28 novembre 2008

Envie

Pour le coup l’actualité pourrait me fournir de quoi râler : massacres en Inde, crise mondiale, les SDF... donc un concentré des misères et folies humaines sur une seule page. Prenez les sites dédiés aux informations : rien de rassurant, de la peur engendrée par la mort et surtout une situation où chacun se demande son devenir. En réalité je n’ai pas goût à m’intéresser à ces dérives car au fond il fallait s’y attendre, en tout cas concernant le terrorisme en Inde. Tôt ou tard l’extrémisme ressort sous une forme plus ou moins virulente et force est de constater que, malgré les progrès de l’éducation, malgré l’amélioration des conditions de vie que la haine ne diminue pas. Racisme, intolérance, si l’on pouvait les quantifier il serait sûrement décevant de constater que nous ne progressons pas. L’obscurantisme est une composante inusable de l’âme humaine. Déprimant...

Alors quoi ? Dois-je broyer du noir et me laisser aller au cynisme et à l’ironie ? La tentation est là, redoutable amie qui s’apprête souvent à me fondre dessus comme les corbeaux fondent sur les corps mutilés après la bataille. Là je ne te cède pas, démon de l’écriture ! Je me cantonnerai à des banalités, à laisser divaguer ma plume sur le ton le plus léger possible et à sembler être aussi intellectuellement impliqué que l’est un journaliste de Voici. Hé oui ! Je me sens dégagé de la responsabilité de réagir aux propos des politiques et au désastre qu’engendrent l’incompréhension et la gestion à la va vite. Je n’ai aucune obligation après tout, pas plus que je ne me sens responsable de la situation quotidienne des SDF en région parisienne, pas plus que je ne suis impliqué dans quelque trafic d’enfants comme les belges viennent d’en constater. Je laisse le monde tel qu’il est, suintant de mauvaises intentions, transpirant la mauvaise foi et qui se rattrape juste parce qu’il existe quelques personnes soucieuses d’être en paix avec une puissance surnaturelle et que cela les incite à « bien faire ». Quelle ironie ! Se retourner vers un Dieu alors qu’on n’a pas l’honnêteté de se regarder en face pour se corriger soi même !


Soit. C’est vrai qu’il est difficile de ne pas hurler au scandale quand un de nos élus revendique de manière très maladroite la nécessité d’aider les sans abri en les « forçant » à rejoindre des hébergements d’urgence. Je constate ma foi avec dépit qu’il est plus simple de parler que de connaître un sujet. D’ailleurs si les hommes politiques connaissaient les sujets dont ils parlent rares seraient ceux qui oseraient prendre une décision mais là je m’égare. Mais là pour le coup je reviens en arrière, je calme ma colère et la met en veilleuse en décidant que n’ayant mis personne à la rue, n’ayant pas été le financier complaisant responsable de bien des faillites je n’ai pas à m’énerver pour tout ça. Difficile, je lutte, je me mords les lèvres... Rhaaa je craque ! Tas d’imbéciles bornés et vivant aux crochets de la nation quand apprendrez-vous à la fermer sur des choses aussi délicates ?

Et merde je m’emporte, je me laisse prendre au jeu et j’exprime ma colère. Laissons la sortir, j’aurai lutté en vain. On ne gère pas un SDF comme l’on gère un animal de compagnie, on n’emmène pas un homme au refuge comme on peut le faire pour un chien à la SPA ! S’ils refusent l’aide c’est essentiellement du fait que les lieux supposés les accueillir décemment sont des sites infâmes, exigus, mal adaptés et qui plus est le théâtre de bien des débordements : violence, toxicomanie, absence d’hygiène et j’en passe. Messieurs dames, allez donc choisir entre un appentis peu reluisant et une cage avec un matelas au milieu de gens ivres et pouilleux. Tiens bizarrement plus personne n’est candidat pour le centre d’hébergement ! Ca me gonfle que personne ne comprenne qu’il s’agit là d’une dérive de notre société qui traite plus aisément les problèmes financiers mondiaux que les problèmes élémentaires humains. Qui sait, si la crise devient aussi dramatique qu’en 1929 alors peut être que les alignements d’affamés à la soupe populaire saura faire remettre en cause notre façon de voir les sans logis.

Et finalement j’ai râlé...

26 novembre 2008

Les dialogues

Souvent difficiles à monter, les dialogues tant dans les films que dans les livres sont de véritables défis. En effet, le rythme et le phrasé sont des composantes difficiles à appréhender pour l’esprit. L’auteur, souvent confronté à la question, tente désespérément de se glisser dans la peau de son personnage. Anonnant, braillant, chuchotant, notre pauvre bougre taillé comme un escogriffe peinera donc à trouver la juste intonation et la parfaite réplique à mettre dans la bouche de son stentor furieux d’avoir été trahi. Oh bien sûr certaines phrases très « clichés » arrivent bien à sauver les meubles et insérer des hésitations permettent bien des raccourcis, toutefois de telles magouilles ne seraient que peu supportables sur la durée d’une pièce de théâtre ! Alors quoi, écrire un dialogue serait un art ? Je n’en doute pas un instant.

Il y a autre chose de très amusant avec l’écrit c’est que le dialogue doit être bien plus mis en scène qu’au cinéma, ce qui est paradoxal à dire. En effet, le cinéma vous martèle ses images et il devient difficile de renier le souvenir d’un bon mot du baraqué viril dans un incendie alors que cette même remarque dans un livre nécessite un enrobage textuel des plus rigoureux. Dire simplement « c’est un incendie » ne suffit pas à mettre en place la tension nerveuse ainsi que l’environnement, non, il faut réellement insister sur chaque chose de sorte à ce que l’imaginaire ait de quoi se nourrir. Alors franchement, rédiger un dialogue dans un livre tient franchement d’une souffrance !

Et il y a ces dialogues, improbables, incongrus, stupides, faits pour étonner ou bien involontairement étonnants. C’est généralement une constante dans le cinéma navet où les répliques fortes sont si exagérées qu’elles en deviennent risibles. Il y a de vrais maîtres dans le domaine et le cinéma d’action américain n’est pas avare dans ce domaine : Chuck Norris est d’ailleurs vénéré sur Internet pour ces phrases si « fortes » qu’elles en sont pathétiques et drôles. Qui ne rit pas à un « Je mets les pieds où je veux, et c’est surtout dans la gueule ! » Amusant, mais déplacé dans un film où la dite réplique est supposée moucher le méchant... Bref, encore une fois cela confirme qu’à vouloir bien faire l’on fait rire au lieu de faire réfléchir. Ceci étant, les dialogues décalés me font souvent réagir car ils scrutent les fondements de la langue et s’amusent à tricher avec les règles de compréhension. A l’instar d’un Vaudeville bien mené, une scène jouée à contresens est un plaisir pour celui qui sait y déceler l’ironie et les jeux de mots parfois bien cachés.

Imaginez donc...

Imaginez une salle d’attente d’hôpital, une de ces pièces anonymes où les murs blancs disputent leur froideur avec l’éclairage glacial au néon. Sentez la vague odeur d’éther et écoutez les pas cadencés sur le linoléum ciré à outrance. Ressentez cette crainte d’être là car rien n’est moins naturel que d’être présent dans une salle d’attente lorsqu’on est en bonne santé...

Trois types sont assis, tous se sont saisis d’un journal différent pour trahir leur attente et faire en sorte que le temps soit moins suspendu. Ordinaires, aussi différents qu’ils sont identiques dans leur commune inexistence, ils n’osent pas trop parler de peur de rompre le silence commun à toutes les pièces où des nouvelles doivent tomber. Cependant, l’un d’eux se décide à parler, plus par le jeu de la politesse que par nécessité d’entendre des banalités.

- Alors c’est pour bientôt ? Commence-t-il en baissant son journal.
- Aucune idée, depuis le temps que ça dure ! Répond le second sans quitter des yeux son magazine.
- Ah bah ça franchement j’aurais pu m’en passer ! Fait le troisième en frottant sa barbe naissante.
- Ce n’est pas un heureux évènement pour vous ? Reprend le premier en s’étonnant.
- Vous en avez de bonne vous ! Vous appelez « ça » un heureux évènement ? Râle alors le troisième en réajustant ses manches. On aura tout entendu !
- Ben je ne sais pas moi... franchement ça m’a rendu heureux et fier dès que je l’ai appris, rebondit le premier en soupirant. C’est vrai que ça fatigue et que c’est assez définitif comme étape, mais de là à s’en plaindre.
- Je voudrais vous y voir, vous avec ces grandes pensées. Moi, j’espérais que cela ne m’arriverait pas !
- Et moi je suis d’accord avec vous ! C’est vrai quoi, on a toute la vie devant soi ! Acquiesce aux propos du second le troisième qui commence à s’emporter. Et puis en être fier faudrait voir à pas déconner !

La discussion s’envenime, les mots fusent de plus en plus fort quand une charmante infirmière arrive, avec le sourire qu’on attend d’une personne chargée de calmer les patients. Au premier elle annonce alors que son fils est né dans de très bonnes conditions, au second que sa pauvre mère malade d’Alzheimer a été placée en gériatrie et au troisième que le cancérologue l’attend dans son bureau pour planifier sa chimio...

Ambiance, dialogue, contresens...

24 novembre 2008

Une mère

Elle qui m’a donné la vie, je me demande ce que tu peux penser de moi. Suis-je à la hauteur de tes attentes, es tu fière de ce fils qui chaque jour doute de lui-même autant qu’il doute de l’existence ? Comment poser des questions à celle qui fut épaule pour consoler, cœur pour éduquer puis aussi bras pour soutenir et nourrir le gosse que je fus ? Souvent l’on croit que communiquer est simple, qu’il suffit de dire et d’exprimer mais dans le fond ce n’est pas une vérité absolue. Chacun ressent différemment sa relation avec ses parents, certains les craignant, d’autres les révérant à l’excès. Moi, ma mère est un ange aux épaules larges qui dût prendre en charge une famille et se découvrir des ressources inconnues.

Raconter son enfance ? Elle-même en parle avec fierté disant qu’elle apprit à lire en surveillant un pâturage et que le trajet de cinq kilomètres à pied pour aller à la « communale » n’a jamais été pénible. Démunie ? Douloureuse ? Peut-on sereinement parler de dénuement quand soi-même l’on est né dans le coton ? Je connais cette maison où l’eau courante n’est toujours pas installée, où l’eau représente une corvée, où chaque chose est un labeur. La campagne se mérite, elle se vit la goutte de sueur au front. Enfant elle a connu cette existence tout en estimant ne rien avoir à regretter. Courage ? Abnégation ? Ma grand-mère tient elle aussi ce discours en décrétant que le passé est vécu et que seul le futur mérite qu’on s’y intéresse. Allez savoir, c’est peut-être la meilleure approche possible.

Grandir, encore et toujours, devenir adolescent puis adulte. Je n’ai pas à me plaindre, j’ai connu un foyer, il fut ce qu’il fut mais jamais je n’eus à subir de violence ou pire encore. Fut-elle martyrisée ? Non, elle affirme un amour sincère et entier pour ses parents, elle me dit même espérer être un jour aussi bien qu’eux. Pourtant devoir sacrifier ses rêves parce que l’argent manquait c’est ce qu’elle fit en orientant ses études vers la restauration plutôt que vers la comptabilité. A qui le reprocher ? Personne ne peut être responsable de la misère, personne n’est à blâmer quand la viande est un plat de luxe, quand une orange est un fruit offert comme cadeau de noël. Dire que nous sommes tous pourris gâtés ne me semble pas être exagéré vu cet écart incompréhensible pour les égoïstes que nous sommes devenus.
Alors travailler, encore et encore, se sacrifier pour pouvoir envoyer un peu d’argent à la maison, aider aux tâches ménagères, qui se sent encore capable aujourd’hui de tels sacrifices ?

J’ai honte de l’admettre car je me suis souvent senti trop fier de ma carrière professionnelle, mais elle est un exemple : toujours levée aux aurores, dernière couchée, épuisée mais vaillante, jamais baisser sa garde malgré l’usure et la bêtise humaine. Plus d’une personne aurait cédée à cette existence avec un fils décédé en bas âge, une vie d’immigrée parlant à peine le français et un époux aussi travailleur que capable de s’enivrer pour s’abrutir à mort. A-t-elle été courageuse ? Le silence qu’elle a quand il s’agit de parler de cette époque semble s’exprimer à travers ses prunelles bleu pâle avec une profonde tristesse. J’ai connu ces moments de larmes silencieuses, ses larmes qu’elle laissait parfois perler mais qu’elle étouffait pour ne pas nous blesser. L’enfant se souvient, quoi qu’on puisse croire au sujet de sa capacité à oublier les douleurs.

Aussi rapide qu’un courant d’air le temps passa, l’ivresse disparut et ses deux enfants devinrent des adultes. Grand-mère à présent, elle accorde enfin un peu de sa vie non à trimer mais à s’amuser en compagnie de cette descendance tant espérée et crainte à la fois. Crainte ? Oui la crainte tacite qu’un fils ait à vivre le même calvaire qu’elle a vécu en perdant un enfant, crainte aussi que la vie de famille se disloque à cause de la dive bouteille. Ceux qui commentent ce genre de choses sans avoir ce vécu se doivent de se taire, rien ne saurait exprimer l’angoisse de faire grandir des enfants à proximité de telles difficultés. Miracle ? Raison ? Tout disparut à la naissance du premier petit fils, comme s’il était un ange qui se chargea de mettre un terme à cette existence. Merci à lui, merci pour ce miracle auquel je ne croyais plus.

Puis là aujourd’hui tu as 56 ans. Tes cheveux sont blancs, tes jambes, ton dos trahissent plus le poids des heures passées à travailler que ton âge et pourtant tu souris, tu nous aimes et tu le dis. Que te dire ? Je n’ai pas de mot pour rappeler à quel point je te suis redevable, qu’il m’arrive de regretter certains mots que je me serais bien gardé de dire, et puis si je n’ai qu’une chose à te dire, à te répéter à chaque fois : je t’aime maman.

21 novembre 2008

A Manon

Pour ceux qui se demandaient de qui je parlais hier soir via cette vidéo, je ne peux qu’exprimer plus précisément qui elle était et comment elle a vécu. En aucune manière il est simple de parler d’une personne disparue d’autant plus quand on a des sentiments forts pour celle-ci. Cependant, j’éprouve l’envie de vous parler un peu d’elle et ainsi faire remonter à la surface des souvenirs la concernant, qu’ils soient agréables ou non. A toi Manon je dédie donc ces quelques lignes aussi vaines que nostalgiques.

Plein de gens vous affirme qu’il est impossible de bâtir une relation saine via un réseau comme Internet. Entre clichés pédophiles et transformisme moral facilité par l’anonymat, discuter avec une inconnue et lier avec elle une relation forte semble invraisemblable... et ce fut pourtant le cas. J’ai connu Manon par l’intermédiaire du réseau lors d’un de mes égarements verbeux sur un tchat. Tout se fit avec aisance car de par ma virulence et sa grande tendance à dire ce qu’elle pensait nous ne pouvions que nous comprendre ! Peu à peu nous nous dévoilâmes, lentement, avec la pudeur des grands timides que sont les grandes gueules. « Quel âge as-tu ? », puis vient « es tu seule ? », pas à pas nous nous laissâmes porter par une amitié toute fraîche et visiblement taillée pour durer un petit moment. Cela arrive parfois : on a cette conviction que cela va être dans la durée et que le virtuel n’empêchera pas pour autant une véritable relation. Habitant Nice elle ne pouvait pas me rejoindre en banlieue parisienne, et inversement je ne pouvais pas me libérer aisément...

Puis un soir elle m’avoua son handicap : paraplégie. Quelle importance à mes yeux ? Aucune, le handicap ne définit pas la personne, c’est la personne qui se définit par elle-même. Bien sûr nous eûmes de grandes conversations sur le comment, le pourquoi, les conséquences, bref sur sa vie et sur comment elle envisageait l’avenir. Posez vous la question : comment vivre quand vous vous rendez responsable de la mort de votre mère ? Manon conduisait la voiture, un homme ne respecta pas le code de la route. Sa mère périt et Manon y laissa bien plus que l’usage de ses jambes. Le choc avait été si grave qu’en chirurgie ils durent se résoudre à lui ôter tout ce qui pouvait représenter sa féminité. Ainsi, non seulement sa jeunesse venait de se briser mais sa capacité à enfanter disparut dans le même accident. Difficile à assumer pour une jeune femme de 20 ans à peine. Vous mesdames et mesdemoiselles, vous êtes les mieux placées pour comprendre cela je pense.

Si seulement elle avait pu ne pas avoir de séquelles. Morphinomane de fait à cause de la douleur, régulièrement réopérée puis mise en tension (c’est un supplice terrible que je ne souhaite à personne), elle souffrit régulièrement le martyre en évitant toujours de se plaindre. Seule sa voix au téléphone trahissait sa souffrance, seule cette voix s’éteignant chaque jour un peu plus racontait sans faux semblant la douleur d’être alitée ou de souffrir d’escarres à force d’être assise. Elle ne craignait plus la mort, elle craignait de rendre triste son fiancé qui était fou amoureux d’elle. Comment le lui reprocher après tout ? C’est tellement plus douloureux de voir les autres souffrir avec vous que votre propre souffrance en soi. Je n’ai jamais maudit ce conducteur, était-il un criminel, un bourreau, que sais-je, un assassin au volant ? Je ne peux pas me permettre de lui reprocher quoi que ce soit vu qu’elle lui avait déjà accordé l’absolution. C’est ainsi, elle porta jusqu’au dernier moment le fardeau d’avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment.

J’écoute parfois son témoignage enregistré qu’elle m’a laissé comme épitaphe. Pas de plainte, pas de remord, juste la sensation que la prochaine chirurgie aura raison de ses dernières forces. J’eus beau tenté de me convaincre que de la convaincre qu’elle avancerait coûte que coûte, je pense qu’elle savait déjà qu’elle ne vivrait pas suffisamment longtemps pour qu’on se rencontre enfin. J’avais enfin réussi à débloquer un déplacement dans sa région, ou du moins à proximité afin de nous voir après ces mois de discussion. Peine perdue, le déplacement fut reporté à une semaine, semaine durant laquelle Manon décéda. J’appris la nouvelle par son fiancé qui décida de rester auprès de son « beau père » qui lui décéda il y a environ un an d’une crise cardiaque. La vie est immonde parfois, on écrit souvent sur les actes manqués et pour ma part j’ai le regret impossible à soigner de ne pas avoir pu être là pour la soutenir autrement que par l’écrit ou par la voix.

Elle était si drôle avec son sens de la dérision. « Je suis partie faire un footing », ça c’est du répondeur pour une paraplégique non ? Et puis visionnez à nouveau la vidéo de la veille, vous écouterez attentivement les paroles et les comprendrez très différemment. C’est elle qui m’a fait découvrir les Wriggles et ce magnifique morceau. Merci pour elle.

Si vous sentez que quelqu’un vous est cher, si vous sentez cette énergie, ne baissez pas les bras, avancez, donnez-vous les occasions que la vie vous refuse...

20 novembre 2008

Une pensée pour une amie partie trop tôt

Sans commentaire...

Tu es partie trop tôt Manon.

Frédéric qui pense à toi et à cette chanson que tu aimais tant.

19 novembre 2008

Vies et ressentiments d’en dessous.

Suite à un commentaire amical d’une excellente amie (mais néanmoins aussi peu étanche intellectuellement que moi), la suggestion fut que je rédige un article sur le dessous de ma tenue, en l’espèce le caleçon, slip ou boxer qui vêtit en théorie tout homme ayant une hygiène corporelle normale. Mais au lieu de faire une diatribe sur l’objet textile en question, si nous lui donnions la parole ? Somme toute, les objets ont peu le loisir de s’exprimer, et même d’exprimer leurs frustrations vis-à-vis de l’usage que nous en faisons (à l’exception des armes qui, elles, parlent régulièrement de vengeance contre l’engeance humaine). Alors, toi le slip kangourou, perdu dans le tiroir du bas de la commode, que penses tu de nous autres les « mâles » ?

Hé !

Bordel il fait noir ici, et puis ça sent la chaussette.

Fais suer tout ça, ça commence à me tendre les coutures qu’on ne me réponde pas ! Ouais je sais que les vêtements de Madame me snobent de par ma basse extraction dénuée de dentelles et autres falbalas ridicules, mais tout de même que les chaussettes ou que les boxers soient muets, là il y a comme du racisme ! D’abord je n’ai pas demandé à être un slip blanc ordinaire, à la base j’étais prévu pour entrer dans la fabrication de chemises bon marché. C’est plus classe de couvrir les épaules d’un smicard que de soutenir les balloches d’un bourgeois ! Bon alors où que c’est qu’on allume ici, et puis cette chaleur ! Faudrait que je repousse la porte, mais où que c’est qu’elle est cette foutue sortie ?

Bon les mecs là, y a quelqu’un ? Allez quoi, répondez, c’est frustrant de se savoir entouré mais sans pouvoir communiquer avec quiconque. Comme dirait l’autre, la vie est dégueulasse et je peux vous dire que la mienne n’est pas enviable. Dès que ça commence au mieux on vous emballe dans un cellophane qui schlingue le plastoc fondu, ensuite on vous suspend dans des rayonnages éclairés au néon qui vous refait la rétine façon Ray Charles et pour finir l’entrée en matière on vous balance dans une benne en fil de fer pour conclure sur le passage au tapis roulant caoutchouc où vous entendez un Bip des plus sinistres. Et hop ! La bagnole et déjà le premier stockage à l’ombre, à croire q’un slip est un éternel bagnard. D’ailleurs les constructeurs de voitures, vous pourriez rembourrer les tapis de sol, c’est vraiment la misère de finir la gueule contre une plaque à dix centimètres du bidon d’huile. Ce n’est pas du snobisme mais un peu de confort ne saurait nuire !

Et allez, déjà que ça commence comme un polar où vous êtes la victime désignée, faut qu’ensuite on vous foute dans une machine qui vibre, tourne et vous noie dans une bouillasse infecte à base de savons et autres tensioactifs de mes deux. On frôle la noyade et les autres cons eux semblent blasé dans le grand tonneau en inox. Blub, burp, encore un tour... et vous croyez que c’est fini ? MEUH NON ! Cette pourriture accélère et tourne à vous en filer la gerbe tout ça pour virer la flotte qui est venue vous refaire les jointures. Alors torchonné, essoré, lessivé, puis finalement pendu par les miches à un fil au soleil, si ce n’est pas de la torture c’est quoi alors ? Je connais plus d’un t-shirt qui n’a pas survécu à ce traitement de faveur... Bref, si encore c’était tout passerait encore vu qu’on embaume la lavande de synthèse, mais voilà que bobonne dans sa grande générosité se pointe avec le fer brûlant, vous asperge d’une saleté supposée vous rendre confortable et plaf sur la gueule le fer ! Ca fume, vous braillez mais on ne vous entend pas là haut, trop occupés à regarder les feux de l’amour la grognasse ! Et voilà qu’on achève la besogne en vous pliant et en vous collant dans le tiroir.

Fais chier, ils dorment tous. Fait nuit dehors ? Fait jour ? J’ai pas entendu le réveil pour le moment, donc le Bernard Menez de madame dort encore. Sûr qu’il ronfle comme à son habitude en se grattant périodiquement les sacoches. Mon pauvre frangin d’infortune, toi aussi tu as le droit au coup de l’élastique distendu !

Ah mais vous pensiez qu’il n’y a que ça comme supplice ? Mais pensez donc ! Déjà c’est peu ragoûtant d’être un sous vêtement, mais imaginez la réalité de la chose ! Enfoncez vous dans le crâne qu’on se paie tous les travers de ces messieurs : la tite goutte qui déborde et qui vous refait le teint à la chinoise, le lendemain de nuit scabreuse qui vous offrent le loisir du tatouage brun, et puis faut pas oublier le soin que certains ont à ne pas nous remettre en état par la torture de la machine, ce qui vous donne le loisir de découvrir qu’un bouc est un animal qui sent particulièrement bon finalement. Sans aller dans le fond des choses j’ai une envie de révolte rien qu’en y songeant. A la longue on dit qu’on se fait à tout, moi je ne suis pas encore fait à la panne de papier toilette ! Salaud ! Je ne suis pas un torche miche ! Merde alors !

Ah, tiens ça bouge. Ils se planquent tous les lâches... ah non, pas moi, fais chier j’ai déjà donné la semaine dernière ! Non ! Lâche moi ! Laisse moi prendre une pause, l’autre calebut’ là, il n’a pas fait son office depuis deux quinzaines ! Mais qu’on me foute la paix !!!

18 novembre 2008

Et un petit clip

Juste pour le plaisir des oreilles et des yeux!

Nature urbaine

Toi qui déambules entre les arbres de béton, qui se penche sous leurs branches d’acier, toi qui te protèges sous le nénuphar de verre de ton abribus, pense à la verdure. Observe donc ces façades anonymes, écoute le chant des téléviseurs venus remplacer celui des oiseaux et demande toi ce que tu fais ici. Je ferme les yeux et je vois, je ressens, ma sensibilité s’évapore et je suis loin, loin du bitume, loin de l’entassement humain. Je m’assois sous le vieux pommier qui courbe sous le poids de ses fruits mûrs, mes narines frémissent à la saveur étrange des orties fraîchement fauchées, et mes mains se régalent au contact de l’herbe déjà haute. Suis-je là, est-ce l’été ? Peu m’importe, mes yeux se posent sur un champ de maïs aux épis encore vêtus de leur robe de pousse au toucher proche d’un velours râpeux.

Je m’éveille au bruit d’une voiture trop pressée ; les flaques reflètent les étoiles artificielles des lampadaires, les néons se disputent le ciel tandis que les maisons commencent déjà à fumer leur réchauffement par des cheminées lancées vers la grisaille de l’hiver qui s’approche. Le col remonté je frissonne légèrement en heurtant les quelques pavés de ma semelle épaisse. Au loin les gens s’empilent et se disputent une place dans un bus bondé. Qu’ils se battent, je préfère passer mon tour et attendre patiemment le prochain. Le livre en main je rêve et fais traîner mes yeux sur les lignes qui se brouillent. Sensation de papier usé sous les doigts, je reviens à ces champs qui sont autant de sillons alignés face à moi. Il a beau faire assez chaud la brise remue les plantes sauvages et vient se glisser le long de ma nuque. Je marche, seul, silencieux, souriant, heureux de vivre dans les effluves d’un monde qui se devrait d’être celui de tous, un environnement où la nature n’a pas à disputer sa place aux constructions.

Ca y est, je suis à bord de ce vaisseau bariolé en compagnie d’inconnus tout aussi perdus dans leurs pensées qu’ils semblent chercher à se cacher d’avoir quelque pensée que ce soit. Canne posée sur les genoux un vieil homme essuie la buée de la vitre et observe sa ville qui mute sans arrêt, où les immeubles s’effondrent sous les pinces meurtrières d’un engin, pour voir ensuite renaître un autre bloc aussi monstrueux que le précédent. Est-il nostalgique ? Je ne sais pas, il ne semble pas vouloir refléter sur son visage la sensation de vide que laisse un logement habité des années durant et condamné au néant par le progrès si mal nommé. Je m’éveille encore, assis sur un tas de paille sous le toit de chaume d’une grange à la charpente noircie par le temps. Il y fait chaud, la poussière semble suspendue en nuages et les épis dénudés du maïs de l’année dernière ont pris la couleur du grenat. De la main j’en saisis un, léger, presque friable et le lance sur le tas au loin. A mes pieds un tas de charbon abandonné trône là dans sa noirceur perpétuelle, prêt à servir mais jamais utilisé depuis des années. Pendus aux murs faits de planches disjointes les outils du paysan sont en bois, façonnés et ouvragés comme on ne sait plus réellement le faire sans copier. Il y a une franchise dans ce manche de pelle, une sorte de respect pour l’outil avec ses faces polies par le frottement de mains calleuses et besogneuses.

Je descends, les portes se referment et le bourdonnement répétitif du moteur s’éloigne. Les gens se pressent, ils referment des boutons sur leurs manteaux. Moi, j’avance lentement, revoyant le jardin tout en longueur avec au loin une haie cachant un portillon délabré. Fait-il frais ? J’ai remonté tant de fois ce chemin sous la pluie qu’elle en devient une compagne habituelle. Si je prends à gauche ce sera pour aller vers de la famille, si je tourne à droite ce sera pour aller observer les bovins laissés en liberté dans le pré adjacent. Quelle importance ? Là je tourne à côté d’un trophée à la bêtise et à l’urbanisme sauvage, pavé carrelé supposé rendre plus esthétique nos déchets en les camouflant derrière du béton. Pourquoi n’y a-t-il que de l’herbe ? Pourquoi laisse-t-on qu’une essence d’arbre ?

J’avance sur la route, la déroulant dans ses nœuds et courbes pour le plaisir de me noyer dans la forêt. Chênes, noyers, peupliers, sapins, chaque arbre représente des décennies de vies, d’histoire, de fin d’ères dont ils se moquent totalement. Toi qui commenças ton existence avant la mienne et qui la finira probablement après mon trépas, n’es-tu pas ironique en nous voyant nous agiter ? Je m’arrête, j’écoute les branches qui tremblent, les bosquets qui s’agitent à la fuite d’une bête et je me laisse charmer par ces chants d’oiseaux, si nombreux, si loin, si proches... Sous mes semelles ce n’est pas l’asphalte qui sonne, ce sont les branches mortes qui bruissent. Feuilles en tas, pousses éparses, soleil tamisé, tu es maison abri et lieu de vie.

Et cet immeuble pathétique à la façade décorée d’un semblant de naïveté supposée rappeler qu’il fut un temps cet endroit était arboré...

17 novembre 2008

Psychologie terroriste

Suite à mes inquiétudes concernant le retour sur le devant de la scène (via le cinéma) de personnalités fortes comme Mesrines ou la bande à Baader, je me suis posé la question cruciale qui est de savoir ce qui peut amener des gens apparemment ordinaires, intelligents, cultivés à prendre les armes et choisir la délinquance ainsi que la vie errante de personnes traquées. C’est tout de même intéressant : on ne saurait affirmer que les terroristes soient nés assassins et encore moins que l’environnement soit totalement responsable de l’émergence de mouvements anarchistes, révolutionnaires et surtout usant de la force des armes au lieu de celle des mots. Pourtant, force est de constater que même les nations les plus « démocratiques » ont leur lot de poseurs de bombes et de figures emblématiques dans le domaine du terrorisme.

Tout d’abord faisons un aparté des plus importants : Mesrines n’a jamais été un personnage de type Robin des Bois ou bien appartenant à quelque parti politique optant pour l’action criminelle. De fait, cela l’exclue immédiatement du débat sur l’aspect moral de cette criminalité vu qu’il a choisi le crime comme moyen de subsistance et non comme moyen de revendication. Toutefois accordons lui une chose : il s’est battu contre ce qui était nommé les QHS (quartiers de haute sécurité) qui étaient la honte des geôles françaises. Pour y avoir été détenu il put en parler avec légitimité et dénoncer avec justesse tant l’inhumanité du traitement des détenus que le silence coupable des institutions pénitentiaires.

Revenons au terrorisme. Si l’on prend la bande à Baader en Allemagne ou Action Directe en France, il est tout d’abord notable que l’organisation de tels mouvements n’aurait pu se faire sans l’assistance de personnes cultivées, intelligentes et au sens inné du commandement. On ne saurait créer un groupe terroriste sans un minimum d’organisation et de planification, notamment quand il s’agit d’un kidnapping ou de la pose d’une bombe à retardement. Ce point est donc essentiel pour entrer dans le sujet : sans « cerveau » pas d’action. Au surplus, on ne nomme pas « entreprise criminelle » ces mouvements par pure dérive du langage : tout groupe appliquant le terrorisme nécessite les mêmes réflexions qu’une entreprise. Recrutement, équipement, réseau d’assistance, contacts éventuels sur les marchés « spécifiques », bref budget et ressources humaines tout comme toute bonne PME bien gérée. Il y a donc des cerveaux à la tête de ces groupes, des gens forts qui savent et réfléchissent pour les exécutants.

On peut aisément prétendre que l’éducation est une portion congrue et pas forcément nécessaire à ces chefs de guerre, mais je préfère contredire ce raisonnement : quand on veut traiter avec l’étranger pour des armes, quand on veut détruire un ennemi il faut le connaître et donc avoir une culture du système visé. Raisonnons jusqu’au bout : tout attentat se doit de cibler correctement sous peine d’être au mieux inutile au pire contreproductif. A ce compte la décision est donc prise avec la pleine conscience de la société dans laquelle le terroriste navigue et use de ses failles les plus subtiles : corruption, chantage et j’en passe, tout est bon pour véroler et briser le fonctionnement de la machine étatique. En conséquence il y a un double aspect psychologique chez ces gens : une détermination sans faille mais aussi une réflexion intense sur les méthodes employées. M’est avis que la plupart ont raisonnés des années durant avant de passer à l’action et qu’une fois le cap du premier mort passé plus aucune reculade n’est possible.

Quand on se déclare terroriste il faut qu’une idéologie soit transmise. Jusqu’à preuve du contraire la pose d’une bombe n’est jamais gratuite politiquement et savoir exprimer des idées et les transmettre (oral, écrits, médias...) nécessite un idéologue rompu à l’art de la propagande. Encore une fois impossible de s’appuyer sur des gens sans éducation car communiquer c’est avant toute chose savoir rédiger pour que le message passe au plus grand nombre. Si un groupuscule fascine plus qu’il n’effraie c’est généralement parce qu’il a trouvé le moyen de se rendre séduisant aux yeux d’une tranche précise de la population : les déçus du système. Lorsque les grandes heures d’Action directe et de la bande à Baader furent terminées leur symbolique continua bien longtemps à fleurir sous forme de tags et autres graffitis sur les murs des « bloc-hommes » destinés à entasser l’humanité dans du béton préfabriqué. La banlieue fut donc le réceptacle favorable à toute une génération de passionnés qui des années après vouent encore un culte à ces deux groupes. De fait, cela confirme une chose : psychologiquement un meneur terroriste se doit donc d’être non seulement supérieurement intelligent pour être un organisateur clairvoyant mais pardessus le marché un véritable gourou pour ameuter une foule de sympathisants plus ou moins réceptifs à ses discours.

Passons au-delà des bilans de ces groupes qui finissent majoritairement derrière les barreaux et de temps en temps sous les balles de la police. Il est intéressant de constater que nous qualifions ces groupes de terroristes du fait d’un recours à la violence bien peu en phase avec le besoin de paix de la population. Posons nous la question suivante : sommes-nous dans l’erreur ? Tous les résistants sont qualifiés par les dictatures par l’étiquette commode de « terroriste », et par ce fait ces gouvernements font le plus possible de battage pour décrédibiliser l’action directe en la traitant de barbare et sanglante. On n’a pas hésité à qualifier les résistants de meurtriers et à présenter des corps mutilés en prétendant que c’est leurs bombes qui sont les responsables... mais est-ce le cas ? A mon sens cette interrogation est essentielle car elle noterait alors une conscience collective concernant l’état de santé de la démocratie et non pas un choix de révolte. Si les Baader, Meinhof, Rouillan et Ménigon avaient agi en situation réellement dictatoriale, aurait-on fait leur procès comme nous le faisons à présent ? C’est un doute dangereux car dans l’absolu ce qui justifie le terrorisme c’est le désespoir de voir les choses changer plus que l’envie du changement. On ne saurait légitimer le meurtre comme façon de voir le progrès social car à ce jeu « Celui qui tue devient le tortionnaire. Qui tuera le nouveau tortionnaire ? »

14 novembre 2008

Manipulation

Dès lors que l’on annonce aux gens qu’ils se prêtent facilement à la manipulation de masse ceux-ci vous affirment en braillant qu’ils ne sont pas le jouet d’une dictature ou bien qu’ils sont conscients des mensonges qu’on leur sert. J’avoue sourire avec un soupçon d’ironie à ces affirmations notamment suite au constat fait par mes soins concernant l’affaire des saboteurs SNCF. Que ce soit à une échelle personnelle ou nationale l’essentiel des discours tenus ne sont pas faits pour nous informer mais juste pour nous tenir éloignés de toute crise. Observez donc : si la crise financière sabote allègrement les économies nous sommes tout de même dans le vague et le peu qu’on nous transmet a pour but de nous maintenir dans une relative sérénité. Entre engagements de l’état vis-à-vis des finances et discours paternalistes des patrons affirmant maîtriser la situation, il est clair que nous ne sommes pas vraiment au fait de l’actualité, tout au plus effleurons nous la surface, et ce en suivant donc la volonté de plus « puissants » que nous.

Alors quoi ? N’est-ce pas doux de s’assoupir avec la certitude d’être dans un monde agréable ? Ma foi j’aimerais pouvoir éviter de médire, pouvoir m’affranchir du doute permanent qui m’assaille quand j’ouvre les news du jour pour y pêcher mon information. Ce qui me frustre bien plus que le fait de savoir que nous ne sommes pas vraiment mis au courant c’est surtout d’avoir la désagréable sensation de jouer les oiseaux de mauvais augure en plaçant mes commentaires sur les sujets de l’actualité. Israël ? Trop sensible. Irak ? Trop loin. Economie ? Trop complexe. Elections ? Trop politique. A ce rythme rares seront ceux qui auront un minimum de bon sens pour se faire non pas chantre de l’histoire mais plutôt apôtre des vérités. Notez d’ailleurs que tout contre courant est aujourd’hui blâmé et ciblé comme étant déviant voire dangereux pour l’état, et par voie de conséquence, pour nous tous. C’est tellement plus commode d’interdire des idées plutôt que de les analyser et ainsi les contrecarrer honnêtement quand elles sont réellement dangereuses…

Soit. Je ne peux pas renier mon côté désagréable et médisant, mais de là devoir me taire parce que ce n’est pas acceptable de mettre en doute ce qu’on nous dit, il y a de la marge. Peut-être devrais-je apprendre à ne plus dire tout haut ce que je pense… Mais cela me semble inapproprié. Il faut dire ce que l’on pense, s’affirmer est une nécessité absolue, d’autant qu’être dans la masse s’avère à présent une règle, et personnellement devenir un mouton me laisse perplexe. Qu’on s’assomme à coups de réalités faciles peut se concevoir, pas s’aveugler purement et simplement sous le prétexte que c’est plus confortable que d’être lucide. Prenez donc un peu tous les conflits : en dehors des clichés choc servis bien sanglants qui se préoccupe des forces en présence, du pourquoi, du futur de ces nations sacrifiées ? Personne si ce n’est les politiques, avides de ruptures à prendre en main et donc de peuples à manipuler.

J’ai les oreilles qui sifflent que trop souvent à l’écoute d’assertions aussi dangereuses qu’incongrues. A écouter les chroniqueurs seuls l’étranger subit l’oppression, seul les pays en dictature subissent la répression et la censure. Je préfère dire objectivement que nous ne sommes pas dans une situation de totalitarisme, mais que simplement nous avons choisi le silence et l’aveuglement pour bourreaux. On tait les vrais drames sociaux, on asphyxie lentement mais sûrement des populations entières pour les sacrifier à l’autel de l’économie et la seule réponse qu’on nous présente est le bénéfice net de la société incriminée. Qu’on arrête de me faire croire qu’économie rime avec destruction. La gourmandise mondiale n’est pas le fait d’un système mais d’une façon de penser qui se concrétise chez les rares oligarques de cette planète. Après cela, facile de fournir des images faciles à digérer, surtout quand celui qui licencie possède aussi la chaîne qui diffuse le reportage…

Je suis frustré. Tout le monde se fout de son voisin comme de la Vérité, première vertu vitale à l’homme. Nous ne sommes pas supposés vivre comme un troupeau bon à remplir les abattoirs, nous nous targuons depuis des millénaires de penser et réfléchir. Qu’on use chacun de cette capacité pour progresser, pas pour nous enliser encore un peu plus dans l’apathie si commode aux dirigeants !

13 novembre 2008

Pas le temps

A l'instar du lapin d'Alice au pays des merveilles j'observe avec anxiété ma montre gousset et braille à qui veut l'entendre que je n'ai pas le temps d'écrire ce soir. Je prends donc juste quelques instants pour vous prévenir et vous rappeler que non je n'ai pas encore l'intention de fermer ma gueule, surtout sous prétexte que je n'ai rien à dire!

Cordialement,
JeFaisPeurALaFoule/Frédéric

12 novembre 2008

Inquiétante enquête éclair

Je suis sûrement paranoïaque. Il y a des signes qui ne trompent pas : à chaque fois que l’on m’assène une vérité j’ai tendance à la remettre en doute et pire encore j’ai bien souvent l’impression que la dite vérité m’a été servie dans le but d’assoupir mon sens critique. Observons l’actualité : hier furent arrêtés une dizaine de saboteurs présumés dans le cadre de dégradations d’équipements de la SNCF. Jusque là on ne peut pas dire que ce soit autre chose que du sensationnel propre à remplir les unes des journaux en mal de nouveauté. Personnellement j’ai une réaction bien différente par rapport à la population, et je m’en vais vous l’expliquer en détails.

Tout d’abord les faits : des tordus se sont mis à saboter les lignes d’alimentation des trains en déposant des morceaux de fer sur ceux-ci de sorte qu’au passage d’un caténaire le câble soit arraché. Question méthodologie cela semble assez efficace vu les dégâts et retards constatés sur les différentes voies ciblées. De là, vu la répétitivité du scénario la SNCF a porté plainte ce qui a mené à une enquête déclarée comme « éclair » et qui engendra hier dix arrestations dont huit (les sources se mélangeant les pinceaux, je reprends un article sur Yahoo) de le milieu de l’extrême gauche. Le scénario semble intéressant, des activistes souhaitant paralyser l’état en s’attaquant à ses infrastructures, c’est presque crédible, non ?

Alors qu’est-ce qui me fait donc tant tiquer là dedans ? Le plus évident à mon sens est la douce satisfaction dont se nimbent les usagers qui supposent que « les saboteurs en prison, les trains fonctionneront ». Avant de les juger coupables encore faut-il prouver leur implication, et ce n’est pas l’arrêt des dégâts qui serait une preuve en soi ! J’estime que tous nous nous devons de respecter le principe fondamental d’innocence jusqu'à preuve du contraire, et qui plus est de prendre avec des pincettes les affirmations sur l’appartenance politique des prévenus. Ils ne sont pas mis en examen, ni même incarcérés mais juste en garde à vue ! Déjà là c’est plus qu’inquiétant que de se dire que la population avale sans se poser de question toutes les « vérités » qu’on leur assène, d’autant plus quand on leur présente des coupables sur un plateau.

Second point qui est l’alerte majeure à mes yeux est le fait que la dite enquête se soit si rapidement déroulée avec une efficacité digne des meilleurs polars. En quelques heures on découvre qui, pourquoi, comment et qui plus est où ! C’est trop beau, bien trop beau pour être vrai d’autant plus qu’apparemment les arrestations furent procédées à des lieux très différents et distants les uns des autres. Qu’on ne me fasse pas avaler que le miracle existe, surtout en terme d’enquête policière. Le premier métier de l’investigateur c’est avant toute chose celui d’une fourmi triant le bon grain de l’ivraie, éliminer les fausses pistes et les suspects innocents. Ensuite, il s’agit de détailler le dossier pour la mise en examen, concentrer des preuves, organiser les interventions sur le terrain puis enfin exécuter l’ordre d’arrestation. La police est procédurière et il me semble particulièrement invraisemblable qu’on ait été aussi prompts et aussi efficaces sans intervention de structures bien plus « libres » que la police nationale…

Continuons dans cette réflexion. Qui peut donc aller aussi rapidement en se préoccupant plus de l’efficacité que des règles ? Certainement pas la PJ qui craint trop d’être mise en accusation pour avoir débordé de ses compétences. Alors qui ? Les héritiers des RG, la DGSE, ou bien la DST ? Qu’importe : l’essentiel est là, presque trop flagrant. Cette enquête dure soit depuis des mois et l’on attendait une occasion pour intervenir en masse (donc travail de fourmi déjà réalisé hors des effets de manchette), soit ce travail fut mené en dehors du respect le plus élémentaire des libertés individuelles : écoutes téléphoniques, potentiellement piratage informatique, filatures, surveillance, pose de micros, que sais-je encore, en tout cas un arsenal de méthodes peu reluisantes mais apparemment nécessaires pour arriver à leurs fins. Je suis donc particulièrement inquiet quand les gens sont rassurés : là où notre police s’avère aussi efficace c’est qu’elle serait devenue la digne héritière des Gestapo, Stasi et autres GRU de sinistres mémoire.

Je ne peux m’empêcher de douter du bien fondé de tout ce battage médiatique qui corrobore encore un peu plus mes hypothèses : pour connaître les opinions politiques de quelqu’un on ne doit pas s’arrêter aux apparences, pour connaître les motivations d’un homme il faut donc le connaître lui-même et ne pas se satisfaire de bribes et autres ragots. De là, bizarrement, tous les organes de presse se sont faits les gorges chaudes du côté « gauchisant » des dits terroristes d’opérette. Syndrome Lee Harvey Oswald ? Il y a quand même quelque chose de flagrant dans tout cela : on vient de nous présenter un coupable tout désigné et lisse au point d’en être idéal… sauf que le coupable idéal n’est pas forcément le VRAI coupable. Espérons tout de même que ces interpellations soient légitimées par une réalité, c'est-à-dire une véritable enquête argumentée et prouvant que ces personnes soient réellement impliquées et non des noms à mettre dans des procès verbaux.

Je martèle depuis des mois (voire des années) qu’un indice fort d’une dictature en marche n’est pas le bruit des bottes mais avant toute chose l’anéantissement de l’opinion personnelle. Nous assistons avec ce dossier à une flagrante mise en scène de l’actualité à un point tel que gober ce cirque est potentiellement une preuve de sa soumission à une nouvelle forme de propagande. Je ne nie pas la potentielle réalité tant du dossier que de la possible (je tiens à l’hypothèse !) culpabilité des prévenus, mais ne faites pas de raccourci trop rapide. Cette façon de faire a trop de similitudes avec d’autres grandes enquêtes de notre histoire : les assassins de François-Joseph, Lee Harvey Oswald avec Kennedy, les attentats dans le monde qu’on attribue par commodité au groupe rebelle présent dans le coin et j’en passe. Systématiquement une action « terroriste » est motivée, décidée et planifiée. Les opinions soi disant véhiculées par ce groupuscule d’extrême droite me semblent ineptes et loin d’être crédibles. On n’immobilise pas et on ne menace pas un état en sabotant des trains, on ne fait que s’attirer la colère et la frustration des victimes, en l’occurrence les usagers. Si faire la révolution c’est se mettre la population à dos, là je dis bravo, c’est une réussite !

Dernier point : l’action directe, terroriste, celle prévue pour le sabotage des infrastructures pour paralyser un pays existent. Il y a des centaines de façons autrement plus efficaces que de mettre en panne une ligne de chemin de fer. Prenons quelques exemples concrets de terreur efficace : sabotage des transformateurs électriques pour provoquer de gros black out en zones urbaines, destructions de services administratifs par plastiquage nocturne des locaux… Si l’on vise plus gros et plus effrayants on peut alors aller vers le sabotage de barrages hydroélectriques, une attaque sur une centrale nucléaire, la pose d’explosifs ou des attentats suicides dans des lieux symboliques comme l’Elysée ou bien l’assemblée nationale, ou bien encore empoisonnement de l’eau potable. Tout est imaginable, mais là il s’agirait d’organisations autrement mieux structurées, équipées et surtout menées par des chefs et non une bande de pieds nickelés gênant le fonctionnement de quelques lignes. Bien entendu il y a également une autre crainte pour en arriver à de telles méthodes : être pris ou tué. N’oublions pas que s’approcher d’une ligne à haute tension est autrement plus simple que de faire sauter une voiture piégée dans la cour intérieure de l’Elysée. Dans ces conditions posez vous la question : où est cette réalité qu’ils nous vendent ? Dans le fond de l’esprit d’un propagandiste efficace ou bien dans votre esprit là où il s’installe sans trop provoquer de problème ?

Brève de Yahoo.fr sur cette enquête

Ce doit être moi mais le 11...

J’ai eu une drôle de sensation en suivant de loin les commémorations du 90 ème anniversaire de l’armistice du 11 Novembre 1918. En effet, vu que le dernier des poilus français est décédé cette année j’ai eu une impression de grand vide, comme si la plupart des intervenants présents devant les monuments étaient là non par respect pour les victimes mais plus par « devoir », ou du moins par nécessité d’être vu. Je ne saurais affirmer que c’était choquant puisque ce devoir est effectivement un des rôles de nos élus, mais malgré tout j’ai eu comme de l’amertume pour ces gens morts au combat dont le sacrifice s’est avéré totalement vain. Comment affirmer sans frémir qu’ils furent les garants d’une nouvelle paix vu la suite de l’histoire ? Comment ne pas se souvenir du « Plus jamais ça ! » ainsi que du fameux « La der des der » ? La mémoire nous faisait déjà défaut alors que nombre d’anciens combattants étaient encore vivants, alors que dire à présent qu’ils sont tous partis...

Je ne critique pas le moins du monde la stature ou la présence de chacun : le président se fit humble, discret et droit comme sa position l’exigeait, on fit défiler des enfants pour qu’ils représentent la mémoire encore vivantes des soldats, mais somme toute tout cela ressembla à une cérémonie d’obligation qu’à une véritable commémoration. La mémoire collective est comme leurs innombrables tombes, elle se couvre de mousse, les noms s’effacent et finalement les familles oublient ces ancêtres morts trop tôt, tombés au « champ d’honneur » pour une nation qui les as sacrifiés. Honneur ? Oui, ils eurent à cœur l’honneur à ne pas faiblir, non leur mémoire n’a pas être salie par les exactions de l’armée française qui fusilla ceux qui n’en pouvaient plus. Le discours de M.Sarkozy concernant l’honneur des fusillés tombe hélas bien tard bien que le geste soit louable (excepté le fait qu’il semble un peu trop démagogique pour être honnête).

C’est un constat amer : aujourd’hui se dire fier de sa nation passe pour du chauvinisme malsain, se déclarer fier de ses institutions pour une position de droite fascisante et surtout affirmer sans honte d’être français pour une lamentable position intenable. International ? Moi ? Probablement oui si je tiens compte de mes origines, mais aussi français que n’importe lequel de ceux qui peuvent me sortir une généalogie séculaire. Je n’ai pas honte de ceux qui tinrent un fusil pour défendre la patrie, pas plus que je n’ai honte de ceux tombés parce qu’on leur demandait. J’ai honte pour ceux qui décidèrent de sacrifier toute une jeunesse, des millions de vies, ceci simplement pour des perspectives politiques et financières. La tranchée fut le tombeau de trop d’hommes pour qu’on ne respecte par leur sacrifice, tout comme il est de notre devoir à tous de ne pas les oublier.

Le temps est une chose surréaliste : il passe et efface les gens comme l’on biffe une ligne dans un registre. Chaque jour des pans de mémoire disparaissent à jamais et nul ne semble se soucier de l’importance capitale d’en retenir toutes les leçons. Quand le dernier des déportés disparaîtra, quand il n’y aura plus personne pour avoir vécu Hiroshima, que deviendra ce passé teinté d’atrocités et d’infamie ? Des dates abstraites dans des livres où des jeunes piocheront part bachotage et non par passion des périodes à restituer lors d’un examen du BAC ou du BEPC. Pourtant la première guerre mondiale fut la première à être suivie de manière aussi médiatique : cinématographe naissant filmant le front, photographie, enregistrements audio, bref ce fut le premier conflit à pouvoir perdurer de manière « vivante » dans nos mémoires. Hélas, passez donc ces images saccadées à des adolescents : ils vous diront que le tout semble si artificiel qu’il en est irréel. La couleur manque, il manque cette sempiternelle action qui semble être à présent vitale pour être intéressante. Evidemment, un combat de poilus ça en jette moins que des GI fonçant en Hummer dans Bagdad...

J’ai de la peine pour ces monuments : ils honorent des noms qui vont se perdre et je crains qu’un jour on aille les déboulonner pour laisser place à des avenues ou des immeubles... et ces lieux de recueillements deviendront aussi abstraits que les listes des soldats de Napoléon tombés à Waterloo ou ailleurs...

10 novembre 2008

Enervement professionnel

Si l’est un domaine où les nerfs sont mis à rude épreuve c’est bien celui de nos emplois. Compressés, maltraités tant par le calendrier que par une hiérarchie aussi vaine que malfaisante rien n’est moins reposant que travailler. Pourtant, dans notre entêtement de fourmi besogneuse satisfaite de sa tâche nous nous attelons à réussir et à respecter des engagements que d’autres prennent pour nous. Alors, un jour (ou le cas présent un soir) on s’arrache les rares cheveux qui ont survécu à la calvitie et l’on se sert de ses affaires comme de défouloirs supposés personnifier l’engeance qui se targue de réussir à votre place, et qui vous colle ses échecs sur votre dos.

« Ca ne fonctionne pas ! » s’écrie l’acharné qui retourne le même problème depuis des heures. Les yeux plissés sur son métier il grogne, peste, se martèle les tempes de frustration et prie un dieu en lequel il n’a pas foi de lui accorder l’illumination. Vexé par la stagnation notre pauvre victime de son métier s’échine alors à rechercher ses propres erreurs, convaincu qu’il est que le hasard n’est pas une variable acceptable dans ses progrès professionnels... Et c’est le drame : tout concorde, tout semble conforme aux demandes et pourtant le petit rien qui met tout de guingois reste là, fier de sa propre inutilité tout en étant l’inévitable piège à cerveau. « Et pourquoi faut-il que cette merde me fasse chier alors que je suis prêt à partir ?!!! Connerie de saloperie de ... de merde ! », marmonne avec sang-froid celui s’enlise inexorablement dans les méandres de l’incompréhensible.

Furieux, tentant de se contrôler tant bien que mal, je suis là à l’affût d’une cause pouvant provoquer ces foutus effets inappropriés. C’est supposé fonctionner en dix secondes et cela prend dix minutes... Allez, ce n’est rien, on refait et on recommence, ça va mieux fonction.... ET MERDE ! Encore une fois tout est vain, tout est vide, tout le dispositif s’est ligué pour que ma paranoïa latente réapparaisse de plus belle. Un clic, deux clics, on remet d’aplomb, et paf encore une erreur inconnue au bataillon. Telles des puces se reproduisant sur le dos d’un chien pouilleux les problèmes se multiplient à une vitesse folle. Ai-je bien vérifié les paramètres ? Me suis-je bien assuré que tout est là où c’est supposé l’être ? Je ne perçois pas d’anomalie, je compare même avec ce qui était là avant et aucun écart ne me brûle la rétine. J’étais certain de mon coup et rien, rien de rien ne fonctionne comme prévu. Là, ce n’est plus une frustration, nous passons au domaine du supplice : combien de temps ce bazar va-t-il encore se jouer de mes nerfs ?

Petite pause, on respire les vapeurs tant de nicotine que de caféine, on discute, on s’ouvre aux collègues pour demander leur aide et tous réagissent de la même manière : « Ca devrait être bon en effet ». Ben non, ça ne l’est pas, mauvaise pioche ! Quitte à s’énerver autant le faire pour ne pas mourir idiot et découvrir le fin mot de l’histoire. On reprend tout depuis le début, on épluche ce qui est supposé être monolithique et donc fiable dans l’espoir de prendre en défaut un tiers et pouvoir lui coller sur le dos toutes les misères du monde. Peine perdue, en revenant précisément sur ce qui avait été fait tout était bon, rapide et fiable.

On se lamente, on se sent petit, dépassé par les évènements, un enfant devant la confiserie fermée pour cause de faillite. Alors là, rien n’est plus pareil : les yeux se troublent, les mains se ferment sur l’air et l’on envisage la destruction de l’environnement de travail avec une coupable délectation. « Vengeance ! » hurle l’âme fatiguée, « Violence ! » réclame les nerfs mis à rude épreuve. Malgré toutes les tentatives de maîtrise de soi la rage monte patiemment en soi... puis d’un coup l’on voit un petit, tout petit message marqué en rouge, l’erreur classique qui se tapit face à vous mais que même le fauve le plus rapide du monde n’aurait vu. La voilà, la faute de frappe coupable, la garce qui vous tient en haleine des heures durant et qui vous libère en dix secondes montre en main. Colère ? Frustration ? Envie de meurtre ? Pas tout à fait : juste une frénétique envie de s’envoyer la tronche contre le bureau !

SALOPERIE !

07 novembre 2008

Certains tiennent un journal intime

Moi je tiendrais plutôt une liste des personnes méritant une exécution sommaire en place publique. Certes je dois admettre qu’en dehors de l’aspect morbide de la dite liste, il n’y a guère que le fantasme de se séparer d’une partie inutile de l’humanité qui m’encourage dans ma tâche. Et quelle tâche : entre énumérer les parasites, les génocides, les imbéciles, les racistes, les brutes enfin bref la lie d’une humanité décadente je pourrais rapidement créer un annuaire concurrent aux bonnes vieilles pages blanches. Et pourquoi pas un indicateur de débilité ? On noterait notre âge mentale par un procédé scientifique, on ramènerait le tout face à notre niveau de sociabilité ce qui donnerait un classement allant de un point pour « pas désagréable » à 5 qui serait « bon pour la corde. Le bourreau est en route ».

Oh je sais bien que je dois me cantonner à l’humour noir sur la condition humaine au lieu d’en envisager la fin par des moyens violents, toutefois je préfère encore être un râleur doublé d’un emmerdeur plutôt qu’un amateur assidu des flatteries mielleuses et non moins fielleuses qui sont le lot de bien des êtres. Mentir, se mentir, revendiquer une tendresse équivoque, voilà qui me rend plus malade qu’autre chose, d’autant plus qu’en cette ère d’égocentrisme forcené je vois mal comment l’on pourrait se dire ami avec l’Homme alors qu’il s’acharne à être inamical voire nihiliste. Y a-t-il quelqu’un d’assez fou pour m’affirmer sans frémir que l’Homme est bon ? Qu’il se présente histoire de faire un bilan de la décennie qui va s’achever de manière aussi sanglante (si ce n’est plus encore) que la précédente.

Alors, mon exutoire, mon « journal pas intime » que serait ce blog aurait les mêmes vertus qu’un carnet camouflé à tous ? J’ai vocation à exhiber mes colères, j’ai une volonté farouche de brailler mon mécontentement d’autant plus que le média choisi m’offre le luxe de pouvoir prendre une plume réfléchie au lieu de céder à la facile insulte de mes colocataires de cette Terre si maltraitée. Là, je vois l’abruti écolo sentant le patchouli supposant que ce dernier propos est une affirmation de mon goût pour les choses naturelles. N’importe quoi : je hais l’humanité, sans tri, sans charité, sans pitié aucune. Nous sommes le parasite au même titre que le tique est le squatteur des miches du clébard ! Alors au lieu de hurler une rage juvénile sur les pages roses d’un livret de marque je préfère laisser libre cours à ma haine à travers ce site.

Qui trouve grâce à mes yeux ? L’adolescent indolent et faussement indocile ? La jeune femme séduisante mais au tempérament corrompu par le consumérisme et qui n’a pour seule perspective que d’acheter sa prochaine volée de vêtements ? L’ancien combattant dont l’esprit est pourri par des souvenirs de valeur mais aux relents puants d’un racisme à peine déguisé ? Et que dire de l’homme en toge qui n’a foi en Dieu que parce que c’est une chose rassurante ? Vous me donnez des nausées, presque autant que ceux qui donnent non par générosité mais par simple besoin de reconnaissance personnelle. Un pour tous, tous aussi cons finalement.

Oui, je suis en colère, et alors ?! Je braille ma frustration de ne pas voir le quotidien s’améliorer, je grogne de manière sonore en constatant que le passé ne sert pas le moins du monde de référence et qu’on reproduit sans frémir les mêmes sempiternelles conneries : soif de pouvoir, soif de l’or, soif de domination, soif tout court. La famine galope, les déserts avancent, les gens se massacrent sous l’égide des grandes instances aussi aveugles qu’inefficaces et l’on nous sort que c’est à nous tous, bétail stupide gavé de saletés que nous devons nous serrer la ceinture pour sauver le monde capitaliste du naufrage... A vomir !

Alors toi qui reste muet(te) et qui préfère se plaindre de « Elle m’a pas regardé aujourd’hui », comprends que ton monde n’est plus qu’une immense gabegie, un bordel ambiant maintenu volontairement par chacun du fait que personne n’acceptera un pas en arrière pour le progrès de tous. Qui acceptera de devenir responsable ? Attention, la réponse va me faire sourire tant nous sommes tous prompts à nous mentir et surtout à mentir aux autres. C’est tellement plus rassurant de se croire nécessaire que d’admettre que nous sommes tous aussi inutiles que temporaires ! On va m’insulter, me traiter de fou, me taxer de misanthropie… oui je suis misanthrope, mais un misanthrope fier de l’être bordel !

06 novembre 2008

Le non-sens

La langue permet de faire et de décrire des choses qui n’ont pas de sens, et pour autant que je sache il n’existe rien de plus puissant que le langage sur le terrain du non-sens. Si j’affirme par exemple qu’il est possible de faire tenir un éléphant en équilibre dans le vide, simplement accroché par sa queue à une pâquerette plantée au bord d’une falaise ça n’a pas la moindre logique ni le moindre intérêt, mais pourtant vous pouvez visualiser l’image du pachyderme terrifié flottant au-dessus du vide. De fait, nous avons donc une arme redoutable qui est chargée de mots et arrive à mettre en déroute les pires maux de l’humanité : le racisme, la haine, la violence, bref rien ne saurait survivre à l’avancée triomphale du langage.

On me dit dans l’oreillette que je m’avance un peu en affirmant ce genre de choses. Certes, je dois admettre que bien des personnes survivent sans difficulté alors que leur vocabulaire tient sur l’étiquette d’une bouteille de bière, mais tout de même reconnaissez de votre côté qu’avec les mots on peut faire tomber des dictatu... comment ça non ? On n’a jamais vu un état totalitaire s’effondrer face à la force des écrits ? Bah merde alors ! Oui c’est vrai qu’il est plus spectaculaire de voir défiler des centaines de milliers de civils en colère que de les voir bouquiner un livre sur l’éthique révolutionnaire, mais tout de même n’allez pas renier que les slogans... bon d’accord je me tais et remballe ma thématique guerrière !

Alors, le non-sens ? C’est donc détourner la réalité et la rendre totalement improbable au point même d’en dire qu’il s’agit d’une folie. Une baleine avec des ailes ça n’a pas de sens, alors qu’un poisson rouge avec un vélo, si ! Ah non, en y réfléchissant bien je ne vois pas l’intérêt pour un poisson d’avoir un vélo à moins qu’il soit d’Avril. Bref, encore des choses qui n’ont pas de sens. Ni envers ni endroit, bien qu’à l’endroit où je suis ce n’est pas Anvers. Ca va vous suivez toujours ? Toute notion de règle et de logique doit de dissiper si l’on veut côtoyer le non-sens, bien que celui-ci ne soit pas très favorable à la promiscuité des esprits faibles. Prenez une porte. Non ! C’est une image, inutile de dégonder la vôtre de toute façon je ne vous vois pas le faire ! Donc, je disais prenons une porte COMME EXEMPLE. La porte est une forme avancée de non-sens car elle symbolise tant le passage que la clôture. Ouvrir la porte des enfers ou bien fermer les portes du paradis aux humains, ça a plus de classe que de s’engueuler parce que « Pauvre con ! Tu as encore oublié de fermer la porte d’entrée ! » et puis quitte à s’enfermer autant que ce soit derrière la porte de la chambre à coucher.

Ca me reprend. Je divague plutôt que onze, je raconte n’importe quoi sous prétexte que mes neurones se déroulent comme de la laine sous le nez d’un chat impatient et puis j’embourbe mes lecteurs dans le vague bordel qui me sert d’esprit. Revenons au non-sens : il est fait d’images, de calembours, de jeux de mots et au bout du compte il fait d’une réalité un chemin amusant ou terrifiant. Alice, quand elle est tombée dans le « monde des merveilles », n’a-t-elle pas rencontrée une chenille toxicomane, un monomaniaque de l’heure, une reine génocide ainsi qu’une foule de personnages aussi dingues qu’effrayants ? Toujours amusant le non-sens ? Pardonnez ma cruauté mais quoi de plus inepte qu’une peluche armée d’un couteau de cuisine, ou d’une baignoire cannibale ? Ah là votre vieille baignoire en fonte vous semble déjà moins amicale, hein ?!

Non toubib, pas besoin de me ligoter je tiens très bien tout seul sur ma chaise et puis de toute manière ceux qui me lisent sont de l’autre côté du grillage. J’aime bien cette idée, c’est vous qui êtes prisonniers et moi libre... LIBRE ! LI... (BONK !) Et merde, les murs c’est plus dur quand c’est réel que quand on les fantasme faits en guimauve...

05 novembre 2008

Médiatisation douteuse

Il est facile de faire d’une personnalité une légende, mais n’est-ce pas quelque chose de dangereux quand l’idéologie véhiculée par la dite icône s’avère douteuse ? On ne peut que se demander la légitimité de voir le Che arboré par des adolescents qui ne connaissent du marxisme que des documentaires à la télévision, tout comme la nécessité de se dire soutien de la Palestine en portant le foulard si reconnaissable. Ce qui m’amène à grincer des dents ce n’est pas tant le côté rebelle du boutonneux que nous sommes tous un jour, mais plutôt l’apparition coup sur coup de deux films titrant sur des personnalités très différentes mais tout aussi symboliques dans les deux cas : « Mesrine, instinct de mort » et « La bande à Baader ». Pardonnez mon incrédulité mais je n’arrive pas à me mettre dans la tête que Jacques Mesrine ou bien la fameuse fraction armée rouge furent héroïques en quoi que ce soit !

D’emblée on va me dire qu’il s’agit de films sans concession, qu’ils sont très documentés et qu’ils représentent une sorte de documentaire augmenté du frisson de la salle obscure. J’ai comme qui dirait l’avis inverse : l’objectif et le grand écran ne peuvent que faire passer le méchant pour un « pseudo » gentil et aussi connue que soit la fin pour ces deux films, dans tous les cas une bonne part des spectateurs se présenteront dans la salle sans avoir ne serait-ce qu’entendu parler autrement que par rumeurs interposées des terroristes à l’étoile rouge ou de l’ennemi public numéro un. J’aimerais vraiment qu’on ne mélange pas loisir et documentation notamment quand il s’agit de personnifier la violence des années 70. A quoi bon faire de Mesrine un héros de cinéma ? N’a-t-il pas déjà suffisamment marqué son époque de son empreinte sanglante ? Il n’a jamais été un Robin des bois, pas plus qu’un héros de la révolution en marche (bien qu’il ait un moment tenté de faire croire à ses engagements marxistes). La politique s’accommode que trop facilement avec des ingrédients tels que le meurtre et le vol car l’on peut toujours prétendre agir « pour la cause », mais quelle cause… Non, rien que cela me rend dubitatif sur la nécessité de faire de tels films.

Alors, censurer ? Absolument pas, ce n’est pas cela qui me titille. Je pense que ces deux films peuvent avoir de grandes qualités, c’est avant toute chose une inquiétude concernant un public potentiellement perméable à des idéologies et des actions qui sont non seulement violentes mais hélas inutiles. La bande à Baader se disait d’extrême gauche et voyait dans sa lute une manière radicale de faire la révolution. Agitation, destruction, exécution de dignitaires, nul doute qu’ils furent dans la droite lignée de leurs idéaux. On murmure même que l’ex RDA fut souvent une terre de repli et d’assistance pour eux, mais au fond que furent-ils si ce n’est que des pions entre les mains des larbins d’Honecker… Les révolutions se forgent quand elles sont populaires, pas quand elles provoquent terreur et paranoïa chez les gens que la dite révolution est justement supposée libérer ! De là il y a le fond : Mesrine le criminel médiatique, fantasque et mort brutalement, de l’autre une bande d’étudiants et de cerveaux (Meinhof était journaliste et très cultivée). Les deux images mises ensemble on a tout des héros d’une révolution aujourd’hui oubliée : anarchie contre un système assoupi et une nécessité de reconnaissance face au silence des médias sur la foule ordinaire. Sur le fond les idées de la fraction armée rouge sont-elles si mauvaises ? Difficile à dire tant le fond fut détruit par la forme radicale de l’action. J’ai donc plus peur que ces films deviennent non pas des œuvres de cinéma mais des supports de propagande comme cela arrive trop souvent.

N’oublions pas les victimes autant que les bourreaux clame la mémoire, et celle populaire se contente souvent de clichés faciles à digérer. On a fait un film sur Spaggiari en romançant probablement plus qu’en décrivant sa vie, j’ai crainte qu’on ne résume un peu facilement l’existence souterraine du groupuscule d’extrême gauche tout comme que l’on mette un peu trop en lumière les « bons » côtés de Jacques Mesrine. Je n’ai pas vocation à juger leurs actes les acteurs de ces évènements sont morts alors que j’étais bambin voire même pas au programme. Ce que je désire simplement c’est que « Instinct de mort » par Jacques Mesrine ne devienne pas un livre de chevet pour une jeunesse révoltée prête à imiter ses prédécesseurs…

Tenez, regardez, Peter-Jürgen Boock, c’est un ancien membre de la dite fraction armée rouge. Méditez surtout sur ses derniers propos.



La fraction armée rouge sur Wikipedia
Jacques Mesrine sur Wikipedia

J'allais oublier: mes félicitations Mr Obama, la révolution serait-elle en marche aux USA? Soyons cyniques: vous ferez comme les autres présidents, n'est-ce pas?

04 novembre 2008

Tu sais ce qu’ils te disent mes godillots ?

Encore une fois je vais exposer une situation de mon quotidien qui non content d’être totalement inintéressant, celui-ci s’accorde le droit de devenir verbeux. Etant donné que l’on boit mes paroles avec excès, je puis donc présenter à vos regards avides un de ces moments jouissifs où l’on peut se satisfaire de pas grande chose. Admettez que, vous aussi, il vous arrive de tourner en dérision un fait anodin pour en rire… Comment ça non ? Seriez-vous donc le reflet même de l’insipidité élevée au rang d’art de vivre ? Laissez-moi le loisir d’en douter sinon vous ne seriez pas là, à en être déjà à cette phrase aussi pompeuse qu’inutile !

Allons de l’avant et abordons donc ce quotidien qui est le mien. Nageant dans les eaux troubles des relations professionnelles bureaucratiques, il s’avère que le code vestimentaire fait partie intégrante des obligations tacites qu’on impose à chaque poisson enfermé dans les bocaux que l’on nomme poliment bureaux. Entre le costume gris et la chaussure passe-partout, il est notoire que chacun tente à sa manière se distinguer sans se faire remarquer. Dans un précédent message je vous ai conté mon « aventure » lorsque je fus vêtu d’un maillot de la marque Ricard et que celui-ci tapa dans l’œil agacé de mes voisins d’infortune. Aujourd’hui, ce fut autrement plus amusant ; notez au passage qu’il ne s’agissait pas cette fois-ci d’une volonté affirmée de provoquer le tout venant mais d’un aspect pratique de ma tenue. En effet, je me suis chaussé d’une paire de grosses chaussures communément surnommées « écrases merde » par la plèbe, et que celles-ci ont plus tendance à enserrer les pieds des farouches arpenteurs de chantiers que les fins petons des divas des claviers. Ainsi, me voilà équipé des fameuses Caterpillar noires, montantes, et qui plus équipées des fameuses coques en acier conçues pour tenir vos chers panards à l’abri des chutes de palettes ou des roues des bulldozers maladroits. D’un aspect sobre, ces fameux godillots ont pour principal avantage d’être particulièrement confortables, et qui plus est bien isolés du froid qui s’annonce. Oh, je vous accorde qu’il y a plus esthétique que de la pompe de chantier, mais tout de même aller jusqu’à reluquer les pinces d’un larbin pour juger de sa stature, il y a de quoi aller se demander si la gamberge de ces gonzes ne se limiterait pas à l’artiche et aux emmerdes.

Rhaaa, je fais du Audiard ! C’est à croire que mes grolles soient contagieuses, qu’elles transmettent subtilement le désir d’en revenir à de plus saines et plus « viriles » relations humaines que celles du microcosme des bureaucrates dont je fais partie ! Alors, voilà qu’on me demande d’où sortent ces chaussures, qu’on s’extasie sur le brillant du cuir… puis qu’on me demande l’usage de pompes coquées dans un burlingue. J’avoue. Je n’ai pas résisté. C’est à mon corps défendant que j’ai cédé au mal du mot qui tue : « C’est pour être sûr des dégâts quand j’en colle une au fion d’un … ». Me voilà reparti dans le lyrisme du bitume, à tancer mon interlocuteur dans une langue qui semble lui être inconnue, puis à tourner les talons dans le martèlement significatif du kilogramme passé de chacune de mes deux godasses. C’est ainsi, impossible de résister au délice d’envoyer se faire voir ailleurs un curieux vous asticotant concernant votre chaussage. Ben quoi ? C’est vrai merde, c’est pas parce que Monsieur porte de la claque à 300 sacs le bout en pur cuir de peau de cul de buffle tanné qu’il a la classe ! Le mufle ! Je lui en foutrais moi des beignes au valseur, juste histoire de lui démontrer la supériorité de ma Cat’ dans le bottage de miches !

Fais suer… J’ai fait tout de même en sorte que la tenue soit un tant soit peu discrète, j’ai épargné au monde la vision d’un type en salopette de maçon se pointant au bureau pour y faire du texte ou de la programmation. J’avoue qu’après cette petite remarque j’ai envisagé l’espace d’un instant d’arborer une vieille tenue orange, de celles qui imitent les vêtements des prisonniers américains, enfin bref d’apparaître totalement « Pas à ma place » parmi ces coincés qui ne savent pas forcément se vêtir mais qui supposent le contraire. Ah ça, le pull de grand papa à carreaux, la cravate couleur fiente trouvée dans une foire au troc, ou bien le futal en velours brun comme on en portait dans les années 70, ça, c’est supposé être un signe d’esthétisme poussé à son paroxysme ! Ah et oui, comment louper l’inusable T-shirt à la sérigraphie de fin de série qui notent en gros des slogans sur la « Geek Attitude » ! J’ai comme la nausée rien qu’en y pensant, d’autant plus que les dits mots d’esprit ne sont compréhensibles que d’une communauté restreinte. Alors, les informaticiens, ce serait les nouveaux punks ? Argh, j’ai la caboche qui me lance en imaginant que le gringalet à lorgnons 100% neurones et 0% barbaque devienne le nouveau symbole de la rébellion ! Seigneur, si vous êtes là, épargnez-moi un tel supplice !

Font chier la mode et les codes ! Je me fringue comme je le sens, me chausse là où ça me botte et celui qui n’est pas content il va tâter du 45 fillette !

Ah oui, cliquez sur la godasse ci-dessous pour avoir des détails sur mes pompes!


La troisième légion

Voici une saga mp3 qui n'a d'historique que le nom... Profitez en en l'écoutant ici!. Sinon, pensez à passer sur le site officiel pour vous tenir au courant sur les prochaines sorties des épisodes.

Donc, voici la première saison et le lien vers le site officiel:

Site de la troisième légion


03 novembre 2008

Le bonheur terrestre

J’y aspire, j’en ai envie et pourtant je me demande si je suis le seul à croire que la simplicité d’une existence sans heurt saurait satisfaire mes élans de cœur. Outre l’imagination débordante des humains pour imaginer des solutions efficaces et peu onéreuses pour s’annihiler, nous concevons et distribuons en masse tout un tas de choses aussi inutiles que parfaitement indispensables au bonheur. Devrais-je vous en faire un inventaire pour que vous compreniez de quoi il s’agit ? Nul doute que tous nous sommes confrontés à ce superflu et même superfétatoire qui pollue tant nos campagnes que nos étagères regorgeant de trésors tels que la yaourtière ne servant qu’une fois la décade, l’aspirateur de table jamais chargé ou bien l’infâme poisson chanteur à détection de présence dont on s’empresse de couper le sifflet tant il pourrit la vie des gens habitant sous votre toit. Entre bénéfices substantiels pour des industriels soucieux de vendre des produits ineptes et le goût immodéré pour l’idiot de la part des clients, il y a tout de même des chercheurs, des cerveaux, des besogneux qui décortiquent nos besoins pour en extraire l’essence... et nous pondre le chauffe tasse en USB ou bien le réveil affichant l’heure au plafond.

Vous me trouvez moqueur et ironique ? Je concède fort bien qu’il existe gadget et gadget et que dans certains cas ils s’avèrent aussi précieux qu’ils semblaient superflus l’heure d’avant. Petit aparté : on m’avait vanté les mérites des bombes anti-crevaison qui traînent dans les coffres des prudents. Peu convaincu mais toutefois séduit j’en avais laissé une dans ma voiture... et bien mine de rien la chose me fut très utile pour rejoindre un garage qui se fit une joie non seulement de me changer le pneu crevé incriminé mais aussi de me facturer le nettoyage de la jante souillée par le dit produit. Bon d’accord, l’exemple est mal choisi mais à tout prendre j’ai économisé un remorquage ! Dans ces conditions je n’ai rien contre ce qui semble (je dis bien semble) inutile, mais de là à cautionner les immondices qui couinent, sautent et clignotent et qui n’ont d’autre utilité que celle-là, pardon mais j’ai du mal. Et puis, poussons le discours sur le terrain de l’écologie : à quoi bon nous vendre des trucs aussi peu « bio équitables », rarement issus du recyclage et qui finissent presque systématiquement dans l’amoncellement de nos décharges aussi publiques que répugnantes de nos excès. Il ne s’agit pas tant de morale que de bon sens : un « truc » qui fonctionne avec des piles mais où les dites piles sont inaccessibles, lorsque cela échoue dans nos déchets, est-ce écologique ?

« Je ne dois pas être comme tout le monde » disons nous Forrest Gump et moi en nous regardant dans la glace. Je n’ai aucun penchant pour ces babioles qui en font des tonnes tout cela pour épater la galerie. A quoi bon les strass si derrière cela ne fonctionne pas ? En dépit d’un attrait pour la technologie je reste toutefois convaincu qu’à force de vouloir trop en faire à la fois on finit par se surcharger de choses dont on peut encore se passer. Un collègue eut une réflexion des plus symptomatiques concernant ce phénomène. Je le cite pour la bonne bouche : « J’ai demandé à un vendeur un téléphone qui ne faisait QUE téléphone, il m’a regardé avec un air des plus ahuri ! ». Voilà ! Un téléphone portable, est-ce une console de jeu ? Lui qui voulait n’avoir que la fonction élémentaire de l’appareil, le seul qui lui sembla combler son besoin fut non seulement le moins cher, mais bien entendu le moins « design ». De toute façon il apparaît à l’usage que ce téléphone est une petite merveille par un son très propre et une autonomie autrement plus acceptable que la moyenne.

Et au fond, si nous nous encombrons de ces babioles sans utilité, n’est-ce pas aussi pour combler un manque personnel ? Loin du collectionneur qui lui s’amuse de ces choses, lorsque l’on s’offre ces machins dont on oublie très rapidement l’existence dans un tiroir, n’est-ce pas la fièvre de l’achat qui nous dicte ? Une personne dont je tairai tant le nom que sa relation avec moi (n’allez pas chercher quelque chose de graveleux tas d’obsédés) m’a déclaré un soir « Je crois que certaines femmes achètent par impulsion uniquement dans le but de se sentir exister ». Je connais des hommes qui fonctionnent aussi de la sorte lui répondis-je avec aplomb. Il acquiesça, se gratta l’occiput et regarda au lointain en soupirant « Va savoir si je ne fais pas ça moi aussi ». Finalement c’est à douter de la santé mentale naturelle de chaque être humain : nous consommerions donc plus pour le plaisir de le faire que par pure nécessité. Ceci expliquerait aussi le plaisir que certains éprouvent à tuer au lieu de le faire uniquement dans le cas extrême où l’on est tenu de se protéger...