26 novembre 2015

En réponse à un commentaire

Je réagis en réponse à une critique argumentée qui nécessite visiblement une mise au point. Remettons les choses en place un instant. Je me contrefous de chercher des responsables quand il est temps de s'interroger sur ce qu'il faut faire dans l'immédiat.

Ce discours de "pourquoi" est tellement confortable! Brasser du vent en disant "untel est responsable, accusons le de tous nos maux" ne suffit absolument pas à résoudre quoi que ce soit. Par analogie, ça me fait penser à un type qui cherche vainement le clou qui a crevé son pneu, au lieu de le remplacer PUIS de s'interroger concernant la crevaison. Il serait temps que les palabres soient remplacées par du réalisme, et plus encore par une action concertée, d'autant plus quand on apprend avec tristesse que les criminels étaient pour majorité connus de nos services de renseignement. Qu'est-ce qui a cloché? Où est le point de rupture? Il se situe précisément là où notre république est éprouvée, à savoir quand elle essaye de concilier les droits vus par les rêveurs, et la réalité du terrain où chacun tire la couverture à lui. Qu'on cesse enfin de croire que chaque citoyen est responsable, pleinement conscient de ses actes, et acceptons également que nombreux sont ceux qui usent et abusent des failles, des laxismes pour en profiter contre chacun de nous.

Ce qui est intolérable, c'est qu'on aille mettre notre façon de vivre en regard de celles d'autres nations. On reproche à la Turquie, au Pakistan et à d'autres nations de ne pas être totalement démocratiques, ou en tout cas pas démocratiques de la même manière que la nôtre. Pour ce qui est des "démocraties" et "dictatures", la bonne question n'est pas de dire "c'est une dictature puisqu'ils sont plus liberticides que nous, alors elle mérite son sort", mais peut-être de se souvenir qu'aussi bien au Pakistan qu'en Turquie, les dirigeants sont des ELUS, et n'en déplaise aux gens qui mettent cela en doute, si la situation ne nous convient pas, c'est peut-être aussi parce que nous n'avons pas la même culture (politique, religieuse...). Les Français aiment faire la leçon, tout en perdant de vue que chaque nation traite sa politique comme cela lui convient. Après tout, chaque Français vomit ses critiques sur les USA, tout en refusant notoirement que les USA nous fassent la leçon. C'est ce qu'on appelle quelque-part le nationalisme il me semble. Dans ces conditions, demandons-nous ce que nous pouvons accepter et ce que nous nous devons de préserver. Est-il acceptable qu'un calife autoproclamé mène une guerre d'invasion sur la région? Non. Est-il légitime de refuser notre aide à des populations parce que cela pourrait déranger certains? Non. Est-on alors en droit de dire que nous devons agir avant que la situation n'empire réellement? Je laisse la réponse à qui veut bien oser le faire.

J'ajoute quelque-chose de fondamental: ce n'est pas en clamant que la balancier oscillant entre laxisme et dictature ira trop loin vers le despotisme qu'il ne faut pas le laisser reprendre une position légitime. Si la pointe est sur une situation par trop laxiste, doit-on refuser de lui refaire prendre une situation "normale"? Je l'ai dit et il me semblait que c'était clair, qu'il faut évidemment un contrôle strict et un cadre légal tout aussi strict afin de ne pas laisser ce fameux balancier aller tout à l'opposé. Ce qui est tout de même "drôle" (ironie), c'est que ce point n'est ni considéré dans le propos, ni même pris en compte dans la critique faite sur le côté "démagogique" qu'on me reproche. Arrêtons de nous réfugier derrière NOS intérêts personnels pour enfin raisonner à une échelle nationale. Le laxisme tant critiqué est pour une énorme part (je le redis, dès fois que cela ne soit pas maîtrisé) NOTRE faute. Oui: la faute du citoyen qui ne voulait plus de policiers dans les rues, le citoyen qui ne voulait pas qu'on le stigmatise parce qu'il est musulman, le citoyen qui a fermé les yeux sur ce qu'il se passait sous son nez. Les urnes sont là pour ça, et les fameuses remontrances nous doivent être faites, puisque NOUS les avons mis en place. Ne sont-ils pas des élus justement?

Complétons le raisonnement. Il n'y a pas d'amalgame, il n'y a pas même nécessité de le faire car dans l'ensemble de la population, qu'elle soit ou non musulmane, qu'elle soit ou non étrangère: fermer les yeux sur les problèmes comme la délinquance, fermer les yeux sur la radicalisation de ceux qui nous entourent, et pardessus le marché refuser d'agir sous prétexte des libertés individuelles, c'est irresponsable et c'en est devenu criminel. Un blogger (dont je ne mettrai pas la vidéo devenue célèbre) a, avec ses mots de banlieusard, a lancé "non, balancer ces "fils de ..." c'est pas être une balance!". Je confirme: à ceux qui hurlent contre la délation, est-ce un choix que de fermer les yeux? Je le martèlerai encore et encore, le citoyen n'a pas que des droits, il a également des devoirs. Et là, bizarrement, j'ai l'impression que la plupart se foutaient littéralement de cet aspect de responsabilité individuelle et collective. Il n'est nul besoin d'instaurer une Gestapo de sinistre mémoire ou une Stasi tout aussi atroce pour que la nation puisse faire des progrès. C'est toute une population qui doit se prendre en main. L'idée est dans les faits de ne pas s'arrêter à des "je ne dénoncerai pas, je ne suis pas un collabo de Vichy" est insultante, tant pour les résistants qui sont morts pour notre liberté, que pour les victimes actuelles des attentats. On parle bel et bien d'agir contre le terrorisme, à une échelle inconnue jusqu'alors. Se réfugier derrière des grands mots pour ne pas avoir à décider ou agir est par trop confortable et lâche.

Petite digression de circonstance. J'entends certains hurler "à mort", avec pour sous-entendu "rétablissons la peine de mort". Fort bien. Allez, admettons, puisqu'il faut savoir écouter toutes les voix. A ceux-ci je pose une seule question: êtes-vous capable d'être le juré qui donnera sa voix pour l'exécution d'un condamné? Ou mieux encore, serez-vous le bourreau? Quand on se sert d'une horreur absolue comme levier pour faire revenir de telles questions, j'en reviens encore et encore à l'idée de responsabilité, car il faut assumer chacun de ses propos, et ce pas uniquement par écrit, mais également dans les actes. Certains envisagent maintenant des milices dans les quartiers... mais où va-t-on aller dans la folie dépourvue de pragmatisme, de bon sens et surtout d'intelligence? Quand on parle de changer des lois, il faut que le citoyen prenne conscience qu'il ne s'agit pas d'en faire des jougs, mais des outils contre ceux qui pensent pouvoir nous imposer le règne de la terreur. Scléroser la société en lui collant une dictature sur le dos est tout aussi criminel que l'inaction, ou bien la prise d'actions comme les milices. Dans les trois cas, c'est le règne de la peur, à savoir la peur de l'état, la peur des représailles d'autrui, ou la peur d'être la cible des autres citoyens en colère. On ne résout pas une crise mondiale avec des pics et des fourches. On ne gère pas le monde à coups de révoltes paysannes.

Liberticide. Ce mot est lâché à longueurs d'articles pour mettre en doute, voire accuser de fascisme latent l'état Français. Qu'est-ce qu'être liberticide? Tout état, par essence, EST liberticide, puisqu'il y a des lois, donc des RESTRICTIONS des libertés. Quand on a des opinions, que l'on prend des décisions, il faut bien entendu (et je me répète, faute de pouvoir enfoncer cette idée dans les crânes) ASSUMER ses responsabilités. C'est si simple de brailler "c'est la faute à X", puis de ne rien faire sous couvert de "je ne veux pas qu'on m'emmerde, alors maintenons le statu quo". Je prends une analogie qui parlera à ceux vivant comme moi le quotidien de se déplacer sur et dans Paris. Des alertes sécurité sont quotidiennes dans les transports. Des trains sont bloqués, des lignes fermées, et cela fait circuler des milliers de personnes dans des trains ensuite bondés. On en entendait plein qui grognaient que "font chier avec vigipirate", ou encore "quels cons à la RATP"... Sauf que là, maintenant, chacun prend conscience que peut-être une seule alerte bien gérée pourrait avoir sauvé la vie à des dizaines, si ce n'est des centaines de personnes. C'est ça aussi, la vie en société, assumer que la sécurité ne passe pas uniquement par les lois, mais par l'action de chacun. Malheureusement, la plupart ne veulent surtout pas être responsables de quoi que ce soit.

Qu'est-ce qui est malsain et malhonnête? C'est que notre peuple se lamente sur nos morts, mais que les plus de 200 russes, eux, n'ont eu que quelques minutes dans une brève dans le JT, que les victimes au Mali n'ont été mises en avant que pour le show en direct, puis silence radio une fois l'assaut terminé, et qu'enfin on se foute ouvertement de Beyrouth et de ses dizaines de morts durant le dernier attentat. Quels sont les quotas de morts pour se décider à agir de concert? Combien faudra-t-il de victimes en France pour qu'enfin il y ait une véritable interrogation sur notre capacité à réfléchir ensemble, et donc à agir en conséquence face à ce terrorisme désormais international et national?

Désolé: la modération est indispensable en politique uniquement si celui face à vous s'est assis à votre table pour discuter. Quand la personne face à vous n'envisage rien d'autre que l'appel aux armes, je ne serai pas celui qui attendra béatement de tendre l'autre joue, et dans le cas présent d'être volatilisé ou mitraillé parce que "je suis pas comme lui".

Je pense que le pacifisme est une belle utopie, indispensable pour contrebalancer l'hypertrophie de certains qui ne pensent que par la violence, mais en tout état cause pas une nation ne peut prétendre avoir résolu tous ses problèmes internes à travers du pacifisme idéalisé. Gandhi a laissé une belle idée, mais son pays est toujours sclérosé dans un fonctionnement par castes sociales, une situation pour la femme indigne, et j'en passe et des pires. Les autres pays pouvant revendiquer une révolution pacifique l'ont faite... de manière pragmatique! J'invite chacun à aller regarder qui fait fonctionner ces nations, qui est aux commandes, qui a retourné sa veste, et surtout comment chacun a fait preuve de réalisme.

Se croire à l'abri de tout grâce à des idées, c'est oublier que pour qu'elles soient effectives, certains se sont battus pour elles. Les libertés fondamentales en France ne sont pas apparues par pure bonté d'âme, et chacune des révoltes, guerres (civiles ou non), ont forgées la France. Se souvenir de ces évènements permettrait à chacun de prendre la mesure que rien n'est acquis, et que c'est au prix du sang que nombre de nos "évidences" sont apparues.

Pour ce qui est de la sécurité, est-ce parce qu'il est irréaliste de tout contrôler que pour autant il faudrait aucun contrôle? Quel est ce raisonnement binaire où faute d'avoir une dictature on devrait tout laisser passer? Je crois comprendre: JE veux vivre tranquillement sans que JE sois emmerdé par quoi que ce soit. C'est ça l'idée? Egocentrisme? Egoïsme? Allons, un peu de lucidité, on ne peut et je ne veux pas qu'on ait un oeil sur chacun, mais ça ne me dispensera pour autant d'espérer qu'il y ait un oeil protecteur. Après tout, le Français veut un état paternaliste, mais uniquement quand ça l'arrange. "Je veux bien que l'état m'aide, me donne des avantages, mais je ne veux surtout pas qu'il se mêle de mes affaires, même si elles se révèlent plus que limites!" Qui est faux-cul là? Nous ou l'état? Qui se moque ouvertement d'un fonctionnement en société? Nous ou l'état qui applique ce que nous désirons?

La responsabilité est une chose qu'on semble ne jamais vouloir prendre ici bas. L'abstention est un refus d'intervenir dans la vie de sa communauté. Le vote blanc, c'est offrir aux autres qui se déterminent un poids unitaire supérieure lors du vote; fermer les yeux sur le monde qui nous entoure, c'est refuser d'admettre qu'il n'est pas, et ne sera jamais idéal.

24 novembre 2015

Rabibochés

Si les évènements actuels prêtent à pleurer, il est clair qu'il faut les regarder d'un œil critique pour y apercevoir une autre mutation intéressante en termes de communication. Autant les gens se préoccupent avant tout de ne plus avoir aussi peur grâce à la présence des forces de l'ordre, autant celles-ci bénéficient d'une action de communication aussi intéressante que bien construite. On pourrait me taxer de cynique, mais le fait est là, l'armée, tout comme la police communique désormais bien plus correctement sur tous les médias, et ce à plusieurs niveaux distincts.

Jusqu'à récemment, le kaki était une couleur considérée comme débilitante, et plus encore comme le concentré de tout ce qui peut être détestable dans un état: force potentiellement dictatoriale, recyclage de volontaires peu éduqués ou dépourvus d'intelligence, bref l'uniforme faisait dire "encore un crétin en kaki". Or, après les avoir conspués et même haïs, les citoyens retrouvent un peu de clémence pour les femmes et les hommes qui les protègent au quotidien. De ce point de vue, je me félicite, parce que cela rappelle à tout citoyen qu'un monde idéal serait un monde sans armée, et que notre monde est tout sauf idéal. Cet électrochoc n'est pas anodin, notamment dans la jeunesse qui afflue à nouveau pour s'engager, avec l'espoir louable d'agir pour la nation. Patriotisme? On peut voir cela de cette manière. Je vois ce nouvel engagement plus comme la renaissance d'une confiance envers l'armée, et les retrouvailles entre un peuple et des troupes présentes avant tout pour en défendre la sécurité et les intérêts. De fait, cela change notoirement le comportement des civils face à ceux en uniforme, surtout dans les lieux où leur présence est dorénavant non seulement utile, mais plus encore désirée par la foule qui se sent menacée.

Cependant, allons plus loin. Derrière l'imagerie protectrice de nos soldats se révèle aussi deux pôles fondamentaux de la communication: la puissance militaire et l'aspect commercial. Dans un premier temps, faire se mouvoir des milliers de soldats en tenues de combat, mais également arborer un porte-avions en combat, c'est une manière très efficace de faire passer le message "l'armée n'est pas morte, elle est équipée, entraînée, efficace, et elle se fera fort de le montrer sur le terrain". Dans les faits, la population va donc avoir sous les yeux des soldats "idéaux", fiers d'arborer le drapeau, avec en perspective le civil qui sentira cette puissance armée à proximité. On décriait énormément la présence de soldats dans les rues et les lieux publics, aujourd'hui celle-ci n'est pas qu'ordinaire, elle est dorénavant exigée par une population terrifiée à l'idée d'être la cible du terrorisme. Dans ces conditions, cela ne peut que redorer un blason terni par des décennies de désamour et de moqueries illégitimes.

Au-delà de ce premier volet, le second est encore plus flagrant. Quoi de mieux qu'une véritable opération militaire pour rappeler au monde la force de notre nation, mais aussi de représenter à qui cela intéresse la gamme de nous outils guerriers? Si les médias affichent ostensiblement les modèles d'avions utilisés, c'est tant pour dire aux contribuables que nos Rafale sont en action et pas uniquement en démonstration, mais aussi aux acheteurs potentiels de faire la preuve que nos bombes, nos roquettes et nos machines de guerre fonctionnent hors d'un bureau d'études. On peut se dire que j'exagère, mais lisez bien les images, analysez les par le filtre du commerce et non celui de la propagande guerrière, et vous verrez le discours sous-jacent. Quand on filme une bombe percuter une cible au sol, nous voyons un ennemi prendre des représailles. Le militaire, lui, va pouvoir analyser la force d'impact, la précision réelle, le degré de destruction supposé, ainsi que la capacité, ou non, à voir l'ogive être interceptée par l'adversaire. Dans le cas des bombes guidées au laser, on a donc une grande mise en exergue de la redoutable efficacité opérationnelle, la capacité d'emport des bombardiers, et au final des images choisies donnant des précisions "indirectes" sur la possibilité d'utiliser ces armes dans des conditions de sécurité relative pour les pilotes.

Ce show est donc mené avec précision, et il s'adresse donc à trois cibles: les médias pour qu'ils mettent en avant notre puissance de feu (et donc que nos adversaires en voient l'étendue), la population pour qu'elle ait ce sentiment de puissance et de protection tant réclamé, et enfin des nations étrangères qui, finalement, auront une mise à disposition de dépliants publicitaires sans que cela ne coûte un cent de plus que nécessaire. Jusqu'à présent, les fabricants d'armes et l'état se devaient de créer des mises en scène, de faire sauter des cibles, et donc de dépenser en pure perte des sommes pharaoniques pour convaincre. Aujourd'hui, autant que ces explosions soient mises à profit pour frapper de vraies cibles, qu'elles soient dépensées avec un véritable objectif, et ne plus faire de cartons sur des carcasses mille fois mitraillées, pilonnées et trouées par nos soldats.

Cynique? Pas tant que cela. Les réalités politiques, économiques, stratégiques et sociales se mêlent intimement. Le peuple Français a besoin de se rassurer, parce qu'il ne veut pas avoir peur, parce qu'il veut que le kaki retrouve non pas des lettres de noblesse, mais bien un rôle dans la défense du territoire. Avoir une place dans le cœur des citoyens, c'est aussi à cela que servent cette médiatisation. Pendant plus de trois décennies, l'armée française se gardait bien d'afficher au grand jour ses actions, ou tout au plus de mettre quelques images et photos anodines, ceci afin que le citoyen lambda n'ait pas à reprocher à nos troupes "de trop en faire". Les frontières entre apologie militariste, démonstration de force, et propagande malsaine sont souvent difficiles à dessiner tant chaque domaine empiète sur l'autre. Dans le cas présent, l'action militaire se révèle indispensable, et le peuple entend dorénavant plus aisément certaines explications pourtant fondamentales. Pendant les premières heures de l'action de l'armée au Mali, bien des voix se sont élevées contre cette projection de forces dans un pays "dont tout le monde se foutait". Aujourd'hui le drame de l'hôtel de Bamako rappelle à l'ordre ces critiques, en leur expliquant clairement "le Mali a demandé notre aide. Nous avons lutté contre ces terroristes. Aujourd'hui, ils remettent cela et notre présence fait partie des rares garanties de préservation de l'état légitime Malien".

On peut évidemment être critique, estimer que la surmédiatisation ne fait qu'intensifier la haine que nous vouent ces groupes extrémistes. Soit. Le discours se tient, à un seul bémol fondamental près, à savoir l'interrogation première qui est "Doit-on alors se faire tout petit, refuser l'aide militaire réclamée par les républiques légitimes menacées par ces mêmes terroristes?". On ne peut pas dire tout et son contraire, à savoir vouloir un rayonnement diplomatique fort dans le monde, tout en jouant la carte de l'attentisme. A titre d'exemple flagrant, la Chine évitait le sujet au titre du choix de la non-ingérence. Ce discours, logique et pragmatique, était tenu de par la politique très rigide dans le territoire (censure, justice expéditive…), mais également de par la volonté de faire du business avant de faire de la politique. Désormais, la Chine change, parce qu'elle doit réagir face à la mort de ses citoyens, mais également parce que l'état Chinois craint pour une expansion de ces radicalisations sur son propre territoire. On parle de 21 millions de musulmans. A l'échelle de la Chine, c'est "peu", à l'échelle d'une possible diffusion d'idées dangereuses, cela représente beaucoup trop pour que le pays puisse fermer les yeux. C'est la réaction de ce pays qui va être intéressante, que ce soit sur la communication diplomatique, que sur les actions qui seront forcément menées en interne.
Cependant, le fait est que notre armée retrouve enfin un peu de compassion et même d'amour de la part de nos concitoyens. Est-ce une bonne nouvelle? A mon sens, si l'on s'en tient à voir les relations entre le civil et le serviteur en kaki, c'est une excellente chose. En revanche, est-ce pour les bonnes raisons? C'est un autre débat qui n'est pas le but de ce texte.

Enfin, cette guerre raconte aussi une autre vérité moins glorieuse, mais bien plus importante, à savoir celle d'une diplomatie dépassée par les évènements, et qui finit par changer de cap. Tout comme pour Cuba où les Américains se sont enfin décidés à lâcher le mors et laisser l'île se développer, la gestion des nations du golfe, des pays de confession musulmane change enfin d'une relation "dominant dominé, à une relation d'égal à égal. Si le choix de normaliser les relations du monde avec l'Iran a été mis en avant, c'est probablement pour avoir un partenaire stable pour du commerce de pétrole, mais également un allié potentiel contre les groupes guerriers que ce pays affronte depuis pas mal de temps. C'est ainsi: le cynisme et le pragmatisme reprennent leurs droits, et l'ennemi d'hier, diabolisé et mis en avant, se révèle à présent être un partenaire de choix.

19 novembre 2015

Proclamation


Comme tous les Français, j'ai été touché par les évènements du 13 novembre. J'ai pris le temps de la réflexion, de la pondération avant de réagir... et voici mes opinions.

Le sang a coulé. Le monde entier a vu l'horreur dans notre capitale. J'ai été sur place au mauvais moment, j'ai vu le défilé infernal des véhicules de secours, la peur dans les regards, et le silence terrifiant des rues se vidant des badauds. Je me suis demandé si tout ceci n'était pas un cauchemar, une situation surréaliste fantasmée par mon esprit. Malheureusement, il s'est révélé que c'était au-delà de toute proportion, au-delà de mes pires appréhensions. Que dire? Je ne suis pas un rescapé, je suis un badaud parmi les autres, qui n'était pas précisément sur place, je n'ai pas eu le malheur d'avoir des proches touchés par ces attentats. Je ne me considère pas même comme un témoin, mon regard ayant été obnubilé par le désir de fuir, de trouver refuge loin de ces carnages. Pour celles et ceux ayant été réellement touchés, j'ai une pensée amère, la gorge étreinte par la frustration et la colère, et le cœur serré à l'idée même d'avoir lâchement fui. Qu'aurais-je pu faire? Pas plus qu'un autre je présume, je n'aurais été qu'un encombrement supplémentaire, un inutile parmi les gens formés, et une gêne plus qu'une aide précieuse.

Nous nous devons tous, en tant que citoyens du monde, résidents de France, d'avoir une pensée et une larme pour nos victimes. Je dis nos victimes, car ce n'est ni la nationalité, ni le lieu de résidence qui détermine qui l'on doit ou non pleurer. Il y a au nombre des victimes des touristes, des immigrés, des passants de toutes les confessions, des gens dits ordinaires, et qui sont à mon sens toutes des personnes extraordinaires. Qu'on se souvienne de leurs noms, qu'on se souvienne de qui ils étaient, afin que la mémoire ne s'étiole pas, afin qu'ils soient honorés à jamais. Quand je vois un visage en larmes, un parent effondré, je me moque de savoir d'où il vient, je me préoccupe uniquement de sa peine et de sa douleur. Soyons unis dans le partage de ce deuil, soyons dignes de nos idéaux et de nos convictions. La peur est l'arme du lâche, ne leur offrons pas cette victoire. Chacun de nous doit aujourd'hui être ferme, résolu et déterminer à être fier de ce qu'il est, d'arborer avec fierté une attitude digne, et de défendre haut et fort tant les trois couleurs, que ce qu'elles signifient pour chacun de nous.

Des années durant, l'attitude générale a été de mettre en doute la nécessité de la sécurité tant à l'international qu'à l'intérieur de nos frontières; Des années durant, nous avons amalgamé nos services de sécurité avec des réflexions menant à les dénigrer et les prendre pour des imbéciles. Etrangement, ces mêmes forces sont encensées par la foule, on les montre en exemple, peut-être parce que nous réalisons enfin qu'il y a malheureusement autre chose qu'un idiot sous le képi, et que celui en kaki n'est pas là pour avoir l'air arrogant avec son fusil à la main. Nous pouvons disserter et tergiverser concernant les choix politiques menés tant par la France que par nos alliés, mais cela ne doit pas exclure le fait que notre sécurité passe également par l'acceptation des réalités de ce monde. L'idéal serait que les libertés individuelles ne soient pas mises en doute, le rêve serait que nous n'ayons pas besoin que nos forces de police soient armées pour se défendre. Malheureusement, la réalité nous rattrape avec une brutalité sans précédent. Il y a un temps pour préserver nos acquis, un autre pour s'interroger aussi sur le fait que d'autres en usent et abusent contre nous.

L'abomination du terrorisme n'est pas tournée contre nos politiques. L'atrocité de ces actes n'est pas une charge virulente contre les actions de la France à l'international. Ces actes sont perpétrés pour signifier à toute personne sur le territoire qu'ils peuvent agir où ils veulent, et qu'ils désirent étendre leur influence partout où ils le pourront. Nous ne sommes pas face à une armée au sens conventionnel du terme, mais bien face à une structure menant une guérilla culturelle, au même titre que les croisades de sinistre mémoire. L'esprit de cette guerre n'est pas de lutter contre une idéologie, mais bien d'en imposer une partout, et de soumettre ceux qui osent s'y opposer. Toutes les nations en guerre contre ces groupes se battent non pas pour défendre un système politique, mais bel et bien pour tenter de survivre face à ce qu'il convient d'appeler une colonisation par le sang. Ce modèle idéologique est en train de s'exporter, et ceux qui sont réceptifs à cette façon de penser agissent à présent sur leur propre territoire. Il faut que la France admette qu'on ne peut plus parler de violence importée, d'assassins venant d'ailleurs. France, ce sont tes propres enfants qui dispersent ton sang.

Le défi à venir est de savoir ce que nous désirons pour notre nation. Cette interrogation semblait jusqu'à présent diffuse, voire même inexistante parce que chacun de nous pensait pouvoir se reposer sur des acquis confortables, sur des certitudes immuables, et au final nul n'avait à l'esprit la possibilité de voir toutes ces évidences détruites dans la violence. En massacrant ainsi des civils, la France a été mise face à une décision impossible: se venger? Faire payer le prix du sang? Changer fondamentalement notre attitude tant dans et hors de nos frontières? Nombre de réactions ont été de prétendre tempérer, de ne pas faire d'amalgame, et d'insister sur le fait de refuser des lois plus strictes, et même liberticides. On se trompe de sujet, et cette candeur n'est plus de circonstance. Il est dorénavant indispensable d'agir, de se donner des moyens en regard de la menace, car celle-ci n'est plus extérieure, mais bien intérieure. Est-ce un résultat d'un laxisme, ou d'une volonté politique décalée avec la réalité? Non. Nous ne pouvons décemment pas incriminer quiconque à ce propos, car la violence aveugle est impossible à anticiper, et il y aura toujours des personnes capables de se radicaliser, d'agir avec barbarie, le tout si discrètement que leur apparition semblera toujours spontanée et imprévisible. Cependant, cela doit également nous inciter à oser se regarder en face, s'interroger sur ce que nous devons ou non tolérer, à cesser toute lâcheté sous couvert de bienséance morale.

La défense absolue des libertés individuelles ne doit en aucun cas passer par une forme de laxisme, d'autant plus quand celui-ci devient alors un terreau fertile pour les radicalisations. Le laisser-faire n'est pas une posture envisageable, d'autant plus quand elle permet, sur le territoire national, de pousser des citoyens à devenir des criminels fanatisés. On ne peut plus parler de tolérance et de droit quand en face la méthode est de traumatiser durablement la société. La plume est plus forte que l'épée uniquement si celui qui la tient peut s'en servir pour signer une sanction. Face à une arme à feu, le citoyen est démuni, et il compte donc sur les services de sécurité pour le protéger des menaces, qu'elles soient intérieures ou extérieures. De ce fait, il m'est incompréhensible d'entendre des voix s'élever contre des lois d'exception, d'autant plus quand celles-ci sont proposées dans le cadre d'une situation d'exception, pour une durée restreinte et encadrée. Pourquoi refuser de voir la vérité en face? A ceux qui clament que la sécurité et son renforcement ne servent à rien, je vous invite à vous tenir au courant sur les réalités de ce qu'est gérer la sûreté, de ce que représente comme travail de traquer le terrorisme sur le sol français, et surtout d'aller dire aux victimes qu'il n'y a nul besoin de se lancer dans une cabale contre ces groupes terroristes dorénavant implantés et actifs en France.

La réponse d'un état tout entier face à l'horreur se doit d'être non pas mesurée, mais à la hauteur du défi lancé. Dans tous les cas, la France devra porter le deuil de nos victimes, mais également se faire fort de ne pas se laisser abattre. Refuser d'intervenir, refuser d'agir, ce serait là avouer une défaite face à l'obscurantisme, et cela, je ne pourrai pas le tolérer. Nombre de personnes s'offusquent de voir les bombardiers français frapper le sol syrien, tout comme ils s'offusquent également que l'on puisse envisager de durcir certaines lois. A ces personnes j'ai envie de poser plusieurs questions directes.
Première question: peut-on, sous couvert de tolérance religieuse et culturelle, laisser des gens menacer ouvertement la sécurité des citoyens? Peut-on décemment se réfugier derrière une paix sociale achetée à prix d'or pour prétendre ne pas voir la montée des extrémismes?
Seconde question: quelles sont les limites entre droit à l'expression, et nécessité absolue d'intervenir? Il est que trop facile de brandir la menace de l'état totalitaire, tout en refusant obstinément de prendre des mesures qui s'imposent à nous. On veut circuler en sécurité sans avoir à se méfier du passant, mais sans pour autant se doter des outils indispensables à cette même sécurité. J'ajoute également que ces mêmes chroniqueurs n'ont aucune idée de ce que peut représenter le travail de fond des services de renseignement, pas plus qu'ils ne se rendent compte de ce que peut être une enquête approfondie, ni même du coût financier et humain pour la mener à son terme.
Troisième question: quelle posture allez-vous prendre? Celle de ne pas riposter, et donc tacitement accepter que des criminels aient pris l'ascendant sur votre nation, ou bien exiger une riposte ferme et directe? Tendre l'autre joue? Pour ensuite donc voir la France être un fief pour les radicalisés, devoir se taire et supporter la montée des extrémismes sous notre nez? La réponse me concernant est simple, hors de question.
Quatrième question: si vous pensez qu'il faut sanctionner, qu'est-ce qui vous semble adapté? J'invite ces "penseurs" à nous faire des propositions concrètes et potentiellement efficaces, afin que chacun puisse juger de l'aveuglement chronique qui touche une part de la population.

Il ne s'agit pas de cautionner une dictature, mais bel et bien de donner la traque à ceux qui menacent notre sécurité à tous, et également de faire en sorte de neutraliser définitivement toute possibilité de résurgence de ces menaces. La constitution n'est plus adaptée, car celle-ci a été rédigée dans un cadre très différent, où la notion de terrorisme n'avait pas de véritable consistance. Aujourd'hui, il est vital pour notre pays que nous ayons à disposition des outils forts, le tout très encadré afin que le président seul ne soit pas détenteur d'un pouvoir absolu et définitif. Sur le fond, je refuse tout autant la dictature policière que n'importe quel citoyen, mais je ne vois pas en chaque policier un messager du despotisme. Il est maintenant clair qu'il n'est plus tolérable de voir nos policiers comme des idiots, des benêts enivrés, comme trente ans de "comique" ont su imposer à l'esprit des masses.

Je me félicite, et ce malgré mes grandes divergences d'opinions avec lui, que notre président ait eu la posture convenant à la suite des attentats. Certains veulent aller trop loin en envisageant clairement de faire rouler les blindés sur les banlieues, et je suis de ceux qui s'interrogent fortement sur les actions à mener. L'expulsion des imams aux discours radicaux ne me suffit pas. J'estime qu'ils sont tout aussi coupables que les terroristes, si ce n'est plus car c'est par eux que passent le recrutement, la formation intellectuelle et la logistique, et donc je les vois comme les cerveaux de ces horreurs. A ce titre, je considère donc qu'une détention en isolement serait la meilleure méthode, notamment parce que faire sortir quelqu'un d'un pays ne suffira pas à le faire taire, et encore moins à s'assurer qu'il ne revienne pas. On va entendre des voix brailler contre les perquisitions, contre l'action policière, les fouilles, mais encore une fois je pose encore la même question, brutale et cruelle: est-il normal que ces perquisitions aient autant tardées? Et surtout, est-ce normal de trouver de véritables arsenaux, comme des explosifs, voire même un lance-roquette? Arrêtons de s'accrocher à l'image d'une France unie, dépourvue de danger, les attentats nous rappellent à l'ordre, alors soyons dignes de nos victimes!

Enfin, la France ne doit en aucun cas céder à la panique. Tout citoyen doit se montrer digne, fier, et chacun de nous doit aider son prochain à supporter le deuil et la douleur. Que nos morts ne soient jamais oubliés, qu'on ne pardonne jamais à ceux qui ont fait couler le sang, et qu'on grave dans les esprits que toute agression à l'encontre de notre société sera suivie de représailles, dans les proportions requises. On va parler de violence inutile, de loi du talion, et qu'on ne saurait régler le conflit de la sorte. Alors, qu'on me suggère quoi faire. Doit-on alors accepter l'idée de vivre dans la terreur, trembler en se disant qu'on n'aura rien fait pour contrer la menace? Chers proches, amis, citoyens du monde, je refuse fermement cette éventualité. Je refuse de vivre dans la peur. Je refuse de vivre dans le soupçon. Je veux que nous ayons la main ferme, capable de rendre coup pour coup, pour que chacun sache qu'on ne se laissera jamais battre, que jamais nous ne cèderons sur nos fondamentaux.

Que vive la France, unie, indivisible, derrière l'étendard tricolore, que nos pas soient un seul, et que notre pied écrase la menace. Montrons leur que nous sommes fiers et courageux, et que chaque coup reçu sera rendu au centuple.

Vive la République, vive la France.