10 juin 2009

Moi, une midinette ?

Lors de mes trop récurrentes nuits d’insomnie, je me laisse aller à regarder des séries de dessins animés. Déjà, là en disant cela, je sens l’imagination peu fertiles des plus mollassons d’entres vous qui me voient rire béatement face à l’indigente production française… Alors je recadre de suite : je ne regarde pas ce genre de « trucs », mais des séries animées japonaises ! Pour ceux qui ne connaissent pas, on appelle cela simplement « animes », car un manga est une bande dessinée et non un dessin animé. Je l’admets sans difficulté, j’adore les animes japonais, d’autant plus qu’ils sont souvent destinés à des adultes et non à des enfants en bas âge. Ici, pas de choses éducatives et horripilantes comme Dora l’exploratrice (imposez vous un épisode et vous comprendrez comment l’on fait d’une jeunesse innocente une bande de psychotiques ivres de violence), mais de véritables séries bâties avec un scénario, une réflexion, et souvent une musique à l’avenant. Sur ce point, j’admets même écouter très régulièrement les bandes originales des dessins animés qui me plaisent le plus !

Notons déjà de grosses différences entre la conception européenne et japonaise du dessin animé : ici, un dessin animé c’est un média forcément destiné aux enfants, avec si possible un message sous-jacent à vertu éducative. On ne se lasse pas de « contempler » (ironiquement) les invitations à la tolérance, au partage et au respect d’autrui. L’anime, lui, décrit, raconte une histoire, et ne s’embarrasse pas vraiment d’un moralisme mal formaté. Typiquement, l’anime est au dessin animé ce que la bande dessinée est à Disney : un usage des mêmes méthodes, mais à destination de tous les âges. Au Japon, il est normal de trouver des animes pour enfants (comme par exemple Yu gi Oh), pour adolescents (généralement des bagarres à rallonge avec un héros qui progresse petit à petit comme Naruto), pour adolescentes (Princesse Sarah en est un exemple, ou bien Candy pour les plus anciens), et pour adultes (voire même pornographiques). Dans cette prolifique jungle de titres, il est effectivement difficile de s’y retrouver tant les thèmes et les titres foisonnent. Malheureusement, l’image distillée par Dorothée et son sabotage systématique des premiers animes distribués en France (titres censurés à la tronçonneuse, doublés par des stagiaires, et qui plus est remontés comme un Jenga) n’a pas permis de réellement ouvrir l’Europe aux animes. Cependant, il existe quelques titres phares, des perles connues aussi bien au Japon qu’ici même. Notez par exemple Akira, manga culte puis film symbole en son temps, puis ensuite Ghost in the Shell qui fut même primé à Cannes, ou bien encore les films de Hayao Miyazaki, incomparablement plus profonds et riches que les fades productions Disney (Pixar excepté).

Concernant la quête de l’anime idéal pour vous, sachez tout de même que l’offre francisée est relativement faible, disons de l’ordre de moins de 1% de ce qui est produit chaque année est disponible ici, et ce après quelques années… Donc, dans la plupart des cas, ce sera des versions traduites par des fans (fansub), distribués sur Internet de manière plus ou moins… illégale. Ceci dit, prendre le temps de découvrir ces animes, c’est se débarrasser des séries américaines. Pour ma part, je ne suis plus aucune série autre qu’animée, du fait même de la profondeur des scénarii, de l’humour potache, ainsi que du graphisme souvent innovant.

Ah, j’allais oublier : le format des séries japonaises est généralement basé sur des saisons de 13 épisodes. Chaque épisode dure en moyenne une vingtaine de minutes. Certaines séries ont des épisodes spéciaux (spécial noël, spécial fête du printemps…) dont la durée peut aller jusqu’à une heure. On peut également trouver ce qui est nommé OAV, qui sont des épisodes, voire même des séries complètes jamais diffusées à la télévision, mais directement distribués en vidéo. C’est souvent le cas pour des épisodes bonus ou annexes. Typiquement, si la série distille une histoire, un épisode distribué en OAV pourra se concentrer sur un personnage particulier, ou bien sur un évènement spécifique. De ce fait, ces épisodes ne sont pas forcément indispensables à la série de départ, mais ils ajoutent beaucoup à la précision du scénario. A noter que certaines séries sont excellentes, mais directement vendues en vidéo pour assouvir l’incroyable demande du marché nippon.

Voici une petite liste de séries à voir absolument : j’y mélange les thèmes et les genres, de manière à ce que chacun y trouve son compte.

Ghost in the shell : deux films au cinéma, puis deux séries de 26 épisodes, ainsi que deux films télévisés. Là, c’est tout ce que l’anime peut présenter de meilleur : un graphisme incroyablement travaillé, des scénarii torturés à l’extrême, et des personnages charismatiques. L’histoire se place dans un futur proche, où Internet et humanité ne font plus qu’un , où la machine est omniprésente, et où l’homme n’hésite plus à s’augmenter (au point d’en devenir cyborg). Tout tourne autour d’une équipe comparable au GIGN, avec un aspect espionnage bien plus présent. Les relations humaines y sont fortes, les réflexions sur l’humanité et l’âme sont mises en avant (un homme est-il encore un homme quand seul son cerveau subsiste dans un corps mécanique ?). A voir, et à écouter pour une bande son monumentale.

School rumble : deux séries de 26 épisodes, ainsi que deux OAV en prévision d’une hypothétique troisième saison finale. Elle n’aime pas vos animes brutaux ? Elle vous affirme que c’est tout sauf intéressant des robots qui se mettent sur la tronche ? Que les animes c’est rien que de la violence ? Montrez lui School Rumble ! A la base, c’est une série destinée aux adolescents, mais les adultes peuvent s’y reconnaître et en rire (ou pleurer parfois). Tout se déroule dans un lycée typique Japonais, avec ce qu’il a d’ordinaire là-bas : uniformes, traditions culinaires, fêtes organisées, découverte de l’amour… Mais le tout présenté avec une grande tendresse et énormément d’humour. Tout y est affaire d’amour, d’amitié, mais le tout contrarié par les quiproquos en pagaille, ainsi par les préjugés vertement critiqués par l’anime. Un voyou qui reprend les études par amour pour une fille adorable mais un peu cruche, des incompréhensions sur sa façon d’agir avec elle et les autres filles de sa classe… A dévorer, pour de rire !

Full metal Alchemist : Attention, série très particulière dans son traitement. Son format est déjà relativement peu ordinaire (52 épisodes et pas deux saisons de 26, plus un film), et son contenu multiplie les réflexions profondes sur l’humanité. Le scénario se place dans un monde parallèle, dans une époque proche du XIXème siècle, mais où la mécanique et l’alchimie sont répandues. Deux frères ; Alphonse et Edward Elric, tout deux fils d’alchimiste, brisent le plus grand des tabous qui soit : créer la vie, ceci pour refaire vivre leur mère récemment décédée. Ils paient le prix fort : Alphonse voit son âme fixée dans une armure vide, et Edward y perd deux membres qu’il sacrifie pour sauver son frère des enfers. La série tourne autour du précepte « échange équitable », que l’on connaît sous la forme « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». L’alchimie est traitée comme une science, l’art de changer une matière en une autre. En apparence, FMA est une série pour enfants, de par un graphisme semblant assez simple. Il n’en est rien : l’aventure de la série est de redonner un corps à Alphonse, et ainsi le libérer de son armure d’acier. Essayez, c’est l’approuver. A propos, la série est disponible en français si vous êtes réfractaires aux sous-titres. Personnellement je préfère les voix japonaises. A vous de voir.

Code Geass : Je mets cette série car elle cumule énormément d’aspects présents séparément dans d’autres séries. Les Japonais sont fascinés par la machine (d’où la création de robots gigantesques, les méchas, au point d’en faire un genre à part dans l’anime), le pouvoir dictatorial (eu égard à l’empire), les relations amoureuses, et l’ambiguïté de certaines amitiés. Code Geass cumule ces thèmes dans deux saisons de 26 épisodes. Le scénario est assez original : sur terre, la Grande Bretagne (renommée Britannia) devient un empire omnipotent et envahit nombre de nations grâce à l’usage de méchas (des robots de combat). Le Japon est envahi, devenant une zone de l’empire, un numéro parmi d’autres régions sous contrôle. Le personnage clé de la série est un noble de l’empire de Britannia, Lelouch, qui a perdu sa mère dans un attentat, et a vu sa sœur estropiée (aveugle et en fauteuil roulant), tout cela à cause de luttes intestines pour le pouvoir sur l’empire. Lelouch devient une sorte de comte de Monte Christo, motivé par la vengeance, avec pour seul désir de démanteler l’empire et se venger de son père, l’empereur en personne. Lelouch se voit confié par une fille très énigmatique nommée C.C un pouvoir hors du commun : plier à sa volonté toute personne qu’il regardera dans les yeux, mais ceci une seule et unique fois. Trahisons, décisions politiques, mensonges, assassinats, rien n’est épargné dans cette série. Je la trouve parfaitement représentative de ce que peut donner l’anime sur les côtés obscurs de l’âme humaine. Passionnant, mais hélas encore indisponible en France, du moins sans téléchargement.

Si vous souhaitez des renseignements complémentaires sur le comment trouver ces animes, faites moi signe, je vous répondrai avec joie.

Certains sites disposent de listes complètes et circonstanciées sur le sujet : notez ces quelques adresses : Animeka : un recensement très complet des séries animées.
MangaLuxe: site d'information comparable à animeka
elite Manga: où comment trouver les animes en téléchargement...

Bonnes nuits blanches!!

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