31 décembre 2012

Une année meurt pour qu'une autre naisse

Il m'est difficile de dire que les années se succèdent sans vraiment changer quoi que ce soit. Contrairement aux rochers qui, eux, ne subissent que la vague abrasion du temps et des éléments, l'âme humaine, elle, prend sur elle énormément de choses en très peu de temps. Que ce soit la Vie, la Mort, ou bien les joies et les peines du quotidien, nous vieillissons autrement plus mal et plus vite que n'importe quel chêne plus que centenaire. L'éternité n'est qu'une vaste illusion qu'on vend par la Foi, par l'immortalité de l'âme et du nom, mais qui n'a un sens que pour celui qui y croit réellement. Personnellement, l'éternité, c'est avant tout une bonne publicité pour les bâtisseurs de pyramides, ou pour les vendeurs de chez Roc-Eclerc.

Alors quoi? Une nouvelle année vit parce que la précédente meurt? Quelque part, c'est sur les cendres de notre passé que fleurissent nos violettes de l'avenir. On aura beau croire qu'on peut bouturer le futur à l'envi, on ne pourra jamais que faire "mieux" que le passé, mais pas différemment que cela. Les enfants naissent, les gens meurent, et entre les deux ils vivent comme ils le peuvent, avec le vain espoir d'avoir une éternité de béatitude en récompense de leur labeur. Dites, les gens, la sueur, c'est pour aujourd'hui qu'il faut la verser, pour du concret, de l'authentique, de la Vie, et non pour le ridicule et prétentieux désir d'un niveau supérieur de conscience. A quoi bon vouloir le paradis, si ce n'est pas pour le partager dès maintenant? Il y a là un truc qu'il faudra qu'on m'explique...

Et le théologien de m'engueuler, de railler mon scepticisme maladif à coups d'arguments sur l'âme humaine, sur les bienfaits pour l'au-delà, sur notre capacité à avoir une vie meilleure en se préparant un trépas confortable... Fadaises! Baratin! Soupe à bigotes! Notre avenir se doit d'être celui auquel on aspire maintenant, pas celui qui me fera finir dans l'aspirateur à cendres d'un quelconque crématorium. Je me contrefous de préparer ma paillasse à l'éternité, puisque, déjà, j'ai du mal à la préparer au quotidien! Pourquoi préparer le futur quand le présent n'est même pas propre sur lui?

Je sais bien que la nouvelle année est un prétexte pour, en vrac, des bonnes résolutions sitôt énoncées, sitôt oubliées, pour s'échanger des voeux de bonne santé, pour se satisfaire d'une ripaille trop riche trop grasses, et même, suprême hypocrisie, pour se prendre une cuite au nom de l'année qui vient de disparaître. J'exècre les prétextes, je conchie les obligations, et je maudis les crétins qui pensent qu'il est de notre devoir d'enterrer dignement l'année écoulée. Question mise en terre j'ai eu plus que mon saoul, et je ne vois donc pas de raison d'aller chercher le marteau et les clous pour poser le couvercle d'un 2012 bien épuisant. A ce compte là, je préfèrerais me faire fossoyeur non autorisé, en balançant la dite année dans le premier fleuve venu, la boîte d'isorel lestée des pavés de tristesse qu'elle ma livrée en trop grosse quantité.

Et maintenant? Que vais-je faire? (Non! Je ne chanterai pas du Bécaud!). Me gausser des gens qui pensent que l'avenir renaît à minuit pétante? Me gondoler en écoutant les débiles qui vont décompter les secondes nous séparant du changement d'affichage de mon réveil? Bien sûr! Je vais forcément ironiser sur leur compte, sur l'imbécillité de cet acte de Foi, car, souvenons nous en, un calendrier n'est qu'une façon arbitraire de positionner notre existence sur une "éternité" qui nous dépasse. Et puis franchement, si du jour au lendemain, un scientifique nous annonçait sans frémir "le premier jour est celui du big bang, ce qui nous donne un premier jour de l'année un 15 mars...", qu'est-ce qu'on aurait l'air cons avec notre premier janvier, avec notre Noël du 24 décembre... non? Franchement, si c'est pour passer pour des idiots, autant que ce soit voulu. Donc, je et moi-même (schizophrénie assumée) décrétons que le premier jour de l'année est celui qui me conviendra quand je le voudrai. Donc, aussi bien le 15 mars, que le 14 juin, le 17 novembre, ou pourquoi pas le premier Janvier. Qu'importe la date, fêtons la non pour le renouveau et une nouvelle page dans le calendrier, mais simplement parce qu'on aura une bonne raison de fêter quelque chose. Mais fêter quoi alors, me demandera le cynique engoncé dans sa moquerie. Hé bien, triste sire prisonnier de ta mauvaise foi... Qu'importe! On ne fête pas la Vie, alors fêtons la!

Bonne année? Non. Bonne Vie. Bons Amours. Bonne chance. Bon Avenir!

27 décembre 2012

Nostalgie

C'est bizarre, ce genre de chanson me repasse dans les tympans avec un plaisir sans cesse renouvelé. Je sais bien que cela ne va pas toucher tout le monde, notamment celles et ceux qui n'ont pas connu une époque aujourd'hui révolue de l'informatique "8 bits". Déjà, rien que le terme doit en surprendre plus d'un, tant parce qu'il n'est pas usuel de parler de "bits" dans avoir l'air vulgaire, que parce que le côté technique de la chose n'intéresse qu'une partie congrue de la population. Cependant, pour les anciens comme moi, c'était toute une série de jeux vidéo à la sonorité simpliste, au style très dépouillé, mais avec énormément de profondeur. Alors, pour être clair, je me remets dans le casque ce truc ci-dessous:

C'est connoté ancien temps, et ça semble tout droit sorti d'un jeu vidéo des années 80/90! Oui, chers lecteurs, je suis un nostalgique de cette époque bénie où le jeu était avant tout un loisir, un délire de fanatiques qui s'adonnaient à la création en cherchant à outrepasser les limites des machines qu'ils utilisaient. Le jeu vidéo n'était pas l'industrie que nous connaissons, et encore moins les budgets aujourd'hui en jeu. On jouait, on prenait plaisir à le faire, et ceux qui programmaient le faisaient en songeant autant à leur plaisir qu'à celui de ceux à l'autre bout de la chaîne.

Moquez vous, rigolez donc... Mais finalement, quand vous mettez les pieds dans un magasin pour acheter un jeu, que recherchez vous? L'esthétique? Ca ne suffit pas. La durée de vie? Comme elle est majoritairement indigente, vous passez outre. La qualité de scénario? Ahhh, le scénario d'un "pan pan bestiole tuée"! Alors quoi finalement? Un loisir numérique capable de vous tenir en haleine, de vous offrir un challenge tout en n'étant pas nécessairement frustrant, et qui ne se finit pas en quelques minutes. C'est ça qui plaisaient et qui plaisent encore!

Alors, évidemment, comme tout business, il y a eu énormément de jeux pourris, d'atrocités sans nom dont parle fort bien le joueur du grenier. D'ailleurs, relevez qu'il y a énormément de vrai dans ce qu'il dit: surexploitation de licences, manque de finition, bref tous les travers que cette industrie peut engendrer. Et pourtant, je reste nostalgique de ces pâtés de pixels, du temps passé à potasser les journaux spécialisés (qui sont morts pour la plupart), à chercher à comprendre comment étaient faits ces programmes pour éventuellement y bidouiller quelque chose et obtenir "les vies infinies"! Allez faire un tour sur son site, et regardez donc ses critiques, et préparez vous à quelques gros fous rire. C'est idiot, cliché au possible, pétri de référence "à la con", mais c'est tout ce que j'aime, car on ne critique jamais mieux que ce qu'on aime...

Les tests rétro du joueur du grenier

Et une autre sur le talent

Avis aux sceptiques! (vidéo)

Vous vous dites "Les effets spéciaux, ça se voit"... Hé bien, bonne nouvelle, non, ça ne se remarque même plus!

Bon visionnage!

21 décembre 2012

C'est tout sauf la fin

Pas nécessairement. Franchement, qui se préoccupe encore de lire ou regarder l'actualité? Entre les élans stupides de gens croyant encore à une fin du monde ce jour, et ceux qui ne veulent pas la fin de leur monde mais de celui des autres, il y a de quoi faire un bon paquet d'holocaustes. Je suis donc là, à me gausser face à cette bande d'ahuris qui scrutent le ciel, ou inspectent leurs bunkers en attendant le désastre final. Il y a de quoi, non? De toute façon, s'ils ont raison, tous leurs effort se révèleront aussi vains que stupides d'ici quelques heures.

Pourquoi diable serait-il stupide de s'entêter à survivre? me dira le fondu de souterrain bétonné et cloisonné de manière étanche. Dis, après avoir passé une décennie à concevoir, construire, puis entretenir et alimenter ton petit paradis en forme de placard à torturer les claustrophobes, ça ne t'est pas venu à l'esprit que tes vivres seraient insuffisants pour durer des années, et qu'à ta sortie de ton vase de protection, que rien ne te garantirait de survivre au dehors? Ca semble pourtant d'une implacable logique: on ne peut pas fantasmer sur une survie individuelle si toute l'humanité quitte la scène en une seule fois. Désolé mon gars, mais ton bloc de béton, c'est de tombe qu'il te servira, et rien de plus.

Je note bien qu'il va me répondre qu'il vaut mieux survivre que de mourir bêtement. A cela je réponds que repousser une telle échéance, surtout pour finir par périr seul, sans espoir, sans le moindre contact possible avec d'autres survivants, j'appelle cela de l'acharnement (pour être dans le poli), ou plus honnêtement de la connerie pure et simple. Je suis méchant? Parce qu'il y a un intérêt à vivre en solitaire? Sorti des rares ermites dans l'âme, tous les autres seront alors confrontés à la solitude, aux problèmes psychologiques que cela engendre, avec même un potentiel de suicide fortement accru. Mais ce dernier point me semblerait plus que salutaire, au titre que cela éviterait que l'humanité reparte avec pour patrimoine des paranoïaques et autres membres de sectes obscures.

Un peu de bon sens mes amis. La Mort, la fauche, la garce à la faux affûtée fera ce qu'elle voudra de nous, que cela vous plaise ou non. Une marche d'escalier glissante, une voiture s'oubliant au feu rouge, un météorite sur la tronche, ou encore (pas de bol là par contre) un pot de pétunia malencontreusement tombé du dixième étage, et hop, l'existence se termine. Triste ironie: naître pour mourir... Comprendre par là qu'il n'y a d'issue que dans la tombe, ou tout du moins pour celles et ceux qui ne veulent pas finir dans un cendrier. Remarquez, ces dingues de la sécurité, ces allumés vénérant un calendrier périmé et potentiellement faux, ils auront donné du boulot aux entreprises du bâtiment, et, luxe suprême, réussis à me faire me marrer en voyant des reportages sur leur existence à la télévision. Je me dis alors que je ne suis pas si cinglé que ça!

Et puis merde. Si le monde doit disparaître, alors qu'il le fasse correctement, en emportant aussi ces malades qui croient encore à leur destin. Ah mais j'ai failli oublier! Ils pensent avoir pour devoir de repeupler la terrre! Ah non! Seigneur, si Votre idée est de nous anéantir, faites en sorte d'embarquer en premier tous ces débiles. Je ne veux surtout pas qu'ils puissent me survivre, et encore moins devenir l'avenir. L'idée est bien trop nauséeuse pour m'être tolérable. Et par pitié, par charité pour tous nos génies vivants ou disparus, faites surtout qu'il n'y ait aucun survivant. Ce serait une poisse de survivre "par accident", ou de mourir "préparé", non?

Cruel dilemme... survivre, périt dignement, pleurer, hurler, ou juste constater que, chier de chier, il ne se passera rien. A demain, si vous l'voulez bien!

19 décembre 2012

Passe moi le sel

Non, je n'ai pas évoqué le sel pour éveiller mes papilles passablement anéanties par mon tabagisme, ni même pour soutenir une quelconque traque à la malbouffe dont les annonceurs se font l'écho. Non, si je songe au sel, c'est surtout suite à l'expression "mettre son grain de sel" qui m'amuse tout particulièrement. Ah, l'idée de gripper toute une belle mécanique avec un tout petit rien, de saboter un repas d'une simple pincée de ce produit blanc! Je sais, c'est méchant, inutilement méchant voire même stupide, mais reconnaissez le, vous avez déjà envisagé d'utiliser à tort et à travers la salière, rien que pour le plaisir malsain de voir se déformer les traits d'un con-vive trop regardant avec son assiette.

Saler, sucrer, ajouter du poivre... Qu'importe! Le jeu est de se dire qu'on peut très facilement pousser au désastre les choses les plus complexes, et cela rien que pour l'autosatisfaction. Prenez donc l'ahuri qui, au détour d'une soirée trop arrosée, urine sur une ligne à haute tension. On ne peut pas parler de sabotage, car le personnage y laisse sa propre carcasse dans un éclair de lumière, et au surplus fait sauter les plombs aux alentours. Là, ce n'est donc pas un grain de sel dans une situation, c'est juste de la bêtise crasse bien ordinaire. En revanche, le type qui, volontairement, se pointe avec des câbles d'acier, les balance en toute sécurité sur les mêmes lignes, et disparaît sans laisser de trace, il y a là volonté de nuire, se faire suer ses contemporains, bref de créer du bordel ambiant avec trois fois rien. Ca, c'est du grain de sel mis dans la soupe supposée fade qu'est l'existence!

Notons que cette attitude de saler les choses peut être identifiée partout. Entre le roi du ragot qui vous pollue une discussion en lançant de manière pernicieuse des rumeurs, celui se délecte du dénigrement d'autrui, ou encore celle qui a pour seul plaisir dans sa vie que de se venger sur les défauts des autres, il y a de quoi faire concernant la quantité de sel mise dans nos gamelles. On fait avec, on écoute avec considération et charité, alors qu'il serait plus de bon ton de mettre un terme immédiat à la chose en grognant un "ta gueule" bien senti. Cependant, on ne peut guère s'y résoudre, faute de pouvoir conserver un entourage décent. Hé oui: la médisance volontaire est une façon très humaine de vomir ses propres frustrations, de tailler en brèche les autres en se disant "finalement, ils sont pire que moi". Raté! Etre pire que celui qui salit les autres, cela devient franchement difficile, même si le sport devient curieux quand les gens s'échangent des coups par rumeurs interposées. Là, c'est donc la guerre du grain de sel... Sacré foutu grain quand même, car parfois cela mène à des homicides. Je me demande comment vendre ça aux assises d'ailleurs. "Elle n'avait pas à mettre son grain de sel". Ce serait une réplique d'anthologie pour tout juriste amateur d'ironie de prétoire.

Plus on s'avance dans la connaissance, moins celle-ci se révèle suffisante. Cette phrase (de moi) résume fort bien notre situation. Plus on en sait, plus on voit les domaines où l'humilité serait une bonne chose pour nous pousser au silence. Or, malheureusement, l'Homme a un goût immodéré pour la vacuité du propos. Tu ne sais rien? Mais tu vas parler! Et le pire, c'est que les dits bonimenteurs sont convaincus d'avoir LA réponse, la bonne, universelle, immuable et pouvant s'épingler à tous les revers de costume. Qui n'a pas croisé le radical qui s'étiquette de lui-même sans ambiguïté dans un courant extrême? C'est un petit bonheur que de l'écouter vociférer, rendre sa béquée bien assimilée sous forme de tirades prêtes à l'emploi. Enfin un bonheur, tout est relatif, encore faut-il aimer les clichés et les inepties et autre imprécisions confortables dont ils font souvent preuve... Mais là, c'est un autre débat.

Et moi, je me pose là, en face de ce profil, de cet ignare armé de son inculture, et m'amuse à sortir la salière, la bonne vieille salière de bistrot, l'inusable, l'incassable... Et je saupoudre sa mécanique intérieure à coups de questions méchantes, de remarques cyniques, et de petites piques bien senties; Un fasciste convaincu? "Dommage que le Duce n'ait pas été entouré de types aussi convaincus que toi". Un nationaliste aveuglé par ses convictions? "C'est sût, une France expurgée de tout ce qui n'est pas Franc, ça laisse un territoire vide à plus de 70%". Une sotte qui tente de me faire avaler des idéaux sociaux radicaux? "Ah oui, j'ai lu un truc intéressant là-dessus... Le manifeste du parti communiste. Il paraît qu'on a essayé de mettre ça en oeuvre en URSS et en Chine, et que ça fonctionne encore en Corée du nord".

Oui je suis méchant, j'aime coller du sel dans la tambouille des autres!

Chère violette, peux-tu me passer la salière? Il y a l'UMP qui en redemande!

10 décembre 2012

Soyons corporates

Juste une petite vidéo (issue d'une série de trois vidéos que je distillerai au fur et à mesure...).

Hé oui, je suis "corportate"!

Bonne vidéo.

07 décembre 2012

Combattre l'oubli

On est le 7 Décembre, et peu de gens en France feront un quelconque rapprochement historique avec cette date. Les Américains, eux, se souviendront probablement de Pearl Harbor, de cet évènement qui a été la première (et dernière jusqu'au 11 Septembre) véritable agression de leur souveraineté par les Japonais. Est-ce que cela a la moindre importance, le moindre sens pour nous autres? Est-ce qu'il est important de célébrer de tels évènements, de les marquer sur un calendrier, voire de faire une fête nationale au nom du souvenir?

Ne me le demandez pas, je réponds impérativement oui, sans concession, sans la moindre hésitation. Oui, nous sommes tenus de nous souvenir, de ne surtout pas laisser les limbes dévorer la mémoire de notre Histoire, parce que l'oubli est criminel, l'oubli, c'est détruire à tout jamais les sacrifices et la valeur des évènements. "Celui qui oublie est celui qui refera les erreurs du passé", et rien n'est plus vrai quand on parle de l'histoire de l'humanité. Agresseur, agressé, envahisseur, criminel de guerre, bouchers, barbarie, cruauté, victoires, défaites, ce ne sont pas que des mots, c'est aussi du sang et des larmes, de la sueur et des horreurs vécues au quotidien par énormément de personnes différentes.

Je ne peux que me méfier de celles et ceux qui veulent supprimer des jours de commémoration. Oui, les derniers poilus sont morts, il n'y a plus personne qui peut parler de l'expérience des tranchés. Mais doit-on oublier ces millions de morts pour rien?! De quel droit va-t-on balayer l'histoire d'un revers de la manche sous prétexte que plus personne ne peut en parler de vive voix? Je suis outragé de constater qu'on puisse revendiquer de telles idées dans un pays qui doit sa situation actuelle à un siècle d'histoire tourmentée: Deux guerres mondiales, des guerres de décolonisation, des conflits sociaux, des révolutions sociales, des progrès techniques énormes, et on devrait donc dire "Puisque c'est trop vieux, on oublie"?! Outrage! Insulte à la mémoire des disparus!

Je ne peux pas m'empêcher d'être en colère contre les vendeurs de mémoire, ceux qui instrumentalisent le souvenir pour en faire des outils politiques et des chantages moraux. On ne demandait pas aux poilus leur obédience, on les alignait dans des trous d'homme pour qu'ils tuent ceux d'en face. On n'a pas expliqué aux conscrits de 40 que la désorganisation chronique de l'armée Française la mènerait au désastre. On n'a pas demandé l'avis des STO sur le poste qu'on leur donnerait. On n'a pas dit aux veuves de guerre qu'elles seraient ensuite soupçonnées d'avoir fricoté avec l'occupant. On ne nous a pas dit à nous, petits enfants de la génération de 40, s'ils étaient ou pas du bon côté de la barrière. Non. Je ne veux pas d'une histoire outil, je ne veux pas d'une morale forcée, je veux d'un monde où l'on assume le passé, où l'on vit le présent, et où l'on construit le futur. Et ce n'est pas à me bourrant les tympans d'un souvenir d'actions dont je ne suis pas le responsable qu'on me fera prendre conscience de la dureté de ce souvenir; A celles et ceux qui sont sortis vivants des camps de concentration, je vous dois respect et sollicitude. A vos petits enfants qui veulent se servir de vos souffrances pour me faire du chantage, je réponds "merde".

Oublier, c'est tuer. Oublier un prisonnier politique, c'est le condamner à mort. Oublier les dates du passé, c'est nous condamner à revivre les mêmes atrocités. Aujourd'hui, on ne peut que le constater avec horreur: La Syrie est oubliée du grand public, et la guerre civile continue. Nous oublions de regarder ce qu'il se passe à l'étranger, parce qu'on s'en fout... jusqu'à ce que nous soyons mis en cause comme pour le Rwanda. Oublier, c'est peut-être même plus criminel que de collaborer, parce que la collaboration peut être forcée, tandis que l'oubli est un choix personnel, raisonné, choisi pour une question de confort et non de conscience.

On garde des milliers de prisonniers politiques de par le monde. Les Soviétiques ont même effacé le souvenir de héros de guerre, simplement parce qu'ils ne semblaient plus être à la hauteur du modèle "moral" dont ils étaient les symboles. On a mis en prison des hommes et des femmes dont le seul crime est d'avoir résisté à l'occupant. Alors, les oublier? Jamais. Ne jamais oublier chaque jour, chaque seconde que nous avons devant nous est un cadeau fait par nos prédécesseurs. Nous vivons actuellement un miracle historique dont peu semblent avoir conscience. Cela fait maintenant 70 ans que l'Europe n'est plus en guerre. C'est probablement une des périodes les plus longue de paix connue par notre continent. Et tout le monde semble s'en moquer, et se préoccuper d'un "comment faire la guerre économique avec nos voisins". Bande de pourris. Bande de débiles je dirais même. Vous avez oublié les causes de la première guerre mondiale. Et le premier idiot qui me sort que c'est à cause de la mort d'un archiduc je le colle au pilori! Les pays du monde se sont préparés un arsenal, se sont cherchés des raisons de se faire la guerre, et le prétexte a été parfait pour commencer les hostilités. Economie, politique, bellicisme, protectionnisme au nom du nationalisme, ça ne vous semble pas familier?

Vous oubliez, nous subirons tous. Vous vous souviendrez peut-être de cette ironie au mauvais moment, quand vos enfants vous reprocheront de ne pas avoir eu les yeux ouverts. Je répèterai sans relâche: souvenez vous. Conservez, n'ayez pas peur d'évoquer le passé. Ce n'est qu'en montrant le résultat des erreurs qu'on peut les éviter. Assumons ensemble, marchons ensemble, et non chacun dans une direction ne menant qu'au mur de l'incompréhension mutuelle.

04 décembre 2012

La vie.com

On n'arrête pas le progrès, enfin il paraît. On nous martèle qu'on est des hommes "modernes", évolués, et qu'on n'a jamais eu autant de technologies différentes à notre service. Fort bien, je concède sans difficulté que la visiophonie était un fantasme jusqu'à tout récemment, que le net n'avait même pas été rêvé il y a quelques décennies, et qu'on a accès à l'information de manière hallucinante... mais sommes nous servis par la technologie, ou bien sommes-nous les serviteurs de celle-ci?

Je sais bien que les esprits chagrins me diront qu'ils n'ont pas d'addiction, qu'il n'y a pas d'obligation, et que surtout ils peuvent se passer de leurs produits électroniques. Ah bon? Plaisantins et menteurs, écoutez attentivement ce qui va suivre. Tentez donc de postuler à un emploi sans être joignable sur un téléphone mobile, tentez d'accéder à l'information sans une adresse de courrier électronique, ou essayez donc de ne pas être dans le moule "moderne" en vous refusant d'être inscrit sur facebook et consoeurs, et nous en reparlerons. Nous sommes devenus non plus des consommateurs, mais des prisonniers d'une geôle que nous avons tous accepté!

Aujourd'hui, une élection, un évènement médiatique, ou même une situation privée comme une naissance, tout passe par ces technologies de l'information. On ne va plus voir le mouflet qui vient de rejoindre notre enfer, non, on savoure d'abord sa trogne par messagerie, on a le droit à la vidéo qui va bien sur youbidule ou bien dailymachin, et comble du ridicule, on ne daigne même plus appeler par téléphone, puisque les systèmes vocaux de la toile permettent de le faire depuis son PC! Magnifique non? Alors donc, ces trucs farcis de silice et de cuivre contiennent notre vie sociale et sentimentale, ainsi que notre vie professionnelle... Mais à part ça, non, nous n'avons aucune addiction pour tout ça.

J'aime me moquer des prétendus "geeks", celles et ceux qui revendiquent une attitude à la mode qui serait, apparemment, totalement tendance. Petit rappel: être accroc à la technologie n'a rien de glorieux, puisque c'est généralement un signe de non intégration sociale! Alors, un "geek" fier de l'être, cela me semble quelque peu ridicule, voire hors de propos. Oui, il y a le "geek", le type qui connaît énormément de choses différentes, qui s'intéresse de près aux nouvelles technologies, qui sait comment elles fonctionnent, et même comment les détourner ou s'en affranchir. Celui là, en général, c'est celui à qui vous demandez de réparer votre ordinateur, qui va vous guider dans l'achat d'une tablette ou d'un téléphone portable, et qui saura vous installer des applications parfaitement inutiles et donc indispensables. Donc non, être prisonnier de face de bouc n'est pas être geek, c'est juste être "dans le mouvement".

Ah aussi, à tous ceux qui pensent que cette mode a un sens, j'aimerais faire quelques précisions complémentaires d'une importance néanmoins capitale. Le geek sait ce que représente d'être asocial à cause des technologies. Généralement, il en est revenu assez blasé, cynique concernant la nature humaine, et de ce fait sera réticent à entrer dans les réseaux sociaux virtuels (qui n'ont de sociaux que le nom d'ailleurs). A partir de là, il fera tout pour s'éloigner des modes, des choses trop jolies pour être vraies, et semblera un peu harpie face à tous les avantages supposés du réseau à outrance. Donc, si vous avez quelqu'un qui se dit "geek", c'est qu'il ne l'est pas, car le geek ne tirera aucune fierté d'avoir fui les relations humaines.

J'adore donc ces discours, cette présentation du "C'est trop bien d'être un geek". Tas d'idiots changeant de style comme de chemise, le vrai geek, le robuste, le "qui sait", il ne porte pas que depuis six mois un amour immodéré pour certains vieux jeux. Il les a majoritairement vus quand ils sont sortis (et non maintenant parce qu'il est à la mode de rejouer aux vieilles consoles de jeu). Le vrai geek, il ne porte pas un t-shirt "rigolo" depuis quelques mois, il les porte parce que c'est plus pratique d'avoir un t-shirt qu'une chemise, et qu'il est de bon ton de lier l'utile à l'agréable. Le vrai geek, il aura obtenu une culture diverse et variée parce que, contrairement au geek d'opportunité et de mode, il aura creusé les sujets dont il parle, il fera des rapprochements entre divers domaines, et ne s'arrêtera pas à la surface des choses... Ce qui le rendra sacrément cynique concernant la nature humaine. Hé oui: le vrai geek n'est pas candeur et jeux vidéos. Il est plutôt noirceur et jeux vidéos...

Bref, je me moque, parce que les vrais accrocs à la technologie, ceux qui se pensent geeks sont celles et ceux qui ne se rendent pas vraiment compte du risque à devenir un esclave de nos chers écrans. On aura beau avertir le monde qu'il y a une obligation de prudence à avoir vis-à-vis des informations circulant sur la toile, on aura toujours le petit prétentieux, croyant à tort maîtriser ce monde dont il ne connaît finalement rien, qui viendra dire "Mais non, c'est sans risque!"... pour l'entendre gémir, six mois plus tard "Pourquoi cette foutue photo de moi à poil circule encore!".

Bienvenu dans le monde.com les enfants!

29 novembre 2012

Il ne faut pas se moquer des imbéciles...

... parce qu'ils peuvent être des personnes de pouvoir. Tenez, prenez un parti politique, sortez deux candidats qui se détestent ouvertement, faites les participer à une élection, et comptez les points. Je suis hilare à l'idée que l'UMP puisse se déliter d'aussi ridicule manière, d'autant plus quand on sait que le dit parti était au pouvoir il y a quelques mois encore! D'une simple anomalie de vote qui aurait pu être anodine, nous en sommes dorénavant rendu à l'éclatement pur et simple du groupe à l'assemblée nationale, et, comme je l'avais hélas prédit, le FN récolte à présent les fruits de cette déchéance.

Et pourtant, il y avait de quoi faire une élection proprette, même si elle était vouée à voir deux corniauds se disputer le même os déjà rongé. Qu'espérer prendre dans un parti massivement rejeté lors des présidentielles, si ce n'est l'espoir secret de voir l'adversaire se rater à cause de la crise en cours? Sans rire, je ne vois pas l'attrait d'un trône dont les coussins seraient mités par les affaires, dont la structure serait vermoulue par les luttes de pouvoir, et dont l'aspect usé donnerait à penser qu'une réfection complète ne serait pas du luxe. Copé et Fillon se sont mis de grands coups sur la tronche, et ce aux frais de l'UMP. Bien mal leur en fasse, puisqu'ils sont parvenus à couler le navire qu'ils voulaient barrer! De là à dire que nos deux navigateurs du ridicule sont des élèves du capitaine du Costa Concordia... Enfin bref, joli naufrage les gars!

Je ne peux pas me moquer d'eux, car cela serait alors flatteur de faire de l'humour. Là, c'est tout sauf drôle, la comédie tourne au pathétique, on voit les plus sûrs soutiens se désister, et le PS, bien que fragilisé par une incapacité à retenir ses troupes pour avoir une ligne de conduite unique, doit franchement se marrer. Quand j'observe ça de loin, je me dis que la bêtise n'est pas réservée aux gens sans instruction, car les ténors de la politique nous démontrent au quotidien qu'il y a toujours plus con que soi. Après tout, si l'UMP s'effondre, qui va en tirer les bénéfices? Je l'avais dit, et surtout je le répète: les moins convaincus par le libéralisme à outrance iront grossir les rangs centristes, les plus nationalistes ceux de la flamme tricolore. En conséquence, la connerie ouvre les portes de l'obscurantisme. Rien que pour cette démonstration d'incompétence, messieurs Copé et Fillon, je vous remercie... Car je me le tiens pour dit, ne vous présentez jamais aux présidentielles, sous peine de risquer une humiliation.

Je me désespérais de voir une véritable majorité émerger et gérer sa communication pour rassurer les Français. Maintenant, je désespère de voir une opposition crédible. Comment pouvoir l'ouvrir quand, juste avant, on a fait une sortie complètement débile? Comment l'UMP va pouvoir avoir une once de solidité politique face au PS? Oui, les primaires socialistes étaient dramatiques, car elles furent un révélateur du manque de leadership à gauche. Et là, que penser de cette sorte de "primaire qui n'en est pas une", à part "Bande d'abrutis!"? Comme je l'ai dit plus tôt, je n'arrive même plus à me moquer, tant le ridicule est énorme. On ne tire pas sur l'ambulance il paraît, là ce serait procéder au bombardement d'une crèche. On a battu tous les records, crevé le plafond de la connerie politicienne, et il ne fait pas bon être militant UMP.

Quel avenir maintenant? Sarkozy, en personnage central, va probablement tenter de sauver les meubles, mais son navire est pire que le Titanic. En effet, le Titanic, lui, a payé son orgueil face à un élément extérieur. Là, c'est carrément l'équipage qui a collé des trous dans la coque. Laissons les couler? Hors de question, au titre qu'il faut une opposition lorsque le président et l'assemblée nationale sont ensemble. Le système démocratique n'est pas tributaire d'une majorité, il n'existe réellement que quand il y a une opposition. Faute d'une cohésion et de décisions efficaces, je crois que l'assemblée ne sera plus qu'un vaste foutoir où chacun s'enverra à la tête les petites affaires foireuses, les votes miteux, et surtout les évènements médiatiques lamentables... Ah, on me dit à l'oreillette que cela fonctionne déjà comme ça.

ET MERDE...

28 novembre 2012

Un chroniqueur, un vrai!

Bon... Accrochez vous, c'est en anglais sous-titré, mais c'est pour moi l'un des meilleurs chroniqueur cinéma de la toile. C'est pertinent, drôle, et surtout très bien fait! Allez y sans hésiter, c'est que du bonheur. Ah, une petite chose: pour trouver d'autres vidéos sous titrées, cherchez sur youtube/dailymotion les mots suivants: "nostalgia critic VOSTFR"... Ou allez sur le site officiel, qui, lui, n'est qu'en anglais!

Bonne vidéo!
thatguywiththeglasses.com Le site officiel du nostalgia critic


23 novembre 2012

Quand les mots ont une vraie valeur

Juste une précaution préalable: cette histoire est parfaitement authentique, ce qui ajoute, pour moi, énormément d'émotion en y songeant. Je tiens donc à la restituer avec toute la force que je la ressens, et surtout avec toute la charge qu'elle peut avoir sur mes réflexions personnelles.

C'était un de ces soirs où il ne faisait pas bon traîner dehors. Humidité, fraîcheur, une petite bise désagréable avait le don de m'agacer en me soufflant allègrement sur ma nuque non protégée. J'attendais là, comme d'autres, le bus qui tardait à venir pour nous ramener dans nos pénates. Etant consommateur (trop assidu me dira ma chère violette) de tabac, je me suis alors enquis d'une tige à cancer dans ma poche, et l'ai allumé sans vraiment prêter attention à mon entourage. Je me laissais en effet porter par de la musique lue dans mon casque, et j'espérais simplement que l'arrivée de ce satané bus ne soit pas trop tardive. Il faisait noir, froid, humide, mais un foyer m'attendait, un repas chaud viendrait alors redonner un peu de vigueur à ma carcasse saisie de frissons.

C'est alors que je l'ai vu s'approcher et, de deux doigts portés à sa bouche, il me fit le signe classique d'interrogation sur ma volonté de lui tendre une cigarette. Dès le premier regard posé sur lui, j'ai pu immédiatement, et ce sans le moindre doute, constater que l'homme n'avait ni logis ni lieu qui l'attendait comme moi. Il semblait vieilli, usé par l'existence, et son sac en toile trop lourd pour lui contenait probablement toute son existence. En haut de la pile étrange d'objets épars trônait un échiquier soigneusement rangé dans une vieille boîte passablement abîmée. Ses vêtements, eux, ne devaient leur aspect qu'à une usure plus que prononcée, et non à de la saleté accumulée. Il était propre, n'avait pas cette odeur supposée de crasse ou d'ivresse. Ses vêtements étaient comme lui, élimés, dégradés par le temps, le froid, le manque de sommeil dans un vrai lit, et ils reflétaient toute la misère que notre monde peut engendrer malgré ses néons et l'éclat prétentieux de sa science.

N'étant pas spécialement pingre, je lui ai alors tendu une cigarette, et lui en échange m'a tendu un Euro. Un Euro? C'est une somme, surtout qu'une boîte de vingt en coûte six. Poliment, je lui ai alors dit que je lui offrais, avec le plaisir de sentir le respect réciproque qui s'est immédiatement instauré par mon refus poli et ferme à la fois. Je lui ai souri, il m'a souri en retour, et il a insisté pour que je me saisisse de cette menue monnaie. Un Euro, qu'est-ce donc pour celui qui a un emploi et un logis? Un café? Même pas. Une pâtisserie en boulangerie? Un petit luxe sans remord ni lendemain; mais pour lui, cet Euro, c'est parfois la somme ridicule qui manque pour la chambre d'hôtel, c'est la monnaie qui interdit l'achat d'une baguette de pain, ou encore d'un paquet entier de cigarette. Il m'a remercié, empoché sa monnaie et m'a juste dit "Merci, vous savez, je n'aime pas profiter".

Profiter? Quel profit? Celui d'être traité en animal, en pestiféré par celles et ceux qui ont le confort et la quiétude? D'être invisible aux yeux de ceux qui ne veulent surtout pas voir la réalité de la rue? Il avait ce sourire digne, droit, et surtout honnête que j'aimerais voir plus souvent dans cette foule ingrate et égoïste. Il avait cette prestance et cette tenue que bien des prétentieux ne devraient pas avoir le droit de présenter. Il était juste humain, fier de lui-même, car non, il ne faisait pas la manche, il voulait m'acheter cette cigarette, et au prix fort qui plus est. Il voulait s'offrir son moment de réconfort, et pas la mendier comme d'autres le font parfois par désespoir. Ne croyez pas que tendre la main soit simple au départ, et sachez qu'il est ensuite que trop facile de couler et d'attendre des autres de l'assistance. Il voulait rester fier, sans réclamer, sans exiger du monde quoi que ce soit. Il s'assumait, quand tant d'autres prétendument insérés dans la société sont totalement tributaires de celle-ci.

Je ne sais pas trop pourquoi, si ce n'est peut-être un réflexe en voyant son visage émacié, mais je lui ai demandé "Vous avez mangé ce soir?". Il m'a souri, et n'a rien répondu. Je lui ai dit alors "Vous avez besoin de quelque-chose pour casser la croûte?". Il a souri de plus belle, et m'a répondu fièrement "Pas besoin, je n'aime pas demander et on a sa dignité". Et moi, en retour, je lui ai simplement rétorqué gentiment "Si je peux aider, je ne demande rien en retour". Il m'a alors encore remercié pour la cigarette, m'a dit qu'il aimerait qu'on se fasse un jour une partie d'échecs en me montrant la boîte dans son sac, puis il s'en est allé, sans attendre que j'aie l'occasion de lui donner un quelque-chose pour manger.

A mes yeux, ce type, cet inconnu, brisé, usé, c'est un Homme. Il est l'Homme au sens noble du terme, l'Homme méritant réellement le respect que tout Homme mérite. Minuscule, pauvre, sûrement solitaire, prisonnier d'une situation difficile et épuisante, il n'en garde pas moins la stature de l'Homme, marchant droit, ne réclamant pas, assumant pleinement son coeur et son âme comme peu le font. C'est ce genre de Monsieur qui donne des leçons de vie, car, contrairement à nous autres qui nous lamentons pour bien peu, lui ne se lamente pas pour bien pire.

Monsieur l'inconnu, le joueur d'échecs au sourire si franc et fier, ne changez pas d'âme. Si vous avez l'opportunité de sortir de la rue, de la spirale de la misère, faites le. Mais jamais ne vendez votre fierté, car c'est la chose la plus difficile à préserver. La vôtre est intacte, brillante, elle m'a ébloui tant par sa grandeur que par sa pureté sans tache. La rue est sale et immonde, cruelle et brutale, vous marchez sans être vouté ni aigri. Montrez ainsi l'exemple, et qu'on vous tende la main sans arrière-pensée, car vous le méritez vraiment.

La saison hivernale se prépare, elle n'est plus très loin. Il va sûrement faire froid, humide, et même neiger. Si vous avez la possibilité de donner un peu de réconfort, sans autre chose à l'esprit que de la solidarité, faites le. Ne vous croyez jamais à l'abri, la rue est un monstre qui peut happer affreusement vite, et rares sont ceux qu'elle recrache sans en avoir brisé le corps et le coeur. Marchons droit, soyons humains pour une fois, soyons des Hommes, pas des monstres d'égoïsme et d'ingratitude.

21 novembre 2012

Redite

Agaçant, frustrant, ou juste lamentable? A l'instar de ma critique des primaires socialistes, et surtout de leur résultat menant à une gauche désorganisée en pleine d'envies de revanches, la droite a cédé à la même chimère de l'élection du "chef" par la plèbe, avec les mêmes problèmes, mais amplifiés tant par une guerre des pointures, que par l'invraisemblable naufrage du scrutin.

Sans aller dans le détail, il y a visiblement de quoi douter du résultat final, et ce pour des problèmes de comptage, de fraudes supposées, et même, suprême carnage, de gros soucis d'incompétence notoire! Un type qui "retrouve" 1700 voix "oubliées" lors du décompte des votes, c'est soit un imbécile qui devrait abandonner de fait la politique, soit un menteur si lamentable qu'il n'a plus sa place dans la po.... Ben merde, ça revient au même. Dehors la tanche, laissez donc de la place pour qui a envie de se bouger, et pas pour qui a envie de se planquer (ou de servir les ambitions d'une personne et non celles d'un électorat. Comprenne qui voudra).

Je suis en plein fou rire en lisant les articles qui apparaissent à propos de cette élection. Ils sortent à un rythme tel qu'on dirait une poussée d'acné sur le visage d'un adolescent surchargé d'hormones. Le drame? Il y a un drame derrière cette catastrophe, et il est non seulement immédiat, mais il va perdurer: l'UMP vient de perdre toute crédibilité concernant ses instances dirigeantes, et les militants pourraient fuir le navire pour d'autres bateaux certes moins grands (UDI), ou même se ranger derrière des partis moins consensuels (frontistes, vous seriez avisés de préparer de la carte d'adhérent). De fait, l'UMP s'est sabordée en reniant ce qui faisait de lui un parti de droite, à savoir un côté psychorigide lui assurant une direction dure certes, mais stable et crédible. En prenant la voie des bulletins de vote, vous avez fait du populisme, pollué les ondes avec des débats stériles (et sans enjeu puisque Copé ou Fillon, aucune différence dans l'opposition!), et pardessus le marché brisé la machine politique. Quand on veut sauver un navire, on ne descend pas en cale avec une hache pour faire un trou dans la coque!

Bref, c'est ironiquement que je ris de tout ceci. J'avais craint pour Hollande que les guerres intestines suite aux primaires lui jouent des tours, et on constate aujourd'hui qu'au sein de son parti, nombre de voix s'élèvent ou sapent en arrière plan, tout ceci en représailles et non en contestation politique; De la même manière, l'UMP souffre maintenant de cette image piteuse d'un parti sans tête, au fonctionnement plus que douteux, et surtout d'une absence chronique de forte tête pour reprendre les choses en main. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais qu'on aime ou pas la droite, celle-ci est aussi indispensable que la gauche, et réciproquement, parce que c'est l'opposition qui force le parti au pouvoir à bien gouverner (ou du moins essayer de le faire sans se ridiculiser). Je n'ai jamais vraiment prêté beaucoup de confiance aux urnes, peut-être parce que le Français moyen est généralement idiot, mené par le vent du moment, assez raciste (si si... ne niez pas!), et finalement incapable de prendre une décision raisonnée, sortie de tout débat d'humeur.

Par pure provocation, souvenons nous: "Sarkozy dehors", et pas "Hollande président!". Maintenant? Qu'est-ce que vont scander les militants UMP? Copé? Fillon? Les deux, vu que le tout semblerait quand même très serré? Aucune idée, mais ce que je sais en revanche, c'est que tout ceci ne fait que porter préjudice à la démocratie, du moins celle que j'aimerais voir exister un jour. Nos partis sont sclérosés par des luttes de pouvoir, et pour reprendre un propos de Douglas Adams: "Le plus compétent des politiciens est celui qui ne veut surtout pas le pouvoir. Donc, lors d'une élection, il faudrait paradoxalement interdire tous les candidats ayant une ambition quelconque d'être élu, et désigner un anonyme suffisamment intelligent - ou stupide - pour qu'il prenne un poste".

Et hélas, il avait terriblement raison le brave homme!

20 novembre 2012

De l'émotion...


Regardez ces vidéos, elles sont toutes basées sur la même chanson, et dites moi laquelle vous préférez.

Ca y est? Vous êtes pris par l'émotion, la chaleur de ces voix si différentes?
La première est une des versions chantées par l'auteur original du titre.
La seconde une magnifique reprise par une femme dont la voix vous fait immanquablement vibrer.
Nota: la chanson est disponible en téléchargement gratuit et légal sur:
Angela Ricci sur bandcamp.com
Et la dernière, c'est un "inconnu", un ancien SDF (qui d'après le commentaire a réussi à se sortir de la spirale de l'alcool) qui pousse des vocalises chargées de sincérité et d'un vécu qu'on ne souhaite à personne.

Ma préférée? Difficile à dire, toutes les trois me prennent aux tripes, je ressens ces chansons, elles évoquent énormément de souvenirs divers et parfois sensibles. Faites comme moi, savourez, dégustez cette mélodie et ces trois interprétations si différentes.



08 novembre 2012

Obama party


Oh, les USA réélisent B.Obama! Qu'est ce que cela m'inspire? Honnêtement, pas grand-chose, parce qu'il n'y a peu de chance que cela puisse changer quoi que ce soit. L'un dans l'autre, un président Américain se doit de jongler avec des composantes lui liant finalement les mains. En bon jongleur, ses mains devront se saisir d'une masse d'électeurs peu enclins à parler de social (sauf en cas de crise, et encore), d'une pléthore de groupes d'influence qui peuvent faire et défaire un candidat (puisqu'ils sont ceux qui financent les élections), et d'un congrès et un sénat tout aussi soumis aux grands groupes. Bush père et fils étaient tributaires des pétroliers, je me demande qui Obama est le vassal inavoué.

Péremptoire? Méchant? Certes, on peut faire un bilan plus ou moins agréable du locataire de la maison blanche, mais soyons un rien plus lucides en admettant clairement que son pouvoir est et sera toujours tributaire de l'attitude des financiers. Je ne porte pas les USA dans mon coeur pour leur côté despotique avec le monde, mais je leur reconnais au moins la qualité de ne pas se laisser aller à la sinistrose. Quand on se penche sur les USA, les sociétés tentent de redresser la tête, de fonctionner, de ne pas attendre la main tendue de l'état. En France, par contre, si ça fonctionne on se fait du bénéfice sur la foule, et en cas de crise on demande à l'état de venir au secours du secteur. Aberrant, mais tellement Français qu'il devient impossible d'y couper. Dans ces conditions, Obama peut envisager des réformes sociales, parce qu'elles sont non seulement nécessaires, mais surtout parce qu'elles peuvent être mises en place grâce à la baisse d'hostilités des gens face à des taxes "sociales".

Maintenant, est-ce que ce choix Obama va influer sur le cours du monde? Dans une certaine mesure oui, puisque sa présence pourra potentiellement faire obliquer les politiques internationales, et ce concernant l'interventionnisme militaire, le soutien (ou pas) à des états voyous, et déclencher des stratégies nationales propres à stimuler les échanges, ou au contraire à voir les USA se replier sur un protectionnisme économique à outrance. Par contre, ce n'est pas tant Obama qui va dicter l'avenir du monde que la Chine avec des propos qui semblent parler d'ouverture, mais qui, si l'on lit entre les lignes, invitent surtout le pays à la performance et au respect du parti communiste. A aujourd'hui, la Chine subit deux gangrènes graves propres à déstabiliser sa structure, à savoir les disparités sociales et surtout la corruption endémique. Si la Chine se remet au pas, qu'elle sanctionne sévèrement la corruption, nous pourrions la voir repasser le cap des 10% de croissance, et ce à notre total détriment bien entendu. Là, Obama aura un rôle politique et diplomatique, surtout pour réfléchir à l'avenir du dollar comme référence monétaire mondiale. D'ici qu'on indexe le pétrole non plus sur les USA mais sur la Chine...

Laissons à Obama le loisir de savourer sa victoire, ceci avant qu'il ne reprenne sa place pour reprendre les coups et les critiques qui n'ont pas pour autant disparues. L'état de grâce dure bien moins longtemps quand un président est réélu, car les électeurs attendent que l'action se poursuive, tandis qu'avec un nouvel élu, on accorde le temps de l'adaptation. Je m'interroge sincèrement sur la capacité qu'aura Obama à manoeuvrer avec tous les problèmes auxquels il est déjà confronté. La crise mondiale, le chômage, la pauvreté, l'immigration, les mairies en faillite, tout ceci provoque une conjoncture que les Américains sont lassés de devoir supporter. Je doute qu'un seul homme soit en position de tout changer, sauf à devenir un leader plus despotique que démocratique. Demandons nous donc par quelles réformes il faudra que les USA en passent pour revenir à une situation saine, et dans quelle proportion ces réformes vont condamner le "American way of life". Nous le savons tous, ce modèle de vie a fait son temps, et les Américains eux-mêmes sont esseulés: Emron, la crise mondiale, les subprimes, le surendettement chronique, les faillites en pagaille, la vie à "crédit et en stéréo" a de moins en moins d'adeptes... Espérons seulement que cela ne les condamne pas finalement à perdre leur prépondérance financière, car les pays émergents, eux, n'auront pas la moindre pitié envers nous, pas plus que nous en avions à leur égard quand l'occident dominait le monde...

Pour reprendre le slogan de Obama, le "Yes we can", je lui réponds dès à présent "Are you sure? Can you really?".

Good luck Mr President Obama

06 novembre 2012

En pointillés ou pointilleux?

Le monde, quelle belle création tout de même. Des îles, des continents, de la glace, du désert aride, de la nature verte, des océans bleus, de quoi faire rêver n'importe quel poète en mal d'inspiration. D'ailleurs, tout poète qui se respecte a sûrement profité de la facilité qu'il y a à ouvrir une porte ou une fenêtre pour admirer la chute de la neige. Mieux encore, n'importe quel scribouillard un peu amateur de rimes a su faire pleurer simplement en évoquant le clapotis de la pluie sur les tuiles crasseuses d'un Londres miteux. En conséquence, on ne peut pas défendre un poète sans lui reprocher l'extrême aisance qu'il y a à s'esbaudir devant la beauté de la nature...

Et d'être aussi sidéré par notre profonde débilité quand il s'agit de bousiller tout ce qui peut être naturellement beau, c'est-à-dire sans notre intervention minable dont nous sommes si friands. A ce petit jeu du "comment inventer un truc aussi inutile que dangereux", l'homme a pondu en vrac les frontières, les passeports pour les franchir (ou être expulsés au-delà), les nations, les drapeaux, les capitales, les rois pour y régner, les putschistes pour déposer les despotes, et la foule entre les deux pour les faire souffrir. Notre art majeur n'est pas la musique ou la peinture! Non, c'est de créer l'inutile, l'improbable, tout ça parce qu'on a le délire de posséder, de régir, de légiférer. Cela vous semble ridicule? Et pourtant, n'est-ce pas pour des frontières contestées qu'on s'est mis régulièrement sur la tronche? N'est-ce pas pour des idéologies symbolisées par des drapeaux qu'on excuse des génocides? N'est-ce pas au nom d'un droit "humain" en lieu et place du "divin" qu'on a vu apparaître la guillotine? Il est donc raisonnable de supposer que l'homme aime donc posséder ce qui appartient à autrui, quitte à créer des volumes artificiels. Une frontière, quoi de plus artificiel? Les gosses demandent souvent aux adultes "Dis papa, y a des pointillés par terre entre l'Allemagne et la France?". Si un jour un enfant vous le demande, ne vous moquez pas, car dans le fond une carte, c'est supposer rapporter la réalité, et non de l'artificiel, du temporaire, du confortable politiquement parlant.

On se dit qu'une frontière, ça n'a rien de bien grave, d'autant plus quand les états qui font palier commun ne se détestent pas. Détrompez vous! Avoir une frontière, c'est devoir traiter avec celui d'en face, se mettre d'accord sur des règles d'échange, de change monétaire, de passage de douane, de taxes, bref de compliquer quelque chose de simple. Reprenons la frontière franco-allemande: est-ce que la terre entre les deux diffère tant que cela, y-a-t-il quelque changement chimique qui nécessite de dresser le pointillé ici plutôt que là? Certes non. On observera plus des batailles, des discussions diplomatiques, de paraphes juridiques pour déterminer, pour un moment, où doit passer cette foutue ligne pointillée qui coupe les jardins en deux, et parfois va jusqu'à passer au milieu d'une cuisine de restaurant. Et tout ça pour quoi? Pour rendre complexe ce qui est simple. D'ailleurs, les animaux, eux, s'en cognent des frontières, ils nous les laissent en rigolant probablement de notre connerie maladive de tout vouloir dimensionner et ceinturer de pointillés.

Petit aparté: je me demande s'il y a une maladie de coller des pointillés partout, parce que, techniquement, il y en a en pagaille. A croire que cela relève d'un TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) puisqu'on en trouve sur les emballages, autour des personnages à découper pour les mômes, sur les documentations techniques, sur les papiers administratifs, et jusque sur les routes! Et ne croyez pas qu'on fout du pointillé comme on veut, et selon notre humeur! Un pointillé, c'est normé, calibré, décrit sur votre déclaration d'impôt. "Découpez en suivant les pointillés"... Hé, l'ahuri, comme si j'allais découper en plein milieu une petite étoile rien que pour te faire chier! (Bon, je l'avoue, ça me tenterait bien...Mais quand même!)

Revenons donc à ces histoires de frontières. Israël pense recommencer sa politique de colonisation, et donc l'installation sur un territoire conquis de baraquements, ceci au détriment des colonisés. Je ne m'interroge donc plus sur le fait qu'il y a dans le gouvernement Israélien au moins un maniaque du pointillé, un cinglé du tiret en série, le genre névrosé qui n'aime pas voir une ligne droite sans qu'elle soit hachée menue par l'histoire. J'en ai l'intime conviction, ce sociopathe, ce dingue cherchant à faire onduler les frontières de son pays, il devrait être interné comme n'importe quel fou dangereux pour lui-même et ses congénères. Malheur de malheur, si seulement il existait une maladie décrivant le "Syndrome du pointillé en vrac"...

En bonus, un peu de musique classique comme je l'aime: Requiem de Mozart, Rex tremendae.

01 novembre 2012

La genèse

Merci à Korben pour cette vidéo sur la genèse de notre monde... superbe!


28 octobre 2012

L'aléaloire rejoint le texte

Pour vous expliquer... c'est tout bête: dans la colonne de gauche se trouve une nouvelle fonctionnalité, à savoir un bouton "au hasard" qui permet d'afficher aléatoirement un de mes billets d'humeur. Le but? Comme il y a bien trop d'articles pour tous les lire à la suite, vous pouvez vous en remettre à la chance en cliquant dessus pour faire apparaître une de mes reliques. J'espère que cette nouvelle fonction va vous amuser.

Au plaisir!

23 octobre 2012

Bonne parole

"Tiens, encore un messie!" s'écrie le passant blasé en scrutant d'un regard nonchalant l'homme qui lui fait face. Le pauvre type l'est par bien des côtés: en guenilles, l'aspect sale, il porte les stigmates non d'une crucifixion, mais d'une certaine affection pour le cruchon. Dans ces conditions, l'écouter vociférer "C'est la fin du monde! Repentez vous!" ajoute du comique triste à son aspect repoussant. Riez, bonnes dames et bonnes gens, moquez vous donc ce ces hères qui n'ont plus d'esprit, enfin, selon nos critères bien établis de santé mentale. On va s'amuser à dire que cet inconnu est ramolli du bulbe, au mieux on lui offrira un gîte temporaire, au pire une camisole et quelques pilules. Mais, pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, ne prie-t-on pas des êtres comme lui, des illuminés, des passionnés par "Dieu", ou toute autre forme de lien religieux?

Ben quoi? Un type qui demande aux humains de se repentir, de s'aimer les uns les autres, ça ne vous cause pas? Prenons donc Jésus. Fils de Dieu, il a offert son corps et son sang pour que notre humanité s'améliore. Loin d'en tenir compte, les Romains, eux, ont préféré vérifier la qualité de leurs fabricants de clous et autres accessoires de bricolage. Si cela se passait aujourd'hui, nul doute que Brico bidule collerait sa pancarte sous les pieds ensanglantés du supplicié. Alors donc, deux poids deux mesures? Le prophète qu'on vénère diffère-t-il tant du prophète qu'on taxe de folie? Enfin bref, je me marre en écoutant les bavardages verbeux et inutiles des écoeurés, des fuyards, des lâches de la conversation, tandis que je ris en voyant le "dingue" s'amuser de la peur qu'il génère chez les autres. Continue mon pote, tu agites ces flemmards de la gamberge en leur promettant l'enfer sous peu!

J'ai dans le nez celles et ceux qui oublient que la "bonne parole" c'est avant tout la mettre en pratique, et pas uniquement l'entendre. On peut tenter de faire avaler des préceptes à une foule, mais à condition qu'elle soit réceptive. Or, avec l'égoïsme permanent de notre société, nul doute que Jésus aurait fait franchement la gueule, et que les apôtres auraient décrété "Bande d'irrécupérables!", au lieu de se pencher sur notre âme. Pire encore, les saints, morts au nom de leur foi, auraient-ils été jusqu'à cet ultime sacrifice? Permettez moi de dire ouvertement que j'en doute, tant ils n'auraient pas toléré notre franche haine pour la solidarité. Donc, fondamentalement, la chance aura voulu que nos ancêtres étaient soit bien plus dévots, soit tout simplement bien plus crédules et moins cyniques.

Et quoi? Donnez moi donc un bâton de pèlerin, un discours à distribuer aux ouailles du monde en perdition, histoire que je puisse, moi aussi, me faire une conscience bien propre, lessivée à grands coups d'idéaux nauséabonds. Je doute que j'aurais du succès, d'autant plus qu'il me manque le physique d'une star, le charisme d'un despote, et surtout le discours d'un escroc. L'illuminé est celui qui est touché par la lumière... Personnellement, aucune envie que ma tête devienne une ampoule pour éclairer le chemin de quelques milliards de paumés dans l'existence. Je crois plus au principe de choisir sa voie soi-même, sans compter sur quelque messie que ce soit pour me guider. Loin de moi l'idée de décrier ou critiquer celles et ceux qui prêtent foi aux évangiles et autres écrits sacrés, mais dites vous bien que, de nos jours, un bon messie est un messie embastillé sous Xanax.

Au final, c'est encore mon cynisme qui remonte. Le "fou" de la station de métro se marre encore plus franchement. On le paye pour qu'il arrête de râler, on lui propose d'aller voir ailleurs s'il y a du monde à informer, et il embarque, dignement, en rigolant, son barda de sacrifié de la société. Comme quoi, les vrais crucifiés sont celles et ceux qui subissent notre égocentrisme, ces SDF qui finissent par se faire passer pour fous pour obtenir une pitance. Interrogeons nous: qui sont les fous dans cette petite histoire, ceux qui vouent un culte à un type cloué à une croix il y a plus de deux milles années, ou bien celui qui se fait passer pour un illuminé pour la raison très pragmatique que la peur de l'illuminé rapporte plus que la main tendue?

22 octobre 2012

Pousse à la performance

Ah, la performance! En soi, ce terme couvre à peu près n'importe quoi, depuis le travail jusqu'à l'effort physique, en passant par la puissance relative de nos chères machines à puces (non, pas votre yorkshire tendrement appelé Pantoufle qui s'est entiché de votre canapé, mais bien ces bestioles qui fleurissent dans les poches et sur les bureaux). De fait, l'Homme suppose qu'il est nécessaire d'être performant, ou pire encore de se dépasser. Dépasser quoi? Ses capacités? D'aller là où personne n'est encore allé? Curieux comportement, d'autant plus quand cela devient une véritable politique, et pas juste une forme d'élitisme de l'objectif personnel.

Prenons ces derniers mois pour exemple. Un Bolt cavale à une telle vitesse sur 100 mètres qu'on parle de lui dans tous les médias; Un cinglé se balance de 37.000 mètres et fait un saut record en parachute; on "découvre" les faudres de Armstrong et l'on envisage de lui faire rembourser ses gains lors de ses sept tours de France; on assène à qui veut l'entendre qu'il faut un "redressement productif" de la France... Bref, la performance est devenue culte, un leitmotiv aussi malsain qu'incongru. Comment ça, incongru? C'est pourtant indispensable d'être performant! me braillera le cadre moyen satisfait de ses heures à rallonge, de son chèque de fin de mois, et de ses économies d'échelle réalisées sur la fermeture d'un centre de production dans l'hexagone. Monsieur le cadre autosatisfait, maître de la rhétorique et du baratin, expert en "je te fais un émincé d'usine parfumé aux herbes de l'économie mondialisée", je te conchie, parce que la performance, c'est de la foutaise! Tu n'es pas convaincu? Ton costume à cinq salaires d'ouvrier sous payé t'empêche d'y croire? Mais lis donc ce qui suit, et prends en de la graine!

Déjà, si l'on prend que le sport, le résultat qu'on obtient en pressant des champions, ce n'est pas du résultat, mais avant toute chose du jus douteux farci de produits suspects et potentiellement toxiques. Un Lance Armstrong destitué de ses victoires au tour, ce n'est rien de moins que le symbole même de l'échec de la course à la performance. On ne peut décemment pas espérer exploser des chronomètres au-delà d'une limite qui, pour le coup, est purement humaine. En y réfléchissant encore un peu plus, on constate avec dégoût et horreur que les dopés assumés (entendre qui le reconnaissent a posteriori) finissent bien souvent dans la tombe avant l'heure. Hécatombe sportive, naufrage de l'image de sports pourtant révérés, l'exploit devient dorénavant bizarre, inquiétant, et tout champion est alors observé pour voir s'il ne "pisserait pas bleu" par hasard. Donc, pousser à la performance, quitte à se doper pour y parvenir, c'est un échec cuisant, tant d'un point de vue sanitaire que moral.

Ah, et l'entreprise me diras-tu, pauvre ahuri fier de ses grolles à un SMIG la pompe! L'entreprise, tout comme le sportif, ne peut pas réellement dépasser certaines limites. Elles sont clairement identifiées: quand les salariés deviennent fous, que les résultats mènent à la dépression nerveuse, quand des dirigeants se défoncent (au sens toxicomaniaque du terme), on ne peut que mettre en doute la méthode et les résultats. Toute entreprise voue normalement un culte aux résultats, puisque l'objectif premier d'une société est de dégager des bénéfices. En dégager oui, mais à tout prix, quitte à dégager des salariés? Où est le bon sens là-dedans? On n'obtient pas de la performance par la peur, ou en tout cas que très temporairement. La progression d'une entreprise se juge avant tout sur l'implication de ses employés bien avant le fait qu'on leur fasse peur avec un couperet tel que celui de la délocalisation. Donc, Maître Crétin, cadre sup' sans coeur, n'en doutez point: vous êtes tout autant remplaçable que ceux que vous avez viré le mois dernier. Et pourquoi donc? Parce que vous êtes en dessous de ceux qui, comme vous, tentent de faire de l'économie bas de gamme, de la politique du chiffre avant de faire de la politique de la réussite.

Et puis, je le dis haut et fort, vous êtes cons. Cons de croire que la performance est une vertu, que la réussite passe par l'oppression, que le "mieux" est la seule chose à viser. Non! Le "bien" devrait comprendre le "bien travailler", le "bien vivre", et le "bien progresser". A force de croire que tout passe par le prix, les rapports prix/performance/productivité, nous avons sacrifiés notre propre âme et nos emplois. Revenez sur terre rapidement, avant que vous aussi, cadres pédants et imbus de votre inhumanité, ne soyez la nouvelle race de larbins de nouveaux dictateurs des marchés. Oh et je suis con moi aussi, car c'est déjà le cas. Vos esclaves d'hier sont déjà les propriétaires d'aujourd'hui, et les donneurs d'ordres de demain. J'en ris jaune d'avance (et ce, sans jeu de mots pourri sur la couleur de peau).

Dites, quelqu'un connaît une chanson moqueuse en Chinois, histoire que je la mette en vidéo ici? Parce que sinon, je peux déjà fournir ma version Française dans le texte.

Il a voulu tout faire produire en Chine,
Raser les usines qui restaient en France.
Maintenant, chômeur avec la grise mine,
Le cadre sup' se tape du Leader Price rance.

Hé oui! Mon Julot, tu as été viré!
Hé oui! Mon frérot, tu as été licencié!
Hé oui! Mon poto, la Chine t'a racheté!
Hé oui! Mon blaireau, c'est ça "ta" liberté!

Il a voulu croire qu'on pouvait tout vendre,
Son âme, ses potes et même son coeur.
Maintenant, les huissiers viennent reprendre,
Ton four, ta téloche et ton ordinateur!

Hé oui! Mon Julot, tu as été soldé!
Hé oui! Mon frérot, tu as été mondialisé!
Hé oui! Mon poto, tu as été piégé!
Hé oui! Mon blaireau, par les chimères du marché!

La mondialisation c'est une gueule de bois.
Pour sortir une solution entre deux migraines,
Mon pote allez marche enfin tout droit,
Pour que tu fasses de l'argent sans provoquer la haine!

19 octobre 2012

Dites, j'ai le droit de me moquer?

J'avoue, je vais tirer sur l'ambulance et me faire un malin plaisir de me moquer de celles et ceux qui, au détour d'une présidentielle, se sont pris à croire que les miracles tenaient dans le creux de la main d'une seule personne. C'est cruel de ma part, mais franchement, nous avons vécu le syndrome Obama en France en la personne de François Hollande. Le "Yes, we can" en étendard, la revendication du changement face à l'agité représenté par N.Sarkozy, quelle belle image pour rassurer la bienséance sociale face à la préservation des intérêts des riches et des puissants! Et pourtant, le miracle n'aura duré que le temps de dégriser un peu après l'ivresse, pour finir par des colères légitimes d'un électorat au mieux déçu, au pire carrément dépité. Mais au lieu de ne faire que montrer du doigt en poussant des "Ah ah!" moqueurs, allons plus loin dans l'analyse et ... Et puis non, j'ai encore un peu envie de rire, de me payer la fiole des candides ayant crûs qu'un politicien se présentant aux présidentielles pouvait être un bisounours pétris de bonnes intentions.

Maintenant que mon fou rire est passé, revenons aux affaires. Déjà, première erreur de scénario: l'électorat PS "moralement gentil" pensaient qu'en poussant un élu socialiste sur le devant de la scène que cela changerait la conjoncture, ceci jusqu'au miracle économique. Or, force est de constater que, loin de s'améliorer, la situation est à la stagnation, voire à la détérioration. Mais cela, pour le coup, nous serions avisés de ne pas jeter la pierre à Hollande ni à son équipe. Pourquoi? Parce qu'on ne retourne pas une crise en situation florissante en l'instaurant, pas plus qu'on ne peut pousser à la consommation quand la machine économique se grippe. Pour résumer ce qu'on doit admettre: ne faites pas d'un politique un messie, et n'espérez pas voir l'eau se changer en vin par la seule bonne volonté d'un seul homme. Le monde est empêtré dans sa propre folie, et la France, comme toutes les nations, subit le contrecoup de ses excès. C'est comme un lendemain de cuite: on se mange des nausées, une migraine à s'arracher les cheveux, et on met du temps à s'en remettre. Le monde s'est saoulé à la bouteille de la richesse artificielle par la spéculation, et maintenant on remplit les caniveaux avec les gens subissant le coma éthylique. Ni plus ni moins.

Le second point intéressant, c'est cette propension qu'ont les gens à croire que l'unité est une évidence. On met en lumière les divergences d'opinion, les couacs de communication au sein même du gouvernement, et l'on se moque alors ouvertement du président qui semble tout autant dépassé par les évènements qu'il semble incapable d'imposer la moindre orientation. Pour mémoire, l'homme est passé par des primaires qui, d'ailleurs, furent à mes yeux la démonstration que le PS manquait singulièrement d'une tête d'affiche capable de réellement fédérer une gauche mal en point. Résultat des courses: entre les déçus des primaires, ceux qui soutenaient un autre candidat à la présidentielle, et les aigris de n'avoir pas pu obtenir un poste à la hauteur, il me semble difficile d'espérer la moindre cohésion. Si l'on pousse encore plus loin, Hollande subit aussi le phénomène que j'appelle "la prise de conscience". En gros, à mes yeux, il se rend à présent compte de la réalité du chantier que représente la gestion d'un pays baignant dans la crise, ceci en étant cerné de requins se mangeant les uns les autres. Ces batailles médiatiques, où le premier ministre apparaît comme perdu au milieu des communiqués foireux de ses collaborateurs, ce ne sont que les symptôme d'un problème de fond, à savoir que personne ne reconnaît une autorité réelle ni à Hollande, ni à Ayrault. Et à mes yeux, le pire, c'est de voir Harlem Désir, un agitateur douteux, devenir le premier secrétaire du parti. Je crois que là, la gauche va devoir rapidement se sortir de cette ornière, sous peine d'offrir une voie royale à la droite aux prochaines présidentielles, voire même à la première échéance électorale!

Le troisième point, et non des moindres, est selon moi que Hollande a fait une erreur monumentale en voulant jouer la présidence "normale". Quelle ineptie! Quelle bêtise (j'allais dire connerie tiens) que de jouer sur la démagogie de la rémunération! Je craignais qu'on soit face à un président mou, incapable de communiquer avec énergie, et hélas, pour le moment, mes craintes se vérifient. Loin de le croire incompétent, je le crois surtout incapable de mettre en avant le moindre résultat, ou même de défendre des idées parfois difficiles à avaler pour le grand public. A ce titre, Sarkozy, si pénible qu'il fut avec son omniprésence médiatique, avait au moins le mérite de sembler pouvoir parler de tout ouvertement, quitte à dire n'importe quoi, ou bien d'aller au-delà de ses prérogatives. Ensuite, on lui a reproché cette présence, et Hollande a revendiqué d'agir à l'opposé de son rival. Résultat des courses, Hollande passe pour un mou et une tache en comm'.

Dernier aspect redoutable, c'est que tous nous sommes dans l'incapacité d'admettre que nous avons vécus des années fastes grâce à l'endettement, et surtout d'admettre que la France n'est plus une superpuissance à l'échelle mondiale. Nous avons toujours une grande gueule, mais plus les épaules pour l'assumer. Hollande, hélas, en est tout le symbole, tant physiquement que médiatiquement. Ca ne met pas en cause ses compétences, juste son image. Or, c'est sur l'image que jugent ses électeurs... Et l'on est donc dans la déception, la frustration, et en conséquence la mise en avant de son prédécesseur! Je goûte cette ironie, car autant la France ne semblait plus vouloir de Sarkozy, autant il est celui dont on parle le plus en ce moment. Plus que le président en poste, plus que le premier ministre! Expliquez moi ça les gens...

J'ai menti. Je disais en préambule que je ne moquerais pas des électeurs déçus, mais là c'est plus fort que moi. Vous pensiez que les miracles s'opèrent en quelques mois? Que l'on peut redresser les finances publiques sans sabrer dans les effectifs, sans impôts supplémentaires, sans restriction? Par quel miracle? Je me permets d'être méchant sur ce coup, car il ne fallait pas être un génie pour le savoir. Je ne dis pas que Hollande est un mauvais choix, je dis que l'électeur de gauche serait avisé d'ouvrir les yeux, de comprendre qu'on ne peut pas tout avoir, et qu'en définitive, Sarkozy, Hollande, ou tout autre élu fait le même boulot, à savoir de tenter l'impossible qui est de concilier la chèvre et le chou. Une fois cela admis, la présidence Hollande vous semblera de suite moins erratique, bordélique, et plus cohérente.

Ah mais on me dit à l'oreillette "Il avait promis de ne pas toucher aux impôts, et là il nous fait les poches!". Ben oui: les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".

L'archipel du goulag

Pour celles et ceux qui n'ont pas lu l'oeuvre d'Alexandre Soljenitsyne, apprenez donc l'origine de ses oeuvres en regardant ce documentaire.

A méditer.


15 octobre 2012

Les machines nous détestent

Contrairement à la croyance populaire affirmant sans égard pour la réalité que "les machines nous veulent du bien", j'affirme haut et fort que les machines nous détestent, et sans la moindre trace d'ambiguïté ou d'hésitation. Oui! Ces engins, ces bidules plus ou moins complexes nous haïssent, ils veulent notre disparition à court terme, à tel point que je suis particulièrement épaté de constater, chaque jour, que notre instinct de survie est sollicité pour éviter leurs complots les plus retors. On va me taxer de paranoïaque, de technophobe, mais j'en suis convaincu, ces machines n'ont d'autre but que de nous mettre dans la tombe le plus vite possible, afin que l'avènement d'une ère sans humanité vienne!

Là, déjà, les camisoles se préparent, les seringues s'emplissent de fluides, et les médecins rédigent des rapports dont l'éloge à ma folie deviennent dithyrambiques. Allez, laissez donc au fou que je suis le droit d'être, le droit de penser comme bon me semble, et observez donc la démarche hautement intellectuelle qui me pousse à vouloir spéculer sur notre mise en danger par la présence même de nos bidules du quotidien. Bien sûr, on va me balancer à la tête qu'un micro-ondes n'a rien d'agressif, qu'une télévision obéit au doigt et à l'oeil, et qu'un ascenseur n'a d'autre but dans la vie que de nous balader d'un étage à un autre, le tout sans la moindre colère, frustration de ne pas connaître le mouvement horizontal, ou de dégoût quand le dit ascenseur véhicule des gens à l'hygiène douteuse. Détrompez vous, pauvres aveugles! Tous ces engins ont le Mal en eux, ils ont le potentiel de destruction le plus vicieux qui soit, parce que, justement, nous ne voyons pas en eux des dangers potentiels!

Tenez, prenons un micro-ondes. Si anodin que soit cette machine, et si ordinaire que soit son usage, nous omettons poliment de nous demander comment fonctionne ce truc maudit. C'est potentiellement assez simple dans l'idée, et complexe dans le fonctionnement. En gros, imaginez une diva qui braille pour faire éclater une flûte de cristal. Vous voyez la scène.... Maintenant, dites-vous que le four à micro-ondes utilise la même méthode, à une puissance bien supérieure, ceci non pour agiter le verre victime de la soprano, mais les molécules d'eau présentes dans nos gamelles. Résultat? On secoue vigoureusement les molécules en question, ce qui génère de la chaleur, et donc, au final, nous offre des petits plats rapidement mis en température. Rien de diabolique là-dedans me direz-vous... Mais qui n'a pas hurlé de frustration face au plat "bouillant dehors, gelé dedans"? Qui n'a pas eu des envies de destruction à la masse au moment du "Café qui sort fumant, mais à la tasse froide", provoquant un inévitable "café cro-ondes, bouche bouillie". C'est la petite vengeance mesquine de cette engeance, c'est sa façon de nous faire payer sa misérable existence. Et que dire de sa sonnerie, ce "ding" perce tympans, cette agression sensorielle qu'on guette constamment afin d'y couper court? Retors! C'est ce que je vous disais, cet engin est retors, car, pour éviter une sonnerie, vous avez le droit à un "ding" au moment d'annuler la cuisson! Pourriture!

L'ascenseur est un salopard, une ordure qui se cache derrière des déguisements utilitaires. Vous en doutez? Qui n'a pas vécu le syndrome des bras pleins après les courses, et les quatre étages à pieds parce que l'ascenseur s'est mis en arrêt maladie? Qui n'a pas maudit le concepteur de cette cochonnerie lorsque la cabine, loin de tenir compte de votre demande d'arrêt à un étage, vous emmène trois étages plus haut, juste pour le plaisir de vous faire jurer? L'ascenseur, loin d'être un lieu de convivialité, est même un endroit où l'aspect social se délite totalement. On a tous eu le droit à la promiscuité avec, en vrac, une pimbêche embagousée et braillarde au téléphone, la mégère au parfum si subtil que AZF passerait pour un bienfaiteur de l'odorat, ou encore du duo de "comiques" qui s'engueulent dans l'espace clos d'une cabine d'ascenseur jamais suffisamment grande... Et je ne parle même pas des mouflets tête à claques insuffisamment martyrisés, qui, pour s'amuser, vous font visiter tous les étages! Non, les ascenseurs sont tout sauf des amis, ce sont des ennemis de la tranquillité et de votre santé mentale.

D'autres objets supposés anodins peuvent être cités. Allons voir du côté de la perceuse. L'enflure qui a pondu ce truc devrait être crucifié, lapidé, noyé, incinéré, puis éparpillé au loin dans un lieu tenu secret. Pourquoi? Vous voyez donc la perceuse comme un outil utile et servile? Pauvres fous que vous êtes! La perceuse n'a que deux buts dans l'existence: saboter vos travaux de décoration, et pourrir l'existence de toute personne vivant dans son champ d'action sonore. Si on ajoute à "perceuse" le mot "voisin" bizarrement, tout être humain normalement constitué va se mettre à avoir de l'écume aux lèvres, des désirs inavouables de torture sur son congénère de voisin, ainsi qu'une folle envie d'expérimenter la destruction d'une machine outil à la masse de 5kgs. Ah, le doux chant de la perceuse le dimanche matin aux aurores! La douce mélopée de son forêt qui force inexorablement et vainement sur le béton armé du mur porteur! La stridente mélodie de son moteur tournant à haute vitesse... Quel régal pour mes oreilles! On ne peut qu'aimer ce machin, hein! Et puis même son usage fondamental est une insulte au bon sens. C'est quoi cette idée de coller des trous partout, juste pour le plaisir de les faire?! A croire que certains jouent au "tirer point"... Vous ne voyez pas ce que c'est? Mais si, ce jeu idiot pour gamins avec des points numérotés à rejoindre pour faire des dessins! Peut-être qu'il y a des dingues qui font cela sur leurs murs pour avoir un jeu plus grand que sur les journaux du genre "Super picsou géant".

Bordel de bordel, les machines nous détestent. Elles font le coup de la panne au pire moment, elles se rappellent à votre bon souvenir quand vous voudriez que, justement, elles vous foutent une paix totale. Le chauffage qui rend l'âme en hiver, la voiture qui tombe en panne le jour d'un rendez-vous essentiel, la télévision qui refuse de recevoir les chaînes juste au moment de la révélation dans un film palpitant, l'ampoule qui claque alors que vous êtes dans une cave sans fenêtre ni lampe torche, ou encore cette insupportable machine que vous avez devant vous, là maintenant, qui perd sa connexion internet tandis que vous avez une discussion passionnante avec des gens adorables. Elles se vengent, nous font payer leur existence, telles des Frankenstein cachées sous des aspects extérieurs engageants.

Mais n'ayez crainte. L'homme a la solution, il a l'arme absolue, l'objet pour leur rendre la pareille. Vous ne voyez pas? Les ciseaux! Les ciseaux sont nos amis! Ils peuvent, en vrac: couper le cordon de ce salopard de micro-ondes, s'empaler dans le panneau de contrôle de l'ascenseur, pénétrer au coeur de l'écran de cette connasse de télévision, cisailler le cordon téléphonique de ce fumier de modem, et finalement se ficher dans votre paillasse (ou celle de votre voisin à perceuse casse bonbons), et donc vous soulager du poids de l'existence!

Amis, votez ciseaux! Votez ciseaux!

Non toubib, je ne prendrai pas ces pilules, elles sont mauvaises pour moi... Comment ça?! Une sismothérapie? Ah non! Pas question! Cette machine électrique m'en veut! SATAN! SATAN!

09 octobre 2012

Magie

Cet artiste est tout simplement un magicien du son... Régalez vous, et observez l'instrument (dont j'ignore le nom!) dont il se sert...
Allez en voir plus sur son site!
http://www.hanginbalance.com

EDIT: Suite au commentaire, l'instruement s'appelle un Hang, et, contrairement à l'impression qu'il peut laisser, il a été conçu dans les années 2000...


08 octobre 2012

Savoir prendre en compte les remarques

Comme l'on m'a fait fort judicieusement remarquer hier soir, mon dernier message ne portait étrangement pas sur l'actualité. D'ailleurs, m'étant essayé à plein de formats de textes différents, il n'est pas inutile de réattaquer le flanc des montagnes d'informations qui circulent actuellement dans le monde. Et puis, il faut dire qu'il y a de quoi décortiquer, même si j'ai un peu tendance de sourire ironiquement à ce que je constate, surtout en y ajoutant un "Je vous l'avais dit". Suis-je donc un oracle? Certainement pas, sauf à vouloir finir vêtu d'une jolie chemise dont les manches seraient sanglées dans le dos, avec mon corps (à mon esprit défendant) confié à des infirmiers aussi solides que peu enclins à la plaisanterie de mauvais goût sur leur capacité à rire, justement. Bref, un peu d'actualité dans les écuelles, c'est comme le potage en hiver: on aime bien y goûter, même si parfois cela vous sature un peu d'en manger à chaque repas.

Alors donc, qu'est-ce que dame Information nous balance dans les esgourdes en ce moment? Rien de bien nouveau finalement: Assad continue son petit massacre entre gens de même origine, les Turcs sont sur le pied de guerre pour lui coller sur la tronche, juste au cas où... La Chine et le Japon se haïssent mutuellement (enfin bon, la Mandchourie, tout ça, ça ne s'oublie pas si facilement), ou encore on trouve des terroristes sur notre territoire. Rien de bien neuf, d'autant que, quelque part, chacune de ces crises ne font qu'alimenter tant notre peur d'une guerre globale, que celle plus perverse d'un ennemi de l'intérieur. Je tiens à ajouter une note à celles et ceux qui n'auraient pas eu le loisir de retenir une de mes ritournelles : toute dictature (avouée ou non) se doit d'avoir un ennemi, qu'il soit de l'extérieur (le pays voisin, l'immigré), ou de l'intérieur (le terroriste, l'intégriste religieux, le casseur de banlieue, la liste n'est pas exhaustive, mais vous voyez le principe). Donc, en gros, on se fait peur pour le pouvoir, on s'inquiète des conséquences d'un héritage antédiluvien, et on ramassera les morceaux à grands coups d'interventionnisme militaire, le tout justifiant pleinement des budgets d'armement délirants, et une politique sécuritaire excessive (Patriot Act, que les Américains peuvent t'aimer dans ces cas!).

J'abordais juste ci-dessus l'idée qu'il peut y avoir une forme de répétition de l'histoire, le tout entretenu sciemment afin de maintenir des situations de statu quo. Pour la Chine et le Japon, ces deux empires se sont toujours regardés avec défiance, et à tour de rôle attaqués pour le contrôle des océans et des terres. Les derniers en date furent les Japonais qui, dans les années 30, sont allés faire coucou à leur voisins Chinois en Mandchourie, et y tester la fiabilité de leurs machettes et la robustesse de leurs baïonnettes. (On parle de plus de 200.000 morts durant l'occupation Japonaise). Que cela soit encore une source de haine savamment entretenue, ou qu'un prétexte politique de plus pour légitimer une méfiance réciproque, je n'ai pas vraiment de réponse claire à émettre. En revanche, ce qui est certain, c'est que c'est là qu'une façon confortable de se justifier en disant "C'est eux les pourris, pas nous". A titre de parallèle, la seconde guerre mondiale s'est justifiée dans des conditions similaires (occupation française en Allemagne), et bien avant. Il faut un ennemi, et il est facile à désigner, surtout si l'ancêtre de l'ennemi en question était bel et bien une ordure.

Passons à Assad. J'avais ânonné que le monde n'interviendrait pas, et qu'à terme la rébellion finirait non pas par perdre, mais par fléchir et pourrir la situation. A ce jour, Assad est à son poste, les rebelles reculent, et globalement le refus Russe (j'allais dire Soviétique!) ôte toute possibilité au reste du monde de venir jouer les donneurs de leçon. La Libye, elle, a eu le droit à une intervention, avec pour conséquence prévisible la création de groupes armés incontrôlables, la prise de pouvoir par des radicaux religieux, et donc, quelque part, la naissance d'une Libye pire encore que celle de Kadhafi. On a peur de virer un despote pour qu'un pire que lui apparaisse en Syrie? Pourquoi pas, mais cela ne me semble pas être le noeud du problème. Le véritable écueil est que les Russes ont en Assad un interlocuteur fiable pour négocier les richesses du pays, tandis que, quand on parle à un cinglé qui braille à qui veut l'entendre "Allah est grand", au lieu de dire simplement "On s'échange nos valises. Vous fermez les yeux pour avoir nos produits à bas prix, et nous on garde en échange le pouvoir comme on l'entend". Hé oui! L'ennemi, c'est celui qui ne participe pas à votre jeu de magouilles, pas celui qu'on voit comme un ennemi de la démocratie. De toute façon, la démocratie, c'est le subterfuge qu'emploient les grandes nations pour se donner de la constance, surtout quand le pays autrefois soumis a le malheur de lever la tête et qui ose mordre "le Maître".

Pour finir sur une note plus joyeuse, parlons un peu du terrorisme intérieur. On nous gave d'images et d'analyses concernant ces intégristes religieux qui sont prêts à poser des bombes et à tuer, le tout pour des prétextes hautement philosophiques: "Toi pas penser comme moi, toi mériter mort". Je résume, je caricature, mais dans l'absolu, c'est bel et bien ce discours qui est le fond de la plupart des instruments humains que sont ces petits groupes à l'esprit bourré d'inepties tant sur la Foi que sur le fonctionnement du monde. S'ils avaient eu deux doigts de jugeote, ils auraient compris, ces "prêts à péter", que le monde ne se divise pas entre eux et les autres, mais entre ceux qui ont le fric pour décider, et ceux qui doivent obéir faute de fric. En partant de cette ambiguïté initiale, on peut tout faire croire à des gens désoeuvrés moralement! Donc, ça n'a rien de guère nouveau tout cela... De mon point de vue, je suis particulièrement horripilé qu'on aille faire la distinction entre ceux qui agissent au nom d'une foi religieuse, et ceux ont agi au nom d'une foi politique. Dans les deux cas, la pose d'une bombe reste un acte particulièrement odieux, surtout si celle-ci vise des civils. Dans le cas d'une guerre menée contre un occupant ou un envahisseur, je ne crois pas à la solution totalement négociée, sauf à faire comprendre au dit occupant qu'il n'aura jamais la tranquillité qu'il espère... donc en lui pourrissant l'existence. En revanche, je distingue celui qui se bat contre une armée (ou une police, ce qui dans de nombreux pays revient au même), et celui qui vise aveuglément des passants. De fait, l'opinion servant de terreau à ces actes n'est pas, à mon sens, la chose à regarder. Ce qu'il faut observer, ce sont les conséquences. Et elles sont terribles.
On s'interroge sur le pourquoi de l'émergence du terrorisme islamique de l'intérieur. Dites, les observateurs, vous avez mis le temps à comprendre qu'en créant des ghettos, en mettant sans arrêt en exergue une communauté, vous n'avez fait que provoquer la naissance de brutes prêtes à prendre les armes pour se défendre de ces clichés. A l'instar du terrorisme des black panthers aux USA, s'acharner à diaboliser une population n'a fait que pousser la dite population dans les bras du radicalisme. J'estime qu'il est du devoir de la France autant d'instruire ses enfants (et cela passe aussi par l'éducation civique, la mise en place d'un respect pour les institutions, quitte à passer par la sanction), que de prévenir ces actes en tenant compte de la vie des gens. On ne peut pas laisser faire n'importe quoi dans les cités, tout comme on ne peut pas non plus tout mettre sur le dos des conditions sociales. Il y a une différence entre celui qui, à raison, critique les offices HLM qui n'investissent pas pour l'entretien des immeubles, et celui qui se sert de ce prétexte pour casser, brûler et voler. Les trier? Vous avez de bons critères? Les punir? Sans pour autant passer pour des racistes? Où est la frontière en police et milice? Où est le pas de la porte de la dictature, et la sortie de la démocratie?

J'ose franchement espérer que mes lecteurs comprendront que l'actualité me semble que trop ordinaire: des radicalisés (comme au temps des rêves communistes transformés en fantasmes terroristes), des guerres locales (où on en parle pour se donner un peu de conscience du monde qui nous entoure), et des répétitions malsaines du passé... Allez, bonne route le monde, on sait bien qu'on se mettra à nouveau sur la gueule de manière mondiale! Il suffira de savoir quand et pourquoi, afin de faire marcher les noircisseurs de pages de manuels scolaire, le tout avec la censure qui ira bien.

Comme d'habitude... aurait chanté Clo clo.

04 octobre 2012

Passionnément ordinaires

C'est à force de chroniquer les écarts de conduite de l'humanité que je me suis forgé une conviction qui est d'affirmer que l'Homme est passionnant parce qu'il est justement ordinaire. Tenez, on se torture les neurones pour se demander s'il existe un ou plusieurs dieux, pour identifier celui qui est supposé nous apporter la paix de l'âme et de l'esprit, et on va même jusqu'à poser des bombes (ou en larguer à 10.000 mètres d'altitude, c'est selon) pour revendiquer sa foi, alors que, finalement, nous sommes bien trop ordinaires pour pouvoir intéresser quelque déité que ce soit. Vous ne suivez pas le raisonnement? Il m'apparaît pourtant d'une clarté particulièrement ironique, d'autant qu'on se réfugie derrière notre foi pour un peu moins craindre le trépas, pour se rassurer d'une présence lors de nos guerres, et pour se prendre à espérer qu'un proche disparu ne sera pas trop mal loti de "l'autre côté". Pathétique, ordinaire, ridicule même.

Regardons nous en face un instant. Notre passion pour un "Dieu" provient de notre besoin maladif d'avoir un supérieur au-dessus de soi, quelqu'un à aimer ou maudire pour notre destin. Bien entendu, cette démarche intellectuelle exclue confortablement le fait que nous ayons le libre arbitre, ce qui implique donc nécessairement que ce sont nos actes qui décident, pour majorité, de notre destinée. Cependant, faute d'explications dans certains cas, Dieu, le diable, les saints, les dieux, toutes ces définitions nous permettent de trouver des réponses, ou tout du moins de supposer que quelqu'un ou quelque chose a des réponses là où nous sommes que bien trop limités. Malheureusement, j'ai dans l'idée qu'il s'agit que d'une échappatoire, pas d'une solution concrète.

Prenons un peu un Dieu dans une religion monothéiste. Omnipotent, omniscient, créateur, tous les rôles surnaturels lui reviennent, et pourtant on lui demande de la miséricorde, de la charité pour notre pauvre humanité débile. Hé, ça doit abîmer les neurones de trop patauger dans les bénitiers, parce qu'il y a plusieurs faits indéniables concernant notre façon de traiter notre relation à "Dieu" Un petit jeu de questions réponses?

Si Dieu est le créateur de toute chose, pourquoi s'est-il amusé à créer le serpent qui a tenté Eve?

S'il est si parfait, et que l'homme est imparfait, le propos "fait à son image" n'est donc que physique? Ca veut dire que, finalement, il n'a pas eu assez confiance pour nous filer de l'intelligence en quantité?

Si Dieu est amour, alors l'homme est haine, non?

Etre omniscient n'est pas, par le plus grand des hasards, le pire cauchemar d'un Dieu? Savoir les petits secrets les plus stupides que nous portons tous, en quoi est-ce gratifiant?

Soit Dieu nous a laissé le libre arbitre, auquel cas il a raison de ne pas intervenir, soit il nous manipule et nous sommes donc des jouets entre les mains d'un gamin cruel.

L'homme a eu la bonne idée de coucher sur des parchemins les mots de Dieu... sortis de la bouche d'un messie quelconque. Par curiosité, essayez aujourd'hui de proposer des visions messianiques sans finir sous tranxène et attaché à un lit dans une chambre capitonnée!

Bref... l'homme croit, enfin il voudrait bien "y croire". Ca le rassure, un peu comme le gamin qui tient à sa lampe de chevet pour ne pas trembler à l'idée du croque mitaine. Au fait, les gens souvenez-vous d'une chose fondamentale: on naît, on vit, on meurt... donc forcément, s'il y a un créateur, il nous a mis ici, et il nous attend au bout du chemin. Chouette, se diront les croyants, fais suer diront les incroyants, et moi je vais juste dire "Je m'en cogne". Pourquoi? Parce que, finalement, ça me permet de croire un instant que, au fond, mon libre arbitre est plus fort que Dieu, puisque je peux le défier le temps de mon existence terrestre. Et ça, voyez-vous, ça n'a pas de prix!

18 septembre 2012

Armes de destruction passive

On nous aura bourré les oreilles de ces armes de destruction. Depuis les tranchées et les gaz, puis Hiroshima et la fête à l'atome, devenue kermesse de la peur avec la guerre froide, en passant par les gaz sur les Kurdes (on revient toujours aux "bonnes vieilles méthodes"), jusqu'à celles jamais trouvées en Irak, ou bien tout récemment l'atome (encore lui!) en Iran, on agite constamment l'épouvantail d'armes de destruction massive qui, globalement, n'a pour seul but que d'entretenir la crainte et la xénophobie qui débouche tôt ou tard sur la haine. Je m'étonne encore que nombre de mes camarades puissent croire à ces fadaises concernant ces armes. Elles n'ont pas pour but d'être utilisées, juste de nous coller une trouille noire, la bonne grosse pétoche qui nous fait voter sécuritaire, qui fait pencher la balance vers le rejet de la différence, pour finalement légitimer des guerres aussi absurdes qu'inutiles. Qu'on se le dise, la destruction massive, ce n'est pas par l'annihilation d'une métropole que cela passera, mais par l'anéantissement de la conscience individuelle, et donc du bon sens commun.

Notez bien que cela fonctionne très correctement avec les masses qui aiment à se soumettre à des idéologies étriquées, qui, sous couvert de la préservation d'un héritage quelconque (culturel ou religieux) s'empresse d'essaimer haine et racisme à travers des rapports de force absurdes. Que penser d'un type qui crée volontairement un film insultant pour toute une communauté? Rien de bon, d'autant plus qu'un peu de bon sens lui aurait fait rapidement prendre conscience qu'un tel camouflet ne pourrait que mener à des réactions virulentes, si ce n'est radicales et violentes. A l'autre bout du spectre, quoi de plus pratique qu'une telle provocation pour taxer un état (et non l'auteur) de raciste, blasphème et j'en passe et des pires? C'est dans ce genre de situation qu'on fait naître le climat idéal pour des guerres à venir, pour des décennies d'incompréhension et d'instabilité politique. Ce n'est pas en agitant une bombe qu'on invite à se battre, un bout de pellicule couvert d'injures peut fort bien suffire.

Tout est question de méthode. L'art de déclencher des conflits est celui de trouver le sujet qui mènera forcément à l'affrontement politique et/ou moral, et non de provoquer l'adversaire par des menaces, ceci à travers de celui qui aura le plus gros potentiel pour anéantir l'autre. Notre regard doit absolument se poser sur l'Histoire pour ne pas rater de grandes vérités qu'on nous maquille, ceci sous prétexte de maintenir un équilibre supposé précaire. Prenons la guerre froide comme exemple: durant plusieurs décennies, capitalisme et communisme soviétique se sont observés, se sont armés à outrance, avec pour objectif affiché de détruire "celui d'en face" pour des questions d'idéologie. Derrière, que s'est-il passé? Que cette opposition n'avait pour seul but que de se partager le monde, de segmenter en blocs facilement identifiables les nations présentes sur la carte. Malheureusement, quand deux chiens hargneux se retrouvent de part et d'autre d'un seul et même grillage, ils finissent toujours par s'aboyer dessus, et bien entendu, attendre la première occasion pour se mordre. Ramenons cette allégorie du chien enragé à la politique, et soyons clairs: les politiques vendent de la haine, puis finalement les chiots que nous sommes finissent par mordre sans se poser de question sur le pourquoi de cette rage à l'encontre de celui de l'autre côté du grillage.

Qu'en est-il aujourd'hui? Aucune différence ou presque avec cette opposition entre les rouges et les autres! L'ennemi a glissé, il n'a fait que revêtir une autre image, celle du terroriste, de l'assassin d'enfants, du rétrograde qui embastille une gamine attardée pour avoir prétendument brûlé un livre sacré. En bref: l'ennemi passe et trépasse, on le remplace. A partir de là, la capacité de destruction des médias prend largement le pas sur celles des bombes. Prenons des évènements évidents: un dingue se prétendant affilié à un groupe terroriste sème la terreur. On fait quoi? On répète ce qu'il affirme, on le vend pour faire tant de l'image que du papier, et la conscience collective retiendra qu'il était un terroriste, et non un psychopathe usant de l'argumentaire religieux pour assouvir sa soif de massacre. Bien sûr que des enquêtes sont menées pour vérifier si, par hasard, le type ne serait pas un jouet de vrais groupes terroristes, mais qui s'en souciera dans l'opinion publique? Il est basané, il a braillé qu'il était un terroriste, alors c'en est un! Et là donc, on continuera à instrumentaliser la peur, l'arme sera à nouveau pointée sur nos tempes avec pour seul discours "soit tu es avec nous, soit tu légitimes les actes de ces barbares". Parfait comme choix, non?

L'usage voudrait qu'on soit critique, qu'on n'accepte ni ne tolère le filtre idéologique d'un tiers sous prétexte qu'il serait supposé en savoir plus que nous. Le principe même de la conscience humaine est de justement absorber des informations tout au long de l'existence, et non de se contenter d'un dressage aussi succinct qu'incomplet. Il n'est rien de plus dangereux que de se contenter que de ce qu'on nous dit, au lieu d'aller chercher s'il y a d'autres manières d'envisager les choses. Cependant, s'il fallait mettre en doute toute chose, cela voudrait alors dire ne pas se cantonner de se nourrir à une seule source, de ne pas boire qu'à une seule fontaine, et donc de faire la démarche de se déplacer pour voir "s'il y a quelque chose derrière la colline". Malheureusement, cela impose un effort, et pardessus le marché nombre de structures se délecteront de notre incrédulité en nous faisant passer pour des illuminés, ou mieux encore, pour des adeptes de la théorie du complot. Vous voulez intoxiquer un peuple? Nul besoin de sarin, contentez vous de lui faire avoir peur de son voisin, il se chargera fort bien de trouver des raisons de le haïr, que ce soit légitime ou pas d'ailleurs.

Au sortir de cette lecture, je peux affirmer que la passivité des gens est une arme en soi. Laissez le soin aux gens de faire bouger les choses, et vous obtiendrez l'immobilisme. Laissez une élite autoproclamée vous mener pour votre bien, et vous obtiendrez une dictature soit dans les faits, soit dans les esprits. La bienséance, la "normalité" ne sont là que des outils pour s'assurer de notre acceptation, et ce quelqu'en soient les raisons. Je vais énumérer quelques faits, et passez les au filtre individuel du "justifié, pas justifié", et surtout du "ils se sont foutus de nous!"
On rêvait d'une présidence allant vers le progrès, et l'on va vers une austérité qu'on reprochait au prédécesseur. Est-ce que l'austérité passe mieux avec le sourire ou la face bonhomme?
On espérait que les guerres cesseraient, or la tendance mondiale est plutôt aux conflits, qu'ils soient économiques ou militaires. Aurait-on vendu de l'espoir bidon en balançant du "yes we can"?
On a nos épouvantails, on s'en sert à outrance, quitte à friser le ridicule. Une provocation d'un vidéaste qui vend de la haine sur pellicule n'est-elle pas en soi un accessoire idéal pour permettre des actions telles que des meurtres, des manifestations menaçantes, ou encore légitimer l'embrigadement de jeunes dans des idéologies radicales?
Quelle différence faire entre des mouvances supposées libertaires de pirates qui s'octroient le droit de faire justice (par le truchement du piratage informatique) et le KKK qui assassinait (et assassine encore)des gens pour leur couleur de peau? Juge, jury et bourreau?
Où est la liberté de penser quand une vérité se voit censurée parce qu'elle dérange?
Quelle liberté dans des nations qui s'offrent une législation autorisant les écoutes, l'espionnage de nos conversations numériques, qui autorise à des sociétés privées de prendre le pas sur la société publique? Où est la citoyenneté quand celle-ci devient la propriété indirecte de grandes entreprises?
Où est la légitimité d'une société à faire du chantage à travers l'eau, le gaz ou l'électricité? Dans quelle société peut-on décemment décréter des augmentations drastiques des prix, tout en sachant que cela pénalisera les petites gens?
Peut-on encore parler de démocratie quand le droit de penser n'est plus qu'une vague utopie? On a mis en prison des gens pour des "délits" parce qu'ils avaient eu le malheur de critiquer des oligarques. Critiquez donc une entreprise de manière ouverte, et appréciez donc de vous voir passer au tribunal, tout ça pour délit d'opinion… Quant bien même l'opinion se révèle être une vérité.

Nous sommes tous des armes de destruction passive. Nous sommes passifs, donc nous armons les gouvernants. Nous sommes passifs donc nous acceptons leurs décisions. Nous sommes passifs, donc nous renions notre droit à réfléchir et à décider. Refusons cet état de fait, car la démocratie c'est par le peuple et pour le peuple.