28 novembre 2014

Ouvre les yeux

Il fait encore nuit, la pluie clapote au dehors dans les flaques qui se sont formées autour de la maison. Il y a un peu de vent, les branches dansent en rythme, et la lune n'est pas de sortie avec les étoiles. Pourtant, l'instant est agréable, délicieux même. Je vois des gens qui accourent pour se mettre à l'abri, des voitures anonymes repoussent l'eau dans les caniveaux, et moi, pourtant, je laisse la pluie perler sur ma peau. J'arbore un sourire aussi large qu'il est possible de l'être, et mon cœur bat lentement, paisiblement, comme si rien ne pouvait être plus agréable que cette pluie d'automne.

Je remonte un trottoir, les mains dans les poches, la tête couverte par une capuche qui ne sert pour ainsi dire à rien du tout. Je sens l'eau glacée suivre mon échine, mes vêtements me coller à la peau, et cependant je continue, j'avance, j'ai toujours le sourire, je suis ravi même. Au loin, quelque part, le soleil doit s'apprêter à prendre sa place au milieu de la grisaille. La circulation se fait de plus en plus dense, monotone litanie de véhicules tous plus gris les uns que les autres. Mais de là où je suis, tout brille, tout resplendit. Les arbres ont la rougeur de la saison, les trottoirs arborent des mosaïques de feuilles mortes, et mes chaussures passent dessus comme l'on passerait sur l'imposant carrelage d'une cathédrale. Ici, ce sont les nuages qui font les nefs, les arbres les colonnes, et je suis au cœur même d'un endroit béni.

Encore de quoi marcher, comme si une obsession martelait mon esprit, comme s'il y avait un but à atteindre. La pluie ne ralentit pas, on entend même un grondement étrange, ni désagréable ni menaçant, juste un bourdonnement, celui d'une nature qui vit, tout simplement. Je suis bien, ma chaleur intérieure continue à faire frémir mon âme, et je regarde les autres avec douceur et charité. Peut-être suis-je comme eux, au petit matin, quand il s'agit d'aller travailler, quand il s'agit d'oublier ses rêves au profit d'une vie pragmatique, bien rangée, somme toute ordinaire. Peut-être sommes-nous tous fous de courir après la temporelle et inutile carrière qui prendra tôt ou tard fin? Peut-être suis-je au contraire fou de m'en moquer ce matin précis, sous cette pluie devenue battante, les doigts de pied à moitié gelés par le froid qui commence à mordre ma peau?

Qu'importe, je suis presque arrive à mon but. Sans hâter le pas, sans même être énervé ou même inquiet, je continue ma route, à mon rythme, faisant abstraction de ce que les autres prennent pour des désagréments. Moi, je suis bien comme cela, arrosé vivement par la nature, trempé par l'eau du ciel, heureux de vivre, d'exister, de pouvoir ressentir les choses avec profondeur et sincérité. Ce petit matin, très tôt, très froid, très humide, il est sûrement l'un des plus beaux que l'on puisse m'offrir à tout jamais. Il pleut? Et alors? Est-ce qu'il ne pleut pas souvent ici? Est-ce que le monde est plus laid quand il pleut? Non, le monde est tel qu'on veut bien le voir, beau quand il pleut, laid sur les plages ensoleillées, magnifique quand il fait nuit, hideux quand tout le monde se croit ravi d'avoir un rayon sur la peau. Je m'en moque complètement, il ne me reste plus que quelques pas à faire, et je serai arrivé.

Je monte des escaliers, encore des marches, encore des couloirs, je remonte un flot de gens que je ne connais pas. Ils ont tous les âges, toutes les couleurs que le monde daigner créer sur les hommes, et enfin j'arrive à un panonceau. Je suis les indications, je ne cours pas, je ne m'énerve pas face à la litanie des questions qu'on peut me poser. J'écoute, je réponds, j'ai le sourire, un sourire impossible à briser. Il faut que j'avance, je suis là, à deux pas seulement, il faut franchir les derniers barrages, les dernières interrogations et recommandations; Et là, je franchis le seuil de la porte…

… Et elle est là, la tenant dans ses bras, la mère sourit, la fille dort. Je suis attendri, abasourdi même. Qu'il est magnifique ce matin orageux où, pour la première fois de son existence, ce petit bout de vie voit enfin la lumière. Ce sont les premiers moments d'une existence, un moment oublié par elle, inoubliable pour d'autres. Il pleut? Et alors, ce sont mes yeux qui se vident, il pleut sur mes joues à grosses gouttes… Et ta maman te dit alors "Ouvre les yeux ma puce, c'est papa!".

27 novembre 2014

What the cut

Je tiens tout d'abord à vous prévenir: le propos est souvent vulgaire... mais tellement drôle! Antoine Daniel, réalisateur de cette "émission" de zapping des pires vidéos sur Internet, les regroupe et les commente avec humour. Donc, accrochez-vous, cela peut être véritablement débile, voire immonde, mais honnêtement je ris à chaque fois.

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La chaîne Youtube de Antoine Daniel

Croyance, candeur et réalité

Après avoir lu ce long et intéressant billet d'humeur (voir le lien ci-dessous), je me rends compte qu'il y a un vrai problème de compréhension de la part des gens concernant le monde qui les entoure. Bien souvent, j'ai la désagréable sensation que mes congénères sont soit candides, soit volontairement aveugles et sourds… Et que ce n'est pas nouveau, loin s'en faut! Aussi troublant et désagréable que cela puisse être, le fait d'affirmer que le monde est "de la merde" n'est en rien novateur, pas plus qu'il n'est véhiculé par une quelconque conspiration des médias/industriels/politiques (ajoutez des mentions si cela vous chante). Non: l'homme a toujours été insatisfait, déçu par les autres hommes, et pardessus le marché son propre ennemi.
Le Blog de Mitsu, j'ai perdu confiance

Je tiens à être clair dans un premier temps: l'état du monde est tel que nous le faisons, et non comme d'autres voudraient qu'ils soient pour nous. Cette évacuation de notre responsabilité collective est autant inacceptable que bien trop facile! Je vois bien la gymnastique intellectuelle: c'est de la faute aux autres, donc je n'ai pas à me sentir coupable… Tout en se refusant à agir de manière aussi simple que concrète en allant aux urnes par exemple. Je le martèle depuis des années, parce que je suis particulièrement horripilé par le discours contradictoire qui revendique "je ne vote pas, parce qu'ils sont tous pourris", et dans le même temps "fumiers, c'est le merdier, qu'ils fassent quelque-chose". On ne peut pas tout dire et son contraire: soit l'on s'engage, même à très petite échelle, soit l'on accepte la situation telle qu'elle est, puisqu'on n'en est finalement absolument pas acteur.

Second point que je tiens à évacuer en urgence: nous vampirisons tous, autant que nous sommes, le monde qui nous entoure. A une échelle plus ou moins importante, nous profitons de ce monde avec plus ou moins de bon sens. Tout le problème est de trouver un équilibre précaire entre confort et civisme. Après tout, l'acte citoyen peut aller à l'encontre de notre existence! Quand je lis "je suis gêné d'acheter des fringues moins chères produites par des gosses", c'est oublier de mentionner le fait qu'il y a aussi une constante qui est celle du portefeuille. Tout le monde n'a pas les moyens de se vêtir chez un fabricant local, et encore moins d'envisager de la fripe de luxe. Immoral? Facile? Non, juste méchamment honnête: nous "profitons" du système, faute d'y trouver une alternative viable. Et, qu'il soit dit franchement, l'immense majorité des gens cautionnent volontairement ce système en regardant ailleurs qu'en face. La vérité ne dérange que si elle se révèle visible… et comme le tiers-monde c'est loin…

Dernier aspect, et non des moindres: la paranoïa ambiante multipliant les propos plus que limites concernant nombre de politiques/sociétés/états m'apparaissent de plus en plus fatigants, pour ne pas carrément dire débiles. Autant l'on peut confirmer qu'il y a un fond de "propagande" (à prendre avec des pincettes!), autant j'estime particulièrement ridicule de croire qu'il y a une vaste manipulation. Nous nous manipulons seuls, nous n'avons pas besoin d'être sous l'emprise d'une structure pour faire de nous-mêmes des moutons dociles. Un Romain a affirmé un jour "du pain et des jeux". Que croyez-vous qu'il y ait d'autre en ce monde? Un stade rempli à ras-bord, une victoire en coupe du monde et nous voilà tous oublieux du quotidien. Ne mange-t-on pas très majoritairement à notre faim en occident? Si? L'homme de la rue se fout des considérations autres que son propre confort, et ne s'inquiète que de sa propre sécurité (et surtout celle de ses biens). Aussi malheureux que ce soit, c'est une grande vérité: l'homme est fondamentalement nombriliste.

Alors oui, si l'on a un regard portant au-delà de son petit pré carré, on ne peut qu'avoir la nausée, voire même être révolté. Ce n'est pas la bonne façon de voir les choses, loin s'en faut! Il faut avant toute chose se regarder en face, et s'interroger sur ce qu'on peut, et surtout ce qu'on doit faire. C'est par là que commence la remise en cause de notre façon de vivre. Jusqu'à preuve du contraire, l'immense majorité des gens ne dispose malheureusement pas de l'option de choisir sa vie. Entre des salaries insuffisants pour vivre autrement que dans un HLM, des frais comme les enfants, et enfin une existence de travail sans espoir de progression, il est difficile d'exiger de chacun les mêmes efforts. Cependant, cela n'impose pas pour autant d'être cynique et de se moquer de tout. Typiquement, favoriser le commerce local au détriment de la grande distribution (achat en direct des fruits et légumes par exemple) est un bon point de départ. Ensuite, l'adaptation est la grande qualité humaine: rien ne nous impose de disposer de la dernière génération de smartphone, pas plus qu'il est vital d'avoir la plus grande télévision possible. C'est un choix, et non une obligation. A partir de là, on peut faire pour le mieux à son propre niveau, sans pour autant devoir jouer les masochistes et espérer se sacrifier pour la majorité qui s'en moque. Le sacerdoce, la souffrance pour autrui est quelque-chose d'élégant, mais ce n'est pas une façon d'exister acceptable pour l'immense majorité.

Tout débute donc par une prise de conscience, et certainement pas par l'autoflagellation. La confiance, elle ne s'est jamais bâtie sur les instances, les commerçants, ou encore les médias. Ces trois grands pôles qui nous régissent sont interdépendants, et croire que c'est un phénomène nouveau est absurde. A chaque époque, les riches se sont donné des objectifs commerciaux et politiques. A chaque époque, les pauvres ont été la sueur et le sang au service des puissants. A chaque époque, l'usage des urnes a été détourné pour légitimer des despotes. Ceux qui pensent, à tort, que c'est pire aujourd'hui ne regardent pas en arrière. La vérité est autrement plus trouble malheureusement. Aujourd'hui, les urnes pèsent en France, parce qu'elles permettent un choix sans avoir une menace policière et/ou politique sur nos têtes. Pourtant, le citoyen semble s'en moquer, ou pire encore s'en plaindre! Il est évident que c'est justement parce que nous disposons d'un pouvoir de décision que nous n'en prenons pas la pleine mesure ni même la pleine responsabilité. Je me plais à répéter, encore et encore, que "nous avons des droits mais également des devoirs". Si une de ces deux choses est mise de côté, aucune chance qu'un quelconque progrès puisse émerger.

Soyons lucides, sans être sinistres. J'ai une confiance relative en nos dirigeants, non parce que j'ai foi en leurs convictions, mais parce que je sais que faire de la politique, c'est faire en sorte d'en décevoir le moins possible. L'expérience, même à petite échelle, montre qu'il y a en gros trois types de personnes: ceux qui s'en moquent, les impliqués, et les râleurs de principe. Les premiers laissent les deux autres se chamailler; le second va tenter de faire émerger une solution; le dernier, quoi qu'on lui propose, y sera systématiquement opposé, parce que moralement il ne pourra pas tolérer d'être d'accord avec quelqu'un d'autre que lui-même. En conséquence de quoi, nos politiques font ce qu'ils peuvent pour essayer d'en décevoir le moins possible. Dites-vous bien que l'exercice du pouvoir ne tient qu'en deux axes: louvoyer ou imposer. Dans le premier cas, nous sommes en "démocratie". Dans le second, en dictature. Choisissez: on tergiverse, on met en place de petites mesures pas forcément intelligentes ou bien conçues, ou bien on tape du poing sur la table, et l'on met en œuvre des lois potentiellement dangereuses?

Les médias ne peuvent pas être une matière amenant à la confiance absolue, parce qu'ils sont la voix d'un maître, qu'il soit une entreprise (médias privés), un état (médias publics), ou encore un "média indépendant" (qui est alors la voix d'un mouvement quelconque). La première chose à accepter, c'est qu'il faut creuser aussi bien dans les médias qu'on estime "tolérables", que ceux qui représentent, selon notre couleur politique, dans la fange des propagandistes. Je suis amusé par la critique cinglante contre la presse écrite ou internet, quand on les accuse d'être "pro ceci", ou encore "contre cela". Mais en quoi est-ce choquant? La grande difficulté du journalisme, c'est justement de se mettre dans un contexte, sans pour autant prendre une position. Or, s'imprégner de l'information, c'est nécessairement avoir un jugement de valeur dessus, ce qui automatiquement va être problématique. Prenons un exemple très simple: le président Chirac a refusé que la France soit impliquée dans la seconde guerre en Irak. Me concernant, j'ai trouvé la réaction légitime, aisément défendable, et je ne fus pas le seul à en penser le plus grand bien. Cependant, certains se sont levés contre cette décision, estimant que cela nous affaiblissait d'un point de vue diplomatique dans le monde (position de la France face aux USA). Interrogez-vous: étant de gauche ou de droite (ou autre… qu'importe), auriez-vous fait un papier élogieux au président, si vous étiez quelqu'un adhérant à des thèses de l'opposition? Et votre journal, aurait-il laissé passer un papier en ce sens? Il est tout à fait logique que les médias ne soient jamais plus ce qu'ils sont, à savoir une "voix", un "ton", et faire le tri, avoir la "bonne" information, cela ne peut passer que par le recoupement.

Je le dis, le redis, grogne, peste, voire même m'insurge contre la majorité des "bobos" qui ont le malheur de me vendre leur soupe moralisatrice. Les journaux qu'ils me mettent en avant sont tout aussi nauséabonds que la pire des feuilles de choux trouvée parmi les magazines traitant des faits divers. Ce n'est pas en se contentant d'une presse et une seule qu'on obtient l'exactitude, et encore moins qu'on peut traiter d'un sujet sans commettre d'impair. J'ai déjà posé un nombre non négligeable de colères concernant la Russie, ou encore la Syrie. Pourquoi? Dans le premier cas, on parle constamment de "Poutine despote", ou encore "Poutine mafieux". Ce qui est amusant pourtant, c'est qu'entre une France où notre président se fait laminer par l'opinion publique, et une Russie où la même opinion apprécie la fermeté de ton de leur président, il y a un monde. Pour le second, El Assad est un boucher… Mais est-ce pour autant une solution que de légitimer les opposants, parmi lesquels on va trouver de vrais démocrates, mais aussi et surtout des groupuscules armés qui ne cherchent que la domination par les armes? Choisissez donc votre camp, et préparez donc les linceuls pour les victimes de nos erreurs politiques.

Je crois fermement que le premier engagement à avoir est avant tout de commencer par prendre en main sa propre existence politique, à savoir en rendant aux urnes le pouvoir qui est le leur. Nos élus, nous pouvons les sanctionner par cette voie; nos élus, nous devons les choisir de manière logique, et non par simple dépit. Notre responsabilité collective est forcément en jeu, puisque nous devons, et ce sans hésitation, aller aux urnes pour choisir, et non subir. Je trouve invraisemblable de lire autant d'inepties sur la toile concernant le vote. NON: ce n'est pas une solution que de s'abstenir, puisque l'abstention soutient et légitime les extrêmes. NON: ce n'est pas plus une solution que de dire "tous pourris", puis de se plaindre des choix des autres; NON: il n'est pas acceptable de se croire impuissant, car l'impuissance n'existe que lorsqu'on l'accepte.

J'ai eu une phrase sur les lèvres, et je vous la répète pour le principe: "La défaite n'existe que lorsque l'ennemi est parvenu à vous faire croire que vous avez perdu". J'estime que ce propos est parfaitement d'actualité: ne cédez jamais face à ce que vous estimez comme inéluctable, pas que vous ne devrez céder face à la pression de la bienséance. Ce n'est pas parce que tout le monde vous dit "on ne peut rien y faire" que c'est exact. Seules vos décisions comptent, et votre conscience vous remerciera d'avoir agi avec sincérité, et non en suivant la foule qui, elle, se moquera qu'elle ait raison ou tort. Jamais la majorité ne garantit la Vérité, l'Histoire n'est pas avare en exemples. Alors, assumez-vous, entièrement, sincèrement, dans le doute ou la conviction, dans la réussite ou l'échec. Au moins, vous pourrez vous dire que vous avez agi, et non attendu que d'autres agissent à votre place.

10 novembre 2014

25 ans déjà

9 Novembre 1989… Les murs tombent, les choses changent, et pourtant, je regarde le monde et je ne vois pas de si grandes différences. Après tout, malgré l'effondrement du bloc Soviétique, après la fin du mur de Berlin, après l'apparition des démocraties dans les pays à l'étoile rouge, il reste encore et toujours des mécanismes politiques et économiques qui, selon moi, ne font que maintenir une forme d'esclavage moderne. Vous doutez de cette assertion? Vous mettez en doute le principe même que les équilibres mondiaux n'ont en rien évolués? Soyez honnêtes, comparez le monde du temps de Gorbatchev et d'aujourd'hui, mettez en perspective les Balkans d'hier et d'aujourd'hui, puis, enfin, dites-moi honnêtement si le monde a réellement été dans la bonne direction.

Prenons quelques thématiques assez simples. Commençons par l'armement qui, selon moi, est la première cause de terreur pour l'humanité. Hier encore, les grandes puissances se disputaient le pouvoir à coups de menaces via un parapluie nucléaire. Bien entendu, cette crainte latente et perpétuelle avait générée la fameuse guerre froide. Cependant, quoi qu'on en dise, cela maintenait des armes de destruction massive entre des mains précises, identifiées, ce qui en soi offrait tout de même une forme d'équilibre. Aujourd'hui? Avec la prolifération nucléaire (Inde, Pakistan, Israël…), et l'effondrement de l'URSS ayant probablement mené à la vente d'armes atomiques à dieu-sait-qui, force est de constater qu'au lieu d'avoir un ciel obscurci par des oiseaux de mauvais augure, nous avons à présent ces mêmes oiseaux, qui se font malmener par des nations comme l'Iran par exemple. Doit-on leur interdire le nucléaire pour autant? Le nucléaire est une source de production électrique pour le civil, et de mort pour le militaire. Comment choisir? Auparavant, le poids des deux blocs est et ouest offrait une forme de contrainte tacite sur les décisions des autres "petites" nations. Dorénavant, nous devrons compter avec des combats frontaliers, une Corée du nord disposant de missiles à longue portée, ou encore des pays dirigés par des extrémistes susceptibles d'utiliser la force nucléaire sans la moindre hésitation ou scrupule. Un progrès? Pour certaines nations, oui, pour d'autres, cela n'a fait qu'empirer les choses.

Allons au second point, et regardons avec sincérité le statut des pays issus de la fin du communisme soviétique. Que dire de ces pays, si ce n'est que d'esclaves satellites à l'URSS ils sont devenus ceux de l'UE ou des USA? Vous doutez? Réfléchissez-y: la production locale (agricole notamment) était destinée au grand frère rouge, maintenant il nous est expédié dans des conditions tout aussi malhonnêtes. Ce n'est pas pour rien que nos industriels produisent de la viande en Pologne, des cornichons en Roumanie… C'est pour les mêmes raisons que l'URSS avait ces mêmes pays sous sa coupe: la productivité. Nous nous sommes lancés dans une politique où les colonies d'aujourd'hui sont finalement plus proches et plus rentables que celles d'hier! Aussi absurde que cela paraisse, nous prétendons jouer une carte démocratique avec l'UE, alors qu'elle sert avant tout de levier économique pour procéder à un véritable chantage. Nul doute que la crise mondiale a enrayé le broyeur financier pour un temps, mais que ces nations n'émergeront pas grâce à nous. En effet, aucune chance que la Roumanie, la Bulgarie, ou même les républiques issues de la Yougoslavie s'enrichissent réellement grâce à nous. Pourquoi? Parce qu'il ne faut pas escompter de l'Europe qu'elle accepte de donner un essor à ces nations, si ce n'est sous la forme de potager ou de grange. Prenons Dacia: pourquoi produire là-bas, si ce n'est à bas coût, pour inonder le marché d'une voiture à faible marge, mais également à faible coût de production? Il n'y a pas là une démarche d'enrichissement local, mais d'enrichissement de la société mère! Donc, esclaves des rouges hier, esclaves des étoiles blanches aujourd'hui.

Continuons sur un troisième point tout aussi ahurissant: l'ennemi. Contrairement à l'idée reçue déclarant que l'ennemi a une barbe et psalmodie en arabe, le véritable ennemi est le mécanisme qui se cherche une cible à pointer du doigt en cas de problème. Quel est le problème? Ouvrons les yeux: les guerres contre le Moyen-Orient sont apparues dans la foulée de la fin de l'ère soviétique! Mais pourquoi? Parce que la présence de l'URSS, cliente avec le pacte de Varsovie, freinait nettement toute velléité de déstabilisation de la région. Une fois le spectre rouge envolé, les USA et l'UE se sont empressés de profiter de cette absence pour tenter un coup de force. L'attaque sur l'Irak avait pour but premier de rappeler à l'OPEP que ces deux groupes avaient les moyens de peser militairement sur la région, voire même de briser les reins à tout pays s'opposant à eux. De là, toutes les crises ultérieures se sont bâties sur des fondations coulées durant la guerre froide: faire s'écrouler l'état, voir une dictature s'installer, puis au final tenter de l'annihiler. Irak, Iran, Lybie… Les exemples sont assez parlants? Le problème est l'inconséquence crasse des décideurs: ils voyaient dans les despotes une seule voix pour les diriger tous, or ce fut strictement le contraire, car ce même despote ne voyait aucune raison de partager ni son pétrole, ni son pouvoir. C'est la même méthode qui a été tentée dans les pays sud-américains, soit avec des réussites honteuses (la mort d'Allende par exemple), ou des échecs cuisants (la persistance entêtée de Chavez face aux USA). On a vendu les "arabes" comme étant l'ennemi, alors que l'on s'est construit nous-mêmes les ennemis en question! A force de vouloir pressurer ces nations, à vouloir également les mettre en échec afin de les exploiter, les voix les plus radicales se sont retournées contre nous. Et l'on s'étonne du naufrage de la région?

Enfin, il y a une dernière chose tout aussi folle qu'inévitable: malgré notre crédulité, notre capacité à croire que la liberté et la démocratie progressent, nous avons bâtis et légitimés des prisons numériques. Hier, on nous espionnait. Aujourd'hui, nous livrons nos vies sur un plateau de bits et d'octets. Vous pensez que j'exagère? Regardons-nous dans le fond des pixels (comme dirait l'autre): nous sommes inconséquents, nous n'éprouvons pas de méfiance face aux tarentules du net… qui sont, finalement, les premiers à fournir nos vies aux gouvernants du monde entier. Liberté? Celle de se taire. Egalité? Face à quoi? Fraternité… On connaît la capacité de l'homme pour ce qui est de sa générosité et de son absence de xénophobie.

A bon entendeur… à dans 25 ans pour une nouvelle comparaison!