06 juillet 2012

Retour vers le cercueil

On avait prématurément enterré la boîte supposée contenir les cendres des extrémismes. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on fantasmait littéralement sur la mort définitive des radicalismes, à tel point que certains voyaient dans certains monuments des reliques d’un temps révolu. Et pourtant, force est de constater qu’il n’y a rien de tel qu’une bonne crise pour réveiller les vieilles folies. Que ce soit au Maghreb avec les révolutions récupérées par les partis religieux radicaux, en Grèce avec le parti « nazi », ou encore le retour du FN à l’assemblée nationale chez nous, notre présent démontre que le passé a une fâcheuse tendance à se répéter. Oh, bien sûr, ce n’est pas nécessairement demain que les bottes vont à nouveau claquer sur le pavé de la capitale, pas plus que nous assisterons ici au défilé incessant de soldats marchant au pas de l’oie…. Quoique : rien n’est plus proche de la démocratique que la dictature !

Durant plusieurs décennies, le mystère de la disparition du corps d’Hitler, soigneusement entretenu par les Soviétiques pour maintenir un climat de peur mondiale, a su maintenir les braises du nazisme dans les esprits les plus fervents. De la même manière, nombre d’anciennes républiques communistes voient réapparaître des défilés d’adhérents à l’idéologie stalinienne. C’est, en quelque sorte, le refuge de nombre de personnes touchées par les travers du capitalisme. Mais ne rêvez pas les enfants, si une révolution était amenée à faire reprendre le pouvoir à ces vieux partis aujourd’hui supposément tombés en désuétudes, m’est avis que nous aurons alors l’occasion de se souvenir à quel point les mots STASI et KGB ont un sens plus sinistres qu’honorables. Malheureusement, ce ne sont pas ceux qui ont subi l’horreur qui revendiquent, et ceux là même qui voteraient pour ces inepties morales et politiques seront sûrement les premiers à être purgés à la première occasion (se souvenir des chemises brunes, des vieux communistes et j’en passe…). Dans les faits donc, ce sont les premiers à croire en quelque chose qui en paient les pots cassés.

Maintenant, que penser de notre vieille Europe dans son état de délabrement actuel ? Que nombre de nations endettées à mort oublient poliment de se taire quand elles doivent s’incliner face à l’Allemagne. Pourquoi ? Prenons une analogie : imaginez un immeuble avec 25 propriétaires, mais un seul d’entres eux paient un tiers des frais… Et on lui interdirait de prendre des décisions importantes ? Non : on s’inclinerait à cause de sa participation massive à la vie de la communauté. Et pourtant, dans la CEE, on agit à l’inverse en disant à Merkel que ce n’est pas normal, que l’Allemagne n’a pas à dicter sa politique. Je trouve l’idée particulièrement amusante surtout en Grèce, puisque, bizarrement, n’est-ce pas un parti Allemand qui, fut un temps, a tenté d’unifier l’Europe sous une seule et même bannière ? Comment les néo nazis Grecs peuvent-ils omettre de mentionner cette vérité historique ? Comme quoi, n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Fondamentalement donc, notre belle Europe tente de déterrer ses vieux démons, de sortir le cercueil du fascisme de sa fosse, et d’en sortir les fantômes les plus dangereux.

Ceci dit, de l’autre côté du spectre, nous ne sommes pas plus malins. Une agression contre un jeune, et l’on se préoccupe de son obédience. « Tiens, il est juif, ils l’ont insulté pour sa religion. SCANDALE ». Ah, parce que ce n’est pas un scandale quand un arabe est jeté dans la Seine, ou quand un noir est roué de coups, traité comme de la viande ? Qu’on m’explique pourquoi on doit se préoccuper de la nature médiatique de l’évènement, et non des faits et rien qu’eux ? C’est sûr qu’il est plus vendeur d’agiter à nouveau l’épouvantail des camps, plutôt que de s’inquiéter des banlieues où l’on ose parler d’immeuble locatifs pour des marchands de sommeil, où des HLM sont à des tarifs inabordables pour les gens justement supposés s’y loger, où la politique scolaire est scandaleuse avec une véritable défection de nombre de professeurs, où bien de la politique administrative où l’on a le culot de laisser littéralement pourrir les situations, pour mieux pouvoir filmer la misère humaine. Etrange, cette attitude, non ?

Je m’interroge : sommes-nous bien dans l’Europe ? Dois-je penser comme le FN qui veut en sortir, ou bien au contraire suggérer l’idée d’une Europe fédérale ? En tout état de cause, je vais me contenter de prendre un atlas historique, et en ressortir ces inusables cartes de l’Europe de 1941. Tiens, c’est tout sauf amusant, mais certainement ironique, car en analysant la chose, on a :
- Une Angleterre jouant en solo
- Une Europe pour ainsi dire unifiée sous une bannière unique (Espagne, Allemagne et Italie marquées du sceau du fascisme/nazisme, et les autres pays sous leur tutelle)
- La Suisse dans son rôle d’isolé riche et non intéressé à ses voisins.
Vous voyez une quelconque différence ? Pas vraiment, si ce n’est qu’on tend finalement vers une unification obtenue par la paix, là où Hitler a échoué par les canons. Ironique je trouve… Enfin bon, rêvons que l’on va remettre le cercueil dans la fosse commune anonyme quand l’Europe se sera sortie de la crise !

C’est le mot : espérons.

03 juillet 2012

Faites la guerre, pas l'amour

Avec un titre pareil, je peux garantir que je vais avoir rapidement le droit à quelques grognements de circonstance. « Et comment qu’il peut légitimer la haine, la violence, la mort d’innocents ? Et comment qu’il ose revendiquer une attitude guerrière ? Pendons le haut et court, ce foutu militariste sans cervelle ! ». A ces détracteurs, à ces bien-pensants qui n’ont d’autre vue que celle de leur petit confort sans se préoccuper de savoir comment il perdure, je n’ai qu’une chose à dire : « Je vous emmerde ». Oui, je l’annonce, je le hurle à vos tympans encrassés par les médias et par votre sous culture puante de bourgeois confortablement enfoncés dans un quotidien sans risque, je vous emmerde tous, et plus encore.

Mais pourquoi nous gueule-t-il cette harangue à contre courtant de la bienséance communément admise dans les alcôves des bistrotiers de luxe ? Parce que j’ai un besoin fou de remettre quelques pendules à l’heure, et ce justement parce que le temps semble être à la mollesse de cœur et de moralité. « Caca les canons, beurk la violence », je peux le saisir, mais c’est alors oublier quelques bricoles, dont celle si particulièrement attachée à l’Homme, à avoir l’ambition dévorante. Tel un ténia affamé, l’envie de dominer, de posséder taraude l’homme depuis ses origines, et aujourd’hui comme hier, nous nous mettons sur la courge pour la plus grande joie des fabricants d’armes. Hier le gourdin, puis l’épée, aujourd’hui le fusil, et allez savoir quoi demain… Toujours est-il que le business des armes est une constituante du marché mondial, mais avant tout de la maîtrise de la politique de ce globe. N’allez surtout pas croire que faute d’un ennemi à combattre nous n’avons pas besoin d’armes ou de l’armée, c’est même le contraire. « Pour avoir la paix, prépare la guerre » semblerait être une bonne explication, car, dans le fond, si nous n’utilisons pas nos munitions, nous savons fort bien les revendre.

Hé oui, aussi désagréable que cela puisse paraître, faire la guerre, c’est rafraîchir les rangs de la société, c’est relancer le bâtiment, offrir un financement inespéré à l’industrie lourde, créer de l’emploi à foison, et enfin moderniser la médecine de manière très rapide. Cela vous semble cynique et hors de propos ? Pourtant, chaque guerre amène son lot d’innovations, qu’elles soient technologiques (communication, informatique), que médicales (prothèses, chirurgie réparatrice, vaccins…). Bref, la guerre profite hélas à tout le monde, tout en fauchant des millions de vies pour des drapeaux, des mots, des papiers, donc pour pas grand-chose si l’on s’en préoccupe un petit peu. Les politiques font d’ailleurs les guerres sur peu de choses, à tel point qu’on devrait lire les raisons d’un conflit avant même d’y participer. Malheureusement, le nationalisme et le chauvinisme exacerbé sont les deux mamelles de la guerre, qui nourrissent une haine tenace de l’autre, et enivrent les fantasmes des plus ambitieux. Trouvez un ennemi, il y aura toujours quelqu’un pour dire les mots justes pour que la foule se mette à haïr cet ennemi déclaré. Grandiose, non ?

Il est vrai que je trouve bien souvent les prétextes ridicules, surtout s’il s’agit de défendre une certaine idée historique des territoires. Je me demande d’ailleurs pourquoi aucun parti extrémiste italien ne réclame de territoires en France, ne serait-ce qu’en souvenir d’un empire romain aujourd’hui disparu. Ironiquement, nombre de guerres commencent de la sorte, à tel point qu’on pourrait s’interroger sur la persistance des vieilles idées dans une société comme la nôtre. Combien de générations passeront avant que les nostalgiques du fascisme daignent enfin tous disparaître ? Quelle est la durée de vie des opinions, des mouvances politiques ? A ce jour, nombre de nations s’interrogent profondément, tant sur l’émergence de vieilles croyances malsaines (la Grèce qui vote pour un parti nazi… on aura tout vu, car, juste pour mémoire, c’est la Grèce qui a subi la plus forte mortalité en pourcentage de la seconde guerre mondiale), que sur des solutions basées sur le bipartisme à l’Américaine (il n’y a qu’à voir en France…). De ce fait, l’armée, la guerre, les conflits, ce sont autant d’outils nécessaires pour éviter qu’un pays dérive et ne perde de vue que l’état doit servir ses citoyens, et non les contraindre à se plier à un discipline étatique.

Bien qu’il me soit facile de chroniquer, j’ai dans l’idée que nombre de pacifistes oublient poliment que la désertion n’est pas une solution ni même une forme de courage. Déserter, comme le nom l’indique, c’est abandonner son poste, ses camarades, et donc ne pas prendre de risque. Oui, il y a bien eu le risque d’être passé par les armes, mais à tout choisir, entre pousser un ancien camarade à me plomber pour ma lâcheté, et être descendu par un ennemi, finalement, l’ennemi, je pourrai potentiellement lui coller toute ma bile et ma haine. Cela semble cruel de raisonner ainsi, mais pour autant que je sache, ne pas agir, c’est déjà agir en soi. L’inaction, l’absence de décision, ce ne sont pas des choix acceptables. J’entends déjà les gens parler de Gandhi…. Mais ils oublient de dire que Gandhi a réussi à faire appliquer la doctrine pacifiste à tout un peuple, et pas qu’à lui-même. Ascète, philosophe, bourreau de travail et intellectuel émérite, c’est un des très rares exemples où la violence peut se retourner contre l’oppresseur, et ce sans que la violence naisse chez l’oppressé. Notons enfin que, bien qu’exploitant la doctrine pacifiste, Gandhi n’en a pas pour autant fait disparaître l’armée, pas plus qu’il n’a mis à bas toute possibilité d’user de la force.

J’ai l’intime conviction qu’une armée est indispensable, qu’elle a des rôles complexes que peu de citoyens saisissent réellement. « Pourquoi être allé en Afghanistan ? ». Bonne question complexe, où tant les intérêts politiques (soutien des USA après le 11/09, démonstration de la capacité de projection des forces armées…), qu’économiques (et qu’on justifie et légitime de l’emploi dans l’industrie de l’armement) se réunissent pour envoyer des femmes et des hommes risquer leur vie à l’étranger. Ne nous trompons pas d’ennemi : ce n’est pas le kaki qui est un ennemi, c’est ceux qui décident de les faire intervenir. N’allons pas blâmer les soldats, quand il s’agirait plutôt de comprendre à quel point la politique, l’humanité, chacun de nous, ne prend pas ses responsabilités. La guerre, c’est l’expression de l’amour du pouvoir ; l’amour, c’est l’expression de notre dégoût pour la haine. La Vie, c’est donc l’équilibre instable entre ces deux plateaux d’une seule et même balance…

EDIT: Suite au conseil dans le commentaire, voici la vidéo du lien: