30 avril 2010

Note avant congés

Quelques mésaventures m’imposent, hélas, de ne pas partir en congés comme je le souhaiterais. Toutefois, les deux prochaines semaines étant réservées au repos, je ne suis pas convaincu que je ferai des apparitions régulières ici même… voire pas du tout. Dans ces conditions, à vous de voir s’il est, ou non, pertinent de passer ici chaque jour, à moins de vouloir lire (ou relire) d’anciens articles !

Mais passons à autre chose.

Il m’arrive parfois de regarder avec un certain agacement la prolifération des jeux vidéos, et ce non parce que j’aurais la moindre appréhension ou quoi que ce soit contre eux, mais simplement parce que je suis bien souvent déçus par les sorties les plus récentes. Au contraire d’une tranche de fanatisés à outrance, je n’éprouve aucun plaisir à être abreuvé à coups d’images psychédéliques, de 3D toujours plus précises, d’effets pyrotechniques propres à ridiculiser les meilleurs feux d’artifice. J’aime plutôt la créativité, l’imagination, le rêve, l’improbable rencontre entre le romancier et le développeur, une sorte de fusion entre ce qui pourrait sortir de nos crânes féconds et le média. En l’espèce, je n’éprouve aucune sympathie pour tous ces jeux où le but est d’être le plus rapide, de tirer le plus précisément, ceci hors de tout scénario construit ou même simplement intéressant. Etre un sniper est un fantasme, mais l’être des heures durant, derrière un clavier…

Bref, pour moi le jeu se doit d’être distrayant, ludique, pas juste un défi pour la vue et les réflexes. Et ce n’est pas peine d’avoir joué à énormément de choses différentes ! Cette idée ne remet pas en doute la possibilité de créer des jeux distrayants et « bourrins » comme les jeux de tirs, d’autres où il faut aller d’un point A à un point B (voir la série des Mario sur console Nintendo pour comprendre de quoi je parle), mais plus la créativité générale. On en est arrivé à parler de « Quake like », ce qui signifie « qui ressemble tellement au jeu Quake qu’il est impossible de ne pas y penser en y jouant ». Et c’est un drame à mon sens ! Le coût de développement de ces jeux a littéralement explosé durant la dernière décennie, et c’est en dizaines de millions d’Euros que se chiffrent les budgets… Alors qu’à une époque, certains développaient ces bidules dans un garage à trois ou quatre, voire tout seul, et y mettaient la touche personnelle, le petit plus qui prouvait que c’était le rêve qui dictait les choix, et non pas la bourse.

Je n’ai pas envie de faire de sarcasmes gratuits sur les jeux d’aujourd’hui, car tous ont atteints l’excellence graphique, l’ergonomie très majoritairement bien pensée, et ils offrent un impact visuel digne du cinéma. Ce que je regrette amèrement, c’est qu’ils semblent terriblement plats. On ne s’attache pas au personnage principal, on ne lui trouve pas quoi que ce soit d’agréable ou d’attirant, tout juste est-on fasciné par son aspect caricatural. Et puis, j’ai une question assez cynique : pourquoi s’entêter à faire des choses autour de la guerre, de la haine, ou de restituer des situations hyper réalistes ? N’a-t-on pas assez d’horreurs au quotidien pour, en plus, s’en coller plein les neurones via une séance de jeu supposée nous détendre ? D’ailleurs, c’en est même malsain quand les jeux prônent la violence gratuite pour obtenir des avantages, quand les jeux vous amènent à confondre réalité guerrière et environnement virtuel ? Nous avons bien assez des malheurs du monde pour devoir les reproduire sous la forme de pixels…

Le bilan est, pour ma part, assez mitigé. Le public a vieilli, et ma génération est devenue celle des parents. Nous avons connu la genèse des jeux, leur croissance, et aussi été confrontés aux choix à faire pour nos enfants. De fait, nombre de jeux s’adressent spécifiquement aux adultes, à travers une violence plus crue, des dialogues plus durs, ainsi que des atmosphères pesantes voire horrifiques. C’est difficile de dire qu’il n’est pas intéressant ou ludique de se plonger dans une expérience pareille, par contre je mets en doute l’idée que cela soit disponible pour les joueurs (trop) jeunes. Bien entendu, c’est du rôle des parents de faire les bons choix, et de censurer, si nécessaire, ces titres pour éviter des incompréhensions ou des dérives. Cependant, combien de parents sont désemparés face au choix ? Il faut reconnaître que nombre de personnes de ma génération ne jouaient pas (pour des questions d’intérêt et surtout de budget), et donc ne se sont pas mis au jeu pour autant une fois devenus adultes. Comment leur demander de faire les bons choix ?

Si l’aspect artistique est souvent discutable, ce n’est pas forcément la nostalgie qui parle. J’espère voir apparaître des OVNIS comme « The nomad Soul ». Ce jeu a plus d’une décennie, et il garde un impact ahurissant sur moi. Outre un environnement étrange où l’on était dans un monde parallèle assez glauque, ce jeu avait des qualités qui me surprennent, aujourd’hui encore : une qualité graphique indéniable, un monde cohérent et riche de ses symboles, si étranges soient-ils, et une interactivité très complète. Sans oublier une chose qui manque énormément : une musique hypnotique. David Bowie, ayant participé, avec son épouse, à la composition de la bande originale, le jeu était vendu avec l’album de David Bowie associé ! C’était quelque chose que j’aimerais revoir un jour, parce que la musique est une chose qui nous est quotidienne, parce que la musique véhicule autant une atmosphère que des idées. Pendant le jeu, le joueur pouvait assister à deux concerts virtuels du groupe de David Bowie, avec l’identité visuelle du jeu. Stupéfiant, envoûtant, je me suis surpris à recharger la sauvegarde juste pour revoir le concert, de manière complètement non interactive, planté derrière mon écran. CA, c’est de l’impact, ça, c’est une expérience ludique unique.

Mesdames et messieurs les businessmen, pensez à nous, pensez à notre plaisir de jouer. Admettez enfin que culture et jeu vidéo peuvent très bien fusionner. L’expérience ludique n’est pas cantonnée au tir en rafales, elle peut être emprunte de poésie, d’intelligence, de sensations diverses et variées. Le jour où vous mêlerez émotion et interactivité à vos productions, alors oui, les joueurs auront plaisir à vous dire non pas « votre jeu est pourri », mais au contraire « votre jeu est une expérience unique ».

Je mets quelques vidéos symbolisant ce à quoi je pense, dont le concert de David Bowie dans « The nomad Soul ».

The Nomad Soul: Something in the Air, le concert virtuel de David Bowie


The nomad Soul: New angel of promises, la chanson d'introduction du jeu par David Bowie


ICO: Un jeu OVNI...


Shadow of the colossus: Magnifique... tout simplement

29 avril 2010

Plaisanterie de mauvais goût

N’étant pas un amateur des journées à vertus comiques comme le premier Avril, je prends généralement les plaisanteries de mauvais goût avec très peu d’humour. Non que je sois de ceux qui n’aiment pas rire, mais quitte à rire, autant le faire correctement. Je ne trouve pas drôles les vidéos où les gens s’explosent la face contre une façade, pas plus que l’idée que ce gens se soient volontairement mutilés, fracturés les membres, tout ça pour apparaître quelques instants à la télévision ou sur la toile. Pourtant, certains s’échinent à plaisanter lourdement, poussant les blagues pseudo potaches jusqu’au paroxysme de la bêtise, comme si cela pouvait représenter un accomplissement personnel. De la finesse que diable, le talent de faire rire n’est pas donné à tout le monde, et nombre de gags sont travaillés, retravaillés, cent fois revus pour accentuer le côté faussement impromptu. C’est l’art consommé du comique, du saltimbanque qui fait tout.

Mais il y a aussi une autre catégorie de plaisanteries de mauvais goût, les involontaires, celles qui vous laissent perplexes concernant la santé mentale de votre interlocuteur. Vous avez beau tourner la question dans tous les sens, avoir essayé de comprendre le fond de la « pensée » de la personne qui vous assène son humour involontaire, vous ne parvenez qu’au néant le plus total. La force de la conviction est quelque chose d’énorme, d’utile la plupart du temps… Mais quand il s’agit ensuite de perpétuer des inepties, de la bêtise en containers marine, on est dans un autre univers, une galaxie d’inculture où les planètes tournent autour de la terre, où l’on crucifierait volontiers le voisin, et où les notions élémentaires de liberté et d’égalité n’ont jamais été envisagées. Tenez, j’aime beaucoup le cliché mondialement répété de la démocratie et la liberté individuelle à l’Américaine. Ah, qu’elle est belle cette Amérique, ces USA où l’on peut librement entreprendre, s’enrichir, rouler en Cadillac flamboyante, où les filles sont systématiquement des mannequins, et où les journalistes font tomber les gouvernements…

Mais, pourtant, si le pays est si démocratique, comment diable une opposition à la guerre n’a-t-elle pas pesée de tout son poids pour empêcher les désastres en Irak et en Afghanistan ? Pourquoi n’entend-on jamais parler (ici du moins) de mouvements citoyens contre la guerre, soutenant les soldats, mais invitant les gouvernements à cesser des guerres aussi vaines que dangereuses ? Probablement parce que la liberté d’opinion est contrite et soumise à celle, plus essentielle aux USA, de prospérer et de faire des affaires. La preuve en est : qui se préoccupe concrètement de la vie sociale des USA ? Nous ?! Quelle plaisanterie ! La pauvreté est un fait monstrueux, abominable pour une nation réputée riche et puissante. Ils ont le tiers monde en ville, l’insécurité sociale règne, et pourtant, on continue à nous bourrer le crâne de l’idée saugrenue que c’est la seule issue. Je suis bien plus affolé par l’idée qu’on puisse dériver au point de rejoindre une ligne de conduite aussi désastreuse, que par l’idée tout de même inquiétante de privatiser, peu à peu, les services publics. USA, tout sauf un paradis.

Ah ça, pour nous bourrer les tympans des échecs à la Française, depuis les prêts aux banques, en passant par les vaccins achetés en trop grosses quantités, jusqu’à l’implication des gouvernants dans nombre d’affaires louches et puantes, nous savons nous cracher seul à la gueule. Et doit-on pour autant oublier de montrer ce que les autres font ? J’ai l’impression que notre acte de contrition n’est lié qu’au fait que nous n’avons pas la bonne façon d’aborder l’enrichissement personnel. En France, être riche, c’est devoir vivre caché, car l’ostentatoire insulte le prolétaire. Aux USA, le riche se doit de montrer qu’on peut réussir, et qu’être riche n’est pas sale. Et pourtant, quand j’entends parler des lois dont les USA se sont dotées ces dernières années, je frémis d’angoisse : patriot act II, et la directive 51. Ca ne vous parle pas, je suppose… Bien entendu, personne ne va nous rappeler que les USA ont aujourd’hui un arsenal juridique digne des pires moments de l’Europe d’occupation !

Allez, pour la fine bouche :
Patriot act 1 et 2 :
Autorise les mandats de perquisition en dehors de la présence de la personne perquisitionnée. Littéralement, cette partie est surnommée (entrer discrètement et fouiller : « sneak and peek »).
La mise à disposition d’un couteau suisse dictatorial, nommé « Enlèvement des obstacles sur l'investigation dans le terrorisme ». Que dire… tout est dit !

Directive 51 (du 9 Mai 2007) :
Cette directive permettrait (je cite) « d'instaurer la loi martiale, d'invalider les élections présidentielles, de démettre le congrès de son rôle de contre-pouvoir, de remplacer la police par l'armée et les tribunaux civils par des tribunaux militaires, et d'emprisonner sans procès toute personne contrevenant à l'ordre public et à la sécurité nationale. ».
Ca laisse songeur, non ?

Et là, j’entends l’autre ahuri me sortir « Ah, les USA, j’en rêve ! Terrer de liberté, de progrès… »

Toi, tu as un sens de l’humour qui me dépasse!

une vidéo édifiante et poétique

Mon inscription à Blogonet

Bon...

Résumons la situation : Je suis un râleur chronique, et j'essaye, à travers ce blog, de faire entendre mes propos. Bien entendu, l'égocentrisme de la démarche nécessite une forte audition. C'est pourquoi je me suis dit qu'il serait intéressant de voir si je pouvais accéder, à travers des systèmes d'agrégation de blogs, d'être plus visible sur le web.

C'est donc ainsi que j'ai pris le parti d'essayer le modèle blogonet. J'ignore s'il fonctionne bien, et encore moins si cela va, ou non, ramener du lectorat ici bas, mais après tout, c'est en essayant qu'on découvre si l'on est capable, ou non, de faire quelque chose.

De ce fait, deux choses :
1) Blogonet
Allez voir le site, il y a, sur la page d'accueil, la liste des articles plébiscités par les votants. (cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à blogonet.fr)


2) Le vote
J'ai ajouté (discrètement, merci à eux de faire un bouton discret et non pas envahissant) un bouton de vote pour vous permettre de revendiquer votre plaisir à me lire au presque quotidien. Faites en usage, si vous pensez que cela en vaut la peine.

Bref... Essayons!

Votre obligé,
Frédéric/JeFaisPeurALaFoule

28 avril 2010

Modernisme et réinvention du passé

Sous couvert de nous vendre de la modernité, les entreprises sont prêtes à inventer n’importe quoi, au point même d’en devenir ridicules. Dans un monde en perpétuel progrès scientifique, technique, et donc industriel, force est de constater qu’il existe énormément de références qui sont devenues des monolithes dans notre société. Entre transformation d’une marque en nom commun (Kleenex, Frigidaire… ça ne vous dit rien ?!), et revisite du passé par les designers, il y a franchement de quoi se demander si, finalement, notre délire consumériste ne nous amène pas à être les gogos, les pigeons permanents, qui achètent n’importe quoi sous prétexte d’une mode sitôt apparue, sitôt disparue.

Quelques exemples concrets ? Prenons le plus flagrant, celui de l’automobile. Au quotidien ou presque, nous pouvons croiser des Mini (produites aujourd’hui par BMW), des Fiat 500, deux icônes de l’industrie automobile des années soixante, et que les entreprises ont revisitées pour en faire de « nouveaux » produits. Quelle ineptie ! Déjà, outre le fait que les dits engins n’ont plus techniquement à voir avec leurs inspiratrices, ces voitures sont d’un gabarit et d’un prix sans aucun rapport avec l’idée initiale. La 500 ? Elle a motorisé l’Italie. La Mini ? Elle a créé le concept de véhicule compact urbain. Les deux étaient abordables, à l’entretien simplifié au possible, et qui plus est, via des sorciers comme Cooper et Abarth, de potentielles voitures de course. Aujourd’hui, la Mini comme la 500 sont des voitures chères, sans charme à mon goût, et n’ayant pas le je-ne-sais-quoi de charmant. Hé oui : on nous vend du vieux, on en fait du pseudo neuf, et ça à prix d’or. D’ailleurs, Volkswagen a échoué dans la démarché en réinventant la coccinelle, qui, non contente d’être tout sauf dans la philosophie de sa devancière, s’est avérée « moche », et affreusement chère. Une voiture de bourgeois prétentieux en somme.

Ah le vintage, qu’est-ce qu’on ne va pas nous vendre sous cette étiquette ridicule ! Les godasses reprenant les modèles d’il y a quarante ans, les jeans à la coupe « comme à l’époque », les chemises aux motifs très datés, et je ne parle même pas des aspects kitsch et flashy utilisés jusqu’à la saturation dans la publicité et les clips ! A croire que revenir dans les années 70 avec les chaises orange, les pantalons à pattes d’éléphant, ou encore les cols pelle à tarte peuvent séduire quelqu’un ! C’est hideux, visuellement agressif, et ne m’incite certainement pas à marcher dans la mode. Je n’ai guère eu le loisir de traîner mes guêtres dans les boutiques à la mode, mais la seule idée de prendre un pull à col en fourrure synthétique me hérisse littéralement le poil. Pas question ! Et bien entendu, à la caisse, c’est le hold-up légal, le braquage à sabot de carte bleue armé…

Avez-vous remarqués que les boutiques d’aménagement intérieur se font une joie de remettre en avant les horreurs dont nos parents ont lamentablement tentés de se débarrasser pendant les années 80 ? Chaises en plastique translucide, mobilier formica à motifs, étagères « déstructurées » et autres abominations esthétiques ? J’ai été littéralement soufflé de voir un lustre, enfin une sorte de boule en paille tressée, comme celle qui ornait ma chambre étant gosse, vendue au prix du platine en magasin ! Que ma mère fut ravie de mettre ce ramasse poussière à la benne ! Et dire qu’il y en a qui paient pour avoir ça chez eux ! Sont-ils masochistes ? Ou juste marchent-ils dans cette mode des revivals ?

Même l’informatique et les jeux s’y sont mis : émulateurs pour faire revivre les antiquités ludiques, remise au (dé)goût du jour de références absolues, et émergence du marché de la collection. J’ai entendu parler d’une cartouche de jeu vendue … 15.000 Dollars (sic) parce qu’elle était assez rare (et probablement mauvaise). Je peux tout à fait apprécier la démarche de retrouver ses jeux d’antan, mais de là à aller pondre des machines pouvant relire nos vieilles cartouches de console, avec évidemment un prix d’achat indécent, c’est nous prendre pour des imbéciles.

Et ça se vend ! Bon sang, que je suis content de ne pas errer dans ce délire du passé ! Hé, j’ai une idée de business : conservez vos vieux portables, vos très vieux téléphones à cadrans. D’ici dix ans, ça sera des pièces de collection !

27 avril 2010

Dans la série des haines gratuites

Avez-vous déjà maudit quelque chose ou bien quelqu’un ? Avez-vous éprouvé le désir ardent de rétablir, par vous-même, la peine de mort ? Bien entendu, j’espère qu’il ne s’agit là que d’envies et de non de mises en pratique, au titre bien évidemment lâche que je ne saurais légalement soutenir l’homicide (bien que je sois moi-même parfois tenté d’agir de la sorte), et puis parce que les tueurs, eux, ne pensent jamais à ceux qui se tapent le ménage derrière eux ! Donc, par respect pour la caste du personnel de ménage, je dis non au meurtre.

Et pourtant, s’il y a des sélections naturelles à faire, ce serait avec une sereine facilité que je pourrais procéder à des exterminations de masse avec les imbéciles, les cons, les demeurés chroniques, les abrutis, bref, toute cette population grouillante d’humains aussi ignares qu’insupportablement convaincus de détenir LA vérité. A les écouter, il n’existe nul autre firmament intellectuel qu’eux-mêmes. Pire : ils sont prêts à tout pour vous évangéliser, quitte à raconter n’importe quoi, mêlant théories fumeuses et parallèles improbables, s’enfonçant dans la bêtise pour vous prouver, chiffres à l’appui, qu’ils ont raison. Tenez, ces derniers temps, ce sont les statistiques qui sont à l’honneur. Il paraîtrait que se faire pardonner souvent de sa compagne (en s’excusant, pas en multipliant les conneries donnant lieu aux dites excuses !) permettrait de lui accorder une plus grande espérance de vie… Ah ben c’est sûr, il est évident qu’une personne stressée, avec la boule au ventre après une violente dispute, aura statistiquement plus de chance de faire un infarctus que la personne calme, sereine et détendue. Alors, on en fait quoi, de ce scientifique à la noix ? On le cloue à la porte de son labo, avec posé sur sa poitrine un petit billet déclarant « A mettre au container classique : déchet recyclable » ?

Prenez donc le web… Non pas sous le coude, prenez le « mentalement » : c’est le plus grand capharnaüm de l’histoire de l’humanité. Nulle bibliothèque, nul amoncellement d’archives ne peut aujourd’hui prétendre à l’étendue et au volume des connaissances disponibles sur la toile. Pourtant, il y a encore toute une population de débiles profonds qui vous pondent des pages ressemblant à des sapins de Noël, bourrés d’animations aussi agressives que disgracieuses, et dont le contenu n’est pas sans rappeler la richesse des paroles du dernier chanteur à la mode. Y a-t-il des choses à garder ? Oh, oui, je pense… L’espace disque utilisé et libéré lors de la suppression de ces horreurs ? Sans déconner, sont-ils convaincus qu’on les lit ? A moins que je sois le seul à frémir d’horreur quand le ton sur ton façon « j’ai vomi sur le papier peint 70’s » soit à la mode. Et on leur fait quoi, à eux ? On les suspend par les pieds au-dessous d’un pont où les péniches passent à fond ?

Je ne parle même plus des analphabètes et autres illettrés qui hantent le réseau, ce serait enfoncer des portes ouvertes. Non, contentons nous de celles et ceux qui s’exposent à longueur de journées, qui racontent leur existence de gens ordinaires, qui vous montrent les photos du petit dernier, les clichés du chat qui miaule, ou qui vous mettent en ligne la petite dernière qui braille sa première chanson (inaudible, mais ce n’est guère sa faute… la pauvre…). Pour autant que je sache, la vie privée, ce n’est pas de la confiture : contrairement au produit sucré susnommé, en étaler en quantité est totalement indigeste. Et puis, qu’est ce que c’est agréable de vivre les choses par procuration (ironie, quand tu nous tiens). Sans déconner : pourquoi vous adresser au monde entier qui s’en fout ? Pourquoi ne pas fournir les accès à vos informations qu’à vos proches et amis ? Pardonnons leur la méconnaissance des outils… donc pas d’exécution sommaire.

Et puis enfin, il y a les imbéciles comme moi. Les jamais contents, les grognons, les mal lunés qui vous font tout un plat d’une broutille, qui noircissent des hectomètres de papier sous prétexte d’expression écrite. Que peut-on leur faire ? Les censurer, les bâillonner ? Tout système se doit, en principe, de faire le ménage avec ses opposants, mais là, il s’agirait d’une mesure de salubrité publique en faisant taire les grandes gueules non progressistes et qui hantent vainement la toile. Que diriez-vous d’un petit stage à la lanterne mes amis ? Si l’on met un tabouret sous mes pieds, cela voudra dire que j’ai été lu, écouté… et que j’ai fait peur !

Et si c’était ça, le but du rédacteur indépendant sur la toile ? Passer pour un con aux yeux d’imbéciles, revendiquer, ceci jusqu’à temps qu’on vous dise « allez, c’est à ton tour, mec ». Chouette ! Pas trop serré le nœud monsieur le bourreau, j’ai la peau sensible…

Tout d'abord une vidéo

Etrange... surprenante... mais intéressante.

26 avril 2010

Je vous l’ai déjà dit !

On ne se moque pas des Russes, et encore moins de leur technologie. Certes, nous les regardons avec condescendance depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, mais c’est une erreur fondamentale de notre part. Je ne saurais reprocher à la foule une certaine ignorance de la part de nos citoyens plus inquiets de leur cholestérol galopant, que de la situation internationale, mais je ne peux pas laisser dire tout un tas d’idioties à propos de la technologie Russe.

Je sais qu’il est facile de regarder des vidéos présentant des voitures au design aussi ancien que, avouons le, très laid, mais c’est aussi oublier pour quoi elles sont conçues. Nous autres, bourgeois gavés de malbouffe et de mauvaise bière, nous avons des exigences énormes concernant la qualité des routes, la présence d’une signalisation adaptée, et, en contrepartie, nos états demandent à ce que nos véhicules soient entretenus. Maintenant, comparons ces conditions idylliques avec celles de l’ex URSS : nous n’avons jamais un froid polaire de la Sibérie, pas plus que nous n’avons de chaleurs permanentes comme celles qu’on rencontre dans la steppe ardente du sud de l’Oural. Nous ne connaissons pas le dégel entraînant un état de délabrement total du réseau routier, tout comme nous n’avons pas des distances démesurées à faire pour simplement faire des courses. Alors, cumulez : un pays économiquement exsangue, des routes pourries, une population pauvre, et vous obtenez la Lada, la voiture pour rouler. Rouler oui, mais rouler longtemps, partout, sans maintenance, sur des terrains théoriquement impraticables. Tentez de faire survivre nos véhicules modernes là-bas, vous m’en direz des nouvelles.

Bon alors donc c’est juste archaïque, mais solide ? Pas seulement ! L’URSS, puis la Russie, a conçu et conçoit encore des avions d’une qualité remarquable. On se gargarise avec avions Américains ou Français, nous faisons les malins en pensant que les bureaux de conception Russes sont incapables de suivre le mouvement… Grossière erreur encore ! Observez donc cette vidéo, et restez tétanisé par la manoeuvrabilité du bestiau. En l’espèce, c’est le Sukhoï SU-37 de démonstration qui est à l’écran. Ce qu’il fait en vol est à la limite de l’improbable ! Vol stationnaire, vrilles et déplacements latéraux que l’aérodynamique est supposée interdire, le SU-37 dispose de la poussée vectorielle. Pour ceux qui ne comprennent rien à la technologie, je vais expliquer très succinctement la chose. Un avion « classique » a ses réacteurs qui ne poussent que dans une direction. Le SU-37, lui, a la faculté d’orienter cette poussée comme il l’entend. A ce jour, l’Europe est à la rue pour ce concept, les USA ont quelques prototypes, mais aucun (à ma connaissance) n’a démontré de telles capacités de vol. Alors, les Russes, à la ramasse ?

Bien entendu, on va alors me parler du délabrement des pays du pacte de Varsovie, me dire qu’ils sont ruinés, incapables de se redresser, qu’ils ne produisent rien et j’en passe et des pires. Tiens donc, vous oubliez Skoda ? Et Dacia ? Oui, les deux ont été modernisées par des capitaux Européens… Et alors ? Parce que France-Soir n’appartient pas à un Russe ? Quel rapport entre la compétence locale et l’origine des fonds injectés dans la société ? La dernière et non moins spectaculaire démonstration est celle de la vidéo finale de cet article. La société Tchèque Tatra est une belle preuve de compétence : conceptrice de voitures révolutionnaires à une époque, puis spécialiste des camions spécifiques pour l’armée ou les chantiers difficiles, Tatra est LE constructeur des camions qui passent où les autres renoncent. Et ce n’est pas les investissements étrangers qui ont fait leur compétence, c’est la compétence, justement, qui a été rachetée. Observez donc ce dont est capable ces camions, c’est incroyable et invraisemblable. Oui, ils sont moches, très typés « militaires », mais je mets au défi n’importe quel autre engin de faire la même chose !
Tatra, du camion qui impressionne (désolé, l'intégration Web est désactivée par défaut pour cette vidéo)

Alors… convaincus ? Moi, oui !

23 avril 2010

Horreur

Je l’ai déjà dit maintes fois, j’aime à jouer avec les ambiances, comme d’autres jouent avec les teintes pour leurs peintures. Manipuler les mots, c’est un plaisir que je perpétue chaque jour que je le peux, et, je l’espère, pour votre plaisir. Ainsi, imaginer des scènes de joies est aussi délicat que de mettre au point une atmosphère pesante, voire terrifiante. La compétence de l’auteur est alors de ne pas surcharger, de jeter les grandes lignes, de sorte à ce que le lecteur puisse construire par lui-même ses propres émotions. Contrairement au cinéma, qui nous impose un point de vue, l’écriture, elle, supporte facilement le jeu des non-dits. Ne montrez pas, suggérez, envisagez, et celui qui se noiera dans vos mots sera ému, inquiet, oppressé, ou alors ravi, enjoué, la larme à l’œil pour la scène de fin qui se doit d’être, paraît-il, douce et heureuse. Et la douce amertume ? Et la fin triste, affreuse et lourde de sens ? Pourquoi se cantonner d’être le colporteur des clichés littéraires tels que « le héros ne peut pas mourir », ou bien « l’idiot peut mourir, le génie peut souffrir, mais le simplet doit survivre » ?

A mon tour de m’essayer à un genre très particulier, celui de la peur. J’ai déjà fait quelques tentatives, plus ou moins réussies, plus ou moins intéressantes, mais globalement insuffisamment fortes pour que j’en sois satisfait. C’est pourquoi je remets le couvert.

Ps : A votre goût, vous pouvez, ou non, écouter en simultané la musique de la vidéo placée en bas de cet article. Pour ma part, je m’en suis servi comme support pour m’aider à construire ce petit texte.

Ils disent tous la même chose, ils fuient tous la réalité. Pourtant, elle est on ne peut plus simple à appréhender : c’est bientôt le néant. A vivre cloîtrés, armés, prêts à défendre ce qu’il reste de vivant dans notre humanité, nous ne sommes plus que des bêtes sauvages qui se battent pour un territoire. Les pires instincts nous guident, et nous ne prêtons même plus attention à celui ou celle qui tombe et qui meurt. C’est tout juste si nous daignons leur donner une sépulture décente, c’est dire à quel point nous sommes tombés bas. Vêtus plus souvent d’uniformes que de tenues décontractées, nous existons au rythme des sirènes qui mentionnent les roulements des quarts de garde. Ce qui fut une ville n’est plus que ruines, et notre habitat tient bien plus du camp retranché que de maisons paisibles où il fait bon vivre. Nous cohabitons dans des salles communes, avec la vermine et les rats que nous massacrons de peur de la contamination. Même les enfants, ou ceux qu’il reste sont habitués à dormir près d’armes à feu. Les plus jeunes sont déjà si marqués qu’ils ne sont plus effrayés par la mort et les cris des blessés. C’est si surréaliste de voir un enfant jouer avec une petite voiture, alors que juste à côté de lui, un adulte agonise en remuant atrocement. Le gosse se tenait là, à quelques centimètres de cette énième victime, juste à la bonne distance pour qu’il ne puisse pas être touché par le mourant.

Ce qui est acquis, c’est que nous vivons, tout le reste peut être détruit en un éclair. A présent, le ciel est constamment grisé par les fumées des quartiers en flammes, il n’y a pour ainsi dire plus de bruit animal. Les oiseaux ont disparu, les cours d’eau sont si pollués qu’y tomber vous mène à une mort lente, douloureuse, et certaine. Le simple fait de boire est devenu un luxe, et ce que nous buvons a systématiquement la saveur du chlore saturé, et du plomb dont on ne se débarrasse jamais vraiment. Brossez vous les dents, lavez vous quand vous le pouvez, et ce goût de plomb, cette pesanteur restera malgré tout. J’ai vu des gens se gratter jusqu’au sang en espérant enlever l’odeur de la mort, la puanteur extrême des humeurs mêlées. On en a attachés pour les empêcher de se mutiler, ou de blesser les autres. On en a même passés par les armes, car ils avaient passés la dernière barrière mentale possible. Et on dit que l’on survit ? Nous sommes des fauves, des monstres impitoyables qui luttent sans même plus comprendre pourquoi.

Les rôles et la notion de hiérarchie pour chacun ne sont plus qu’illusions. Chacun doit savoir se défendre, se servir d’une arme, connaître les premiers soins, se nourrir, se cacher, fuir, foncer et affronter. L’adolescent est déjà un soldat aguerri, la mère de famille est ici une guerrière prête à tout pour sauver ses enfants. J’ai déjà combattu à côté de ces gens, et croyez moi, adulte, enfant, aucune différence, une balle tue indifféremment, d’où qu’elle vienne, qui que ce soit qui la reçoit. Parfois, il arrive que des groupes errants fassent une halte chez « nous », demandant à troquer divers biens contre un peu de repos et de nourriture. Ils ont tous le même regard vide, ils sont tous marqués par la pollution, la peau brûlée, des cicatrices infâmes sur le corps, certains sont même en train de mourir sur pieds. Ils le savent, ils sont d’une lucidité effrayante, à croire que ce sont ceux qui arpentent la zone qui ont raison. Nous sommes lâches de croire à un futur meilleur, eux, ils sont là, au contact du présent, tellement au contact qu’ils en meurent. J’ai vu un type qui se marquait l’avant bras au fer rouge à chaque mort qu’il avait eu à faire. Il disait que c’était sa rédemption que de souffrir pour avoir donné la mort. Lui aussi est mort, il s’est affaissé, s’est mis à vomir, puis à saigner, jusqu’à s’étouffer. Cancer foudroyant… diagnostic à la con pour dire qu’il a été irradié jusqu’à l’os, et que ça l’a rongé de l’intérieur.

Il y a toujours de ces cinglés, de ces prédicateurs qui parlent d’un renouveau de l’humanité, d’un sauvetage divin. Ils sont prêts à tout pour nous faire avaler des discours sur la fraternité et l’amour de son prochain. Et c’est l’amour du prochain qui a déclenché ces fléaux ? C’est la fraternité qui a déterminé les premiers incidents nucléaires ? C’est l’envie de paix qui a mené à user de bombes sales ? Tout est irradié, tout est si pollué que la nature produit des abominations. Les plantes sont bizarres, des animaux naissent tarés, et on préconise l’avortement aux femmes restées trop longtemps en zone. C’est immonde que de devoir préconiser la mort plutôt que la vie, c’est infâme que de devoir choisir entre faire vivre un enfant malformé, ou de le tuer avant qu’il n’arrive à terme. De toute façon, les femmes sont rarement enceintes, et nombre d’entres elles sont probablement stériles après le désastre. J’ai les mains qui tremblent, le cœur qui bat à l’idée que j’ai eu à aider des « médecins » pour pratiquer de tels actes. Il m’arrive de ne pas en dormir des nuits durant.

Regarder le ciel, c’est un peu regarder le fond d’une poubelle. Les explosions, les représailles, toutes ces détonations atomiques ont levées un tel nuage de poussière qu’il n’y a plus de soleil. Eté, hiver, il fait toujours froid, humide, qui amène son lot de calamités comme les pluies acides, la neige lourde qui s’est gorgée du plomb utilisé pour éteindre les incendies nucléaires. C’était une des idées pour tenter d’empêcher les réactions de fission : inonder de plombe et de métaux lourds pour circonscrire ces foyers infâmes. Foutues bombes sales : ces malades avaient réinventés Tchernobyl, mais à l’usage du terrorisme. Et nous voilà à nous déclarer la guerre, accusant l’autre de la responsabilité du début des hostilités. Ce fut réglé en quelques secondes, notre sort fut scellé sans qu’on n’eut connaissance de qui a commencé. Qu’importe, nous payons tous le prix fort. Parfois, je rêve du bleu du ciel, je le revois dans les livres ou les magazines sauvés des ruines.

On s’entretue pour survivre. L’autorité n’existe plus, les gouvernants ayant survécus étant les premières victimes des pogromes de vengeance. Ce fut terrible, tout ce sang sur le pavé pour rien, en pure perte. Aujourd’hui, ceux qui sont devenus fous à cause de la guerre sont des loups en liberté, des animaux dévorant les hommes. Des hommes mangeant des hommes, une ironie toute Shakespearienne. Et de temps en temps, c’est l’affrontement, le massacre entre ceux qui vivent de pillages, et ceux qui tentent de réorganiser un semblant de civilisation. On voit parfois des avions survoler les zones anéanties, mais bien vite ils filent sans laisser d’autres traces que celles des traînées derrière leurs réacteurs. Un jour un drapeau, le lendemain un autre, voire même des symboles inconnus de tous. Que se passe-t-il ailleurs ? Aucune idée, rien, pas de radio, pas de télévision, pas même de tentatives pour nous contacter. Tous les canaux sont muets. On a bien envisagé de fuir, mais vers où ? Les différentes directions mènent soit vers les sites des explosions, zones infranchissables de radiations telles que même les plus résistants y meurent en quelques heures, soit vers des régions où règnent des groupes de pillards puissamment armés. Traverser est du suicide, surtout avec des non combattants. Va-t-on laisser les enfants et les impotents derrière nous pour survivre ? Est-ce notre extrême désaveu de notre humanité ?

J’ai remarqué que ma peau est tachée. Je suppose que ces maladies irradiées commencent, elles aussi, à trouver amusant de n’être plus tout à fait ce qu’elles étaient. Certains disent qu’ils ont expérimentés des virus de combat, que nous ne sommes qu’un essai, et que nous mourrons soit des radiations, soit des maladies mutantes. Pour ma part, je dois cumuler les deux tant je me sens las et usé de l’intérieur. Pourtant, je tiens mon poste, respectant à la lettre les consignes. Assis derrière un monceau de débris, nous sommes deux, faisant le guet pour contrôler une route qui mène à notre quartier. Des heures de veille, de jour comme de nuit, observant les bâtiments vides et silencieux, dans l’attente d’un éventuel assaut, ou du passage d’une de ces bestioles bizarres qui commencent à sortir de la zone. La seule chose que je demande au destin, c’est de mourir vite. Je n’ai pas eu le courage de me supprimer, alors faites que je ne sois pas un supplicié, un de ces pauvres type qui souffrent, des heures durant, gueulant leur terreur, leur horreur de survivre, avant de crever, foudroyé par l’intensité de la douleur.

22 avril 2010

Rien ce soir... Encore!

Pas le temps pas le temps pas le temps...

21 avril 2010

Oh bah merde alors !

Non, ne cherchez pas, il n’y a pas de calembour vaseux concernant le président Américain dans le titre, même si, l’espace de quelques secondes, j’ai vraiment envisagé de faire un jeu de mots stupide sur son nom… Mais l’irrévérence n’étant plus qu’une marque de déviance aux yeux des censeurs, je me contenterai de regarder le personnage de loin, de sourire béatement à l’idée qu’il s’est aussi vite étiolé qu’il a été mis en avant, et, qu’à terme, il ne sera qu’un président parmi d’autres. On pourra mettre à son crédit de ne pas être un blanc, et d’avoir osé tenter le discours social dans un état réputé pour son affairisme nombriliste, mais dans l’absolu, il sera tel un Jimmy Carter : aimé, mais pas spécialement encensé.

C’est amusant comme l’image des gens peut changer en quelques instants, comme il est difficile de bâtir un cliché propre, alors que la réduire en poussière est simple. Reprenons Obama pour quelques instants : autant il fut le moteur du « Yes, we can », autant aujourd’hui il est celui à qui l’on dit « No, we can’t ». Couillon, hein ? Et puis, après tout, quelqu’un qui est prix Nobel de la paix ne peut pas être mauvais… Oh merde, il a signé pour l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan ! Il n’y aurait pas comme un souci, là ? Bon, je sais bien que ce genre d’institution ne fait que coller des diplômes aux gens qui rassurent la foule, mais quand même merde, on ne donne pas un Nobel de la paix à un type qui dirige deux guerres en même temps ! Indépendance, tu parles !

Là, plus proche de la plèbe Française (et des bistrots à zinc spécialisés dans le commentaire sportif de Norbert, Riton, avec l’oreille complaisante des clients de passage), nous avons le football avec une affaire de proxénétisme. Tiens, les héros du ballon rond deviennent les héros des balloches trop pleines ? Risible, surtout quand on se dit qu’il y a encore des gens pour idolâtrer des êtres humains, comme si les croix, les torahs, et Dieu sait quoi encore ne suffisaient plus. Personnellement, je me fous totalement de savoir le devenir de ces types que je ne citerai même pas, tout simplement parce qu’ils sont des gens ordinaires, juste de bons sportifs (a priori, encore que …) et qu’au fond ils sont tout aussi faibles, stupides, et susceptibles de se vautrer que n’importe qui. Etre une star ne fait pas de vous une lumière, contrairement à ce que laisserait entendre le titre anglais !

Le quotidien a le mérite de nous redonner involontairement le sourire. Entre les incompétences notoires de nos élus, de celles des journalistes qui rapportent n’importe quoi sous prétexte de faire de l’information, et, les plus virulentes, l’incompétence du quidam, nous avons une jolie brochette de cons prêts à tout pour se faire entendre. J’ai déjà râlé contre le numéro deux du Vatican, notre ministre de l’industrie, contre les détracteurs de notre ministre de la santé, et je pourrais en ajouter chaque jour à la liste, mais là, j’estime que c’est à chacun de réagir et de ne pas avaler n’importe quoi. J’en ai quelques bonnes en réserve : un an auparavant, les banques nous disaient « au secours, on a plus de fric ! », et ce sont les mêmes banques qui annoncent à présent « on n’a toujours pas de pognon à vous prêter, par contre on peut verser les dividendes aux actionnaires, et les bonus de nos traders ». Ah bah merde alors, j’ignorais que nous avions deux monnaies : celle des « élites », et celles des larbins comme moi.

Gueuler ? Râler ? Je préfère encore en rire, tant que je ne suis pas directement touché. Je suis comme tout le monde, un pleutre accroché à mes petites possessions, et puis Haïti c’est pas chez moi, et puis l’Afrique je n’y mettrai jamais les pieds, et puis je m’en contrefous de la misère dans le monde… Oh merde, j’ai failli oublier que l’humanité ne se réduit pas à mon quartier et à mes amis et/ou collègues de bureau. Comme quoi, si j’arrive à oublier des milliards d’humains, je ne peux pas reprocher aux gouvernants d’en faire autant… si ?

Oh bah merde alors !

20 avril 2010

Froid dans le dos

Le principe de simulation, de reproduction « virtuelle » de l’existence, des mécanismes divers et variés que l’on peut rencontrer dans la vie, fait partie de l’essence même de l’informatique. Ainsi, c’est grâce (ou à cause) de l’existence de l’ordinateur que nombre de scientifiques se sont attelés à développer des modèles mathématiques tels que le jeu d’échecs, les simulations de vol, ou encore de manière plus ludique les simulations de vie. Or, la modélisation comportementale se heurte généralement à l’irrationalité humaine. Ces mots barbares définissent une règle élémentaire : l’être humain peut se comporter de manière totalement désordonnée, sans qu’aucun modèle mathématique puisse l’expliquer. En effet, qu’est-ce qui définit l’apparition de mouvances politiques extrémistes, l’émergence des religions, ou l’effondrement d’un modèle économique ? Il n’y pas réellement d’équation, si ce n’est peut-être une alchimie fragile conjuguant les individualités regroupées dans le concept de « population ». Par exemple, si une catastrophe naturelle se produit quelque part, la majorité des individus migreront. On analysera le phénomène migratoire comme un « flux », et non comme une somme d’individualités. Seulement ce modèle ne tient pas compte de celui qui refuse de quitter sa terre, sa maison, son existence.

Nombre d’études s’appuient sur des simulations plus ou moins complexes, ceci afin d’identifier des objectifs à atteindre. Par exemple, l’augmentation de la pollution mondiale est analysée en étalonnant l’amélioration des conditions de vie dans les pays émergents, ainsi que par la baisse supposée de la pollution individuelle grâce aux technologies. Bien entendu, l’idée est intéressante, notamment quand il s’agit d’alerter le monde sur les risques que nous prenons vis-à-vis de notre croissance. La météorologie s’appuie sur ces mêmes préceptes : définir des modèles mathématiques que l’on affine pour « imaginer » un résultat potentiellement fiable sur plusieurs jours. Toutefois, notre quotidien démontre sans conteste que la modélisation à outrance ne fonctionne que très partiellement : qui n’a pas été confronté à l’averse, alors que la météo annonçait un grand beau temps ? C’est là où il y a donc une forme de doute à avoir sur la simulation, c'est-à-dire que nos projections ne restent que trop étriquées face à la complexité des modèles à simuler.

Ce qui me terrifie, c’est que, non content de reproduire des schémas pour la météo, le développement des cellules, ou encore les mouvements de troupes dans une simulation militaire, l’informatique sert aujourd’hui à modéliser les comportements humains : simulation de vie individuelle (les Sims), de vie en communauté (la série des Sim City), simulation d’animaux virtuels (« Pets »), l’aspect ludique y est alors mis en avant en suggérant que nous pouvons changer l’existence en ajoutant, modifiant, ou supprimant des critères de vie pour nos avatars virtuels. Aussi simpliste et amusant que cela puisse sembler, il ne faut surtout pas oublier ce qui fait le fondement de ces « jeux » : la modélisation du relationnel humain. L’essentiel de ces jeux, c’est de parvenir à la richesse individuelle, ou à la plus forte population possible dans une ville. Dans un cas comme dans l’autre, tout doit être pris en compte : relations économiques (travail), sociales (loisirs), environnementale (pollution, modernisme, déplacements…). Et le résultat est effrayant : le plus efficace, ce n’est pas d’amener le personnage ou la société à être divertie, mais à vivre en ruches dignes des pires cauchemars dictatoriaux.

Regardez la vidéo à la fin de ce post, et vous allez saisir la catastrophe potentielle : le jeu est Sim City 3000, où vous jouez le rôle d’un maire. Le but est, bien entendu, de faire croître votre cité, tout en offrant à vos habitants les meilleurs conditions de vie possible : pas de chômage, pas de pollution, des loisirs, de la culture, des infrastructures adaptées. Pourtant, on pourrait croire qu’un citoyen sera satisfait en disposant de parcs, de loisirs en pagaille… mais le modèle appliqué de la mégapole froide et hyper rationalisée est appliqué par le joueur de la vidéo, et ça marche ! Criminalité nulle, chômage négligeable, pas de pollution… mais une architecture propre à faire trembler d’horreur tout être humain un tant soit peu raisonnable. Vous me répondrez qu’il use d’un travers du moteur de calcul du jeu, qu’il ne s’agit là que d’un jeu… Mais songez y : ces reproductions, ces modèles d’urbanisation sont déjà utilisés avec un certain succès, et les problématiques virtuelles (et leur résolution) sont les mêmes que celles rencontrées dans le monde réel. Là, on obtient donc le stade ultime de l’urbanisme : hyper sécurité, hyper atrophie de la cité, absence totale d’humanité dans le fonctionnement, une ruche, une véritable fourmilière humaine, sans sentiment, sans crime, sans trace de déviance. Impossible ? Pas si sûr, étant donné que l’homme peut très facilement se voir endoctriné et formaté pour entrer dans le moule du conformisme.

Un jeu qui alerte sur les dérives de notre civilisation ? Après tout, n’est-ce pas le jeu des échecs qui définit, quelque part, l’art de la guerre ? N’est-ce pas aussi les jeux de cartes qui nous rappellent au rôle de l’aléatoire dans l’existence ? Je peux paraître paranoïaque, mais il me semble que nombre de désastres actuels dans les mégapoles ont déjà été décrits par les auteurs d’anticipation : pollution, criminalité galopante, ultra violence, perte de valeurs des habitants, pour finir par un effondrement économique et moral. Le jeu est donc, à mon sens, une simulation capable de nous alerter sur un futur potentiel. Un futur dont je ne veux surtout pas.

Cette vidéo est à méditer.


Sinon, voici ce que sont les Sims et Sim City (pour ceux qui ne connaissent pas du tout).
Les Sims sur Wikipedia
Sim City 3000 Sur Wikipedia
PS: Lisez les articles connexes pour Sim city, la description faite sur Wikipedia étant trop restreinte à mon goût.

19 avril 2010

Volcan mon amour

Le ciel Européen est d’un calme ces derniers jours… Grâce l’intervention d’un volcan Islandais, ce sont des milliers de vols, donc des millions de passagers, des tonnes de fret qui restent bloqués dans les aéroports. Ainsi, les grandes traînées blanches ne zèbrent plus notre ciel, les pistes demeurent désespérément vides, et les touristes pleurent leur retour à la maison. Est-ce vraiment un drame ? Si économiquement c’en est un, force est de constater qu’aujourd’hui, en dehors des acteurs du métier, tout le monde ou presque se fout des conséquences du dit nuage de cendres. La réponse classique sera « Ah bon ? Ben je le vois pas vot’ nuage moi ! », et ce à juste titre. Après tout, les gens se disent que ce qui n’est pas visible n’existe pas, non ?

Ceci étant, c’est quand même impressionnant quand on y pense : un pet de travers de la planète, et paf des milliers d’avions cloués au sol. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il en serait si l’éruption avait été plus violente qu’elle ne l’est actuellement ! Toute la planète sans aviation civile ou militaire, plus de transport transatlantique autres que les bateaux… Ce serait alors la remise au goût du jour des croisières ? Ah la bonne blague que je vois d’ici « Prenez le Titanic II ! Plus fiable, VRAIMENT insubmersible ! » Non, franchement, rien d’envisager la situation me fait hurler de rire. Je conçois que les voyageurs soient frustrés, les entreprises méchamment impactées, mais, les mecs, c’est la nature, elle n’écoute pas vos prérogatives économiques ou morales, elle se contente de s’exprimer par devers nos désirs, si essentiels soient-ils.

Et puis là, honnêtement, c’est un tout petit pet, un parmi une ribambelle de choses qui pourraient se produire : de nouveaux tsunamis bousillant des ports « vitaux » pour l’économie mondiale, des tornades capables de raser des usines ou des plateformes pétrolières, ou encore des volcans explosifs rayant de la carte des régions entières, la nature a de quoi faire et envisager… Et je n’explore même pas les menaces telles que les météorites ou les éruptions solaires. Après tout, nous autres vils parasites d’une planète nous maudissant bien plus qu’elle ne nous apprécie, nous ne pouvons que constater sa toute puissance et l’ampleur de sa capacité à créer et à détruire. A force de se croire invulnérables, nous jouons les orgueilleux, quitte à aller droit dans le mur. C’est un peu la philosophie d’Icare vue sous un angle plus ironique « Ouais m’en fous du soleil, c’est pas lui qui me foutra par terre ! » Raté gamin, la cire… ça fond.

Je vois bien un bel avenir, fait de rêveurs convaincus que la nature se dompte, de râleurs jamais contents à cause de la pluie qu’on a toujours pas maîtrisée, et entre les deux le troupeau des imbéciles qui, comme moi, s’équiperont en fonction de la météo qu’ils constatent, et non celle qu’on leur annonce. S’il se met à pleuvoir de la cendre, je me mettrai au masque filtrant. Par contre, s’il se met à pleuvoir des rochers, je pense que je me mettrai à faire mon trajet par les égouts. En quelque sorte, je ferai ce que la nature attend de moi, c'est-à-dire m’adapter et non jouer les bourricots bidouilleur de climat ou de fonctionnement de l’écosystème. Jusqu’à quand aura-t-on le vain espoir de faire selon notre gré, au lieu d’accepter le gré d’une chose supérieure à toute chose ?

Ah, ça, ça y va de l’étude informatique pseudo scientifique pour nous annoncer, avec l’aplomb du diplôme si difficilement acquis, que « le nuage est actuellement à peu près…. Heuu… ici je crois », avec une jolie animation à l’appui. Et ça change quoi, qu’il soit au-delà de nos frontières, au-dessus de nos têtes, ou bien uniquement localisé sur l’Islande ? Rien, si ce n’est de ne pas avoir la moindre idée de l’impact du dit nuage sur notre santé. Ah tiens personne n’y a pensé ? Et les asthmatiques ? Et les personnes fragiles ? Et est-ce que ces poussières sont solubles dans l’eau pour donner des pluies acides ? Ben alors, les grosses tronches, vous y avez envoyé des ballons sonde, dans le nuage ? Non ? Alors comment estimez-vous qu’il soit sans danger autre que pour l’aviation civile ? Bon d’accord, ça ne changerait pas grand-chose de savoir qu’il y a un risque majeur ou pas, à part peut être créer une psychose collective très contreproductive. Mais admettez tout de même que ce serait aussi nous traiter comme du bétail.

« Tant qu’ils ne savent pas, ils n’en ont pas peur »

Mais c’est bien sûr ! Tchernobyl, ça vous cause ? A vous d’y songer… Moi j’y ai déjà réfléchi : je m’en tamponne…

16 avril 2010

Pétrifié

Je sais que j’ai, et ce plus d’une fois, exploité le filon de la peur et de l’anticipation sombre dans mes textes. Je sais aussi, que par le jeu de l’extrapolation, décrit un futur des plus terrifiants. Pourtant, ce n’est pas dans le but de faire peur, mais au contraire de faire réfléchir. Est-ce vraiment inutile d’avertir les gens des risques qu’ils prennent en n’ouvrant pas les yeux ? Le laisser faire est aussi criminel que le crime lui-même, la lâcheté fait autant de morts que les assassins en font, et ce n’est qu’au bord du gouffre que l’on peut compter ceux qui ont de véritables opinions, et le courage qui va avec. C’est dans les jours sombres que les lumières de l’esprit s’éteignent à jamais, ou au contraire, s’allument pour éblouir et amener la foule vers un chemin certes douloureux, celui du déterminisme et de la rédemption.

Je ne crois pas à la vertu de la dénonciation du passé. Je ne crois pas plus à l’utilité des lamentations éternelles. Les morts ne se plaignent pas, et les vivants cessent, tôt ou tard, de pleurer et de fleurir les tombes. Quand on se sert d’un tombeau comme d’un prétexte politique, on déshonore la mémoire, on déshonore celui ou celle qui gît sous le marbre glacé. Oublier n’est pas tolérable, pas plus qu’il soit tolérable de s’approprier les souffrances d’autrui. Quand un politique annonce, avec la mine grave de circonstance, que son état s’excuse pour les exactions du passé, il n’est pas représentatif en quoi que ce soit, si ce n’est d’une forme élémentaire de lâcheté électoraliste. Ce n’est pas cinquante ou cent ans après, voire plus, qu’on est en mesure de faire pardonner les errements d’un gouvernement. Qui est légitime dans l’exigence d’obtenir des excuses ? C’est au bourreau de faire acte de rédemption, ou de payer pour ses crimes, pas à des descendants qui n’ont souvent même pas idée de la portée idéologique qui pouvait être le véritable fondement intellectuel des actes de cet aïeul.

Je suis pétrifié d’horreur quand des crimes racistes et xénophobes sont commis. Je suis effaré quand ils mettent en cause des êtres humains qui se massacrent pour des différences qui ne devraient même pas être prises en compte. Mais je suis encore plus ulcéré par l’attitude désinvolte des adultes, qui n’acceptent pas que le monde n’est pas fait d’une seule couleur, et qui enseignent à leurs enfants la haine et la violence. Quand comprendra-t-on que ce n’est pas en massacrant autrui qu’on obtient la paix ? Quand admettra-t-on que ce n’est pas en imposant ses convictions qu’on peut prétendre à être respecté ? Ces derniers mois, la France subit une des pires périodes de crise identitaire de son histoire : débats sur la religion, l’immigration, les violences urbaines, l’incompréhension croissante de la population face au laxisme général, et une montée progressive de l’intolérance. Et les gens s’étonnent ? Mais étonnez vous d’être aussi couards pour ne pas défendre de vrais idéaux, et pas ce que l’on vous sert à longueur d’années pour vous rendre plus faibles et sensibles : crise économique, violence permanente, état de phobie paranoïaque de la différence, de quoi rendre fou n’importe quel esprit sain !

Qu’on me taxe de fasciste, allez-y, gavez vous, je vais donner du grain à moudre aux biens pensants. Alors, non je n’accepterai pas qu’on mélange l’Islam avec la burqa, et non je ne tolèrerai pas la burqa en France. Non, je n’accepterai pas qu’on me colle la responsabilité de la politique des USA au moyen-orient, et non je ne cèderai pas face à la dictature de la peur instaurée par les terroristes. Non, je ne fléchirai pas d’un millimètre quand on m’annonce que je suis fliqué pour mon bien, tout comme je ne fléchirai pas face aux gens qui vomissent leur bile gauchiste sur la police et l’armée. Non, je ne défilerai pas le bras tendu dans la rue pour satisfaire une idéologie nihiliste, pas plus que je ne défilerai pour montrer ma honte face à des crimes contre l’humanité dont je ne suis ni coupable par les actes ni coupable par les idées. Non, je ne pardonnerai pas aux politiques de fermer les yeux sur les atrocités qu’ils cautionnent par l’inaction, pas plus que je ne pardonnerai la lâcheté des électeurs qui les ont mis au pouvoir. Et enfin, non, je ne tuerai pas mon voisin parce qu’il est différent, et non je ne baisserai pas la tête si celui-ci se mettra à me menacer parce que je suis différent de lui.

Je suis tel que la nature, la vie, l’humanité m’a créé. Je me suis forgé autant que j’ai été forgé par l’existence. Je suis autant glaive prêt à être brandi pour défendre une certaine idée de la nation, de la France, autant que je suis miel et coton pour les gens que j’aime. Et là, oui, j’espère avoir le courage de me déterminer pour défendre la démocratie et la république avec mon sang, et oui s’il le faut m’opposer à des gens différents de moi. Oui, j’espère avoir le cran de me présenter face aux matraques de la dictature si elles venaient à revenir dans nos rues. Oui je collerai au pilori celui ou celle qui usera de la terreur pour faire passer ses idées liberticides, et oui j’userai de la même terreur pour empêcher que la France ne devienne un état de non droit. Oui, je refuserai le vote fasciste parce qu’il n’est que folie et destruction, et oui je donnerai tout de même le droit à la parole à ceux qui votent ainsi, parce que c’est ainsi qu’une démocratie se doit d’être. Oui, j’exige que la parole soit donné à tous, et oui je veux que cette parole soit écoutée, critiquée, comprise, traitée, et pas juste dénigrée par sa différence.

Je ne serai pas celui qui revendiquera la dictature comme solution. Je ne me prosternerai jamais face à l’autel d’un être humain élevé en héros de la nation, pas plus que je ne comprendrai un jour ceux qui le font. Il n’est pas plus acceptable que l’on puisse se dire meilleur parce que faisant partie d’une ethnie, qu’il soit acceptable qu’un gosse porte un maillot marqué du drapeau tricolore frappé du croissant de l’islam, ou de quelque symbole que ce soit. Vous autres, les politiques, les votants qui refusez le débat ou l’action, en croyant en la démarche modérée, vous souillez les idéaux que représentent le drapeau et la devise de la république. En repoussant toute forme de discussion, vous agissez comme les fascistes que vous dites maudire, et c’est en estimant l’autre fasciste que vous salissez ce qui fait la richesse et la grandeur de la France. L’Algérien qui a le courage, chaque matin, de se lever aux aurores pour faire le boulot que les autres refusent, le Sénégalais qui conduit son taxi toute la nuit, le Polonais qui a la silicose pour avoir extrait le charbon dans le nord, tous ont le droit au respect et à l’amour du drapeau. Etre né Français, ça ne rend pas meilleur ou pire, cela donne des droits, mais aussi des obligations. Evitez surtout de me dire que l’étranger n’est pas bon, ne me faites pas vous rappeler le sacrifice des troupes indigènes pour une certaine idée de la France. Ne me faites pas non plus l’affront de parler de l’irrespect des étrangers, qui, pour l’immense majorité, ont pris leur courage à deux mains, et se sont battus dignement contre la misère et le racisme.

Je ne suis pas né Français, je n’ai pas une goutte de sang Français dans mes veines. Je ne suis pas né ici par hasard, mes parents ont fait la démarche de croire en un avenir meilleur sous le drapeau tricolore. La France m’a offert l’avenir que je n’aurais même pas pu espérer chez moi. J’ai obtenu la nationalité Française, et je la revendique haut et fort, fier d’être ici, fier d’être Français, orgueilleux de ses richesses, fier de son histoire, de sa culture, et surtout fier des possibilités que la France pourrait s’offrir. Mais j’ai honte, honte pour nous, pour la lâcheté générale, la politique du pantalon sur les chevilles, de la non décision, honte d’avoir à entendre qu’on négocie au lieu d’être ferme. L’état se doit d’être paternaliste, puisque c’est cela qu’aime les Français… Alors, en bon père, l’état doit aussi avoir la prérogative de la sanction, de la punition, avec l’accord des citoyens. Vous voulez un monde plus responsable, plus intelligent, mieux géré ? Alors cessez de geindre sur votre sort et agissez ! Ce n’est pas en attendant la béquée qu’on apprend à se nourrir, c’est en sortant du nid, et en apprenant à voler de ses propres ailes. Alors, déterminez vous, choisissez la voie, votre voie, pas celle que vous trace des penseurs poubelles, pas celle que vous impose paisiblement le formatage médiatique, pas celle que votre éducation n’a réussi qu’à vous enfoncer dans le crâne. Le monde change quand les gens pensent autrement, alors usez de ce droit inaliénable de penser !

15 avril 2010

La foule

Il est un phénomène de masse que j’adore disséquer du regard : les réactions exacerbées de la foule. A elle seule, la foule mériterait même qu’on l’analyse comme étant une véritable entité vivante, plus qu’un phénomène spécifique et localisé. En effet, rien n’est plus improbable que l’union des esprits « intelligents » pour créer un monstre dénué de la moindre intelligence ou logique. C’est d’ailleurs spectaculaire : que ce soit dans un stade de football bondé, ou lors d’une promotion flash dans un hypermarché, la foule se déplace de manière désordonnée, et n’hésite pas à éliminer ses propres cellules supposées déficientes. En quelque sorte, la foule est un macro organisme pratiquant la sélection naturelle à outrance.

Imaginez donc un incendie bien terrifiant, avec les flammes, la fumée, les cris, les larmes, tout les clichés possibles et imaginables sur le sujet. Collez le tout dans un immeuble, et maintenant ressentez les réactions animales de cette foule. Individuellement, chacun essayerait de raisonner (en tout cas plus ou moins) au lieu de se jeter comme du bétail dans les escaliers, en écrasant tout sur son passage. Et pourtant, on pourrait croire que l’addition des esprits devrait donner un esprit supérieur, or l’union des esprits accouche d’un demeuré fini. Stupide, bourrin, à la limite du suicidaire, la foule est donc l’animal crétin par excellence. C’est quand même ahurissant que si la foule se heurte à une porte fermée, celle-ci continuera à pousser, éliminant ainsi ceux servant de tampon, puis se déversera de manière désordonnée si la dite porte finit par céder.

Si l’on observe cette même foule dans des conditions d’excitation, le résultat ne change guère. Les individualités pacifiques deviennent des brutes épaisses quand un mouvement de foule se crée. Violence urbaine, entraînement des plus faibles par les meneurs ? Interrogez les à froid, tous répondront qu’ils ne sont pas violents… et pourtant, deux heures plutôt, tous brandissaient un poing vengeur, invectivant les supporters d’en face, les invitant à en découdre (puis à se faire recoudre dans l’hôpital le plus proche). Et là, c’est la question qui fait mal : si l’on place donc des gens ensemble, ils vont donc immanquablement se mettre sur la tronche ? Allez savoir, mais ce dont on peut être certain, c’est que l’anonymat de la foule devient un prétexte pour se décharger des frustrations trop longtemps enfermées en soi. A bien y réfléchir en fait, la foule ne fait que mettre en avant ce que nous avons tendance à mettre en sommeil, notre côté brutal et sanguin, qui est cadré par notre éducation et notre vie en société.

Il en faut peu pour satisfaire une foule : contrairement à l’individu qui est généralement très exigent, la foule, elle, aime les choses simples. Gagnez une coupe du monde et vous aurez des fêtes à n’en plus finir. Parlez individuellement de sport à chacun des acteurs de la nuit, et la plupart vous diront que ce n’était qu’un prétexte pour boire et danser. Il y a alors comme une anomalie dans la démarche, non ? Le supporter, lui, prétend être un élément déterminant les victoires et les défaites. On parle souvent de douzième homme pour le football ! C’est dire son impact psychologique. Mais alors, qu’on m’explique l’efficacité du soutien moral quand les dits supporters insultent ouvertement leur propre équipe ! Pour ma part, aller au boulot (ce que font les sportifs d’ailleurs), et me faire insulter pendant toute ma période d’activité professionnelle, ce serait contreproductif au possible… Mais non, ils continuent, heureux de pouvoir s’exprimer, revendiquant ce droit en annonçant que « je paye ma place, j’ai donc le droit de critiquer ».

Et puis il y a cette foule imbécile qu’on ne voit plus guère, celle qui n’existait qu’à l’époque des exécutions publiques : pendaison, crucifixion, sacrifice aux lions, puis finalement guillotine, la foule adorait ces spectacles de mort en direct, et systématiquement traitaient le condamné en criminel. Bel exemple d’union de la bêtise pour une seule et même cantonade ! De là à dire que la somme des intelligences donne de la connerie en lingots, il n’y a qu’un pas. Et puis, me concernant, étant un misanthrope et faisant peur à la foule (ça tombe bien tiens), je suggère qu’on se contente d’apprécier les spectacles, notamment ceux de la foule débile qui vandalise un centre ville lors d’une panne de courant généralisée. Ah, que je suis fier de leur coller la pétoche, à ce bétail informe…

14 avril 2010

Amalgamer

Grande spécialité humaine qu’est amalgamer des choses qui semblent aller ensemble, mais qui n’ont aucun rapport ! C’est d’ailleurs une des facilités intellectuelles que nous nous octroyons pour créer de la propagande, revendiquer des choses insensées, et même légitimer des atrocités. Typiquement, le rapprochement « désastre économique » et « juifs » fut fait par les nazis, tout comme l’on rapproche avec énormément de facilité la prostitution ou l’homosexualité du SIDA. Pratique : on crée une population qu’on décrète comme nuisible, et l’on s’en sert comme cible pour la vindicte publique. Cela démontre aussi que l’ère des arènes et des jeux du cirque n’est pas si révolue que cela.

Avec les acrobaties intellectuelles, on peut très aisément pointer du doigt des choses qui n’existent pas : un terroriste est musulman… on dit donc que tous les musulmans sont des terroristes. Un noir tue un blanc, forcément tous les noirs sont des assassins en puissance. Laissez moi vous dire quelque chose fonctionnant sur le même principe : si l’on admet qu’un âne à trois pattes est rare, et que tout ce qui est rare est forcément cher, alors un âne à trois pattes est forcément cher ? Qui serait assez idiot pour aller faire de tels rapprochements ? Nous ! Nous tous, en assimilant l’individu à toute une population, nous, en amalgamant des choses sans lien apparent pour notre confort. C’est aussi vieux que l’humanité, mais cela perdure avec tout ce que cela implique : xénophobie, idées reçues, contresens et j’en passe.

C’est criminel d’agir de la sorte, notamment lorsqu’on est une autorité intellectuelle, suivie par des millions de personnes (qui a dit moutons ?), et que chaque phrase est lourde de sens. Est-ce bien prudent de tout mélanger, quitte à servir une soupe dangereuse et chargée de raccourcis. Je peux comprendre que des débats s’installent, que l’on s’interroge de certains rapprochements pas nécessairement si idiots que ça, mais tout de même… Tenez, ce qui me fait râler, c’est typiquement l’attitude on ne peut plus désinvolte du Vatican face aux propos de son propre numéro 2, le cardinal-secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, qui a fait un amalgame malsain entre l’homosexualité et la pédophilie ! Ca sent tout de même la xénophobie, non ?

Restons calme, et citons le plutôt que de le crucifier sans jugement. Je ne suis pas l’inquisition, octroyons lui le droit de parole :

« Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu’il n’y a pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d’autres ont démontré, et m’ont dit récemment, qu’il y a une relation entre homosexualité et pédophilie, a affirmé Mgr Bertone. C’est la vérité, c’est le problème ».

Pardon ? Là, on peut donc juger sur pièce et dire à ce cher cardinal : « Sauf votre respect, mais vos experts sont des cons finis, et qu’au surplus vous êtes un imbécile de vous être montré aussi catégorique face aux médias ». C’est insultant ? Mais n’est-ce pas insultant de classer les homosexuels comme des pédophiles potentiels ? Et les curés pédophiles, ils étaient tous homos ? Quel torchon ! J’aurais été homosexuel que je me serais fait un malin plaisir d’attaquer l’homme en diffamation, simplement pour le principe du respect d’autrui. L’église est supposée prôner la compréhension, la tolérance, et le pardon, or là, c’est de l’intolérance en affirmant ce genre d’inepties, c’est refuser de pratiquer la compréhension de la situation en la caricaturant, et pardessus le marché c’est impardonnable qu’une telle voix soit aussi maladroite et idiote.

Méchant ? Anti catholique ? Je suis convaincu que la foi n’a rien à voir là-dedans, c’est uniquement une problématique de clichés où l’homosexuel est un détraqué sexuel, une bête sauvage qui ne mérite que le bûcher. Et je suis encore plus furieux concernant les réactions postérieures du Vatican. Je cite (avec la gerbe aux lèvres) :

« Les autorités ecclésiastiques ne jugent pas de leur compétence de faire des affirmations générales de caractère spécifiquement psychologique ou médical, lesquelles relèvent naturellement des études des spécialistes et des recherches en cours sur le sujet »

Tiens, on prend ses distances sans même prendre la peine de s’excuser pour les propos tenus par cette personne ! Excellent ! Donc, personne ne contredit de telles affirmations, on laisse le loisir aux « scientifiques » de prendre ce risque ? en sachant qu’aucun psychologue ne le fera (dans un sens ou dans l’autre, car il s’agit plus d’une problématique politique que médicale), la question restera à jamais suspendue. Grandiose d’hypocrisie. Mais bon sang, c’est quand même affreux ! Des pédophiles forcément homosexuels, donc les homosexuels sont des pédophiles. Et les curés pédophiles, cela doit faire que tous les pédophiles sont des curés, et réciproquement !?

Bravo pour cette « leçon » de communication...
L'article initial des propos du Vatican
La pseudo défense du Vatican

13 avril 2010

800 !!

Aurais je un jour envisagé d’atteindre 800 messages sur ce blog ? Honnêtement, non, d’autant plus que l’amoncellement qui s’y trouve va depuis mes pensées les plus profondes, jusqu’aux inepties les plus totales. Qu’importe, c’est en quelque sorte un cliché, ou plutôt une cartographie patiemment complétée de ce que je pense, et donc, de ce que je suis supposé être. Bien entendu, j’ai souvent exacerbé le propos au point d’agacer, mais ce n’est que par malice et non par méchanceté que je me suis attelé à interpeller le lecteur. Après tout, mon plaisir, c’est de faire réfléchir, pas de faire fuir (quoique…)

800, c’est aussi bientôt quatre ans de messages, puisque le plus ancien date du 29 juin 2006. Quatre ans, quelle folie, non ? Tant en volume qu’en thèmes abordés, je pense avoir été suffisamment ouvert et vaste, de sorte à offrir à chacun un sujet sur lequel disserter. Pourtant, comme toutes les plumes acharnées, n’en n’être qu’à 800 messages, c’est à la limite du frustrant tant cela semble peu à l’échelle des sujets du monde qui nous entoure : ai-je abordé des thèmes de société comme l’homosexualité ? Sûrement qu’en surface. Ai-je regardé en face les réalités quotidiennes de la maladie, ou du SIDA ? Oh, j’ai certainement gratté en surface, mais rien de bien concluant. Alors quoi ? Dépité ? Non : juste convaincu que ce n’est qu’une petite étape, une ébauche, quelque chose à regarder dans dix, vingt voire cinquante ans, histoire de se dire « tiens, il pensait ça à l’époque ! »…

En espérant que mes réflexions ne seront plus, pour nombre d’entres elles, d’actualité.

Prendre un instantané du monde, c’est comme envisager d’empêcher la course du temps. On vieillit, le monde change, en bien et en mal, et l’homme reste la seule constante. D’une certaine façon, nous sommes des jalons sur la terre, marquant les changements de notre empreinte (qu’elle soit sur la lune, ou bien carbone). Moi, j’essaye vainement d’enficher dans l’esprit humain que c’est la réflexion qui pousse au progrès, et que ce n’est certainement ni la guerre, ni la xénophobie qui feront faire le moindre pas en avant à l’humanité. Est-ce vaniteux de ma part de vouloir laisser quelque chose aux générations futures ? Très certainement, puisque les doux rêveurs viendront me tanner les oreilles d’un « le monde progresse, donc tu passeras pour un réactionnaire qui n’a rien vu venir ». Et pourtant, à les écouter, tout irait bien dans le meilleur des mondes… Mais alors, qu’aurais-je donc à vilipender, si nous étions si bons, si doués, si réussis que ça ?

Je crois que l’accomplissement final sera de se dire, en me relisant un de ces jours, que je n’ai pas écrit tout ceci en vain. Si un seul peut me lire, et que cet unique lecteur mène des combats légitimes, simplement parce que je lui aurais suggéré une autre façon de voir les choses, alors je me sentirai fier, content d’avoir apporté quelque chose à autrui. Oh, bien entendu, cela pourrait être aussi en mal, tant il est facile d’interpréter les textes. Le monde est ainsi : écrivez, et on vous comprendra de la plus mauvaise manière possible. N’écrivez pas, vous serez le néant absolu. Ce n’est que parce qu’il reste des traces que nous connaissons les civilisations antiques. Alors, qui sait, peut-être deviendrai-je un jour une antiquité lue, et étudiée en faculté ? Mais pas avant un horizon de quinze siècles (si tout va bien, si les Russes ne passent pas l’Oural, et si les Iraniens ne font pas tout péter. Enfin bref… que d’hypothèses)

Je pense qu’on peut me taxer d’orgueilleux, de prétentieux, voire de pédant. La seule chose qu’on ne puisse pas me reprocher en fait, c’est de ne pas défendre mes opinions. Quoi qu’il puisse être pensé de mes écrits, donc de moi-même, c’est avec à l’esprit l’unique envie de partager mes réflexions que ce blog est né, et qu’il grandit chaque jour un peu plus. Tel un album photo, je l’alimente avec mes envies, mes tranches de vies, pas celles qui conviendraient au tout venant. Comme dit le dicton « T’es pas content, casse toi » (oui je sais, il y a sûrement une version plus polie ou élégante, mais qu’importe).

Je me suis amusé des élections, moqué des non électeurs, ouvertement critiqué des institutions ou des élus, en sachant que cela pourrait être pris pour du militantisme de base. Et c’en est ! Je revendique ouvertement mes opinions, la liberté de penser, et de passer des messages est un des fondamentaux de notre société « démocratique ». Alors, comptez sur moi pour tenter d’ajouter, aussi régulièrement que possible, des briques à cette tour de Babel personnelle, MA tour, la mienne, celle où je mettrai des fenêtres et des escaliers comme je l’entends, quitte à me prendre une belle gamelle en oubliant que le premier et le second étage ne sont reliés que par une échelle de cordes.

Merci à ceux qui suivent ce blog depuis quatre ans, bienvenue pour les autres !

Votre obligé
JeFaisPeurALaFoule / Frédéric

12 avril 2010

Expérience d'écriture méditative

Pour commencer : je ne réagirai que plus tard, s’il y a lieu, à l’accident d’avion qui a emporté 95 personnes, dont le président Polonais en fonction. D’une part, parce que j’ignore les conditions de « l’accident », et que, d’autre part, je ne serais pas pertinent si je n’attendais pas un peu les réactions locales. Dans ces conditions, soyez patients, j’aurai à redire par la suite (si nécessaire bien entendu).

Avertissement : la vidéo associée à ce message est d’un style des plus particulier. La musique est inclassable, et certains risquent sérieusement de ne pas du tout apprécier. Personnellement, j’adore la musique électronique quand elle est aussi innovante et étrange, alors que d’autres y sont réfractaires. Sachez toutefois que l’article qui suit a été rédigé avec cette vidéo en fond sonore. Vous êtes avertis…

Etre allongé.

Expérimenter le silence intérieur, et se laisser envahir des vibrations extérieures. Respirer profondément, s’imprégner de la nature, y être attentif, et sentir que tout son corps absorbe les particules de l’univers, tel un réceptacle temporaire pour une âme éternelle. Se connecter, s’offrir au mouvement du monde, et ainsi n’être plus qu’un atome parmi un schéma nous dépassant totalement. Ainsi commence la méditation, ainsi renaît en soi l’univers. Nous sommes l’univers, une parcelle d’existence consciente au milieu d’un vaste système obscur, froid et pourtant accueillant. J’écoute alors mes propres désirs, mes propres vibrations, celles qui deviennent plus fortes à mesure que je me concentre sur ce qui est hors de moi. Je suis tout, je ne suis rien, je suis humain, je pense, je vis, ou du moins j’en suis convaincu.

Ouvrir les yeux, l’épreuve étrange de percevoir la lumière, de la voir déferler en nous, prendre sa place dans notre esprit et notre cœur. Je me laisse noyer de la lumière d’une infinité d’astres qui ne vivent pour nous que la nuit venue, je me réchauffe à la lueur pointue qui dessine les galaxies dans le ciel. Tout n’est que motifs, mouvements, balanciers universels où nous ne sommes que des particules accrochées à la géométrie délirante de notre perception. Je laisse reposer mon cœur, apaisé par ce moment de communion, et je perçois la lune, le soleil, la terre, sa texture, les senteurs si multiples, si diffuses, et si complexes que je n’en effleure que la surface. Fait-il beau, pleut-il ? Quelle importance, ce ne sont que des étapes au milieu de la perpétuité de l’instant, cette infime particule de temps suspendue par le jeu de notre pensée. Le temps n’existe que parce que nous le percevons, nous le mesurons. Et une seconde est une éternité, et une éternité devient une seconde.

Je me redresse, et je retrouve peu à peu les sensations d’un corps que j’habite temporairement, l’espace d’un éclair à l’échelle de ce ciel qui rougit au levant. Il fait bon en moi, mon corps est un habitat confortable d’où je ramasse, paisiblement, chaque élément de la vie. J’avance en moi, j’ajoute peu à peu des morceaux d’existence, j’emballe mon cœur à coups de sentiments incompréhensibles, multiples et intimement liés. Amour, haine, torpeur, colère, amitié, fureur, douceur, tout se mêle, s’entrechoque au point que je suis aspiré. Les souvenirs se rejoignent et forment une trame étrange, la mienne, unique, celle que j’ai moi-même tracé au fur et à mesure du temps qui s’écoule dans mes veines. Finement, je vois le motif des visages du passé et du présent qui s’y découpent. C’est une tenture historique, c’est ma tapisserie de Bayeux, ma conquête de mon monde, là où j’y relaterai, jusqu’à ma mort, ce que j’ai été, ce que je suis, et ce que j’aurais pu être. Toutes les combinaisons y sont décrites, et je la regarde se tisser par devers moi, comme si elle était brodée par des mains invisibles.

Et puis finalement je suis debout, je souris, je prends à pleins poumons l’air ambiant. Mes yeux s’affûtent, ils découpent le monde à mon gré, segmentant lieux et objets pour en définir la réalité dans mon environnement. Je suis perception, je suis tactile, je saisis, je regarde, j’observe, je vis. Le premier pas est le plus complexe, l’instant où je dois alors sortir de ma méditation pour briser le temps que j’ai intérieurement bloqué pour l’éternité d’une seconde. Je brise le lien, vieillissant d’une éternité, me lançant dans l’univers pour m’y noyer, pour toujours, pour quelques heures, pour une fraction ridicule du temps.

Je perçois, donc je vis.

10 avril 2010

Message d'un ami... à lire!

Bonjour,

En général, je n'aime pas faire d'appel à l'attention et de demander, mais, parfois, il y a des choses qui m'horripilent. Et que prendre un peu de mon temps peut aider... Alors, j'aimerais que tu lises ceci et si tu le juges digne d'intérêt, que tu le diffuses à tes connaissances et sur ton blog, comme un encart.

"En 2008, pour le marché 2007, les primes de nos chers traders étaient en moyenne de 753 000 €. Ces pauvres bouts-de-chous se voyaient spolier de 40% de ces primes de 2008, en l'année 2009. Il leur reste donc environ 452 000 € de prime. Le tout corsé sur des valeurs de salaires de bases annuelles allant de 74 000 € bruts pour un junior à 126 000 € bruts pour un senior. Constante évolution de salaire de 27 % depuis 2002.

Les chiffres pour 2009 ne sont pas encore fermes et définitifs et non communiqués en 2010, à ma connaissance.

Et à la rigueur, pourquoi pas? Bien que les gens qui se retrouvent dans la merde à cause de cette gente doivent apprécier que modérément la valeur de leurs emmerdes à celle de la caste des traders.

Mais, si ces chiffres affolent un peu, il faut savoir que la prime ne réprésente qu 5 à 12 % de l'argent rapporté aux banques. Donc un trader qui touche 753 000 € de prime a rapporté au bas mot 7 530 000 € à sa banque. Multiplié par le nombre de traders et leurs catégories (4000 traders pour BNP-Paribas, par exemple). J'ai pris mes chiffres sur la Place parisienne et sur plusieurs sources.

Ces banques qui ont touché de l'argent de l'Etat, donc de nous, pour survivre, et qui ont affiché leurs bénéfices de 2008.

2008?... Mais la France n'était pas en crise? La France, si, vous, moi, pas eux.

Pourquoi je vous parle de cela? Parce qu'en bas, chez les vous, moi, les gens du peuple, les péquenots de base, ceux qui doivent se démerder seuls, bien qu'ils payent pour des aides qu'ils n'ont pas, il y a un type, un anonyme pour vous, une personne connue et appréciée pour moi, un père de famille, qui se bat pour ses enfants, qui a envie de s'en sortir. Qui a un projet pour s'en sortir. Il veut monter son entreprise pour ne pas être un poids pour la Société, donc pour vous, moi... Il ne demande qu'à saisir une chance. Nous sommes cette chance, si nous ne sommes pas les mêmes salopards que ceux que nous vilipendons!

Cet inconnu s'appelle Jean-Claude Valenza, il habite dans mon quartier à Marseille. Il a monté son projet, il l'a chiffré et il est allé voir une banque, puis une autre,... Et ces banques lui ont refusé un prêt de 15 000 €, pour monter sa boite. Alors que ces banques ont reçu de l'argent sous condition de nous aider, nous gens de ce peuple, à créer, à engendrer notre économie! Souvenez-vous, en août 2009, le gouvernement avait rappelé à l'ordre ces pauvres peuchères de la Finance, pour leur rappeler leurs devoirs, suite aux prêts reçus de 21,3 milliards d'euros.

Paru en janvier 2010, le dernier baromètre KPMG-CGPME sur le financement et l’accès au crédit des PME indiquait qu’il n’y a toujours pas d'amélioration sur le front du crédit: 44% des dirigeants déclarent se restreindre dans leurs investissements.

21 300 000 000 € d'un côté. 15 000 € de l'autre...

D'un côté, des actionnaires, des chiffres, des malheurs et drames humains qui n'interviennent que lorsque les banques se plantent ou sacrifient l'humain au bénéfice du tiroir-caisse, mais ne pensent pas à l'humain dans le cadre de ses bénéfices. Les banques partagent les emmerdes, pas les bénéfices!
De l'autre, un homme, avec ses rêves, sa force convaincue de ne pas baisser les bras, de marcher debout, envers et contre tout s'il le faut. Un de notre espèce, un vous, un moi. Un homme persuadé qu'il faut toujours avoir de l'espoir, toujours y croire, ne jamais renoncer à chercher d'avancer, de donner le meilleur aux siens et aux autres.

Alors, cet homme-là, Jean-Claude Valenza, j'ai décidé de l'aider. Si j'avais 15 000 €, je lui prêterai sans hésitation, parce que je le connais, parce que je connais son projet et la réalité de celui-ci. Parce que je sais qu'il aurait besoin de plus, mais que cela lui suffit, parce que la bonne volonté et l'huile de coude remplacent beaucoup de besoins de plus.

Mais, je ne les ai pas. En revanche, j'ai un ordinateur. Je bosse avec cet outil et je me suis dit que si un virus pouvait faire le tour du monde en trois jours, ce message pouvait bien toucher le coeur et la raison de quinze ou vingt mille personnes en France, même en un mois, qui verseraient 1 €, 2 € ou plus sur un compte paypal, ouvert à cet effet, à son nom. Je l'ai informé de ma démarche. Et je l'ai convaincu de me laisser la tenter.

J'ai envie de l'aider, parce que je le connais, lui, ses enfants, sa situation!

Mais vous, pourquoi aideriez-vous Jean-Claude Valenza?

Par colère, parce que vous en avez assez d'être pris pour des pions et de subir les affres de gens d'en-haut qui s'amusent avec les fils de votre destinée. Parce que vous en avez assez des gens qui travaillent, mais qui ne peuvent pas avoir de logement! Parce que vous en avez assez de promesses que l'on vous fait et qui se traduisent par une baisse de votre qualité de vie! Parce que vous en avez assez que les médias vous disent ce qu'il est bon de penser, de dire, de regarder et vous aveuglent du reste! Par colère de choisir que vous n'allez pas aider anonymement une cause très générale, mais que vous allez agir sur un destin précis et efficacement. Ce que vous allez donner à cet homme, tombera directement dans l'escarcelle de son projet. Et ne sera pas bloquer par une banque...

Par coeur. Parce que vous comme moi ne voulons pas d'un monde où nous ne serions plus que des ombres, mais des êtres humains qui se reconnaissent comme tels!

Par rebellion contre l'avachissement général, contre ce "On y peut rien, c'est comme ça...". Non, nous y pouvons quelque chose, là, maintenant!

Dans mon enthousiasme, j'espère que cette somme sera atteinte. J'espère pouvoir afficher sur mon site la liste des donatrices et donateurs, afin de les remercier et de montrer aux plus sceptiques que tout est possible.

D'où l'importance, Mesdames et Messieurs, lors de votre don-soutien, de m'envoyer un mail pour me dire qui vous êtes et votre courriel, afin de vous inclure dans cette liste des soutiens. Mon adresse mail est: Thoraval@breizhbihan.com

Dernière chose: Merci de communiquer ce mail à des proches ou des personnes allant dans l'esprit de cette cause, mais, de grâce, faites-le personnalisé, joignez-y un mot, faites que ceci reste une chaine humaine et non un de ces messages virtuels qui circulent sur la Toile. Merci de m'avoir lu, merci de votre compréhension, merci pour Jean-Claude Valenza.

Je mets sur la Toile 20 000 bons-soutiens d'une valeur de 1 €. A vous de montrer quel monde vous voulez!!

Je participe à l'aide: cliquez sur ce lien:
Aidez le via Paypal
Thoraval."

09 avril 2010

Beuuuuah !

Ah, le cri primaire, celui qui est poussé par la colère intérieure qui se transforme en son extérieur ! Ah, les gouttes de sueur sur le front rougi par l’énervement ! Qui ne s’est pas régalé à rire des comportements désinhibés par la frustration ou la rage ? Personnellement, je suis souvent hilare voir l’autre pousser une hurlante aussi vaine que ridicule, notamment pour affronter des moulins à vent. Tenez, quoi de plus amusant que d’observer un client insatisfait d’un produit, qui crie, à qui veut bien l’entendre, que c’est de la merde ? Tout le monde le sait, sauf toi apparemment… et non, la caissière n’est pas responsable de tes choix stupides, pas plus que le chef de rayon qui ne fait que répondre à ton besoin de dépenser ton pognon dans des conneries !

Ah, ça fait du bien de se moquer de ce genre d’idiots ! La communication passe plus par les mots que par les éclats de voix. La preuve, les politiques nous assomment et endorment notre vigilance par les abus de langage verbeux, plus que par les vociférations anarchiques. Certes, certains usent de l’esthétique de la colère, le pantomime de l’énervement, mais tous ces pantins savent jouer de ces effets théâtraux pour nous faire gober qu’ils ont raison. Tenez, Hitler par exemple, était un type qui travaillait ses discours et sa gestuelle pendant des heures, puis servait le tout bien chaud, sans papier, histoire de faire croire à une réaction instinctive. Alors, le cri pour communiquer ? Aucune efficacité, si ce n’est pour apparaître comme une brute dénuée d’intelligence.

Oh, moi, vous savez, je suis probablement le pire vindicatif qui soit : je gueule, je critique, je fustige, quitte à exposer mes flancs à la lance meurtrière de la critique constructive. Et pourtant, je n’en démords pas : j’exprime mes opinions, j’interloque, j’invoque le principe d’expression, et ceci au nom de l’obligation de réflexion, et non pour affirmer que j’ai raison. Après tout, sans discussion, point de progrès, non ? Et si l’on y pense bien, c’est d’ailleurs quand la communication avance que le monde évolue. On a inventé l’écriture ? Paf, une civilisation. On a inventé l’imprimerie ? Repaf, nouvelle civilisation toujours plus moderne. On invente le téléphone ? Hop les sciences mondiales progressent. On crée Internet ? Boum, explosion de la quantité d’écrits, d’échanges entre les laboratoires de recherche, et découvertes en pagaille. Alors gueuler, hurler, aboyer, ça ne sert qu’à perdre du temps et de l’énergie.

Notez quand même que ceux qui obtiennent gain de cause dans tous les domaines, sont ceux qui savent préciser le pourquoi de la justesse de leurs exigences, aussi hypocrites soient-elles. Le droit, ce n’est pas tant avoir raison que de savoir prouver sa légitimité. Ainsi, il y a l’avocat qui sait plaider, et il y a celui qui se loupe, faute d’avoir subjugué son auditoire. Pour ma part, je n’aurais pas pu faire le métier de bavard. Pourquoi ? J’ai beau avoir le bagout, l’amour des mots et de la rhétorique, je ne me suis jamais vu au barreau, peut-être parce que je n’aime pas déguiser ou manipuler la vérité pour mon bénéfice. Mais j’avoue que le statut social du juriste est plus valorisant (financièrement parlant en tout cas), que celui de vague développeur informatique…Mais je m’en fous ! Je suis au moins libre de dire ce que je pense, d’affirmer ma condition d’acariâtre misanthrope, et finalement d’assumer ma personnalité dans toute son authentique humanité d’emmerdeur fini.

Et quand le jour viendra où tout le monde exprimera librement ses opinions, c’est dans une joyeuse cacophonie d’inepties jetées à la face du monde que je nagerai, ravi de pouvoir m’opposer librement à certains idéaux totalitaires, que je vomirai ma vindicte à la face des imbécillités récurrentes de l’être humain… et que je me coucherai plus satisfait chaque jour d’avoir été authentique !

08 avril 2010

Pleure l'humanité, mon frère

Que celui qui n’a pas pleuré sa patrie meurtrie se taise. Que celui-ci qui a défendu avec courage et fierté ses convictions se lève. Que celui qui a payé de sa vie ses idéaux soit honoré. Que celui qui a fui le combat soit maudit à jamais.

C’est par ces quelques mots que j’aimerais rappeler au monde ce qu’est une nation. Nous débattons comme des imbéciles autour de la question de connaître notre identité nationale, nous nous insultons parce que nous ne sommes pas « pareils ». Tous différents, de religions, de couleurs, de façon de vivre, de culture, de musique, mais tous identiques dans la même nation humaine. Nous vomissons notre haine ou, pire encore, notre indifférence à la face des autres, car nous supposons que nous n’avons pas besoin des autres pour exister. De quel droit jugeons nous les autres, sur quel critère nous pouvons nous autoriser à dire quoi que ce soit sur autrui ? Nous ne sommes même pas capables de nous regarder en face, de lever le voile sur nos propres erreurs et nos errements quotidiens. Est-ce cela, la destinée de l’humanité ?

Je l’ai déjà dit plus d’une fois, sous plusieurs formes, mais je ne cesserai de le répéter que le jour où nous vivrons tous pour un seul but : l’humanité. Je veux dire au monde entier que nous devons respecter le sacrifice, honorer la mémoire des victimes, maintenir les tombes propres, et ne jamais perdre les noms de celles et ceux tombés au champ d’honneur. Notre mémoire est si volatile que nous déshonorons ces sacrifices en ne marchant plus droit, en ne respectant même plus les idées qui furent les leurs. J’ai honte pour ceux qui ne comprennent pas l’importance de participer au quotidien, je maudis ouvertement les lâches qui se réfugient derrière des prétextes pour ne pas agir. Qui sommes nous, des humains, ou des machines aseptisées dénuées de tout sentiment ?

Chaque minute, chaque seconde qui passe est le théâtre, quelque part, d’un homicide, d’une violence ordinaire, d’un échange de coups de feu d’une guerre quelconque. A chaque minute, chaque seconde qui s’égraine, quelqu’un tombe, foudroyé trop tôt, payant de son sang le tribu fait à l’idée même de liberté. Et nous osons cracher là-dessus ? Je trouve déshonorant de n’avoir pas pris la mesure de l’essence de notre existence. Nous sommes condamnés, tôt ou tard, à devoir lutter contre quelque chose : la maladie, la guerre, la perte des personnes qui nous sont chères, mais ainsi va la Vie, et nous sommes impuissants à interrompre cette spirale. Pourtant, pourquoi faire plus de morts de nos mains, pourquoi ajouter notre barbarie à notre destin qui est de mourir ? Est-on donc que de simples prédateurs qui ne connaissent que la doctrine de la vie coûte que coûte ?

La sécurité du présent, le souvenir qui s’étiole faute de témoins direct, et ces pages qui n’ont de sens que pour ceux qui les ont vécues, est-ce là la seule leçon à tirer du passé ? Rares sont ceux qui se retournent, regardent, et pleurent les horreurs pour ne pas les reproduire. On vote encore pour les partis extrémistes, on tolère encore la famine sous nos yeux, on ne réagit pas quand la haine et la violence prennent le pas sur l’entente et la discussion. Et cela nous semble être si ordinaire que cette violence en devient normalité. Quelle normalité, celle de craindre les autres, celle de fuir le contact humain de peur de l’agression ? Qui sommes nous alors, des individualistes incapables d’aimer, de partager, de ressentir, d’aider les autres ? Ce n’est pas la société dont je rêve, et ce n’est certainement pas celle que je veux donner à mes enfants.

On fabrique des monstres : terrorisme, intégrisme, nationalisme exacerbé. On découpe le monde au scalpel, et l’on explique aux peuples outragés qu’ils doivent se soumettre à la règle des puissants. Et ensuite, on se demande pourquoi les opprimés, les déportés, les apatrides rêvent de vengeance ! La haine, c’est un mal qu’on fait naître chez celui qui est brimé. La haine, c’est la gangrène du cœur, qui progresse quand l’espoir est écrasé par l’envahisseur, ou les collaborateurs. La haine, enfin, c’est le poison qui coule sans arrêt dans les veines de l’humanité. Lutter, c’est avant tout le faire pour des idées, une amélioration de l’avenir, pas la mise en prison des penseurs, l’exécution sommaire de ceux qui ne pensent pas comme nous. Quelle tolérance offre-t-on aux originaux, aux poètes un peu anarchistes ? On les traite avec condescendance, sans se préoccuper du fond de ces pensées, celui qui met en doute notre mode de vie. Ca non plus, je ne veux pas la le laisser en héritage à ma descendance.

Je vous salue tous, victimes d’hier, celles d’aujourd’hui, et ceux qui tomberont demain. Tous, vous représentez tant le meilleur que le pire de ce que nous sommes. Le meilleur, parce que vous méritez les honneurs dus à votre sens du sacrifice. Le pire, parce que vous serez tombés pour l’espoir de lendemains meilleurs. Regardez nous dans les yeux, vous n’avez pas à rougir de ce que vous êtes. Nous sommes tous différents, avec nos passés, nos erreurs, mais aussi nos réussites, nos bienfaits pour notre entourage. Si je dois mourir demain, je veux qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un de bien, rien de plus, rien de moins. Est-ce que mon nom sera porté par les vents et la mémoire ? Après tout, quelle importance : c’est ici, et maintenant, que je veux donner de moi pour que tous, autant que nous sommes, ayons une chance d’être ensemble, en paix, sans violence ni haine gratuite, sans jugement ou différence sociale. Que le patron serre avec fierté la main de son ouvrier, que l’enfant puisse tenir la main d’un autre enfant d’une couleur différente, et que nous puissions, un jour, regarder le soleil qui se lève sur un monde qui a oublié de se faire la guerre en vain.

Le premier mort est déjà le mort de trop.