09 mai 2012

Merci

Je sais, je ne m’exprime pas assez ces derniers temps, et certains pourraient même penser que mon blog se désertifie au rythme de l’avancée du désert en Afrique. Bien sûr que vous auriez alors raison de ronchonner, en vous disant qu’il y a plein de gens qui écrivent, et ce malgré bien des contraintes. De fait, je reprends la plume dès que j’en ai l’occasion, et là les changements survenus en France sont propices, à mon sens, pour que je m’exprime un peu. Au-delà de toute considération purement politique et morale, je me dois donc de lancer quelques mercis indispensables, selon moi, en ces temps complexes et peu propices à la cohésion. Déjà, merci aux Français d’avoir faits la démarche d’aller voter. Je n’ai pas voulu m’exprimer durant les scrutins, ceci au titre que j’aurais pu dire des choses somme toute désagréables, ou tout du moins me mettant en position délicate. Chacun a fait son geste citoyen, et je ne dénigrerai donc pas plus les électeurs de gauche que de droite, pas plus que je ne jetterai l’opprobre sur les électeurs du FN. Là, certains ont les yeux qui roulent dans leurs orbites, gémissent des mots comme « tu soutiens donc le vote fasciste ?! ». Du calme les mouettes ! Le vote fasciste, c’est ce que les Grecs viennent de faire en donnant des sièges au parlement à de vrais « nazis », qui sont eux incomparablement plus brutaux et dangereux que ne le sera jamais l’électorat du FN. De fait, merci aux électeurs, merci à la démocratie qui a fonctionné à plein. Suis-je satisfait du résultat avec un M. Hollande comme président ? Je joue franc jeu : j’aurais préféré Bayrou, mais les urnes ne lui ont pas donné l’opportunité d’affronter l’échéance du second tour. Soyons beau joueur, il a soutenu le candidat qui, justement, a été élu. Certains parlent de trahison, moi je parle de démarche personnelle et légitime. Il a estimé que le président sortant n’était plus à la hauteur de ses espérances, il a donc cautionné un vote qui, de prime abord, pourrait paraître contradictoire. Donc, merci M. Bayrou pour cette honnêteté morale que bien des politiques devraient s’empresser d’imiter. Au surplus, il n’a pas mentionné le moindre accord, la moindre tergiversation. C’est donc une décision qui l’élève dans le débat, alors que d’autres jouent la carte des législatives… Inutile de dire qui, vous aurez entendu parler de ces négociations en même temps que moi.

Qui remercier ensuite ? N. Sarkozy. Hé oui : je l’ai vilipendé, j’ai mis en doute certaines de ses idées, mais pour autant que je sache, il s’est démené pour tenter d’assumer pleinement son rôle de président. Cela a irrité, puisqu’on la vu comme un quasi monarque, il a également été considéré comme pénible du fait de son omniprésence médiatique, mais pourtant merci monsieur le Président d’avoir été actif… quitte à vous être lourdement fourvoyé sur de nombreux points. Maintenant, qu’on apprécie ou pas le personnage, force est d’admettre qu’il aura agi selon ses convictions, qu’il aura tenu nombre de ses promesses électorales. En parlant de ça, je m’interroge encore sur le raisonnement des Français : ils l’ont élu sur son programme ou son populisme ? Parce que, mine de rien, il a annoncé des choses, qu’on a cautionné par les urnes, et qu’on a ensuite critiqué au moment de la mise en œuvre du programme ! Donc « oui, on fait » pendant les élections, et finalement « non, pas question de le faire » une fois la réforme en route. Je ne comprendrai donc jamais la versatilité des Français…

D’autres remerciements ? Oui, à M. Hollande. Ce n’était pas mon favori, cependant son attitude finale et pondérée, tout comme celle de son adversaire sont à saluer. Autant VGE (de triste mémoire) a quitté son poste de manière honteuse et incongrue, autant ces deux hommes, pourtant opposés le couteau entre les dents, ont mis de côté leurs rancoeurs pour que la transition se fasse de la manière la plus élégante et respectueuse possible. Les cérémonies du 8 mai sont marquantes à ce titre, car elles furent très solennelles, dénuées de la moindre animosité, et on a pu sentir que les deux politiques furent là pour servir avant tout une cause qui est celle de la république. Leurs objectifs, leurs idées, leurs styles, tout les opposent, mais ils ont un même objectif : servir la France. Et ça, c’est pour moi quelque-chose d’indispensable. C’est même la première qualité que je demande à tout élu, à savoir d’être un serviteur de l’état avant d’être un serviteur de ses propres ambitions.

Pour finir, qui remercier ? Ceux qui ont su faire preuve de modération et de tempérance. J’ai entendu et vu plusieurs représentants des partis en présence soit exulter, soit se comporter de manière indigne et agressive. Désolé : la victoire ne donne pas tous les droits, et la défaite ne légitime pas l’indignité. De toute façon, j’espère que les Français comprendront suffisamment tôt que le choix de l’alternance impose un vote orienté pour les législatives. Hé oui : un changement de bord politique nécessitera forcément une majorité à l’assemblée. N’ayez pas la folie de jouer la cohabitation, sous peine d’avoir des blocages incessants lors des décisions douloureuses à prendre par nos députés. Au surplus, observez donc la Grèce : faute de se trouver une majorité, le pays est virtuellement ingouvernable. A qui la faute ? Aux élus ? Non : aux électeurs. Nous choisissons, en notre âme et conscience, d’élire le candidat qui nous correspond le mieux. Je ne suis pas un gauchiste, ni un frontiste, je suis un pragmatique qui pose sa voix là où il me semble être le mieux pour tous. De fait, c’est mon idée, et elle risque de choquer… Mais tant pis ! Votons à gauche, affirmons la légitimé du président Hollande, et ce pour deux raisons. La première, pour qu’il ait le pouvoir d’agir selon ses idées, la seconde, pour qu’il ne puisse pas coller un éventuel échec sur le dos d’un autre parti. La gauche a le pouvoir, donnons lui ce pouvoir de manière pleine et entière.