31 janvier 2014

Abstrait

C'est en regardant tard dans la nuit des documentaires, que je me suis rendu compte d'une chose que je soupçonnais déjà, à savoir que la télévision, et plus largement les médias "animés" rendent les choses concrètes particulièrement abstraites. En effet, faute de vivre des évènements, ou pire encore de pouvoir simplement les comprendre, il se révèle souvent difficile d'être ému, ou juste concerné par les images qu'on nous sert. Dans l'absolu, on pourrait croire qu'il s'agit là du détachement naturel de l'individu, et que chacun de nous ne s'inquiète pas outre mesure de ce qu'il voit. Si j'avais à caricaturer la situation, cela serait de présenter un Monsieur Tout le monde, affalé dans son canapé, qui assiste aux horreurs d'une guerre civile tout en dégustant une pizza fraîchement sortie de son four. Et pourtant, quoi de plus concret que l'atroce froideur d'un objectif de caméra? Quoi de plus chirurgical que cet oeil intransigeant qui, faute de sentiment, se régale de nos travers et de notre barbarie ordinaire?

On pourrait, bien entendu, rétorquer avec aisance qu'il y a un besoin d'explication, et que chacun pourrait être tout à fait ému par le regard d'une fillette qui sanglote, par la douleur d'un homme usé par les combats, ou attendri par deux animaux qui jouent dans la forêt. Il n'en est rien: nous pouvons nous laisser entraîner dans l'émotion que quand celle-ci s'applique à détailler une forme, une personne, bref quelque-chose qui nous est réellement proche, ou tout du moins abordable. Peu de gens ont le sang qui se glace à la vue du champignon atomique d'Hiroshima, mais beaucoup sont épouvantés en voyant les larmes d'un gosse atrocement brûlé suite à cette explosion. Est-on donc froids avec le nombre, et sensibles avec l'unité? J'ai dans l'idée que l'Homme n'appréhende pas les "grandes choses", et préfère bien souvent se réduire à ce qui est à sa portée, à savoir une personne, ou tout au plus quelques personnes... En tout cas, tant que c'est dans l'écran.

Depuis plusieurs années, je m'échine à râler contre la récupération des malheurs d'autrui, notamment concernant celles et ceux qui instrumentalisent les actes barbares des gouvernements du passé. On peut en citer des quantités: le régime nazi, les horreurs sous Pinochet, l'attitude ignoble de Pol Pot, ou encore le cynisme Chinois sur la place Tian An Men... mais tous ont un point en commun, du moins pour le spectateur ordinaire: il sait de quoi l'on parle (et encore...), il arrive à conceptualiser l'horreur qu'il a sous les yeux, mais de là à être touché, il y a un énorme pas qui n'est que très rarement fait. C'est trop "abstrait", trop "lointain" du spectateur, car, dans le fond, quoi de plus abstrait que des images ayant plus de cinquante ans, quoi de plus intouchable que le visage de criminels de guerre morts depuis des décennies? Difficile de reprocher à ce quidam de ne pas se sentir concerné à chaque fois qu'il se prend un énième exemplaire d'un documentaire lambda sur la barbarie des camps de la mort par exemple. Il ne s'agit ni de cynisme, ni d'inconséquence morale, juste que le temps fait son oeuvre, et que bien que n'acceptant pas ces images comme étant "ordinaires", notre spectateur se contentera de dire un "plus jamais ça" mou et relativement peu déterminé. Normal, l'abstraction de l'image est liée à celle du temps qui passe. Faute de témoins proches pour transmettre un sentiment, celles et ceux ne s'inquiétant plus de l'image vont donc laisser filer l'occasion de comprendre le passé, pour que l'avenir soit meilleur.

L'oeil humain a cette capacité de distinguer le "vrai", le "faux", et ce que j'appelle 'l'abstrait", et donc de segmenter son niveau de perception. Le "vrai" sera sous ses yeux, en direct, sans intermédiaire technique. Il vivra l'évènement, et sera donc nécessairement touché d'une manière ou d'une autre. Le "faux" sera tout aussi distinctif, avec par exemple les fictions de cinéma, ou encore les jeux vidéos. Par contre, "l'abstrait" paraît bien plus complexe à traiter, car le recul créé par le tournage, ou encore l'âge avancé des images nous poussent à hésiter (intérieurement s'entend) entre "vrai" et "faux". Comment ne pas être sidéré quand on annonce des millions de morts dans des camps, et ne pas être tout simplement incrédule face aux charniers, tout simplement parce que cela semble si démesuré qu'on se dit "c'est impossible de faire tout ça! C'est inhumain!". Là, il y a un vrai problème de fond, car, finalement, se détacher ainsi involontairement de faits, et non de propagande et/ou trucages, c'est nécessairement être amené à en diminuer tant l'impact, que notre capacité à lutter contre un éventuel retour de telles choses.

Il y a quelques années de cela, nous avons vus la rue soi-disant se révolter contre le FN, ceci durant les présidentielles de 2002. Parlez en à la génération qui vient d'obtenir le droit de vote, et vous constaterez une froideur bizarre de leur part, tant parce que cela n'appartient pas à leur temps, que parce qu'ils estiment, à tort, que c'était un incident isolé, une sorte de dérapage politique unique en son genre. La situation actuelle nous prouve strictement le contraire: d'une part, "la rue" précitée n'était pas la foule réelle, mais bel et bien une part congrue de l'électorat. D'autre part, il est fondamentalement possible de voir un vote extrême reprendre du poids dans les urnes. Et en fin, ce n'est certainement pas "la rue" de l'époque qui ira demain voter à nouveau contre le FN.
Relevez bien ce que je dis: en refusant de voir les défilés de 1933 comme étant un avertissement sévère contre la démocratie, en prenant ces marches aux flambeaux comme étant "du passé, on s'en fout", c'est autoriser que, demain, d'autres reprennent le chemin du pouvoir, et ce via les mêmes méthodes, la même idéologie de fond. Je parlais du FN, non pour dire qu'ils sont de cette veine, mais pour mettre en lumière les comportements liés à leur parti. Je songe bien plus à tous ces mouvements naguère discrets (bien qu'influents) qui, aujourd'hui, reprennent le devant de la scène: catholiques radicalisés, extrêmes de gauche et de droite, bref tout ceux qui renient les politiciens en place peuvent nous amener à revoir de tels mouvements.

Je déteste qu'on amalgame les partis à des idéologies antérieures. L'actuel NPA est un héritier direct de la gauche communiste révolutionnaire, tout comme le FN pourrait, pour ses membres les plus durs (ex MNR) être classés parmi les groupes fascisants comme il en existe tant en France. Ce n'est pas cet héritage qui fait que, pour autant, ils iraient refaire les mêmes erreurs, tenir les mêmes discours. Prenez chaque parti pour ce qu'il dit aujourd'hui, pour ce qu'il envisage pour demain, à la lumière de ce qui s'est fait dans le passé. Le monde a eu ses horreurs de gauche, de droite, bref de tous les mouvements possibles en politique. Ces ignominies sont aujourd'hui visibles grâce aux progrès de la technologie, et non absolument rien d'abstraites. Songez donc à ne jamais oublier, en vous bâtissant une vision de l'instant présent. Vous aussi, un jour, vous serez "l'histoire", et l'on vous regardera sans doute avec la même réaction froide à travers un écran quelconque... Alors laissez une trace, parce que c'est probablement la seule chose qui reste de nous une fois partis: le souvenir. Laissez le souvenir de quelqu'un qui a pensé, et non pas de celui qui s'est laissé mener. Et je crois que les regards des déportés à la libération d'un camp doivent absolument autant nous toucher aujourd'hui, qu'ils touchèrent leurs libérateurs.

26 janvier 2014

Les inconnus: tous les sketchs en ligne et gratuitement


Merci à Korbe.info pour cette information: les inconnus ont mis en ligne l'intégralité de leurs sketchs, et ceci gratuitement

Merci à eux...

Voici le lien:
Les inconnus, tous leurs sketchs

24 janvier 2014

Le monde peut être beau parfois...

Le site faithRestoring.com a vraiment de quoi tenter de restaurer la foi que nous pouvons avoir en l'être humain... je vous mets quelques liens, histoire que vous compreniez de quoi je parle (avec la traduction sous chaque image)

Restaurons la foi en l'humanité


Ma femme et moi n'avons ni ami ni famille dans le quartier. Quand nous sommes rentrés à la maison avec notre nouveau bébé, nous avons trouvé cela dans notre jardin, et, je ne vais pas mentir, j'ai pleuré


Deux enfants dans un aéroport


Repas gratuit pour tous les SDF tous les vendredis de 15h à 17h


Je donne chaque jour 55 cents à mon fils pour son déjeuner. On m'a fait remarquer que depuis l'ouragan Sandy, il buvait de l'eau de la fontaine, et donnait cet argent aux victimes. Quand je l'ai interrogé à ce propos, il m'a répondu "Je sais que ce n'est pas beaucoup papa, mais c'est tout ce que je peux donner. Je n'ai pas besoin de mon lait, ils peuvent l'utiliser". La compassion d'un enfant est quelque chose d'incroyable.


La fille de 13 ans de la femme à gauche est morte. Son coeur a été donné à la femme à droite. C'est une mère qui écoute les battements du coeur de sa fille pour la dernière fois.


Ce pompier Danois a sauvé ce chat d'une maison en flammes.
La façon dont ils s'étreignent et l'expression du chat disent tout



Cet homme a économisé 20.000 Livres pour le traitement qui lui aurait permis de remarcher. Il a alors choisi de donner tout cet argent pour que cet enfant puisse faire ses premiers pas.


Merci à la faillite du gouvernement qui ne peut plus payer les gens comme vous qui protègent ce pays. Moi je suis une Américaine, le repas est pour moi.
Merci de protéger les filles comme moi!
Bonne journée,
Sarah







Il a demandé au père Noël que son père revienne


Aujourd'nui j'ai trouvé un laveur de carreaux très spécial à l'hôpital des enfants De Philadelphie


L'acteur Ron Perlman a accepté de passer quatre heures à se maquiller dans son personnage de Hellboy pour visiter un enfant de six ans atteint d'une leucémie, juste pour que son rêve puisse devenir réalité


Aujourd'hui, après une garde de 72 heures à la caserne de pompiers, une femme m'a enlacée tandis que je faisais mes courses. Je me suis tendu, et elle a saisi que je ne l'avais pas reconnue. Elle est partie avec des larmes de joies, puis a fait le plus beau et le plus sincère des sourires en me disant "Le 11 septembre, vous m'avez sortie du World Trade Center"


Un joueur de rugby connu avec sa plus grande fan à l'hôpital.


Le père de cet enfant a construit ce costume autour de son fauteuil roulant pour que, lui aussi, puisse aller chasser les bonbons à Halloween


Un peloton de marines se sont rasés à la tête pour supporter la nièce d'un des soldats dans sa lutte contre le cancer

Et ma préférée...

Nous étions faits l'un pour l'autre, et je voulais vieillir avec toi.
Nous l'avons fait, et, dans mes yeux, tu es aussi belle que le jour où je t'ai rencontrée. Je t'ai souvent dit que le premier jour où je t'ai vue, j'ai vu la plus belle fille du monde. Aujourd'hui, tu l'es encore.
Merci de me laisser partager ta vie avec moi.
Pour toi j'escaladerai la plus haute des montagnes

20 janvier 2014

Y paraît

Il paraît qu'on a encore des artistes vraiment engagés, qui se bougent pour de grandes causes, et qui parviennent à fédérer un peu les foules autour de grandes idées. Ouép, y paraît... Même si je reste totalement perplexe sur cette affirmation tant le PAF (Paysage Audiovisuel Français) me retourne plus un spectacle de dépotoir que de stars réellement méritantes. Prenons par exemple les choses dévoyées comme les restos du coeur. Quoi de plus nauséabond que cette foule de profiteurs qui viennent se refaire une santé médiatique, ceci en jouant les sangsues sur la très belle idée de feu Coluche? Admettons qu'il y en ait des sincères, admettons même qu'ils soient majoritaires (après tout, la charité, ça n'est pas réservé qu'aux pauvres!), pourtant, aujourd'hui, nombre d'artistes vont jusqu'à refuser de participer à la chose. Par gentillesse, les voilà prétextant qu'ils n'ont pas la notoriété suffisante, ou tout simplement le temps de le faire. Allez, je suis sympa, ceux qui répondent "je n'ai pas le temps" sont à mes yeux les plus sincères, puisqu'ils disent franchement qu'ils bossent. Les autres, n'est-ce pas une manière de lancer un "J'ai autre chose à foutre que me mettre à la colle avec des faux-culs sur le retour". Ah, y paraît donc qu'on a des artistes engagés... Mouais, perplexité, quand tu nous tiens.

Y paraît que c'est intéressant de se préoccuper des miches des autres. Typiquement, j'ai gueulé comme un sconse contre ces abrutis qui viennent renifler le présidentiel séant, uniquement pour se donner l'air d'en savoir plus sur lui. Y paraîtrait même qu'il est vachement utile de savoir qui s'envoie en l'air avec qui, et qui ça emmerde profondément. Encore une fois... ouép, y paraît. Y paraîtrait aussi qu'en lançant suffisamment fort un con, il finirait peut-être par rester en orbite haute dans l'atmosphère, sans risque qu'il revienne polluer mon air et ma presse. Hélas, avec des "y paraît", on peut mettre Paris en bouteille, faire renaître une énième fois le King, ou encore envisager d'assister un jour à un concert live de John Lennon. Personnellement, j'émets de gros doutes sur les probabilités de trouver quoi que ce soit d'utile à mon quotidien concernant une haute connaissance des moeurs de nos élus et stars...

Y paraît qu'on est dans un monde qui tend vers la démocratie, qu'on aide les nations à se révolter contre les despotes, et on va même se targuer d'y être parvenus sans trop de dégâts. Là, je dis que même sous le "y paraît", il y a de quoi répondre que c'est purement et simplement un mensonge. Tenez, entre les révolutions arabes tournant court avec l'armée ou les religieux prenant le pouvoir, les différentes républiques ex Soviétiques qui sont encore sous le joug de la Russie, ceci à travers l'économie, ou encore toutes les nations "démocratiques" qui font de plus en plus de lois pour non plus le peuple, mais bel et bien les trusts et les plus puissants, je doute qu'on puisse me parler sereinement de progrès. A ce compte là, je présume qu'une surveillance systématique, l'apparition de milices privées, ou encore l'autorisation d'écoutes sans action d'un magistrat peuvent apparaître comme "légitimes", non? Y paraîtrait donc qu'il faut être en prison pour être libre. "Vaste programme", comme l'ai dit un jour le général De Gaulle...

Y paraît que je suis un con acariâtre, insuffisamment sociable et probablement misanthrope à mes heures. Je confirme! Je suis un GROS con, du genre encombrant, pénible, râleur, et indubitablement convaincu que la connerie est une vertu quand elle se fait le reflet de celle des autres. J'aime l'idée pourtant saugrenue d'être un miroir, une chose susceptible de renvoyer à la tronche des abrutis qu'il y aujourd'hui encore des gens qui réfléchissent... Y paraît que ça fait transpirer les bien-pensants. Profitez en donc, vous pouvez encore "penser"... Jusqu'au jour où vous serez face à une société majoritairement lobotomisée par le pouvoir d'achat et les médias, et une minorité d'énervés qui, comme moi, ne se reconnaîtront plus dans un modèle soumis à des codes et des règles inacceptables.

Donc, pour celles et ceux qui ne m'aiment pas: ôtez le "y paraît". Je suis un con, et bordel j'aime ça!

15 janvier 2014

Elle est pourtant si belle cette France

L'actualité aime à me rappeler que je suis un éternel imbécile, un candide, un crétin qui pense qu'on peut avoir à l'écran et dans les journaux non pas des obscénités, mais des informations essentielles pour connaître le monde qui m'entoure. J'ai cette bêtise, aussi désespérante que tenace, de supposer qu'un scribouillard a pour fonction première d'informer, et pas de colporter des ragots ou des insanités. Malheureusement pour moi, ce seul côté "attendri" pour l'usage de la plume est en passe de devenir un souvenir, et de convertir mon dernier bastion d'espoir pour l'Homme en citadelle de cynisme.

Et pourtant, j'y ai cru, à cette propreté de l'écrit, à cette saveur du papier qui restitue des choses utiles et intéressantes! Je me revois encore dévorant ces pages pliées, fleurant l'encre fraîchement déposée, souillant sournoisement mes phalanges de son noir si caractéristique! Hélas, trois fois hélas, l'aperçu des unes de ces derniers jours me laissent franchement estomaqué. Prenons le premier "fait" qui semble tenailler tous les organes de presse, ainsi que la part voyeuse de la population, à savoir la vie privée du président. Dites, les barbouilleurs de papier toilette, ça vous dérangerait d'arrêter de faire les poubelles des gens, ou à la limite de vous cantonner à celles qui concernent les affaires d'état? Sérieusement, je m'en contrefous de savoir qui couche avec qui, si la "première dame" est cocue ou non, ou encore si elle savait pour cette relation supposée! La sexualité d'un politique n'a aucune importance selon moi, et plus encore relève de la sphère privée. Certains journaleux ont eu le malheur, par la voie des ondes, de déclarer sans frémir qu'il n'est plus possible d'avoir une vie privée quand on est un personnage public. Petit rappel à ces abrutis: vous êtes des personnages publics, puisque connus de la foule... Ce qui sous-entend, selon votre raisonnement puant, que vous devriez, vous aussi, exposer le fait que vous avez divorcé, que votre maîtresse vous a fait les poches, ou encore que vos gamins s'envoient de la cocaïne dans les naseaux. Tiens, vous n'êtes plus si sûrs? Alors quoi, deux poids deux mesures? Belle France, celle qui estime qu'un président peut être exposé en place publique pour sa vie privée, et qui a contrario trouve scandaleux qu'un journaliste puisse potentiellement subir le même sort...

Et allez, dans la valse (avec le jeu de mots qui va bien) des conneries monumentales, voici le Dieudonné qui débarque en pleine page, la mine troublée, feignant l'outrage suite à ses démêlés avec la justice. Alors, raisonnons non pas comme les groupes récupérant l'affaire (aussi bien religieux que politiques), mais de manière complètement administrative et légale.
  • 1° on traite des faits après qu'ils se soient déroulés, pas dans l'hypothèse "au cas où".
  • 2° Si ses propos sont inacceptables, qu'ils soient constatés pour donner du blé à moudre aux juristes et à l'appareil juridique en place.
  • 3° Il n'y a pas de traitement d'exception: ce n'est pas parce que Dieudonné s'attaque aux juifs qu'on doit immédiatement lever les boucliers et partir du principe que c'est intolérable. Il y a bien d'autres propos tout aussi lamentables qui sont tenus dans des chansons, dans la presse, ou à la télévision, et là étrangement silence radio.
  • 4° La liberté d'expression est à appliquer à tous les niveaux, et entendre des gens proférer des menaces contre Dieudonné n'est pas plus tolérable que d'en entendre d'autres tenir des propos racistes ou xénophobes.
  • 5° Je ne saurais cautionner une telle cabale, car elle démontre, et ce de la manière la plus pitoyable qui soit, que nos politiques sont plus empressés à cirer les godasses de quelques "intellectuels", au lieu de se tenir à une ligne de conduite claire.
Si je soutiens Dieudonné? Si je cautionne ses propos? Comment soutenir quelque-chose sans savoir eu même l'occasion d'entendre ce qui s'est réellement dit? Vous jugez quelque-chose sans avoir eu connaissance des faits, vous? Pas moi en tout cas. Bizarrement, on ne se révolte pas quand un humoriste prend l'accent africain, quand quelqu'un insulte ouvertement les Chinois, quand on tourne en dérision les jeunes des banlieues... C'est quoi cette France sans morale qui se permet de telles différences de traitement? C'est quoi cette nation où l'on prétend défendre les libertés, tout en faisant intervenir les plus hautes instances?
Je hais profondément celles et ceux qui se torchent ouvertement avec les lois de la république. Ras le bol de cet épouvantail "Antisémite!" agité constamment sous nos yeux. Marre qu'on essaye de me faire culpabiliser pour le moindre propos tenu. J'en ai assez qu'on tente de m'enfourner dans la tête l'idée saugrenue que je devrais être la tête baissée face à une tranche de la population. Combien de fois va-t-il falloir que je hurle "MERDE, je n'ai pas voté Hitler! Je n'étais même pas né!" pour que ces débiles saisissent enfin la portée du propos?!

Belle France, aux territoires superbes, aux populations bigarrées qui tentent de vivre ensemble... que fait-on subir pour noyer l'opinion publique sous des océans d'immondice! Je maudis ces personnes qui se font fortes de nous faire la leçon, qui se veulent "moralement irréprochables", et qui pourtant, par derrière, pratiquent des méthodes qui doivent être dénoncées, voire même sanctionnées. Quand on salit l'image publique de quelqu'un, comme c'est actuellement en cours avec le président, j'appelle cela de la diffamation, ou, si cela est vrai, de l'espionnage de la vie privée. Vous, les chantres de la liberté, de l'anonymat, les amoureux de la vie privée, vous ne hurlez pas pour faire cesser de telles pratiques? Non? Pourquoi? Seriez-vous donc prêts à faire une dichotomie malsaine entre ceux dont on veut connaître la vie privée, et les autres (dont vous-même, je suppose)? Pas moi! Pas de distinction, une loi pour tous, et tous égaux devant la loi. Pour Dieudonné? Si l'arsenal juridique est en place, bien utilisé, et qu'il met en relief une attitude inacceptable, et bien qu'on sanctionne, qu'on punisse, mais qu'on arrête de mettre le personnage en avant comme s'il était le diable en personne. Celui qui est le diable, c'est celui qui désigne du doigt le "méchant", non parce qu'il peut le prouver, mais parce qu'il considère qu'il est le méchant face à ses propres convictions.

Je crois qu'il est plus que temps de sortir le fusil pour passer au poteau ces gens là. Finie la tolérance du n'importe quoi, finie la sagesse face à la bêtise! Une carte de presse se mérite; la position de magistrat également; tout comme un élu a sa place grâce à nous. Beaucoup de gens s'interrogent sur la montée du FN en France... Mais vous l'avez, là, sous les yeux, la raison! Elle est si flagrante, évidente, pathétiquement claire que je ne saisis même pas que personne ne semble s'en inquiéter. En laissant faire n'importe quoi avec l'image publique, les personnes inquiète de cette dérive "people" vont se rabattre sur les partis prônant l'ordre et la discipline; En mettant en exergue une personne comme Dieudonné, et ceci sur une thématique aussi sensible que les propos tenus sur les juifs, le racisme et la xénophobie à leur encontre va s'intensifier. En se supposant "différent", "élus", on dénigre directement tous les autres, on les met face à un mur où aucun dialogue n'est possible. Ca vous choque? Vous trouvez qu'il s'agit d'un discours xénophobe? La vérité est autrement plus simple que ça: quand on se dit différent avant de se dire Français, on ne peut qu'attirer la foudre sur soi. Aussi déplorable que cela puisse paraître, tant que l'on acceptera de nos dirigeants une politique du pantalon sur les chevilles, nous n'obtiendrons qu'une grogne de plus en plus forte des gens qui veulent simplement un traitement uniforme, juste et légitime, et ce pour tout le monde, sans distinction d'ethnie, de couleur, ou de confession.

Pour finir cette diatribe, je vais vous remettre un bout de texte assez essentiel à mes yeux. C'est un propos de Pierre Desproges (oui, bon, encore lui, mais merde: il a dit précisément ce à quoi on se heurte si l'on aborde le sujet juif en France aujourd'hui). A la lumière de ce texte, posez vous une seule et unique question: aurait-il pu dire cela aujourd'hui? Selon moi, non, il aurait eu le droit à ce même battage, à cette crucifixion stupide, et je m'interroge même s'il n'aurait pas tout simplement récolté de la prison ferme...


Je relisais Juifs et Français d’Harris et Sédouy.
Les auteurs demandaient à une grande journaliste très belle et pleine de talent (que ma discrétion m’interdit de nommer ici) si elle aurait épousé Ivan Levaï dans le cas où ce dernier n’eût pas appartenu comme elle à la communauté israélite.

Cette dame a répondu que non, qu’elle n’aurait probablement pas pu tomber amoureuse d’un non-Juif.

Je comprends aisément cette attitude qu’on pourrait un peu hâtivement taxer de racisme. Moi-même, qui suis Limousin, j’ai complètement raté mon couple parce que j’ai épousé une non-Limousine. Une Vendéenne. Les Vendéens ne sont pas des gens comme nous. Il y a le barrage des patois, fort lointains. Et puis nos coutumes divergent et divergent c’est énorme. Voilà une femme qui mange du poisson le vendredi en tailleur Chanel. Moi je mange de la viande le mardi en pantalon de coton. Il n’y a pas de compréhension possible. Nous avons notre sensibilité limousine. Nous avons bien sûr notre humour limousin qui n’appartient qu’à nous. Nous partageons entre nous une certaine angoisse de la porcelaine peu perméable aux Chouans.

Il faut avoir souffert à Limoges pour comprendre.

Grasset, 1979

PS: en complément de mes propos... veuillez noter une chose particulièrement lamentable que j'ai omise dans le feu de l'écriture: comment nos dirigeants peuvent-ils parler de justice, quand eux-mêmes ne se sont pas modérés et ont même ri en poussant des cris de singe dans l'assemblée? N'Est-ce pas là du racisme? Ah? Non? Quand on veut nettoyer les fesses d'autrui, encore faut-il avoir soi-même les fesses propres!

06 janvier 2014

Je dois avoir un problème

Comme n'importe quelle personne douée d'un minimum de raison, je me dis parfois que j'ai un problème intellectuel, ou en tout cas un souci m'amenant à me poser bien trop de questions. Ainsi, il m'arrive régulièrement d'apposer la question fondamentale qui est "Pourquoi?!" concernant plein de choses de la vie courante. Que ce soit l'actualité, la publicité, le cinéma, ou encore les relations humaines, le "pourquoi" me pose bien des difficultés! Et pourtant, ce n'est pas peine d'avoir tenté d'occulter la dite question, pour ne pas tout simplement dire l'éluder afin de passer outre la sombre bêtise dont je semble cerné. Cependant, il s'avère que la dite suppression ne fonctionne guère, tant mon esprit s'entête, s'accroche à ses doutes, à tel point qu'un "N'y pense pas, c'est con, voilà tout!" finit en "Mais pourquoi?!"

Prenons un peu l'actualité et posons nous la question. Pourquoi la téléréalité? Pourquoi les débiles enfermés dans un loft accumulent-ils plus d'intérêt que la situation du monde? Pourquoi se préoccupe-t-on plus de la grossesse d'une "tête couronnée", que des attentats survenus quelque-part dans le monde? Et puis, pourquoi faut-il qu'on ait un rapport quasi quotidien sur les moeurs supposés dissolus de nombre de nos stars? Personnellement, savoir qui couche avec qui, la dernière sortie de la coconne issue d'une sélection du bestiaire des émissions à grande audience, ou encore le poids la taille ou quoi que ce soit issu de l'utérus d'une embagousée et fière de l'être, cela a autant d'influence sur moi qu'en a l'étude (sûrement passionnante) de la forme des cristaux de neige! Je m'en contrefous, je m'en tamponne... et pourquoi diable le monde s'inquiète de toutes ces conneries? A croire que le fait de s'intéresser au vide intellectuel permettrait de soulager la cervelle... Ce serait à creuser comme thèse ça tiens.

Ah, la publicité, le petit écran, le cinéma, quoi de plus délectable que de se cogner un truc popcorn où le bon sens, la normalité, ou encore le crédible sont mis à la poubelle? Franchement, nos maîtres du cinéma adorent faire certaines choses qui, somme toute, n'apportent strictement rien, pas même une once de crédibilité. Songez-y: pourquoi fait-on sauter des quantités délirantes de voitures dans les films d'action? Pour le plaisir de voir d'énormes gerbes de flammes, alors qu'une voiture n'explose jamais ou presque de la sorte? Pourquoi nous faire du "tournage à l'épaule", si ce n'est pour nous filer la nausée au visionnage? Et pourquoi coller du "3D" de partout, alors que très majoritairement, cela n'apporte strictement rien au film? Merde quoi, autant la véracité, voire même la plausibilité des scénarios sont douteuses, mais on passe outre, autant tenter de me faire avaler qu'un type peut se tenir debout, sur l'aile d'un chasseur, le faire sauter, et s'en sortir vivant.. là, merci, mais "Pourquoi me prend-on pour un con?!"

Et que dire des relations humaines? Elles sont au coeur de notre existence, et pourtant le non-sens semble être une quasi obligation. Entre ces couples qui se déchirent en privé, et qui continuent à afficher un visage radieux, ces gens qui font tout pour avoir une image (au choix le salopard qui cherche la merde partout pour se donner de la prestance, la gourde qui s'entête à vouloir apparaître comme moins idiote qu'elle ne l'est, ou un cumul des deux...), il y a sincèrement de quoi se dire "mais Pourquoi?!". Soyez vous-mêmes, et pas ce que vous auriez voulu être! C'est d'ailleurs particulièrement symptomatique d'une époque où le paraître pèse bien plus que le reste, où les apparences déterminent clairement la conduite à tenir en société. Bordel, que c'est con comme raisonnement, comme si qui que ce soit était dupe de l'imbécile qui s'est endetté à mort pour s'offrir "son roadster", comme si l'on ne voyait pas la distance qui se met entre les gens quand ça ne va plus, ou comme si l'on était assez stupides pour avaler les rocambolesques aventures de X et Y au pays des mythomanes.

Ahh làaaa laa... Pourquoi?! hein oui, pourquoi?

02 janvier 2014

A toi qui retournes à la terre

Certains ont fêtés noël. Certains ont profités de ce moment pour retrouver la famille, de voir les proches, de sourire, de partager un repas, de s'offrir des présents, et de savourer ceux qui sont encore là.

D'autres, comme moi, ont versés des larmes au moment de noël. D'autres, comme moi, ont eu le choc de voir quelqu'un partir à tout jamais. Et pourtant, c'est la veille de noël, le 24 au matin, c'est le moment où l'on songe plus aux cadeaux et à la dinde, qu'à la maladie et aux gens qui souffrent. Mais c'est ce matin du 24 Décembre 2013, toi, mon oncle, toi Joseph, frère de ma mère, né le 19 Février 1966, que tu es parti à tout jamais rejoindre ceux qui nous ont déjà quittés.

Te décrire, ce serait tenter de mettre par les mots ce que sont les sentiments eux-mêmes. Que dire de toi? Que tu as été un homme droit, honnête, sincère, simple? Que tu as toujours été fier de ce que tu as été, de ce que tu as fait? Que tu es parti comme tu as vécu, difficilement, mais fièrement sans jamais baisser les bras? Ce ne sont que des mots, des illusions, des idées, rien qui soit suffisamment fort pour tout dire. J'ai à présent l'éternité pour songer à chaque anecdote, à chaque petit rien qui aujourd'hui devient si important. Parti trop jeune, épuisé par le cancer, par le petit crabe qui a dévoré ta vie pendant presque deux ans, tu es resté fidèle à l'idée que je me suis toujours fait de toi: tu as toujours été un Homme.

C'est en le regardant, en l'écoutant, que j'ai appris énormément de choses sur ce qu'est le courage et la dignité. Il faut avoir côtoyé des anciens combattants pour saisir la profondeur des silences de ces gens, il faut les avoir écoutés pour pouvoir dire "je crois comprendre". Volontaire de la première heure pendant la guerre d'indépendance de Croatie, il a, comme on dit, "crapahuté dans les pires merdiers". Ce que je sais? Si peu, car lui ne fut jamais vraiment prolixe à ce propos, si ce n'est que lorsqu'il y avait un verre de trop au fond du gosier, et que l'anecdote se révélait drôle et posée au bon moment. S'est-il plaint d'avoir vu les horreurs de la guerre? Jamais. Jamais il n'a dit un mot sur l'atrocité de devoir tuer, de voir des civils massacrés pour une différence d'ethnie ou de religion. Jamais il n'a fait le moindre commentaire sur l'ennemi, si ce n'est qu'ils tenaient, eux aussi, un fusil entre leurs mains. Qu'a-t-il fait sur le champ de bataille? Je n'en sais rien, et je crois que cela n'a pas tant d'importance que cela. Il a été volontaire, "dobrovoljac" comme on dit chez nous. Ce mot a un sens tout particulier, parce qu'il cumule la volonté de s'engager, mais également la fierté d'avoir cette détermination. "Ponos", fierté, courage... au point de ne pas quémander une aide quelconque de l'armée au moment où, justement, cela aurait peut-être pu lui être utile pour vivre. C'est ainsi: on aime sa patrie, on ne se bat pas pour en profiter. Ainsi fut-il, ainsi il est parti, sans rien réclamer à qui que ce soit.

Le 27 à 14 heures, les gens se sont réunis autour de son cercueil. Il y a eu foule ce jour là, dans ce petit cimetière de village, en haut d'une petite colline, là où sont déjà mes grands-parents. Dans toute la vallée, on a pu entendre les cloches sonner le glas. Partout dans la vallée, on a pu savoir qu'il rejoignait sa dernière demeure. Partout dans la vallée, on a eu le respect de se décoiffer pour saluer un homme à qui l'on rend les derniers hommages. Des soldats se sont alignés dans une allée, fusil à l'épaule. Ils avaient tous le visage fermé, triste, comme s'ils portaient le deuil pour la nation reconnaissante. Un ancien camarade de combat a dit quelques mots, et ses phrases vibrèrent d'un trémolo profond, digne mais plein de larmes étouffées. Chacun versa ses larmes, chacun put pleurer mon oncle, et moi aussi, j'ai versé les miennes. J'ai entendu le clairon résonner, d'abord avec l'hymne, puis enfin avec la sonnerie aux morts. On a descendu la boite au fond de la fosse, on y a jeté une fleur pour chaque personne pensant à lui. Ma mère y a jeté une fleur pour chacun de nous, pour mes neveux, pour mon frère, pour notre famille ayant perdu un être cher. Lentement, la procession a défilé pour nous serrer la main. Lentement, les gens se sont éparpillés, l'oeil humide et le coeur lourd.

Ce jour là, j'ai vu ce que c'était que d'enterre un homme considéré par beaucoup comme un héros. Il était plus que cela, il était mon oncle, un Homme, dans toute la force et la faiblesse que cela peut être. Il a vécu, il est parti, mais il n'est plus là que par le physique. Pour nous tous, il sera toujours présent, et jamais je n'oublierai ce grand bonhomme robuste, un rien ermite, gentil, généreux et fier.

A ta mémoire Joseph.

On t'aimera toujours
Ton neveu