11 février 2009

Décryptons les médias

Je me suis souvent gaussé de l’art et la manière de triturer et torturer l’information : entre manipulation, contrevérités et autres ablations de données indispensables, la marque moderne de la destruction de l’essence même de l’information devient étrange. C’est assez paradoxal d’ailleurs : à force de vouloir offrir de la connaissance au plus grand nombre celle-ci devient de plus en plus difficile à obtenir sans aller se noyer dans des océans d’inepties ou de données partisanes.

Certains sites et une certaine forme de presse s’est formée pour prétendre pourfendre ces manipulations devenues quotidiennes : plumes acérées, critiques ouvertes de bien des points du JT, analyses supposées circonstanciées, tous ces médias tentent de décrédibiliser la grande presse en arguant que tout est contrôlé, que tout es manipulé au point d’en devenir une forme de « Big Brother » sans le côté répressif. Bien que je ne sois pas foncièrement convaincu par certains discours plus proches d’une paranoïa maladive que de vérités nécessitant d’être dénoncées, j’en viens parfois à douter de la qualité restituée par ces dits médias à forte audience. Globalement je ne prête pas complètement foi à tout, et vous pouvez le constater dans mes propos. Cependant, est-ce si général que cela ?

Là, j’ai fait un bond de ma chaise en ouvrant une page Internet permettant de récupérer les grands titres des journaux Web. En l’espèce j’use (et parfois abuse) de Google information de manière à recenser rapidement les unes et ainsi y puiser mon actualité personnelle. Jusqu’à présent je pouvais dire « Bon, les unes sont parfois bancales mais ils ne sont pas responsables des propos tenus par des tiers », mais là… aller classer Carla Bruni Sarkozy dans l’onglet « Culture » avec en fond un discours de soutien à son président d’époux, je dénonce ! D’une part question culture on est plus proche d’un animateur de radio libre pour ado boutonneux que d’un Balzac, et d’autre part parler de culture quand il s’agit d’une interview militante avec au final un vibrant hommage de l’épouse dévoué à son conjoint, j’ai franchement du mal à saisir le lien. A la limite, si culture il y aurait eu ce serait sur la sortie d’un album, ou bien pour la promotion d’une tournée. Quoique, en y songeant bien, cela aurait permis aux boy’s bands de la vieille école de côtoyer le dernier Goncourt. Pathétique, non ? Cela ajoute donc à mes doutes sur la fiabilité de bien des médias.

Tout cela pour dire que le classement de l’information peut requérir un esprit critique et un solide sens de l’humour. Prenons un autre cas intéressant qui est celui de la mode du « lancer de godasse dans la tronche » appliqué par trois fois pour faire acte de revendication. Amusante scène que celle d’un journaliste révolté envoyant sa grolle à la tronche du teigneux ex président américain, sauf qu’il y a plusieurs aspects problématiques. Tout d’abord est-ce le rôle d’un journaliste d’agir de la sorte ? Certes, il aura eu accès à la salle de réunion pour agir, mais pour autant est-ce le rôle de la presse de devenir aussi vindicative ? Ce point est discutable, mais essentiel car le second point est encore plus marquant : en provoquant la médiatisation de cette action celle-ci est devenue une manière d’agir à part entière… Sauf que ce n’est pas efficace si ce n’est pour se ridiculiser. On n’a jamais vu un gouvernant fléchir sous le jet de la chaussure, si ce n’est éventuellement sous le jet d’un camion de godasses. Enfin, précisons que ce qui sera retenu ce n’est même pas le pourquoi, juste le comment est dans la postérité. Dommage.

Ah, un autre point à décrypter, du moins à mon avis. On parle de Web indépendant, de presse militante : pourquoi pas, après tout le rôle de la presse c’est d’informer en toute indépendance. Là où cela n’est plus vrai c’est que l’immense majorité des points d’opinion supposés « libres » appartiennent à des groupes de grande taille. Je mets en annexe un lien à lire sur le sujet pour avoir une visibilité bien différente concernant l’indépendance. Certains se vantent d’être fiers et libres, mais rares sont ceux à l’être, ou alors ils le sont parce qu’ils sont trop petits avec une audience insuffisante pour devenir gênants. La question est donc : qui croire ?

A lire : la presse "indépendante" à la sauce Web

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