05 juillet 2007

Nous sommes tous des Talibans !

Non ! Ne me jetez pas des pierres, ne me lapidez pas pour cette provocation gratuite et un peu injuste que je fais pour attirer l’œil morne sur mes écrits indécents ! J’avoue, je reconnais, je fléchis, ce n’est pas juste de vous taxer tous de Talibans, nous sommes tous des racistes intellectuels…

Bon. Après avoir fui la foule en furie et réussi à me protéger tant bien que mal à l’aide du corps d’un passant, je réitère ce commentaire lapidaire : nous sommes tous des Talibans en puissance, ce à quoi j’ajouterais non sans un rire sombre et narquois que sur le terrain de l’idéologie nous devenons même pires qu’eux. En effet, quoi de pire qu’une personne qui campe sur ses positions sous le prétexte fallacieux « J’ai raison, tu as tort ! », le tout dit sur le ton péremptoire qui va bien ? Franchement, cela peut amener à des rixes ridicules et même provoquer des guerres !

A partir du moment où l’on a une conviction, on devient souvent peu ouvert à la contradiction, ceci du fait que la dite conviction découle généralement d’une réflexion intense synthétisant un certain nombres d’opinions personnelles, ou bien d’un embrigadement si efficace qu’il en devient Vérité. Une idéologie revient souvent à renier toute forme de souplesse car elle se doit d’être maîtresse et non pas esclave de nos décisions. Bien sûr, on peut admettre des critiques et même en tenir compte, mais le fond reste lui-même, un invariant pénible se comportant comme un monolithe dans un jardin à la française. L’intolérance naît donc bien souvent d’une opinion fermement ancrée en nous et non pas juste d’un écart qui saurait être remis en cause par une discussion intelligente.

Tentez donc de communiquer avec un Staliniste convaincu ou de négocier avec une femme qui à ses … pardon mesdames le second exemple est ridicule (quoique). Petit aparté : rien qu’avec cette plaisanterie vaseuse j’en conviens, je viens de me mettre à dos la population féministe de mes lectrices et j’espère ne pas finir attaché à un pilori pour machisme excessif. Revenons à nos Talibans intellectuels : discuter de certains sujets rend obtus l’auditoire et vous offre un florilège d’étiquettes et même d’épithètes plus fleuris les uns que les autres : fasciste, raciste, antisémite, anarchiste, provocateur, dictateur en puissance… Arrêtez donc de rendre tout manichéen, de tout réduire à quelques définitions inadaptées ! Rien qu’en utilisant cette façon de renier l’autre l’on devient nécessairement pire que celui qu’on est supposé mettre au ban. Prenez le fascisme justement : pourquoi est-il si séduisant ? Parce qu’il offre une fermeté dans ses discours, l’exclusion de la langue de bois et surtout des idées que bien des gens ont mais qui se refusent à les reconnaître. J’envie ceux qui peuvent parler de tout sans craindre la critique car il faut du courage, même si les idéaux annoncés sont parfois intolérables.

Depuis toujours nous jouons la carte sécuritaire et le refus de l’autre sous prétexte de préserver des acquis qui parfois sont scandaleux : les esclavagistes défendaient leurs bénéfices comme le ferait aujourd’hui un patron de PME, tout comme les royalistes défendaient une certaine idée du gouvernement. Est-ce absurde d’affirmer qu’une seule personne à la tête de tout peut mieux valoir qu’un groupe de penseurs « éclairés » ? La situation actuelle de nos démocraties molles se vautrant dans le compromis laisse dubitatif lors du choix. Pour une fois, peut-on écouter toutes les idées sans pour autant les étiqueter immédiatement pour plus facilement les reléguer au fin fond d’un tiroir ? Le phénomène est d’ailleurs sacrément visible ! Si c’est une idée de la LCR, quand bien même serait-elle bonne, elle finira aux oubliettes car communiste = danger. Réfléchissons sur le bien fondé de ces classements arbitraires.

Nous sommes donc tous des Talibans par certains aspects de notre vie de tous les jours : la femme seule sans enfant à 40 ans… pouah quelle honte ! L’homme remarié plusieurs fois avec des enfants dans chaque union… pouah c’est immoral, le chef d’état qui ose discuter économie avec le président Chinois… beurk c’est indécent ! Ce genre d’archétype réduit à sa plus simple expression offre alors des thèses et des sujets pour nos chers étudiants gauchistes avides de révolution, et qui une fois arrivés à la quarantaine grisonnante votera bien naturellement … à droite. Enfin bref, le Talibanisme intellectuel n’est pas générationnel, il est le signe d’un conservatisme transpirant la morale et la protection des bonnes mœurs, ce qui au final n’est rien de plus qu’une vaste fumisterie. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » serait un slogan idéal pour ces critiques.

Et puis merde moi aussi je campe sur mes positions sur bien des sujets, et souvent ces idées dérangent ceux qui ne prennent pas le temps de me comprendre. Comme disait Desproges : « Maman, ce n’est pas parce que je suis paranoïaque qu'il ne sont pas tous après moi ! ». Moi aussi je dois apprendre la tolérance et à admettre d’avoir tort… même si ça m’écorche sévèrement de le reconnaître.

D’ailleurs c’est pour ça que j’écris ici, pour exposer mes opinions et mes réflexions de manière à les voir critiquées et remises en doute sans le risque de me prendre une torgnole d’un imbécile trop sûr de lui. Attention, je rends les coups !

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