21 novembre 2011

J’avoue, je suis en plein fou rire narquois

Faute de pouvoir sourire face à l’actualité toujours plus glauque et inquiétante, je n’arrive plus qu’à rire cyniquement face aux évènements. C’est dégueulasse (en tout cas, c’est ce qu’on pourrait me dire en guise de reproche), mais je n’arrive qu’à me gausser de tout ce foutoir mondial : guerres inutiles, crise économique née par la faute non d’une situation politique pourrie, mais d’une arrogance monstrueuse des spéculateurs, et surtout la multiplication des reportages anxiogènes prompts à remettre sur le tapis des thématiques bizarrement intéressantes pour les présidentiables de 2012. Il y a de quoi se moquer, non ? Je trouve ahurissant qu’on puisse, en l’espace de quelques mois, redécouvrir qu’être prétentieux peut mener à notre perte, tout comme je trouve risible l’attitude pour le moins « maladroite » des médias qui font leurs choux gras des pires atrocités que l’âme humaine est capable de créer.

Quoi de nouveau sous le soleil ? Pas grand-chose, car, dans le fond, les exemples du passé ne manquent pas pour rappeler aux fous que nous sommes que nous fonçons joyeusement dans le mur. La crise mondiale ? Et les emprunts Russes, n’est-ce pas là une sorte d’ancêtre des subprimes ? Et l’effondrement des systèmes financiers, ça ne vous rappelle pas 1929 avec sa spéculation à outrance ? Et les guerres pour les matières premières, n’est-ce pas ce qui a mené les grands empires à se déclarer la guerre dans le passé ? Et que dire des horreurs des petits et grands crimes qu’on nous envoie au visage à longueur de journée ? Petiot, Landru… ça ne parlera pas aux plus incultes, mais clairement le XXIème siècle n’a pas inventé le tueur en série, pas plus que le voleur ou le violeur. C’est juste qu’on nous en sert à tous les repas, histoire de nous faire peur. Et, visiblement, ça marche !

Ainsi, je ne retiens pas mon rire quand j’entends des grands patrons se plaindre de la conjoncture économique, pas plus que je ne me retiens quand j’entends celles et ceux qui, pendant que c’était l’embellie financière, profitaient du système et qui, maintenant, se plaignent d’être ruinés. C’est méchant, une vraie bassesse tant dans l’attitude que dans l’esprit, mais somme toute, pourquoi plaindre ceux qui jouaient avec le feu de s’être brûlés ? C’est ceux qui subissent les dégâts collatéraux que je plains, pas les autres ! Notez qu’en plus de poser de gros problèmes, la crise permet aux plus cyniques de légitimer des licenciements, des délocalisation, ou des coups d’arrêt dans les politiques salariales. Vous ne trouvez pas amusant qu’une société puisse réduire les salaires, virer des employés, ceci en prétextant un marché étriqué, alors qu’elle fait de beaux bénéfices ? Il y a comme un contresens, un mensonge éhonté qui sent clairement la manipulation. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux en rire et se moquer des menteurs, que de pleurer et d’ajouter encore un peu plus à la grisaille ambiante.

Trop de choses sont dites et faites pour nous faire peur, et nous maintenir ainsi dans une confortable léthargie. Un peuple qui a peur, c’est un peuple docile et prompt à tout avaler, même les pires couleuvres. Malgré tous les mouvements contestataires, les grèves, les actions « coup de poing », les états ne retirent pas les politiques d’austérité, écorchant au passage les plus fragiles et les plus exposés à la crise. Il y a là une belle ironie : préservons un système instable, quitte à blesser ceux qu’on souhaite justement protéger. Ca n’a rien d’une lubie de quelqu’un de mauvaise foi, mais bien de faits. Taxons les biens de consommation, augmentons les taxes pour que les petites entreprises payent la note, et regardons les mourir de leur belle mort ! Je suis donc bien obligé de me moquer de ces rafistolages, encore plus de ceux qui les soutiennent en mentant de manière éhontée sur le résultat de ces mesures. C’est sûr que taxer les sodas va renflouer les dettes abyssales de l’état, tandis qu’on ne touche pas aux cadeaux fiscaux faits aux grandes sociétés et aux plus riches…

Bref, je regarde le monde avec détachement et cynisme, j’absorbe mon lot de couleuvres comme les autres, et j’appréhende le futur avec un rictus de circonstance. On ne sait pas vraiment ce qui nous attend, cependant, le passé me semble affirmer qu’il y a toutes les graines et le terreau fertile pour faire germer les idées nationalistes, protectionnistes, ainsi que pour stimuler la renaissance des pires mouvements à tendances fascistes. Effrayant ? Pas tant que cela, si l’on tient compte du fait que c’est hélas inévitable, et que ce n’est que le bon sens citoyen qui pourra nous préserver d’un basculement vers la dictature. Tout le bon sens politique provient uniquement du fait de se préoccuper non que de soi, mais de son entourage. Voir le monde, c’est se voir en lui.

C’est fou. Quand j’écoute Gilles Servat, je suis sidéré par sa clairvoyance. Tenez, lisez ce texte qui, mine de rien, a le mérite de nous en coller plein la figure :
En ce temps il était possible
D'aller dans la rue sans son flingue
Car il n'y avait que les dingues
Qui prenaient les passants pour cible

C'était encore peu répandu
Quand on descendait à sa cave
De trouver vingt surhommes très braves
En train d'violer une inconnue

On pouvait circuler en ville
Sans peur, sans fouille systématique
Sans recevoir des coups de trique
De la part d'un vigile viril

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

Le couvre-feu n'existait pas
Les lumières brillaient dans la nuit
On sortait bien après minuit
Car l'énergie nous manquait pas

Y avait encore des rossignols
Qui chantaient par les nuits d'été
J'avais pas d'masque sur le nez
L'oiseau tombait pas en plein vol

Il existait des grands chemins
Que les bandits fréquentaient guère
Aujourd'hui on croirait la guerre
Les embuscades au petit matin

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

On avait encore une adresse
Pas de loisirs obligatoires
Pas de télé obligatoire
Et pas de matricule aux fesses

On pouvait prendre pour confesseur
Sa femme, son enfant, sa soeur
Sans être sûr d'ouvrir son coeur
Au ministère de l'Intérieur

Et même se regarder en face
Sans s'demander si c'est un flic
Si c'est soi-même ou un indic
Dont on voit les yeux dans la glace

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

Il restait les derniers pavés
Il n'y avait que les maisons
Les trains, les cars et les avions
Qui avaient l'air conditionné

On avait encore le droit d'grêve
Et le cerveau en liberté
Machin avait pas inventé
La machine à lire les rêves

Avant qu'le siècle ne s'achève
Nous avons vaincu le cancer
Mais on ne meurt pas moins qu'hier
Les suicides ont pris la relève

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir...

Cyclique

Pour les gens ayant des soucis de vue, j’ai bien mis CYCLIQUE et non CYCLISME en titre de ce message. Alors, non, je ne vais pas traiter de la petite reine, pas plus que de la capacité à avoir une urine phosphorescente lors des prélèvements faits sur les coureurs du tour de France ! Le but de cet article est de parler de la capacité qu’a l’histoire à tourner en rond, à reproduire les mêmes erreurs, ceci avec les mêmes causes, et malheureusement les mêmes conséquences désastreuses. Ceci dit, ce phénomène n’a rien de bien nouveau, et je ne suis certainement pas le premier à en parler ! De fait, c’est donc une remarque éculée, usée par le temps et la répétition qui vous attend dans la suite de ce texte.

Trêve de lamentations sur le fait de ne pas être le premier sur le sujet, parlons clairement ! L’histoire est une répétition perpétuelle, et le fait d’oublier le passé est en soi la cause des malheurs futurs. Qu’on soit convaincu qu’il y a un avenir radieux, ou au contraire que nous tendons vers la guerre totale, force est de constater que les étapes cycliques des civilisations sont toujours les mêmes : émergence, croissance, firmament, puis enfin déchéance. Hé oui : toutes les civilisations naissent sur un ou plusieurs évènements fondateurs, elles prennent de l’ampleur, puis sur une période arrivent à un zénith culturel, pour finalement s’effondrer et disparaître à tout jamais. Ces sociétés, nous les analysons ensuite, nous en admirons la sophistication, la richesse, tout en occultant presque totalement ce qui a bien pu les pousser dans les fosses communes de l’histoire. Pourtant, s’intéresser au pourquoi serait, à mon sens, salutaire pour notre destin.

Prenons les dites phases. L’émergence est élémentaire, car elle définit un instant crucial. Typiquement, on peut décréter que notre civilisation actuelle industrialisée s’appuie fermement sur l’apparition de la machine à vapeur, et donc à la révolution industrielle. De la même manière, l’empire romain est « né » à partir de la création de la république, et du pouvoir politique central associé. Dans la même optique de croissance (seconde étape), Rome a envahi ses voisins, tandis que nos nations industrialisées se sont lancées dans la colonisation et l’exploitation des dites colonies. Dans les deux cas, les progrès scientifiques (chimie, construction, métallurgie…) furent nombreux. D’une manière assez amusante, c’est l’âge de bronze et l’âge de l’acier qui marquent l’avancée technologique des deux « empires », tout comme l’avènement de grandes cités urbanisées (Rome et les villes annexes, et Londres ou Paris en contrepoint). De fait, nous avons donc les mêmes manières de progresser, parce que la croissance économique, l’extension des marchés et des débouchés fonctionnent de la même manière depuis toujours !

Et là, c’est l’étape la plus intéressante, du moins d’un point de vue culturel. Une fois l’expansion arrivée à ses limites, soit par l’incapacité à aller au-delà d’un horizon géographique (taille de l’empire, ou bien distance immense pour le transport jusqu’aux colonies), soit par la nécessité de stabiliser les empires (incapacité à gouverner au-delà d’un certain éloignement les territoires conquis, ou bien instabilité politique trop difficile à endiguer), nous en arrivons au zénith économique. Les empires sont riches, boursouflés de suffisance et de certitudes, et l’on tend alors non plus à l’expansion, mais à la sophistication culturelle. C’est dans ce genre de période qu’on améliore le système éducatif, ceci pour créer une nouvelle élite apte à diriger par la loi (et plus par le glaive), qu’on voit apparaître un nombre énorme d’ouvrages majeurs, ou encore qu’on tient de plus en plus compte de la culture dans les décisions politiques. C’est un véritable stade où le théâtre devient aussi important et majeur que l’est la gestion des armées, où l’on se soucie au moins autant de sa toilette que de la gestion des indigents. Et ce summum, ce plateau maximal incite à la consommation : posséder les derniers produits à la mode (animaux exotiques, épices, bijoux dans l’antiquité, produits manufacturés dans notre société actuelle), améliorer le confort du logis… Tout est bon pour se rassurer, car posséder, c’est exister socialement !

Malheureusement, la sophistication implique une dérive dangereuse et vicieuse : les gens se lassent de posséder, et se voient rapidement absorbés par tout ce qui peut paraître stimulant, quitte à ce que cela soit « déviant ». Rome a payé sa sophistication par l’apparition d’une intelligentsia incompétente, gavée de richesses, mais totalement incompétente pour gérer les guerres contre les tribus autrement moins férues de confort. L’empire, pour se préserver, en est même arrivé à payer en or sa tranquillité…. Pour finir par s’écrouler, gangrené de l’intérieur par les luttes intestines et les bricolages politiques hasardeux. Cela ne s’est pas fait en un jour, tout comme ne s’est pas bâti en une bataille, mais n’est-ce pas là la voie que nous suivons ? En un demi-siècle, le confort, l’accession au « luxe » a corrompu une société qui se voue maintenant non plus à produire, mais bel et bien à s’enrichir. Les crises financières en sont un symptôme flagrant, mais le consumérisme l’est bien plus encore, alors qu’on pourrait voir cela comme un progrès. Il n’est en effet plus possible de communiquer sans informatique, tout comme il est devenu presque indispensable de posséder des produits électroniques. Pourquoi ? Parce qu’il faut entrer dans un moule, il faut « suivre », quitte à y perdre sa propre capacité de réflexion. Tenez, Facebook et autres sites connus, ne sont-ils pas finalement le signe de notre désir de sophistication de nos relations ? Au lieu de parler aux gens, on les joint par le web, en perdant de vue qu’ils existent physiquement. C’est inquiétant, non ? Le plus signifiant, c’est surtout l’abord à la pornographie, à la sexualité « débridée ». Toutes les sociétés qui se laissèrent aller à une forme de libertinage assumé finirent rapidement par s’effondrer. Est-ce un éloge de la morale ? Pas du tout ! C’est simplement que si l’élite dirigeante se préoccupe plus de sexe que de politique, force est de constater que l’état est, dans la foulée, condamné à disparaître.

Hé oui ! Nous pourrions bel et bien être sur le déclin, condamnés par notre incurie, prêts à sombrer dans l’anarchie, simplement parce que nous préférons le confort à la réflexion. Le danger est bien réel, palpable, et le dévoiement de notre morale pourrait bien nous coûter autrement plus cher qu’un simple « Nous aurions pu faire plus attention ».

17 novembre 2011

Interrogations sur la Syrie

Après l’effondrement de nombre de gouvernements dans les pays musulmans, dont la Lybie dans le sang, la Syrie est à présent sur la sellette, et notamment son président Bachar al-Assad. Bien sûr, l’idée qu’une dictature puisse enfin s’effondrer, et ainsi donner au peuple le droit d’exprimer ses opinions par la voix de la presse, de médias libres, et surtout par les urnes a quelque chose qui, pour nous Européens, de plaisant, mais pour autant, est-ce que l’action tardive de la ligue arabe pour sanctionner Damas a encore un sens ? Nul doute que les sanctions ont été mûrement réfléchies, mais pour autant, que signifient-elles réellement ?

Il faut, à mon sens, s’interroger sur la portée médiatique de l’action de la ligue. En effet, derrière une action permettant de « punir » al-Assad concernant les violences contre les civils, il y a les états du monde qui sont avant tout des clients du pétrole. Sans pétrole, peu voire pas de devises, et donc des économies rapidement condamnées à la faillite. En ce sens, le poids même des USA et de l’Europe suffisent à inciter la ligue arabe à agir contre la Syrie, quitte à être désapprouvée par une partie des habitants de la région. Bien évidemment, il n’est pas tolérable de voir un chef d’état se maintenir en place par les armes, faute d’un soutien populaire. Mais ce n’est pas contre al-Assad que se tourne la sanction de la ligue, mais vers les investisseurs, ceci pour leur faire signe qu’ils ont un poids non négligeable dans la politique de la région.

Alors, si l’on admet que la ligue arabe s’est pliée aux « demandes » de la diplomatie internationale, nous devons nous interroger sur la véritable efficacité de la dite ligue, au point de remettre en doute son existence. Certes, regrouper les voix des nations arabes sous une seule autorité de tutelle a une importance, mais son poids est, dans une certaine mesure, pondéré par l’influence de l’économie mondiale. Pire encore : dans quelle proportion l’action de la ligue est-elle assujettie à des actions extérieures ? La temporisation de l’action provient, et ce de manière très flagrante, du choix Russe de refuser toute intervention de l’OTAN/ONU en Syrie (contrairement à la Lybie). Pourquoi ? Encore une fois, pour un clientélisme malsain, preuve supplémentaire que le pouvoir politique est soumis au pouvoir du dollar. C’est non seulement dangereux, mais avant tout très signifiant sur la faiblesse inavouée de la ligue arabe.

A partir de ces considérations, on peut pousser le raisonnement très loin, à tel point qu’on ne peut que s’inquiéter de l’effondrement du gouvernement de Damas. Le printemps arabe a, pour beaucoup, marqué un tournant dans la vie des pays arabes, avec en premier objectif une démocratisation de la région. Or, force est de constater que les dérives se font dorénavant pressantes : élections Tunisiennes gagnées par un parti religieux, gouvernance temporaire s’adossant à la charia en Lybie, ces deux signes forts démontrent que les états arabes sont loin de s’être affranchis du spectre fondamentaliste. On peut même craindre la naissance d’états calqués sur un modèle iranien, avec tout ce que cela représente comme danger potentiel pour la situation locale : religieux extrémistes au pouvoir, violences contre les opposants, censure, bref des situations pires que celles dénoncées par les opposants. Il faut noter, concernant l’Iran, que cet état n’en est pas membre, ce qui en fait donc une nation qui se moque totalement des sanctions potentielles de l’organisation. L’apparition de pays singeant l’Iran pourrait, à terme, sonner le glas de la ligue, ceci par la fuite des pays ayant choisi un système politique analogue. De fait, avec l’Iran en modèle, des pays agités par des révolutions, la ligue arabe est dans la tourmente, avec tout ce que cela peut représenter comme danger pour la région.

Telle la SDN, la ligue arabe semble révéler une stature de colosse aux pieds d’argile : faiblesse de l’assemblage face aux gouvernances radicales, incapacité à supporter des chocs tels que des révolutions, la structure pourrait perdre tout poids face à des nations qui choisiraient un modèle dictatorial. La latence observée entre le début des exactions en Syrie, et l’intervention politique signe ce constat dangereux de faiblesse… Et le pétrole n’en est pas la seule cause. On ne peut que s’interroger sur la légitimité d’un système qui choisit le silence plutôt que l’intervention, silence instauré afin de ne pas avoir à choisir entre la rue qui se révolte, et l’état qui se meurt. Damas pèse un poids considérable (de par ses capitaux et ses influences politiques), et il aurait été mal venu de dénoncer al-Assad avant d’avoir des certitudes concernant son naufrage. De là, c’est avec circonspection qu’on devra prendre les actions de la ligue arabe, tant de par sa faiblesse à présent évidente, que parce que les dites actions pourraient être téléguidées depuis Washington… ou Moscou.

La grande question qui reste est de savoir comment va se comporter le système économique de la région. En effet, tous les pays qui se sont effondrés récemment sont tombés suite au chancellement d’un modèle économique non viable. Le paradoxe est donc total : si l’économie de dictature va mal, on le fait tomber avec l’espoir d’un système plus « juste », et l’on met au pouvoir une dictature, parce que les réformes nécessitent une gouvernance énergique et déterminée. En conséquence, est-ce que Damas, si al-Assad tombe, va prendre le chemin de Téhéran ? C’est une interrogation très pénible, car elle pourrait sceller le sort de la ligue, mais également celui de la région. Des alliances entre nations « radicalisées » pourraient voir le jour, un peu comme un contre-pouvoir face à la ligue. Rien n’interdit l’idée d’une nouvelle ligue, mais avec cette fois dans ses statuts l’introduction de principes tirés de la charia, ou tout du moins des aspects idéologiques dangereux pour le reste de la région.

Enfin, je m’interroge, mais ce dans un futur plus lointain, concernant le sort d’Israël. Ce qui retenait bien des actions belliqueuses, c’était l’espèce d’assujettissement de la ligue et de nombre de pays arabes absents de la ligue, à la clientèle du pétrole. Là, Israël pourrait voir apparaître un adversaire plus gros, mieux armé, plus déterminé, dans un axe militaro-politique constitué des nouvelles dictatures nées du printemps arabe. On menace constamment Téhéran concernant son activité nucléaire, on soupçonne l’état iranien de financer la construction de la bombe atomique. Quoi de plus dangereux que l’idée que ce pays y parvienne, et en fasse profiter d’autres despotes illuminés ? Là, la notion de prolifération de l’arme atomique prendrait tout son sens le plus sinistre… En espérant que cela ne soit que le pire des scénarios, et pas celui qui se produira dans les faits.

15 novembre 2011

Les fantômes ne meurent jamais totalement

Contrairement à ce que peuvent penser les plus candides, ce n’est pas une arme qui est dangereuse, c’est l’idée portée par son utilisateur qui l’est. Une arme, ce n’est qu’un outil, tout comme peut l’être le tournevis pour l’électricien, ou le crayon pour le dessinateur. En l’espèce, l’idée, la « cause », c’est elle qui est la véritable source de danger. Or, autant il est possible de saisir, puis détruire, toute arme susceptible d’être une menace, autant une idée se révèle résistante à toutes les formes de tentatives d’annihilation : censure, répression, ou au contraire éducation et explication n’arrivent pas à faire disparaître les idées, si sordides qu’elles puissent être. L’idée, comme un fantôme, résiste au temps, aux changements culturels, moraux, et ce n’est généralement que la mort d’une civilisation qui parvient tant bien que mal à faire périr les pires idéologies.

Pour parler vrai et clair, il suffit de se souvenir d’un certain nombre de choses historiques élémentaires qui, pourtant, semblent ne pas être correctement enseignées à l’école. L’éducation des masses s’obstine à nous agiter des héros, qu’ils soient les poilus de la première guerre mondiale, ou bien les résistants et autres FFL de la seconde. Cependant, où sont les vérités telles que la France fut une des plus grandes pourvoyeuses de littérature antisémite à la fin du XIXème siècle, ou encore que le système colonial fut un désastre absolu, à force de corruption et de dénégation de l’égalité des peuples ? En conséquence, nombre de clichés perdurent, à tel point que des adultes continuent à croire en des chimères absolues. Le véritable désastre, c’est qu’en l’espèce, les gosses absorbent alors des absurdités, à savoir des raccourcis historiques confortables (à quand la question de l’Algérie ou de l’Indochine dans les livres d’histoire ?), ou, pire encore, à une censure quasi incitative.

D’une certaine manière, on a poussé les peuples d’Europe à l’auto-flagellation, notamment concernant la collaboration avec l’occupant nazi, et l’activité des camps de concentration. Comme je l’ai déjà exprimé à maintes reprises, je ne porte pas de culpabilité concernant les horreurs nazies. En revanche, je suis particulièrement surpris par le manque chronique de considération pour les étudiants à qui l’on n’explique pratiquement rien. Finalement, ils ignorent presque tous que le nazisme est arrivé par les urnes, qu’il a mis en place le système à travers des lois (et non pas une anarchie de pouvoirs épars comme trop le supposent), et que la propagande fut un outil maîtrisé par les premiers experts en ce domaine. A vouloir ne pas tout dire directement, on finit alors par créer un flou, un doute, une interrogation. Or, les systèmes totalitaires, les mouvements paramilitaires créent une véritable attraction, parce que l’ordre et la discipline sont des vertus, du moins en apparence. Alors, qu’est-ce qu’on obtient ? Un côté sulfureux, séduisant, attirant alors de potentiels sympathisants.

Les candides croient le nazisme mort et enterré. Les imbéciles croient qu’on a effacé l’idéologie en interdisant la propagation des idées par la censure d’un seul livre. Les inconscients se sont même crûs investis d’une mission divine, à savoir chasser les derniers nazis pour « en finir » avec le souvenir des atrocités des camps. Que d’erreurs ! La censure, cela a poussé à l’existence de publications sous le manteau de « Mein kampf » ; les actes racistes et xénophobes, étiquetés « nazis » pour une croix gammée peinte sur un mur ne font qu’inciter à croire que le nazisme est tout sauf mort ; la chasse aux derniers nazis ne fait que remuer la boue où l’on aurait dû faire le vide (Papon, Bousquet… pas besoin d’étirer la liste), au lieu d’attendre qu’ils soient d’âges canoniques. Bilan des courses, le nazisme est encore actif, bien qu’il ait souvent pris des formes très spécifiques, avec un dévoiement chronique des textes et autres icônes.

Le problème avec l’idée, c’est qu’elle est instrumentalisée à outrance. Prenons les croix gammées : les groupes xénophobes, les extrémistes aiment à utiliser ce symbole pas tant pour ce qu’ils sont réellement, mais pour l’horreur qu’il véhicule. Le symbole est atroce, choquant, il soulève le cœur, c’est donc qu’il est utile pour provoquer les bourgeois haïs ! De là, amalgamer la bêtise chronique, et les groupes réellement organisés est très dangereux. Pourquoi ? Parce qu’il n’est jamais bon de mêler des imbéciles utilisant la bombe à peinture, avec des terroristes potentiels qui, à l’occasion, pourraient user de méthodes autrement plus radicales. Il ne faut surtout pas se contenter de l’étiquette pour connaître ces mouvements, et encore moins les prendre pour des choses « peu dangereuses » parce que peu représentés ou visibles. Le néonazisme n’a rien d’une mouvance marginale, et encore moins d’une chose à traiter avec légèreté.

Les néonazis existent bel et bien. Ils sont parfois structurés, à tel point qu’on peut parler de véritables cellules potentiellement terroristes. Pire encore : il existerait (sans preuve, je me contenterai de parler par supposition) des structures plus grandes, capables d’organiser et guider ces cellules. Les prendre à la légère, c’est prendre le terrorisme à la légère, avec ce que cela représente comme danger. Le plus difficile à admettre dans cette situation, c’est notre impuissance à identifier les membres de ces mouvances. Pourquoi ? Parce qu’ils savent qu’il ne s’agit pas de s’afficher, et encore moins d’avoir une visibilité gênante. Non, les néonazis vivent dans nos souterrains moraux, ils se nourrissent des rancoeurs et des haines, et ils savent recruter parmi les jeunes les plus influençables. Cessons de croire que le nazisme est mort, il survit à travers des groupes souvent violents et donc très dangereux.

Ce qui freine ces mouvements, c’est le manque d’un personnage, d’un « guide » comme le fut Hitler. Par défaut, les idéologies radicales ont besoin d’un messie, de sorte à cristalliser tous les pouvoirs entre un nombre réduit de mains. Faute d’une voix forte au milieu des autres sympathisants, les idées sont incapables de résister à l’usure du temps. C’est pourquoi que le néonazisme est généralement porté par des jeunes (voire très jeunes), et que la plupart retournent à des idées d’extrême droite, sans pour autant continuer à brandir la menace de la violence systématique. Cependant, craignons avec inquiétude des situations comme celle de l’Allemagne. Le schéma n’est que trop ressemblant à celui de la fin des années 20 : chômage, crise, et populisme pour appâter les foules… La crise est le terreau fertile des dictatures, et nous pourrions regretter de ne pas avoir su lire les premiers signes d’une renaissance d’une intolérance générale.

Le terrorisme d’extrême droite en Allemagne, sur Courrier international

08 novembre 2011

Fenêtre ouverte sur le monde

Plus les gens ont de moyens différents pour communiquer, plus ils s’invectivent pour le plaisir de se donner une prestance. Aussi ridicule que soit ce constat, il est impressionnant de voir à quel point le droit à la parole se révèle être un véritable poison à tous les niveaux. Pourtant, on aurait pu espérer que, grâce aux avancées technologiques, que chacun se rende responsable de ce qu’il dit et fait, et qu’on puisse ainsi faire progresser la société dans le bon sens. Malheureusement, j’ai souvent l’impression qu’il n’en est rien, voire pire encore, que la facilité avec laquelle on peut laisser un commentaire dans le monde virtuel offre une tribune aux plus imbéciles… ou aux plus dangereux.

Je ne saurais dire si c’est un sentiment d’impunité (pseudonymes, anonymat) ou bien la possibilité d’être vu par le plus grand nombre qui tente les plus virulents. Derrière le phénomène du troll (c'est-à-dire « Je vais volontairement provoquer une situation intenable dans une discussion, ceci dans le seul but de la faire mourir faute de débat construit ») se cache souvent des comportements irresponsables. On pourrait supposer, à tort, qu’il y a dans ces discussions sabotées l’opportunité de stimuler la discussion, d’amener les propos sur un terrain différent, mais force est de constater que ce n’est rien d’autre que le plaisir de détruire (ou insulter autrui) qui guide la majorité des intervenants. Pire encore : « n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » s’applique fort bien à ce terrain fertile aux débordements et autres dérives. Dans ces conditions, la seule attitude hélas efficace est finalement la censure, ce qui revient à dire « Plus on a le droit de s’exprimer, plus il faut avoir la capacité de censurer ». Le paradoxe est quand même désagréable à admettre.

Concrètement, les diverses opportunités d’expression sont diversement appréciables. Si l’on prend le côté média, on peut dorénavant réagir aux articles d’un journal, ou sur un reportage télévisé, ceci grâce à l’Internet. C’est louable, cela peut devenir passionnant grâce à des intervenants qui réagissent avec à propos et précision, mais cela offre également la malchance de devoir survoler des dizaines de messages haineux, racistes, sectaires, ou simplement hors contexte. Là, c’est devoir se poser la question sur la capacité de chacun à parler des choses nécessaires, utiles, ou tout du moins propices à faire avancer le débat. Hélas, trois fois hélas, l’acharnement qu’on peut avoir à défendre ses opinions ne mène finalement qu’à un dialogue de sourd, où chacun invective l’autre en l’accusant d’être sectaire et obtus. Tiens, ça fait presque « C’est celui qui le dit qui y est ! » de ma bonne vieille cour d’école, non ? De fait, les journaux en viennent alors à censurer les discussions houleuses, à supprimer sans avertissement les propos, ce qui revient alors, encore une fois, à de la prise de décision sans véritable contrôle. Peut-on leur reprocher ? Pas plus que cela… Sauf qu’il y a, comme toujours, un « mais » plutôt dérangeant.

Raisonnons un peu : peut-on laisser quelqu’un dire (et le démontrer) que le boulot qu’on fait est mauvais, inexact, ou même partisan ? Certes, le bon sens voudrait que la critique soit prise avec intelligence, à savoir avec l’idée initiale d’apprendre de ses erreurs. Or, chaque média a une ligne éditoriale, un fond de commerce à défendre. L’orientation politique, si simple et calme qu’elle fût, est un fondement qu’on se doit de défendre. Alors, force est de constater que toute contradiction, même étayée, est souvent menacée de censure, de rejet forcené tant des gestionnaires de commentaires, que du lectorat engagé qui viendrait à lire le dit commentaire. Résultat des courses : censure, voire même bannissement du site (comprendre une interdiction de poster quelque message que ce soit, ou, dans le pire des cas, impossibilité temporaire/définitive de se connecter au site en question). Comment est-ce qu’on appelle une telle attitude ? Du fascisme. La censure pour délit d’opinion n’est rien d’autre qu’un fascisme qui se refuse à l’admettre. Et n’allez pas croire que le phénomène soit présent que sur les pages des feuilles de choux alimentées par la xénophobie, tous les organes médiatiques sont plus ou moins touchés par ce principe.

J’ignore s’il existe une bonne façon de gérer la liberté d’expression. Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas un soutien idéologique pour Charlie hebdo, mais je soutiens leur droit à s’exprimer (dans un cadre légal et raisonné, de sorte à ce que chaque rédacteur soit susceptible d’être pénalement condamné pour ses propos). En conséquence, censurer, c’est mettre un terme au droit de s’exprimer, si mauvaise que soit l’idéologie qui est véhiculée. Le net, fournisseur démesuré d’informations tronquées, erronées, manipulées à loisir, est donc la première victime de la part de ceux mêmes qui rêvent de liberté. Loin de moi l’acceptation de voir des gens bâillonnés parce qu’ils pensent différemment, mais je m’interroge sur les procédés pour empêcher les dérives les plus dangereuses. On parle souvent de la protection de l’enfance, de la censure face à l’antisémitisme, ou encore face aux idées raciales les plus sordides. Fort bien, j’en comprends le sens, mais où est donc l’idée de justice là-dedans ? La loi, c’est le meilleur et le pire en une seule phrase : « Censurer ce qui n’est pas tolérable ». Petit exemple concret… L’homosexualité était un crime il n’y a pas si longtemps que cela, donc tous les sites parlant de l’homosexualité auraient été censurés, et leurs auteurs mis en prison ? Cela paraît fou aujourd’hui, mais l’exemple est chronique. On ne peut que très difficilement se comporter en censeur sans prendre le risque de devenir un despote.

Et finalement, il y a cette masse gigantesque de personnes sans activité, sans idée, qui se foutent royalement des droits qu’ils ont. S’exprimer ? Aucun intérêt pour eux. Avoir une opinion ? Pas concerné, donc pas d’opinion. Et ainsi de suite. Cette majorité, ces inactifs de la réflexion, c’est par eux que passent les lois de censure sans jugement, c’est par eux que se légitiment les méthodes de surveillance les plus inquiétantes. Et c’est par eux, hélas, que le choix de nos gouvernants doit se faire. On va me parler de l’abstention… Petit rappel : s’abstenir, c’est modifier les résultats des votes, et augmenter la force non pas des gros, mais au contraire des petits partis. Je ne vais pas faire des chiffres pour éviter les maux de tête, mais schématiquement, moins il y a de votants, plus une voix pèse dans les pourcentages. Logique, non ? Alors, soyons actifs, ne laissons pas les fenêtres ouvertes sur le monde que sont nos écrans devenir des endroits glauques où seuls les plus acharnés diront ce qu’ils pensent. Penser, c’est un devoir, tout comme comprendre son monde, l’aimer, l’apprécier, et le préserver. Le premier devoir du citoyen devrait être de penser, et non pas de laisser les autres penser pour lui.

A bon entendeur…

07 novembre 2011

De la colère à la fureur

J’arrête immédiatement toute tentative déplacée visant à analyser le titre comme étant un jeu de mots quelconque. Je suis réellement furieux, hors de moi, à tel point que c’est avec aigreur que je rédige ce billet. J’ai, ces derniers temps, l’impression que j’alerte sur de nombreux risques concernant le virtuel, que cela fait sourire, puis qu’ensuite la réalité rattrape mes pires craintes. Et pourtant, je suis le premier à affirmer que je préfèrerais n’être un oracle aveugle, qui aurait pour principal défaut de se tromper. Cependant, les évènements ont la fâcheuse et désagréable tendance à me conforter dans mes analyses, et pour tout dire, cela me met extrêmement en colère.

Prenons un peu ce que je disais concernant le piratage des Anonymous (ou « anons » pour ceux qui voient en eux des héros de BD) : j’avais clamé haut et fort qu’il s’agissait là d’un déni de liberté, de démocratie que de s’octroyer tous les droits, de jouer du terrorisme virtuel pour se faire justice. On m’avait alors balancé au visage qu’ils soutenaient une cause juste, à savoir la défense des enfants face aux réseaux de pédophilie. Usé par la polémique, effaré par l’inconscience chronique de mes interlocuteurs, j’avais fini par leur laisser la parole, ceci afin qu’ils se rendent compte, à terme, de l’erreur monumentale qu’il y a à soutenir une « justice » expéditive. En substance, j’avais sans relâche réitéré que le piratage était un acte terroriste, et qu’on aurait le droit, tôt ou tard, à des attaques équivalentes, mais pour des causes nous semblant moins admirables…

Et le temps m’a, hélas, donné raison.

Charlie hebdo, journal satirique par excellence, a eu le droit à une double agression : physique, par l’incendie de leurs locaux (on parle d’un coktail molotov), et la destruction de leur site internet à travers un piratage mené par des hackers d’origine Turque. Résultat des courses ? Une rédaction réduite en cendres, et un site démoli et pratiquement détruit. Pourquoi ? Parce que le journal a eu l’idée de mettre en une affiche provocante à propos du prophète Mahomet (voyez ci-dessous l’image en question).

Alors, déjà interrogeons nous sur le fond de la question : est-ce normal d’attaquer un journal de la sorte ? Est-ce légitime d’incendier un média, et de détruire un moyen d’expression ? La réponse est sans équivoque : NON. Il n’y a pas la moindre excuse à ce sujet. Je reviendrai un peu plus tard sur mon opinion concernant ce dessin et le titre du journal, mais pour autant, je ne peux pas cautionner le vandalisme, pas plus que les menaces physiques subies par le journal. Et c’est là que je suis particulièrement furieux : autant, la masse s’est blottie derrière la « bonne conscience » derrière les Anonymous, autant, là, personne ne semble réellement inquiet face à ces actes. C’est quoi la différence ? Est-ce moins intolérable parce que la cible nous semble moralement acceptable ? Je conteste ! A partir du moment où l’on accepte tacitement la justice expéditive, on ne peut plus distinguer une « bonne » d’une « mauvaise cause ». Il n’y a aucune cause qui légitime d’agir hors d’un cadre légal, d’autant plus quand on vit dans un état de droits. La résistance face à un occupant, face à une armée, c’est un tout autre cadre, à savoir un cadre militaire et militant, et pas des actions s’adossant à l’éthique. Lever le fusil contre un ennemi, ça n’est pas assimilable à la prétention de se vouloir justicier ! Je ne peux, et ne pourrai jamais cautionner ce genre d’actes, surtout s’ils visent à faire taire des médias.

Ma fureur est hors de contrôle. J’ai vraiment une colère noire contre cet acte de violence contre le journal, d’autant plus que l’hébergeur joue dorénavant les lâches en refusant de maintenir le service au journal. En gros (pour les non avertis), un hébergeur, c’est la société qui loue des espaces de stockage pour les mettre à disposition sur le net. Si l’on caricature, c’est un peu comme une « chaîne » de télévision qui diffuserait du contenu pour une société de production. Sans hébergeur (sauf à s’héberger soi-même), un site n’existe plus. Donc, en gros, l’hébergeur a cédé à la peur et aux pressions en refusant de maintenir le site sur la toile ! Ca, c’est le début de la collaboration passive, la fin du droit à la parole, et surtout la preuve que la peur gouverne ce monde. J’en suis ulcéré. C’est à vomir ! Quel est ce monde où, quand on s’exprime, on doit avoir peur de ses opinions ? Le plus important, c’est de les assumer, non ?

Sur le fond de la question concernant l’image elle-même, et le côté outrageant concernant les musulmans, je peux sans difficulté comprendre que certains soient scandalisés. Au surplus, je ne doute pas qu’on puisse ne pas tolérer une forme d’insulte déguisée dans une foi. Personnellement, je ne suis pas un amateur de ce genre de dessins, parce qu’ils mettent sans distinction tous les croyants, qu’ils soient bons ou mauvais. Pardessus le marché, l’islam interdit l’idolâtrie, à savoir la représentation de personnages sous la forme de dessins (il n’y a pas la moindre représentation du prophète dans les mosquées). C’est une indignation qu’on peut qualifier de « légitime » (toute proportion gardée) qui peut être exprimée par certains… Mais cela ne saurait être une raison valable et acceptable pour incendier un journal ! L’autodafé était un acte commun dans nombre de régimes totalitaires, et ce n’est pas acceptable de revoir cette méthode dans notre monde. J’aurais été autrement moins en colère s’il y avait eu une plainte contre le journal, un procès, enfin bref, une défense juridique légitime et moralement normale. Etre un journal ne donne pas le droit de dire n’importe quoi, pas plus que d’insulter n’importe qui, et sur cet aspect, j’aurais volontiers laissé la justice statuer. Par contre, détruire un journal, l’incendier, détruire son site internet, qui se croit suffisamment « droit » moralement pour s’accorder le droit d’agir ainsi ?!

« Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je ferai en sorte que vous puissiez exprimer votre opinion ».

Charlie Hebdo, menacé... Et maintenant le Parisien. sur lepost.fr

03 novembre 2011

Poésie numérique

J'écoute ce morceau... et je fonds... profitez en aussi.(via Sebsauvage)


Who would you rather kiss
on the very first date if you had to chose?
How big a bet you'd make
on your very first game if you couldn't lose?
What would you rather wear
on the very first dance with the one you like?
And how would you really sing
on a difficult song with a broken mike?

Small decisions,
life incisions,
big in retrospect
Bracing gently,
consequently,
the butterfly effect.

Where would you rather go
on your very last June that you spent apart?
What would you leave behind
on your very last smile before you depart?
Who would you rather kiss
on your very last chance of another start?
And how would you rise again
on a difficult slope with a broken heart?

Small decisions,
life incisions
big in retrospect.
Scopeless seeding,
always feeding,
the butterfly effect.

Edifiant

Je vous préconise de garder votre calme ... parce que j'ai eu du mal à garder le mien. Bienvenu dans le monde de l'escroquerie!

Quand on pointe au parlement... juste pour pointer!