22 avril 2012

Chère grand-mère

Cela fait bien longtemps que je songe à t’écrire, mais à chaque fois je me dis que mes mots sont vains. En effet, tu sais lire en moi comme personne ou presque, et tu as en tes yeux la capacité de voir mes sentiments. Sans mot dire, tu trouves les phrases pour me réconforter, me faire comprendre que la Vie est un présent, même s’il est souvent douloureux à préserver. Tu en sais tellement sur l’existence, que t’écrire me semble ridicule et juste égocentrique. Pourtant, j’en éprouve le besoin, ce désir de te dire à quel point je pense à toi, et à quel point mon cœur et le tien sont proches.

Loin des yeux, loin du cœur ? N’importe quoi. Si loin que tu sois, si lointaine que soit notre pays, tu es toujours présente, tel un ange qui flotterait en permanence au-dessus de ma folie. Tu as toujours la tendresse de m’offrir ton sourire et tes baisers, et ce bien que la Vie ne t’ait jamais épargnée. Que de douleurs, que de soucis et de tristesses tu as pu accumuler durant cette existence terrestre ! Tu es veuve depuis plus de deux décennies, tu as vu ton fils partir au front, revenir traumatisé, tu as failli le perdre à cause d’un accident cérébral, et toi-même tu souffres de problèmes de santé très lourds. Plus d’une fois tu m’as dit que tu te sentais comme un poids mort sur ta famille, alors que nous tous, oui tous autant que nous sommes, t’avoir près de nous est en soi un bonheur et une fierté. Quelle joie de pouvoir te parler du passé, te raconter le présent, et même envisager le futur ! Je me sens tout petit, comme je l’étais, assis près du poêle à bois, à regarder la télévision en noir et blanc, tout en sachant que tu étais assise sur ton lit, épluchant les pommes de terre ou triant les légumes pour une soupe. Alors, rien que pour ces souvenirs, j’estime que tu ne seras jamais un poids sur nos vies, tu es essentielle à la mienne en tout cas.

J’ai parfois des mots très durs pour les gens, je leur reproche leur folie, leur bêtise, mais pour toi je n’ai que gentillesse et compassion. Jamais tu n’as eu de mot pour te plaindre, jamais je n’ai vu la lassitude envahir ton âme. Courage, abnégation, tu es une femme exceptionnelle, tu le seras à tout jamais, car même la maladie n’a pas diminué ton courage et ton amour pour ton prochain. Tu partages tout, même quand tu n’as plus rien, que ce soit un simple fruit, une parole tendre, ou même un regard caressant. Tu as une belle âme, un beau cœur, de la chaleur dans l’esprit et de la passion dans la voix. T’écouter parler du passé, des difficultés du quotidien, c’est écouter la voix de la terre, dure, mais franche et honnête, celle qui parle de dignité, de se tenir droit quoi qu’il se passe autour de soi. Tu as dû connaître la faim, le froid, la peur de mourir, mais tu n’en parles jamais pour toi-même. Tu plains ceux qui souffrent, alors que souvent ils souffrent moins que toi tu as souffert. C’est ça, l’humanisme, le vrai, le sincère, pas celui des livres où un donneur de leçons s’empêtre dans ses phrases complexes, et se perd dans un tissu de mensonges dont il aimerait se convaincre lui-même. Je n’ai pas cette charité immense dont tu fais toujours preuve, mais Seigneur, que j’aimerais être aussi fort et droit qu’elle !

Je ne pleure plus depuis des années. Je me suis forgé une muraille pour me préserver de tout, des déceptions, des difficultés, de la lassitude de me battre pour ne pas m’agenouiller. Ce fortin intérieur, il m’a souvent valu d’être bien seul, d’avoir un aspect terrifiant pour bien des gens. Toi, au contraire, tu es accessible, tu sais encore pleurer de joie ou de peine, et je t’ai vu pleurer avec sincérité et simplicité, parce que tu étais heureuse de voir tes arrières petits enfants. Qui peut prétendre à une telle bonhommie ? Celui qui se vantera d’être aussi ouvert ne sera qu’un prétentieux, parce qu’elle n’a jamais eu à se targuer d’être ainsi. Elle est. Tout simplement ; elle Est, comme tout le monde devrait être finalement.

Dommage que ces mots arrivent bien tard, et ce bien que tu saches à quel point je t’aime. Je ne peux pas parler de toi au passé. Tu es toujours vivante dans nos cœurs, dans le mien tu es vivace, comme ces plantes qui entourent encore ta maison. Tu es vivante, parce que tu nous aimes, et en retour nous te donnons nos sentiments. Tout cela, toutes ces joies et ces peines, elles sont à toi, elles sont à nous, et tu es donc vivante pour toujours… Même si la Vie a décidé que tu devais mourir le 11 Avril 2012.

Je t’aime grand-mère.

05 avril 2012

Une belle chanson

Pour ceux connaissent, c'est la bande son de la série "Maison Ikkoku" plus connue chez nous sous le nom "Juliette, je t'aime". Oui, c'est mièvre pour certains, c'est fait soi-disant pour les filles, mais laissez vous porter par la chanson, je la trouve superbe.