30 septembre 2008

Querelles de chapelles

Aussi stupide que cela puisse paraître nous n’avons toujours pas réussi à nous départir de la nécessité incongrue de rentrer dans une case. En effet, depuis que le monde est monde nous nous sommes tous échiné à être dans un parti, une religion ou une nation, et par extension nous nous sommes identifiés à des produits manufacturés pour avoir encore l’impression « d’être d’une caste ». Aussi lamentables que soient ces clivages ils sont néanmoins flagrants et pathétiques.

Pourquoi ai-je abordé le principe de chapelle dans le titre ? Parce qu’au temps des religions dominantes et politiquement maîtres de la communauté chacun se devait d’être partisan soit d’un pape, soit d’un de ses opposants. La neutralité passait pour de la tiédeur et analyser froidement la situation passait pour du sacrilège, et ce quelque soit l’optique choisie. De fait, il n’y avait donc pas de mauvais parti, il n’y avait surtout jamais de bon parti. De ce point de vue les dichotomies possibles dans l’église chrétienne sont spectaculaires... et il y a de quoi faire si l’on prend le fait qu’autant les juifs, les catholiques et j’en passe ont un tronc commun de foi et trouvent tout de même le moyen au mieux de se tolérer, au pire de se haïr. Magnifique de débilité si l’on considère que chacune des cultures aura eu deux bons millénaires (si ce n’est plus, mais restons simples) pour s’entendre et non se déchirer. Allez, je vais faire marchand d’arme, ça me rapportera plus certainement que tout autre marché de niche peu fiable.

Etendons le débat. Jusque là j’ai songé à la religion comme moteur d’isolement mais semble-t-il l’industrie a le don de produire des engueulades sans fin et des querelles profondément débiles puisque basées sur ... des produits fabriqués par l’homme. Autant le divin je pourrais envisager d’admettre des différences et des désaccords, mais se mettre sur la courge parce que « Une BMW c’est mieux qu’une Mercedes » ou bien parce que « Renault c’est de la merde », pardonnez mon impertinence, mais ce ne sont que des amas de matériaux périssables et sommes toute juste symboles aussi phalliques que profondément vains de notre société de consommation. J’aime la voiture, mais je n’ai pas pour autant d’a priori malsain sur quelque marque que ce soit ! Un peu d’ouverture d’esprit et de bon sens ne saurait être de trop. Mais ce serait alors faire admettre à une population entêtée et figée sur des clichés antédiluviens que tout évolue et l’industrie sait se renouveler. A chacun d’y trouver son compte !

Passons à un autre périmètre où je vais forcément me faire un paquet d’ennemis. Et oui, on peut devenir une cible pour une masse abêtie par la propagande consumériste surtout si l’on a le malheur de ne pas aller dans leur sens. Qui ne connaît pas Apple ? Il y a quinze ans parler d’Apple c’était nécessairement s’adresser à une espèce « d’élite » qui se targuait d’une part de ne pas être un mouton de Redmond (siège social de Microsoft) et qui pouvait au surplus prétendre à avoir des produits fiables et design. Puis la marque à la pomme s’attaqua au multimédia (les Ipod) et enfin à la téléphonie multimédia (le fameux Iphone). Qu’en est-il ? Mis à part tout un tas d’aspect esthétiques auxquels je ne suis pas spécialement sensible, je tiens d’abord à faire un constat effarant : critiquer un produit Apple c’est attirer en quelques minutes les foudres de tous les fans de la marque et d’être taxé d’opinion partisane ! Amusant cinq minutes pour provoquer et rire des réactions, mais subir sans arrêt les aboiements de ces mulets...

Prenons typiquement le cas Iphone : c’est un téléphone esthétiquement réussi (il paraît), avec une interface tactile très agréable (je confirme) et très complet (là je tempère). Commençons par deux trois écueils : dites à un fan Apple que le Iphone ne fait pas les MMS et hop vous êtes parti pris et de mauvaise foi puisque lui ne s’est jamais servi des MMS. Consternant. Allons plus loin : le dernier né Iphone 3G intègre un appareil photo numérique et un GPS. Pour la photographie on repassera car sans zoom potable, sans flash et avec une qualité lamentable pas la peine de rêver dessus. Bon d’accord, ce n’est pas un appareil photo mais de là à en faire tout un foin dessus pour constater que c’est « de la merde » il y a un monde ! Ah ! Le GPS ! Chouette ! Voilà une fonctionnalité intéressan... quoî ? Pas de vrai logiciel de guidage ? Tout juste la localisation sur un plan via Google ? Attendez voir : donc la concurrence propose de vraies solutions GPS avec guidage vocal et l’Iphone fait l’impasse dessus ? C’est vrai j’oubliais le système Apple est propriétaire et la cible est si étroite que personne ne s’y est réellement intéressé. Dans ces conditions GPS : zéro pointé.

Là, rien qu’en énonçant quelques vérités non partisanes je me soumets à la querelle de chapelle entre les pros Apple et ceux qui tentent d’être raisonnables et raisonnés. Il suffit de mettre en balance plein d’appareils différents pour trouver le meilleur quelque soit sa marque mais ça, c’est un raisonnement qu’on ne s’autorisera pas puisqu’il s’agira forcément « d’un complot anti Apple ». A force de mordre des pommes pourries on finit toujours par croire qu’elles sont bonnes, non ?

29 septembre 2008

Cliché cérébral

Cette note fait suite à la lecture d’un blog BD (celui de Boulet, voir la liste tournante à gauche de ce texte) que je me suis rendu compte que la plume avait un avantage étrange sur le crayon qui est de pouvoir restituer n’importe quoi en décalé alors que le dessin nécessite de croquer sur le vif les portraits. En effet, quoi de plus délicat que de retranscrire un visage à travers un croquis sans en trahir la beauté alors qu’en se servant de l’écrit l’on peut nuancer et romancer cette même figure ? Il serait alors malhonnête de prétendre que l’écriture est plus difficile que le dessin, non ?

Et pourtant bien des « auteurs » font tout un ramdam concernant (je paraphrase) « La besogneuse et longue pérégrination de leur esprit dans les limbes extatiques de la panne d’imagination ». Voilà qui est pompeux pour dire que l’on a pas tous les jours la fulgurance parmi ses idées ni ses écrits... Ceci dit c’est tout de même un rien mentir car après tout l’écrit se contente assez facilement de lieux communs, chose que l’art pictural ne tolère pas vraiment. Certes, il y a des canons et des écoles dans la peinture ou la bande dessinée mais chaque auteur a sa manière d’agir, sa marque qui permet de le distinguer des autres. En écriture, force est de constater que manipuler quelques phrases classiques offre une sorte de réussite garantie en usant et abusant par exemple de mots complexes. Je sais qu’il est utile d’être précis mais de là à jouer avec les nerfs du lecteur s’en échinant à caser tous les mots inconnus du dictionnaire il y a une marge !

C’est en relisant certains de mes textes que je peux aussi chroniquer sans hésitation celui qui emberlificote la forme sous prétexte d’avoir l’air intelligent. Ne me blâmez pas, c’est un jeu qui me plait presque autant qu’il peut plaire à mes lecteurs, et puis si j’étais si insupportable, que viendriez-vous faire ici si ce n’est perdre votre temps ? Bon sang ! Alors tout s’explique : mes lecteurs ne viennent donc pas pour apprécier une plume agile et grandiloquente mais simplement user d’un lieu « chronophage » et s’assurer intérieurement « de ne pas avoir perdu leur temps ». Seigneur, abattez moi je leur donne des prétextes pour gaspiller leur énergie ! Quoique, en y songeant plus attentivement je pourrais alors me targuer d’obtenir un tel résultat, un peu à l’instar des rédacteurs de lois et autres édits qui s’amusaient (et s’amusent encore) à saupoudrer leurs textes de termes juridiques aussi improbables qu’abscons pour le commun des mortels. J’ai donc une vocation : rédiger un nouveau code civil (ou pénal) tout en le vérolant le plus possible afin de permettre d’y trouver un maximum de failles où je pourrai moi-même m’engouffrer.

Revenons au dessin : nombre d’artistes annoncent sans fausse modestie qu’il est naturel pour eux de gribouiller et d’obtenir en quelques lignes un résultat des plus élégants. Ils ne sont pas prétentieux en répondant cela, c’est avant toute chose que le travail d’amélioration du trait, du style, d’affinage des courbes est plus du domaine de la satisfaction personnelle que d’un choix de besogneux accompli. Contrairement à moi ils peuvent donc dire « j’ai ça dans le sang », alors que ma plume, elle, trempe dans la sueur de mes lectures nocturnes et de mes débats sans fin. C’est là le paradoxe : l’écriture recèle des quantités insoupçonnées de feintes stylistiques propres à enrichir le discours mais nécessite a contrario de travailler énormément en amont sa culture. L’art pictural lui ne pardonne absolument aucune tare d’aspect puisque c’est son essence même alors que le style lui ne dépend d’aucun travail ou presque. Enfin, mesurons un peu mes propos : le style c’est aussi des influences extérieures et la découverte du passé ainsi que du présent de manière à en conjuguer les avantages et les techniques. Je ne peux pas dénigrer les heures passées aux beaux arts par nombre d’étudiants sans talent sous prétexte que je ne trouve pas d’intérêt à ressortir sans vergogne des « œuvres à la façon de... ».

Je sais, je suis vachard avec ces pauvres erres qui espèrent vivre de l’art et être reconnus pour leur talent. Pourquoi suis-je suis dubitatif ? Parce que l’art ce n’est pas se torturer pour faire plaisir, c’est avant toute chose se torturer pour s’exprimer. Il faut savoir aimer la douleur de la création avant d’en satisfaire les autres, et la fierté légitime du « j’ai fini » vient bien avant celle du « ça leur plait ». C’est ainsi : j’ai un cliché cérébral de bien des lieux que je serai jamais capable de dessiner, mais je saurai vous les décrire avec un minimum de précision pour que vous-même jouiez avec votre imagination.

Ah ! Autosatisfaction de prétendre à faire rêver...

26 septembre 2008

Voici un artiste que j'aime bien...

Voilà quelques vidéos intéressantes... et l'artiste qui en est l'auteur (cliquez sur le lien)





A voir!

Sur ce bon week-end!

25 septembre 2008

Aphorisme, maxime… et réflexion ?

Il ne Faudrait pas pousser le bouchon trop loin : à force de réfléchir et de rédiger des quantités innommables de guides supposés nous mener dans l’existence ces dits guides finissent par perdre tout intérêt. Ah, la belle philosophie étalée à l’envi pour faire mortier dans les relations humaines ! Les plus grandes plumes se sont données la peine de nous offrir (cadeau empoisonné) des collections complètes d’œuvres traitant de tout et souvent n’importe quoi alors qu’un aphorisme ou une maxime permet généralement de résumer le tout en quelques mots. C’est vicieux ça, saboter des mois de labeur d’un penseur en condensant le tout sauvagement en une seule phrase ! Pourtant j’adore cet esprit de concision, d’autant plus que c’est utile au quotidien : un imbécile vous accroche les neurones à l’aide des griffes de la bêtise ? Hop une maxime pour contrer l’idiot et vous voilà libre de le laisser peiner des semaines durant sur le sujet. Un gosse vous résiste ? Un aphorisme bien placé et vous voilà maître du sujet sans contestation possible.

Un petit exemple ? « En réalité, on sait seulement quand on sait peu. Avec le savoir augmente le doute. » De Von Goethe. Redoutable non ? Tout est dit : le savoir est l’assassin des certitudes car à chaque nouvelle connaissance une méconnaissance apparaît. Un autre aphorisme ? « Les erreurs sont les portes de la découverte. ». Merci James Royce d’avoir si précisément déterminé notre quête de la connaissance ! J’aime ces bouts de littérature arrachés au néant et éclairant la Vie d’homme quand celui-ci daigne se pencher dessus. Le seul ennui c’est que pour apprendre de telles règles, il faut se cultiver, et qui dit se cultiver dit énormément de lectures secondaires pour y trouver le fondement même de la pensée, le Soi développé par l’absorption de celui des autres. En quelque sorte l’écriture et la lecture sont deux amants qui se détestent car le premier fait mal à son auteur et le second blesse celui qui apprend. Relation masochiste ? Probablement.

Alors pourquoi parler de telles choses puisque paradoxalement faire usage de petites phrases est signe de patientes études personnelles ? Parce que quelque part il existe encore plus spontané que l’aphorisme ou la maxime, plus prompt encore à nous surprendre et à nous remettre en cause. Oui, je l’affirme, il y a une puissance supérieure à toutes les plumes du monde concernant nos certitudes, cette force c’est l’enfant ! Et oui ! Le gosse est une source inépuisable de prise en défaut des adultes et des penseurs, et ce dans les contextes les plus saugrenus. N’allez pas croire qu’il s’agit de candeur ou d’enfantillages, c’est au contraire le plus pur des esprits et la concision des réflexions qui font que l’enfant vous remet systématiquement à votre place. Le pédagogue étudie des décennies durant la meilleure méthode pour enseigner et l’enfant démonte la dite méthode en l’espace de quelques secondes. Quand vous affirmez que « c’est dangereux et pas bon de boire » le marmot trépignant à votre table répondra sans coup férir : « Alors pourquoi papa il boit ? ». Un à zéro, pas de balle au centre mais un enfant au lit avec le droit de se taire !

Nous intellectualisons trop nos connaissances et faisons tout un foin de notre culture. Il est vrai que nous faisons preuve de science, mais à bien y regarder nous ne sommes pas si en avance que cela par rapport à bien des civilisations disparues. L’eau courante ? Connue chez les romains. Les route goudronnées ? On en a trace il y a des millénaires. L’écriture... Allons allons... une règle serait intéressante à dicter à ce sujet : « Nous nous supposons intelligents car c’est par rapport à notre passé que nous nous comparons, mais nos contemporains nous trouveront toujours rétrogrades ». Désagréable comme constat ? Pas du tout ! Nous prétendons avoir fait des progrès concernant l’équité sociale et morale et pourtant nous acceptons sans rechigner de reculer sur bien des sujets. Dire que les penseurs espéraient qu’au bout de deux milles années d’évolution nous serions la société du bonheur... Et là le gamin revient à la charge « Pourquoi ? ». Ce seul mot, cette seule phrase est un aphorisme terriblement puissant. Adaptable à tout, vrai pour toute chose, « Pourquoi ? » résume bien ce que l’Homme est finalement : un être pétri par le doute et qui cherche sa vie durant à s’en défaire...

« Ma seule certitude c’est d’être dans le doute » ;
P.Desproges

24 septembre 2008

Serpillière sentimentale

Dans la grande fournée annuelle des émissions dites « de divertissement » (ou d’abrutissement), il est notable que nos chers producteurs ont restreints les élans du cœur qui furent la règle durant les années 80-90. Pourtant si aujourd’hui nous sommes en terre morose, la décennie Bernard Tapie fut tout de même totalement à opposer au sentimentalisme de masse : mise en avant de la réussite financière, création du concept de golden boy, avènement du petit actionnariat et médiatisation à outrance des personnages qui ont réussi. Quoi de plus opposé que le larmoyant discours d’un présentateur bien sur lui reconstituant une famille déstructuré, et le portrait incisif d’un capitaine d’entreprise s’offrant un club de football ou une société de vêtements de sport ? C’est le grand écart audiovisuel, grand écart encore plus accentué par le poids d’un cinéma aux stéroïdes et l’heure de gloire des puncheurs sans cervelle (pas de liste... j’en deviendrai presque méchant par cynisme).

La télévision s’est faite plus con-sensuelle, en tout cas plus con que sensuelle car rien n’est plus stupide que le concept de trahison (île de la tentation) ou de découvrir le secret d’un tiers dont tout le monde se fout (Secret story). Alors bon, ici plus d’élans de générosité à la Patrick Sabatier, plus d’émission comme « la nuit des héros » et encore moins de « perdu de vue » qui fut un chef-d’œuvre d’hypocrisie mercantile. Tout y était : le miel d’une bonne âme partant en chasse d’un cher disparu, la fielleuse flatterie du chercheur pour celui tant réclamé, et pardessus tout cela des torrents de bons sentiments propres à faire vomir le plus patient des adorateurs de Walt Disney. Pour rebondir sur la nuit des héros, c’était quand même quelque chose d’ahurissant : dans le genre... blaireaux nos chers personnages mis en scène dans des reconstitutions de trois sous étaient dramatiques. Le petit dernier s’enferme dans le placard ? Pas un n’aurait eu l’idée de prendre n’importe quoi de rigide pour faire pied de biche, c’est tellement mieux de faire traîner le suspens ! Et dire que les gens gobaient ça goulûment et s’en entretenaient le lundi matin à la pause café. Triste époque...

Désormais on nous épargne le piège sentimental des retrouvailles souvent risibles car flagrantes dans leur aspect factice, on favorisera l’aventure édulcorée et bien aménagée de sorte que chacun y trouve son compte. Pourtant il y a matière à créer ou pomper des concepts basés sur les sentiments ! A mon sens faire preuve de sentimentalisme n’est pas nécessairement une hypocrisie, pour cela il faudrait aussi savoir se donner les moyens de rendre le tout sincère et un minimum chaleureux sans verser dans l’eau de rose croupissante. Un petit exemple ? Pour une fois que les américains ont un concept sympathique et qui plus est pratique, autant s’en inspirer : l’émission se nomme « Extreme makeover » que les chaînes câblées francophones ont renommée « les maçons du cœur ». Il s’agit de prendre une maison d’une famille dans le besoin et de la retaper (voire la reconstruire !) dans un délai de sept jours. Impressionnant, souvent touchant par des situations que l’on voit bien être du quotidien, mais sans jamais d’apitoiement ou de cadrages excessifs pour arracher une larme. Là, le but est vraiment d’aider et qui plus est en ajoutant de l’humour par les pitreries des présentateurs : destruction d’une maison avec un char d’assaut (ou pire... voir la vidéo après le texte), appel d’une équipe de football américain pour trimballer le mobilier et j’en passe. ah oui, j'oublie de préciser: si démolition il y a la famille y habitant la voit en direct! Alors bon, oui les chaînes françaises n’iront pas investir autant d’argent qu’il en faudrait, mais franchement, pourquoi pas ?

Notre quotidien se voit malheureusement caricaturé par les émissions de reportage : si ce n’est pas la drogue c’est la prostitution, si ce n’est pas ça c’est alors le travail clandestin, et au final ça peut même devenir « Travailleuse clandestine le jour dans une cité, prostituée de luxe la nuit dans Paris ». Dites, à force de nous faire voir le fait que nous sommes sordides et puants, pourquoi attendriez-vous de nous que nous soyons raisonnables et intelligents ? Boutade mise à part nous perdons de plus en plus pied dans les relations humaines et favorisons le voyeurisme mais à condition qu’il ne concerne pas notre vrai quotidien. Les émissions importées des USA des caméras embarquées de voiture de police ont la cote, par contre aller faire simplement une enquête circonstanciée sur la vieillesse, les maisons de retraite mais avec un regard fin et tendre... mais là je rêve à haute voix ! Il faut du sensationnel, mais pas trop pour ne pas choquer le sacro saint guide de la bonne morale. Pour tout dire, c’est à se demander ce qui est le plus important dans la télévision : nous abêtir ou nous divertir ? Me concernant le divertissement est trop mauvais, j’ai donc ma réponse.

Comment détruire une maison qui n'est plus saine, à la manière des Extreme makover home edition...

23 septembre 2008

Discours

Pour chacun de nous il existe des discours que l’on ne souhaite jamais dire, que l’on ne souhaite jamais entendre et que l’on voudrait être oubliés. Pourtant à chaque instant quelqu’un doit prendre la parole et exprimer ce qu’il ressent, même si la douleur qui sort à chaque mot est terrible. Si le langage écrit est si maladroit pour décrire la profondeur des sentiments, c’est avant toute chose le ton et les yeux qui pleurent qui racontent. Pour moi n’étant pas père je ne peux pas savoir ce que je ressentirais à la perte d’un enfant... mais dire ce que mon cœur saignerait de perdre un camarade, ça je le peux. Alors, à la mémoire d’un frère d’arme, à la mémoire d’un ami, d’un nom qui finira oublié sur une pierre gravée, je dédie ces quelques mots.

En espérant n’avoir jamais à les dire réellement au pied d’une tombe.

Ami.

Le soleil n’est pas clément, la bise balaie les travées et tu es là sous mes yeux. Tu arbores ton dernier sourire, le plus paisible et le plus douloureux signe d’éternité que tu nous affiches. Plus je songe à toi et moins mes lèvres suffisent à te décrire à celles et ceux qui sont présents aujourd’hui. Certains pleurent, d’autres contiennent leurs sanglots, moi je m’étouffe en tentant de dire à quel point tu vas me manquer. C’est en égoïste que je parle, car c’est en moi que je ressens la peine de te savoir parti à jamais, toi frère d’arme avec qui j’ai côtoyé la mort terrible dans ses supplices, et la vie magnifique dans nos rires partagés. Qu’il soit dit et qu’on se souvienne à jamais que tu étais le compagnon, le fier et droit, celui qui n’a pas cédé et qui s’est sacrifié pour les autres ! Que ton nom devienne synonyme de bravoure, d’abnégation et d’amitié indéfectible.

Ta sœur, ton frère, tes parents, tes amis, tous saignent intérieurement de te savoir parti trop tôt. Le drapeau qui couvre à présent ton cercueil devrait être fierté mais il n’est que linceul vide face à la peine qu’il est supposé recouvrir. C’est avec fierté que nous songeons à ton sacrifice, mais c’est avec amertume que nous devrons vivre avec ton souvenir et non avec toi. Ami, tu es là, devant nous, prisonnier de l’éternel alors que moi je te sens encore présent, comme si tes yeux nous suivaient avec amusement. Toi l’espiègle, le fanfaron tu t’es révélé, tu nous as révélé le sens profond de la vie : vivre c’est avant tout savoir finalement mourir avec dignité. Tu ne t’es pas plaint, tu as fermé les yeux en nous remerciant d’avoir été dans la même compagnie que toi. C’est moi qui te remercie à présent d’avoir été notre compagnon d’arme.

J’ai les joues humides, moi qui m’étais juré de ne plus jamais pleurer. Si long que soit le chemin qui nous mène au paradis je suis certain que toi tu y seras quand je tenterai ma chance. Je serai peut-être vieux, peut-être que je serai le prochain, mais je te retrouverai pour te dire mon ami tout ce que je n’ai pas été capable d’exprimer de ton vivant. Tu nous manques, tu me manques et ce n’est pas le temps qui suffira à effacer ton souvenir.

Je n’ai pas eu envie de dire tout un tas de sottises sur l’honneur et le respect des traditions. Tu es mort avant toute chose pour nous sauver, et ça, quelque soit l’uniforme c’est un acte valeureux. Grâce à toi je vis chaque instant comme étant quelque chose de précieux, tu es le révélateur de l’existence, merci de m’avoir donné ma chance en ce monde... mais j’aurais tant aimé que tu sois là pour partager mon futur ! Sans toi il me manque quelque chose d’essentiel, un frère, un ami, toi mon pote.

Finalement j’ai énormément parlé, pleuré sur mon sort alors que toi tu t’en es allé. Je te l’ai dit, je suis un égoïste qui ne pense qu’à sa douleur mais pas aux tiennes. Tu me manques...

22 septembre 2008

Spam !

Depuis que des personnes mal intentionnées se sont rendues compte de la possibilité de nous inonder sous les messages les plus abscons pour vanter des produits inutiles, ou bien pour nous extorquer notre pécule j’ai systématiquement eu une réaction fort différente de la masse des internautes. En effet le réflexe courant de l’utilisateur lambda est de supprimer purement et simplement ces messages importuns et de ne même plus en tenir compte. Certes, c’est agir de la même manière que la ménagère qui se déleste de ses réclames dont dégorgent les boîtes aux lettres, moi je n’arrive pas à me contenir en les recevant.

Tout d’abord pourquoi ces pourritures m’envoient-ils régulièrement des propositions pour des médicaments miracles, des équipements supposés agrandir ma masculinité à densité variable, et le fin du fin pour des pilules bleues prévues pour la fameuse « panne » que l’on obtient normalement que sur ordonnance. C’est quoi ça ? Il y a donc un complot stockant mon adresse mail en y associant les critères impuissants, incontinents ou frustré sexuel ! D’une part ma sexualité ne regarde que moi et ma compagne du moment, et d’autre part j’ai en horreur que le charlatanisme vienne m’envahir jusque dans ma messagerie. De toute façon sans avis médical je suis totalement contre l’usage de choses ayant l’apparence de médicaments mais probablement faits en sucre ou en aspirine… ou pire encore. N’étant pas plus paranoïaque que la moyenne des cinglés de mon espèce je me contente alors de supprimer la publicité en question… tout en ayant eu soin de grommeler longuement sur la chose.

Si seulement ils se contentaient de ma sexualité, mais non ! Ces sagouins trouvent le moyen de m’appeler « cher ami » et de réclamer mon aide pour des levées de fonds bien entendu aussi bidons qu’est la solennité de leurs demandes. Qui est assez couillon pour croire le tissu d’inepties que contiennent ces messages ? Déjà d’une je ne suis pas ton « ami », ton pote ou quoi que ce soit et j’ai particulièrement du mal à tolérer le tutoiement d’un inconnu, et pardessus le marché quand il s’agit de mon pognon ! Oui, je le concède, je suis d’une pingrerie qui rendrait tout radin jaloux de mon égoïsme pécuniaire et comble de malheur pour toi, grandiloquent escroc d’opérette je ne donne pas mon fric à l’ARC ou à qui que ce soit d’autre d’ailleurs. La charité commence par soi-même et pour une fois je suis totalement d’accord avec cette règle. Et puis au moins si ces idiots se donnaient la peine d’envoyer un message correctement rédigé, mais non, ça pullule de fautes comme autant de tiques sur le dos d’un chien et ça en fait des tonnes. Je me demande parfois si l’Afrique (terre experte dans ce genre d’arnaque) n’est pas uniquement peuplée de diplomates ou de rejetons de ministres. Ceci étant, ceux-là aussi finissent aux oubliettes non sans un sourire cynique arboré avec à l’esprit le plaisir de ne pas tomber dans une telle escroquerie de bas étage.

Une fois cela fait, voilà qu’il y a la publicité pour les sites pornographiques. Autant le dire tout de suite que je me marre en les voyant se battre pour obtenir un abonnement d’un nouvel internaute friand de clichés lubriques et de chair dénudée. Raté les guignols, il faut se mettre dans le crâne que la plupart des millions d’adresses de sites appartiennent à quelques dizaines de groupes qui multiplient les devantures… tout en maintenant le même contenu. Le concept est simple : vous avez une photo et vous la vendez sur dix sites différents en prétendant à chaque fois en avoir l’exclusivité. Amusant et efficace vu que le porno est la première source de revenus sur le web, et qu’en plus la plupart des abonnés ne se vantent bien entendu pas d’y être inscrits. En ce qui me concerne je préfère le doux contact des lèvres d’une belle femme appréciant mes mains plutôt que la pâle et vaine folie de se laisser aller face à un écran… Déprimant, sans plaisir et surtout solitaire. Allez hop, au panier les nus !

Et là, il reste encore de quoi faire de jolis feux : la nouvelle mutuelle à pas cher qui se garde bien de vous dire que techniquement la société qui la vend n’existe pas, les offres pour de retentissants -50% sur des montres, des vêtements, de la contrefaçon, des voitures, le tout jamais livré mais encaissés sur le champ, et puis en bout de tableaux tous ces tests pathétiques concernant en vrac le profil psychologique, l’astrologie ou encore votre capacité à supporter les gosses. Y répondre ? Oui, si je suis payé pour le faire ! En quoi cela concerne quelqu’un d’autre que moi de savoir que je suis un schizophrène passablement émotif et que ma paranoïa n’a d’égale que ma misanthropie proverbiale ! Trêve de bêtises, en voilà un nouveau wagon qui débarque… « Enlarge your … » sans commentaire… « Re : Votre commande chose … » Moi ? Commander quelque chose ? Poubelle … Et allez…

19 septembre 2008

Abstrait

Certaines personnes évoquent avec une évidente nostalgie leur enfance, leurs frasques et autres jeux plus ou moins dangereux qui émaillent leur mémoire. Moi, je me contente de constater sans dépit ni tristesse que mon enfance se contenta de lieux communs, de gestes sans prise de risque inutile et d’une adolescence guidée plus par le bon sens que par l’enthousiaste jeunesse que l’on prête aux rebelles boutonneux. En tout état de cause tout ceci me semble profondément abstrait, d’autant plus quand il s’agit de glorifier ses escalades sur un pommier géant s’avérant être à peine un arbuste frêle et fragile, ou bien de se croire Hinault sur la selle d’un vieux clou de BMX aujourd’hui stocké dans la cave. La nostalgie joue pour certains à plein, d’autres vont même jusqu’à l’extase béate en se souvenant du visage du premier amour ou de la première embrassade gênée avec une fille aujourd’hui femme. Que reste-t-il de tout cela me concernant ? A bien faire le tri je n’en sais rien, ou du moins je n’arrive pas à faire cadrer mes informations intérieures avec cette publicité de soi.

Enfant, mis à part le fait d’avoir été (et d’être toujours) un solitaire forcené je n’ai guère de traits à coller sur des fiches signalétiques. Comment s’appelaient ces gosses qui étaient dans ma classe ? Je n’en ai pas la moindre idée, et le fait de regarder une photo de classe de primaire me met au désespoir car aucun d’eux ne semble m’avoir suffisamment marqué pour que je m’en souvienne. Tout au plus ai-je la vague sensation d’une chaise en bois fixée solidement à un pupitre antédiluvien, de son toucher râpeux à force d’avoir été décapé, poncé et raboté, et puis l’impression qu’il était constellé de nuages d’encre noire. Qui était à gauche, étais-je près de la fenêtre ? Seule la lueur passant à travers de grandes baies vitrée me revient, ou du moins la couleur orange des rideaux qui tamisait le soleil et qui se faisait inondation sensorielle dans la salle. Qu’ai-je dessiné ? Aimais-je déjà la mécanique, les avions, les voitures ? Rien ne me revient, il me semble que tout ceci coule et que ma mémoire s’est empressée de ne rien conserver. On dit que le temps passe et est assassin pour les souvenirs, j’ai pour ma part la conviction de m’être dépêché de ne rien stocker de superflu. Je l’ai vécue pourtant cette enfance, ces courses dans la cité HLM où je suis né ! Oui je revois bien les marronniers, les pantalons de velours et les bonnets en hiver, mais ce gamin avec sa cagoule verte, ce blond paille qui sourit à l’objectif, ce n’est pas moi ou plus précisément il n’est plus moi.

La photographie d’un enfant est schizophrène car deux personnes se battent pour le même corps : l’adulte qui a du mal à revenir en arrière et l’enfant qui ne se projetait pas vers cet avenir lointain et incertain de grande personne. Etais-je turbulent, malpoli, brutal ou même cruel ? Pas moyen de me redonner une image précise de ce qu’était ce trois pièces où j’errais, d’après mes parents, livre en main et silencieux au possible. Construire des choses en Lego, concevoir un autre monde que celui morne où l’ivresse, le travail harassant et l’accent étranger de mes parents semblait être une bonne échappatoire. Grandir, grandir vite et bien si possible, ne pas se cantonner à la médiocrité ambiante, était-ce des décisions personnelles ou un mimétisme avec le labeur familial ? Impossible d’en juger, tout ce que je sais c’est qu’au final ce môme aux yeux bleus est un adulte qui ne se souvient pas de ses rêves. Qu’importe, mieux vaut enfouir certaines choses si celles-ci plombent le présent, quitte à se torturer l’esprit pour les retrouver. Et puis certains ont de la mémoire pour soi, ces amis, ces adultes qui vieillissent trop vite et qui évoquent, la voix chevrotante vos premiers pas, votre premier tour à vélo sans les petites roues et puis vos genoux écorchés à trop vouloir suivre les grands. Où sont-ils, tous ces gosses ? Il paraît que certains ont faits de la prison, d’autres sont des paumés, les derniers réussissent plus ou moins… et il n’en reste que très peu que l’on peut joindre et inviter à discuter autour d’un verre ou à une table d’un restaurant quelconque. Les temps changent ? Probablement…

Et puis l’enfant se retrouve jeté dans le monde des ados, cet environnement où tout est expérimental, où chacun essaye avec plus ou moins de bonheur les choses qui deviennent ensuite le quotidien : les sentiments amoureux exacerbés, le sexe, l’alcool pour certains, le tabac pour d’autres, malheureusement les stupéfiants pour une petite population… Bref le renouveau dans la continuité, la révolution sans canonnade si ce n’est intérieure et surtout passée sous silence. C’est aussi un monde de frustration où le fils d’ouvrier jalouse un peu celui de banquier et son cyclomoteur flambant neuf, où la fille trop mignonne n’arrête son regard que sur le pseudo rebelle à cheveux longs qui lui-même deviendra ensuite comptable ou professeur de français, et finalement ce rêve d’avoir un jardin à soi, pas le jardin commun des immeubles sans âme stockant les vivants dans des cases formatées. Amoureux ? C’est flou, pas même un prénom à remettre en ligne, juste une abstraction de Picasso d’une fille un peu femme que l’on désire sans trop savoir pourquoi. La tentation ? Attirance de l’interdit que l’on contre en se contentant d’un peu d’excès pas trop visible pour ne pas décevoir, et puis l’acceptation aussi bien contrainte que voulue que « le porte monnaie est trop petit ». Et pourquoi s’en plaindre ? La faim et le froid ne furent pas des composantes de mon existence.

Puis un jour on devient adulte. Certains font ce passage confortablement, en temps et en heure, en ayant eu ce luxe de pouvoir regarder avec quiétude le passé. Je suis devenu un adulte à 15 ans je crois, quand j’ai pris ma place dans une camionnette de chantier, un petit matin frileux d’automne. Quand on passe du jean basket au blanc de peintre, quand les mains abandonnent les crayons et stylos pour le grattoir et le balai on apprend vite à ne plus geindre sur des détails insignifiants. Etait-ce nécessaire d’aller aussi vite en besogne ? Inutile de se poser la question, c’est fait, tout comme c’est aujourd’hui que je prends la mesure du chemin parcouru. De gosse je suis passé à adulte sans la case ado boutonneux et poétiquement empêtré dans l’exaltation de ses rêves entre les deux. C’est sans complaisance que je me regarde, que je vois que de souvenirs de fêtes, de « boums » comme on disait à l’époque j’en ai que très peu. Un larron moi ? Jamais je pense, j’avais que trop le nez dans ces foutus livres qui vous dictent la Vérité avant de vous enseigner le rêve. Tout va si vite… Tellement vite qu’on n’a que peu de temps pour emmagasiner des sensations pour pouvoir les ressortir d’un tiroir des années plus tard. Les miennes sont un mélange de white spirit, de peinture glycérophtalique, du goût de la poussière de plâtre, ainsi que d’un mélange d’aluminium et de graisse mécanique pour mes études. Pourtant j’ai toujours fait glisser un crayon sur une feuille pour dessiner et m’oublier dans « l’art ». Rêver ? Je n’ai plus ces rêves, et je ne les retrouve même pas. Dommage.

Et puis l’adulte se reprend à rêver, à envisager avec torpeur la naissance de sa descendance, à voir la femme aimée dire oui, lui donner une alliance, se faire valider le tout par un maire ou un adjoint… Puis il étrangle le tout quand sa dernière rencontre devient dispute et échec, quand tout ce qu’il construisait en rêve redevient poussière. Il se rabat alors sur le passé, idéalise l’adolescente tant convoitée, puis se souvient l’avoir revue, mégère improbable mariée à un imbécile phallocrate et xénophobe. Pauvre égérie qui était une féministe convaincue, la voilà dans le carcan qu’elle honnissait de tout son être ! Est-ce pire de voir le rêve s’effondrer ou bien l’oublier totalement ? Je ne me souviens plus de mes rêves, je ne me souviens plus si elle(s) avai(en)t un prénom… Tant pis !

Ainsi va la Vie, abstraite dans son écoulement tortueux, abstraite dans son commencement sans mémoire et sa fin sans histoire…

18 septembre 2008

La mort

Elle est toujours présente, à proximité de chacun de nous telle une épée que l’on aurait laissée pendre au-dessus de nos têtes par inadvertance. Pour cruelle qu’elle semble être la Mort est un service unique en son genre car elle est prompte à répondre à toute chose dans l’univers et ce à tel point qu’on la respecte que l’on soit athée ou bien fermement convaincu de l’autorité divine. Ce qui m’horripile d’ailleurs avec la Mort c’est son omnipotence : pas moyen de lui échapper, aucune chance de se cacher elle sait vous retrouver où que vous soyez. Personne n’irait dire « Je me suis caché de la Mort » si ce n’est pour en faire une licence littéraire quelconque pour un sous héros de roman de gare. Non, vraiment, la Mort n’est pas une chose à prendre à la légère.

Après mûre réflexion on pourrait donc en déduire qu’il faut fatalement dévorer la Vie tel un fruit savoureux avant de se taper sa platée d’orties car contrairement à la Vie qui a pour principale caractéristique d’être d’une durée limitée la Mort est éternelle, solennelle dans sa durée et qui plus est définitive. Revenir d’entre les morts c’est réservé à une élite, et encore le copinage familial n’est hélas pas étranger à l’affaire (du moins pour les catholiques). Alors, sur le terrain de la métaphysique on se rassure par la renaissance de l’âme dans l’éternité d’un paradis céleste, ou bien dans la peu ragoûtante mais fort rassurante possibilité qu’offre la réincarnation. Mouais, moi qui suis né dans un pays en paix avec une richesse pécuniaire suffisante pour m’accorder l’accès aux loisirs, je me vois guère tolérer un retour parmi les vivants dans une nation déchirée par la guerre civile ou bien de devoir supporter la lénifiante sous culture américaine. Enfin bref, la renaissance comme solution ? Votre serviteur n’est pas vraiment convaincu.

Alors, que faire ? L’insouciance est tout de même confortable : ne nous faisons pas de souci la faucheuse fera son office tôt ou tard. Une telle attitude fortement connotée hippie sous LSD me laisse tout aussi perplexe. Je doute qu’un pauvre erre cloué au poteau pour avoir eu le malheur de dire « Je pense que » aurait bien du mal à envisager la sérénité face au peloton d’exécution. L’innocence est vertu d’enfance et la connaissance poison d’adulte... De ce fait ayant pris le parti de comprendre plus que de subir il me sera absolument impossible de laisser mes neurones au vestiaire au profit des gambades dans les champs fleuris de la naïveté. Et puis, à force d’avoir l’air béat, n’a-t-on pas l’air profondément idiot ? Le regard hagard de la plénitude du cœur est souvent synonyme, hélas, de néant intérieur. Qu’on se rassure pour eux, la Mort les embarquera comme chacun d’entre nous. C’est un peu une vengeance personnelle contre celles et ceux qui supposent à tort que tous nous pourrions vivre en bonne harmonie, mais là c’est mon côté cynique qui s’exprime.

En quoi la Mort a la prérogative de la cruauté ? Nous sommes bien assez fourbes pour nous entretuer pour des icônes divines ou terrestres, nous préparer un avenir aussi sinistre que probable et au bout du compte on colle notre incurie sur le dos d’une obligation scientifique ? Facile, le bouc émissaire ne gueulera pas, il ne se plaindra pas d’avoir le mauvais rôle dans la comédie de la Vie, et puis aucune chance de quitter la scène car à moins de voir l’humanité se réduire enfin au silence la Mort est et restera aussi concrète qu’elle est froidement mathématique. L’Homme naît, il vieillit, il meurt. Rien de tragique là-dedans, c’est un cycle fiable et parfaitement au point. Il n’y a que nous, bétail convaincu de notre importance pour nous plaindre de notre sort de mortel. La Mort passe, fauche les grands, les petits, les vieux, les jeunes et ce sans distinction xénophobe. Où serait l’immuabilité de la Fin de l’existence si la Mort était raciste ? Serait-ce vraiment si cruel que cela de maintenir définitivement en vie une couleur de peau au détriment des autres ? L’injustice n’est pas la Mort, c’est l’homme qui l’est.

Après tout, c’est le macabre de la Mort qui nous dérange. L’image, l’idée préconçue de la pourriture d’un corps nous terrifie au moins autant que l’absence de Vie qui en découle. On éteint la lumière, on s’assoupit à jamais et voilà que cela nous fout la pire trouille qui soit. J’en conviens, se savoir déjà condamné alors que l’on s’enivre au pichet de nos illusions n’est pas attirant, mais somme toute n’est-ce pas là un piment à coller dans notre nourriture spirituelle de plus en plus fade ? Et puis si le paradis existe, m’est avis qu’y retrouver quelques personnages d’anthologie pourrait bien compenser l’éternité de la situation. Moi qui ait raté le dernier passage de Ray Charles en France, ce serait alors une opportunité de savourer ce génie lors d’une infinité de concerts où son esprit innoverait pour toujours. Et que dire des peintures inspirées, des sculptures, des pièces de théâtre, des nouveaux romans qui fleurissent dans les esprits de ces génies logés aux cieux ! Ah, le fantasme de l’érudit qui s’en va savourer son destin...

Mais tout de même : Richard Wright du groupe Pink Floyd est décédé le 16 Septembre 2008 des suites d’un cancer. Il arrive parfois que la Mort soit tout de même une foutue emmerdeuse...

Shine on you, crazy diamond...

17 septembre 2008

Eau

« L’eau, c’est la vie. Sans eau, il n’y a pas de vie… » Coupons tout de suite le disque rayé des publicitaires qui tentent de nous faire boire de la flotte en bouteilles qui s’avère tout aussi polluée que celle que vous distribue votre réseau domestique. En l’espèce, ce qui m’intéresse avec l’eau c’est avant toute chose que son aspect miraculeux ne semble pas toucher qui que ce soit dans cette maudite humanité. Miraculeuse, l’eau ? va me rétorquer le type habitué à se baigner dans sa piscine en gaspillant honteusement son patrimoine aqueux. Et oui pauvre idiot, l’eau sous forme liquide est une étrangeté typiquement terrestre étant donné qu’à zéro degré elle se solidifie et à 100 elle s’évapore. Dans le genre faible amplitude thermique on ne fait guère mieux. Je m’explique : atteindre le gel n’est pas spécialement compliqué dans l’univers vu qu’il suffit de s’éloigner un tant soit peu d’une source de chaleur comme une étoile pour que la glace soit la seule règle, et dans la même optique arriver à n’avoir plus que de la vapeur est simple vu qu’un écart minime dans l’autre sens vaporiserait toute eau sur terre. Considérant ce miracle d’un équilibre de distance entre chaleur permanente et permafrost, être humain estime toi heureux de pouvoir boire ton eau !

Et non, l’Homme s’entête, ce bipède prétentieux se moque de sa propre sécurité sanitaire en transformant son sous-sol en décharge à retardement, s’amuse à perdre de l’eau potable à travers bien des activités inutiles comme celle d’arroser les stades de football ou de nettoyer la voiture toutes les semaines. Combien d’eau avons-nous ? Les plus prompts à répondre nous parleront des 75% de la surface du globe noyée sous les mers et autres océans sans horizon. Idiots qu’ils sont, ont-ils seulement réfléchi au fait que l’eau de mer n’est pas spécialement potable et s’avère même être un poison si l’on se contentait de ne boire que cela ? (Merci le sel qui vous bousille les reins plus vite qu’une comédie potache). Alors quoi ? Tout de même, ça fait une foutue différence ! Connaissez-vous quelqu’un qui irait boire l’eau d’un fleuve sans retraitement ? Non ? Alors pourquoi avoir ce genre d’exigence avec le tiers monde ? Il est donc clair que l’eau potable est une ressource autrement plus rare et difficile à préserver que l’on pourrait le penser.

On pointe souvent du doigt les pays industrialisés et notamment les pays riches… Certes ils furent les premiers à user et abuser de leurs ressources. Dans un premier temps le « miracle » industriel du début du XXème siècle vit proliférer les rejets de polluants dans la nature et par infiltration directe l’anéantissement des nappes phréatiques. Une fois le problème compris des efforts furent faits pour éviter un désastre plus profond, mais le relais fut pris par l’agriculture intensive et l’usage délirant des engrais et pesticides. Vu le rythme imposé par la productivité attendue, bien des régions se trouvèrent dans une situation sanitaire incongrue : suffisamment riche pour avoir de l’eau, pas assez enrichi pour pouvoir l’épurer de nos propres déjections. Ce constat est d’ailleurs encore d’actualité en France, c’est dire ! Ceci étant peu à peu la situation s’améliore par une meilleure compréhension des risques liés à la pollution de notre terre. Maintenant regardons le tiers monde : ont-ils les moyens d’avoir une politique écologique sur ce point ? Généralement c’est une économie de subsistance à laquelle l’on peut immédiatement ajouter le cynisme des grandes nations qui y investissent au compte goutte pour profiter du faible coût de la main d’œuvre. Dans ces conditions, comment un pays comme le Bengladesh pourrait-il assainir son eau si nous faisons en sorte de les garder dans une position de miséreux ?

L’eau n’est pas inépuisable, pas plus que la terre à laquelle nous faisons payer le prix fort à coup de folies technologiques. Naguère les Hommes se sont faits la guerre pour les terres cultivables, aujourd’hui les « grands » sponsorisent les conflits pour le gaz et surtout le pétrole… Demain attendons nous à l’apparition de guerres pour le contrôle de l’eau. Ce n’est pas une simple vue de l’esprit stratégique qui a poussé Israël à prendre possession du plateau du Golan, mais bel et bien l’eau, le liquide qui va devenir dès demain l’or translucide, la matière première la moins respectée à ce jour par l’humanité.



Et dire que l’on comptait sur son côté inépuisable !

16 septembre 2008

400 vient de passer!

Ahhh!!! Et dire que je viens à peine de le remarquer...



Non pas 300... mais bien 400 ! Je viens de passer la barre des 400 messages! C'est qu'il a été bavard le JeFaisPeurALaFoule! De quoi tenir en haleine les plus acharnés de ses lecteurs!

J'en reste pour tout vous dire totalement sidéré tant je ne me suis jamais cru être capable de pouvoir tenir aussi longtemps aves mes solliloques. Quoi qu'il en soit, merci à tous mes lecteurs, et bienvenue aux autres bien entendu...

PS: faites moi de la pub bordel, il est plus que déprimant de se dire qu'il n'y a que peu de nouveaux cinglés pour venir se perdre par ici... et puis un peu de répondant aussi, ça serait tellement agréable que l'on vienne défendre autre chose que le silence dans les commentaires. A ce propos je ne mords pas sauf cas très exceptionnel!

Comment ça je mords plus que de raison? Bon... faites comme si je n'avais rien dit!







Mais bordel... 400!!

La robe pistache.

Comme un souvenir, quelques instants d’un bonheur inconnu au milieu d’une foule faites d’inconnus, de connaissances et d’amis…

Et puis elle apparaît, radieuse, éclatante de joie dans sa robe pistache qui vole au rythme de ses pas. Toute la troupe se fait mouvante, l’orchestre s’amuse et délie ses notes pour offrir une union des générations. On chante, on s’amuse, on vit dans les triolets sans que les silences viennent noircir les blanches. Admirable, la robe pistache s’envole, redescend, entraîne et mène la danse. Les mains se joignent et battent un rythme endiablé. Il y a comme une communion, comme une magie qui ne doit pas s’évaporer… Et ces yeux qui pétillent, cette paire de noisettes qui filent à toute allure d’un visage à un autre.

Certains vont s’asseoir, d’autres se lèvent et rejoignent les danseurs. Je suis là, à deux pas, je vois ces jambes qui tricotent un rythme qui ne faiblit pas. A côté de moi les cravates se desserrent et les vestes tombent sur les chaises. Il fait chaud, c’est un été heureux où les cœurs parlent avec les reins et où les regards sont honnêtes. Elle ? Elle continue son roulis, son tangage incessant d’un danseur à un autre et elle nous attire pour que nous lui offrions l’espace de nos bras. Elle danse comme personne ici ce soir, elle éclipse la beauté, elle brouille les pistes et même un piètre danseur semble glisser sur la moquette bleutée. « Qu’ils sont beaux ! » s’extasient les spectateurs sans une once de jalousie. La beauté exprimée en mouvements de hanches choisis…

Et puis ses pieds lui dictent que la prison d’une paire de chaussures devient intolérable. En quelques instants elle se déchausse, les chaussures disparaissent et la voilà libre d’arpenter la salle de danse avec un rire qui réchauffe l’âme. Le plus triste des larrons, le plus ivre des solitaires ne saurait résister à telle envolée de colombes dans le fond d’une gorge si fine ! Je m’extasie dans le châtain de ses cheveux longs qui lui font une couronne mouvante et soyeuse. D’un doigt elle supprime la mèche qui lui pend sur les yeux, d’un doigt elle invite un ami, une connaissance, un inconnu à prendre la place du dernier danseur usé et ravi d’avoir fait quelques pas. Elle est belle, délicieuse, un fruit à la saveur unique…

Et puis la musique ralentit, l’orchestre soulage la troupe en entamant quelques mesures paisibles et plus tamisées. Nous retournons aux tables encerclant la piste et chacun se sert un verre pour trinquer. C’est ainsi, la jolie danseuse rejoint sa place, et du haut de ses dix ans elle nous sourit à tous, ravie d’avoir pu profiter d’un tel instant pour démontrer que la danse peut être la vie.

C’était au mariage d’un ami. C’était un instant de grâce rare où nous avons tous vu un ange passer au milieu de ces adultes à la candeur à jamais flétrie. Merci à toi, petite inconnue, petite perle vêtue d’une robe pistache qui m’a donné le sourire et offert un moment de pur plaisir. Et si un jour j’ai une fille… j’aimerais qu’elle soit aussi légère et ravie de vivre.

Merci à toi.

15 septembre 2008

Passe moi le sel

La morne situation d’être assis à la même table qu’une population à laquelle l’on a peu voire rien du tout à dire est une des choses les plus communes qui soit. En tout état de cause les réunions familiales sont souvent le siège de ces interminables monologues et autres soliloques où chacun va de son analyse politique ou de son expertise météorologique, sans compter les interminables et vains souvenirs d’une unité supposée ou tout du moins singée par les plus aptes à l’hypocrisie. Vous me trouvez méchant en affirmant ça ? Allons bon ! La seule et unique vérité est qu’une famille c’est comme les pizzas : il est rare que l’on trouve celle dans laquelle on aime absolument tous les ingrédients.

C’est un peu facile de taper sur les repas de famille… la plupart du temps ils sont organisés pour se donner une conscience unitaire, un rassurant rôle de « je viens comme ça je continue à en être », et parfois aussi le moment opportun pour faire les poches de l’oncle qui vient d’hériter d’un magot ou pire encore de se partager la grand tante qui s’est enfin décidée à passer l’arme à gauche. Loin d’une simple fête, ces bouffes sont un ensemble de méandres complexes qui opposent de véritables clans à l’intérieur même des fratries. Entre le premier qui a envie de changer de bagnole et le second qui lorgne sur la porcelaine de l’étagère chez la grand-mère, c’est à coup de propos enfantins qu’atterrissent les revendications les plus sournoises. Ceci étant, la meilleure façon de se disputer c’est de parler et je peux certifier que la plupart des combats internes s’évitent grâce aux lieux communs. Ah ça ce que le pape peut avoir les oreilles qui sifflent ! Evidemment, le beau-frère qui en est à sa troisième compagne a de quoi provoquer terreur et colère chez le souverain pontife, mais de là à s’en truffer le discours pour ne pas parler de la dette contractée et jamais remboursée… il y a un pas qu’il franchira sans la moindre tache sur l’âme.

Après le mobilier ou immobilier, pensez donc au pognon ! Car s’il n’est pas cause de vie l’argent fait évidemment les choux gras de nos financiers en herbe. La bourse, le cours du pétrole, la faillite d’une banque, les sub machin choses auxquels personne ne comprend quoi que ce soit mais que tout le monde commente, le fric est affaire de famille… et qui dit affaire de famille dit affaire sérieuse. Sans rire, que j’ai dû supporter des analyses de bistrot de la part « d’experts » ayant déjà bien du mal à se gérer et qui ajoutent au ridicule l’inusable commentaire « J’aurais fait comme ci… » Mouais. Laissez moi objecter qu’avant de vouloir faire la leçon il faut déjà commencer par savoir se (pardonnez l’expression) savoir se torcher le cul. C’est méchant, bassement méchant, mais à tout choisir je préfère encore le silence du rôti que les propos de l’entremet.

J’allais oublier ! Les enfants ! Quel délice, quel bonheur que de dépiauter les gosses de chacun à coups de commentaires félons et de cruauté dissimulée dans les mots mais revendiquée par le ton ! Les « Il est mignon » dit avec si peu de conviction ne sont-ils pas l’arme de la grognasse épouse du cousin, ou bien du neveu abruti se croyant génie car sortant tout juste d’une école d’ingénieur moins lamentable que les autres ? Le bonheur est dans le pré et les emmerdeurs à ma table ! Pourtant les mômes sont moins responsables car ils ne choisissent pas leur sort : s’il est vrai qu’ils sont parfois pénibles par absence d’éducation et même demeurés par des lacunes grossières dans leur scolarité, n’est-ce pas les parents qui sont à blâmer en tout premier lieu ? Et puis quitte à se moquer des tares de chacun autant s’en payer une bonne tranche avec l’entêté qui n’a toujours pas compris que le syndicalisme de grand papa est mort il y a cinq décennies… Enfin bon, les quolibets étant très utilisés dans les réunions familiales autant que j’aille de ma petite vacherie non dissimulée du genre « alors tata, toujours aussi conne et pingre ? »

Bon là... je sens que je serai expulsé de la table manu militari, pour le plus grand plaisir de mes nerfs et de mes oreilles !

Bien sûr que je déconne !

Quoique…

Musique!

Je suis HEU REUX!

Un sauvage s'est chargé de mettre en musique un de mes poèmes qu'il a bien entendu réadapté avec mon accord! Le loustic a obtenu un résultat des plus impressionnants et ce malgré un manque évident de temps. Avec encore quelques affinages de sa part je suis convaincu que l'on tient un tube (et à moi les royalties!)

Plaisanterie mise à part, voici le lien pour télécharger le fichier mp3.

Cliquer ici pour télécharger De neige et de glace

12 septembre 2008

Pouvoir d'achat

La phrase est lancée comme une flèche se fichant dans le portefeuille de n’importe quel passant soucieux de ses économies. On nous en fait des caisses, on se plaint de la montée du pétrole, de l’augmentation des prix et donc de la fonte des moyens des foyers français. Quoi qu’il en soit même si bien des phénomènes soient observables il est essentiel de noter que ce principe de pouvoir d’achat est devenu le fer de lance tant des politiques que des commerçants, les premiers prétendant chercher des solutions, les seconds annonçant à grands renforts de publicité avoir les méthodes pour sauver ce fameux pouvoir. Qu’en est-il ? Excellente question à laquelle la seule réponse serait de consommer avec bon sens et non sur des méthodes orgiaques n’ayant ni sens ni nécessité. En fait, ce qui m’intéresse là-dedans c’est la pseudo surprise qu’ont les analystes concernant la percée du « hard discount ». Voyons ce qu’il en est.

Tout d’abord le hard discount c’est une façon de vendre où tout est fait pour diminuer tant que faire se peut les coûts : on oublie les présentoirs prétentieux, exit les marques à fortes marges, mort des travaux de mise en place fastidieux et bienvenue à la palette enquillée telle quelle dans les rayons et les produits fabriqués à bas prix. Dans ces conditions les économies sont diverses : moins de manutention donne moins de salariés, pas de produit à marque donne des prix excluant toute publicité ou marketing onéreux et enfin des réseaux mettant à disposition l’indispensable à pas cher. Certes, il faut évidemment accepter d’aller faire ses courses dans un commerce qui ne semble pas spécialement bien rangé et où le nom par lui-même reviendrait à reconnaître qu’on est fauché. C’est pourtant tout le contraire ! Faire ses courses dans un magasin qui fait tout pour maintenir des prix bas en utilisant les méthodes les plus brutales, c’est l’essence même du capitalisme.

Il y a quelques années encore faire ses emplettes dans un discount était un aveu de revenus faibles ainsi qu’une obligation pécuniaire de fait. Il est clair que choisir un produit « bas de gamme » et se priver de la référence équivalente à la saveur bien connue n’avait rien de ragoûtant de prime abord mais après quelques années les gens ont constatés une vérité toute autre : le hard discount vend des produits qui somme toute peuvent s’avérer d’excellente qualité ! La surprise… en tout cas pour le péquin sans cervelle supposant qu’un fromage sans marque n’est pas un fromage. Je tiens à faire une digression intéressante : il existe trois types de produits ; les produits dits PNM, les PNE et les marques. Les PNM ou Produits de Nos Marques sont ceux vendus sous une marque « virtuelle » que possède l’enseigne. Citons en quelques uns : Tex la marque textile du groupe Carrefour, Capitaine Cook pour les poissons en conserve de Intermarché ou encore les « marques repères ». Ce sont donc des usines créées ou rachetées dans le but de jouir de l’aura d’une marque tout en étant en réalité qu’une annexe de celui qui vous vend les marchandises. Les PNE sont plus honnêtes car ils sont les Produits de Nos Enseignes. Typiquement un paquet de pâtes estampillé Casino est un PNE. Enfin il ya les marques réelles comme les Buitoni ou bien les diverses propositions vendues par Danone.
Pourquoi diable aborder cette question des marques ? Parce qu’il faut savoir une chose vicieuse : ce n’est pas l’étiquette qui vous dit d’où provient le produit ! En effet, un seul et même camembert peut finir dans la boîte d’un grand du marché aussi bien que dans le carton d’un hard discount. Pourquoi ? Parce que le marché est le suivant : le contrôle qualité est le même, la qualité essentielle est la même, simplement une partie de la production s’avère en terme d’aspect peu prompte à correspondre aux critères de la grande marque… alors plutôt que de jeter, recyclons ! Certains poussent le concept jusqu’à créer des chaînes dédiées aux premiers prix, ceci en tirant sur les ingrédients et ainsi réduire les coûts initiaux de fabrication. C’est ainsi que les pâtes (exemple typique) contiennent moins d’œufs au kilo pour un premier prix et sortent de la même usine que celles dans les boîtes à deux fois le prix.

Bon, cette mise au point passée, pourquoi parler du hard discount ? Parce que j’abordais la surprise des analystes sur le succès des Lidl, Netto et du fameux Leader Price dans le paysage commercial français. A mes yeux ce n’est qu’un réajustement légitime, c'est-à-dire que les consommateurs ont finis par se demander s’il était normal d’abandonner tout sur l’autel des marques s’affichant dans les journaux ou à la télévision plutôt que d’acheter des produits sans estampille à succès mais tout aussi valables dans l’assiette. A vrai dire… qui saurait voir la différence entre un grain de riz premier prix et un grain provenant d’une grosse société bien connue ? A part un expert… personne ! En l’occurrence la clientèle des hard discount s’est élargie à toutes les tranches moyennes de la population, tranche qui jusqu’à présent s’était vue aliénée aux grandes centres commerciaux somme toute coûteux et assez sauvages sur les prix. Ajoutez à cela le constat que les grandes enseignes s’accordent sur les prix pour ne pas se tirer dans les pattes et que les marges sont souvent démesurées et vous avez les clés du discount en pleine explosion.

Si l’on cumule la fin des tabous sur le commerce et la « découverte » des méthodes peu reluisantes des enseignes, il faut enfin recouvrir le tout d’une autre réalité : la population s’inquiète de tout et surtout du portefeuille, et quand celui-ci s’amoindrit non à cause du superflu mais essentiellement à cause de l’essentiel, m’est avis que les critères se voient revus à la baisse. Non que l’on puisse toujours dire que toutes les références d’un discounteur soient bonnes mais après tout, substituer une fois de temps en temps le produit de base à celui « luxueux » n’est pas si aberrant que cela. Je pense que ce phénomène va s’intensifier sur d’autres périmètres que l’alimentaire : des groupes vont probablement créer des concurrents « prix cassés » dans l’électroménager, dans le jardinage ou encore dans l’automobile. On verra sûrement fleurir des magasins revendiquant vendre des télévisions sans marque mais au tiers de celles des concurrents badgés. Ceci étant, ce sont les consommateurs qui seront les arbitres de celle nouvelle pseudo bataille car finalement, ces chaînes de hard discount, n’appartiennent-elles pas à ces groupes qui justement s’en plaignent ?

11 septembre 2008

Un peu de repos

Il m'arrive de ne pas éprouver le désir d'écrire. De fait, ce soir vous vous contenterez de devoir reprendre vos activités ordinaires.

Alors, bonne soirée à mes lecteurs, et à demain.

Frédéric/JeFaisPeurALaFoule

Ah... si j'oubliais, une bande de tarés que j'adore! Have Fun!

10 septembre 2008

Science et apocalypse

Pour vous aider, les mots clés sont prévus pour être cliqués et vous mener vers quelques informations complémentaires sur le sujet, mais par pitié ne me demandez pas de précisions dessus ce n'est pas mon domaine de compétences!

Le vieux fantasme de voir le monde se volatiliser, le revoilà en pleine page des journaux, en gros sur les sites Internet se prétendant bien informés, et même suprême fierté lors du treize heures hertzien. Quoi ? Vous n’avez donc pas eu vent de la mise en marche de l’accélérateur de particules LHC, le fameux anneau gigantesque permettant, a priori, de découvrir les origines de l’univers ? Pourtant ce gros machin a été un sujet tout d’abord de discorde économique pour savoir où le mettre, ensuite de tergiversations scientifiques sur sa nécessité et maintenant de paranoïa collective où une expérience pourrait détruire le monde. N’étant pas un expert en physique quantique ou en astrophysique, voici ce que j’en ai retenu…

Le principe élémentaire de cette machine est en fait super simple : faire se rencontrer deux particules atomiques lancées l’une contre l’autre pour regarder ce que ça fait. En pratique l’équipement génère de l’électricité et « transporte » les atomes dans un champ magnétique pour les accélérer jusqu’à les faire se rencontrer. Bon… ça semble à peu près compréhensible jusque là, d’autant plus que la vulgarisation scientifique et l’abord de ces sciences dans les médias les rendent plus accessibles à tous. Toutefois un béotien comme moi sera bien incapable de vous décrire en clair tous les processus qui entrent en jeu si ce n’est que jusqu’à preuve du contraire l’univers fonctionne sur des chocs colossaux, que le monde est en équilibre précaire et que ce n’est pas une petite machine (car finalement même à l’échelle de la terre c’est une babiole microscopique) qui saurait en bouleverser le fonctionnement.

Tenez pour la bonne bouche, un schéma expliquant le fonctionnement du LHC (et cliquez sur l’image pour visiter en détail le site dédié à cet équipement)


Une fois cela précisé, pourquoi parler de fin du monde ? Tout simplement parce que des scientifiques ayant eu la parole un peu facile ont eu le malheur d’énoncer le nom « trou noir » concernant cette machine. Qu’est-ce qu’un trou noir ? En gros un truc astral (puisqu’il s’agit de la fin de vie des étoiles) qui absorbe tout y compris la lumière (d’où le noir) et qui est du genre gourmand. Alors en résumé, une population non informée a extrapolé le résultat suivant : LHC+ trou noir sur terre = désastre imminent. Dans le genre équation qui fout la trouille ça se pose là ! Et pourtant, toute une démarche d’explication a été immédiatement lancée pour dire que non le monde ne va être dévoré par une faille dans l’espace temps, non LHC ne nous condamne pas à la disparition dans les limbes de l’espace et qu’encore une fois non ce n’est pas jouer aux apprentis sorciers que d’étudier la matière. Etant un pragmatique je doute que des types aussi compétents se soient lancés dans une expérience du genre « tiens et si on fout le feu là, ça fait quoi ? », mais plutôt à être du style « Donc, après ces 17 années de calcul, ces trente vérifications, il apparaît que la théorie nous établit une impossibilité de risque physique ». Certes, la théorie peut être démentie par la pratique, mais de là à faire de l’obscurantisme et se refuser à mettre en route le LHC

En fait dans tout ce foin ce qui m’agace c’est que d’un évènement n’intéressant finalement qu’une population de scientifiques ravis de voir enfin fonctionner cette grosse machine on en arrive à une médiatisation dramatisée à outrance. Tous les médias sans exception ont ajouté la mention du « micro trou noir » abordé jusque sur le site du CERN (d’où le lien avec l’image plus haut). Dans le genre publicité facile mais aussi bien hostile ça reste tout de même énorme. Ce que je trouve encore plus pénible c’est qu’au lieu de mettre à l’épreuve d’une explication concrète et circonstanciée la plupart des chroniqueurs se contentent d’opinions d’incompétents comme l’homme de la rue que je suis, ou bien du voyant profondément stupide qui voit une fin du monde à chaque pet de vache. Humour excepté il y a là un énorme souci. Soyons un rien critiques : si les gens prennent réellement peur, nous aurons le droit à des manifestations devant les locaux de l’accélérateur, à d’éventuels sabotages ou à des incidents physiques déplorables. Pour le sabotage je semble exagérer ? Rappelez vous qu’il y a déjà eu des actions de groupuscules écologistes pour libérer des animaux de laboratoire, des incendies dans des maternités pratiquant l’avortement et même des médecins tués pour avoir opéré des gens dont la religion leur interdisait ce genre d’intervention. Obscurantisme, quand tu nous tiens ! Je sais qu’il est un rien mal venu de mêler avortement et animaux de laboratoires, mais dans l’absolu c’est la science et la médecine au sens large qui est en cause, non mes opinions personnelles sur ces deux sujets. A vouloir faire peur on ne fait que créer une population craintive, et tout animal effrayé n’en devient que plus dangereux car plus imprévisible que jamais. L’homme ne fait pas exception à cette règle : faites lui peur avec la religion ou la science et il vous brûlera un laboratoire ou une église en deux temps trois mouvements…

Et puis s’ils ont raison, je doute que nous ayons réellement le temps de nous en plaindre ! Alors LHC, tu nous la fais péter quand notre bonne vieille terre ?

09 septembre 2008

Aventure littéraire en transport

Qui de moi ou de la foule est réellement bizarre ? Est-ce le fait que je sois souvent nanti d’ouvrages probablement peu conventionnels qui fasse que je sois sans arrêt l’objet de regards de biais ? En quoi avoir un Karl Marx entre les mains ou bien une biographie d’un grand dictateur serait une marque d’opinion personnelle ? Certains supposent non sans raisons que je suis un provocateur, et qui plus un provocateur sur des terrains glissants. Il est facile de se moquer du physique, du handicap, bref de faire du racoleur à peu de frais mais s’aventurer sur l’histoire ou la politique s’avère autrement plus excitant, du moins pour moi. Revenons donc aux livres : j’estime qu’il est indispensable de connaître son ennemi pour pouvoir le combattre efficacement, et apprendre ce qu’est le fascisme ou la façon dont les pires tyrans sont arrivés au pouvoir est à mes yeux vital.

Tenez, prenez ces deux couvertures :


Bon, il est vrai que voir apparaître le mot « fascisme » en toute lettre désoblige pas mal les quidams confortablement installés dans le bus, mais de là à en risquer l’assassinat oculaire les bras m’en tombent ! Le second est encore plus subtil non ? Il faut comprendre de quoi il s’agit et sans un minimum de culture général difficile d’être pris en défaut… Quoique, même comme cela ne pas montrer un livre de gare apparaît comme une provocation. Dites, c’est une constante de devoir devenir comme tout le monde ? Pourtant il n’existe rien de plus nécessaire que d’apprendre et donc de savoir, d’autant plus à une époque où l’on nous sert de plus en plus de précuit à destination de l’abêtissement des masses. Je sais, je l’entends déjà le militant ayant toute foi dans les organes de presse, lui qui va me brailler que la vérité sort toujours des journaux et que je suis quelqu’un qui est paranoïaque. Admettons, laissons lui le bénéfice du … ah non après tout, il suffit d’énumérer les conneries proférées par nos scribouillards et nos politiciens sans âme pour se convaincre que seul le doute doit régir nos vies. Bref, prendre le bus et lire tranquillement peut devenir une véritable aventure pour éviter les jugements de valeur.

J’admets qu’il m’est arrivé de pousser le bouchon à des fins scientifiques. Vous ne pouvez pas imaginer la façon dont je fus jugé en ayant bien face à moi une biographie de Trotski. Pourquoi diable les gens me regardaient ? Parce que le livre en question était de ces ouvrages format parpaing plein de couverture noire et au titre évocateur de … oui, Trotski tout simplement, ceci en grandes lettres rouge. Amusant pour moi, moins pour les autres. Ceci étant j’ai également pu profiter des commentaires pathétiques de quelques pseudo érudits ouvrant la conversation sur des « Et c’est qui ? » ou pire encore « C’était un salaud ! ». Magnifique que de poser de telles briques sur l’édifice de la connaissance humaine, d’autant plus que la seconde affirmation peut être aussi bien prise pour exacte que pour ridicule, tout dépendant tant de la période historique considérée que de l’opinion politique de celui qui la juge. Clairement il apparaît que la couverture est une arme de dissuasion ou de provocation. Et que dire des livres présents dans les listes sur la gauche ? La croix gammée, le bras tendu, et sacrilège ultime Hitler en couverture, il y a de quoi déclencher des émeutes. Tiens il y en a un qui m’a valu de sacrées remontrances d’un ignare doublé d’un goujat. Je lisais paisiblement (si, si ça m’arrive !) la biographie de Speer et le sagouin assis face à moi me tança, du moins s’y essaya en me déclarant « stupide de lire la biographie d’un salaud de cette espèce ». Ce fut particulièrement amusant de lui faire saisir la nécessité de savoir qui il y était et ce qu’il a réellement fait, ceci avec la tête froide de l’analyste dépourvu d’opinions. Allez comprendre, une fois ma diatribe terminée l’importun se fit tout petit puis disparut quelques banquettes plus loin… Ah la solitude, quel petit bonheur à soi dans les transports en commun !

Enfin, faites attention, les journaux sont aussi de beaux signes extérieurs d’opinion : lisez Marianne vous serez de gauche, lisez le Figaro de droite, pire encore plongez dans le canard enchaîné vous serez alors de gauche mais de gauche critique, et finalement ajoutez un petit Charlie hebdo et l’on vous classera dans les gauchistes songeant encore à 68… pauvres de vous vais-je dire sans ambiguïté : toute presse est bonne à lire du moment qu’elle sert de procédé de recoupement et non de bible intellectuelle. Le premier boulot d’un diplomate ce n’est pas tant la communication mais la lecture assidue de la presse pour comprendre le pays où il est. On ne s’improvise pas connaisseur sans se nourrir de l’essence même d’une nation, c'est-à-dire ses médias et ses écrivains. Alors, à vous les regards torves à moi la lecture de grands ouvrages politiques !

08 septembre 2008

Mano Solo... un artiste que j'aime

Afin de ne pas rester sur une note négative et ironique sur la poésie, voici un artiste que j'apprécie énormément car il raconte autant par les textes que par la voix... écoutez et... admirez un vrai talent.

Qu’on les pende !

Oui je suis vindicatif et méchant, oui j’affirme haut et fort que ces demeurés de poètes mériteraient pour nombre d’entres eux le châtiment de la corde serrée autour du cou ! Saleté d’hypocrite maître des lieux communs, pourriture sans inspiration qui nous ressert la même soupe fadasse de niaiseries convenues, tu as gagné le peloton d’exécution pour ultime reconnaissance de ton absence de talent ! Parmi les salopards de l’espèce humaine toi le poète de bas étage qui miaule la beauté de l’amour contrarié tu es la pire engeance qui soit ! Sans rire, combien de cœurs brisés as-tu mis au désespoir en les incitant à s’acharner et à tenter de retenir l’amour qui s’enfuit ou bien à chercher à se saisir de l’amour qui ne sera jamais. Rien n’est pire que de devoir se sentir pourrir de l’intérieur et l’amour blessé est une gangrène, une tumeur qu’il est pénible et long à extirper.

Ah je t’entends déjà t’exclamer que les sentiments sont beaux, que l’élégance des tendresses même solitaires mérite amplement tes vers surannés. Excuse bidon ! Je l’affirme haut et fort, la souffrance intérieure d’un amour qui se meurt pour quelque raison que ce soit n’a rien de belle. Dit-on d’un type qui se morfond dans sa chambre se sachant condamné par le cancer que sa douleur est belle ? Non ! Alors pourquoi aller enfoncer dans le crâne des romantiques sans envergure que se mettre au supplice pour l’amour est une chose naturelle ? Il y a quelque chose de particulièrement sadique vous ne trouvez pas ? Je n’ose pas imaginer quelqu’un disant à une femme battue que son sort est enviable, alors pourquoi le dire par vers interposés à celle qui voit son amant la quitter pour une autre ? Je vois ce qu’il en est : les souffrances morales sont plus présentables parce que les hématomes se voient cachés sous d’épaisses couches de graisse et de faux semblants… Et pourtant, le hoquet des larmes versées, la pointe qui aiguillonne le cœur quand il palpite au sommet de la tristesse accumulée, n’est-ce pas là de bonnes raisons de laisser en paix ces amoureux transis tant de leurs sentiments que de la cruauté qui les accompagne ?

Quand on se meurt d’aimer cela peut être parce que l’on perd quelqu’un ou parce qu’on ne l’aura jamais. Dans un cas comme dans l’autre il était plus qu’inutile qu’un nanti scribouillard et geignard vienne en faire des tonnes ! Saleté de prétentieux avec tes rimes pédantes et puant la ritournelle pondue pour une michetonne quelconque vient poignarder encore un peu plus les victimes de l’amour perdu ! Moi qui supposait qu’un sauvage c’est celui qui étripe en s’esclaffant à une bonne blague tripière… je me fourvoyais ! Tu es autrement plus pervers en sifflant à nos oreilles fragiles qu’avoir le cœur qui saigne est un état naturel de la condition humaine. Désolé, mais la condition humaine n’impose pas d’être déchiré de l’intérieur, elle n’impose pas plus d’en devenir solitaire en se refusant tout regard vers d’autres personnes que celle amèrement regrettée. Tiens pour la peine je t’en briserais bien les phalanges pour t’écouter supplier le pardon que je serai incapable de t’accorder. Ne me crois pas cruel, c’est simplement par pure charité pour moi-même que je t’achèverai. Ainsi, je me débarrasserai de tes propos qui torturent celles et ceux qui connaissent tôt ou tard la fin d’une passion et qui en paient longuement et silencieusement les conséquences.

Il y a encore des romantiques dans l’assistance ? Les plus tièdes sont sûrement partis en braillant à qui voulait l’entendre que je suis un hystérique, un de ces psychopathes qui se consolent de leur vaine existence avec la souffrance des autres. Erreur ! Je ne supporte plus les mièvreries faites pour satisfaire l’adolescent boutonneux ou la gamine découvrant sa féminité, pas plus que je ne tolère ces ritournelles dégoulinant d’un miel plus fiel que sucré. Ah, l’amour ! Ecoutez moi ces braillards de chanteurs qui vous assènent des vérités sur ce grand et indescriptible sentiment ! Ils sont là, à faire croire que l’on se sort aisément de la tristesse, ou qu’il n’y a qu’une façon de souffrir de l’âme. Pauvres demeurés inaptes à comprendre ne serait-ce que le fonctionnement de votre téléviseur, ne vous rendez vous donc pas compte qu’il s’agit là de lieux communs méritant punition et censure ? Aimer quelqu’un qui ne vous aimera jamais fait mal, tout comme aimer quelqu’un qui est parti ou quelqu’un qui est décédé. Rien ne saura décrire cette douleur, pas un poète, pas un miauleur, pas un chanteur n’en fera le tour. Alors par pitié, n’allez pas ajouter à la peine la cruelle répétition de vos propres « chagrins » (si tant est que vos lignes soient nées d’une véritable expérience personnelle…)

05 septembre 2008

Fragrances

Pourquoi sommes-nous si maniaques concernant les odeurs ? C’est en ce qui me concerne quelque chose de particulièrement surprenant étant donné que toute odeur peut rapidement devenir nécessité et qu’au surplus énormément de choses seraient bien moins agréables si l’odeur n’était pas de la partie. Depuis la délicate et légère senteur de fruit qui cuit pour la confiture jusqu’au piquant du soufre, pourquoi faire tout un cirque à propos de ces fragrances alors qu’elles sont la preuve indubitable de l’existence même des choses ? Cela me dépasse.

Aux gens qui n’observent que les odeurs agréables et qui renâclent à l’idée de subir certaines effluves dites agressives, j’aimerais vous expliquer en quelques mots la particulière liaison qu’il y a entre odorat et mémoire. Quand il s’agit de reconnaître la confiture de fraises, la chaleur de la quiche cuisant dans le four ou bien encore la fleur que mettait votre mère dans le vase du salon, tous vous trouverez aisément des choses liées à la mémoire… mais si l’on vous dit que sentir une odeur infecte de déjection peut devenir un bon souvenir, là tous vous vous récriez en braillant que je suis fou à lier ! Et non ! Je m’explique : suite à une étude sérieusement menée par quelques scientifiques anglais, qu’elle ne fut pas leur surprise que de constater dans un questionnaire qu’un homme avait coché comme « agréable » l’odeur de crottin frais. Evidemment la première réaction fut de croire que le personnage se moquait mais après un entretien sérieux il s’avéra qu’il n’en était rien ! Le candidat du test avait grandi dans un quartier populaire où tous les voisins tannaient le cuir et l’odeur caractéristique de ces travaux correspond énormément à celle présentée lors de l’examen. De fait, sa mémoire associait donc les mots enfances, souvenirs, tanneries avec le parfum exécrable (généralement) de déchets organiques. Surprenant non ?

Allons plus loin. Notre maniaquerie hygiénique en est arrivée à pousser la traque aux odeurs jusqu’à la peau même en créant des produits non parfumés mais supposés réduire à néant la senteur de la sueur. Question pour nos vendeurs de stick déodorant qui ne pue pas : à quoi bon se parfumer si ce n’est pas pour sentir quelque chose ? L’absence d’odeur n’est pas bon signe, pas plus que l’excès agressant les narines. Olfactivement parlant quitte à me tartiner les aisselles autant que cela soit avec un produit qui donne une autre perspective de moi que l’absence totale de perspective. Nous aseptisons de plus en plus les choses et nous poussons le vice jusqu’à nous dénaturer ! Comprenne qui pourra ! Ceci étant toute absence crée une carence, et qui dit carence dit excès de réaction. Typiquement, rien n’est plus toxique que l’abondance de nourriture pour quelqu’un ayant vécu des années durant dans un état de faim permanent, et donc par analogie la disparition des odeurs serait alors transformer la moindre émanation en choc olfactif brutal et intolérable. A tout choisir, conservons un peu de parfum dans le monde, cela sera plus sain pour tous.

Continuons dans cette direction je vous prie. Il est évident que le parfum, la fragrance est indispensable… Toujours pas convaincus ? Tentez d’imaginer une orange sentant les pieds ou un bec à gaz ne sentant rien du tout. Le fruit en serait que peu ragoûtant et le bec à gaz particulièrement dangereux puisque le gaz ne marquerait pas sa présence de sa si particulière senteur. L’odeur est nécessité dans la nature : tout animal renifle, cherche et fouille pour connaître ses congénères en fonction du seul sens leur permettant de communiquer à distance. Pour nous cette habitude s’est perdue… quoique, il nous arrive à tous de passer nos narines sur la peau de l’autre, ne serait-ce que pour s’enivrer encore un peu plus au moment de l’extase. Aphrodisiaques alors les odeurs ? Assurément !

Alors, enfin, je me dis que les parfumeurs sont des sagouins : au lieu d’inviter à la satisfaction nasale, la plupart se font la guerre à coups d’épices qui viennent vous rendre insupportable la présence de l’autre. D’ailleurs fait amusant (et pathétique), les jeunes filles ont des produits légers, vaporeux et délicats, alors que les parfums prévus pour les femmes d’un certain âge tirent vers le lourd, le pesant pour ne pas dire l’assommant. C’est injuste et cela semble plus tenir du machisme le plus pervers que de la véritable sélection par l’appréciation de la clientèle ciblée. A ce compte les jeunes hommes se tartinent de menthe et les « vieux » de musc ? Ridicule et insultant. C’est probablement pour cela que je me contente de choisir mon parfum non sur le conseil de quiconque mais juste à l’instinct. Si cela me plaît, je le porte…

Oui essence de violette, je suis un chieur MEME pour le parfum !

Petit Post Scriptum ... du Led Zeppelin pour le plaisir des oreilles.


04 septembre 2008

Affligeante beauté

Deux petites choses avant de commencer. Tout d'abord je vous présente en haut à gauche une liste de morceaux via Deezer. Essayez la, la lecture est aléatoire. Si vous avez des morceaux qui vous plaisent, trouvez les sur deezer et envoyez nous, via les commentaires, le lien ou le titre en question. S'il me plaît je l'ajouterai à la liste!

Second point plus personnel : Heureux de revoir l'irish parmi nous!

Bon... toutes les flatteries ont une fin, passons aux écrits!

Comme toutes les qualités que l’on prête aux choses, la beauté est subjective et subit la déformation du regard humain. Qu’est-ce qui est beau ? Le coucher de soleil sur l’océan dont la teinte grisâtre signale la présence d’hydrocarbures en elle ? Le visage à l’ovale parfait d’une psychopathe dont on a épinglé le portrait dans un commissariat ? Ou bien peut-être les formes élancées du dernier bombardier américain ? Je sais, j’ai dans mes choix d’exemples les pires possibilités et je dirais même que nombre d’entre vous s’exclameront avec vigueur que leur enfant est beau, que leur fiancée est superbe et que leur voiture est un bijou. Pauvres fous ! Vous ne regardez pas avec les prunelles mais avec le cœur !

Là, j’ai pris une volée de bois vert pour avoir remis en doute la beauté de la copine d’un gorille profondément imbécile… Tant pis : le voir devenir furieux à la seule idée que son idée de la beauté ne soit pas la mienne me rend heureux. C’est dégueulasse de ma part, mais j’estime qu’être beau ou laid n’est qu’une façon de se mettre en avant pour que le cœur de l’autre soit mis en émoi, ceci le temps de faire connaissance, et de constater que l’être chéri de nos vœux n’est qu’une vulgaire et insipide copie d’une icône quelconque. Décevant bilan, d’autant plus rageant que l’on s’accroche à l’esthétique à peu près autant qu’un gosse se raccroche à son doudou. « Non content d’être con il ne manquerait plus qu’il soit laid ! » pourrait ajouter l’adolescente tenant à son bras son demeuré et néanmoins athlétique petit copain du moment. Cela démontre sans conteste qu’être beau peut être d’une affligeante nécessité, ne serait-ce que pour compenser d’autres tares intellectuelles.

Certains tenteront de se rattraper aux branches en sanctionnant mes dires via le retour indispensable au cœur : c’est lui qui voit et non le cerveau. Bah voyons : mettez trois crétins cosmiques devant les rivages d’Irlande et aucun ne vous dira que c’est laid (à moins que ce dernier soit un con d’anglais… pléonasme). Il y a donc des standards de la beauté comme il y a des critères pour la laideur et cœur ou pas nul n’y échappe ! J’entends bien tous ces vaniteux qui s’enorgueillissent d’être propres de ce point de vue et qui au surplus vantent leur droiture morale envers les « monstres » (mot qu’ils ne citeront jamais par ailleurs). Faux culs ! S’il leur est donné de voir la pauvre personne au physique ingrat, à l’élocution bafouillante et au surplus une dentition à faire frémir le plus héroïque des dentistes m’est avis que leurs yeux se détourneront vers quoi que ce soit de plus tolérable. C’est un fait : admettre la laideur ce serait alors admettre que l’imperfection est humaine alors que la civilisation tend justement vers cet idéal eugéniste.

Alors, l’amour là-dedans ? En dehors de l’expression physique et morale de quelques hormones et en conséquence le besoin de côtoyer sans arrêt l’autre, l’amour s’accommode que très mal de la disgrâce physique. On parle de beauté de l’âme et en toute honnêteté l’âme humaine me paraît bien incapable de produire quelque beauté que ce soit. Depuis quand sommes-nous tous propres au fond ? Allez, avouez le, vous avez tous tenus un jour un propos raciste, insulté intérieurement la bêtise d’un vieux ou la connerie d’un jeune, vilipendé vos parents et suprême effort résisté à l’envie de dire à votre conjoint que c’est un débile fini. Personne n’échappe à cela, pas plus moi qu’un autre type sur terre… et puis les seuls connus pour avoir (apparemment) été suffisamment propres ont finis cloué sur une croix ou jetés en pâture à des fauves affamés. Dans le genre destin à la con pour les belles âmes, pardon mais la crucifixion ou le sacrifice dans la fosse aux lions très peu pour moi merci ! De fait, nous sommes faibles et l’amour est donc sujet à caution. Il vous faut croire ce que l’autre affirme quand il vous dit beau. Personnellement celle qui me dit que je suis beau a des soucis oculaires sévères et serait avisée d’aller consulter en urgence. C’est encore une fois subjectif puisque je me juge moi-même, mais c’est plus méritoire que d’aller juger autrui, non ?

Bref, la beauté est affligeante car elle s’offre en spectacle pour provoquer le désir et surtout pour se rendre inaccessible. Durant des années j’ai trouvé les mannequins féminins au mieux insipides au pire laids. On m’a taxé de folie ou d’hypocrisie, mais que voulez-vous la maigreur me semble aussi disgracieuse qu’un bec de lièvre, ou dans le même ordre d’idée une femme sans poitrine m’apparaît parfaitement inintéressante. C’est sûrement osé d’aller à contre-courant et d’avouer ouvertement que j’ai des critères, mais qui n’en a pas ? Ne jouez pas les autruches, faites votre introspection et reconnaissez que vous ne pouvez pas résister à certains détails physiques, à certains gestes voire même certains tics supposés mignons !

Je n’ai pas cette attitude fallacieuse d’affirmer que toute femme est belle : une femme est belle dans le regard de l’homme qui l’aime, et inversement tout homme n’est beau que pour celle qui s’est offerte à lui. Dans ces conditions je suis profondément mal barré ! Je pourrais éventuellement me rattraper sur la beauté intérieure, sur la beauté de l’art de l’écriture, mais ce serait que temporaire, juste le temps qu’elle conçoive l’envie de me lire… ici même. C’est donc en l’occurrence un suicide sentimental que de vous révéler, chers voyeurs, que j’aime les femmes avec des fesses et des seins, de la même manière c’est une autodestruction de la séduction que de vous avouer que je fonds pour certains petits détails que je tairai. Ah, l’écrit ! Grâce à toi je peux plaire, mais surtout à cause de toi je serai sûrement banni à tout jamais de bien des girons ! Foutue plume ! Foutue beauté !

03 septembre 2008

Nostalgie

Ce n’est pas sans une certaine ironie que je constate la passion qui dévore par cycles la société de consommation, cette puissante impulsion qui mène le quidam à acheter… de l’ancien. Bien loin d’une légitime nostalgie pour des objets obsolètes d’un passé idéalisé, notre acheteur en question est autrement plus pragmatique puisqu’il applique sans vergogne le précepte qui affirme que « quand c’est kitsch c’est que c’est à la mode ». Depuis le satané tabouret orange qui est aussi hideux qu’il est inconfortable jusqu’à la vulgaire réinterprétation néo moderne du tourne disque de grand papa (en lecteur multimédia fragile et surtout parfaitement inutilisable puisque dénué de toute élémentaire ergonomie), la fausse nostalgie nous envahit au point que certaines boutiques font fortune en refourguant les horreurs du passé. Merci à ces commerçants de nous rappeler que fut un temps les gens portaient des vêtements cintrés, que les joggings pouvaient prendre des couleurs façon « relents de beuverie dans le caniveau » et enfin un grand merci au cinéma qui se flatte de reprendre et moderniser (je pouffe) certains classiques…

Regardons autour de nous : le bel objet attire bien plus que le fonctionnel, d’autant plus si celui-ci trône magistralement dans le salon. Il est bien entendu logique de prétendre à retrouver une certaine atmosphère en singeant les tubes du passé : les boutons crème de la vieille radio à mamie ou les téléphones en bakélite font fureur apparemment. Mais hélas, trois fois hélas quitte à prendre modèle autant le faire intelligemment, pas en décrétant que le chrome devient plastique peint ou que les métaux sont à proscrire. Sans rire, il m’est intolérable de voir ces réfrigérateurs néo rétro qui se font fort de vous prendre pour une andouille et qui sacrifie tout au design. Pour ma part un appareil doit d’abord servir, pas être une sorte de sculpture devant faire statut à son propriétaire. Dans le même ordre d’idée pourquoi diable les reprises musicales sont-elles à la mode ? A écouter des braillards sans talent s’approprier (disons plutôt cannibaliser) du Brassens j’en viens à des envies de meurtre voire même d’exécution de masse. Vous les terroristes proférant des menaces au monde « civilisé », pourriez-vous viser les producteurs de ces insultes à la musique ? Rares sont les compositions qui supportent la reprise et dans l’ensemble on a le droit à un joyeux démembrement de l’orchestration mâtiné de sons électroniques dissonants au possible.

Pourtant je ne puis contester que je suis un passionné de ce qui s’est aujourd’hui périmé : amateur des Beatles (sans en être expert toutefois), appréciant les morceaux des années 70 notamment toute la ribambelle de groupes rock expérimentaux, je n’en reste pas moins lucide. A mes yeux rien n’est plus débile que de décongeler des concepts pour espérer les rafraîchir. Tout au plus peut-on espérer une mode passagère, un instant de grâce où l’affreux devient sublime, où la veste pied de poule passe pour être une sympathique plaisanterie de bobo voulant se dire décalé et finalement la coupe de cheveux façon Beatles (encore eux) qui apparemment fait fureur dans les spots de publicité. Je me serais bien plus amusé à voir une poussée de punk attitude dans nos cités, notamment sur l’aspect vestimentaire. Sortez moi ces perfectos de la naphtaline, remettez les bonnes vieilles vestes kaki mitraillées de badges aux slogans provocateurs ! Merde quoi, faites donc revivre ces cinglés qui, par goût pour le nihilisme, furent des épines dans les pieds des bien-pensants !
Hélas, comme toujours c’est le consumérisme qui recycle l’image proprette d’une époque révolue. Ce n’est pas pour rien que même l’automobile s’est lancé dans le domaine : entre la Mini qui n’a plus de « mini » que le nom, la Coccinelle réinterprétée en pataude « new beetle » ou bien la fameuse Fiat 500 qui est la seule du lot à trouver grâce à mes yeux, nul doute que le potentiel commercial de la nostalgie a de quoi faire fantasmer les économistes. Après tout, c’est le but même de notre société : engendrer de l’argent par tous les moyens acceptables et prendre le client pour un con sans qu’il se sente comme tel.

Finalement la nostalgie c’est avant toute chose réinventer un passé supposé agréable et glorieux mais ceci uniquement sur le terrain de l’accessoire, du superflu voyant qui fait de vous une personne « dans le mouvement ». Nul doute qu’aucun gogo qui s’est offert la radio faux bois lecteur de CD n’a songé qu’à l’époque la mobile tirait sur la foule ou que les jeunes hommes partaient faire leur service quelque part dans le désert algérien. Je n’ai pas la moindre hésitation à affirmer que quand une gamine s’écoute une reprise de Jimmy Hendrix elle ignore que la chanson exprime une révolte politique et un refus de la société. Non, l’un comme l’autre se foutent de savoir d’où ça vient tant que cela leur convient

(tiens… il y a un jeu de mots débile, le trouveras-tu ami lecteur ?)


Découvrez Jimi Hendrix!