se teintent d’une pseudo étude scientifique prétendant démontrer la toxicité de la boisson gazeuse, et les plus crédules (et les moins curieux surtout) répètent et diffusent la rumeur. Alors, prêter foi aux documents de Wikileaks, c’est alors être « imprudent », même si l’immense majorité des données semblent être authentiques.

Maintenant, penchons nous sur le fond même du fonctionnement collaboratif de Wikileaks. Déjà, impossible de taxer d’intérêt économique les créateurs du site, étant donné que celui-ci ne touche aucun revenu publicitaire, pas plus que les gestionnaires ne se versent de salaire. Ce sont les dons, les assistances à titre gracieux qui maintiennent le site en vie. Plus fort encore : de par sa réputation sulfureuse, et l’embarras qu’il provoque chez nombre de dirigeants tant industriels que politiques, le site incite donc au volontariat et à la dénonciation. Ceux qui participent sont donc stimulés par la conscience individuelle et non l’appât du gain. Loin des clichés de l’espionnite où l’on corrompait pour obtenir des documents secrets, wikileaks invite à la dénonciation individuelle, sans autre retour que la fierté d’avoir tenté de mettre un terme aux embrouilles et aux magouilles des politiciens. Du web citoyen ? Du web responsable où chacun accède à l’information, même si celle-ci dérange ? C’est là où le problème devient plus sensible, et là où je suis un peu plus perplexe sur le bon sens d’alimenter wikileaks.

Que penser du procédé ? Pour ma part, je suis très partagé. D’un côté, je crois qu’il est nécessaire que le militantisme et la dénonciation aient une vitrine aussi efficace. Un site ayant une telle visibilité ne peut que déranger, d’autant plus que la presse s’est décidée à consulter wikileaks et à tenir compte des documents présents dessus. L’immense majorité des pièces se révélant être vraies, difficile pour les médias de ne pas aller chercher l’information où elle se trouve. Ce n’est donc pas étonnant que la moindre révélation explosive de wikileaks puisse avoir un tel écho dans le monde. Si l’on prend les sites attisant le plus l’activité médiatique hors Internet, on pourrait lister Google de par son appétit d’ogre, Yahoo pour les tractations concernant son rachat potentiel et toujours remis à plus tard, plus récemment les sites des politiciens (voir le site de S.Royal qui fit un vrai buzz… négatif tant il fut désastreux), et wikileaks pour les informations qu’il présente sans hésitation à la face du monde. Agiter la vase à travers le web est intéressant, stimulant, mais également très dangereux. Pourquoi dangereux ? Le bon sens est de réfléchir aux conséquences, car un document important peut amener à des morts, des coups d’état, des crises majeures tant politiques qu’économiques. Les états agissent en secret, utilisent de la documentation classée « Secret défense », ceci afin de « mentir » aux masses, et nombre des acteurs de ces guerres secrètes vivent dans l’anonymat, sous de fausses identités, et dénoncer leur existence pourrait les voir menacés de prison, ou pire. Notons également que l’économie est sensible aux révélations : imaginez l’état du marché boursier mondial si un document issu d’une « fuite » annonçait, chiffres à l’appui, qu’un immense groupe mondial n’est qu’un géant aux pieds d’argile ? Mouvements de fonds, panique mondiale… et crise équivalente, si ce n’est pire que celle des subprimes. Donc, d’un autre côté, je crois que la prudence est de mise, surtout si l’information initiale est issue d’une manipulation, car il serait potentiellement facile de créer la confusion dans les esprits, ceci pour des buts plutôt obscurs.

La crise actuelle autour de wikileaks me laisse donc dans une position délicate. Autant, je crois que les documents fournis par le site sont authentiques, autant je ne suis pas convaincu qu’il ait été judicieux de les diffuser. Le risque majeur, c’est de déstabiliser les relations diplomatiques entre nombre d’états. Tout le monde joue le jeu de dupe de prétendre (devant les médias du moins) que celui d’en face est un allié, alors que par derrière on s’en méfie, voire on fomente des coups en douce pour lui tirer dans le dos… Mais de là à voir ce comportement mis en lumière par des courriers diplomatiques, il y a un pas énorme que wikileaks franchit allègrement. Ce que je crains, c’est que le pseudo contrepouvoir de wikileaks amène à des dérives illégitimes comme le chantage, la subversion des masses, la désinformation et la propagande, et pourquoi pas la manipulation. Les créateurs de wikileaks se sont vus « menacés » indirectement par des affaires puant à plein nez les opérations noires, et je doute que cela se finisse ainsi. D’ailleurs, le site a, pendant quelques heures, été rendu indisponible par une attaque en règle de pirates, ou plutôt d’énormes services de destruction de service électronique. Qui soupçonner ? Les USA sont dans la ligne de mire du dernier dossier brûlant de wikileaks, mais de là à accuser ouvertement un organisme gouvernemental, il y a une marche dangereuse à gravir. A mon sens, sans paranoïa aucune, je ne peux pas supposer que les pirates soient ceux qui défendent becs et ongles la liberté d’expression, tout comme je peux soupçonner des organisations criminelles qui, elles, ont tout intérêt à ce que wikileaks ne laisse pas sortir d’autres dossiers pouvant les concerner. Action d’un gouvernement en colère ?

Pour comprendre l’affaire (et ne pas faire de redite), rendez vous sur les liens suivants expliquant « l’affaire wikileaks », ainsi que l’organisation du site en question.

Qu'est-ce que Wikileaks, sur Wikipedia.fr
Julian Assange, porte-parole de Wikileaks, sur Wikipedia.fr
L'affaire Wikileaks et la diplomatie Américaine, sur wikipedia.fr

Nota: le dernier article progresse régulièrement, et les sites d'information sur le web s'en font l'écho permanent. N'hésitez pas à fouiner sur la toile pour avoir de plus amples (dés)informations.

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