30 décembre 2009

Petit retour en arrière

L’observateur aigri et aguerri à la propagande populiste des médias ne s’arrêtera certainement pas qu’aux grands « évènements » qui, comme chaque année, émaillent et abîment le vernis bien pensant qu’on applique sur le monde et l’humanité. A les croire, nous serions en plein progrès, que nous tentons de nous asseoir autour de la même table pour améliorer le futur, et même ; suprême effort mondial, que nous tentons d’endiguer la violence et les guerres par la négociation. Tiens, moi qui étais convaincu qu’on ne négocie que parce qu’on y trouve son intérêt… Je dois probablement voir le mal partout. Bref, 2009, questions évènements, aura eu le loisir de moquer ces institutions en mal de reconnaissance, mais aussi d’insulter plus qu’ouvertement ceux qui, sincères, tentent désespérément de faire progresser le monde de manière équitable.

Si l’on doit faire une rétrospective, je ne peux pas passer à côté du H1N1. Bien qu’il soit de notoriété publique qu’une grippe, d’où qu’elle vienne, n’est pas conseillée pour la santé, il s’avère, et ce de manière assez chronique, que la santé publique passe bien après la santé du capital. Quoi ? Affirmer cela vous offusque ? Ah, parce que les doses de virus injectées dans les cobayes que nous sommes, elles sont sorties gratuitement des chaînes de production des laboratoires pharmaceutiques peut-être ? Parce que vous pensiez que ce sont des philanthropes ? Allons ! Cette pandémie a eu le loisir d’enrichir outre mesure les grands groupes, et réduits à l’état de consommateurs fébriles les gouvernements. En tâche de fond, les nations se sont disputées à coups de milliards les stocks des fabricants, puis lancés, à grand renfort de publicité, les campagnes d’injection. Petit aparté : ne comptez pas sur moi pour parler de vaccination, mais plutôt de marquage systématique ; quand on aligne toute une population pour leur coller une aiguille dans la paillasse, je songe plus à un abattoir qu’à un hôpital (sans compter l’inquiétude légitime concernant les effets secondaires, à terme, des dits vaccins !) Le H1N1 est le symptôme même d’une société mondialisée où le maître mot est profit : les riches se vaccinent, les pauvres attendent, les clients ignorent tout ou presque de la fiabilité du traitement, et, finalement, on « découvre » que le virus n’est guère plus dangereux que celui de la grippe saisonnière. Pire encore : une étude récente tendrait à démontrer que ce n’est pas 2 millions de contaminés en France, mais dix fois plus, en tant que porteurs sains ! Alors, quoi dire ? Que le vaccin a fonctionné ? Ah, parce que le vaccin se dissémine aussi chez ceux qui n’ont pas été piqués ? Vive le placebo ! Second aparté : et ces « gros malins » vont augmenter les cotisations sociales pour financer le stock de vaccin, et donc répercuter à tout le monde, indifféremment, le coût de leur expérimentation de masse… Grandiose.

Cette année fut aussi celle de l’instrumentalisation de la crise financière : licenciements de masse, contraintes budgétaires, délocalisation… La crise a servi d’épouvantail et fait taire bien des mouvements sociaux majeurs. Les réformes ? Oubliées. Les obligations d’équilibre du budget de la nation ? A la poubelle. Qu’il y ait un repli de l’emploi et de la consommation semble inévitable, mais de là parler de 1929… C’est, à mes yeux, une opportunité pour tout entrepreneur cherchant à comprimer ses coûts, et surtout tentant de museler les exigences salariales. Quoi de meilleur que la crise pour légitimer le gel des salaires, ou le non maintien des employés en CDD ? Certaines entreprises souffrent, mais pour une qui souffre, combien se servent de ce cirque pour augmenter les dividendes ? Bienvenu dans le monde de la ploutocratie (et c’est à rapprocher de la ploutocratie décrite dans le paragraphe précédent).

Un autre évènement ? L’élection de Barack Obama est un non-évènement : il a représenté les attentes d’une nation Américaine qui se cherche une identité, le « bien présenter afro américain », mais concrètement, derrière, pas grand-chose. En même temps, je ne le blâme pas, son pays est sclérosé depuis des décennies à cause de son mode d’existence même, celui de la ploutocratie au service de la consommation de masse. La notion de domination mondiale des USA n’est pas étrangère à la relative impuissance de son chef : il est que trop tributaire de son armée et des secteurs économiques de son pays. Impossible de créer une politique sociale (comme la création de la sécurité sociale pour tous) sans heurter ceux qui vivent du système ultra libéral. De fait, pas d’évènement. Par contre, les vingt ans de la chute du mur, et les 40 des premiers pas sur la Lune sont deux évènements majeurs que l’on devrait enseigner à nos enfants ! Le premier a marqué la fin de l’ère Soviétique, le second une épopée humaine qui, toute politique qu’elle fut, représente une aventure sans précédent. 40 ans après, nous n’avons toujours pas remis les pieds sur notre satellite, c’est dire le défi que cela représente.

Les deux derniers évènements, qui me sont très personnels, sont l’accident vasculaire cérébral de mon oncle, et la naissance ma nièce. Voilà, moi ça me marque, et franchement, je me fous de tous les autres évènements tant ces deux là comptent énormément plus à mes yeux. Hé oui : je suis un sentimental égoïste… on ne se refait pas !

Au fait, pas d’article demain : donc, pas d’abus pendant le réveillon, bon réveillon, bonne crise de foie le lendemain, et grosses tendresses à ma violette.

29 décembre 2009

Bilan politique de 2009

Quel bilan peut-on dresser de l’année 2009 ? Les journalistes (grattes papiers payés au kilomètre d’encre débité, et non à la qualité de leurs écrits) aiment cette période de fin d’année pour tirer des « leçons » dans tous les domaines : les plus grandes réussites sportives, l’année en politique, l’année de la musique, le meilleur du pire des êtres humains, et même, la sublime rétrospective des boulettes télévisuelles ! De ce fait, si l’on veut dresser un bilan, encore faut-il se consacrer à un domaine précis, ou du moins observer par le petit bout de la lorgnette des choses dont on ne verra les conséquences qu’à très long terme. Allez, moi aussi je me fends de ma vision de 2009 ! Et puis, n’étant pas rémunéré pour ce boulot de scribouillard râleur, je peux me permettre de ne pas être consensuel !

Politique ? Quelle politique ? 2009 est l’avènement des effets de manchette dans les journaux, de la petite phrase assassine ou mal choisie. Entre Clearstream, la pseudo affaire des auvergnats, ou encore le « casse toi pauvre con » qui n’a pas cessé d’être recyclé cette année, nous avons perdu de vue le véritable rôle d’un politicien. Le politicien se doit de savoir communiquer avec ses électeurs, leur expliquer en bon pédagogue, mais surtout faire des choix cornéliens entre deux mauvaises décisions. La crise financière aidant, on a crié au génie ou à l’imposture pour les dirigeants du monde… Et force est de constater que les propos se seraient inversé si les décisions prises s’étaient révélées fonctionner à l’inverse de ce qu’attendu. Prenons l’état Français : la France résiste plus ou moins à la crise, et nombre de gens encensent les orientations du gouvernements. Je ne sais pas pourquoi, mais cela avait échoué à cause de la conjoncture, ces mêmes cireurs de pompes auraient fusillé les gouvernants, les menaçant de la lanterne ou du peloton d’exécution. La politique est donc, aujourd’hui, qu’un vaste cirque où la comédie est reine. Décevant à plus d’un titre.

Dans le même ordre d’idée, le président Obama s’est vu remettre le prix Nobel de la paix. Certains ont dit « Scandale ! », d’autres « Bravo ! ». Moi ? Je suis juste hilare avec cynisme. Qui a cru que le Nobel était une récompense indépendante, se fondant sur des actes concrets et intelligents ? Le Nobel est une institution politisée et instrumentalisée, comme n’importe quelle organisation internationale, et ce n’est certainement pas pour flatter l’ego d’Obama qu’on lui a remis cette distinction ! Vous en doutez ? Se voir remettre le Nobel alors qu’on se doit d’annoncer, quelques jours plus tard, l’engagement de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan, n’est-ce pas là d’une ironie monstrueuse ? Le président Obama est aujourd’hui prisonnier de l’image de marque du Nobel, celle d’un homme supposé mettre un terme à deux guerres, et prisonnier des réalités du terrain où le désengagement militaire ne peut pas être décemment envisagé avant plusieurs mois, voire années. On ne quitte pas une zone occupée sans s’assurer d’avoir passé le témoin à un système garantissant la sécurité des biens et des personnes… et tant l’Irak que l’Afghanistan n’offrent aucune garantie sérieuse à ce sujet. Et puis je n’ai jamais prêté la moindre foi dans la compétence du président Obama : un beau commercial, une représentation ethnique certaine, mais je doute qu’il soit en mesure d’imposer un style personnel à des dinosaures aux poches bourrées par les dollars des lobbies divers et variés (pétrole, industrie automobile, agroalimentaire, militaire…) Obama, un vrai Nobel ? Non, un pion à qui l’on a mis la pression à travers la récompense.

Les agressions successives du pape Benoît XVI et de Berlusconi sont aussi signifiantes sur l’atmosphère globale, qu’elles peuvent sembler anodines de prime abord. En effet, en venir à agresser physiquement des représentants, aussi honnis soient-ils, n’a rien de concluant vis-à-vis du respect des systèmes en place. Il se dit qu’il s’agit dans les deux cas de déséquilibrés, de fous ayant perdu les pédales. Pourquoi pas, admettons… Mais, derrière cela, n’est-ce pas là une preuve que la politique, tout comme la gestion de la foi, se sont éloignées des gens, du quidam ordinaire comme vous et moi ? J’en viens à me demander si les gens ne cherchent pas l’affrontement pour justement signifier non leur mécontentement vis-à-vis des décisions prises, mais juste du fait qu’on ne tienne plus compte de leurs aspirations ? Le radicalisme reprend pied, les partis morts et enterrés reviennent d’outre tombe, et l’obscurantisme s’installe durablement dans les micro sociétés : extrémisme politique ou religieux, mêmes causes, mêmes résultats. La hausse de l’embrigadement des jeunes par les fascistes ou par les religieux s’appuient sur les mêmes méthodes d’endoctrinement, et les thèses viennent même à se rejoindre (pureté d’une race ou d’une religion, affrontement direct avec l’autorité, voire possibilité d’user du terrorisme pour revendiquer).

Pauvre scène politique… Demain ? Une petite chronique sur des évènements marquants (à mes yeux toujours) de l’année 2009 qui s’achève !

H2G2... Sacrée comédie!

28 décembre 2009

Foutus démagos

J’ai comme la désagréable impression que les gens aiment se réapproprier les vrais débats pour les saboter et s’en servir contre ceux qui les lancent. Ainsi, il est bien plus facile de casser du sucre sur ceux qui tentent de communiquer, plutôt que d’être force de proposition. Les problèmes de société, ce n’est pas comme la poussière dans le salon : ce n’est pas en les poussant sous le tapis qu’on ne va plus les voir ! On peut m’accuser d’être réactionnaire quand j’affirme cela, mais le quotidien, et surtout les derniers mois sont assez symboliques pour qu’on mérite qu’on se penche sur le débat qui fait sensation : « l’identité nationale ».

Déjà, petit rappel : la question n’a pas été lancée dans un esprit polémique, mais pour prendre la température de la société Française. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il y a eu nombre d’évènements qui sont à l’origine de la société actuelle : décolonisation, immigration internationale, émergence du phénomène des banlieues (les cités dortoirs créées pour héberger la main-d’œuvre internationale), et donc, en perspective, les problèmes de xénophobie, la démagogie poste fasciste en France, ainsi que le « bien penser » forgé à coups de victimisation de certaines tranches de la population Française. De ce fait, qu’est-ce qu’un Français ? Est-ce sa couleur de peau, sa foi, ou encore son obédience politique qui fait de lui un citoyen ? Ou alors doit-on chercher plus loin et se demander, en toute bonne foi, ce qu’est un Français d’aujourd’hui ?

Dans ces conditions, il est élémentaire de réfuter les classements séculaires tournés vers la croix des églises, et d’une « bonne couleur », comme trop de xénophobes l’affirment avec vigueur. Le musulman, le catholique, quelle différence ? Celui qui aide sa nation, et ceci qu’elle soit d’adoption ou de naissance, est un patriote. Celui qui vomit sa haine sur le drapeau, qu’il soit né Français ou étranger, est un nécessairement une pourriture qui fait fi de ce que le dit drapeau peut représenter. J’ai honte pour les ordures qui sifflent la Marseillaise : trop de gens sont tombés pour les trois couleurs, trop de gens ont péri pour l’hymne, et je ne saurais accepter un tel manque de respect pour ces gens là. Que l’on soit antimilitariste ou, comme moi, pragmatique et donc tenu d’accepter (sans non plus l’exiger) l’existence d’une armée, on ne doit en aucun cas maudire les symboles des nations. C’est une identité en soi, pas une orientation politique. D’ailleurs, la bannière nazie qui sert de prétexte aux critiques contre le débat de l’identité nationale, c’était un symbole de parti, pas d’un pays. Donc, ne mélangeons pas tout.

On accuse le débat de virer à une analyse digne des enquêtes de Vichy. Un seul mot : abrutis ! Vichy a instauré des lois raciales issues du système de l’occupant. Que Vichy ait pratiqué la collaboration active est une chose, qu’on taxe de vichyste l’idée de parler de « l’identité nationale » me révolte ! Et quoi ? Quelles lois, en France, sont basées sur des critères raciaux ? Celles de la discrimination positive, celles mêmes instaurées et revendiquées par les démagogues de gauche ! Dans ces conditions, qu’est-ce que c’est que cette idée de dire que de discuter de l’identité nationale puisse être une idée vichyste ? Il serait temps qu’on arrête de dire n’importe quoi, n’importe comment. Je suis d’autant plus furieux contre de telles affirmations qu’il est aujourd’hui indispensable de discuter intelligemment du devenir du peuple Français : la montée de l’Islam en France, l’assimilation de populations n’ayant rien à voir avec les anciennes colonies françaises (Balkans, Inde, Pakistan…) impose une profonde réflexion sur la façon d’aborder les problèmes culturels et ethniques. Et là-dedans, rien de fasciste, juste une obligation de savoir comment traiter des crises comme celles du voile ou de la burqa. Cela vous choque ? Moi, ce qui me choque, c’est de tenter de bâillonner le débat parce qu’il dérange.

L’autre aspect insupportable, c’est celui qui reste en travers de la gorge de la France depuis 1945. Oui, la France a collaboré. Oui, il y a eu des déportations. Pour autant, doit-on en assumer le deuil à tout jamais ? Doit-on se plier sans arrêt aux « victimes »… surtout quand ceux qui s’en réclament en sont les petits enfants, et non les victimes elles-mêmes ! Posez vous la question : êtes vous d’abord Français, ou juifs ? Etes vous Français, ou catholiques ? Dans un état comme la France, nous sommes tous citoyens, dans une nation laïque, ce qui a pour conséquence qu’il est normal qu’on estime la citoyenneté (du domaine public, et donc de la société) être supérieure à l’identité religieuse (qui, elle, appartient au domaine privé). Je ne le répèterai jamais assez : celui qui m’assène ma responsabilité concernant les camps de concentration peut s’attendre à prendre ma main sur la gueule. Je n’ai pas voté Hitler, je n’ai pas dénoncé de juifs, je ne pratique pas de prosélytisme. Je suis patriote, citoyen, fier de mon identité de sang (Croatie), et d’adoption (France). Si vous estimez votre foi supérieur à votre citoyenneté, ne vous étonnez pas d’être ceux qui seront visés comme étant les responsables de la prochaine crise, comme ce fut déjà le cas en 1933. On ne peut pas résider où que ce soit sans prendre part à la vie sociale, en se démarquant et en s’excluant de fait des débats.

Je suis resté muet un bon moment concernant tout ceci, car j’attendais d’avoir une certaine visibilité concernant les faits, et je ne suis pas déçu. Les imbéciles de gauche veulent le retrait du débat, les crétins de droite instrumentalisent ceux de gauche en braillant, à qui veut l’entendre, que le citoyen Français est en péril. Nous sommes loin de tout ceci. Où en sommes nous ? A une société qui a perdu ses marques, qui confond acte citoyen et consommation, qui n’a plus de respect ni pour elle-même ni pour autrui, et qui se demande si, au fond, être citoyen Français, ça n’aurait plus de sens. Mais, contrairement à l’idée trop répandue que la problématique est politique, la vraie crise est intérieure, propriété des citoyens, et à leur charge de la faire évoluer. Comment ? En sachant quelques petites choses : un pays, ça se respecte. Une autorité : ça se choisit, et impose alors le respect des choix faits par le peuple. Un drapeau : c’est une histoire qu’on ne doit pas oublier, sans pour autant en pâtir à tout jamais. De ce fait : Je suis Français, j’aime la France, je la respecte. Ceux qui ne comprennent pas ce discours, je m’en méfie encore plus que les nationalistes qui, eux, confondent et affichent un patriotisme de bon ton, alors qu’il s’agit d’un fascisme à peine déguisé. Siffler la Marseillaise est à mes yeux aussi dangereux que de porter haut le nom de Ben Laden. Vomir sans raison sur la politique, sans rien proposer, c’est offrir des voix aux pires extrêmes de la politique. Ne vous demandez pas pourquoi les partis nationalistes font à nouveau recette en Europe : parce que les citoyens, qu’ils soient immigrés ou non, ne font aucun effort pour se comprendre. Entre égocentrisme et ethnocentrisme, il y a de quoi jubiler pour les fascistes, et frémir pour les gens comme moi.

L’identité nationale ? Bleu, Blanc, Rouge sur le drapeau, et n’importe quelle couleur ou religion en dessous. Tout simplement !

Elle est arrivée

Comme tous les miracles, on ne sait pas trop quand ils arrivent. Et pourtant, la voilà, elle a poussé ses premiers cris, ouvert les yeux sur ce monde qui sera peut-être autant de coton que d’acier froid. La voilà, elle va bientôt prendre de la place, on va pousser les meubles, déplacer des montagnes, et, pour elle, aménager le plus confortable des couffins. C’est de la magie, de la sorcellerie même tant son regard peut nous envoûter. Bienvenue dans ce monde Milana, ma nièce, bout de chou qui va grandir chaque jour, qui va envahir peu à peu notre vie. J’attends alors avec impatience tes premiers sourires, tes babillements, puis un jour tes premiers « Tonton ». Je souris tendrement, et, pour une fois, je n’éprouve pas l’envie d’être acide.

Va savoir si tu vas aimer ce monde, va savoir s’il ne va pas te paraître, tout comme à moi, stupide, insupportable, et pourtant si beau quand on le veut. De cette folie ambiante, de cette course effrénée après le temps il ne subsiste finalement que la poussière s’amoncelant sur les souvenirs, et un peu de cendre dans les cheminées. Pourtant, certaines choses ne s’useront pas, elles persisteront dans les cœurs, tels des monuments dans le temps. Toi, tu es arrivée en plein hiver, un 27 Décembre merveilleux malgré la pluie persistante et la bise qui engourdit. L’oubli ne saisira pas cette date, elle deviendra une occasion de se souvenir de ton arrivée sur cette terre.

Petit rien sur la balance, sous peu tu seras comme tous, tu te bâtiras de quoi être un jour nostalgique, de quoi regarder ta famille en songeant aux cheveux blancs qui arrivent trop vite, aux paupières alourdies par le poids des ans, et aussi à la canne qui accompagnera un jour les pas de ceux que tu aimeras. On n’interrompt jamais la fuite des jours, on ne cesse jamais de vieillir, et ce dès le premier jour. D’abord l’on compte les heures, puis les jours, les semaines, puis on finit par tenter d’oublier de compter les années. Tu verras, toi aussi un jour tu regarderas en arrière, en te demandant où s’est enfui le cours du temps. Tu verras, toi aussi tu verras des photographies, et tu demanderas s’il s’agit bien de toi dans le couffin, toi dans le bain battant des mains, toi babillant devant la caméra.

On dort, puis l’on rampe, on marche, puis finalement l’on s’allonge à jamais. Prends ton temps, choisis ton rythme Milana, ne t’empresse pas de rejoindre la folie des adultes qui ne connaissent jamais le repos. Laisse leur la bêtise de croire qu’il faut être riche pour être heureux, laisse les aux malheurs qu’ils créent en oubliant que le bonheur c’est vivre, et non dépenser. Offre toi ce répit qu’on n’a plus le loisir d’avoir quand le monde nous impose, tôt ou tard, son pas cadencé et sonore. Tu as encore tout le temps de scruter les couleurs, les reliefs et les formes de ce qui t’entoure, ne fais pas comme nous qui sommes alors blasés. Une forêt, c’est une ville naturelle, un jardin, c’est un monde miniature sans cesse en perpétuel renouveau. Apprécie le parfum de la violette, tout comme savoure le pain chaud sortant du four. Goûte la joie d’embrasser ta mère sur la joue, et de serrer la main calleuse de ton père. Profite des instants passés avec tes grands-parents, forge toi ce bagage de joies entassées dans ta petite tête qui deviendra gigantesque.

Absorbe la vie, les choses, la vérité, la beauté et la laideur, prends les en toi et trie les. Apprends, sans cesse, sans hésitation, donne toi l’occasion de découvrir et expérimenter toute la richesse de ce monde que l’on fait mourir un peu plus chaque jour. J’espère vous léguer, à tes deux frères et toi, autre chose que des ruines et des cendres, j’espère arriver à me dire, au couchant de mon existence, que je partirai de ce monde avec la conviction d’avoir fait mieux que mes prédécesseurs, pour vous léguer, à vous, petits maillons de la chaîne de l’humanité, autre chose que des guerres, des génocides, et vous épargner le ressentiment et la haine. Peut-être verras tu, Milana, des hommes marcher sur Mars, des voitures volantes, des villes couvertes de verdure, un monde où les hommes se seront pardonnés. Rien que pour ce maigre espoir, rien que pour cette infime possibilité, je crois que cela vaut la peine d’exister. Alors, qui sait, tu pourras te souvenir de ton oncle en arborant un grand sourire attendri, et tu parleras à tes enfants de ce vieux fou que je serai un jour, ce vieux râleur à barbe honnissant la bêtise, radotant ses souvenirs d’un passé lointain où le CD n’existait pas encore et où l’on se battait pour des idées ou pour l’argent. Tu leur diras que nous vivions un monde de fous, vous regarderez les images de mon passé, un passé où tu n’étais pas née, et tu songeras à mon frère, ton père, et à ta mère, en te disant qu’ils auront tout faits pour que tu sois heureuse. Sois assurée que nous serons toujours là pour toi, ma puce, petit bout de chair ne pesant rien d’autre que l’immensité de nos sentiments à tous.

Bienvenue dans ce monde Milana.

24 décembre 2009

Avant de faire mon devoir

Comme certains l’ont remarqué, j’ai déjà râlé et pesté contre ce qu’est devenu l’esprit de Noël. Etant donné les aigreurs d’estomac que me filent ce simulacre de communion sociale, je vais juste me contenter de ne pas en parler plus que de raison, c'est-à-dire pas du tout. Je vous laisse tout de même les liens vers mes anciens coups de sang concernant la fête de Noël, ceci parce que d’une, j’ai envie que vous ayez de quoi lire, et de deux parce que cela fait du bien à mes statistiques (on ne se refait pas, ma mégalomanie m’impose de me rassurer par des chiffres abscons et des courbes et graphes incompréhensibles).

Noël 2008
Noël 2007
Noël 2006

Passons à autre chose, sinon je vais ouvrir de manière précoce la chasse au rêne volant tractant un vieil emmerdeur qui ne sait brailler que « Oh ! Oh ! Oh ! ». Tenez, la chasse par exemple, voilà un sport que trop dénigré ! Entre dates strictes, règlements complexes pour le commun des mortels, et encadrement médiatique délicat, difficile de se lancer en quête d’un gibier potable. Qu’on se le dise, je ne parle pas du demeuré armé qui court après le faisan, ou qui se fait un sanglier pour « le plaisir ». Non ! Je parle de la saine activité de chasser le crétin au fusil chargé au gros sel ! Vous vous attendiez à quoi ? Que je revendique une passion du perdreau flingué en plein vol ? Et puis quoi encore !? Je pensais juste qu’il serait intéressant d’autoriser les battues pour gérer la problématique des abrutis qui nous entourent. Oh, comme tout le monde, j’ai bien un bestiaire de pourritures que j’aimerais faire courir en zigzags, mais énumérer l’intégralité de ces victimes de ma haine profonde serait digne d’un inventaire à la Prévert…. Mais allons y pour une liste condensé, le « best of » des connards que j’aimerais aligner avec la hausse d’un fusil : le salopard de banquier qui, du haut de son costard Smalto vous annonce qu’il vous bouffe votre fric sans que vous y ayez quoi que ce soit à redire, l’ordure qui trône au bout du fil et qui vous explique, sans frémir, que vous êtes un parasite dans ses statistiques de fiabilité téléphonique, la pourriture qui vous cause avec dédain parce que vous n’avez pas sa foutue carte de fidélité de merde qui vous sert qu’à cramer du fric, ou, soyons fou, ce blaireau (race commune) à casquette qui vous interpelle d’un « Wesh cousin ! » alors que nous n’avez ni filiation avec l’impertinent, ni même de désir de l’entendre tenter de s’exprimer. Ah ça, bordel, ce ferait un joli lâcher de cons en forêt ça ! Y a t il des candidats pour l’ouverture de la chasse ?

Ces trois dernières semaines furent un grand déplaisir pour moi : entre les imbéciles qui se mettent sur la tronche pour un paquet cadeau à la con (qu’accessoirement leur mioche balancera contre un mur à la première occasion), ceux qui découvrent la conduite par temps neigeux (et donc le plaisir d’emmerder les autres en se traînant à des vitesses telles qu’un vélo vous double) et ceux qui se souviennent qu’il faut clôturer la comptabilité de l’année (au dernier moment, pendant leurs congés tant qu’à faire), il y a de quoi faire venir notre gibier non par voiture mais par autocars complets !
Petit aparté pour moi-même et mes lecteurs : oui, bon, j’ai évité le cliché des trains bondés, ou celui des wagons à bestiaux, il y aurait forcément eu un abruti pour me faire remarquer qu’il n’est pas décent d’user d’images aussi fortes que la déportation. A ceux là, juste un commentaire : la sortie de ce blog, vous la connaissez, merci de l’emprunter sans jamais y revernir. Desproges disait qu’il fallait rire de tout, et je confirme sans hésitation, mais j’ai une flemme affreuse de rire avec n’importe qui. Probablement mon côté asocial qui parle…
Revenons donc à nos moutons, pardon nos imbéciles je vous prie. N’avez-vous pas la sensation que les gens sont devenus affreusement binaires ? Plus de modulation, plus de réflexion, juste un borné « oui/non » pour s’exprimer. Par pure facilité intellectuelle, on va jusqu’à délocaliser l’intelligence chez un tiers, de manière à s’épargner toute action cérébrale. S’il y a une chose qui m’horripile énormément, c’est bien l’archétype que certaines femmes, suite à une éducation morne, machiste et stupide, répondent à « Qu’en penses tu ? » des choses du style « Mon mari pense que… ». Rhaaa ! A décapiter, à ficeler et à noyer de toute urgence ! Et cette engeance se reproduit et inculque ce même cliché à ses mouflets ! Allez hop, dans l’autocar, avec les autres !

Finalement, la période de noël et du jour de l’an est propice au tri des cons : postons nous entre les rayons jouets et celui des jeux vidéo, et guettons ceux qui s’engueulent, ceux qui se disputent, ceux qui se laissent bouffer par leurs gosses, et tirons dans le tas ! Pour le côté sport, ajoutez du piment en planquant la dernière console à la mode, puis montrez la à l’assistance, avant de la jeter dans le troupeau… Et attendez que les survivants se relèvent, épuisés et hagards, pour achever la besogne.

Comment ça, je suis une ordure ? Oui, je le suis, et je le revendique. J’ai en horreur des gens qui sont prêts à perdre toute dignité pour des choses dont ils vont se désintéresser dans quelques semaines, voire quelques jours. Je hais la bêtise qui est de supposer qu’on existe quand on consomme. Et enfin, je maudis les fumiers qui se donnent bonne conscience en jetant à la tronche des autres leur pognon sous forme de cadeaux qu’ils estiment comme meilleurs que ceux qu’il reçoit. Et l’intention ? Et la générosité ? Et l’amour de son prochain ? VITE ! Filez moi la batte de baseball, j’ai des rotules à bousiller !

23 décembre 2009

Evolution sociale

Nous sommes autant d’âmes qu’il y a d’humains sur la Terre, et pourtant nous errons comme si nous en étions dépourvus. Plus le progrès technologique avance, moins l’Homme se préoccupe de savoir ce qu’il est supposé être, et moins il s’inquiète de ce qu’il doit à la communauté. Nous vivons, du moins nous prétendons le faire, et finalement, au coucher du soleil d’une âme, on ne peut que se demander si l’on a traversé la vie correctement, ou sans but véritable.

L’impartialité voudrait qu’on analyse froidement ce qu’est la trajectoire d’une vie : naître, grandir, s’instruire, faire preuve de curiosité, procréer, et dispenser des idées à nos descendants de sorte à ce que le progrès soit constant. Or, ces différentes étapes dépendent de ceux qui nous précèdent, qui eux-mêmes ont été pétris et modelés par leurs géniteurs. Et là, légitimement, on ne peut que douter du bien fondé du progrès supposé. Par peur d’autrui, par paresse, ou par peur du pouvoir en place, nous inculquons des clichés à nos enfants, qui finiront par disperser les mêmes idées que nous. En ce sens, nous ne faisons qu’acquérir qu’un bagage perpétuel fondé sur la xénophobie, une certaine idée du monde, qui, mine de rien, est toujours teintée d’un passéisme somme toute malsain. Le « c’était mieux avant » n’est pas que de la nostalgie, il dénote aussi et avant tout une crainte du changement. Le conflit des générations est donc à prendre avec la plus grande prudence. Quand mes parents abordent la question du virtuel et de l’informatique, ils ne voient pas d’un très bon œil la délocalisation de la communication, pas plus qu’ils n’apprécient que le média virtuel prenne le pas sur les relations physiques, et je les comprends. A force d’être inquiétés par les médias qui diabolisent le Web, d’entendre parler des gens devenus autistes à cause du réseau, je me dois de les comprendre et de respecter leurs opinions, même, souvent, elles heurtent mon regard « frais ».

Nous nous individualisons avec un entêtement rarement atteint jusqu’alors. Sans nostalgie, j’affirme qu’il y a eu un nombre d’étapes distinctes dans la société humaine. Par analogie, je les vois comme des moments de l’existence d’un enfant : la phase balbutiante, la phase parlante, et la phase adulte.
Concrètement, la phase balbutiante est celle où l’humanité n’était que peu éduquée, et seuls quelques érudits portaient la connaissance dans leur bagage social. De fait, la tradition orale, garnie par les religions, les restes de traditions païennes, et l’influence forte des systèmes de classes faisaient que la réflexion individuelle était trop peu indépendante pour venir de la majorité silencieuse. A contrario, ce mode d’existence imposait un fonctionnement communautaire, où chacun était tributaire de son voisin. Le village était donc un microcosme isolé des autres, et le fait de voyager était soit une obligation (réfugiés de la faim ou des guerres par exemple), soit une chose accessible qu’aux riches.
La seconde phase est parlante, c'est-à-dire que, graduellement, le niveau d’éducation autant que le pourcentage d’enfants scolarisés ont changés la donne. C’est ainsi qu’on put voir émerger des penseurs issus de la foule, naître des plumes merveilleuses chez les ouvriers, et créer aussi des mouvements politiques contestataires. Les révoltes précédentes étaient dictées par la réaction face à la misère, les suivantes eurent leurs idéologues, leurs ouvrages clé, et leurs slogans. En l’absence de médias dynamiques, la presse se développa, l’écriture devint un moyen courant de communication. L’apogée de ce mode de fonctionnement fut les dernières heures du monde avant l’avènement du réseau Internet. On écrivait un courrier, on le postait. Aujourd’hui, on rédige un message informatique, et on l’envoie dans l’instant.
La dernière phase est l’adulte que nous sommes supposés approcher. En effet, l’ère de l’informatique omniprésente et indispensable n’est plus un fantasme, c’est une réalité quotidienne où chacun est tenu d’user (et même abuser) du réseau. Un travail se cherche par Internet, on envoie des mails à ses contacts, et l’on va même jusqu’à téléphoner à travers son ordinateur. Mais est-ce un mal ? On pourrait suggérer qu’il s’agit là d’un progrès majeur, que chacun a accès à l’information, et qu’on peut alors tisser des réseaux d’opinions plus facilement que jamais. Or, paradoxalement, la sociabilité n’est pas l’aspect principal du Web, bien au contraire. Anonyme derrière un pseudo, l’utilisateur est donc plus libre de mentir, tricher, et se créer une identité qui correspond plus à ses fantasmes qu’à son quotidien. Psychologiquement, la problématique est triple : sans identité, point d’existence ; sans vérité, point d’existence, sans mensonge, point de contact. On se bâtit des « contacts » à travers la mythomanie, et, de peur d’être découvert, on évite toute rencontre avec le tiers qui nous voit tel qu’on se montre, pas tel que nous sommes.

Nous vivons de plus en plus nombreux sur des surfaces de plus en plus restreintes, et cela nous isole les uns des autres. La ville est devenue un dortoir, l’homme un animal mécanique qui s’empresse de vivre pour travailler, et non le contraire. Culturellement, nous ne nous intéressons plus à la culture, alors que nous lisons de plus en plus ! Paradoxal, le Web force à lire, et ceci aux dépends de la culture. La maltraitance des langues, associée à l’émergence des cultures poubelles (« merci » les blogs, merci les sites sans fond ni forme qui prolifèrent, merci les émissions décérébrant le spectateur), font du Web non pas un espace de société, mais un système assez anarchique. Et pourtant, j’aime à me rassurer en lisant certains sites qui s’opposent à cette logique : plumes agiles, réflexions riches, discussions animées mais polies, bref des îlots de progrès dans un océan de dégénérescence.

J’ai peur pour notre avenir : nous sommes en train de créer des asociaux, des gens qui considèrent les autres humains avec crainte et mépris. L’histoire a pourtant démontré le danger de craindre la différence, l’histoire a également prouvé que la haine naît des frustrations et des comportements nombrilistes. Le fascisme renaît de ses cendres, on élit des gouvernements populistes et vantant les attitudes totalitaires, et chacun se flatte du statu quo. Est-ce la bonne façon de raisonner ? C’est une folie, car c’est le meilleur moyen d’autoriser les pires méfaits, le tout vêtu du costume propre de « moralité ». Espérons que la culture et l’enrichissement personnel redeviennent de véritables objectifs. Les lumières permirent la création de l’encyclopédie. Espérons que nous ne soyons pas vus comme une période précédant un obscurantisme de masse…

22 décembre 2009

Folie?

Dans mon nombrilisme un rien narcissique, je peux affirmer que, sans conteste, rien n’est plus agréable que l’autosatisfaction. C’est une véritable drogue que les humains aiment à s’injecter à hautes doses : l’orgueil, la vanité, tous ces comportements sont des composantes essentielles de la nature humaine. Sans accomplissement personnel point d’avancée du monde ! Et pourtant, la fierté est hélas tout autant vecteur de progrès que de dégâts incommensurables de la condition humaine. C’est fou à quel point la même cause peut avoir des conséquences aussi diverses…

Ah, la saine fierté d’avoir le pouvoir, de le maîtriser et même de s’en vanter ! Robert Oppenheimer, au moment de l’explosion de la bombe atomique qu’il avait fortement aidé à concevoir, aurait déclaré (je cite d’après nombre de sites, dont Wikipedia ) la citation sanskrit du Bhagavad Gita: Kalosmi lokaksaya krt pravrddho - « Je suis Shiva, le destructeur de mondes. » Etait-ce une fierté ou une réaction de terreur face à son œuvre ? Je ne saurais en juger, mais l’ambiguïté de la situation ne peut que laisser perplexe. Orgueil de la réussite de la mise en pratique des théories les plus complexes, ou alors crainte de voir une telle arme être utilisée ? Lui seul saurait me répondre honnêtement… Quoi qu’il en soit, cela démontre une chose assez pathologique chez l’homme : donnez lui du pouvoir, donnez lui la capacité intellectuelle de s’en servir, et il aura toutes les chances d’en faire usage pour détruire et non construire.

Nous avons, et ce depuis des décennies, tentés de mettre en équation la psychologie humaine, afin d’en établir une classification méthodique et donc d’en trouver les déviances. Soigner la folie, l’analyser, la répertorier, tel fut le boulot de nombre de médecins. Et comme l’homme est inventif, il a découvert tout le panel affolant des déformations de la pensée : sociopathe, psychotique, névrosé, mégalomane, mythomane, nous avons de quoi créer de véritables monstres à faciès humain ! C’est d’autant plus spectaculaire quand le dit « fou » revendique son statut et ses ambitions. Nombre de dictateurs étaient des paranoïaques (Staline par exemple) et mettaient en branle toute leur intelligence pour se protéger contre leurs ennemis réels ou supposés. J’avoue me régaler en lisant les analyses faites a posteriori des grands de notre temps, et d’y voir précisément tout ce que je m’attendais à voir dans l’esprit des génies : mégalomanie avancée, paranoïa aiguë, et souvent une addiction quelconque (drogue, alcool…). Le génie serait donc tributaire de la folie ?

Certains affirment avec emphase que tout être humain a sa part de folie : névrose quasi universelle, peur du lendemain, peur de la mort, peur d’une forme de bestiole, donc en gros nous sommes tous des fous, ou du moins juste ce qu’il faut d’intelligent pour éviter que cette folie ne devienne dévastatrice. L’éducation, ce vernis souvent mâtiné d’idées politiques et/ou religieuses, semble pouvoir contenir nos psychoses les plus courantes. « Tu ne tueras point ». Pourquoi ? « Parce que sinon c’est perpétuité avec 18 ans de sûreté ». Ah oui, tout de suite, ça rend plus prudent sur l’envie de tuer son voisin… Ceci dit, certains passent l’étape des retenues culturelles et morales, et vont donc allègrement jouer de leur pouvoir pour détruire et écraser l’autre. La frustration sociale est aussi un bon bâtisseur de brutalité et de violence : misère culturelle, désoeuvrement économique, tout est bon pour légitimer la haine et la revanche. Dans ces conditions, on ne peut qu’être épaté de voir notre société subsister malgré ses travers les plus infâmes ! Comme quoi, un système si pourri soit-il réussit perdurer grâce, justement, à sa pourriture ! A croire que, tout comme un rosier, nous aimons la tourbe pour y plonger les racines de notre capitalisme teinté de socialisme de bonne conscience.

Je crois que notre folie est fonction de notre perception des règles, et non d’un écheveau de conséquences. Fut un temps l’homosexualité était considérée comme une pathologie grave, on exécutait les hommes coupables d’acte de sodomie (chose qui a failli coûter la vie à Léonard de Vinci) ! Les mœurs progressent, tout comme la « valeur » d’une vie. Tuer n’était pas quelque chose d’exceptionnel au moyen âge, c’était même un acte pouvant passer pour être de la bravoure ! De ce constat découle aussi une petite histoire que j’apprécie, et dont je me sers de temps en temps pour rappeler que la perception des choses est tributaire de soi, mais aussi des autres. (Je précise que je n’ai plus en tête le texte d’origine). « Un roi expulsa une méchante sorcière de son royaume. Celle-ci, pour se venger, empoisonna tous les puits du royaume pour rendre les sujets fous. Seul un puit fut épargné, celui du Roi, vu qu’elle n’avait pas accès à son donjon. Ainsi, tout le royaume fut pris de folie, et les habitants déclarèrent le Roi fou. On voulut le pendre, le tuer, mais le Roi, ayant eu vent de la vérité, se résolut à boire de l’eau d’un puit contaminé. Ainsi, en devenant fou, le Roi fut déclaré comme étant revenu à à la raison… et le royaume vécu ainsi. » Tout n’est qu’angle de vue après tout…

21 décembre 2009

Auschwitz et colère

J’éprouve ce soir énormément de colère,
De celles qui vous font bouillir et haïr.
Je suis furieux ce soir alors je vocifère,
Contre la barbarie dont certains semblent se nourrir.


Il y a quelques jours des salopards,
Se sont attaqués au souvenir et au désespoir.
Ils se sont emparés à la faveur du soir,
De « l’arbeit macht frei » de sinistre mémoire.

Les désastres ne suffisent pas comme leçons,
On a tué, assassiné, torturé et incinéré,
Au nom d’une politique devenue obsession,
Celle d’éradiquer des peuples abhorrés.

Alors on s’empare du symbole d’un martyr,
Celui de millions de victimes sans tombe.
Ils ont volé la Vérité, fait disparaître le pire,
Mais ne pas oublier est ce qui nous incombe.

Maudits soient ces voleurs sans intelligence,
Qu’ils subissent le regard des survivants.
Qu’ils fassent alors acte de pénitence,
Qu’ils apprennent ce qu’est le prix du sang.

Horreur mondiale, infamie des bras tendus,
Certains veulent nier la Vérité et l’horreur.
Moi, je rends hommage, et c’est un dû,
A ces morts par millions dont certains ont peur.

Auschwitz a emporté des millions de vies,
Brisé l’humanité, détruit l’âme et le corps.
Miraculeusement on ne l’a pas détruit,
Car il faut que perdure cette usine de mort.

Souvenez vous, ne laissez jamais faiblir,
Pour que jamais le monde ne recommence.
Si nous acceptons d’effacer sans frémir,
Alors nous laissons la place à l’engeance.

On a retrouvé le symbole coupé en morceaux.
Barbares ! Assassins ! Vous les tuez à nouveau !
En d’autres temps, ils auraient fini au poteau.
Je ne le veux pas : qu’ils portent la honte comme fardeau.

Je suis enragé, en colère contre la connerie,
Si seulement la fascination pour les nazis,
Pouvait se soigner autrement qu’à l’aide d’une trique…

La news sur Yahoo

Un râleur? Non, un pragmatique

Allez le lire, appréciez la section "Les trucs qui m'énervent"... Il est presque aussi râleur que moi (la mauvaise foi en moins)!

Nota: pour les néophytes en informatique, certains propos seront peut-être un peu complexes, mais prenez le temps de lire, c'est ainsi que l'on progresse et que l'on s'informe!

Donc: Rendez vous sur sebsauvage.net, et bonne lecture!

18 décembre 2009

Sirènes et gyrophares

Dans ses élans d’égocentrisme mâtinés de la saine fatigue d’une journée de travail, le péquin moyen, vous, moi, trouve toujours le moyen de se plaindre. Un coup, ce sera le voisin qui fête le baptême de la petite dernière, un autre, ce sera la deux tons d’une ambulance dévalant l’avenue toujours trop proche. L’obscurité est supposée être la période propice au repos, mais hélas, les bruits de la ville nous ramènent à des réalités que nous voulons absolument occulter. C’est ainsi, nous ne pouvons tolérer le braillement strident des sirènes, et encore moins la lumière bleue des véhicules d’urgence. Pour nous, ils sont signe d’ennuis quand « police » est collé sur les flancs du véhicule, de « pousse toi de là ! » quand le camion est rouge, et de « Je suis plus pressé que vous » quand ce sont des engins comme ceux de GDF par exemple. Et pourquoi il ne met pas que les gyrophares ? Et pourquoi il fait gueuler ses foutues sirènes ? » Nous sommes ainsi : stupides et nombrilistes.

Pensez-vous savoir ce qu’il se passe dans ces véhicules d’urgence ? D’où ils viennent, où ils vont ? Que savons nous réellement du quotidien des services d’urgence qui nous gèrent et absorbent nos pires travers ? Le véhicule de police qui roule à tombeau ouvert pour arrêter un mari violent, le SMUR emmenant un enfant renversé par une voiture, un véhicule de pompier apportant équipement et compétence pour gérer un incendie, tout ceci, nous ne le vivons pas. Nous sommes loin de savoir de quoi est capable notre société, notamment dans les extrêmes les plus sordides. Paisiblement assis dans nos canapés, nous fixons la lucarne animée, appréciant des séries qui romancent l’existence des urgences, dressent des portraits dignes des images d’Epinal pour les policiers, et se contentent d’effleurer la réalité. Ce n’est pas tous les jours qu’un policier met un criminel sous les verrous, ce n’est pas tous les jours qu’un pompier enlace la jolie femme fuyant l’incendie de son appartement, et les urgences de l’hôpital voient défiler de tout, et pas uniquement des mannequins bien vêtus et au brushing impeccable.

Sordide ? Vous ne le croyez pas ? Quand une personne fait un malaise, on appelle les urgences, on le ramasse, et on l’emmène à l’hôpital le plus susceptible de le prendre en charge. Durant le trajet, les premiers soins sont prodigués, un premier examen est mené pour offrir une chance supplémentaire de survie au patient. Et nous, nous gueulons contre la deux tons, alors que la dite ambulance fonce pour sauver une vie ! Et que faire quand le dit patient est un SDF, sans sécurité sociale, dans un état de fatigue et d’hygiène terrible, pouilleux, souvent imbibé d’alcool ? Le laver ? Le vêtir ? Avec quoi ? Et ces gens qui arrivent avec le visage en vrac, le corps couvert d’hématomes parce que « papa a pété les plombs » ? Ou encore la gamine de 16 ans emmenée en urgence parce qu’elle s’est ouverte les veines ? Nous n’avons pas la moindre idée de tout cela. Cela ne touche que ceux qui y sont confrontés, et tôt ou tard, nous confions notre vie, ou celle d’un proche, à ces gens.

Les urgences… Nous pensons toujours être les plus « prioritaires », les plus importants. C’est tellement plus important de nous faire soigner le petit bobo, que l’écorché d’un accident de voiture qu’on ne connaît pas. L’inhumanité est révélée par notre besoin de réconfort purement personnel, et rien n’est plus impersonnel et mécanique qu’un service d’urgence. Il faut faire vite, faire aussi bien que possible, tout en restant humain ? Pourquoi vomir notre bile sur ceux qui assurent notre sécurité, au lieu de les remercier comme il se doit de se dévouer à la cause de la communauté ? Chaque année, des policiers, des pompiers meurent. Certains sont tués par des armes, d’autres dans des brasiers, mais dans tous les cas, cela ne fait que quelques lignes dans la rubrique des chiens écrasés. Tout au plus se préoccupe-t-on d’eux quand leur mort est liée à une affaire médiatisée. Un policier mort en service sera cité quand il s’agit d’un braqueur qui le tue, un pompier s’il périt brûlé dans un grand feu de forêt de l’été… Autrement, rien, personne, pas un signe de reconnaissance de la société.


Nous sommes aujourd’hui confrontés à deux problèmes majeurs. Le premier est la bêtise des gens qui pensent être clients et non patients dans les services médicaux (j’en ai déjà parlé en long et en travers), le second le dénigrement quasi systématique des médias pour la fonction d’agent de la maréchaussée. Par défaut, le policier est un con, le gendarme un abruti borné, et le militaire un autiste fou de la gâchette. Le médecin, l’infirmière, eux, sont traités comme des laquais, des larbins qui nous doivent tout. Et puis quoi encore ? Faites le dixième de ce qu’ils encaissent au quotidien, ravalez votre fierté quand vous êtes insulté par un abruti qui se croit tout permis parce que « monsieur paie des impôts pour ça ». Tout n’est pas un dû, encore moins en société qu’ailleurs, car la société fonctionne sur le principe d’échange : tu obtiens un retour sur ce que tu donnes. Vous ne leur donnez plus de respect, n’espérez pas obtenir un service aimable et de qualité en retour.

Chère violette aimée, j’admire l’abnégation dont tu fais preuve. A chaque fois que je te dis que tu bosses plus que moi, tu prétends le contraire en me disant avec tendresse que ce n’est pas le cas. Je ne te crois pas. Je te crois passionnée, amoureuse de ce métier de santé, amoureuse de ta position où tu peux donner des soins, et recevoir en paiement des sourires et des mercis. Donnez à ceux qui vous ont donnés, cela sous-entend, pour moi, donner un sourire en échange d’une douceur. C’est donner du « Monsieur » à celui qui vous en donne en vous abordant. C’est enfin apprécier que quelqu’un prenne soin de vous et soit toujours prêt à vous aider, non parce que c’est son métier, mais parce qu’il est convaincu qu’il doit le faire.


Souvenirs d’une série moins spectaculaire, mais probablement plus proche des réalités…

Médecins de nuit
Les plus jeunes d’entre vous ne connaissent probablement pas, mais tant pis, je mets le générique et un lien vers Wikipedia pour la description. Ecoutez le morceau, et fermez les yeux. Laissez vous porter, et imaginez vous, roulant la nuit, vers un patient au plus mal qui a appelé votre central pour que vous veniez l’aider...

17 décembre 2009

Hiver

Regarder par la fenêtre m’a fait voir la neige telle qu’elle est réellement, et pas comme les enfants la voudrait. Elle n’est pas une source de jeux, elle n’est pas un amusement, elle est un intempérie, un outil cruel et dur au service de l’hiver. Croire que la neige n’est qu’un ami avec lequel on peut faire des boules, des bonhommes, et se réjouir d’un noël blanc n’est valide que pour les rêves de nos marmots, pas pour l’adulte qui se doit d’en connaître toute la puissance tranquille.

La neige, cet être étrange qui envahit tout, ralentit la vie et le monde des hommes, a cette traîtresse beauté qu’on peut associer à une gorgone. Visage somptueux, souffle léger, chute lente et inexorable, et pourtant sa morsure est mortelle. Nous autres, Européens, nous ne connaissons que temporairement des épisodes de grand froid, où la neige se fait secrétaire et messagère de la menace du gel. On s’en amuse, on peste un peu contre elle, uniquement pour le principe d’être en retard au travail, ou encore de la possibilité de voir nos fleurs être givrées et abîmées par le « mauvais temps ». Or, la neige ne se contente pas de cela, elle est aussi vivante, au détriment de notre vie à nous.

Depuis toujours, la neige est hostile, elle crée des paysages désertiques où la faim et la soif peuvent vous tuer. On parle de désert blanc, au même titre que ceux brûlants des dunes de sable. La Sibérie, le grand nord Canadien, les pôles sont inhospitaliers, et les hauts sommets faits de neiges éternelles ne sont pas propices à la vie. Voir la neige tomber, c’est le signe annonciateur d’un changement des perspectives, d’une mutation du paysage qui peut être fatale. La blancheur immaculée de la neige désoriente, elle vous perd aussi sûrement qu’une boussole est supposée vous orienter. Et pourtant, il y a une sorte de poésie dans cet assassin silencieux et si léger ! Le flocon, ce n’est que de l’eau qui a changé d’état, une congère, une accumulation de flocons, et une plaine enneigée un univers de froid et de silence. La nature est silencieuse quand la neige a tout enterré, la forêt elle-même, si orgueilleuse, ralentit son activité.

Est-ce que la neige est méchante ? Elle est juste naturelle, intraitable, franche dans sa beauté et sa dureté. Elle recouvre patiemment ses victimes, aplanit notre propre violence contre la terre, et redessine le paysage sans se préoccuper de notre existence. Ainsi, les trous d’obus de Verdun, les tranchées, les villes en ruine de la seconde guerre mondiale, les corps des soldats de Napoléon ont-ils étés ensevelis en silence, formant ainsi le tombeau des soldats, et revenant à l’élémentaire pureté contre laquelle nous ne pouvons rien. Le général hiver, ainsi fut nommé le pouvoir du froid et de la neige… Et ce n’est pas une force usurpée. Nul ne saurait résister aux éléments. Nous ne sommes pas le roseau qui fléchit, nous sommes ces branches qui éclatent sous l’action du gel de notre sève. Lutter ? Résister ? Les peuples vivant dans l’hiver permanent connaissent et gèrent la nature telle qu’elle est, sans résistance, s’adaptant simplement, sans pour autant subir. Notre monde croit qu’il faut résister, lutter, détruire, dans le vain espoir d’être supérieur à l’hiver. Quelle erreur, quelle bêtise nous mène à une telle réflexion ?

Le froid ne rend pas fou, le froid engourdit, lentement, troublant les sens et l’esprit. L’étreinte de la neige a quelque chose de sensuel, d’enivrant. On se laisse berner par notre envie de la comprendre, d’en épouser la cause en voulant partager une joie supposée. La neige ne tombe pas pour notre plaisir, elle est régulatrice de vie, de mort et d’avenir. Le cycle des saisons ne nous appartient, il est au monde, sans que pour autant nous soyons partie prenante. Laissez donc la neige faire son œuvre, elle se fera épouse autant que maîtresse, elle sera partenaire dans l’existence de chacun de nous.

Observez donc la neige avant de vous endormir. Nous ne déclarons jamais que l’univers du froid est laid, nous avons toujours une sorte de tendresse mélancolique pour les paysages blanchis à la ouate d’eau gelée. Nous sommes aussi éphémères que les pas que nous laissons dans la poudreuse, nous disparaissons tout aussi vite du monde, et le cycle de la vie recommence au dégel, au redoux qui viendra libérer de son piège de glace les plantes et les animaux. Tout n’est que cycle, et nous ne pouvons rien y faire. Un cimetière, si laid soit-il, est moins agressif quand les stèles blanchissent et se parent de blanc. Les monstrueuses cités, laides, sales, deviennent moins affreuses grâce à la neige. La mort des démunis est le signal que nous n’avons pas compris ce qu’est l’humanité, ce qu’est la nature, ce qu’est l’Homme en fait. C’est quand la neige tombe que nous devrions faire naître la solidarité, la patience, l’écologie raisonnée. Vivons, avec la neige, avec le soleil, avec les éléments. Affrontons notre monstre intérieur, et laissons la neige être le compagnon de l’hiver. Aimons la pour ce qu’elle est : la Vie, et la Mort.

16 décembre 2009

Dégradation du débat

En deux décennies, la notion même de débat politique a été reléguée du statut « d’indispensable discussion pour permettre le progrès » à « scène tragi comique ne servant plus à grand-chose ». A mon sens, le concept de débat n’est plus qu’un pauvre ersatz de ce qu’il devrait être, d’autant plus qu’il s’est vu affublé d’ajouts au mieux inutiles, au pire retors. Qu’on soit convaincu ou pas par un « dogme » politique quelconque, il n’est pas difficile de percevoir la déliquescence médiatique et sociétale de l’importance du débat politique au quotidien.

Je crains que, notamment en France, la vision de la politique au sens large n’ait été volontairement réduite à une vaste scène comique, ceci afin de se débarrasser des questions et des débats qui dérangent. Deux décennies en arrière, les gens n’hésitaient pas (les ouvriers surtout) à défiler, à harceler les gouvernants, quitte à en découdre avec la police. Aujourd’hui ? Ces manifestations sont tournées en ridicule, ou alors si peu médiatisées qu’elles ne pèsent plus dans la balance. Pourquoi je parle de scène comique ? Jusqu’à l’apparition du satirique à la télévision, les débats restaient suffisamment élevés pour offrir aux avertis la possibilité de lire les cartes. Dorénavant, nombre de spectateurs analysent la politique intérieure et extérieure de la France à travers les guignols de l’info par exemple. Est-ce judicieux ? L’humour, la chronique moqueuse peut sembler utile à une démocratie, mais il n’en demeure pas moins vrai qu’il n’existe plus de vraie émission de débat sur les chaînes hertziennes ! Inquiétant, d’autant plus que les seuls débats qui arrivent dans la lucarne sont d’un niveau affligeant : Madame Royal, n’a-t-elle pas perdue toute crédibilité et poids face à monsieur Sarkozy, lors du fameux débat de l’entre deux tours ? Le populisme au service de la cause présidentielle, l’incompétence à charge pour l’autre candidat. Faites vos jeux…

Un second aspect est dérangeant sur l’absence même du débat politique au sein des médias, et par voie de conséquence, dans la population. La désinformation. En moins de deux décennies, les populations mondiales se sont rabattues sur l’Internet pour palier à l’absence quasi-totale d’impartialité de la part des journaux et de la télévision. Guerre d’Irak présentée comme des jeux vidéo (1990), guerre en Somalie présentée comme un spectacle Hollywoodien (1992), le matraquage mondial de la « cause Américaine » (depuis le 11/09/2001), difficile de croire à une honnêteté et même une légitimité de la part des grands réseaux d’information. Se serait-on attendu à des débats contradictoires, des analyses fondées sur le risque d’aller en guerre à l’étranger ? Aucune trace, pas le moindre esclandre médiatique. Au contraire : à chaque étape délicate, l’opinion publique s’est vue réorientée vers le « people », le « star system », quitte à noyer honteusement le poisson. 1998 a été faste… pour le football Français, certainement pas pour la prise en compte de l’opinion publique pour ses institutions.

Et ce fut l’escalade : augmentation graduelle de l’abstention, maintien de l’électorat des extrêmes qui, eux, connaissent l’intérêt de voter en situation de crise (noter le passage d’Adolf Hitler grâce à l’abstention pour saisir tout le risque du refus de vote), et surtout effondrement des organes politiques historiques, comme celui du PCF. Point culminant du naufrage : les élections de 2002. Quoi qu’on en dise, la France était très malade, et elle l’est toujours autant. Monsieur Le Pen s’est retrouvé au second tour non parce qu’il était plus attirant qu’un Jospin ou un Robert Hue, mais juste parce qu’une part non négligeable de l’électorat de gauche a choisi soit l’abstention (méthode Coué : « Même sans mon vote, il sera élu »), ou le vote contreproductif (« Faisons les chier, de toute façon Le Pen ne passera pas le premier tour »). Miracle ou désastre de la démocratie ? Tout dépend qui regarde, mais encore une fois, pas de débat important, si ce n’est les manifestations pathétiques de ceux qui n’avaient pas fait leur devoir civique, et qui se plaignaient de la présence de Le Pen sur l’échiquier ! Ah ça oui, c’est plutôt ennuyeux quand on a une sensibilité de gauche, de devoir choisir entre Chirac et Le Pen… Et ce constat n’est pas terminé pour autant !

2007 : le futur président Nicolas Sarkozy ratisse large, use du populisme le plus grossier, et s’adjoins même des sympathies dans l’opposition en formulant l’envie de prendre dans son gouvernement « toute personne compétente. La couleur politique ne présume pas de la compétence ». Ainsi Kouchner qui fut lynché par ses camarades de gauche pour « haute trahison ». Des débats ? Ah ça oui, un seul : l’entre deux tours. Ridicule, lamentable, indigne d’un futur président. Mais là ne s’arrête pas le problème, au contraire. A l’annonce de l’élection de Nicolas Sarkozy au poste de président, des émeutes ont éclaté en France avec incendie de poubelle et dégradations en pagaille. Résultat ? Plébiscite de la politique sécuritaire du nouveau président qui s’est vu légitimé dans son rôle de « nettoyeur au Kärcher des banlieues ». La revendication ? Le débat ? Aucune trace en amont, rien qu’une réaction d’incendiaire, de violence gratuite, propre à conforter les opinions les plus dures des gouvernants.

Depuis l’élection, nombre de lois se sont alignées à l’assemblée nationale, et ce ne sont que les derniers gardes fous du système (sénat et conseil d’état) qui freinent l’action liberticide. Force est de constater que peu d’intervenants se sont opposés à la détention de protection de madame Dati, que la foule n’a pas été motrice dans une action coordonnée contre la censure et le contrôle d’Internet, et qu’à aujourd’hui les partis de petites tailles disparaissent corps et biens. Le constat est alarmant : la diversité politique Française qui va de l’extrême gauche rouge à l’extrême droite nationaliste se réduit peu à peu à la bipartie à l’américaine. PS contre UMP ? Et les autres ? Le PCF n’est plus qu’un corps exsangue avec des militants de plus en plus datés, la NPA n’apparaît que par « l’aura » de monsieur Besancenot, mais sans poids réel, et même le FN commence à pâtir sévèrement de l’inévitable mise en retraite de monsieur Le Pen. Je suis encore plus inquiet par l’effondrement même de l’opposition, c'est-à-dire le désastre du PS avec ses trop nombreuses têtes d’affiche, l’excès d’ambition de chacun d’eux, et la perte même de l’essence qui faisait le parti socialiste. Le PS au pouvoir ? Un parti de gauche faisant une politique de droite.

Des solutions ? Tant que le débat sera volontairement rabaissé au niveau de la presse people, et que le peuple s’en contentera, il ne sera fait aucun retour en arrière. « Nul n’est censé ignorer la loi » me semble fort à-propos en l’appliquant sous la forme « Nul n’est censé ignorer ce qui se passe dans sa nation ». On ne peut décemment plus tolérer de trouver plus d’informations complètes sur la politique Française dans les médias étrangers que dans les médias nationaux ! La France, sous ses dehors de « démocratie » (les gens sont convaincus de cela… effrayant), pratique une politique envers les médias nous plaçant au 44 eme rang mondial concernant les libertés de la presse. Cela laisse songeur, non ? Réfléchissons ensemble : l’indispensable confrontation des idées doit se faire dans les grands médias, et pas uniquement lors d’apparitions des élus sous la forme de véritables shows publicitaires. Tout récemment, monsieur Chirac a été invité sur le plateau d’une émission de télévision animée par Michel Drucker. Intérêt ? Néant. Informations ? Néant. Résultat ? Publicité et conformisme à outrance. Le « bien penser » est une norme, essayons de la fuir !

14 décembre 2009

Le sommet de Copenhague

Et une vidéo choc pour forcer les politiques à réfléchir... en ouverture!



Source : Le monde.fr

Apollo XIII à la française

L’évènement connu de tous du presque désastre de la mission Apollo XIII (très bien mise en images par le cinéma d’ailleurs) est quelque chose de marquant pour les esprits, et ressemble à une grande aventure humaine et technologique. C’est une chose qui est représentée comme un drame en temps réel, une épreuve pour le monde entier qui « retint son souffle » concernant la survie de l’équipage, et pourtant, que se serait-il passé si la dite mission avait été gérée non par les Américains, mais par une mission Française ? Imaginez donc : décollage d’une mission majeure pour l’agence Spatiale Européenne (ESA), et gros problème technique pendant une phase critique… imaginons ça ensemble je vous prie.

Juste une précision indispensable : je ne tourne pas l’ESA en ridicule, c’est juste une parodie qui, à mon sens, pourrait éventuellement se produire un jour lointain, quand l’espace sera devenu un espace aussi accessible que l’est aujourd’hui l’espace aérien mondial.

Quelque part, entre la Terre et la Lune...
Capitaine JAllô Kourou ? Foutue radio, encore des grésillements ! Depuis le temps qu’on leur dit qu’il faut passer à autre chose de plus récent...
KourouOui ici Kourou, parlez mission Lune !
Capitaine JBon ben Kourou, on a un problème ! Ca a fait BOUM, et là y a tout qui est en vrac dans le module !
KourouComment ça en vrac ? Comment ça « Boum » ? D’après les ordinateurs, tout semble OK. Confirmez.
Capitaine JOn te confirme quoi, l’ahuri !? Le tableau de bord joue les sapins de Noël, y a une alerte CO², et tu me demandes, à moi, si tout va bien ? Puisque je te dis qu’il y a eu une explosion, et qu’on est dans la merde !
KourouPatientez, je demande aux ingés. (Musique d’ascenseur dans le combiné).
Capitaine JEh merde, le salaud m’a foutu en attente ! Les gars ? Des progrès de votre côté ?
Equipage(en chœur) On voit rien dehors, mais ça pue le plastique brûlé par là. On essaye d’ouvrir pour trouver ce qui déconne. Et toi ? Y disent quoi ?
Capitaine JCes pourris me font glander en attente ! On se croirait sur la hotline de Free ! Ah le revoilà.
KourouOui bon ! Vous m’entendez mission Luna ? On a revérifiés, le module dit que tout va bien.
Capitaine JMais ça pue le brûlé ici !
KourouAh... Je vérifie.
Capitaine JNon ! Pas la musique... (musique d’ascenseur bis) ... d’attente. Les ordures ! Alors les mecs, c’est démonté ?
EquipageOuais, c’est pas folichon : le circuit électrique des ventilos de recyclage est fumé, y a plein de fusibles qui ont claqués à cause de la surcharge, et là y a sûrement plein de trucs qui sont HS. C’est pas gagné mec. Bon, y nous font retourner à la maison ou quoi ?
Capitaine JSuis encore en attente !
EquipageAh les cons !
KourouMission Luna ? On a trouvé ! C’est juste une fuite sur un réservoir oxygène, la pompe a rendu l’âme, mais c’est pas un drame, on vous passe sur l’auxiliaire.
EquipageL’auxiliaire est mort aussi capitaine!
KourouAh... Bon je sais pas moi... y a pas une prise où vous pouvez ponter pour alimenter le recyclage en direct !?
Capitaine JTu m’as pris pour un bricolo qui retape une baraque avec du matériel de chez Casto ou quoi !? Et tes ingés y disent quoi ?
KourouY disent que vous êtes dans la merde !
Capitaine JMerci, on n’était pas au courant.
KourouOn vous rappelle dès qu’on a une solution !
Capitaine JNon, vous raccrochez p... (Bip bip du téléphone). ENFOIRES !
EquipageQuoi ? Y s’passe quoi ? Y disent quoi ?
Capitaine JQu’on est foutus...

11 décembre 2009

Colère médicale

Qu’on apprécie ou non le corps médical, force est de reconnaître que nous sommes tributaires de la compétence humaine pour nous soigner. N’étant moi-même pas un amateur des solutions chimiques ou du bistouri, j’ai la fâcheuse tendance à me refuser aux traitements, même s’ils s’avèrent souvent salvateurs. Ainsi, têtu, bourru, ce n’est que contraint et forcé que j’en viens à ingurgiter des pilules et à appliquer pommades et cataplasmes pour soigner ma carcasse de vil râleur. Pourtant, je suis tenu d’admettre les compétences et même les prouesses de certains. Là où je suis en colère, comme sûrement nombre de médecins aujourd’hui, c’est qu’on met dans le même sac celui qui fait un travail exemplaire, et ce malgré les risques inhérents à la médecine (qui est, malheureusement, imparfaite), et les charlatans/bouchers qui sont encore le droit d’exercer.

Nombre de débats existent sur la médecine, et ils sont souvent liés à la difficulté de trouver un équilibre acceptable entre éthique et économie. Toute officine se doit de ne pas dépenser plus qu’elle ne reçoit, et, dans cette optique, c’est une logique comptable qui vient souvent rendre la qualité des soins moins bonne qu’elle ne le serait avec des sommes « normales ». Dans ces conditions, rendre tolérable les lacunes financières s’avère être un exercice d’équilibriste. Plus d’opérations pour encaisser plus d’argent, ceci sans réduire la qualité réelle de chacune des opérations ? Ce n’est pas anodin, car ce n’est pas une logique d’usine, mais de gestion de la vie, au sens le plus pur du terme !

De fait, quand des équipes entières se voient mises dans le même panier que des charcutiers qui exercent encore, et ce malgré des avertissements de l’ordre des médecins, des mises en examens pour escroquerie (sic !), il y a de quoi se poser des question sur la capacité des dits « médecins » à être crédibles et surtout… efficaces. Ce qui m’amène à grogner, c’est la situation du chanteur Johnny Hallyday. Bien sûr, nous n’avons pas en main toutes les données du problème, car nombre de choses se cumulent : une analyse américaine qui estime le travail chirurgical originel « scandaleux », et également un homme qui « aurait » quitté le service de l’hôpital bien avant un délai minimal de sécurité pour lui-même. Ne me demandez pas d’estimer qui est en tort, n’étant ni médecin ni en possession du dossier complet, je serais bien en peine de définir un coupable (ou plusieurs, s’il y a cumul des anomalies graves). Non, là le fond du sujet, c’est qu’on constate que le chirurgien en question est celui « des stars », et qu’il a visiblement une ardoise des plus malsaines. Charge à la justice d’affirmer ou infirmer les accusations portées à l’homme, mais pour ma part, confier ma carcasse à un type avec de telles casseroles, cela relève de l’inconscience… ou d’une confiance aveugle à un cercle de personnes peu voire pas informées des réalités.

Et dire que si le chirurgien s’avère réellement être le coupable, ce sera toute la profession qui va en pâtir, c’est ce qu’on appelle un euphémisme ! Jeter l’opprobre sur des professionnels compétents et déterminés à cause d’un mouton noir, c’est aussi et surtout légitimer des situations ubuesques comme celles de médecins refusant de pratiquer des actes chirurgicaux, ceci pour la simple et excellente raison que leur prime d’assurance ayant explosée, il leur est devenu impossible de la payer, et donc de protéger tant leurs intérêts que celui des patients ! Absurde, mais bien réel ! A cause de quelques charlatans, la médecine est devenue un produit de consommation comme un autre, une pratique où le client se croit roi, alors qu’il oublie qu’une bonne part des raisons qui le font atterrir à l’hôpital sont de son fait. Le cancer des poumons, la fracture après s’être pris une gamelle à vélo, difficile de les coller sur le dos du toubib, non ? Pourtant, ça braille, ça gueule, ça s’estime plus pressé que le voisin…

L’arrogance fut une des marques de fabrique de la médecine d’antan : le médecin était un notable au même titre que le curé ou le maire, mais aujourd’hui c’est une logique caduque du fait même que les gens sont plus instruits, que les soins sont bien plus accessibles, et qu’il y a eu de véritables progrès techniques. Un médecin se doit d’être respecté comme tout autre professionnel qui pratique un métier au service des autres, et cela ne le dédouanera pas de ses responsabilités. Ce qu’il faut, c’est qu’en toute honnêteté, tout praticien incompétent, dangereux, ou sans scrupule, se voit retiré son droit d’exercer, et encenser le courage des urgentistes, du corps médical au sens large qui se dévoue à des patients pénibles, râleurs et si exigeants qu’un hôtel serait plus approprié à leurs désirs.

Qu’on m’explique clairement une chose : la compétence moyenne des médecins et infirmiers semble en baisse (mais cela ne se dit que sous couvert de la conversation privée bien entendu… ne pas affoler les patients, le H1N1 se suffisant largement à lui-même pour créer de la psychose), mais pour autant rien ne semble être décidé côté pouvoirs publics. Pourquoi ? On recrute à l’étranger pour trouver de la compétence à bas prix, ce qui est inacceptable : deux personnes à même compétence doivent toucher la même rémunération, et l’on se demande alors pourquoi certaines orientations vers le médical (les infirmières notamment) sont en pénurie ! J’ai l’impression qu’on oublie que notre population vieillit, et qu’à terme ce seront ces personnes âgées qui feront le gros de l’activité médicale en France. Pourtant, nul ne s’inquiète de l’avenir des professions de santé qui devront gérer des pathologies spécifiques à l’âge (Alzheimer, incontinence, mobilité réduite…).

Johnny Hallyday a subi une intervention. On dit que c’est un massacre. Il a été réopéré, et la situation semble quand même délicate. On accuse le chirurgien d’avoir bossé comme un sagouin, mais l’on charge aussi le chanteur concernant son attitude supposée désinvolte concernant sa sortie de l’hôpital. Très bien. Laissons la situation se clarifier pour identifier les responsabilités de chacun, mais quoi qu’il en soit, ne mettons surtout pas au même niveau tous les intervenants dans la médecine. Je maudis autant les médecins qui ont eu mon grand frère entre leurs mains et qui ne surent jamais expliquer son décès à l’âge de 18 mois (ou juste simplement admettre qu’il y ait pu avoir erreur médicale), autant que j’admire celui qui a sauvé le doigt de mon père, ou encore celui qui a su soigner mon oncle et prendre les bonnes décisions au bon moment pendant son hospitalisation.

Si le charlatan supposé est coupable : crucifiez le ! S’il est innocent : foutez lui la paix, mais ne mêlez pas tous les médecins à cette mascarade médiatique. Hé oui, j’appelle cela une mascarade, une honte, car, après tout, si monsieur Hallyday s’était appelé Bernard Lambert, 66 ans, retraité des télécoms, personne n’en aurait parlé. Deux poids deux mesures, en espérant que la notoriété de monsieur Hallyday puisse éventuellement permettre un ménage salutaire dans le monde si particulier des chirurgiens.

Deux liens vers ce dossier, histoire que vous puissiez suivre un peu et comprendre ma colère :

Attention, le site porte bien son nom, avec toutes les réticences légitimes qu'on puisse avoir sur l'impartialité et le travail journalistique du site : Info sur Purepeople.com

Même combat, peu d'informations complémentaires sur la presse plus classique, donc je me contente de relayer celui de 20 minutes : Brève sur 20minutes.fr

10 décembre 2009

Prolocratie

De ce néologisme somme toute proche de certains concepts du communisme, il y a l’essence du comportement de certains élus qui, sous couvert de défendre les « prolétaires », agissent avec un populisme puant. Ainsi suis-je fatigué par les incessantes ruades médiatiques de madame Royal, notamment quand il s’agit de ne pas quitter la tête de l’affiche. Quelque part, je la vois un peu comme un acteur has-been qui s’acharne à vouloir être partout de sorte à ce qu’on ne l’oublie pas. Avec 2012 en ligne de mire, la « bécassine encombrante » du PS nous joue encore une de ses comédies avec l’affaire Heuliez (voir les deux liens en fin d’article pour lire plus précisément le pourquoi, le comment que je n’aborderai que succinctement).

En quoi madame Royal me gonfle ? Elle est élue en Poitou-Charentes, ce qui lui donne donc « autorité » pour parler de sa région, et donc réagir à la situation dramatique de l’équipementier automobile. Jusque là, pourquoi pas : après tout, tous les élus agissent de la sorte quand un dossier sensible leur tombe sous la main. En revanche, là où c’est particulièrement pénible, c’est lorsqu’elle tente de tirer les marrons du feu pour revendiquer une action efficace et militante dans le sauvetage de l’entreprise. Quelques précisions me semblent nécessaires : d’une, un repreneur se choisit sur son dossier financier, et donc sur des critères apolitiques, deux encore faut-il qu’un repreneur se présente à la porte pour proposer le dit dossier. Le démarchage des sociétés est possible de la part des politiques, mais en bout de chaîne, il est à noter que l’attitude des régions devient de plus en plus ambiguë. Est-ce légitime que la région et l’état investissent près de 15 millions d’Euros de fonds publics pour sauver une entreprise privée ? Il s’agit là d’une ingérence, ingérence qui a déjà été attaquée par l’Europe concernant d’autres dossiers (Air France en son temps par exemple). Le repreneur en question (groupe Bernard Krief Consulting) est dans la boucle depuis plusieurs mois, et ce n’est que le 9 Décembre qu’une première véritable signature (ayant valeur d’engagement) a entériné l’action et l’honnêteté de l’investisseur. C’est tout de même assez limite comme méthode : Krief a donc attendu que des capitaux soient débloqués par la région et le FSI pour « valider » son envie de reprendre la société… et à quel coût social ?

Madame Royal se gargarise d’une action militante. Admettons… Mais n’oublie-t-elle pas de tenir compte de l’avenir des salariés avant de tenir compte de son avenir électoral ? Une entreprise de 600 personnes qui disparaît, c’est 600 foyers sinistrés, mais aussi des centaines d’autres subissant le contrecoup. En effet, un salarié consomme avec son foyer, donc toutes les activités dépendant de ces dépenses (commerce de proximité notamment) prennent eux aussi la « baffe » économique. L’avenir de madame Royal, personnellement je m’en moque, par contre celui de milliers de personnes en cas de disparition de cette société… Je suis honnêtement outré qu’on s’approprie le malheur des autres pour s’en faire un étendard ! Vive la récupération politique, et le tout avec le ton mielleux qui vous donne rapidement la nausée. Je doute qu’elle sera accueillie avec fleurs et trompettes dans l’usine Heuliez, à moins que son arrivée soit couverte par les caméras, et que les salariés lucides soient écartés du cadre de tournage. C’est ainsi : ce qu’on voit à la télévision suffit à faire croire que les gens soutiennent un politique, mais difficile de croire qu’il n’y a que des électeurs socialistes dans l’usine… non ?

Il y a aussi un autre aspect de son intervention, avec la théorie du complot où madame Royal accuse ouvertement le gouvernement de favoriser Bolloré et Renault au détriment d’Heuliez, ceci sur le marché de la voiture électrique. Madame Royal n’a visiblement jamais entendue parler du principe de productivité et de capacité de production : comment envisager qu’une PME, certes compétente, certes réputée, mais avec des effectifs relativement réduits, puisse atteindre des capacités de production d’une société aussi grosse que Renault ? J’aimerais aussi fantasmer sur la capacité de la société poitevine de prendre l’ascendant sur Renault sur ce marché, mais ce serait au prix d’investissements délirants qu’aucune banque n’acceptera de faire. Je suis le premier à dire qu’il faut préserver le savoir-faire et la compétence d’une société, mais qu’il faut aussi savoir faire preuve de bon sens face aux réalités du marché. Toutes les entreprises de l’automobile ont pris de plein fouet le choc de la crise mondiale, et nombre d’entres elles continuent à se débattre dans des difficultés telles que les sous-traitants sont au mieux payés en retard, voire pas du tout.

Madame Royal reprend à son unique compte la gestion de la situation, et déclare qu’elle travaille pour les ouvriers d’Heuliez. Et contre son adversaire pour les prochaines régionales aussi, non ? Cela me paraît d’une bêtise sans borne de jouer les saintes dans un système où elle agit sur le principe du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Quiconque s’intéresse au marché de la voiture électrique sait que les problèmes techniques actuellement rencontrés par les concepteurs ne sont pas propices à la création d’un véhicule électrique réellement capable de concurrencer la voiture thermique. Marché de niche, pourquoi pas, mais sûrement pas une alternative immédiate. Et ce n’est pas une société en redressement judiciaire qui pourra investir dans la recherche, et encore moins dans la production de masse. Ce serait comme croire que la voiturette sans permis pourrait se substituer à la voiture « classique », et ce sans difficulté ou complication de la part des clients. La loi du marché est dictée par les grandes entreprises qui détiennent les fonds, et par les clients qui choisissent et décrètent si un produit est bon ou non. A ce jour, il n’y a que l’hybride qui fonctionne à peu près correctement (commercialement s’entend), et on est loin du tout électrique !

Elle me fatigue…

Article sur le Monde.Fr

Article sur le Nouvel observateur

09 décembre 2009

Salut à toi

Pour ceux qui, comme moi, ont découverts un rien trop tard les mouvements libertaires, j’aime à répéter qu’il existe toute une production musicale malheureusement trop peu connue pour venir déstabiliser les grosses machines de la musique qui, sous couvert de « mode » vous vendent la même soupe indigeste depuis des années. Bien que la société se soit lancée dans une vaste campagne de normalisation morale et politique, il y a encore des gens qui défendent des opinions où l’Homme et ses libertés sont traités avec respect et intelligence. Et pourtant, ça devrait sembler normal, logique et vital, pourtant les gouvernements des « vieilles démocraties » s’entêtent à démolir les libertés individuelles au profit des libertés des entreprises. C’est dans cette optique qu’on donne raison aux sociétés comme Monsanto contre les petits agriculteurs, qu’on dédouane Total de ses responsabilités concernant l’Erika, ou Total avec le scandale AZF. Dans cette mare où croupissent toutes les pires idées sur la liberté d’entreprendre (au détriment de la liberté de l’Homme), il y a, que ce soit dans la chanson ou sur le réseau, des voix qui s’élèvent et qui crient au scandale.

Mais qui sait que ces voix existent ? Et, pire encore, qui fait la démarche de se soucier de ces opinions en contradiction avec le discours officiel du « Dormez bonnes gens, tout va bien dans le meilleur du monde » ?

Adolescent, j’ai eu la chance d’être initié à des mouvements tels que la mouvance punk, ainsi qu’aux réseaux (de manière fugace et peu active malheureusement) de contestation. Ainsi, Bérurier noir dans les oreilles, « No pasaran » en bandoulière pour les expulsions des squatts, j’ai pu côtoyer des gens convaincus qu’il y avait autre chose que l’argent comme ligne de vie. Seulement, parmi les gens à crête verte et les naufragés volontaires, combien ont résisté à la normalisation sociale ? Les punks d’hier sont souvent les pères et mères de famille d’aujourd’hui, et les rares entêtés se sont laissés emmener par les chimères des stupéfiants des orgies. Que d’idées crucifiées et jetées ensuite au bûcher ! Mais le message persiste, latent, insidieux et clair : pas de démocratie sans liberté, pas de liberté sans déterminisme individuel. Le « no future » des punks signifiait autant une attitude nihiliste qu’un véritable choix de vie où chacun choisissait sciemment son destin, et non celui qu’on lui donne. A « il n’y a pas de futur », il faut donc ajouter le message « il n’y a que le chemin que l’on choisit pour soi ». Mais ce fut déformé et poliment démoli par les médias et les politiques. L’anarchiste ? Un terroriste en puissance. Le révolutionnaire ? Un criminel qui en veut à vos sous. Le démocrate ? Un type qui veut prendre à ceux qui travaillent pour donner aux fainéants. Telle fut l’insulte faite aux libertaires et aux seuls vrais démocrates.

On formate, on encadre, on pétrit le monde à coups d’affiches et de clichés brutaux. Le terroriste était un blondinet convaincu que le communisme fonctionnait, maintenant il est basané et barbu. Demain ? Il sera peut-être au teint jaune, parlant Chinois, et braillant quelque chose de l’ordre du « Vive le peuple Chinois souverain ». Quelle différence ? Aucune, car tous sont caricaturés et utilisés par la politique et les médias. Ecouter de la musique et des chansons n’est plus un acte citoyen, mais un geste de consommateur. Dire que chanter « le chant des partisans », « la Marseillaise », ou encore « L’internationale » était un véritable engagement, mais qui connaît encore les paroles ? Dans la même lignée, je suis souvent écoeuré et outré par le nivellement par le bas de la presse écrite. Engagée, oui, si l’on ose qualifier d’engagement le fait de suivre une ligne d’un parti, ou, pire encore, la ligne du gouvernement ! Quelle presse dit les choses sans pour autant se souiller elle-même en devenant juste vindicative au lieu d’être ce que la presse ne devrait jamais cesser d’être : informative et, s’il le faut, revendicative. Celui qui crie n’est pas celui qui explique. Je ne suis pas de ceux qui ouvrent leur esprit quand on m’engueule, par contre j’admets la contradiction argumentée, voire même j’espère avoir la souplesse d’esprit de pouvoir me convertir à des idées mieux bâties. Ce n’est pas avec une telle presse que je serai aidé !

Quand j’écoute Bérurier noir (les bérus pour les intimes), j’entends ce côté revendicatif et clair qu’exprimaient les punks à la société. Ils disaient sans fard et sans prétention que nous étions tous soumis au consumérisme de masse, que notre opinion n’était que ce qu’on voulait bien en faire, et que la nation ne devait pas se résumer à une couleur ou à une fiche de paie. Je suis affreusement frustré lorsque je fais la comparaison entre les paroles de ces chansons à celles qui font les meilleures ventes. Où est l’esprit contestataire ? Où est le courage d’avoir des opinions ? Plus la France avance, plus elle tend vers un « La dictature, c’est ferme ta gueule, la liberté c’est cause toujours », et cela me fait enrager. Vingt ans après les premiers actes de bravoure de bérurier noir, nombre de leurs textes prennent un aspect prémonitoire. Des preuves ?

Voici des extraits !

Pavillon 36 (1986)
Au pavillon des Oubliés
Ca sent la merde et le vomi
Un pauv' gars lobotomisé
Tape dans ses mains et dans sa pisse
Un autre juste déconnecté
Prostré sans mot reste accroupi
Ici vous êtes bien à Villejuif
Quartier des Crimes Thérapeutiques

Porcherie (1985)
Prostitution organisée
Putréfaction gerbe et nausée
Le Tiers-Monde crève les porcs s'empiffrent
La tension monte, les GI's griffent
Massacrés dans les abattoirs
Brûlés dans les laboratoires
Parqués dans les citées-dortoir
Prisonniers derrière ton parloir
Et au Chili les suspects cuisent
Dans les fours du gouvernement
En Europe les rebelles croupissent
Dans les bunkers de l'isolement

Vivre libre ou mourir (1990)
Et quel futur ?
Pour les petits durs
Et quel futur ?
Entre quatre murs
Et quelle société ?
Pour les enragés
Et quelle société ?
Pour les gueules cassées
Pour les têtes brulées
Pour les agités
Pour les Pieds Nickelés ?
Quelle société ?
Pour les Béruriers
Pour les défoncés
Pour les détraqués ??

Pour écouter les morceaux, rendez-vous sur le site officiel Bérurier noir, sinon un résumé de la trajectoire bérurière sur Wikipedia.

« Salut à toi ô mon frère
Salut à toi peuple khmer
Salut à toi l'Algérien
Salut à toi le Tunisien
Salut à toi Bangladesh
Salut à toi peuple grec
Salut à toi petit Indien
Salut à toi punk iranien... »

08 décembre 2009

Catatonie

Je vous rassure d’emblée, je ne risque pas de devenir catatonique étant donné ma propension à être péniblement virulent en toute occasion. A ce titre, j’aurais tout aussi bien pu occuper une place de choix dans le cirque des politiques, tant je peux devenir insupportable et médisant. Oh, je sais bien qu’il ne sied guère à un libertaire de finir dans un hémicycle, mais l’ambition n’est pas une mauvaise chose dans le fond… bon là je m’égare, ou plutôt je me cherche une échappatoire intellectuelle, tout comme un catatonique en fait !

Le
catatonique semble être une statue humaine, figé dans l’immobilité et l’indécision la plus totale. Cela peut notamment mener à des pathologies très graves d’oedèmes aux membres, et même, dans les cas extrêmes, à de la dystonie neurovégétative (merci Wikipedia pour les précisions, je n’aurais jamais cru qu’un être humain pouvait se décomposer de la sorte par « simple » absence de volonté). Impressionnant, terrifiant, difficile à vivre pour tout le monde, mais techniquement, si je me penche sur les symptômes, que je les compare un à un à l’humanité…

Ah non ! Ce genre de chose pourrait faire très mal, et surtout me mettre en position de méchant bonhomme pas gentil avec ses contemporains ! (Là, c’est la petite voix du fond de l’inconscient qui couine en voulant à tout prix me sociabiliser).

Je disais donc, avant que ma schizophrénie latente me coupe la parole, qu’il est probable que la pathologie catatonique peut aisément être celle d’une société. Détaillons donc ensemble l’idée générale de cette analyse qui, mine de rien, nous amène à décréter que l’humanité est un immense potager où un grand nombre de plantes inutiles et gourmandes poussent dans la plus totale anarchie. Commençons simple : l’inaction. Ah ça, si ce n’est pas une des plus grandes activités humaines… On se complait dans l’inaction la plus totale, l’acceptation par dépit et par facilité des choses les plus pénibles et même infâmantes, et les rares qui osent mettre en doute les bienfaits du laisser faire finissent généralement au pilori, dos au mur, ou au gibet. Bref, l’Homme aime l’inaction, l’oisiveté physique et intellectuelle. C’est par ailleurs sa meilleure excuse pour tolérer tout et n’importe quoi.

Ensuite, second symptôme qui n’est pas contradictoire, le négativisme total. On refuse tout, sous n’importe quel prétexte aussi fallacieux soit-il, et ceci en bloc franc sans détourage. Ah, que l’Homme aime dire « Merde ! » à son voisin, continuer à courir vers la falaise malgré les avertissements, coller la musique à fond pour emmerder son voisinage… Il ne s’agit pas là d’une attitude contestataire puisque le catatonique refuse directement le contact, se referme et fuit le débat. C’est assez proche de l’attitude de votre voisin vous ne trouvez pas ? Plus fort encore : le catatonique, s’il refuse, ne s’en expliquera pas et ne donnera pas de solution pour contourner le blocage. Encore une bonne attitude bien humaine ça : on dit « c’est de la merde », mais sans aller suggérer une solution tierce potentiellement meilleure. Ecoutez donc les conversations de comptoir avec les sempiternels « La politique extérieure de la France, c’est n’importe quoi », sans que cela soit teinté de quelque manière que ce soit d’idéologie. On est contre, juste par principe et par gymnastique de la contradiction. Catatonique quoi.

Ah, les troubles de l’humeur ! Nombre de catatoniques font des allers retours entre le plus grand abattement mélancolique, et le soulagement teinté de plénitude de l’âme… Comme la société ! Un simple mot, une phrase à mots clé et hop, voilà que votre société vous adule (« Nous baisserons vos impôts… »), quelques autres et vous serez bon pour la potence (... mais en contrepartie, nous augmenterons la TVA, la redevance télé et on va tronquer vos remboursements de sécurité sociale »). Pas facile de décrisper un catatonique, pas plus qu’il ne soit facile de déconstiper un homme de la rue. A chaque proposition, il se méfiera, contractera tout ce qu’il pourra, et vous annoncera avec amertume « C’est de toute façon toujours de la merde », avec un timbre digne des plus grandes mélopées tristes du théâtre.

Et puis enfin, l’Homme se braque définitivement. Il choisit de ne plus bouger, de se moquer de tout et de tout le monde, attentiste, cynique, se glaçant le cœur à coup de reproches cinglants faits aux autres. Pas mal, juste une petite absence de nutrition individuelle, ajoutons du mutisme et de l’apathie et voilà un de plus à mettre entre quatre murs sous traitement de choc ! Dites, vous pensez que je peux faire psychiatre moi ? Probablement aurais-je des difficultés à ne pas faire grimper les statistiques de suicide, mais n’est-ce pas là le tribu d’une société qui va mal ?

« Non monsieur, on ne saute pas par CETTE fenêtre, elle donne sur la piscine. Essayez plutôt celle ouverte de l’autre côté, le parking est dix étages plus bas. Et merci de payer avant de faire le grand saut !»