12 novembre 2008

Inquiétante enquête éclair

Je suis sûrement paranoïaque. Il y a des signes qui ne trompent pas : à chaque fois que l’on m’assène une vérité j’ai tendance à la remettre en doute et pire encore j’ai bien souvent l’impression que la dite vérité m’a été servie dans le but d’assoupir mon sens critique. Observons l’actualité : hier furent arrêtés une dizaine de saboteurs présumés dans le cadre de dégradations d’équipements de la SNCF. Jusque là on ne peut pas dire que ce soit autre chose que du sensationnel propre à remplir les unes des journaux en mal de nouveauté. Personnellement j’ai une réaction bien différente par rapport à la population, et je m’en vais vous l’expliquer en détails.

Tout d’abord les faits : des tordus se sont mis à saboter les lignes d’alimentation des trains en déposant des morceaux de fer sur ceux-ci de sorte qu’au passage d’un caténaire le câble soit arraché. Question méthodologie cela semble assez efficace vu les dégâts et retards constatés sur les différentes voies ciblées. De là, vu la répétitivité du scénario la SNCF a porté plainte ce qui a mené à une enquête déclarée comme « éclair » et qui engendra hier dix arrestations dont huit (les sources se mélangeant les pinceaux, je reprends un article sur Yahoo) de le milieu de l’extrême gauche. Le scénario semble intéressant, des activistes souhaitant paralyser l’état en s’attaquant à ses infrastructures, c’est presque crédible, non ?

Alors qu’est-ce qui me fait donc tant tiquer là dedans ? Le plus évident à mon sens est la douce satisfaction dont se nimbent les usagers qui supposent que « les saboteurs en prison, les trains fonctionneront ». Avant de les juger coupables encore faut-il prouver leur implication, et ce n’est pas l’arrêt des dégâts qui serait une preuve en soi ! J’estime que tous nous nous devons de respecter le principe fondamental d’innocence jusqu'à preuve du contraire, et qui plus est de prendre avec des pincettes les affirmations sur l’appartenance politique des prévenus. Ils ne sont pas mis en examen, ni même incarcérés mais juste en garde à vue ! Déjà là c’est plus qu’inquiétant que de se dire que la population avale sans se poser de question toutes les « vérités » qu’on leur assène, d’autant plus quand on leur présente des coupables sur un plateau.

Second point qui est l’alerte majeure à mes yeux est le fait que la dite enquête se soit si rapidement déroulée avec une efficacité digne des meilleurs polars. En quelques heures on découvre qui, pourquoi, comment et qui plus est où ! C’est trop beau, bien trop beau pour être vrai d’autant plus qu’apparemment les arrestations furent procédées à des lieux très différents et distants les uns des autres. Qu’on ne me fasse pas avaler que le miracle existe, surtout en terme d’enquête policière. Le premier métier de l’investigateur c’est avant toute chose celui d’une fourmi triant le bon grain de l’ivraie, éliminer les fausses pistes et les suspects innocents. Ensuite, il s’agit de détailler le dossier pour la mise en examen, concentrer des preuves, organiser les interventions sur le terrain puis enfin exécuter l’ordre d’arrestation. La police est procédurière et il me semble particulièrement invraisemblable qu’on ait été aussi prompts et aussi efficaces sans intervention de structures bien plus « libres » que la police nationale…

Continuons dans cette réflexion. Qui peut donc aller aussi rapidement en se préoccupant plus de l’efficacité que des règles ? Certainement pas la PJ qui craint trop d’être mise en accusation pour avoir débordé de ses compétences. Alors qui ? Les héritiers des RG, la DGSE, ou bien la DST ? Qu’importe : l’essentiel est là, presque trop flagrant. Cette enquête dure soit depuis des mois et l’on attendait une occasion pour intervenir en masse (donc travail de fourmi déjà réalisé hors des effets de manchette), soit ce travail fut mené en dehors du respect le plus élémentaire des libertés individuelles : écoutes téléphoniques, potentiellement piratage informatique, filatures, surveillance, pose de micros, que sais-je encore, en tout cas un arsenal de méthodes peu reluisantes mais apparemment nécessaires pour arriver à leurs fins. Je suis donc particulièrement inquiet quand les gens sont rassurés : là où notre police s’avère aussi efficace c’est qu’elle serait devenue la digne héritière des Gestapo, Stasi et autres GRU de sinistres mémoire.

Je ne peux m’empêcher de douter du bien fondé de tout ce battage médiatique qui corrobore encore un peu plus mes hypothèses : pour connaître les opinions politiques de quelqu’un on ne doit pas s’arrêter aux apparences, pour connaître les motivations d’un homme il faut donc le connaître lui-même et ne pas se satisfaire de bribes et autres ragots. De là, bizarrement, tous les organes de presse se sont faits les gorges chaudes du côté « gauchisant » des dits terroristes d’opérette. Syndrome Lee Harvey Oswald ? Il y a quand même quelque chose de flagrant dans tout cela : on vient de nous présenter un coupable tout désigné et lisse au point d’en être idéal… sauf que le coupable idéal n’est pas forcément le VRAI coupable. Espérons tout de même que ces interpellations soient légitimées par une réalité, c'est-à-dire une véritable enquête argumentée et prouvant que ces personnes soient réellement impliquées et non des noms à mettre dans des procès verbaux.

Je martèle depuis des mois (voire des années) qu’un indice fort d’une dictature en marche n’est pas le bruit des bottes mais avant toute chose l’anéantissement de l’opinion personnelle. Nous assistons avec ce dossier à une flagrante mise en scène de l’actualité à un point tel que gober ce cirque est potentiellement une preuve de sa soumission à une nouvelle forme de propagande. Je ne nie pas la potentielle réalité tant du dossier que de la possible (je tiens à l’hypothèse !) culpabilité des prévenus, mais ne faites pas de raccourci trop rapide. Cette façon de faire a trop de similitudes avec d’autres grandes enquêtes de notre histoire : les assassins de François-Joseph, Lee Harvey Oswald avec Kennedy, les attentats dans le monde qu’on attribue par commodité au groupe rebelle présent dans le coin et j’en passe. Systématiquement une action « terroriste » est motivée, décidée et planifiée. Les opinions soi disant véhiculées par ce groupuscule d’extrême droite me semblent ineptes et loin d’être crédibles. On n’immobilise pas et on ne menace pas un état en sabotant des trains, on ne fait que s’attirer la colère et la frustration des victimes, en l’occurrence les usagers. Si faire la révolution c’est se mettre la population à dos, là je dis bravo, c’est une réussite !

Dernier point : l’action directe, terroriste, celle prévue pour le sabotage des infrastructures pour paralyser un pays existent. Il y a des centaines de façons autrement plus efficaces que de mettre en panne une ligne de chemin de fer. Prenons quelques exemples concrets de terreur efficace : sabotage des transformateurs électriques pour provoquer de gros black out en zones urbaines, destructions de services administratifs par plastiquage nocturne des locaux… Si l’on vise plus gros et plus effrayants on peut alors aller vers le sabotage de barrages hydroélectriques, une attaque sur une centrale nucléaire, la pose d’explosifs ou des attentats suicides dans des lieux symboliques comme l’Elysée ou bien l’assemblée nationale, ou bien encore empoisonnement de l’eau potable. Tout est imaginable, mais là il s’agirait d’organisations autrement mieux structurées, équipées et surtout menées par des chefs et non une bande de pieds nickelés gênant le fonctionnement de quelques lignes. Bien entendu il y a également une autre crainte pour en arriver à de telles méthodes : être pris ou tué. N’oublions pas que s’approcher d’une ligne à haute tension est autrement plus simple que de faire sauter une voiture piégée dans la cour intérieure de l’Elysée. Dans ces conditions posez vous la question : où est cette réalité qu’ils nous vendent ? Dans le fond de l’esprit d’un propagandiste efficace ou bien dans votre esprit là où il s’installe sans trop provoquer de problème ?

Brève de Yahoo.fr sur cette enquête

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