27 février 2009

Les odeurs

Tout d’abord veuillez excuser ces deux jours muets, le travail étant parfois prioritaire sur les loisirs j’ai du choisir entre rédiger une note (et donc rester encore un peu plus tard à mon clavier au bureau), ou bien finir le maximum de boulot puis rentrer (tard tout de même). Bref me revoilà sur le pont pour pouvoir lâcher une de mes innombrables élucubrations si possible quotidiennes.

A quoi songez-vous quand vous entendez le mot odeur ? C’est amusant comme ce mot peut avoir deux connotations totalement opposées, à tel point que, selon le tempérament de l’interrogé vous aurez le droit à « odeur de pieds » ou bien « l’odeur du pain qui cuit lentement ». Impressionnant, d’autant plus quand on constate que rien ou presque n’est fait pour éduquer le sens olfactif dans l’éducation des enfants. C’est donc à l’expérience que l’on se rattrape alors qu’il serait amusant, interactif et surtout enrichissant d’enseigner aux enfants la variété des senteurs du monde. Pour moi, c’est ainsi que doit être la vie : pleine d’odeurs, du aigre au sucré en passant au capiteux, peu importe, l’existence doit sentir ou ne pas être.

Là où l’odeur pose encore plus de problème c’est au sujet de sa subjectivité. Prenons un exemple tiré d’une expérience (authentique, je tiens à le souligner) pratiquée sur un échantillon de personnes. Le but était classer statistiquement les pires odeurs dans un lot d’une dizaine de « parfums » plus exécrables les uns que les autres. Bien entendu les résultats n’eurent rien de très passionnants si ce n’est une réponse particulièrement inattendue de la part d’un homme assez âgé. Celui-ci avait en effet classé une odeur infecte dans « agréable ». Surpris et supposant qu’il s’agissait d’une erreur, nos chers laborantins prirent rendez-vous avec l’hurluberlu qui leur répondit tout sourire que la dite senteur « ressemblait énormément à l’odeur qu’il a connu en grandissant dans le quartier des tanneurs ». En effet, le parfum dégagé par le tube à essai s’approchait étrangement de celui du cuir pendant son tannage au chrome ! Comme quoi, pour lui cette infection évoquait le passé, l’enfance et les jeux dans les ruelles alors que pour d’autres elles n’évoquèrent que dégoût et désagrément.

Si j’évoque les odeurs c’est avant tout parce que les locaux qui accueillent mes frasques sont en cours de rénovation, du moins pour les sanitaires. Je fus saisi par les vapeurs de peinture, de ces solvants pétroliers si familiers à mes naseaux déformés. Tous râlent encore de cette puanteur donnant mal à la tête, alors que moi elle vient gentiment caresser mes souvenirs d’adolescent cavalant sur les chantiers. On ne se refait pas : tout comme l’odeur des produits pour peintre l’odeur d’essence me laisse rêveur, j’en soupire d’aise même. Je dois passer pour un fou mais franchement, pour moi la senteur d’une pièce fraîchement repeinte m’évoque énormément de souvenirs aussi douloureux qu’agréables. Nostalgie aidant j’oublie bien entendu la poussière, la fatigue, le labeur et les scènes à mettre au placard pour ne retenir que la satisfaction du travail bien fait...

Et puis tous nous avons quelque chose dans le même genre : la gamine qui salivait à l’odeur du pain grillé, le gosse qui, au parfum de l’épandage de lisier se souvient des fruits de la campagne, ou bien encore cette personne âgée qui sourit béatement à la mémoire des vapeurs d’huile d’une voiture de collection. Pourquoi alors classer puisque chacun nous jugeons différemment les odeurs ? Certaines choses m’insupportent et rien n’y fait tandis que d’autres se délectent de la présence des dites effluves ! Cerveau, comment es-tu fait pour créer de tels désaccords sur des choses aussi simples ?

Quoique : il y a une chose sur laquelle tous les humains sont apparemment d’accord... les relents gastriques des voisins sentent toujours plus mauvaises que le sien, la preuve en est que rarement nous nous plaignons de nos propres odeurs alors que nos voisins eux... en profitent en hurlant au scandale olfactif. Quand je vous disais que c’est subjectif !

25 février 2009

Ce soir le feu au lac

Et que je bosse... et que je code...


Donc rien ce soir!

24 février 2009

AZF

Si le sujet concernant l’action en justice concernant le terrible accident survenu à Toulouse en 2001 m’intéresse, ce n’est pas parce qu’il est médiatisé ni même que nombre des véritables acteurs (Total en tête de liste) refusent leurs responsabilités, c’est avant toute chose car le cas est assez étrange et intéressant pour être évoqué. Rappelons succinctement les faits : une usine toulousaine, propriété du groupe Total, ayant pour production principale des engrais (donc des produits dangereux) explose et anéantit tant la structure que des milliers d’habitations. On se souviendra avant toute chose des 30 morts et des milliers de blessés, du traumatisme ainsi que de l’obscurantisme maintenu autour du dossier. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Ces trois questions demeurent aujourd’hui plus ou moins sans réponse, d’autant que les expertises se contredisent fortement.

Dans un premier temps je ferai ce rappel essentiel pour la suite de ma prose : ne détenant pas les pièces du dossier, et pardessus tout n’ayant pas les compétences pour analyser les faits je me contenterai de relater ce qui est disponible dans les médias.

Ce qui est certain c’est que la fameuse usine a subi le même sort que son entrepôt dévasté par la détonation : fermeture et destruction. On ne saurait trop hésiter faire confiance aux rapports tant il est étrange qu’on ait choisi de tout démolir et assainir sans vraiment prendre le temps de la réflexion et de l’analyse. Bien entendu nombre de personnes soutiendront qu’il est naturel de clore un tel dossier, d’autant plus quand toute une ville a subi la douleur dans sa chair. Malgré tout, le dossier semble donc insuffisamment documenté et analysable selon le bon vouloir de chacun. Tour à tour furent accusés : la politique d’économie de Total embauchant des stagiaires et autres intérimaires, tous naturellement manquant de compétence pour travailler dans un domaine aussi sensible que la chimie, ensuite l’incompétence supposée des équipes déjà salariées dans l’entreprise, puis ensuite d’autres thèses aussi diverses qu’elles furent sérieuses ou farfelues. Quoi qu’il en soit réellement on en revient à la même réflexion : si le dossier est incomplet voire faux alors Total devrait être traité avec un égard comparable aux salariés, ne serait-ce que sur l’aspect financier de la chose. Si la responsabilité réelle appartient à des tiers ils doivent être pointés du doigt... et sanctionnés.

Seulement voilà, où pointer l’index accusateur ? L’hypothèse présentée dans la vidéo jointe à la fin de cet article mentionnerait une expérimentation électromagnétique dans des sous sols étrangement bien alignés avec le site de l’accident. Pourquoi pas, même si cela semble de prime abord farfelu. L’histoire a bien démontré qu’elle a un sens tout relatif de l’humour et qu’on est parfois abasourdis de voir les causes ridicules d’un cataclysme. Bref, je n’exclue pas la chose, mais y croire c’est alors dévier sur un autre terrain. Si expérience fâcheuse il y a eu, où sommes-nous ? La culture du secret et l’essai en zone urbanisée d’armes (car à mon sens aucun équipement conventionnel n’aurait eu un tel effet, donc c’est plus sûrement d’une arme dont on parle !) est inquiétant car, après tout, aucune expérience n’est garantie tant qu’elle ne s’est pas déroulée jusqu’à son terme. Allons encore plus loin : l’usage d’une telle technologie n’a rien d’anodin car le fameux effet EMP (Pulsation Electro Magnétique) est une vieille idée ayant pour but de griller toute l’électronique présente dans le champ d’action. Schématisons : imaginez que vous ayez un aimant suffisamment puissant pour détruire tous les équipements embarqués des avions ennemis, ou bien de réduire à néant l’informatique de la nation adverse. Résultat ? Chaos, systèmes d’informations réduits à néant. Alors, en admettant que l’explosion d’AZF soit la conséquence de l’usage inconsidéré de cette technologie on ne peut qu’être perplexes sur le bon sens de ceux qui l’étudient. En tout cas, si j’avais à pousser mes investigations j’irais déjà fouiner du côté des dossiers médicaux et des admissions dans les hôpitaux de la région après l’incident. Pourquoi ? Si une telle décharge d’énergie s’est produite, on peut déjà envisager qu’elle fut dévastatrice pour le personnel présent dans l’enceinte de test. De là à trouver des gens brûlés ou même présentant des symptômes d’électrocution...

Revenons sur terre un instant : la théorie de ce « complot » est celle de la chape plomb que l’on pose volontiers sur l’information quand celle-ci touche directement la sécurité nationale. Je suis quasiment convaincu qu’aujourd’hui les locaux supposés abriter le fameux « laboratoire secret » sont vides, ou peut-être l’ont-ils toujours étés, mais qu’importe le boulot d’un enquêteur c’est de tout vérifier, même l’absurde. On ne saurait admettre qu’une telle catastrophe puisse se reproduire sous prétexte que le secret soit maintenu. D’ailleurs, que sait-on maintenant ? C’est que de toute manière connaître les véritables causes de l’affaire dérange bien trop de gens pour que cela soit possible d’exhumer l’entière vérité. Si Total est responsable de l’absence de sécurité de son site jamais l’entreprise n’acceptera de reconnaître sa part, et si c’est un tiers (armée ?) personne ne sera présent dans le box des accusés pour être soumis aux questions des familles des victimes. De toute façon AZF n’est plus, les morts ne reviennent pas... mais pour les vivants, ceux qui au quotidien paient le prix de cet évènement ? Espérons que les tribunaux sauront faire preuve de plus de curiosité et de moins de complaisance pour le silence et l’argent.

Voici la vidéo en question :


23 février 2009

Nostalgie

La nostalgie, c’est cette envie de se retourner et observer avec tendresse le passé. Qu’il nous soit agréable ou bien au contraire triste et destructeur, l’âge nous incite à rejuger ce que le temps a abandonné sur le bord de notre route. On devient alors conciliant et l’on cède aisément à la petite larme coulant le long de la joue, cette goutte salée que l’on arbore parce que le cœur se réchauffe. Alors, au hasard d’une découverte sur le réseau j’ai remis la main sur une partie de mon passé ludique, le genre de chose qui aujourd’hui serait invendable et où la vindicte populaire se ferait forte de critiquer tant la forme que le fond.

Ah, cette enfance supposée tendre, cet œil qui se collait volontiers à l’écran pour y scruter le moindre indice dans une quête taillée dans trois points colorés ! Je me fais l’effet d’un vieillard quand j’évoque avec ivresse mes heures passées à traquer le fantôme, à dresser les plans d’un donjon ou bien à courir après une bestiole qui n’en finissait jamais de m’échapper. Ceux qui n’ont pas connu l’époque des machines telles que l’Atari ST ou bien de la console Megadrive ne sauraient reconnaître les titres que je pourrais évoquer ici. Dire qu’ils pensent que les nouveautés actuellement en vente sont les initiatrices de styles de jeux ! Dites les gosses, vous n’étiez pas même au programme de vos géniteurs que déjà des génies de la programmation nous pondaient des trucs avec une vraie durée de vie, des graphismes à faire pleurer et de l’innovation à tous les étages...

Je m’emballe. Qu’il m’est pénible d’écouter les conversations de joueurs aujourd’hui, eux qui ne jurent plus que par « résolution d’écran », « nombre d’images par seconde » ou bien « nombre de polygones ». Cette époque avait une valeur ajoutée perdue aujourd’hui : la simplicité. Nul besoin d’acheter une machine en kit, de réfléchir à la meilleure des configurations, non, il suffisait d’avoir l’ordinateur, y enfourner la disquette et hop, magie le jeu fonctionnait ! Ah ça, on est loin de tout ceci aujourd’hui. Auparavant un jeu qui sortait se devait d’être publié sans le moindre défaut sous peine d’être condamné d’avance... Aujourd’hui c’est à base de patchs à télécharger que l’on règle a posteriori les défauts de programmation. Alors quoi ? Les programmeurs ne sauraient-ils plus bosser ? C’est à se demander si l’augmentation de la puissance des machines ne rendrait pas plus fainéants les dits développeurs...

Bon il y a une part de moi qui reconnaît aussi qu’il ne faut pas pousser : on ne peut décemment pas assimiler esthétiquement parlant les jeux d’antan à ceux de maintenant, mais tout de même certaines références n’ont pas à rougir en sachant qu’il y a jusqu’à 20 ans d’écart ! Tenez, imaginez le défi technique : un jeu PC tient en moyenne sur un DVD, soit (si l’on simplifie) la bagatelle de 4700 disquettes ! La majorité des jeux tenaient généralement sur une voire deux disquettes, avec un aspect ludique et une durée de vie comparable. Cela laisse plus que rêveur, d’autant que plus les jeux progressent esthétiquement moins ils présentent une partie interactive réfléchie. A force de vouloir être beaux les jeux perdent de vue que l’intérêt premier du jeu, c’est de jouer !

Il m’arrive parfois de jeter un œil sur les vidéos disponibles sur Internet. Chaque année s’organisent des réunions d’autistes rétrogrades (comme votre serviteur) qui s’adonnent à la programmation extrême de ces vieilles machines. Le défi ? Réaliser une démo, c'est-à-dire un film le plus réussi tant techniquement qu’esthétiquement sur des machines de l’ancien temps. Alors résumons un peu : des machines avec en moyenne un mégaoctet de mémoire (quand un ordinateur moyen en contient 1024 voire 2048 aujourd’hui), qui ont une fréquence d’horloge plus faible... que celle d’un téléphone portable ordinaire, et cela vous met en condition pour voir ce que ces dingues arrivent à faire. Personnellement je suis soufflé ! Tant d’un point de vue visuel que sonore c’est du délire intégral.

Tenez pour la bonne bouche je vais quand même faire un petit rappel des forces en présence.




















Commodore AmigaUn PC classique
Mémoire512/1024 Ko(+/- 1Mo)1/2 Go (1024/2048 Mo)
ProcesseurMotorola 68000 à 7 MhzIntel Pentium 3Ghz
Carte graphiqueNéantNvidia Geforce 8/9 à 256 Mo

Et voici ce qu’on peut faire sur le dit Amiga...



20 février 2009

En regardant par la fenêtre

Assis sur un fauteuil dont le style anonyme me rappelle ma fonction de grouillot parmi tant d’autres, je prends le temps d’observer le temps qui passe dehors. Sous la dalle bleue grise d’un ciel plombé par l’hiver qui tarde à mourir, les gens défilent, se hâtent et s’entassent sans qu’il y ait un semblant d’organisation. Telles des fourmis ils vaquent, marchent et même courent vers un inconnu dont eux seuls ont la connaissance. C’est ainsi : le vent s’engouffre entre les bâtisses glacées au style carcéral et je suis là, me demandant à quoi pourrait ressembler le tout piégé par la nature, intimement enlacé par le lierre et les branches d’arbres gigantesques.

La plupart des fenêtres sont faites pour refléter la ville au lieu de laisser apparaître les humains qui errent derrière. Froideur, noirceur du revêtement, ces immeubles semblent être autant de monolithes érigés à la gloire de la fortune et du pouvoir. Pourtant, ils sont chacun un cœur différent, une pompe à vie où défilent les globules que nous sommes, parfois même les parasites que nous pouvons devenir. Sans odeur, sans même une texture agréable au toucher, ils renferment pourtant notre quotidien et notre avenir à tous. Qu’ils seraient plus beaux avec des trouées, des traverses et des panneaux verdis, fleuris au gré du hasard des saisons ! La rouille serait alors une amie séduisante, les feuilles d’automne seraient un tapis agréable et curieux à nos pieds, et quand l’été serait à son zénith nous aurions des milliers de couleurs mêlées sous les yeux. Hélas, il n’y a que ce béton gris, cet acier peint en noir et ces âmes grises qui piétinent à l’arrêt de bus.

Que serait cette autoroute lointaine si, par le jeu d’une nature amusée elle se couvrait d’un gazon épais et moelleux ? On aurait alors de grandes coulées, des lignes sublimes traçant au milieu des cartes de jolies arabesques arborées, les poteaux et lampadaires seraient autant d’arbres féconds abritant des nids d’oiseaux et non des ampoules à la clarté artificielle. On pourrait s’allonger, scruter les nuages taquins formant nos rêves sur un tableau bleu, et le soir venu l’on écouterait en souriant les chants des cigales, les croassements de grenouilles, et même, avec un peu de chance, le ronronnement aussi apaisé qu’amusé d’un chat venu se délasser après avoir profité du soleil. Malheureusement c’est encore ces voies d’asphalte qui dominent, c’est encore le vrombissement sauvage des machines qui se fait le plus sonore.

Je sommeille presque, divaguant agréablement, comptant en moi-même les idées saugrenues qui se feraient fortes d’être, dans un hypothétique et impossible réel, de belles choses à vivre. On perdrait l’habitude de craindre les petites rues mal éclairées, elles seraient autant de chemins parfumés accueillant tendrement nos pas, on ne serait plus des victimes du béton mais des acteurs de ces nouvelles ruches à hommes heureux. Plus de ton sombre, plus de ce terne et récurrent carcan qu’est la palette des villes. On pourrait jouer avec les pastels, on n’aurait plus qu’à se dire « des roses ici ? Pourquoi pas tiens ! » plutôt que de se rappeler que sur le marbre rien ne saurait pousser.

Et enfin, je pourrais sortir, faire crisser la neige qui s’est déjà évaporée. Les enfants auraient une cour de jeu aussi grande qu’elles sont petites aujourd’hui, ils chanteraient, traverseraient les rues sans craindre les criminelles machines conduites par des écervelés toujours trop pressés.

On saurait dire « je t’aime » en passant sur les ponts au lieu de récolter les gens qui en sautent par désespoir.

On sourirait à la vision d’une tour Eiffel prisonnière de lianes et abritant un inoffensif et amusant microcosme. On ne se plaindrait plus du chant du coq, on l’aimerait parce qu’il existe.

Et l’on oubliera que l’homme a vécu en prison dans sa propre société de béton armé et de barreaux invisibles.

19 février 2009

Rien ce soir

Oui moi aussi je travaille (parfois)... Alors bonne soirée et peut-être à demain.

18 février 2009

Toxique

On me dit à l’oreillette que l’homme a mis au point des façons efficaces de s’autodétruire, et qui plus est qu’il a trouvé une solution pour s’en servir comme parapluie contre ses ennemis. Oh ? L’homme est donc devenu créatif et intelligent ? Voilà qui est original ! Je sais bien que le propos peut prêtre à moquerie mais somme toute nous avons un don inné pour la conception de solutions destructrices et non créatrices. Tenez, par exemple, vous n’aurez aucune difficulté à envisager un coktail Molotov, mais énormément plus de mal à imaginer comment refaire pousser une forêt détruite par le premier objet.... Bon certes il est notablement plus facile de détruire que de créer, mais tout de même nous somme le seul animal qui se soit spécialisé dans l’anéantissement de son habitat dit « naturel », et cela m’amuse follement !

Vous ne trouvez pas cela drôle ? Franchement, envisager de se munir d’une bombe atomique parce que le voisin en a une et le menacer de (je cite) « représailles proportionnées à l’agression », cela a un côté savoureux ! Vous ne goûtez toujours pas la pâtisserie qui s’offre à vous ? Allons bon : quand vous menacez un voisin et que celui-ci vous répond avec la même intensité, à quoi cela mène ? A l’affrontement, à l’engueulade aussi sonore que vaine. Il suffit alors que l’un des deux protagonistes soit plus enclin à la violence pour que le tout dégénère bêtement. La violence ne résout rien, excepté peut-être quand il s’agit de sanctionner un peuple tout entier, mais là c’est mon côté virulent et profondément humaniste qui ressort.

Alors quoi ? Si la bombe H conçue pour nous réduire à néant ne sert en principe à rien, pourquoi l’avoir toujours dans notre besace ? Parce que celui d’en face est au moins aussi con que nous autres ! Qui des deux va se désarmer en premier ? Qui aura l’intelligence de baisser en premier son fusil en déclarant que le combat est vain ? Notez bien qu’il s’agit là de nations mais que ce modèle de pensée est tout aussi applicable aux individus, voire plus encore aux individus qu’aux nations. A plusieurs nous sommes stupides, en solitaire nous sommes de bons gros imbéciles...

Ce qui est génial avec les armes de destruction massive c’est que l’on innove sans cesse alors que d’autres industries, elles, périclitent dramatiquement. Par le passé on a commencé avec les gaz de combat. Crade, inefficaces à grande échelle, plus invalidant que destructeurs ils furent abandonné sous le fallacieux prétexte qu’ils étaient inhumains dans leurs effets. Comme si la guerre était humaine ! On a alors créé l’aviation, et par là on a mis au point la bombe de 500 Kg conçue pour raser un quartier, puis l’on est passé à l’arme atomique pour raser une ville, puis au-delà la bombe H pour rayer de la carte une région. Peu subtils, ces moyens devirent obsolètes avec l’arme biologique, la fameuse bombe sale propre à faire frémir tous les (cons)citoyens de cette bonne vieille planète terre. Chouette : on répand une petite bactérie, un microbe ou un virus, le genre « je suis invisible, inodore mais mortel » et hop, pas un coup de feu, pas un obus, rien que des cadavres. C’est quand même la classe, prendre une ville voire même une capitale sans avoir ouvert le feu ! Même les grands fous de ce bas monde n’en demandaient pas tant ! Impressionnant tout autant que terrifiant n’est-ce pas ?

Dans le domaine de la terreur la bactérie a le mérite de n’être qu’à la troisième marche du podium derrière l’atome... et la chimie. A mes yeux la chimie est encore plus redoutable que n’importe quelle saleté sortie tout droit d’une éprouvette malsaine. Quelques exemples ? La ricine qui est un dérivé de la graine de ricin : 6000 fois plus mortelle que le cyanure, cette saleté chimique est si toxique qu’elle en fait peur. Pourtant... l’huile de ricin existe toujours et est en vente libre ou presque, donc potentiellement (et relativement simplement) exploitable pour en faire une arme mortelle. Ce n’est qu’un exemple, prenons aussi les produits d’entretien : un soupçon de ceci, un rien de cela et PAF vous voilà face au bon vieux gaz moutarde des familles. Ah, la nostalgie de 14-18 ! Misanthropie mise à part, la véritable inquiétude est que ce genre de produits est à la portée du premier demeuré venu, et qu’il est pour ainsi dire miraculeux que les attentats aux armes toxiques ne soient pas plus courants.

Vous croyez que je croise les doigts pour l’humanité ? En fait je compte mes sous pour voir si je ne vais pas ouvrir une droguerie...

17 février 2009

Plus je regarde l’écran

Et moins j’aime les hommes. C’est ainsi : plus je passe de temps derrière un dispositif de retransmission de la misère en temps réel, plus je hais de moins en moins cordialement l’humanité. Sans rire, pourquoi devrais-je me rabaisser à lui trouver des excuses alors qu’elle-même n’est pas capable de se pardonner ? En quoi devrais-je devenir un apôtre de la paix tandis que la guerre totale fait rage ? J’en entends qui se gaussent d’une telle remarque, d’autant qu’ils pensent que la guerre c’est loin, que le sang c’est à Gaza qu’il est versé et non à Paris, et puis qu’on s’en fout tant que c’est pas chez nous. Pauvres parasites de notre si belle planète bleue, vous croyez vous donc à l’abri de votre propre barbarie ? Vous mériteriez bien quelques coups de badines, histoire de vous remettre les pendules à l’heure !

Je sais, je reviens sur le terrain de la virulence outrancière qui, bien qu’efficace en théorie ressemble énormément à du brassage de vent. Que nenni ! Brasser du vent reste toujours mieux qu’être oisif face à nos contradictions. En Europe nous sommes tous devenus des « Je consomme donc je suis »… Soit. Admettons que ce mode d’existence soit tolérable et qu’il profite à chacun, mais alors, pourquoi pour un obèse il y a dix affamés ? Cela semble complètement ridicule non ? D’autant que personnellement je ne vois pas vraiment pourquoi nous nous empiffrons alors que la simple vue du téléviseur suffit généralement à me couper l’appétit. Nous nous pensons donc bien au chaud, préservés des désastres et autres fusillades… J’avoue, je ris en prononçant cette phrase à haute voix : tous nous allons découvrir à nos dépends que la violence n’est pas nécessairement faite au fusil ou au mortier, elle peut être perverse et insidieuse, à l’instar de ce conflit mondial à coups de milliards de dollars. Les nouveaux soldats sont les fantassins des usines à bas prix, leurs généraux des capitaines d’entreprises en cols blancs. Choisissez : périssez étouffés par la concurrence, ou bien apprenez à vous restreindre en devenant leurs vassaux. Guère facile comme choix je trouve !

Globalement les gens tant qu’ils ont un travail pensent que la sécurité commence par l’emploi, puis qu’ensuite l’on peut éventuellement se préoccuper de son voisin. Amusant, d’autant que le dit voisin est le fameux client dont chaque entreprise a besoin pour survivre. C’est paradoxalement drôle de voir les grands « enrichis » se retrouver fauchés à cause de malversations d’un autre plus tordu qu’eux, et puis de les écouter se plaindre de la déconfiture de leurs actions. C’est ce que militairement on peut appeler les blessés… ou éventuellement les planqués à qui l’on colle pudiquement l’étiquette « dysenterie » en lieu et place de « pétochard fini et inutile ». La brutalité du marché équivaut bien à ces grandes batailles d’antan, ces charges titanesques où chaque corps était brisé, sauf qu’aujourd’hui l’on brise les corps en brisant les sociétés. Mutation de la façon de lutter je suppose.

Alors quoi ? Vous vous attendiez peut-être à ce que je propose des solutions viables et saines ? Ai-je l’air d’un enfant de chœur ou bien d’un expert en finance ? La seule constante dans l’être humain c’est qu’il soit envieux et veule. Rien n’est plus cruel qu’un humain cherchant à survivre car il n’hésitera pas à dévorer ses congénères. La moralité s’achète, pas la vie, du moins pas au sens revenir des morts. Alors pour survivre chacun saura trouver midi à sa porte (comme dit le dicton). On peut dire que ma vision du futur est sombre et terrifiante. Je l’admets, je n’ai guère confiance tant dans les électeurs que dans les élus car les premiers sont suffisamment imbéciles pour ne pas se prendre en main, et les seconds profitent clairement de la bêtise des premiers. Nous sommes tous attentistes, calmement pendus aux lèvres des « connaisseurs » qui, tout comme nous à mon avis, tentent désespérément de comprendre l’insoluble équation qui tient pourtant en quelques mots :

L’homme a toujours faim
L’homme ne saura jamais être rassasié.
L’homme finira par se dévorer lui-même.

16 février 2009

Je l'aime

Que j’aime ses courbes, les parcourir du bout des doigts, les harceler du regard et me satisfaire de leur perfection ! Qu’il est satisfaisant de se savoir détenteur de ces finesses magiques et de ne devoir les partager avec personne d’autre. Le paradis existe puisqu’il est là, sous mes yeux, totalement dévolu à ces instants de joie que nul autre ne pourrait comprendre.

Dans son regard j’aime à me noyer des heures durant, à savourer ce clin d’œil complice au moment où la nuit remplace le jour, et à devenir maîtres ensemble de l’obscurité envahissant le monde. Le temps défile et l’on voyage sans se poser de question. Intérieurement l’âme se repaît du moindre instant, le corps sent, et le cœur ressent intensément les vibrations partagées. Le bonheur, être à elle, lui appartenir sans concession, se laisser enivrer quand aucun alcool ne saurait être aussi intensément présent dans vos veines. Je suis à toi, tout à toi, envoûté, possédé par chaque parcelle de temps partagé avec toi.

Perdus dans la foule nous nous moquons des retards, nous arpentons ensemble les ruelles et avenues sans se préoccuper de ces acharnés qui oublient l’aspect paisible que peut revêtir une balade à deux. La ville se meut en broutant, cahotant et couinant tant que faire se peut, et nous, silencieux, nous glissons au milieu de l’énervement bouillonnant en eux. Je suis apaisé, tu me restitues la sensation de t’être indispensable et réciproquement je me livre à la caresse légère de ma main sur ta hanche fluide. Qu’il fasse beau sous un soleil radieux, ou qu’il pleuve sous le déluge du ciel enhardi rien ne compte si ce n’est nous deux, seuls, unis, ravis.

Parfois tu sais te faire démon, glissant entre mes phalanges avides, filant sans que je sois capable de te comprendre. Tu me fais alors comprendre que je dois me soucier de toi, prendre soin de toi, m’attarder un peu plus et oublier que je sais être égocentrique, parfois. D’une petite colère légitime tu t’exprimes, tu pestes d’une moue boudeuse, mais jamais ce moment ne dure car je me fléchis un peu et j’apprends à composer avec ton tempérament. Alors, amusée de me voir baisser pavillon tu n’en deviens que plus exubérante, tu revendiques l’envie de continuer notre chemin commun, et, à la sortie d’un restaurant un peu guindé tu deviens rieuse et délurée. Je suis saisi, pris de folie et me laisse entraîner vers des terres inconnues.

De temps en temps moi aussi je pique ma colère, râle contre ma frustration de ne pas tout savoir de toi, de ne pas tout comprendre de ton fonctionnement. Tu t’en moques un temps puis, lasse d’être délaissée ou de te heurter à mes silences tu prends ton plus grand sourire, tu brilles de mille feux et tes paupières m’amènent à redevenir canaille amoureux. Qu’il est doux de savoir que toi aussi tu sais céder quand il le faut, de sentir que, toi aussi, tu sais faire des concessions ! Tout redevient beau, nous divaguons au ronronnement d’une musique de fond parfois superflue, et dans le courant d’air de la vie nous relançons notre course contre le temps.

J’espère ne jamais avoir à me séparer de toi, jamais accepter la douleur de te voir partir vers un autre, d’être éternellement transi de la sensation journalière d’être deux devenus un, un duo d’inséparables ne pouvant vivre l’un sans l’autre.

Mais pourtant je voudrais aussi te dire…

Que parfois…

Tu me les brises saleté de bagnole à tomber en panne au pire des moments !

13 février 2009

Blog BD d'une jeune femme au talent fou

Je sais, je vous les brise avec mes blogs BD, mais là le talent est présent et bien présent, avec cette pointe d'autodérision savoureuse que je ne saurais renier!

Donc... Cliquez là-dessous et régalez vous!



PS: ne la taquinez pas sur ses quelques fautes de français, on peut la pardonner vu le travail produit!

Héritage moral

Tiens un petit aparté... 513 messages... vendredi 13... tout ça...

Toutes les nations du monde revendiquent un héritage culturel et politique. Toutes se représentent par de grands noms jalonnant leur histoire : Lincoln aux USA, De Gaulle en France... bref tous nous avons sur les épaules l’image d’un personnage essentiel à notre histoire, qu’il soit bon ou mauvais. De là, il me semble nécessaire de poser une question existentielle et pourtant fondamentale : cet héritage, sommes-nous obligatoirement tenus de le respecter et pire encore de le supporter ?

L’Histoire au sens large du terme comprend énormément de désastres humains, de massacres et de despotes que la mémoire collective n’arrive pas à effacer. On parle encore de « fascistes » pour décrire la censure et la contrainte policière, on taxe facilement, trop probablement, de nazillons toute personne osant critiquer ou commenter la situation en Palestine, et se dire communiste vous ramène systématiquement à l’image de Staline et non celle de pères fondateurs bien antérieurs (je songe à Bakounine par exemple, pas ces scribes sans intérêt à la moralité douteuse et à la faconde incompétente). Effectivement, il est difficile de dissocier histoire et identité unique d’un dictateur, tout comme il serait malsain de séparer certaines conséquences très actuelles de causes déjà anciennes, du moins à l’échelle humaine. Par conséquent on ne pourrait pas vraiment se démarquer du passé d’un état, d’une nation ou d’une idéologie, alors que le progrès c’est justement faire preuve d’innovation et choisir une voie différente, parfois même paradoxale en regard du passé.

Prenons un exemple très concret du poids de l’héritage, un cas qui sera suffisamment flagrant pour être clair. Un jeune adulte allemand, qu’a-t-il comme héritage à revendiquer ? Sa nation peut être observée à l’époque de l’empire avant 1914, analysé pendant la république de Weimar en 1925 ou bien disséqué pendant les atrocités du conflit mondial 39-45. Toutes ces ères très différentes sont son passé, on peut même décréter sans trop se tromper que des membres de sa famille furent de près ou de loin mêlés à ces différentes époques... en bien ou en mal. Pour autant, doit-il renier cette part de lui qu’il n’a pas vécu ? La question est douloureuse car renier le passé ce serait renier un grand père mort sur le front, ou bien cracher sur la tombe d’une grand-mère exécutée pour avoir résistée à la dictature ! Alors que faire ? Se taire, avancer sans oser se retourner ? Refuser de voir le passé c’est perdre sa mémoire, refuser d’admettre hier c’est se tromper demain. Le cas de conscience et la pesanteur de ce bagage non voulu peuvent même amener à une nostalgie illégitime pour des régimes totalitaire, c’est dire à quel point l’ambiguïté pèse sur ses épaules.

Maintenant prenons un cas tout aussi délicat mais politique cette fois-ci. Le communisme. Ce mot a été assaisonné à toutes les sauces, dépouillé de son essence et rhabillé avec la tenue de bourreau. Pour autant ses fondamentaux sont-ils mauvais ? Actuellement nous revenons à certaines idées techniques et économiques suggérées par les communistes comme le contrôle des marchés financiers, le plafonnement des revenus du patronat ou la taxation des revenus boursiers. Aussi absurde que cela puisse donc paraître l’idéal communiste n’est pas mort, loin de là, il est simplement délité et mêlé au pragmatisme de l’économie de marché. En conséquence, on a donc l’ambivalence du communiste qui se revendique comme tel et à qui l’on jettera au visage la dictature soviétique, la menace nucléaire et le pacte de Varsovie... tout en appliquant nombre des méthodes appliquées par ces mêmes régimes ! La mémoire est à géométrie variable : le socialiste d’aujourd’hui pense-t-il que son parti a une responsabilité énorme dans la guerre d’Algérie ? C’était un gouvernement socialiste qui a décidé l’intervention à Alger, ce qui en ferait donc un parti criminel (du moins dans l’esprit actuel des choses). Prudence et circonspection sont donc de mise quant à la nécessité d’assumer le passé et d’en payer le prix.

Le dernier point que je désire aborder sur ce thème c’est que l’on doit savoir être honnête. Pas question d’oublier le passé et encore moins de le modérer. La réalité des faits est suffisamment atroce pour qu’elle mérite de rester intacte, loin des débats et querelles de chapelles. Toutefois, ce n’est pas pour autant que les nouvelles générations doivent ressentir l’obligation d’être coresponsables de ce passé souvent difficile. Suis-je coupable d’avoir voté national socialisme ? Ai-je été tortionnaire sur un navire de négrier ? C’est de ma faute l’exil et la déportation de populations entières ? La nation au sens large du terme se doit de ne pas perdre cette mémoire, mais c’est donc à l’état d’assumer son histoire, pas au peuple d’être systématiquement pris à parti. Ces dernières années la victimisation est devenue un art de vivre et une cause politique. A chaque fois que l’on reproche à Israël sa politique le terrain glisse brutalement vers la nécessité d’avoir une terre après les crimes nazis. Soit. Je comprends l’idée et la méthode, mais je ne saurais cautionner ce discours d’autant qu’il est tenu par des gens n’ayant jamais franchi la porte d’un camp ou porté l’étoile jaune ! Je suis passablement épuisé par cette outrageuse prétention à vouloir faire culpabiliser le monde entier, et la Palestine n’est pas le seul siège de cette façon de voir les choses : de quel droit l’adolescent français (sic) d’origine algérienne vient me reprocher la guerre sans son pays ? Je ne suis pas né français, je n’ai jamais eu à hériter de la décolonisation, pas plus que lui peut prétendre à avoir connu l’exil et la fuite après le départ des troupes françaises. C’est un peu trop facile de décréter sa situation comme pourrie parce que l’histoire l’a faite comme tel, non ?

Nous héritons de l’histoire, charge à nous de la gérer avec discernement et respect. Un mort se fout de savoir la cause, seule la conséquence compte, et vouloir se poser en victime au même titre que celui qui a péri sous les balles a quelque chose d’indécent. N’agissons plus avec cette passion pour l’échine courbée, marchons droit et enseignons à nos enfants la vérité historique, l’exact reflet des désastres d’hier pour qu’ils ne soient pas des électeurs stupides ou des spadassins fanatiques.

12 février 2009

Maussade

Pour les esprits tordus ayant un certain don de déformation, je n’ai pas envie de parler du Mossad (services secrets israéliens) mais juste de mon humeur. Enfin, en parler... tout est relatif : je vais juste me cantonner à vous dire que je n’ai guère de faconde ce soir et que je me tiendrai peut-être silencieux demain !

Voilà, c’est dit !

11 février 2009

Décryptons les médias

Je me suis souvent gaussé de l’art et la manière de triturer et torturer l’information : entre manipulation, contrevérités et autres ablations de données indispensables, la marque moderne de la destruction de l’essence même de l’information devient étrange. C’est assez paradoxal d’ailleurs : à force de vouloir offrir de la connaissance au plus grand nombre celle-ci devient de plus en plus difficile à obtenir sans aller se noyer dans des océans d’inepties ou de données partisanes.

Certains sites et une certaine forme de presse s’est formée pour prétendre pourfendre ces manipulations devenues quotidiennes : plumes acérées, critiques ouvertes de bien des points du JT, analyses supposées circonstanciées, tous ces médias tentent de décrédibiliser la grande presse en arguant que tout est contrôlé, que tout es manipulé au point d’en devenir une forme de « Big Brother » sans le côté répressif. Bien que je ne sois pas foncièrement convaincu par certains discours plus proches d’une paranoïa maladive que de vérités nécessitant d’être dénoncées, j’en viens parfois à douter de la qualité restituée par ces dits médias à forte audience. Globalement je ne prête pas complètement foi à tout, et vous pouvez le constater dans mes propos. Cependant, est-ce si général que cela ?

Là, j’ai fait un bond de ma chaise en ouvrant une page Internet permettant de récupérer les grands titres des journaux Web. En l’espèce j’use (et parfois abuse) de Google information de manière à recenser rapidement les unes et ainsi y puiser mon actualité personnelle. Jusqu’à présent je pouvais dire « Bon, les unes sont parfois bancales mais ils ne sont pas responsables des propos tenus par des tiers », mais là… aller classer Carla Bruni Sarkozy dans l’onglet « Culture » avec en fond un discours de soutien à son président d’époux, je dénonce ! D’une part question culture on est plus proche d’un animateur de radio libre pour ado boutonneux que d’un Balzac, et d’autre part parler de culture quand il s’agit d’une interview militante avec au final un vibrant hommage de l’épouse dévoué à son conjoint, j’ai franchement du mal à saisir le lien. A la limite, si culture il y aurait eu ce serait sur la sortie d’un album, ou bien pour la promotion d’une tournée. Quoique, en y songeant bien, cela aurait permis aux boy’s bands de la vieille école de côtoyer le dernier Goncourt. Pathétique, non ? Cela ajoute donc à mes doutes sur la fiabilité de bien des médias.

Tout cela pour dire que le classement de l’information peut requérir un esprit critique et un solide sens de l’humour. Prenons un autre cas intéressant qui est celui de la mode du « lancer de godasse dans la tronche » appliqué par trois fois pour faire acte de revendication. Amusante scène que celle d’un journaliste révolté envoyant sa grolle à la tronche du teigneux ex président américain, sauf qu’il y a plusieurs aspects problématiques. Tout d’abord est-ce le rôle d’un journaliste d’agir de la sorte ? Certes, il aura eu accès à la salle de réunion pour agir, mais pour autant est-ce le rôle de la presse de devenir aussi vindicative ? Ce point est discutable, mais essentiel car le second point est encore plus marquant : en provoquant la médiatisation de cette action celle-ci est devenue une manière d’agir à part entière… Sauf que ce n’est pas efficace si ce n’est pour se ridiculiser. On n’a jamais vu un gouvernant fléchir sous le jet de la chaussure, si ce n’est éventuellement sous le jet d’un camion de godasses. Enfin, précisons que ce qui sera retenu ce n’est même pas le pourquoi, juste le comment est dans la postérité. Dommage.

Ah, un autre point à décrypter, du moins à mon avis. On parle de Web indépendant, de presse militante : pourquoi pas, après tout le rôle de la presse c’est d’informer en toute indépendance. Là où cela n’est plus vrai c’est que l’immense majorité des points d’opinion supposés « libres » appartiennent à des groupes de grande taille. Je mets en annexe un lien à lire sur le sujet pour avoir une visibilité bien différente concernant l’indépendance. Certains se vantent d’être fiers et libres, mais rares sont ceux à l’être, ou alors ils le sont parce qu’ils sont trop petits avec une audience insuffisante pour devenir gênants. La question est donc : qui croire ?

A lire : la presse "indépendante" à la sauce Web

09 février 2009

Débat en Italie

Quand foi, politique et médecine se mélangent rares sont les occasions d’avoir un débat concerté et raisonné. Selon chacune de ces façons de voir les choses la « vie » est différente : la foi parle de l’âme, la médecine décrit le corps et la politique raisonnera sur le quotidien. On peut évidemment espérer que les trois vues tombent d’accord, mais l’espoir s’évanouit sur un aspect pourtant essentiel : qu’est-ce que vivre ?

La religion parle de « vie éternelle », d’âme, de paradis et donc de vie terrestre. De fait, la vie est protégée à tout prix et l’homme se doit de respecter cette existence sous quelque forme que ce soit. Par opposition la médecine elle préserve la vie physique, cette vie où l’esprit est supposé fonctionner. C’est d’ailleurs un point de discorde : si le cœur bat encore et que le cerveau n’a plus d’activité le patient est-il mort ? On peut légitimement supposer qu’une fois le siège de notre intelligence hors fonction la vie sous sa forme spirituelle n’est plus. Pourtant, ce n’est pas ce qui sera retenu par l’église qui ne tiendra pas compte d’un argument détaillant un organe du corps au détriment de l’intégralité de celui-ci. Cette problématique est aujourd’hui gravement discutée en Italie suite à une décision de justice : laisser mourir Eluana Englaro, une femme de 38 ans plongée dans le coma depuis 1992. L’action envisagée est simple, c'est-à-dire qu’elle consisterait à cesser son alimentation artificielle et ainsi la laisser mourir « dignement ».

D’un côté la loi s’est interposée sur un terrain plus que sensible en acceptant la demande de la famille de les libérer elle et eux de ce calvaire insoluble. D’un point de vue purement moral et sans engagement religieux on pourrait estimer que le tribunal a agi pour le bien du plus grand nombre... mais ce serait alors oublier qu’il s’agit là directement d’un « euthanasie » qui ne dit pas son nom. Pourquoi s’acharner à maintenir en « vie » un corps ? Est-ce respecter la vie que de faire fonctionner un corps qui n’est plus qu’une coquille vide (si l’on part du postulat qu’un électroencéphalogramme plat est signe de mort cérébrale) ? En tout état de cause cela divise brutalement : l’église défend qu’il s’agit d’un meurtre, l’état lui-même est embarrassé car le premier ministre déclare qu’il est contre la décision alors que le président lui... est pour ! D’ailleurs, monsieur Berlusconi a tenté une manœuvre juridique pour invalider la décision de justice, mais en vain vu les violents débats que cela a engendré. Impossible d’obtenir l’accord de tous sur un tel sujet car ce serait s’engager sur une voie que nombre de politiques refusent de suivre.

Détaillons tout de même les différents points de vue. Le clergé défend l’opinion selon laquelle la vie est sacrée. Dans ces conditions tant l’euthanasie que l’avortement sont des interruptions de vie, actes médicaux inacceptables par une doctrine prônant la préservation de l’existence. De fait, même s’il y a probablement débat sur le fond de la question (la mort digne, l’arrêt de l’acharnement thérapeutique...) la forme reste la même : tu ne tueras point. A côté de cela les politiciens se heurtent à deux constats : le premier est que si la décision est appliquée ce sera alors l’acceptation tacite de l’euthanasie et donc la difficulté de voir se multiplier l’acte, et ce sans un fond de réflexion juridique nécessaire à un tel problème. Le second constat est encore plus sensible car l’on parle de convictions religieuses plus que de l’acte en lui-même. Le médecin est-il donc « Dieu » pour agir de la sorte ? C’est encore une fois difficilement acceptable pour ceux qui pensent qu’un docteur se doit de protéger ses patients, pas les tuer.

Maintenant songeons donc aux douleurs de ces familles où la vie devient un véritable doute en soi. On ne peut décemment oublier qu’ils sont pris dans cette tourmente et que ceux qui ne connaissent pas cette souffrance ne sont pas vraiment en position d’en parler. Je ne sais pas quoi penser de l’euthanasie car c’est avant toute chose un choix qui se devrait d’être personnel, un choix du patient et nulle autre personne. Cependant, quoi faire lorsque le dit patient n’est pas en position de répondre ? Nous sommes arrivés à un virage délicat de la médecine où nous sommes en position de substituer des machines à énormément de nos fonctions vitales : cœur, poumons, rein, bref à nous robotiser par l’extérieur. La fin de vie est donc tant philosophique que technique car aucune loi ne saurait être idéale pour tout réglementer pas plus qu’un vide juridique n’est tolérable.

Et moi, qu’est-ce que j’en pense ? Après mûre réflexion je suis encore empli par le doute. La souffrance de chacun n’est pas quantifiable et je ne me vois sincèrement pas prendre une décision aussi lourde pour un tiers, même s’il s’agit d’un de mes parents. Sans conseil et sans aide impossible d’être suffisamment raisonné pour agir avec discernement. Toutefois, en ce qui me concerne et ce que pour ma propre existence je crois que je suis de ceux qui préfèrent qu’on les déconnecte car je ne veux pas être un poids pour mes proches. Pas question d’une « vie » végétative où je ne serais qu’un corps pesant et pas un être capable de parler ou de penser. Ceci étant, je dis cela car je suis en position d’y réfléchir à tête reposée... faites que je ne connaisse jamais le cas de devoir faire un choix.

06 février 2009

Imaginaire

Ce texte est purement imaginaire. Il peut être transposé pour n’importe quelle situation dans le monde, à n’importe quelle époque historique. Je vous laisse le soin d’en comprendre le sens et mes opinions que j’y dissimule.

Bonne lecture.

Ils ont beau essayer de nous faire passer pour des héros et des sauveurs nous ne sommes que des armes. Nous sommes ce que l’on appelle des outils, ces humains qui deviennent munition et acier pour permettre à des puissants de prendre des décisions et infléchir le cours de l’histoire. Je ne fais pas partie de l’histoire, je la subis comme tous mes camarades qui, comme moi, déambulent le kevlar sur le crâne, le pare balle sur le bide et la trouille dans les intestins. C’est facile de croire qu’on fait la guerre comme on joue aux jeux vidéos, c’est facile de regarder CNN, chez soi, affalé dans son fauteuil en sirotant une Bud’, mais c’est autre chose quand le soleil vous brûle la rétine et que les snipers cherchent le reflet de vos lunettes.

Il fait une chaleur à crever et l’air est saturé de sable. On a beau faire, remercier la technologie des climatiseurs la journée s’organise toujours autour de l’attente. Des jours à ne rien faire, à patienter dans un camp retranché protégé par des miradors et des herses. C’est étrange, ici c’est un petit bout de chez nous, au dehors c’est la guerre civile, la terreur des bombes et des sabotages, et la foule qui nous déteste de plus en plus. Les médias baratineront autant qu’ils le veulent, ici nous n’avons jamais été les bienvenus et jamais nous le serons. La haine appartient à leur histoire et nous sommes des parasites qui veulent leur faire la leçon. Ceci étant on n’en parle jamais entre nous, trop la trouille de finir en cours martiale pour défaitisme, et puis entre aller en vadrouille dans un Hummer blindé et rester de corvée le choix est vite fait. Tout est bon sauf à rester cloîtré dans ces tentes.

Alors parfois cela change : on se fait arroser, tirs isolés, mortier parfois. On ramasse les blessés et les morts, on les aligne sur le sable fraîchement battu par nos rangers et l’on tente de les identifier. Certains sont tellement défigurés que, sans leur collier ce serait impossible. Un collier... comme les chiens qui sont tatoués pour qu’on les retrouve plus facilement. D’ici à ce qu’ils nous collent une puce dans les fesses il n’y a plus qu’un pas. De toute façon ceux là repartent soit dans un sac noir pour que le corps ne pourrisse pas trop vite, soit on les rafistole temporairement avant le rapatriement sanitaire. La gloire ! Pas du tout, on appréhende le retour au pays tant nous avons mauvaise presse. Nous n’avons pas choisi l’objectif, nous croyons dans notre mission de défendre les intérêts des USA, mais est-ce vraiment l’intérêt de notre nation d’être ici ? Je ne suis pas un politicien mais je n’y crois pas trop. De toute façon tout le monde s’en fout, ce n’est pas nous qui inquiétons l’opinion publique, ce sont les dépenses dans l’armement et nos rations. Si nous pouvions nous battre gratuitement je suis certain que cela ferait moins de vagues !

On ne peut pas s’imaginer la sensation de traverser une ville fantôme où les gens se terrent tant à notre passage qu’à celui des rebelles. On roule à tombeaux ouverts par peur des embuscades. La consigne est simple : on ne s’arrête pas, coûte que coûte. De temps en temps on perçoit un visage qui sort de derrière un rideau, il nous guette... Est-ce encore un lanceur de grenades ou est-ce un gosse trop curieux ? Quelle différence, il arrive même que ce soit les gosses qui nous jettent des explosifs. Qu’il est frustrant de ne pas savoir sur qui tirer ! Ce serait tellement plus facile s’ils avaient un uniforme, un signe de reconnaissance. Là, c’est tout le monde et personne, c’est à la fois des femmes, des enfants et des hommes. Peut-on croire sur parole cette mère qui affirme qu’il n’y a pas de résistant dans son village ? A-t-on le droit de lui faire comprendre qu’on sait qu’elle nous ment effrontément ? Rien n’est simple, rien n’est caricatural, tout est juste humain et brutal. Humain parce qu’ils sont convaincus que nous sommes des occupants, des envahisseurs, brutal parce que c’est pour eux la seule solution pour nous expulser de leur terre. Malheur au soldat isolé !

Comment cela va être quand je reviendrai à la maison ? Ma sœur refuse de me parler car elle dit que je suis un assassin, mon frère lui ne sait plus comment m’adresser la parole. Pas facile de discuter avec un vétéran qui voit en direct les morts et les assassinats, pas facile de dire ouvertement ce que l’on ressent quand on a du sang sur les mains. Pour qui je me bats ? Je m’en fous à présent, j’étais un volontaire dans l’armée par conviction, aujourd’hui je suis devenu un professionnel qui espère pouvoir changer les choses... enfin les changer, en tout cas faire en sorte que ceux déjà tombés ne le soient pas en vain. Je hais la chaleur, je déteste la soif, je maudis le désert et pourtant, oui pourtant... je dois être cinglé : j’ai rempilé.

Si je me fais descendre, faites une jolie boîte pour mes décorations et donnez la à ma mère. Mon père lui a vu le Vietnam... pas la peine qu’il soit à nouveau torturé à la vue de ces breloques. Par avance merci.

Poésie

Je veux te dire

Je veux te dire ce qui me passe par le coeur,
Tous ces mots qu'on n'a pas le courage de lâcher,
Par manque de courage, c'est ça la grande peur,
Celle ne pas savoir parler correctement d'"aimer"

Je veux te dire toutes ces douceurs que tu racontes,
Quand sur toi tu tires la couverture après l'amour.
Tout ces gestes que, comme une poésie tu me contes,
Faites mon dieu que je ne devienne jamais sourd.

Je veux te dire que tes yeux sur moi sont un miracle,
De ceux qu'on déclare comme incroyable et spirituels,
Car tu me donnes cette chose qui jamais se bâcle,
Le geste d'aimer sincèrement, perfection éternelle.

Je veux te dire que mes jours, mes années sont à toi,
Que mes nuits t'appartiennent à jamais mon amour,
Que je me languis tendrement quand tu te dois,
De travailler alors que la nuit étouffe le jour.

Je veux enfin te dire que le temps n'est qu'illusion,
Qu'il n'est qu'une chose que j'oublie dans tes bras.
Peut être trouvera-t'on une de ces solutions,
Qui fera que toi et moi chaque jour on s'enlacera.

Ce que dit le texte

L’art de prendre un texte et d’en faire autre chose est une spécialité toute politicienne tant il est vrai que bien des hymnes se sont vus affublés de résonances malsaines. C’est si simple de détourner un chant de liberté, un cri du cœur et d’en sortir ce qu’il n’avait jamais eu envie de dire ! La tristesse est que justement toute la puissance d’un propos peut devenir sa propre faiblesse…

Si j’écris ceci c’est en songeant à une chanson devenue culte durant les années 80. Pour les plus jeunes d’entre vous Bruce Springsteen c’est « Streets of Philadelphia » et rien d’autre, alors que la première époque culte le concernant fut la sortie de « Born in the U.S.A. ». Que dit le texte ? Il raconte la douleur du soldat américain revenu du Vietnam et qui ne se reconnaît plus dans son pays, l’enfer d’être traité en paria et d’être regardé comme un assassin. En allant plus loin on pourrait dire que la chanson serait une sorte de résumé du film Rambo, premier du nom. Plus tard Bush père tenta de recycler la chanson comme étant son hymne de campagne (alors que c’était un militariste et un « épicier » de mort), de la même manière que Reagan tenta de s’en servir à des fins politiques. C’est un véritable camouflet que le chanteur critiqua vertement en rappelant le texte et non pas juste le refrain pouvant être compris comme une réflexion patriotique. Patriote ? Cela ne signifie pas soutenir le gouvernement à tout prix, c’est aimer son pays et être prêt à se battre pour lui, ce qui n’est clairement pas du tout la même chose.

Pour la bonne bouche je vous mets le texte original ainsi que la chanson afin que vous puissiez comprendre le décalage chronique entre le refrain devant être pris comme une ironie et une tristesse et ce que les politiciens tentèrent d’en faire. J’ajoute enfin que Bruce Springsteen s’est mobilisé contre la guerre en Irak et a tourné dans plusieurs concerts pour manifester son refus de voir à nouveau des soldats s’engager à l’étranger pour des raisons autres que la démocratie et la liberté.

Bonne audition, bonne réflexion à tous.


Bruce Springsteen
Born In The U.S.A.


Born down in a dead man's town
The first kick I took was when I hit the ground
You end up like a dog that's been beat too much
'Til you spend half your life just covering up

[chorus:]
Born in the U.S.A.
Born in the U.S.A.
Born in the U.S.A.
Born in the U.S.A.

I got in a little hometown jam
And so they put a rifle in my hands
Sent me off to Vietnam
To go and kill the yellow man

[chorus]

Come back home to the refinery
Hiring man says "Son if it was up to me"
I go down to see the V.A. man
He said "Son don't you understand"

[chorus]

I had a buddy at Khe Sahn
Fighting off the Viet Cong
They're still there, he's all gone
He had a little girl in Saigon
I got a picture of him in her arms

Down in the shadow of the penitentiary
Out by the gas fires of the refinery
I'm ten years down the road
Nowhere to run, ain't got nowhere to go

I'm a long gone Daddy in the U.S.A.
Born in the U.S.A.
I'm a cool rocking Daddy in the U.S.A.
Born in the U.S.A.

05 février 2009

J’aime quand mes propos font réfléchir

C’est un de ces instants qui se produisent lorsque les esprits s’échauffent sur un terrain quelconque, notamment quand les dits esprits se libèrent un peu de la bienséance. Rares sont les moments où l’on peut converser et « croiser le fer » avec intelligence, et j’aime d’autant plus ces moments quand, par hasard, un de mes interlocuteurs change de point de vue ou déjà accepte de voir mon point de vue. Bien sûr c’est une grande satisfaction mais c’est aussi une démonstration (pour mon ego) que mon cheminement intellectuel n’est pas dénué de sens. Quel fut le sujet ? La communication et la connivence des médias avec les politiques. D’après ce cher ami les politiciens sont arrivés au point de craindre la presse et la télévision alors que j’affirmais le contraire. Avant de décrire mon analyse je vous laisse quelques secondes pour établir votre bilan : pensez-vous que la politique craigne réellement la plume et la caméra ?

Voilà. Votre méditation est terminée, vous vous êtes fait une analyse circonstanciée de la situation et vous pouvez donc, sans trop de difficulté, défendre votre opinion sur le sujet abordé. Notez que si vous êtes partisan de mes idées cela ne saurait être difficile d’abonder dans mon sens… Bref, pour celles et ceux qui doutent encore de l’absence pouvoir de la presse et des médias, voici une brève analyse de la situation.

Tout d’abord premier point : à quand remonte le dernier débat contradictoire avec un politicien ? Je n’ai pas souvenir d’avoir assisté à la moindre passe d’armes entre un journaliste et un politique depuis des années, et les seuls écueils tiennent à des points de détail : une petite phrase mal venue, une réflexion imbécile, ou bien alors un objectif mal expliqué, mais pas de véritable camouflet entre l’interrogateur et l’interrogé. Nous sommes très loin d’un Marchais envoyant un « Taisez vous elkabbach ! ». Autre génération, autres journalistes. Vous n’êtes pas convaincus ? C’est tout de même colossal : le pseudo duel Sarkozy – Royal tourna au ridicule à entre deux tours, et tout au plus assista-t-on au bêtisier de l’autocensure. Pas de questions qui dérangent, quelques points de politique, un peu de démagogie et surtotu une incompétence lamentable de la part de Royal. En se ridiculisant de la sorte elle vit ses chances s’envoler. C’est donc le discours abscons et facile à comprendre qui a remporté les suffrages, pas l’idéologie et la compétence politique.

Et cela ne fait que commencer : nombre de personnes supposent à tort que la surmédiatisation des politiques les rend sensibles à la critique… mais c’est tout le contraire ! Homosexualité revendiquée, divorce, les mœurs de la société sont enfin reflétés par les politiques qui n’en deviennent que plus humains, et donc potentiellement plus libres de « se rater ». C’est là tout le paradoxe : plus l’on ira vers le people pour les élus moins ils seront sensibles à la critique. D’ailleurs le président n’a pas bonne presse ni de bons sondages, mais pour autant est-il prisonnier de son électorat ? Nullement : il a été démocratiquement élu, il n’a pour le moment pas fait passer de lois trop liberticides pour être vraiment repoussées par l’homme de la rue. Ajoutons à cela que la crise économique mondiale a pour effet de rendre incompréhensible à ce même électeur la façon de faire de ceux qu’il a mis au pouvoir. Croyez-vous sincèrement que René, accoudé au zinc de son bistrot, soit capable de distinguer les solutions proposées par le gouvernement de celles suggérées par l’opposition ? En aucun cas, il se contentera de maudire les partis qu’il n’apprécie pas, point final.

A présent la plume n’est plus qu’une épée émoussée car trop de plumes sont tributaires non des lecteurs mais des annonceurs. On ne crache pas dans la soupe du libéralisme à outrance, pas plus que l’on peut se permettre de se mettre à dos des amis puissants et qui, par chance (ou perversion) font en sorte que les lois soient favorables aux médias « amicaux ». De toute façon n’allez surtout pas croire qu’Internet soit plus libre : les sites d’information se cantonnent aux annonces AFP, rares sont les analyses complètes et intéressantes, et la couleur politique de l’analyste ressort et en gâche ainsi le contenu. Croyez-vous qu’un rédacteur au Monde, à Libération ou au Parisien soit apolitique ? Ce serait mentir et se voiler la face que d’y croire !

Bref, la presse, la télévision et les autres médias sont aujourd’hui incompétents pour taquiner les reins de nos élus, et c’est un véritable drame. Qu’en pensez-vous à présent ? Mon ami a changé d'opinion... pourquoi pas vous?

04 février 2009

Celui qui fut pour moi un mentor

Il arrive que les sujets que j’aborde soient légers, drôles ou tout au contraire durs, politiquement incorrects voire triste. Ce soir je prends la plume pour exprimer ce que les mots à l’oral n’arrivent pas à décrire, ces sentiments qui restent en travers de la gorge parce qu’ils sont plus douloureux que tout. Parler, c’est pourtant ce qui s’avère le plus indispensable des modes de communication, la meilleure alternative pour se libérer le cœur... et pourtant ! Combien restent stoïques, combien étouffent leurs larmes et leurs cris sous le mauvais prétexte de la dignité ? Les joues humides ne sont pas plus un signe de faiblesse que de faire preuve de tendres pensées pour les gens que l’on aime. Mais c’est ainsi : nous nous fermons, nous ravalons nos propos afin d’avoir l’air solides.

Il est né il y a de cela quatre-vingts ans passé, il aura vécu en ce monde et j’aurais passé quelques années de manière plus ou moins proche de lui. Si c’est un flot de souvenirs qui me submerge c’est avant tout parce que je lui dois énormément. Aussi loin que je me souvienne il est là, quelque part dans le paysage, comme on pourrait l’attendre d’un proche, de quelqu’un qu’on assimile plus à la famille qu’à l’entourage amical. Raconter ces trente dernières années c’est raconter l’histoire de ma famille, expliquer, soulager ma conscience et dire comment il fut essentiel à mon propre avenir. Lorsque mes parents arrivèrent en France il fut le premier (et finalement) dernier employeur de mon père alors qu’il ne parlait pas un mot de français. Accepter cela c’était déjà un acte de foi, une manière de dire « je suis tolérant, fais tes preuves ».

Ai-je le droit de parler de sa vie avant moi, avant ma famille, avant ce « nous » qu’il affectionnait comme une seconde famille ? Ce que j’en sais c’est le peu qu’il en dit : un frère décédé au front à quelques jours de la capitulation de 1945, une obligation de quitter le foyer pour survivre et se nourrir, le boulot de peintre en lettres chez un oncle tout sauf généreux, l’épargne au bord de la disette pour s’acheter un chez soi et ouvrir sa propre entreprise. L’après guerre, sa première voiture pour remplacer la charrette à bras, sa fierté de pouvoir emménager dans une maison achetée habitée en viager, et ce passé qui parle de difficultés tournées comme étant « normales ». Et dire que ces morveux avec leurs consoles et leurs vêtements hors de prix se plaignent. Rien qu’en y songeant j’en suis malade.

Durant des années il fut donc pour ma famille un soutien, un « grand père » qui sut accepter bien des travers dont l’alcoolisme latent de mon géniteur. C’était ainsi : il fallait travailler, advienne que pourra, de sept heures trente le matin à six heures le soir, et ce six jours sur sept. Que nos 35 heures sont loin de cette réalité là... quoi qu’il en soit une relation étrange s’est formé entre ma famille et la sienne. Cela allait bien au-delà du patron à l’ouvrier car l’un et l’autre s’aidaient mutuellement, parce que c’était comme ça, parce que la solidarité avait un sens. Quand mon grand frère est décédé et que la dive bouteille s’est emparée de mon père tout patron aurait finalement baissé les bras et aurait licencié l’ouvrier, mais pas lui. Que de mots ils durent avoir à ce sujet, que de problèmes ma mère a dû vivre pendant cette époque. Pourtant il fut encore et toujours là, quoi qu’il arrive.

Le temps passa, l’âge aussi. Mon frère et moi grandîmes avec cette ombre bienveillante, cette image du patron qui donne plus que le salaire. Lorsque je fus en âge de travailler et qu’il partit à la retraite je pus le côtoyer de manière quasi quotidienne. Nous habitions encore dans un HLM sans possibilité de ranger le matériel, et lorsque mon père prit le relais comme entrepreneur cet homme de cœur nous laissa la possibilité de stocker le matériel dans son entrepôt sans payer un centime. Ainsi ce fut le pied à l’étrier, le soutien de celui qui avait foi en la transmission du savoir faire, et il le fit savoir. Sa clientèle devint nôtre, sa réputation, bref il nous offrit bien plus que des outils et une camionnette. Avec le recul je me rends compte à quel point la situation fut étrange : mon père prenait sa place au volant de l’utilitaire et moi je remplaçai mon père comme passager. Passage de témoin ? Allez savoir, pour ma part je garde simplement l’image de ces lunettes vissées sur son nez et de son inusable sourire.

Puis peu à peu chacun put se détacher de l’autre, non par choix mais par la vie quotidienne. On avance tous à notre rythme et le sien ne fut guère celui de la tranquillité. Nous aspirons tous à une retraite paisible et méritée mais le sort choisit de s’acharner, de ne lui laisser aucun répit. Son épouse est frappée de la maladie d’Alzheimer. Comment choisir entre garder avec soi celle que l’on aime et qui devient intellectuellement impotente ou la placer dans une institution ? Douze années, douze longues années à vivre ainsi, inquiet, sans cesse au petit soin, sans liberté de vivre ou de respirer. Ce fut à ce moment qu’on le vit s’user, lentement mais sûrement, les rides prenant le pas sur l’aspect légèrement joufflu de son visage. Ses yeux parlaient pour lui : de l’amour mêlé à la tristesse de l’impuissance, la frustration de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit pour la libérer de cette dégradation inexorable de son mental. Jamais il ne se plaint, pas un mot ne sortit de lui pour exprimer la normale lassitude qui dut sûrement l’étreindre. Je me souviens seulement de ces regards tristes au bord des larmes quand elle fut près de nous, incapable de nous reconnaître ou agissant de manière désorganisée et illogique. Non monsieur, vous n’étiez pas responsable, nous comprenions, nous étions vos proches, vos amis, vos intimes.

Jamais il n’accepta l’idée de placer sa femme, jamais il n’aurait toléré cette solution quoi qu’il puisse se passer. C’est d’ailleurs pour cela qu’il accepta d’être opéré de la hanche. Il refusait de devenir trop handicapé pour s’occuper de son grand amour, il ne pouvait tolérer de lui-même de la voir s’en aller ailleurs que chez elle. Pourtant l’opération eut raison de lui : il s’est assoupi hier pour jamais se réveiller. Au moment même où je badinais avec des collègues lui s’en fut à jamais. Est-il parti soulagé, libre ? Je l’ignore et je ne le saurai jamais je pense, mais ce que je sais c’est qu’il représente une belle tranche d’humanité, une tranche de ma vie, de celle de ma famille, l’homme qui fut un autre grand père à sa manière : calme, serein, décidé, fier et honnête.

D’ici peu nous devrons sûrement vider ce que nous avons laissé comme matériel dans son entrepôt. Depuis des années la question revenait comme une plaisanterie : mon père n’avait pas besoin de ces choses restées là-bas et lui n’en avait plus l’usage. M’imaginer descendre par cette trappe métallique, ouvrir la petite porte, puis ensuite déambuler dans le sous-sol aménagé avec les pierres à nue, vais-je y parvenir sans verser une larme ? Je connais cette demeure comme si elle était mienne, j’en connais le moindre recoin pour y avoir souvent passé le week-end soit pour aider à la mettre en état, soit simplement parce que c’était leur plaisir à eux de bricoler ensemble.

Monsieur, vous me manquez déjà et vous me manquerez longtemps encore. Merci n’est jamais assez bon pour dire la gratitude que je ressens, tout comme aucun mot ne saurait vous dire à quel point je suis triste que vous soyez parti sans que j’aie égoïstement eu le temps de vous dire adieu. La vie n’est pas juste sans aucun doute, mais elle l’a été un peu plus que d’habitude... grâce à vous.

03 février 2009

Mouvement perpétuel

Il est physiquement et techniquement établi que le mouvement perpétuel est une chimère poursuivie par énormément de gens, au même titre que fut traquée la recette permettant de créer la pierre philosophale. L’idée est pourtant simple : créer un mouvement quel qu’il soit et qui se répète à l’infini. Par exemple schématisons ce mouvement sous la forme d’une machine capable de démarrer, puis de ne jamais s’arrêter sans avoir la nécessité d’un apport d’une énergie externe. Typiquement, un moteur de voiture n’a pas la propriété d’être un mouvement perpétuel car il restitue une portion congrue de l’énergie qu’on lui fournit (rendement), et d’autre part car il s’arrête en l’absence de carburant (énergie). Dans ces conditions il n’existe techniquement aucune solution. Certains songent aux centrales nucléaires mais même elles consomment du carburant, radioactif certes, mais une matière qui se dégrade, perd ses propriétés énergétiques et en caricaturant finit par ne plus rien fournir du tout.

Alors, pourquoi courir après une impossibilité physique élémentaire ? D’une part parce que l’idée est séduisante : être capable de fournir un mouvement (force) sans se soucier de l’alimenter, n’est-ce pas une magnifique possibilité pour remplacer le nucléaire par exemple ? On pourrait alors fantasmer sur le pompage quasi gratuit de l’eau pour le tiers monde, des voitures non polluantes et non assujetties au besoin de faire un plein de carburant, ou bien encore solutionner l’autonomie de bien des appareils. L’autre aspect est que le mouvement perpétuel c’est s’offrir une forme de reconnaissance éternelle. Celui qui découvrirait cette « science » passerait nécessairement à la postérité tout comme Bell, Marconi et j’en passe, non ?

Quoi qu’il en soit nous en sommes encore au même postulat : l’énergie se disperse, la perfection n’existe pas. D’ailleurs, même la terre ralentit sur son orbite, le soleil a une réserve limitée d’énergie qui le fera tôt ou tard imploser et le monde tel que nous le connaissons finira par être anéanti par ce même soleil protecteur et nourricier. Toute la perspective est juste une question d’échelle : si une mécanique ne nécessitait d’être relancée qu’une fois par vie d’homme, ne serait-ce pas déjà une forme de perpétuité fort intéressante ? D’ici que nous trouvions des substituts à nos solutions actuelles je pense qu’il y aura fort à faire tant techniquement que scientifiquement. Nous en sommes encore aux balbutiements de l’énergie nucléaire vu que l’on étudie des réacteurs EPR de nouvelle génération et que pardessus le marché nous ne maîtrisons pas encore la production énergétique par fusion. Dans ces conditions difficile d’espérer une révolution dans un proche avenir, d’autant que découvrir une énergie propre, gratuite ou presque serait alors une sévère épine dans le pied des sociétés profitant des autres énergies non renouvelables. Je doute que Total, Exxon ou tout autre de leurs concurrents soient ravis se voir apparaître un tel miracle !

Pour ce qui est de la recherche pure et dure, je ne considère pas ces « chercheurs » comme des illuminés. La science ce n’est pas forcément suivre des voies conventionnelles, tout comme la science n’est pas prisonnière de règles qui tendent de toute façon à changer en fonction du temps et des connaissances. N’a-t-on pas vu en Pasteur un empoisonneur lors de l’expérimentation du vaccin antirabique ? Lorsque la bombe A fut étudiée, n’a-t-on pas craint une destruction totale de l’univers ? C’est à la science dans son ensemble d’admettre que l’on peut prendre des chemins différents pour un seul et même but : améliorer la condition humaine, lui offrir des solutions potentiellement meilleures que celles existantes.

Pour autant, moi j’ai découvert le mouvement perpétuel. Oui, je le revendique haut et fort, du haut de mon incompétence j’ai établi une règle permettant de dire que le mouvement perpétuel est une chose qui existe au quotidien, une propriété même de la nature humaine... Prenez deux types conduisant deux voitures qui s’engueulent. L’un et l’autre ont la conviction d’avoir raison, et donc tout deux gaspillent une même quantité d’énergie dans leurs simagrées. Ils sont donc perpétuellement idiots puisque l’autre n’admettra jamais avoir tort, et ils seront perpétuellement pénibles pour leur entourage. C’est ainsi : le mouvement perpétuel est donc forcément pénible, primaire, et dénué de possibilité d’être exploité. Si la connerie était un carburant m’est avis que nous voyagerions à l’œil...

02 février 2009

La courante si courante

Ah la médecine ! Cet obscur domaine où nous sommes tous tributaires d’une connaissance monolithique dispensée à doses homéopathiques par des gens en blouses ! On aura beau dire, vulgariser la médecine au point qu’une opération à cœur ouvert devient banale, il n’en restera pas moins difficile de se passer des services d’un personnel hautement spécialisé, au vocabulaire inabordable et aux méthodes parfois peu orthodoxes.

Loin de moi l’idée de remettre en doute la compétence des médecins, c’est même le contraire ; En effet, qui aurait pu identifier et analyser la vitesse de décomposition d’un corps dans l’acide sulfurique, si le docteur Petiot ne l’avait pas expérimenté pendant la deuxième guerre mondiale ? J’en vois déjà qui se mettent à râler en me décrétant méchant et ce de manière gratuite envers une profession sensible, où le stress et la pression sont énormes, et où les responsabilités sont colossales. Il est vrai que là, je suis d’une mauvaise foi digne de nos meilleurs orateurs politiques, mais admettez tout de même que nous sommes aussi tributaires face à un médecin dans le domaine de la santé que face à un avocat dans le domaine juridique !

On ne peut guère être trop dur ceci dit : la santé est aussi aléatoire qu’elle sait être cruelle. Moi qui vous écris régulièrement j’ai déjà eu à subir les bons soins du bistouri, découvert la saveur des molécules aux noms faisant mal à la mâchoire quand on les prononce, et puis surtout la frayeur de partager temporairement l’existence d’amis placés sous « vie artificielle ». Rien de bien dramatique en somme, si ce n’est la désagréable obligation de s’abandonner totalement à des mains inconnues, de croire avec une indéfectible foi en la perfection humaine, bref jouer les victimes potentielles d’une inévitable erreur dans les statistiques... De fait, c’est un humain qui agit, et rien que cette idée me fait frémir. Faites que le prochain charlatan, merde, toubib pardon ne soit pas aussi maladroit que je le suis !

Tout ceci pour parler d’une maladie courante durant l’hiver, la fameuse et bien nommée courante justement. Poliment, du moins pour ne pas faire « Bigard » lors des repas et des soirées mondaines auxquelles je ne suis jamais convié, on la nomme gastro, gastroentérite, mais rarement on utilisera la « courante », la « chiasse » et j’en passe. C’est ainsi : l’esthétique des dénominations a autant de poids que le volume de papier toilette employé pour s’en soulager (dans tous les sens du terme). C’est une belle saleté soit dit en passant : prostré dans le cagibi inconfortable des toilettes, glacé par le contact du carrelage, maladroitement plié en deux par la douleur, cette satanée maladie a le don tant de vous vider de votre énergie que de vider votre organisme. Efficace le microbe d’ailleurs vu la proportion de gens atteints par la courante quand les frimas s’installent durablement. Alors on lutte à coup de médicaments, de solutions chimiques aussi désagréables à ingérer que rapidement expulsés, et puis l’on se pose des questions existentielles sur la constitution interne de l’être humain. Jusqu’à présent, il était de notoriété publique que l’enfant en bas âge a la gorge directement reliée en ligne droite avec le postérieur, et que l’adulte lui avait un certain nombre de péages entre... Et voilà que le microbe arrive à rétablir le trafic avec une efficacité que bison futé lui jalouse constamment. Ne dit-on pas « transit intestinal » ?

Après tout, la courante offre un certain nombre de désavantages inhérents à notre condition d’humains civilisés : La distance entre votre lieu de repos et les toilettes est toujours supérieure à votre capacité de rétention de la vague gastrique, de la même manière que votre stock de rouleaux de papier toilette est inversement proportionnel à votre degré de maladie. En gros, plus vous êtes malade plus vos chances de tomber en panne de papier augmente... c’est ce qu’on appelle un moment de solitude je suppose. D’après moi la maladie a pour principale force de remettre l’homme dans sa plus pure essence, c'est-à-dire de lui ôter son côté digne et guindé pour lui rendre celui qu’il n’a jamais vraiment perdu, celui de primate à peine intellectuellement évolué et à l’organisme aussi fragile qu’il est biodégradable.

Transit ? Sic Transit ? Mon latin me lasse...