29 janvier 2010

Grisailles et moutons

Grisaille et moutons

Ils errent dans un silence feutré,
Ils passent sur nos fils sans s’empêtrer,
Intangibles, ils glissent lentement,
Insensibles, ils s’étalent calmement.

Les moutons de grisailles s’amoncellent,
Ils envahissent totalement le ciel.
Ils étouffent les rayons du soleil,
Qui ne teintent plus ton teint de vermeil.

Ils naissent comme ils vivent,
Mystérieux, ils naviguent et se suivent.
Ils se moquent du temps qui passe,
Car nul se soucient quand ils trépassent.

Les moutons de grisailles s’effondrent,
Ils détrempent l’herbe bonne à tondre.
Ils s’essorent sans pousser un cri,
Car pour eux, personne ne prie.

Ils sont symboles d’automne,
Ils nous préparent à ce que l’orage tonne.
Ils sont horreur et vie à la fois,
Quand ils naissent d’un feu dans un bois.

Les moutons de grisaille repassent,
Ils nous cernent, et nous de guerre lasse,
Nous sortons les parapluies colorés,
Et formons alors une foule bigarrée.

Puis enfin le bleu renaît dans la cendre,
Les moutons viennent de s’épandre.
On célèbre la fin de la pluie et du froid,
Ils meurent, sans qu’il y ait d’effroi.

Les moutons de grisailles meurent,
Ils emportent avec eux toutes nos peurs.
Ils s’abandonnent au pouvoir des vents,
Faites qu’ils ne subissent pas de tourments.

28 janvier 2010

Rien ce soir

Pas le temps... comme le lapin d'Alice!

27 janvier 2010

Attention à l’escalier

La chute est toujours plus dure lorsqu’on dégringole la tête la première, quand on se heurte à chaque marche, et qu’au final, l’on finit sur la palier, perclus de douleurs, le visage abîmé par les arêtes. C’est ainsi que se passe la vie politique française : il faut savoir donner une bonne tape dans le dos à ses « amis », de sorte à ce qu’ils inaugurent, pour vous, les escaliers menant aux enfers médiatiques.

Ainsi, les représentants PS se sont régalés en se poussant mutuellement à chaque étage ; et que je te balance parce que tu as dit une belle connerie, et que je te fasse un croche pied parce que tu as critiqué les instances du parti, et que je t’en colle une derrière l’oreille pour avoir osé critiquer le système en place ! Ah, les joies des ambitions mal assumées, des choix revendiqués, puis reniés, et, au rez-de-chaussée (pour ne pas dire aux 36 ème dessous), une fois bien tombé de son piédestal, le constat douloureux d’avoir totalement échouté ! Jospin est l’exemple type de l’élu qui a oublié de prendre compte de ce foutu escalier : je me présente, je fais le malin avant le vote, et que je me prenne une immense gamelle quand les électeurs me mettent brutalement face aux réalités des urnes ! Pauvre homme, tenu par sa propre conscience de disparaître de la scène, puis finalement de servir de références involontaire pour « justifier » de la déconfiture totale de son parti. Que je n’aimerais pas à être à sa place !

Ceci dit, je parle, je me moque et fustige la gauche, mais les autres partis ne valent guère mieux. Se tirer dans les pattes est un jeu national, et l’UMP n’est pas en reste. On se souviendra longtemps des trahisons pour le poste de président, le débauchage à gauche pour provoquer l’opposition, ou encore le fait de lâcher politiquement un élu pour se couvrir. R.Dati a été « remerciée », puis poussée vers la sortie. Pourquoi ? Allez savoir, je ne suis pas dans le secret, mais, quelque part, je suis ravi qu’elle soit sortie avec, sous le coude, ses projets liberticides. Il fallait bien carboniser quelqu’un à tout jamais pour cette faute politique, alors, elle ou un autre. Oh, j’allais oublier l’exécution assez sommaire (bien que torturée) de monsieur De Villepin ! Pas mal dans le genre : « Mais oui, t’es mon pote… allez, marche tout droit, et attention à la marche ! »

Tiens, y en a encore un qui va devoir faire un tour chez le dentiste ! Ah ! C’est vous monsieur Besancenot ! Désolé mon grand, mais je n’ai guère de pitié pour les altermondialistes, les anars « modérés » (oui, ça n’a pas de sens, en même temps, est-ce que le NPA en a un ?), et je suis épaté qu’il y ait encore un électorat pour un populisme fleurant bon le passéisme, l’isolationnisme primaire, et le refus du constat élémentaire que le communisme n’existe guère ailleurs que sur le papier. Là pour le coup, nul reproche à faire au parti, ce sont ceux supposés représenter la base qui cognent. Quand on se fait jeter d’un piquet de grève avec le reproche cinglant du « qui vous donne le droit de récupérer notre douleur pour vos ambitions politiques ? », il faut alors savoir encaisser, se taire, et faire en sorte d’aller voir ailleurs si on y est. Alors, l’ami ex LCR, ils sont bon, ces nez de marche ?

L’escalier qui mène au firmament du pouvoir est aussi dangereux que l’ascension de l’Everest : glissant (quand on vous réserve des pots de banane), abrupte (merci les potes de me laisser en bas), souvent associé à la chute irrémédiable tant dans le cœur des Français que dans l’organisation politique (comment va, monsieur Rocard ?). C’est chouette, l’amitié : monsieur Seguin, symbole d’une époque et d’un ton politique très particulier, a énormément souffert de ce fonctionnement. Trop honnête dans son genre ? Il était entier, dur, franc (voire trop pour un politicien), emporté, sentimental, bref, un homme de convictions. Qu’on apprécie ou non ses idées et ses amitiés, il a su perpétuer une certaine idée de la fonction d’homme politique. Pour ma part, bien qu’étant assez lointain avec l’idéologie de droite, je suis peiné qu’il n’y ait pas plus d’hommes (ou de femmes !) de ce type. Ce serait certes plus houleux en assemblée, plus douloureux dans les propos, mais au moins, chacun saurait où se mettre. On l’a poussé dans les escaliers plus d’une fois, il s’est toujours relevé avec douleur, franchise, et dignité. Qui peut prétendre en faire autant ?

Je me suis retenu de parler de cet homme, et attendu qu’on ne parle plus de son décès. Pourquoi ? Parce que je pense devoir le silence à la famille pendant la période de deuil. Monsieur Seguin, loin d’être chèvre, vous avez été un authentique monolithe de la politique Française. Pour la peine, j’aimerais bien qu’on marque une des marches de l’escalier maudit de votre nom. Cela serait un juste retour des choses si l’un de vos successeurs y fasse une chute… et s’imprime sur la poire votre patronyme ! Subtile vengeance ? Non, pas votre genre ça ! Simplement un beau rappel à l’ordre depuis l’au-delà !

Bon voyage Monsieur !

26 janvier 2010

Aimer, passé et présent

Cela faisait un moment... un peu de poésie pour me faire plaisir, et je l'espère, vous faire plaisir.


Aimer, passé et présent

Assis tous les deux, au pied du sapin,
Nous regardons vers le lointain.
Agés mais vaillants, le sourire en coin,
Nous écoutons le vent de bon matin.

Le temps a changé les toits des maisons,
Fait grandir les blés, fauché le son.
Et nous nous tenons la main,
En rêvant du passé déjà lointain.

Les enfants grandissent rapidement,
Qu’ils sont juste des photos maintenant.
Le salon est couvert de portraits,
Et la dernière a une fille qui a tes traits.

On écoute le chant grêle du coq…
Te souviens-tu de cette époque,
Quand je te cueillais des fleurs violettes,
Et que tu me disais en riant « que tu es bête ! » ?

Le corps vieillit sans nous avertir,
Et qu’on se doit un jour de partir.
Pourtant malgré le temps qui nous efface,
Ton visage ne me laisse jamais de glace.

Le gravier de la route crisse sous des pas.
Le voisin est un vieillard comme toi et moi,
Il traîne ses souvenirs avec sa canne,
Tandis que notre amour jamais ne se fane.

Si le ciel m’a donné cette chance,
De t’avoir aimé sans offense,
Et qu’un Dieu nous a couvé du regard,
C’est qu’Il existe finalement quelque part.

Et on s’embrasse avec tendresse,
Tandis qu’on sonne au loin la messe.
Nous invitons le voisin à boire le café,
Pour nous souvenir, nous esclaffer.

Si demain je dois partir le premier,
Promets moi juste de ne pas prier.
Je ne veux pas que tu me regrettes,
Car notre vie fut pour moi une fête.

Et si toi tu pars la première,
Je te promets d’être fier,
Car j’aurais aimé toute ma vie un ange,
Une femme belle, au sourire si étrange.

Alors on se rejoindra finalement,
Qu’importe où, qu’importe les tourments.
Je te promets juste que je lutterai,
Quitte à vaincre les dieux, je te suivrai.

25 janvier 2010

Perspectives dictatoriales numériques

Je vous préviens par avance, cet article est long, je me suis fendu d'un texte assez lourd et complexe... alors, s'il n'est pas clair, commentez le!

Après avoir longuement réfléchi sur les problématiques politiques du monde actuel, j’ai constaté un phénomène assez surprenant, et surtout très inquiétant. En effet, jusqu’à présent, les références étaient très majoritairement économiques, celles-ci pressant indirectement les politiques à agir : énergie, territoires agricoles, matières premières, ces différents secteurs étaient donc des bras de levier dans les décisions mondiales. L’OMC, tout comme les réunions de l’ONU se devaient donc de traiter les industriels avec respect et même de se commettre avec eux pour le « bien public ». L’exemple chronique du siècle dernier est bien entendu le pétrole, sacro-saint référentiel économique mondial. Vous n’avez pas de pétrole ? Vous dépendez d’un tiers. Vous en disposez, ou le raffinez ? Vous avec le pouvoir de décision, et d’infléchir la politique de vos « clients ».

Or, la nouvelle tendance mondiale semble de radicaliser. Loin du modèle de l’entreprise toute puissante, nous parvenons à des phénomènes dignes des querelles religieuses. Le web, sous sa forme actuelle, est une sorte d’organisme se multipliant à une vitesse folle, faisant penser aux coraux, ou pire encore, à l’algue verte toxique envahissant les océans. En effet, le web s’étend, il se distribue, et s’immisce de plus en plus dans la vie de chacun de nous, ceci avec l’ahurissante collaboration de chacun. La perte volontaire de l’anonymat (voir Facebook), la remise à des tiers de nos informations personnelles (surf dirigiste et stockage des informations relatives à nos profils) font du web un réseau quasi neuronal. La pensée y est véhiculé, l’opinion devient mouvement, la culture une source inépuisable d’informations. Dans ces conditions, nous devenons des cellules d’un macro organisme que nous ne contrôlons plus vraiment, et des acteurs involontaires de sa propre croissance anarchique.

Le modèle libertaire veut que chacun puisse ajouter sa pierre à l’édifice. Telle une tour de Babel, ce rêve a pour but de maintenir les libertés fondamentales, ainsi que la sécurité pour le tout à chacun. En opposition directe avec les dictatures, ces idées mènent aussi à l’anarchie totale, ainsi qu’à la corruption graduelle de l’information, donc de l’opinion mondiale. Aujourd’hui, Wikipedia, tout comme Google et consoeurs, nous servent autant de référentiels (annuaires), que de véritable encyclopédie… Mais aussi de « bible » au sens religieux du terme ! Ce qui dit fait foi, et qui dit foi dit immanquablement dogme. Les détenteurs de la connaissance sont les nouveaux « curés » de cette organisation mondiale de l’information, et le manque chronique de recul des internautes ne peut amener qu’à une seule chose : l’extrémisme.

Internet progresse plus vite que l’homme lui-même : nous n’appréhendons plus ni sa taille ni son impact économique et social. Le Web nous dépasse, il domine et chapeaute tout échange dans le monde. Sans web, plus de commerce ; sans web, plus de téléphonie ; sans web, enfin, plus d’information quelle qu’elle soit ! Ainsi, ce que craignaient les auteurs dans la veine d’Orwell est en passe de se produire (et se produit déjà), ceci avec notre bienveillante collaboration. Le paradoxe est que nous ne pouvons plus vraiment nous passer de la toile, sous prétexte qu’il ne lui existe aucune alternative aussi pratique et rapide… et c’est une vérité. Nous sommes devenus tributaires du réseau, et ce à tel point qu’un naufrage de celui-ci entraînerait rapidement des émeutes, voire des guerres. La guerre de l’information n’est plus une lubie, Google et la Chine se livrant en ce moment même une véritable bataille rangée. Concrètement, l’arme de destruction massive n’est plus la bombe, c’est le numérique, le flux de données modifié de manière malveillante, ou, pire encore, coupé pour interrompre les communications. Sans communication, les nations reviennent quasiment à l’âge de pierre, tant tous les modes de circulation dépendent du numérique (gestion du courrier écrit par électronique, suivi informatisé des colis… rien n’y échappe).

Je parlais de dogme concernant le web. Certains pourraient supposer qu’il s’agit là d’une hérésie, d’un propos par analogie mal venu, d’autant plus pour les croyants… Mais réfléchissons ensemble. Qu’est-ce qui définit une religion ? Un mouvement de pensées communes, d’opinions unifiées, prêtant des qualités surnaturelles à une ou plusieurs entités merveilleuses (déités), le tout amenant à des règles d’existence en société. Le web est une entité intangible, détenant la connaissance mondiale, possédant la capacité d’être omnipotent, et même de faire de nous des « fantômes ». L’informatique sait tout de vous, depuis votre banque jusqu’au registre des naissances. Elle sait où vous mangez, ce que vous consommez, qui vous croisez, elle peut même vous traquer à travers la téléphonie ou vos achats. Omniscient, omnipotent donc… Comme un dieu ! Notons également qu’au sein de cette nébuleuse, il existe des courants forts de pensées qui sont dignes des églises réformées, ou protestantes : radicalisation du fanatisme pour une marque ou une personne symbolique (Apple en est un exemple flagrant avec le symbolique et surprenant Steve Jobs), opposition épidermique entre les différentes mouvances (guerre morale entre les pros Windows et les pros Linux), démarche pragmatique des méga entreprises (Microsoft) à rapprocher de l’évangélisation à marche forcée, démarche généreuse d’autres voies (Linux), ou encore agnosticisme généralisé vis-à-vis des voies intermédiaires.

Le web dicte de plus en plus la façon de penser : théorie du complot devenue un véritable modèle de pensée unique, ceci par la mise en doute systématique de tous les médias, exploitation des peurs mondiales par la mise en avant des catastrophes à venir, ou encore émergence de la puissance des xénophobies, le web est donc autant le siège de l’inconscient collectif qu’il est le dépositaire de la connaissance. Dans ces conditions, que le corps même du web soit atteint par des tumeurs telles que l’extrémisme religieux ou politique, l’intolérance ou le dogmatisme intellectuel n’a rien d’anormal. Ce qui est autrement plus inquiétant, c’est que ce même corps n’agisse pas naturellement pour soigner ses plaies. Il n’y pas de cicatrisation pour les blessures du négationnisme, il n’y a, pour l’heure, que des placebos tels que la censure ciblée (interdictions nationales et non mondiales, filtrage des données, menant de fait à la réduction des libertés individuelles et au droit à l’opinion).

Le web, une religion ? Pas totalement, j’aurais tendance à le voir émerger sous la forme d’un sectarisme. Il va, sous peu, y avoir un clivage entre ceux qui accèdent au réseau, et ceux qui en sont exclus (par manque de moyens, ou par choix personnel). Une embauche se décide par messagerie électronique, le travail se gère par l’informatique, et en conséquence, tout salarié se doit d’être outillé pour répondre à cette mutation de la société. Aujourd’hui encore, on peut envisager la vie sans Internet, sans téléphonie mobile, mais pour combien de temps encore ?

La société de consommation a été surpassée par le web. En effet, les modèles économiques tels que la publicité, les abonnements, ou les forfaits sont anecdotiques face à la masse de « gratuité » (réelle ou illégale). La société capitaliste est dorénavant surmontée d’un juge de paix, le web, le réseau informatisé où l’homme est une maille et non une voix, où l’homme est un identifiant et plus une opinion, où l’homme est un composant et non une entité individuelle. Pour l’heure, être connecté apparaît comme anodin et utile, mais c’est, à terme, une prison numérique sans barreau qui se construit. Les organisations mondiales gérant le réseau sont indépendantes, dénuées d’interventions financières réelles, et donc suffisamment honnêtes pour offrir des perspectives de liberté réelle d’expression et de pensée. Ce n’est pas là qu’il y a une mise en détention de l’humain dans le réseau. La mise sous séquestre de notre vie est établie par notre propre désir de créer un réseau non pas numérique mais social, de ne pas être simplement des intervenants mais aussi des acteurs actifs du modèle. L’analogie religieuse revient donc en force : nous voulons apprendre le pourquoi des choses, partager notre foi dans les réponses, et même nous faire évangélisateurs pour autrui. Ceux qui maîtrisent l’outil informatique sont en quelque sorte les nonnes et pasteurs envoyés, fut un temps, pour enseigner la bonne parole aux ouailles sans âme (puisque non convertis). Nous choisissons des outils, les installons, déployons une forme d’opinion préconçue sur la qualité de nos choix, et nos évangélisés agiront de même, en prêtant foi dans notre connaissance. Telle une église sans chapelle (si ce n’est les sites de référence), notre évangile est polymorphe, adaptable, et supporte aisément la critique, puisqu’il la porte en lui-même par essence !

Objectivement, je crains que les structures de l’information deviennent, à terme, des monstres de puissance dépassant largement les états. La confrontation Google Chine n’est qu’une étape, un contrepoint de l’émergence de ces oligarchies morales et techniques. Autrefois, les notables étaient le curé, le médecin, et le maire. Aujourd’hui, le web est en passe de compléter ce modèle en y fédérant les composantes politiques (médias), économiques (commerce et transit des informations mondiales), religieuses (sites orientés), et sociales (réseaux dits « sociaux »). En soi, le web sera donc la nouvelle superstructure détentrice de tous les vrais pouvoirs. Pas de frontière, pas de patrie, pas d’unicité, rien qu’un amoncellement aussi structuré qu’il apparaît primairement anarchique. Il n’y a pas de véritable anarchie sur le web : il progresse, s’étend, insère ses racines dans tous les domaines, et il devient le « Dieu » que nous devrions au moins autant craindre que celui craint par les croyants sous la nef des chapelles. Son pouvoir dépasse, et de loin, celui des gouvernements. Demain, un nouveau Watergate pourrait avoir lieu à travers le net. Ce serait donc une démonstration de force du réseau contre les politiques. Demain, les campagnes de désinformation pourraient réduire à néant les démocraties, déboulonner des gouvernements, ceci à travers tant des décisions individuelles raisonnées, que par l’action irraisonnée de quelques uns.

Doit-on se prémunir de cette mutation ? Il me semble qu’une priorité absolue doit être donnée à la formation de chaque utilisateur, de chaque entreprise susceptible d’accéder au réseau. Il faut à tout prix que la vie privée ne devienne pas une composante du réseau, il faut que la vie privée demeure une propriété personnelle, sans que le réseau soit omniscient dessus. Une entreprise qui se livre à un tel étalage de sa propre structure se livre en pâture à la machine. Une fois entrée dedans, plus d’issue de secours. Les sociétés ancrées sur le web ne peuvent plus en sortir, sous peine d’en mourir. Le web nourrit autant qu’il affame, et un Microsoft, un Google, un Ebay, ou un Amazon périraient sans le web. De la même manière, trop de services sont définitivement tributaires du maillage central (contrôle des énergies, des informations bancaires/boursières, contrôle des armées…), ce qui amène donc à s’interroger sur la pertinence d’être totalement connecté. Sans paranoïa excessive, et ce malgré des réalités telles que Echelon (réseau de surveillance mondial de l’information, bâti aux USA), l’homme se doit être utilisateur, et non synapse recyclable du maillage. Cet emprisonnement pourrait alors amener à l’émergence d’entreprises par delà les états, des « nouveaux Vatican » numériques, avec des sanctuaires dévolus à l’information. Google désire numériser la connaissance mondiale, et la résistance pathétique des éditeurs ne durera pas éternellement. Le réseau détiendra alors toute la connaissance et la culture humaine. Phare d’Alexandrie ? Pourquoi pas, sauf que le symbole sera aussi signe de prison numérique. Que ferons-nous si les entreprises ferment le libre accès à la connaissance ? Devra-t-on payer pour s’instruire ? Devra-t-on alors être des esclaves numériques ? La puissance n’est une bonne chose que si celle-ci peut être contrecarrée par des contrepouvoirs. Or, qu’est-ce qui sera un contrepouvoir face à des entreprises mondiales, brassant des milliards ? La question reste ouverte…

22 janvier 2010

Musique!

Messieurs dames, voici ma suggestion du jour ! Plutôt que de nous coltiner des informations morbides, sanglantes, et bien souvent inhumaines, pourquoi ne pas rendre un peu de couleurs à la petite lucarne qui nous tient lieu de contact avec le monde ? Ne serait-ce pas plus amusant de nous faire le 20h au son d’une bossa nova, ou bien d’un jazz endiablé ? Ah, le son des cuivres qui détonnent en lieu et place du chant des roquettes, les percussions et les cymbales à la place du staccato des mitraillettes ! Ca serait alors un vrai spectacle, et pas simplement une revue des carnages quotidiens.

En ce moment, Haïti vient, revient, s’incruste, bouffe tout le temps d’antenne, puis l’on expédie le reste de l’actualité comme un plateau repas : vite vu, vite ingéré, vite digéré, vite oublié. Là, on aurait franchement l’opportunité de se détendre et de manipuler les images. Quitte à être des moutons, autant l’être en chanson, non ? Je trouve tout particulièrement déprimant d’avoir le droit à des extraits de discours monocordes, alors qu’un bon petit « Viens faire un petit tour à la maison » de Licence IV serait tout à fait de circonstance ! Un peu d’accordéon (pour le contrepoint avec le souvenir de Giscard faisant le guignol chez le beauf de base, le Français moyen quoi), un peu de picrate qui tache (pour se souvenir du lobby des vendeurs de mauvais pif les jours de beaujolais vomitifs fleurant l’improbable banane), du calendos grand format (pour se mettre à dos les bouffeurs de hamburger) et, sublime rappel, la baguette (pour le côté conservateur), on aurait là le menu idéal d’une actualité bien « de chez nous ».

Sans rire, le monde aime la grisaille autant que je honnis la bêtise… C’est dire. On s’emmêle, on se mêle, mais on ne se mouille pas trop. Des opinions ? Oh pas question, dire quelque chose, c’est déjà décider… Alors, plutôt que de dire ce qu’on pense, associons de la musique et de la chanson sur les informations. Pour sûr, la morue qui tient lieu de bavarde sur la deux serait bien à son aise avec un bon gros bide des années 70 disco, vous voyez le topo, le bidule consensuel et sans chaleur, le machin juste bon à remuer ses miches sur un parquet élimé au possible… Quoi ? Vous me trouvez vache ? A quel niveau ? Ah, morue, oui bon, d’accord, morue c’est osé, mais c’est juste parce que je crains quand même un peu les procès en diffamation. Bref : musique maestro !

On colle bien des ritournelles dans les documentaires, alors pourquoi pas dans l’actualité ? Si l’on dit Vietnam, on entend les Doors, ou encore Les Stones. On dit débarquement allié et hop, un bon boogie-woogie, et zou pour les années 80 du Trust et du Balavoine pour le contrepoint. Ben alors, si le procédé marche pour nous instruire, il pourrait tout aussi bien être crédible pour nous enfoncer dans le crâne les « réalités » que d’autres estiment nous être bénéfiques. Ceci dit, je modère l’idée pour les chaînes d’information en continu : sur LCI, on se mangerait les jingles ultra connus des grandes marques (et entrendre la musique de Findus sur l’affaire de la mère ayant congelée ses gosses… boulette), et sur Euronews, ce serait un truc entêtant, sans âme, très synthétiseur, et rapidement insupportable. Alors que proposer ? Faire l’actualité en chantant par exemple ! Evitons le Luis Marianno, mais pourquoi pas un truc à la Johnny braillant « Bagdaaaad deux miiiiiiiiillllles ! »

Allez, j’ai assez dit de conneries en l’espace de quelques lignes pour faire mon quota de l’année… Et pourtant, eux, les journaleux de la télévision, se privent-ils d’en débiter de plus grosses qu’eux, de conneries ? Se privent-ils de nous prendre pour des demeurés sans culture ? Ne sont-ils pas de ceux qui font avaler que la guerre est une chose juste, que l’exploitation des masses laborieuses à l’étranger (et surtout, si possible, dans le tiers monde) est un bienfait pour notre économie ? Et ne sont-ils pas ceux qui, six mois avant la crise, revendiquaient que la bourse était un placement intelligent, pour finalement la lapider en place publique ?

Faudra que je demande à François Corbier de nous faire un truc sur le sujet, un 20h revisité à coup de guitare et de bons mots… il saura s’y prendre, le voyou ! Et puis je serai alors le premier à m’envoyer chaque 20h avec une fidélité bigote ! MUSIQUE !

21 janvier 2010

Ange ou démon

Le jugement que l’on porte sur autrui est souvent tranché : bon, mauvais, brutal, doux, nous ne laissons guère de place à la demi-mesure. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il est plus simple de se contenter d’un résultat définitif et radical, alors qu’une analyse plus en profondeur supposerait que nous nous intéressions à l’autre. Ainsi, c’est à travers le prisme déformant des médias que nous décrétons un tel comme étant un « monstre », et un autre que nous étiquetons « ange sauveur ». Certes, certaines choses peuvent nous amener à ne pas douter de ces jugements : situations inacceptables, actions bénéfiques, ce sont donc les actes que nous jugeons, et pas réellement la personne, ce qu’elle est, ce qu’elle aurait pu être.

Je ne m’exclue pas de ce comportement, bien au contraire ! C’est d’ailleurs une de mes pires tares (parmi tant d’autres), et un de mes pires travers intellectuels. Je n’hésite que rarement à vilipender ou à encenser, surtout quand j’estime que l’un ou l’autre s’avère nécessaire. Sur la forme, c’est utile, sur le fond, c’est source de désorientation. Tenez, par exemple, je n’éprouve aucune honte à estimer qu’un président comme Poutine est utile pour la Russie, alors que reporters sans frontières, comme bien des ONG, l’estiment comme étant un tyran qui ne clame pas son emprise sur sa nation. Je légitime bien entendu ces discours et analyses, mais pour autant j’aime à rappeler ce qu’il a fait, et ce qu’il faut être pour diriger un tel pays. De ce fait, je lui donne des ailes d’archange vengeur, un bourreau qui n’a pas encore été déchu pour avoir été trop loin dans ses décisions.

Au fond, l’homme n’est qu’un couard. Décider fermement n’a rien d’héroïque, je dirais même que c’est un acte authentiquement lâche et dénué de nécessité. Facile de dire que Pinochet était un salaud… à 10.000 kms de la région ! Evident de taxer tout Allemand de nazi pendant la seconde guerre mondiale, en oubliant bien entendu tous les résistants antinazis qui ont fini leur vie dans les camps, tout comme il est simple de dresser en gloire les résistants en France, en mettant au placard les squelettes de la collaboration active, en omettant d’aborder le vel d’hiv’, ou encore en parlant de Pierre Laval ! Binaires ? Tout n’est pas blanc ou noir, l’homme est un amateur averti de grisaille, tant pour sa vie que pour ses villes, et il est notoirement rare de voir des esprits éclairés y changer quoi que ce soit. L’homme de la rue n’est que trop rarement conscient, il ne se soucie pas de conséquences ou d’idées, il s’inquiète de sa situation, et il tirera partie de la vérité qui l’arrange, pas celle qui serait vital de connaître.

Nous sommes autant victimes que bourreaux, la seule chose qui nous distingue du barbare, c’est notre désir de laisser d’autres personnes prendre les décisions infâmantes. Prenons la politique : nous élisons, et souhaitons pouvoir participer aux élections, mais c’est majoritairement avec l’idée réconfortante qu’un autre se mouillera pour mettre les pieds dans le plat. Le vote extrémiste est un vote binaire, un vote fondé sur l’aberration du « si je suis tranché, un autre agira à ma place selon mes idées, ce qui mène immanquablement à la dictature et au non droit. Rien de paradoxal ici, l’homme se défausse sur les rares agissants, les rares à mettre en pratique ce qu’ils pensent, en anges avertis, ou en démons sans foi ni loi. Telle une meute, nous choisissons donc notre meneur, nos chefs de meute, et nous courbons d’autant plus facilement l’échine que cela nous déresponsabilise. Pourquoi croyez-vous qu’il existe des réfractaires à l’avancement ? Parce qu’ils ne seront jamais d’accord pour prendre des décisions lourdes de sens. Typiquement, si vous voulez tester si un ami est un ange ou un démon, demandez lui s’il accepterait un poste où la responsabilité est la clé. S’il accepte, mettez le face à des décisions difficiles mettant en jeu la vie de millions de personnes… et analysez, en votre âme et conscience, ce qu’il est réellement.

Et préparez vous à être terrifié.

La vraie problématique de l’âme humaine est cette question qu’il m’arrive de poser, ceci par pure provocation : « Vous êtes d’accord que créer est un bienfait, et détruire un méfait. Alors, que penser du créateur de la bombe atomique ? » Etes-vous le démon, le cavalier de l’apocalypse, ou le père fondateur du progrès ? Il n’y a rien de philosophique, c’est simplement le dilemme posé par la responsabilité individuelle.

Pour ma part, je présuppose que je suis un démon en tenue d’ange. J’ai, comme bien des hommes sur terre, la capacité de décider d’être un monstre, ceci avec la souplesse intellectuelle inhérente à toute personne un tant soit peu instruite. De plus, je ne repousse pas toute idée destructrice sous couvert d’une conscience de carnaval. Je ne me masque pas, je suis tel que la Vie s’est amusée à me faire… mais ça, ce sont les autres, ceux qui me connaissent, qui vous en parleront bien mieux que moi.

20 janvier 2010

Les anglophobes vont me détester!

Bon, c'est assez simple: les deux sites du jour sont assez symboliques de ce qui peut être fait sur le web, et de ce qui est potentiellement l'avenir des sites que nous visitions au quotidien. Esthétique, ergonomie, ils représentent, à mes yeux, l'émergence d'un véritable contenu qui va au-delà de la qualité rédactionnelle.

Hélas pour ceux qui sont réfractaires à l'anglais, ils sont dans la langue de Shakespeare!

Bon surf!

The FWA: Favourite Website Awards
L'idée de ce site est de recenser les plus beaux sites du web, et si possible qu'ils aient un aspect intéressant sur le contenu (et pas seulement le contenant). Pour naviguer, utilisez la molette, et cliquez sur les miniatures. Sur la droite de la liste, un panneau se met alors à jour, et cliquez sur le lien URL correspondant.

What's the real cost?
Le but de ce site est d'interpeler les gens concernant les dépenses de santé. Le tout est mis en scène (en anglais hélas), avec animations, mini jeux et réflexions humoristiques à l'appui. A méditer, et avec le mince espoir qu'un tel site naisse dans nos contrées pour expliquer aux gens le carnage qu'ils font en abusant du système de santé publique.

19 janvier 2010

Les vieilles pôtées

Ah, le souvenir de la soupe de la grand-mère qui fume dans la cuisine chauffée par un feu de bois, la saveur du paprika qui s’accroche aux papilles quand on dévore des plats à la sauce rougeoyante… Difficile de résister à l’appel de la nostalgie, aux sens éveillés, et à la mémoire qui fait verser la petite larme de tendresse. Pourtant, ce genre de moment est tout personnel, et l’on a du mal à partager nos émotions, quant bien même celui qui vous tient la main dans la pièce du passée est l’être aimé.

Ce n’est pas une brève poétique qui me pousse à évoquer ce genre d’instants, c’est plutôt une partie de l’actualité cinématographique qui me fait réagir. Coup sur coup, ce sont des souvenirs trop anciens pour les adolescents qui s’étalent en cinémascope : Clint Eastwood avec Invictus, et Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar. Avant que l’on ne vienne me critiquer sur mon avis sur ces deux films, je n’ai vu aucun des deux, donc ma chronique ne portera ni sur les qualités de ces réalisations, ni sur l’opportunité, ou non, d’aller les voir. Ce qui m’amène, c’est plutôt le fait que l’on veuille faire vibrer des fibres très particulières à travers ces réalisations.

Tout d’abord, le mimétisme des acteurs avec leurs personnages. Invictus parle de Nelson Mandela, et Gainsbourg du chanteur compositeur si connu. Le mimétisme des acteurs est flagrant, et même stupéfiant. Pour peu que l’on ne sache pas que ces films sont à l’affiche, on pourrait prendre les images (voir les bandes annonces sur Internet) pour de véritables images d’archives, des documentaires exhumés d’un dossier perdu pendant des années. C’est flatteur pour les acteurs et le choix du casting, potentiellement bien moins pour le réalisateur. Imaginez donc si le scénario s’éloigne de la réalité pour laisser un peu place à la poésie ? Alors automatiquement ces deux films seront taxés de mauvais car ne respectant pas scrupuleusement le déroulement des évènements. C’est quelque chose de très dangereux, surtout quand le film est pourtant de qualité. Cela ne serait pas la première fois qu’un film serait boycotté par les « intellectuels », sous prétexte qu’ils ne sont pas totalement fidèles à l’œuvre originale. Je me souviens des envolées lyriques des fanatiques de Tolkien dissertant des qualités de la trilogie du seigneur des anneaux au format cinéma… Un drame ! Un film, c’est avant tout un point de vue, un regard, une réinterprétation, pas un documentaire (surtout quand il s’agit d’une œuvre fantaisiste !)

Le second point qui m’incommode un peu, ce que ces films auront du mal à trouver un public parmi la « jeune » génération. En effet, Mandela, c’est loin, Gainsbourg encore un peu plus, et je doute qu’en dehors d’un accompagnement parental, que les adolescents puissent se pencher sur ces deux films. Mandela est pourtant le symbole même de la révolution « pacifique », l’émancipation des noirs, la fin de l’apartheid, mais cela semble aller de soi en France par exemple. Peu de gens se préoccupent réellement des droits de l’homme, alors de Mandela… Pire encore : Gainsbourg, le compositeur à la trajectoire si atypique, à la musique si personnelle, n’évoquera guère que des références obscures, ou sera identifié comme « le disque ringard de mon paternel ». Pourtant le grand Serge a offert des œuvres intemporelles, des styles si surprenants qu’ils peuvent, aujourd’hui encore, en étonner plus d’un. Du poinçonneur des lilas, en passant par mon légionnaire, jusqu’à sa réinterprétation toute personnelle de la marseillaise, Gainsbourg évoque le génie mêlé de folie, l’autodestruction par le tabac et l’alcool, et cette élégance mâtinée de nonchalance unique en son genre ; Est-ce alors abordable par les gens n’ayant jamais entendu Gainsbourg sur les ondes ? J’en doute un peu.

Et puis, espérons que ces œuvres soient suffisamment fortes pour marquer les esprits. Eastwood va avoir quelques deniers de ma part tant j’ai confiance en lui, par contre, pour Gainsbourg, je suis déjà plus prudent. C’est ainsi : j’ai adoré Gran Torino du géant Clint, et je ne connais pas la filmographie de Sfar, alors, patience. Ce qui me dérange un peu, finalement, c’est qu’au lieu d’innover, nous mangeons du « La vie de X » à travers le cinéma : Gainsbourg, Mandela, précédemment Piaf, Maradona (si si !)… la nostalgie fait recette, mais pas forcément avec talent. Pitié, faites de bon films, offrez vous des scénaristes capables d’écrire autre chose qu’un « En fait, c’est la vie de X… on colle une histoire de … dedans, un peu de belles photos, une bonne musique et roulez ! »

18 janvier 2010

Haïti

Vous voulez que je sois larmoyant, sympathique, chargé de la que trop normale émotion pour ce pauvre pays frappé si souvent par le malheur ? Vous espérez sincèrement que je sois de ceux qui, sous couvert d’une bonne conscience, font des appels incessants aux dons ? N’y pensez même pas ! Ne comptez surtout pas sur moi pour être de ceux qui se rangent derrière l’image de propreté induite par la générosité largement affichée, et encore moins de cautionner ce qui va inévitablement enfoncer encore un peu plus Haïti dans le malheur. L’aide et l’assistanat sont deux choses très différentes, et, visiblement, le monde n’a toujours pas compris que jeter des millions de dollars dans la balance ne suffit pas à réformer un pays vérolé par la corruption, la gabegie sociale, et l’absence même d’instances politiques viables.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas venir en aide à Haïti, c’est tout le contraire ! Il faut absolument que les nations s’empressent immédiatement de porter secours, par tous les moyens, à ce peuple martyrisé tant par les dictatures que par les éléments. J’exige que les pays de l’ONU assument en fait leur rôle dans le maintien au pouvoir d’escrocs, de despotes, d’ordures qui ont torturé la population, qui se sont enrichis grâce aux fonds internationaux, et qui pardessus le marché trouvent le moyen de se payer la tête des généreux donateurs. Que les USA, la France, et les autres, envoient de vrais moyens pour raser les bidonvilles, pour reconstruire de véritables infrastructures. Qu’ils mettent en œuvre définitivement l’assainissement des eaux usées, qu’ils déploient l’électricité jusque dans les quartiers populaires ! Mais qu’ils ne mettent, et ce à aucun prix, pas un centime à disposition des gouvernants. Que leur président soit, ou non, un homme de bonne volonté ne compte plus : Haïti a toute son administration complètement gangrené par l’héritage de décennies de dictatures, et, si l’argent venait à entrer dans les caisses d’un tel état, les populations les plus nécessiteuses n’en verront jamais la couleur.

Que les dons se fassent de manière physique : couvertures, équipements pour des constructions d’urgence, médicaments, pelles et pioches, mais certainement pas des chèques en blanc. Le désastre du tsunami ne semble pas avoir remis les choses en ordre : sur les millions collectés, combien aboutissent dans les communes sinistrées ? Et sous quel délai ? Là, il s’agit de trouver une solution pour toute une nation, d’offrir une véritable perspective d’avenir, et pas juste quelques mois de médiatisation qui finiront d’une part, par fatiguer les auditeurs, et d’autre part, par être ôtés des médias, et donc de l’esprit des gens. On n’oublie que trop facilement le malheur des autres pour mieux se focaliser sur soi-même, et Haïti subira cet oubli mondial, comme l’île l’a déjà subi avec les tempêtes de ces dernières années.

Les conseillers sont rarement ceux qui paient. La preuve en est avec les appels aux dons. A force d’être pris pour des demeurés, rares sont ceux qui donnent, de bonne grâce, de l’argent aux œuvres caritatives. Ne mettons pas en cause le courage des ONG, ne doutons pas de l’honnêteté de la plupart des acteurs, mais en retour, que ces mêmes ONG soient plus transparentes, et qu’elles demandent de la logistique, de l’équipement, au lieu de capitaux dont nul comprend l’usage final. Je croyais que nous parlions de bénévoles et non de salariés… Enfin bon : pour moi, la première association à but non lucratif devrait être l’ONU, et non des groupes de personnes qui pallient aux tares de notre système mondial. Il est inacceptable que nos nations ne soient pas capable de venir correctement en aide aux petites, d’autant plus quand il n’y a pas d’intérêt économique ou politique.

Afghanistan, Irak, deux beaux exemples de persistance des USA sur des territoires éloignés, et ce pour des causes obscures. Haïti n’a rien à offrir, si ce n’est un climat de carte postale, et donc un potentiel économique à créer. Combien de temps les boys américains resteront-ils sur place ? Trois mois ? Un an ? Ce n’est pas en quelques mois que le pays va se rebâtir, et encore moins s’organiser. Il y a un travail énorme de scolarisation, de création d’une élite morale et politique à faire, mais il faudra compter deux décennies pour y parvenir. D’ici là, sans une constante assistance administrative et politique, Haïti retournera inévitablement dans le fossé, et tous les investissements faits dans la reconstruction seront réduits à néant. Pensez y, messieurs dames les politiques : Haïti n’est ni riche ni productif. Haïti n’est pas le Koweït, mais Haïti mérite tout autant votre attention, car il y vit des gens qui souffrent, et vous n’êtes pas innocents à leurs souffrances. Ne me regardez pas de biais en faisant la moue : parce que vous n’avez pas légitimé la place des dictateurs haïtiens en les tolérant dans vos instances, à votre table, en leur rendant visite ?

Pensez y !

15 janvier 2010

Google enlève la censure sur son site Chinois

Le web a le don de réussir à m’épater. Je n’ai jamais été vraiment tendre avec l’entreprise Américaine, notamment concernant son honnêteté ou, pire encore, concernant sa démarche de respect de la vie privée, et là, renversement de situation, Google réagit et fait acte de résistance face au gouvernement Chinois. Après une attaque en règle du système de messagerie Gmail de la société, Google a décidé de supprimer le filtre appliqué au moteur de recherche éponyme. Révolution ! Les Chinois peuvent enfin voir des clichés de Tian An Men via le site google.cn, et donc, potentiellement, accéder à de l’information censurée ! Que doit-on en penser : s’emballer en déclarant que Google reste finalement un acteur des plus neutre sur le réseau, ou s’agit-il là d’un acte intéressé ?

Je tiens tout d’abord à effectuer un rappel indispensable : Google s’est installé en Chine en 2006, et a, dès son établissement dans l’empire du milieu, accepté les lois Chinoises et appliqué le filtre idéologique du gouvernement dans le moteur de recherche. De plus, Google a été attaqué à plusieurs reprises pour avoir « activement » aidé la dictature à traquer et enfermer les opposants au régime. Bien entendu, une entreprise qui veut faire du business avec la Chine est tenue de respecter les règles en vigueur, et donc de se plier aux exigences autocratiques du système. De là, Google a donc choisi le principe de l’économie au détriment de l’honnêteté morale… Mais ce n’est pas la seule entreprise. Toutes les sociétés implantées en Chine agissent de même, et l’on ferme facilement les yeux sur les exactions commises à l’encontre des opposants, des penseurs, donc de ceux qui refusent la chape de plomb de cette dictature.

Ce qui a fait réagir Google, un peu à l’instar d’une contre mesure, c’est que des pirates aient tenté de se servir du système Gmail, utilisé par ses salariés, et ainsi s’octroyer un accès dans le système du moteur de recherche. But supposé : obtenir des informations stockées par la base, et ainsi ressortir des listes d’adresses d’opposants potentiels. Est-ce vraiment la chasse aux résistants qui a mené Google à ouvrir son service de manière « totale », ou est-ce simplement un moyen de dire à la Chine « On a fait ce que vous vouliez, mais vous venez malgré tout nous pirater pour vérifier si l’on dit vrai ». Dans un cas comme dans l’autre, cette action d’éclat est une action potentiellement gagnante pour Google : image de marque renforcée dans le monde, récupération d’un large public Chinois, et surtout la possibilité de faire une menace tacite au monde entier. Comment ça une menace ? Réfléchissez : si Google est capable de dire à la Chine « on peut agir sans votre consentement », rien n’empêche de penser que ce genre de message pourrait être envoyé à d’autres gouvernements. Et cela m’inquiète.

Google est, rappelons le, une société privée. Comme toute entreprise, son but est de faire des bénéfices, et non de se comporter en police privée pour quelque gouvernement que ce soit. Or, Google, comme nombre d’acteurs du web, dispose d’informations très sensibles appartenant à ses internautes : coordonnées privées, correspondance, géolocalisation, téléphonie mobile, voire même coordonnées bancaires. C’est une véritable toile d’araignée tissée entre les médias, et force est de constater que tout ceci n’est pas très rassurant concernant la sécurité de nos données, et encore moins concernant la confidentialité. Certes, Google n’a, pour l’heure, jamais été à l’encontre des internautes du monde entier, au contraire même : services majoritairement gratuits, mise à disposition de services uniques en leur genre avec, en vrac, Picasa, Google Earth, Google maps, Google docs, et fiabilisation permanente du tout. Pourtant, c’est quand même un big brother qui s’est bâti avec les deniers des entreprises privées, non ? Ajoutons à cela que ces mêmes deniers permettent maintenant à l’entreprise d’agir ouvertement avec un gouvernement tel que la Chine. Si ce n’est pas peser lourd, je ne sais pas ce que c’est.

Google a pris l’ampleur d’un état dans l’état : détention d’informations diverses et variées, création d’un « réseau parallèle » (avec l’offre gratuite Google DNS qui ne sera compréhensible qu’aux initiés du réseau), et permet la communication de millions de personnes dans le monde. Quelque part, les états vont devoir traiter avec Google comme ils traitent déjà avec Microsoft. On avait peur de Microsoft, on voyait en Bill Gates le père potentiel d’un big brother, et là, c’est Google qui s’y colle, et ce par notre propre volonté ! Nous légitimons la situation en usant et abusant de ces services, alors qu’il existe une concurrence.

J’espère que cet acte de défaire Google.cn de sa censure est une action militante, et non un acte politique. Si Google persiste, il se pourrait que la société doive quitter le territoire chinois, et mettre un terme à son service dans un pays en pleine mutation économique et sociale. La croissance de la Chine est propre à faire fantasmer les plus grands capitalistes, et sortir de Chine serait, pour Google, une façon de refuser cet immense marché potentiel. Entre les machines « low cost » avec le système d’exploitation Chromium OS (concurrent à Windows 7 sur des machines à bas prix), Android sur les téléphones mobiles, Chrome en guise de navigateur internet, ne pas être là pour le virage web de la Chine, ce sera offrir à la concurrence un marché très lucratif… Mais si c’est une action idéologique, alors Google ne fera pas marche arrière. Attendons, et espérons que Google soit vraiment aussi neutre qu’il pourrait y paraître.

14 janvier 2010

Les ombres

Elles se couchent sur les murs, dansent avec les flammes, et jamais ne nous quittent, si ce n’est dans la noirceur de l’éternel. Elles sont là, fidèles, vaporeuses et silencieuses, compagnes de moments tendres et d’instants cruels. C’est dans leur intangible existence que vivent les gens, qu’ils grandissent, puis meurent. On ne vit que parce qu’on a une ombre, un côté obscur à présenter à la clarté de nos convictions. L’ombre est lumière pour celui qui sait y lire la paisible tranquillité du sommeil, elle est la sœur du rêve, la protectrice de l’enfant ensommeillé, et l’épouse des ébats amoureux.

Nous ne sommes que des ombres qui s’avancent dans le néant, en tentant d’y bâtir quelque chose de concret. Chaque seconde de l’existence décime la vie, chaque instant n’est qu’un pas de plus vers le retour aux sources. Nos ombres, fidèle depuis notre naissance, ne craignent rien si ce n’est l’oubli. On n’oublie jamais l’ombre de la femme aimée, pas plus que celle du bouleau vous protégeant un jour d’été ensoleillé. Est-ce le désespoir que de parler des ombres ? L’espoir, c’est le havre de paix pour le voyageur, le puits protégé par le chêne, la tente dans le désert, la grotte dans la montagne. A la lueur d’un feu de camp, les ombres dansent et forment la ronde de la vie, celle du réconfort d’un instant partagé.

Avancer, encore et encore, arpenter les chemins les plus tortueux, avec le doute en guise de compagnon permanent. Parfois, le cœur s’obscurcit à cause de la colère ou de la frustration, et l’on croit que c’est une ombre qui se pose sur nos sentiments. Il n’en est rien. L’ombre n’est pas un ennemi, elle ne colporte ni violence ni haine. Nous bâtissons de la noirceur dans nos cœurs, et nous baptisons alors nos rancoeurs « d’ombre sur l’âme ». Quelle ombre ? Nous nous croyons éclairés, conscients, et même intelligents, et nous ne nous privons pas de détruire sous couvert de progrès. En quoi l’ombre étrange et colorée d’une forêt primaire est-elle hostile ? Le couvert d’un feuillage est hostile parce que nous ne vivons pas en harmonie avec les cycles du temps et de la nature, l’ombre des nuages gris et lourds n’a rien de menaçant si l’on en accepte les conséquences. L’homme ne peut pas dire à la terre de se taire, l’homme n’a pas de pouvoir divin, l’homme vit, subit, et souffre s’il le faut, parce que telle est la nature de toute chose : disparaître un jour.

On dit « mettre à l’ombre » un détenu. N’est-ce pas là un non sens ? L’ombre peut camoufler, protéger, apaiser, alors que la prison ôte la liberté, enserre le cœur et réduit à l’état de numéro des êtres humains. Il n’y a ni lumière ni obscurité dans ces bâtiments, il n’y a que la grisaille du béton, et le noir des cœurs maudits des détenus. L’ombre, elle, glisse, elle s’affranchit des barreaux, grimpe sur les façades, s’installe sur les miradors, et nargue les gardiens. Dans les dictatures, seules les ombres s’évadent et reviennent en cellule. Dans les lieux les plus monstrueux, seules les âmes et les ombres ne peuvent être brisés par les geôliers de sinistre mémoire. L’ombre, un endroit triste et sinistre ? L’ombre peut être mélancolique, nostalgique d’instants passés, mais jamais réellement triste. Lorsqu’on referme à tout jamais une tombe, les ombres meurent, car plus aucune lumière ne vient faire naître notre fantôme.

Passez bonne gens, voyez vos ombres se poursuivre, recréer les reliefs et le décor permanent de la rue. Regardez le monde patient des monts et vallées, suivez le dessin harmonieux des courbes où le soleil dispute sa place aux nuages. Admirez, chaque jour, à chaque instant, ce miracle de l’apparition de notre âme sur un talus ou contre un mur de pierre. Nous sommes cette ombre, elle nous copie, nous la regardons. Elle est sans visage, car l’ombre ne peut être objet de xénophobie ou de racisme, car l’ombre naît pour toute chose, tout être humain a une ombre, une existence. Le vent est invisible, mais il est puissant et destructeur ; l’ombre, elle, est paisible, visible mais sans aucune force. Elle est paix, contemplation et réflexion.

Nous sommes tous des ombres, tous des fantômes, tous condamnés, tous bien vivants. Vivons, jouons avec les ombres et la lumière, admirons la création et la fin dans un seul et même mouvement d’esprit. Lumière et obscurité ne se combattent jamais, elles se complètement. De la lumière naît l’ombre, l’obscurité projetée, le contrepoids de l’envie de perfection de chacun d’entres nous. Vivons, et acceptons nos deux facettes, celles de l’ombre et celle de la clarté.

Mano solo est parti, pour toujours cette fois

Un grand artiste a quitté la scène pour toujours. Il s’en est allé le 10 Janvier, le SIDA a eu raison de ses cris de colère, il a réussi à briser la volonté de ce chanteur compositeur de talent.

Je ne vais pas me lancer dans une nécrologie que je trouve toujours malsaine, je vais juste dire que j’aime ses chansons, que le personnage malingre, fragile et dur à la fois m’a séduit par sa voix, et qu’il existe encore quelques talents en France pour brailler autre chose que des tubes insipides.

Bon vent Mano, bon voyage ! Tu verras bien si Dieu existe, s’il accepte, ou non, de te laisser sa place…

Je suis venu vous voir avant de partir,
y avait personne ça vaut mieux comme ça.
Je savais pas trop quoi vous dire,
croyez pas que j'vous abandonne même si,
encore une fois,
je vous laisse le pire :
les larmes qu'on verse sur la mort d'un homme .

Adieu mes amis,
je m'srai bien battu encore,
adieu mes amours,
priez pour moi...

Toi que j'aime,
que j'ai aimé,
compagnon d'un jour ou d'une année,
déjà tu sais que dans mon cœur même moisi flottent encore violence et tendresse ...
mon existence ne tient pas qu'a ma graisse,
je suis esprit avant dêtre un corp,
je suis mort mais rien n'est fini,
il reste ma voix et bien peu d'écrits .
J'avais surtout une grande gueule pour chanter des chansons d'amour pour Paris,
sur la ptite scène du Tourtour...
Mes amis, ne pleurez pas,
le combat continue sans moi.
Tant que quelqu'un écoutera ma voix je serai vivant dans votre monde a la con !

avec du sang plein les orbites, et même du plastique sur la bite je vais sûrement être recalé a l'examen du grand sage mais j'en profiterai quand même pour lui dire ce que j'en pense de l'existence, cette engeance ! Et s'il ne voit pas que je suis un ange alors qu'il change de boulot...
Et s'il veut, moi je prend sa place : y aura des filles et de la Ganja, des passions sans limites,
nous nous battrons des ailes et nous volerons bourrés,
nous mangerons des pommes envenimées et nous cracherons le mal comme un pépin,
nous serons sincères comme jamais et nous serons beaux pour ça ...

13 janvier 2010

Xénophobie millénaire

Il y a une phrase clé que j’utilise assez régulièrement : « Je suis étonné que les gens soient étonnés », et c’est d’autant plus récurrent quand il s’agit de comportement sociaux. Les évènements xénophobes qui se sont produits en Italie (agressions d’ouvriers agricoles immigrés, propos ouvertement racistes de la part des politiques des parties d’extrême droite, ou encore l’attitude ouvertement hostile des Calabrais) semblent sidérer la foule et les médias. Quoi d’étonnant là-dedans ? Ce n’est pas parce qu’on tait l’existence du racisme et des mouvements fascisants qu’il n’existent plus, et c’est même la marque de fabrique de la plupart des mouvements les plus durs de la mouvance fasciste : le secret. Depuis la chute des gouvernements nazis en Allemagne, fascistes en Italie, les idéologies ne se sont pas effacées au profit d’idées politiques progressistes ou plus tolérantes. Au contraire même.

Qu’on le veuille ou non, le bruit des bottes fascine encore énormément de monde, et fédère aussi toute une population déçue par la démocratie et le capitalisme. Dans les faits, une évidence apparaît: avec la stigmatisation des crimes dits « racistes », et ce surtout depuis l’apparition de SOS racisme, c’est une sensation d’oubli qui touche la population locale dans les nations européennes. Concrètement, cela se manifeste par des propos du genre « Si c’est un arabe qui est tué, on crie au scandale, si c’est un Français (comprendre un « blanc ») c’est un fait divers ! ». Difficile de leur reprocher l’usage abusif de l’aspect communautaire dans le traitement de l’information, notamment quand les victimes sont des immigrés issus des anciennes colonies Françaises. Les politiques ne sont pas innocents : avec le port de la responsabilité de la décolonisation, ceux-ci ont tendance à se faire peu virulents concernant les problèmes de société liés à l’assimilation de ces populations.

Avec la crise, les vieux schémas réapparaissent. Un immigré prend la place d’un « bon Français ». Qui ne l’a pas entendu ? Est-ce une réalité ? A mon sens, avec l’effondrement de l’industrie, la précarisation des résidents sur le territoire, et l’afflux toujours aussi massif d’immigrants de moins en moins reliés aux ex colonies Françaises, ce n’est pas tant l’immigration est devenue un problème, c’est en gérer les conséquences. La France s’est relevée grâce à la main d’œuvre étrangère, et aujourd’hui, il serait inepte de reprocher à quiconque travaillant en France (de nationalité Française ou non), de ne pas faire ce qu’il faut pour que la nation fonctionne. Ce qui ne va plus, c’est que la xénophobie se nourrit de la différence, de l’apparition de communautés qui refusent l’assimilation, voire même qui incitent au déni d’autorité. Plus les communautarismes prendront de place (non usage du Français en public, tenues et comportements ostensibles, exigences religieuses inappropriées en république laïque…), plus les xénophobes et les fascistes auront un auditoire attentif.

Le débat n’est pas récent, loin de là. A chaque renouvellement électoral, la foule a l’impression que les politiques découvrent les problèmes qui perdurent dans leur société. L’immigration n’est pas un problème en soi, c’est même une solution utilisée pour faire fonctionner l’économie, mais la façon de la présenter a tôt fait d’exacerber des frustrations et des colères. Les banlieues sont des bains de culture où l’absence de moyen, d’infrastructure, et surtout de foi en l’état profitent à tous les extrémistes. Le jeune arabe qui ne peut pas trouver un emploi à cause de sa couleur de peau, tout comme le blanc qui, faute d’un système scolaire adapté, a fini par n’être qu’un chômeur de plus, cautionnent tous les deux les mêmes xénophobies et nourrissent les mêmes colères intérieures. La reconnaissance de soi, culturellement et socialement, créent donc le « parler banlieue », le « s’habiller racaille », ou encore « la musique des cités ». Alors, quoi de plus facile que d’instrumentaliser ces haines en les ramenant sur des terrains connus comme le nazisme ou encore le fondamentalisme religieux ? Le désespoir est un moteur très puissant, et un outil idéal pour les idéologues.

Les groupuscules nazifiant, contrairement à l’idée reçue, ne se cantonnent pas aux crânes rasés abreuvés de haine, de football et de bière. Ils sont généralement bien encadrés par des aînés, des guides instruits, rhétoriciens rompus aux débats d’idées, et globalement bien insérés dans la vie sociale de la cité. Ce ne sont pas des parias, ni même des anarchistes. Ce sont des nationalistes convaincus, xénophobes, prônant la haine, mais sachant aussi jongler avec les lois en vigueur. Ils communiquent, exportent leurs idées à l’international, et façonnent des milliers de jeunes pour en faire les futurs guerriers de l’ordre nouveau.

Vous êtes surpris ? Il n’y a rien de surprenant. Ce mode de fonctionnement, s’appuyant sur la fanatisation n’a rien de révolutionnaire, tant en méthodes qu’en résultat. Le parti nazi n’a, concrètement, rien inventé. Le parti nazi a industrialisé et rendu médiatique la xénophobie d’état, ce qui en fait donc l’exemple du résultat final d’une population acceptant le racisme et la ségrégation comme mode de vie. Pourtant, l’histoire démontre que l’embrigadement, la formation d’une jeunesse, ainsi qu’une politique raciale forte sont des outils ancestraux. Sparte : formation d’une élite combattante, forcément issue du peuple Spartiate, interdiction des mariages (sauf politiques…) hors de la communauté, et j’en passe. Réutiliser ces techniques revient donc à dire que les néonazis ne sont rien d’autre qu’un phénomène millénaire, un parasite de la démocratie et des états souverains. Pourtant, ils s’appuient sur des questions de société qui, quoi qu’on en dise, sont à traiter de toute urgence.

L’identité nationale fait débat, et j’ai grincé des dents à ce propos, je ne reviendrai donc pas sur la question. Mais, au demeurant, les groupes xénophobes utilisent à leur compte deux questions majeures : Quel quota pour l’immigration ? Dans quelles conditions doit-on tolérer, ou non, l’attitude des immigrants ?

Pour la première question, pour les gauchistes prêts à me sauter dessus, je formule différemment : pour un pays de 60 millions d’habitants, à partir de combien d’immigrants est-on en droit de dire qu’il faut fermer les frontières ? Dix milles par an ? Cent ? Un million ? Cinq ? Pas simple de trouver un équilibre entre tolérance et impossibilité de gérer, nourrir et salarier ces populations. C’est un vrai défi que la gauche comme la droite n’ont jamais su relever, ceci par faiblesse face aux groupes de pression comme SOS racisme pour la LICRA.

Pour la seconde, une formulation différente est aussi la bienvenue. Est-il acceptable de voir des femmes vêtues de la burqa ? Est-il acceptable qu’un immigré vivant sur le territoire depuis deux décennies ne sache toujours pas parler Français ? Ou encore, est-il acceptable d’entendre siffler la Marseillaise dans un stade ? Ca n’est pas plus simple que la première question !

Plus les vieilles démocraties européennes s’empêtreront dans des difficultés sociales et économiques, plus celles-ci verront renaître le vote fasciste, et la remontée en puissance des attitudes xénophobes. L’Allemagne, en Saxe notamment, voit réapparaître de véritables partis ouvertement racistes, tout comme en Italie où le ressentiment contre les immigrés deviennent vraiment visibles. Les médias tenaient des discours de l’ordre du « dormez bonnes gens, les nazis, c’est fini ». L’histoire tend à prouver que non, et ce n’est qu’un début. Je crains sincèrement une montée de ces partis dans les instances politiques, leur capacité à se fédérer, ceci afin de peser dans la balance, tout particulièrement dans les instances européennes. Un parti nazi européen ? Le NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands (parti nazi), pourrait devenir le NSEAP, Parti national-socialiste des travailleurs européens. Ca vous étonne ? Moi pas. Ca vous fait peur ? A moi aussi…

12 janvier 2010

Telex à l'ancienne

11 janvier 2010

Camerone

Dans ma série « Je trouve que les gens de convictions sont les vrais héros », j’ai, au gré de mes lectures, revus des informations sur la bataille de Camerone. Pour celles et ceux qui ignorent cette référence, Camerone est une bataille qui s’est déroulée au Mexique le 30 Avril 1863, entre l’armée mexicaine et l’armée française. La date et le lieu semblent lointains, cela semble même être une référence obscure de l’histoire de la légion étrangère, or je la trouve tout particulièrement fascinante à plus d’un titre.

Tout d’abord, plantons rapidement le décor : une hacienda, tenue par 65 légionnaires, est assaillie par l’armée mexicaine forte de 1200 fantassins et 800 cavaliers. En une seule journée, plus de la moitié des légionnaires furent décimés, et les cinq derniers valides, à court de munitions, donnèrent la dernière charge, baïonnette au fusil. Pendant la bataille, le colonel Cambas, chef des forces mexicaines, réitéra à plusieurs reprises une offre de reddition, que les légionnaires repoussèrent d’un « nous avons des cartouches et nous ne nous rendrons pas ! ». A la fin de la journée, la réponse à l’offre de reddition fut acceptée, mais avec des conditions pour le moins surprenantes : « Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner notre sous-lieutenant et tous nos camarades atteints, comme lui, de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l'entendre que, jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir. »

Ce à quoi le colonel Cambras répondit « On ne refuse rien à des hommes comme vous ».

Attitude héroïque, ou folle ? Peu importe, c’est l’attitude que l’on attend d’un soldat, surtout d’une troupe telle que la légion étrangère. En l’occurrence, la bravoure impressionna tellement les Mexicains que le monument honorant les pertes Mexicaines et Françaises est salué par tout soldat passant devant, et que la mémoire des évènements est perpétuée au sein de la légion. Les questions politiques de l’engagement de la France pendant la guerre du Mexique, ou le pourquoi d’une telle bataille sont, à mon sens, devenus accessoires. Seule perdure la réalité des évènements, celle qui démontre que la détermination et le courage ne sont pas des valeurs vaines et ridicules. Etre patriote, cela a aussi un sens pour ces légionnaires. La devise de la légion est « La légion est notre patrie », et c’est avec respect et honneur que les légionnaires défendent cette idée.

Je me suis souvent demandé ce qui peut pousser un soldat à résister jusqu’au bout. Les idéaux, les opinions politiques sont les premières choses qui tombent très bas quand le combat commence. Un soldat ne se demande guère s’il est du bon côté, il se demande comment survivre, et ce, s’il le faut, au prix de la mort de l’ennemi. C’est un véritable paradoxe : on accepte le sacrifice ultime pour des idées, mais l’on ne pense pas à elles pendant la canonnade. On sait qu’on est là pour ces idées, pour un drapeau, mais l’on réserve une pensée émue pour la patrie une fois l’escarmouche terminée. L’honneur, c’est ce qu’a fait cet officier mexicain : respecter l’adversaire, et lui rendre les hommages qui lui sont dus. Reprochez moi d’être un rien nostalgique d’une « autre idée » de la France et du monde, mais, mine de rien, celui que l’on qualifie aujourd’hui d’ennemi, on l’emprisonne, on l’exécute, c’est un anonyme qui n’a jamais le droit au respect que l’on doit aux combattants. Oui, il est certes facile de vomir sa haine sur des terroristes fanatisés, mais ceux qui se battent sont aussi, et surtout, des gens qui veulent la liberté, pas une occupation sordide et sans réelle perspective d’avenir.

Je ne crois pas aux vertus de l’éducation martiale. On a créé des générations de soldats acharnés, des combattants enfants armés pour un ultime combat perdu d’avance, et engendré des adolescents traumatisés à jamais. Je crois à la vertu du volontariat, du déterminisme personnel. Les engagés de la légion sont des gens ayant choisi une carrière difficile, éprouvante, et dangereuse. Le képi blanc, les marches lentes, ce sont des symboles qui fédèrent plusieurs générations de soldats en France. Nombre de personnes ne croient plus en l’armée pour défendre des valeurs telles que la liberté ou la paix, or c’est le rôle même de l’armée : protéger la patrie et son peuple. C’est sous les ordres des politiques que les militaires peuvent devenir des tortionnaires, et non le contraire. Un putsch « militaire » n’est jamais qu’un politicien avec un uniforme qui réussit à diriger son armée contre d’autres politiciens… puis, par voie de conséquence, le peuple lui-même.

J’aimerais que Camerone soit enseignée comme une bataille symbolique pendant le cursus scolaire des adolescents, ceci afin de leur faire comprendre que le sacrifice n’est pas une folie, c’est une forme de courage rare, de celui qu’il faut pour défendre une haute opinion de la nation, donc de soi-même. Se reconnaître dans un drapeau, c’est déjà appartenir à une communauté qui dépasse les religions et les ethnies, c’est être un membre d’une seule entité, et donc d’y participer avec volonté et bon sens. Tenir un fusil en tant que militaire est aussi important que voter en tant que civil, travailler, bien éduquer ses enfants… Cela semble, encore une fois, « nostalgique » du « travail famille patrie » de Pétain. Il n’en est rien : je crois à ces qualités, je crois qu’il est indispensable de croire en sa patrie comme en son peuple. Cela a été prouvé par des victoires contre la dictature, contre l’occupant, contre l’oppression en général. Respect et honneur à ceux tombés ainsi, avec le sens du devoir…

08 janvier 2010

Merci ma violette

Suite à l’article sur Albator, une conversation fort étrange eut lieu entre une amie et moi. Celle-ci me lança avec le sourire « Toi, tu aimerais bien devenir ce capitaine. Ca te ressemblerait d’ailleurs : taciturne, du caractère, et l’envie de soutenir la liberté ». Cela me fit tout d’abord sourire : quel adulte ne rirait pas à l’idée de devenir un personnage de dessin animé ? On tolère ce genre de rêve quand il vient d’un enfant qui ne voit que le côté héroïque du personnage, mais bien moins d’un adulte. Au mieux, on le taxerait d’être un doux rêveur, au pire, on lui conseillerait de s’entretenir en urgence avec un psy compétent ! Pourtant, je l’admets sans difficulté, j’apprécierais avoir un tempérament et une autorité comme celle du capitaine Herlock. C’est con, c’est enfantin, mais c’est vrai.

Qu’est-ce qu’il y a de ridicule à vouloir assumer ses opinions, quitte à mettre sa vie en jeu ? Défendre une idée, se battre envers et contre tout, c’est un phénomène qui a toujours créé de véritables icônes humaines. Qu’on ait ou non des opinions en commun avec ces symboles, force est de reconnaître que ces meneurs perdurent à travers l’histoire. Qui aurait l’aplomb pour dire « Non » face à des personnages aussi charismatiques que César, Alexandre le Grand, l’impératrice Eugénie, Napoléon, Gengis Khan, ou encore Patton ? L’autorité est une chose, la détermination en est une autre. Celui qui force le respect par ses actes est d’autant plus puissant s’il est capable de galvaniser ceux qui le suivent. Alors oui, pourquoi ne pas être, si le besoin s’en faisait sentir, un capitaine Herlock ? Je l’ai toujours affirmé, j’admire les gens de convictions, même si celles-ci ne sont pas les miennes, et le capitaine est représentatif d’un idéal que j’aimerais ne jamais devoir atteindre par la force des choses, mais que j’aimerais égaler par pure honnêteté envers mes opinions.

On parle, non sans raison, de la fascination que peut provoquer l’uniforme sur les gens. Bien sûr qu’une autorité symbolisée de la sorte a de quoi attirer, d’autant plus si les choix esthétiques sont stricts. Herlock porte la tête de mort, l’étendard des pirates, et c’est quelque chose de terriblement puissant. Qu’est-ce que le pirate ? Celui qui navigue sans loi, qui s’oppose à l’autorité établie, et qui n’hésite pas à se lancer dans un combat où seule sa force de caractère lui permet de vaincre. Cliché classique pour les enfants, il y a également énormément plus d’histoires qui se cachent derrière le drapeau noir à la tête de mort. Les hussards Autrichiens, puis les blindés Allemands portèrent la tête de mort. On associe à tort cette tête de mort au nazisme, l’emblème ayant été porté bien avant l’avènement du pouvoir nazi en Allemagne. Il représentait l’engagement total de ces troupes, un choix délibéré car il n’y avait pas de conscrits dans ces corps. Volonté, honneur, fierté de l’uniforme, voilà aussi d’autres valeurs portées par la tête de mort. Et puis, surtout, la relation à la mort, toujours présente, toujours possible pendant le combat. Pour cela aussi, oui, j’aimerais avoir le courage de tous ces personnages…

J’ai eu, à l’occasion de mon article, de naviguer sur la toile à la recherche d’informations complémentaires sur le compte de l’auteur du capitaine Herlock. J’ai eu donc le déplaisir de lire des inepties comme « Albator est un fasciste », ou encore « il est un symbole de l’extrême droite ». Tas de cons ! Oui, je tiens à l’insulte proférée à l’encontre des abrutis tenant ce genre de propos. Qu’est-ce qu’il y a de fascisant dans le fait de résister contre la dictature, de se respecter soi-même et les autres, de lutter pour un idéal ? Qu’on m’explique en quoi un résistant est un fasciste, en quoi refuser l’ordre établi est un acte fascisant. Oui, il est humain, avec des coups de sang frôlant parfois la folie, oui aussi il cache et ravale ses sentiments (on ne le voit pleurer qu’une seule fois en 64 épisodes !), mais est-ce de la froideur, ou simplement la réaction d’un homme qui en a trop vu ? Quiconque ayant côtoyé un ancien combattant sait à quel point les sentiments s’enferment dans le silence, à quel point l’on enterre littéralement son humanité pour continuer le combat. Herlock n’est pas un fasciste, il est ce que j’aimerais voir chez chacun de nous : un homme de convictions. Il croit dans l’idée de résister contre la dictature. Il croit en l’être humain. Il croit en son équipage. Il a confiance et donne son amitié sans restriction. J’aimerais être un tel homme, capable de ne pas dévier de ma ligne de conduite, capable de soutenir, quoi qu’il arrive, le front haut et le regard clair, qu’il faut être humain, ne pas céder aux chimères de la richesse éphémère et du pouvoir qui envenime l’âme. Que j’aimerais pouvoir inculquer le respect d’autrui et de soi à ma descendance, lui apprendre que l’on vit non pour dominer, mais pour partager, apprendre, grandir, et aider les autres à en faire autant.

Merci ma violette, tu m’as rappelé pourquoi j’écris sur ce site : parce que je crois qu’il faut s’exprimer, coûte que coûte, qu’il faut savoir être fier de ses opinions et de soi, et les défendre quoi qu’il advienne. Merci de m’avoir aussi fait me souvenir que bien des gens sont tombés pour cette envie de liberté, et que je me dois de leur rendre hommage à travers ma plume. Si le destin décrète que je sois un jour tenu de me battre, faites que je sois à la hauteur de la légende qu’est le capitaine Herlock, que je sois un meneur d’hommes, que je sois entier, aimant, sincère et droit.

Merci ma fleur.

07 janvier 2010

Réunion à rallonge...

Donc pas le temps de faire un article ce soir!

Tout est dit!

06 janvier 2010

Albator…

Certaines images sont magiques. Je suis tombé à peu près par hasard sur des clichés de la NASA, notamment ceux pris par Hubble, et j’ai été stupéfié par la froide beauté de ces clichés, et cela m’a ramené à un passé d’enfant fasciné et ébahi par un personnage devenu mythique : Albator. Capitaine Herlock (de son vrai nom, puis devenu capitaine Harlock, allez comprendre pourquoi) fut un véritable déclic tant sur l’aspect esthétique que scénaristique. Plus de trente ans après sa première diffusion en France (Albator 78), il n’en reste pas moins incroyable de constater que cette saga spatiale reste d’actualité, tant les thèmes abordés sont forts et proches de nous.


On peut se moquer d’un graphisme daté, d’un style qui ne fédère pas spécialement tout le monde, et pardessus tout des musiques et voix choisies n’importe comment pour la version Française (« Merci » à Jacques Balutin qui a tourné en ridicule un des personnages pourtant essentiels aux deux séries de 78 et 84), mais sur le fond tant que sur la forme, Albator aborde des choses que j’aime : la révolte contre l’oppression, la détermination à résister, le respect de la vie humaine, l’honneur et enfin l’amitié. Sur un fond faussement enfantin (et surtout quasiment absent de la version originale), Albator forge donc le personnage torturé par ses principes, blessé dans sa chair et son cœur, tiraillé entre l’envie d’être en paix et celle de défendre les opprimés. Caricatural ? Pas tant que cela : qu’est-ce donc d’autre que l’honneur et l’orgueil qui peut mener les gens ordinaires à la résistance ?

Bien que projeté dans un univers futuriste, Albator porte aussi en lui des thématiques qui, mine de rien, sont inabordables pour les enfants. Je ne me suis pas réellement attardé sur ces aspects étant enfant, mais le regard de l’adulte, lui, ne manquera pas de s’y arrêter. Tout d’abord, l’ennemi est « humanoïde », clone sans émotion fonctionnant totalement grâce à un système hiérarchique dépourvu d’humanité. Excepté l’aspect physique, on pourrait presque substituer des machines aux humanoïdes tant leurs actions sont dictées par la rigueur métronomique de l’ordre et la discipline. De fait, le clonage est donc le débat de fond qui a, récemment encore, la communauté scientifique, ainsi que tout être humain s’intéressant à l’éthique.
Le second aspect majeur de l’épopée du pirate est d’agir sans racisme. Les équipages des deux navires d’Albator sont constitués tant d’enfants que d’extraterrestres. Ce point remarquable est essentiel : en pleine époque de remise en question des systèmes établis (la fin du racisme aux USA n’est pas si lointaine, et l’apartheid Sud Africain est vertement critiqué dans le monde entier), un dessin animé suggère la possibilité d’une cohabitation entre les races et les peuples, ceci dans un but commun qui est la liberté. L’oppresseur prend donc la forme des clones, l’allégorie de l’uniformité, voire même de la difformité de l’âme. Sans âme, pas de vie.
Un autre détail peut dérouter, et pousse à la réflexion l’adulte que je suis devenu. Trop de séries et de dessins animés caricaturent la trahison, faisant du traître un ennemi à abattre sans aucune sorte de concession ou de charité. Dans un épisode, Albator affronte son ancien navire, commandé par le père d’une enfant, passagère de son bâtiment. On peut considérer qu’un humain tentant de battre Albator est par conséquent un traître, or à aucun moment celui-ci est traité comme tel. Son suicide pour détruire la machine de guerre « parfaite » qu’il commande est également un signe de rédemption, l’acte final pour sauver Albator (sauver l’espoir de l’humanité), et donc sa propre fille (son propre espoir par procuration). Beau, poignant, cet évènement amène donc à autrement plus de profondeur un « ennemi » qui aurait pu être typiquement manichéen.
Un dernier aspect scénaristique qui m’a échappé étant enfant est la « fusion » entre l’homme et la machine. Trois questions sont alors abordées en simultané, ce qui tend à démontrer que la série Albator ne s’est pour ainsi dire jamais adressée à des enfants : la maladie, la mort, et l’abnégation. Le personnage Alfred est le mécanicien du vaisseau. Tombant gravement malade, celui-ci, pour sauver la femme qu’il aime, transfère son âme dans le vaisseau de celle-ci, devenant ainsi, en quelque sorte, l’ange gardien de la femme aimée à jamais. Dignement, sans une plainte, l’homme quitte donc le monde des vivants, choisissant le sacrifice suprême comme dernière étape de son existence. Au fur et à mesure où le mal progresse (maladie nommée le mal de l’espace), Alfred gère la situation avec une humanité et une abnégation incroyable.

Je suis épaté, a posteriori, que les gens puissent regarder qu’en surface une telle œuvre. Oui, graphiquement nous sommes très loin des miracles de la technologie actuelle, mais une telle profondeur de thématique est aujourd’hui trop rare. Même si le programme peut être regardé par un préadolescent, je crois qu’il serait utile, voire indispensable qu’une telle série soit regardée avec un adulte capable d’en discuter et de lui préciser les qualités cachées des différents engrenages d’Albator. Quelle tristesse que les musiques originales aient été remplacées par des versions françaises sans épaisseur ! Seule la nostalgie parle pour nous autres trentenaires, mais difficile de faire accrocher la nouvelle génération qui aura goûtée à d’autres soupes plus insipides, mais aussi plus clinquantes. Faites en sorte de partager une œuvre singulière, riche de détails et d’enseignements. Merci à vous, monsieur Leiji Matsumoto !

PS: J'allais oublier: le capitaine Harlock et son ami Tochiro (alias Alfred...) sont amateurs de boisson, notamment de bons vins. Des amateurs de bonne chère, quoi demander de plus?

Un site fait par des fans, en Français.

05 janvier 2010

Ca va chier...

...comme dirait l’autre! La prochaine réunion des services de renseignements des USA avec le président Obama (elle est supposée se tenir ce soir même) va probablement tourner au règlement de compte, voire à la crucifixion pour certains dirigeants de ces agences de l’ombre. L’attentat manqué du 25 décembre sur le vol 253 entre Amsterdam et Detroit n’a pas manqué de faire tiquer le président Américain, ainsi que l’opinion publique mondiale. Après des années de paranoïa, entretenue à grands renforts de propagande, le pays s’était enfin senti revenir dans une voie plus paisible, bien qu’étant encore très présent en Irak et en Afghanistan. Pour tout dire, nombre d’Américains pensaient que les USA étaient enfin tirés du bourbier terroriste. Or, cet attentat a eu tôt fait de réveiller les psychoses post traumatiques du 11 Septembre, et de donner à B.Obama l’occasion de secouer les puces de ces petites mains de la politique « sombre » de son gouvernement.

Après les attentats des deux tours, les USA se sont dotés d’un arsenal juridique liberticide : Patriot Act 1 et 2, création de pénitenciers comme à Guantanamo, apparition d’une justice secrète autorisant un tribunal spécial à agir en l’absence de tout contrôle du peuple (plus de jurés, plus de procureur, plus d’avocat de la défense, et surtout plus de convocation du justiciable qui se voit donc condamné sans même qu’il le sache !). Tout cet attirail aura permis au moins une chose : le contrôle du peuple Américain, et son maintien quasi-total dans un monde d’obscurantisme politique. Les deux mandats de Bush fils sont assez significatifs sur cet aspect : atrophie du monde économique avec pour principale gangrène l’explosion des bénéfices des entreprises du pétrole, action des lobbies de l’industrie lourde et de l’armement, et sur médiatisation des actions militaires américaines dans le monde. De ce fait, B.Obama, ayant revendiqué le changement avec le slogan « yes, we can » (oui, nous pouvons), difficile de continuer à laisser traîner des dossiers sur les libertés individuelles, notamment quand le dispositif échoue lamentablement.

« Les gouvernements changent, nous autres, fonctionnaires d’état, nous restons » (citation d’un haut fonctionnaire de la DGSE). Tout est dit : les agences de renseignement ne changent pas à chaque nouveau titulaire du fauteuil de président, tout au plus leur directeur se voit gentiment remercié pour être remplacé par un pion plus proche des opinions du nouveau dirigeant. Dans les faits, les axes choisis par les prédécesseurs restent alors d’actualité, et ce n’est que de véritables changements mondiaux qui peuvent dicter une rénovation, si ce n’est une révision du fonctionnement des grandes agences. Concrètement, cela signifie donc que Obama pourra se servir de cet échec médiatique et sécuritaire pour dépoussiérer la CIA, la NSA, ou le FBI. Rien de tel qu’une crise pour pouvoir décapiter les opposants passifs dans les administrations ! Bien entendu, ce n’est pas pour autant que le patriot Act sera déboulonné. Songeons y un instant : les USA ont acceptés ces abus de pouvoir sous le prétexte de protéger du citoyen du terrorisme. La pilule passée, difficile de dire « non content d’échouer à vous protéger contre les terroriste, je vais enlever ce système antidémocratique et ainsi ouvrir de nouvelles brèches ». Obama ne jouera sûrement pas le jeu du durcissement qui lui serait politiquement fatal, mais en tout cas ce « coup de sang » purement médiatique pourrait donner lieu à quelques chasses aux sorcières dans les grandes structures du renseignement.

Contrairement à l’idée reçue de l’agent James Bond capable de tout, le renseignement est tout autant un métier de terrain que de techniciens. Nombre de données sont analysées, recoupées, et ceci par des gens ayant des horaires classiques de bureau, manipulant juste des documents sur un ordinateur, et rédigeant quantité de rapports plus ou moins correctement traités. La vérité est là, pénible à entendre pour certains : la sécurité n’est pas infaillible, et il est impossible (à moins d’agir en despote) d’obtenir le risque zéro. Les fondements mêmes d’une organisation de sécurité, c’est de savoir anticiper, et de savoir entendre rapidement les bruits de l’ennemi que l’on traque. Cela a une conséquence évidente : plus le périmètre surveillé est grand, plus il faut de monde pour l’observer… et plus il y a de monde pour faire cette surveillance, plus les risques de perte d’information, ou de mauvaise interprétation sont grands. La CIA, tout comme la NSA, ou encore à l’international le MI5 ou la DGSE sont de grosses structures, et qui se battent contre des groupes minuscules, des entités mobiles et diluées dans nos sociétés. Le terrorisme est devenu une marque de fabrique à travers Al-Qaeda (dont j’ai déjà parlé avec le syndrome du « Stand alone complex »), alors que, dans les faits, ce sont des cellules qui agissent. Il est votre voisin, vous l’avez croisé. Il a l’air ordinaire, mais il peut aussi trimballer une bombe sur lui. Le terroriste n’a pas une gueule de l’emploi, c’est monsieur tout le monde, cela pourrait être même être un de mes lecteurs ! Lutter contre des entités de ce type s’avère alors problématique : qui peut approcher des gens qui se connaissent et n’échangent que très peu avec l’extérieur ?

Les USA ont caricaturés le fonctionnement de leurs services de sécurité : omnipotence dans leurs pouvoirs, tentative d’omniscience avec Echelon (réseau de recherche et d’écoute de tous les médias, depuis la télévision jusqu’à nos mails, en passant par la téléphonie fixe et mobile), tout ceci pour parvenir à des administrations sclérosées et peu mobiles, passionnées par la paperasse, l’attente du contresignataire, et donc réduisant à néant des heures de travail. L’information, par essence, doit aller vite, trop vite pour de tels mastodontes englués dans les guerres de prérogatives (le terrorisme est-il de l’ordre de la sécurité intérieure, ou bien à mettre sous la tutelle de l’armée en Irak par exemple). De ce fait, B.Obama va avoir face à lui des chefs bien ennuyés face à un constat simple : dépenser plus n’améliorera pas les performances des services. Attaquer frontalement les acteurs du domaine de la sécurité ne sera pas plus rentable tant l’on a vu le résultat avec J.F Kennedy (il ne fut même pas informé de la baie des cochons à Cuba par la CIA, avec deux conséquences graves : l’ordre de retrait de l’assistance aux Cubains débarquant pour le putsch par Kennedy lui-même, ainsi qu’une haine féroce de la CIA pour le président).

Alors, que choisir ? Les drones semblent être une réponse toute militaire à la guerre de l’information, et la guerre médiatique va faire rage pendant un bon moment entre le président Obama et ses administrations. Tout ceci peut aussi bien mener à un nettoyage en règle, qu’à un durcissement de la position de Washington. C’est la seconde option qui fut prise dans l’urgence : contrôle systématique des bagages et des voyageurs à destination des USA, refus de visas pour certaines nationalités estimées à risque, et probablement, à terme, le maintien définitif de telles solutions. Les USA, paranoïaques ? Pas tant que cela : à force d’aller frapper la fourmilière des opposants au totalitarisme économique de la nation, impossible de ne pas voir, tôt ou tard, une riposte. Elle s’est exprimée économiquement à travers le pétrole, politiquement par les rebuffades du monde, et militairement par le terrorisme et la guerre civile. Les prochaines années seront cruciales non pour B.Obama, mais pour les USA. Le règne du pétrole roi, de l’industrie imbattable est terminé. Avec l’effondrement de GM, la recherche de moyens de substitution au combustible fossile, l’écologie attaquant brutalement le gouvernement Américain, les USA se doivent d’aborder la prochaine décennie avec plus de maturité, moins d’arrogance, et surtout plus de prudence vis-à-vis de leur discours. Le « American Way Of Life » a mis à la rue des millions de personnes sur leur propre territoire, et il n’est donc plus symbole de réussite… mais de désastre social et économique. En espérant que ce n’est pas le conservatisme et l’extrémisme qui va dicter les prochaines politiques mondiales de cet état.

04 janvier 2010

Griz!

Ah ça, oui, c'est un râleur... mais je l'aime bien! Alors, allez voir son blog, il est plaisant (et vous rappellera même ma pomme!)

Griz, j'adore!

Virus mon amour

Je suis épaté par la mauvaise foi chronique dont peuvent faire preuve les gens. Spécialité humaine s’il en est, l’hypocrisie et la mémoire courte semblent fort être adaptées à notre nature profonde. Mentir, tricher, dire tout et son contraire en quelques phrases, telles sont nos habitudes quotidiennes, et j’avoue ne jamais être las de me moquer de ce travers. Tenez, l’actualité me soutient de ses petits cris de joie cynique, avec le « scandale » de la revente des doses de vaccins contre le H1N1. Anormal ? Véritable scandale ou tempête de bénitier ? Me concernant, mon opinion est déjà toute faite, voire même immuable tant je me suis gaussé de la population et des politiques. Je m’en fous ! Ils veulent le vendre ? Qu’ils le refourguent ce damné bidule ! Ils veulent nous vacciner de force ? Alors qu’ils s’attendent à des réticences de ma couenne concernant l’injection. Ca y est, je m’emporte.

Revenons à nos moutons de panurge, en l’occurrence les bêlants politiques et citoyens qui se disent « concernés » par la crise sanitaire, et qui hurlent à la mort que la dépense est inacceptable, et la revente des injections intolérable. Dites, bandes d’imbéciles boursouflés de votre importance, n’est-ce pas vous qui réclamiez, à grands renforts de cris, que les états prennent la situation en main et qu’ils prennent les mesures nécessaires pour lutter contre la pandémie ? Si ? Et vous grognez contre la dépense pharaonique ? Ah, c’est la belle mauvaise foi qui revient à la charge alors ! Fallait le dire tout de suite, que vous cherchiez un prétexte pour taper sur le gouvernement ! Je vous en filerais bien quelques caisses, mais chacun son boulot : moi je chronique gratos, vous, vous le faites avec les deniers du parti, voire de l’état. Faudrait voir à ne pas me demander de jouer les nègres pour vous non plus !

Oui, ça coûte bonbon de vacciner un pays entier, mais, petite question stupide, et si la pandémie s’était réellement étendue dans les proportions envisagées par les pessimistes ? N’aurait-on pas crié au génie et à la prévoyance du gouvernement ? Ou alors auriez-vous aussi insulté le gouvernement pour son manque de réactivité ? En toute franchise, la France démontre, une fois de plus, que le principe même de débat ne fonctionne ici que lorsqu’il est vulgaire, de caniveau, et qu’il s’appuie sur des propos populistes. Dites, les gauchistes médisants, et si l’on allait balayer devant votre porte avec le sang contaminé ? Tiens, Fabius, il n’est pas de gauche ? Dufoix non plus ? Ben je me coucherai moins con… C’est quand même lamentable : agissez, on vous le reproche. Attendez, on vous le reprochera aussi. Peu me chaut le coût au final, on paiera tous notre obole pour les piqûres que techniquement je n’ai jamais (et n’aurai jamais) reçu dans la paillasse. Après tout, je paie ma dîme comme tout le monde, sans vraiment en profiter… Principe de solidarité socialiste, non ?

Là où j’ai peine à comprendre, c’est sur un autre terrain concernant les élus. Ils savaient tous qu’en jouant les francs tireurs, que la nation se poserait des questions. Entre analyses contradictoires, discours tronqués voire imbuvables, le pauvre type de la rue, vous, moi, s’est demandé avec intelligence « mais qui a raison ? ». Personnellement, avec ma manie maladive d’avoir l’esprit de contradiction, je me suis demandé « Lequel de ces cons dit des conneries ». De fait, face au choix, le Français moyen s’est senti pris au piège : pas de vaccination, des chances de passer à travers. Une injection : qui sait les risques par la suite. Alors, messieurs dames les élus, vous auriez pu faire corps bordel ! Il n’y avait aucun enjeu politique, aucun enjeu autre que la sécurité sanitaire de la nation. Maintenant, bouffez vous tous les doigts, car cette crise va coûter cher, tant financièrement que politiquement. Hé oui : ceux qui disaient « ça ne sert à rien de vacciner » auront temporairement raison… jusqu’au prochain pic épidémique, ou jusqu’à la probable mutation du virus qui rendra tous les traitements inefficaces. Et là… j’ai dans l’idée que tous vont rire jaune. Allez, un petit carnage comme avec la grippe espagnole, ça nous donnera à tous de bonnes raisons de réfléchir à notre attitude face à l’hygiène et la nécessité de la prévention.

Demain sera pire, car, après tous, à force de vouloir dédramatiser les pandémies, nous en sommes au point où nombre de jeunes pensent, à tort hélas, que l’on guérit du SIDA. Dites vous bien que le fait de vacciner n’est qu’une protection basée sur la statistique, espérant que votre corps l’accepte ! Je me demande dans quelle mesure le H1N1 va marquer les esprits. A mon avis, il va marquer par l’inconséquence de la communication des politiciens, mais aussi par l’inévitable dérive du système sanitaire Français où, à terme, l’on pourra faire admettre de grandes campagnes de vaccination, ceci sans même que le choix soit offert au citoyen. Vaccinés comme l’on vaccine en masse les moutons ou les bœufs… Et à quand l’abattoir ?