29 novembre 2007

Vraie beauté intérieure qui se voit à l'extérieur

Souvent, les gens trouvent le moyen de se plaindre de peu de choses, de dramatiser le quotidien comme s'il n'y avait rien de plus à faire que de se morfondre. La Vie sait être une chose dure, intolérable même, et parmi les décombres des existences ruinées et sous les larmes de douleur se cachent des trésors d'humanité et de beauté. Observez bien cette vidéo avant de lire ce qui suit en dessous...


Vous avez bien vus: le danceur est unijambiste et la danseuse n'a qu'un bras. La petite histoire veut que lui a perdu sa jambe dans un accident de la route à 19 ans, et elle son bras à l'âge de 4 ans. J'ai également appris que l'un comme l'autre n'avaient aucune expérience de la danse avant de se lancer le défi de gagner le concours d'une chaîne de télévision Chinoise.

Moralité? Et bien... si cette danse vous a tiré des larmes d'émotion, inutile que j'en fasse des tonnes pour vous expliquer quoi retenir. Pour les autres, vous pouvez passer votre chemin.

Moment de violence gratuite

Parfois, je dis bien parfois (heureusement d’ailleurs), il arrive qu’on évoque avec une certaine envie le plaisir malsain d’utiliser la violence, la rage sanglante qui couve en nous comme seuls arguments de communication. Bien sûr que toute personne dite civilisée ne devrait pas se laisser aller à ses instincts primaires et négocier toute échéance ou évènement avec la « pensée » posée et intellectualisée qui est supposée être nôtre depuis que nous ne vivons plus dans le arbres, mais franchement, toujours réfléchir, toujours tergiverser et négocier, personnellement il m’arrive que cela m’horripile au point d’envisager l’utilisation de termes somme toute communs tels que génocide, exécution sommaire, et parfois même pendaison par les tripes en haut de l’obélisque. Rien que d’y penser j’ai l’écume aux lèvres, la folie rageuse s’apprêtant à surgir de je ne sais quel reste d’animalité incontrôlée…

Je me remets, on respire bien fort, on inspire, expire, on se détend… et puis non finalement ! Aborder les problématiques avec une hache affutée au lieu de jouer les diplomates, il y a de quoi se soulager des frustrations quotidiennes : l’emmerdeur de voisin qui découvre la puissance de sa télévision… et un membre en moins ! L’abruti qui au petit matin, vexé de devoir attendre quelques secondes au feu rouge et qui use et abuse de son klaxon… Et vlan le capot dans les dents ! Et puis cette vieille qui tente de vous prendre la place dans la queue au supermarché sans la moindre excuse ni regard… et un coup de pied dans les rotules à la vioque ! Rhaaa ! Ca me rend dingue ! La vengeance n’est pas une solution parait-il, mais là, en toute honnêteté, j’ai des envies d’homicide et de brutalité sanguinaire…

Je vous vois vous demander et vous gratter la tête en signe d’interrogation concernant cette poussée imprévue de haine gratuite, certains hochant négativement la tête en signe de désaccord ou pire encore de désespoir… pourquoi donc, alors que d’habitude je fais preuve d’une saine virulence lexicale qui parfois, quand la chance est avec moi, vire au lyrique suis-je donc devenu « bourrin » ? Parce que ! Une envie, ça ne s’explique pas, ça s’exprime, tout comme le bébé communique par le râle aigu qui tente la communication qui n’est finalement rien de plus que la satisfaction d’une exigence biologique quelconque. Primaire il est dans ses babillements, primaire je suis dans mes attitudes là. Faites place, le tank se lance à l’assaut de l’humanité et tel Attila j’empêcherai à l’herbe de repousser sur mon passage !
Assis sur un chariot de bois je fonce à travers les troupes inconnues mais forcément ennemies, juché sur un cheval je pourfends la masse haletante… Et les époques se succèdent au rythme de mes névroses. Romains, Soviétiques, Polonais, Américains, Allemands, Teutons, Chevaliers croisés, je suis tout le monde, je suis une brute vouée au combat et à la victoire ou la mort. Sans s’arrêter pour respirer je démolis, rase les villes, conquiert des univers entiers et des steppes nues, je grimpe des montagnes pour aller débusquer mes adversaires par delà les neiges éternelles… je suis …

…Une main se pose alors sur mon épaule. Du parfum de la poudre et des cendres d’un monde honni s’élève la senteur suave de violette de son parfum. Reniflant cette étrange présence je reprends peu à peu mes esprits, mon corps se décontracte lentement tandis que mes doigts gourds d’avoir serrés trop de cous haïs libèrent des armes souillées. Je la sens, elle est là, toute proche, se collant à moi et soupirant mon prénom comme je pourrais soupirer le sien. Elle m’enlace alors que la crasse de ma colère me colle encore à la peau. Sa bouche m’offre alors la délicate sensation d’être à nouveau quelqu’un, non plus un monstre mais un être désiré, aimé et chéri tant en gestes qu’en pensées. Je la vois alors, fragile et pourtant indestructible dans ses convictions, soutenant mon regard fou injecté de sang. Elle me sourit, je fonds insensiblement vers ma nature profonde, l’enfant adulte qui aime être aimé…
On s’embrasse, on repousse les corps décharnés du massacre, on éteint la lumière et nos vêtements disparaissent dans les ruines d’une journée que j’aurais aimée normale. Suis-je donc un assassin ? Rien que par la pensée, rien que par l’imagination sûrement, mais jamais encore je n’ai laissé la violence prendre le pas. Dieu merci tu es là, patiente et charitable avec ton fou d’amant…

Et dire que j’aurais aimé en finir avec ces Hommes qui sentent la pourriture de l’âme et qui exhalent la vacuité des cœurs ! La prochaine fois peut-être…

Et je ferme les yeux en souriant.

28 novembre 2007

Glacier

C’est au sein de la froideur nocturne des glaces des pôles que je prends mon envol ce soir. Cerné par la blancheur de la glace polie par les vents, j’observe et écoute la bise déferler entre les montagnes givrées. A croire que c’est le seul endroit encore réellement sauvage qui existe en ce bas monde…

Et non ! Je n’ai pas consommé de stupéfiant ni quelque substance psychotrope que ce soit, c’est juste que je suis fasciné par la propreté immaculé (en un seul mot) de l’Arctique et de l’Antarctique. Continents de froid extrême, d’hostilité naturelle envers l’humain, il s’avère pourtant possible d’y vivre et même d’y croitre. La preuve, les Inuits y sont bien parvenus dans une certaine mesure. Pourtant, le ridicule de l’homme, sa soif infecte de pouvoir et son avidité de possession poussent l’animal que nous sommes tous à vouloir à tout prix planter un drapeau et revendiquer un territoire vierge de notre bêtise au nom d’une science scélérate ou d’une démagogie politique inepte. Certes, l’exploit peut être admiré, la Science peut se targuer d’étudier notre monde et d’en tirer des leçons parfois utiles comme par exemple savoir qu’un homme plongé dans une eau à quelques degrés meurt en quelques minutes, même équipé d’une combinaison de survie. Rien qu’en songeant à ces trouées, ces ports construits pour « durer », puis abandonnés aux frasques de la débâcle et de l’embâcle, puis finalement à l’érosion de l’oxydation, je suis vraiment peiné de me dire qu’on sue sang et eau en pure perte.

Le monde se divise en deux catégories : ceux qui mangent et ceux qui regardent les premiers se nourrir. Pour ma part j’ai l’immense chance de faire partie de la première classe, de celle qui a le luxe de prétendre à avoir un jour du cholestérol et de pouvoir gâcher à l’envi sa pitance. Le grand nord lui, est un lieu réellement pur dans son fonctionnement car contrairement à la littérature de bazar le classant comme cruel et inhumain, il est juste naturel, parfaitement pur et donc absolument intraitable avec la faiblesse. Qu’on aille m’expliquer le pourquoi du comment des grandes ruées humaines de la fin du XIXème siècle autrement que par la soif de l’or jaune puis de l’or noir et je rendrai cette folie plus honorable dans mes propos. Certes des plumes ont su y trouver une humanité et une beauté à couper le souffle comme J.London, mais pour autant doit-on alors taire que cette frénésie a détruit cet environnement pour de maigres profits ? Des villes de l’époque il ne reste que quelques bourgs indigents qui servent tout au plus d’étapes à touristes en quête de clichés, et les rares orpailleurs qui y subsistent y sont pour le folklore plus que pour le gain en poudre dorée. Déforestation et destruction, le tout pour une addiction au métal précieux, triste ironie non ?

Plus près de nous, nous sommes devenus des sauvages plus primitifs que les premières peuplades humaines, car dans l’absolu nous avons perdu le respect indispensable à la Vie au profit de l’exploitation égoïste. Ruiner la nature pour en faire notre esclave docile, quel vieux rêve qui a toujours tourné au cauchemar ! A croire que nous ne savons pas retenir les leçons du passé. En y songeant bien, nous sommes incapables d’apprendre et ne faisons que singer ce qui a déjà été tenté. L’espace ? Un défi pour les rêveurs mettant la moralité en veille pour servir les intérêts des ambitieux. L’océan ? Un vaste marché autoroutier de marchandises, et au surplus une aire d’exploitation de la pêche à l’échelle de notre bêtise. Donc il ne reste alors que le grand nord (ou sud) à explorer, massacrer, dévorer, puis finalement abandonner à son sort.

La fonte des glaces polaires est semble-t-il un problème évoqué de manière récurrente par les écologistes, ces pourfendeurs de la nature dont ils ne sont pas foutus de comprendre qu’ils sont, eux aussi le bourreau de celle-ci. Après tout, toute personne vivant sur Terre est un parasite de la planète bleue non ? Pour ma part je rêve d’aller visiter ces espaces vierges, prendre le temps d’y déposer un regard apaisé et de sentir en moi non pas le désarroi du vide qu’on pourrait envisager mais au contraire la plénitude tranquille d’un homme ayant enfin trouvé le lieu qui lui convient. C’est bien évidemment purement égoïste d’y croire, et encore plus de m’imaginer meilleur qu’un autre, plus respectueux de la nature que mon voisin… mais à chacun ses rêves.

Qui sait, des ancolies y poussent peut-être à la fonte des neiges…

27 novembre 2007

Nettoyage d’hiver

A l’instar de l’écureuil l’homo debilus a une fâcheuse tendance à accumuler tout et surtout n’importe quoi dans ses pénates, comme si les lendemains qui déchantent étaient pour ainsi dire la règle. Etrange chose qu’est notre intérieur : patiemment nous engrangeons une quantité invraisemblable de petites choses, de petits riens qui mis bouts à bouts forment un capharnaüm indescriptible. Grenier ou cave, étagère croulante sous les bibelots infâmes et souvent grotesques, placards jamais ouverts de peur d’y trouver le croque mitaine, tous nous additionnons nos reliquats de souvenirs sous la forme d’objets hétéroclites.

D’un point de vue purement sentimental on pourrait aisément pardonner ce conservatisme de prêteur sur gages : le briquet du grand papa, la pelote de laine du chat parti trop tôt (ou trop tard en regard de l’état du canapé favori du félin), et ces cartes postales qui racontent des tranches de vies banales mais ayant prises la patine jaunâtre du temps. Encore que parfois on pourrait s’abstenir, ou tout du moins faire un petit tri sélectif de sorte à ne conserver que l’essentiel pour ne pas s’encombrer du superflu. Je puis saisir l’intérêt de garder le nounours favori du petit dernier, mais de là à garder son coffre à jouet complet avec son contenu, il y a une marge de manœuvre fort large non ? Et puis, faire don de ces choses là saurait rendre d’autres au moins aussi heureux que ce petit … qui a trouvé le moyen de dénigrer le jouet déniché à prix d’or mais jamais utilisé dans les faits. Enfin bon, l’aigreur est inutile, on pardonne à ceux qu’on aime, paraît-il…

Bref, oser mettre le nez dans la poussière et les toiles d’araignées dans la glauque demi obscurité du grenier en faisant grincer le plancher instable, c’est une aventure en soi, un moment de grande solitude quand d’un coup, ou plutôt d’un pied mal assuré l’on s’enfonce dans un de ces cartons non étiquetés qui se révèle être la porcelaine hideuse d’un cadeau cruel d’amis déjà oubliés. Le craquement distinctif de la vaisselle broyée est en soi une douleur, mais encore plus en se demandant avec angoisse si la soupière de la grand-tante Gertrude n’y est pas planqué. Vous avez tous ce machin là, ou du moins son proche parent… mais si ! Cet objet laid, inutile, encombrant mais qu’on vous lègue avec emphase en déclarant que c’est un héritage inaliénable de la famille ! Alors, prudemment, le viking des soupentes tire ses orteils du carnage vaisselier, se penche et souffle avec calme en voyant la fameuse boîte en céramique couleur arc en ciel trôner sur une poutre, hors de portée des mains maladroites et potelées des enfants qui grandissent trop vite.
Après la destruction, le rangement ! Lancerait notre héros des temps grisonnants. Hélas, trois fois hélas, le rangement ne se résume jamais à déplacer d’un point A, le grenier en l’espèce, à un point B, la poubelle la plus proche, non, il faut trier au préalable, faire un « best-of » du merdier privé pour n’en garder que l’essence, la profondeur, que dis-je le miracle des souvenirs désordonnés ! Pour peu que les maîtres de maison soient comme moi, c'est-à-dire atteint d’un désordre intellectuel nommé pudiquement « bordélite aigüe », il devient au moins aussi délicat d’ouvrir un contenant que d’en tirer le contenu. Ah ces cartonnages estampillés des marques disparues, ce gros emballage marqué « Radiola » qui contient les vêtements trop petits de trois générations et qui pèse alors plus lourd que la télévision originelle… Et ce melting-pot de couleurs criardes, ces coupes devenues ringardes, on en vient vite à douter de l’existence d’un paradis tant l’enfer textile se fait oppressant.
Pris de convulsions et d’une soudaine fatigue, la chose finit alors par descendre au salon de manière à laisser un tiers se charger de la vile besogne en prétendant que « je n’ai pas de goût, à toi de t’en occuper ma chérie », le tout payé d’un baiser furtif et pourtant chargé d’une fielleuse émotion. « Rends moi service et je ferai en sorte de débarrasser ce merdier ! » se cache en substance derrière cet acte de tendresse quotidienne. Après négociation sur la tonte de la pelouse / débarras des ordures pendant deux semaines / courses du samedi après midi (rayez les mentions inutiles), notre homme reprend alors son expédition des hautes sphères de la maisonnée. Caisse après caisse, valise de cuir élimée après empilement de journaux périmés, le Saint Graal apparaît : la boite à chaussures. Foutue idée que de recycler ces choses là, vicieuse et perverse invention que le rangement standardisé ! Qui prend le temps de marquer sur le flanc le contenu de la bête de carton ? Personne, je dis bien personne ne se charge de ce travail de longue haleine, mieux vaut le laisser aux générations futures, ou plus bêtement se retaper le tri quelques années plus tard ! Et que ça défile : les pin’s que plus personne n’arbore au revers (en dehors des décorés de la légion d’honneur qui n’a plus d’honneur que le nom), accumulation de stylos hors service et pastels dures comme de la pierre, craies grandes comme des gommes de critérium, sans oublier l’inusable collection de cassettes audio ou vidéo dont la plupart sont aujourd’hui inutilisables puisque l’appareil les lisant n’existe plus ou est en carafe. Des heures passent, pas à pas la pile de « on vire » grossit à peine tandis que le « on garde » se refait une santé sous les yeux exaspérés de notre professionnel du non rangement.

Et là, le cri de désespoir de l’homme des greniers : « Fais chier ce merdier, vais tout foutre à la benne ! Plein les … de devoir me retaper ce tas de m… pour tout garder ! », puis d’enchainer sur un lyrique interrogatoire : « Chérie ? Les cassettes de Lara Fabian, des Beatles qu’on a en CD, les vidéos enregistrées sur TF1, on en fait quoi ? » et elle de répondre « bah ce que tu veux, moi je n’ai jamais écouté ou regardé tout ça ! » … « Garce, lâcheuse, pourriture communiste… » marmonne le pauvre bougre qui soudain reçoit un rouleau de sac poubelle sur la tête. « Tiens mon ange, tu pourras les remplir, mais pas trop lourd j’ai mal au dos. » … Mais c’est qu’il va finir dans la rubrique des faits divers ce couple « Morte pour avoir demandé à son époux de ranger le grenier pour un nettoyage d’hiver ».
Du calme, de la retenue… Allez les vieux magazines pourris et mités, hop, dans la grande gueule noire ! Oh ! Ma collec’ de jeux vidéos de quand j’étais un mouflet ! Ca marche encore ce truc ? La vache ! y a encore des piles dans le jouet ! Et puis tiens mes biblio verte ! Tiens et puis ça là, la tuture qui fait pouet quand on la fait rouler…

« Chéri, CHERI ! … Il s’est encore fait attendrir par ces saletés de jouets » lance enfin la tendre et chère moitié de notre gaga d’adulte….

26 novembre 2007

Dinosaures

Une fois de plus ce n’est pas l’aspect animalier qui est en cause, mais bien encore et toujours l’aspect humain que je mets en avant dans cette chronique. Dommage que je ne sois pas plus attiré par les fosses emplies d’ossements que par les méthodes débouchage d’un évier récalcitrant, cela aurait pu faire l’objet d’un sujet tout aussi passionnant. Là, non, j’aborde la question de l’âge de certaines de nos « élites » qui se meuvent et nous abreuvent de conseils avisés à longueur de journées et même de nuits.

Amusant comme l’avancement scientifique fait évoluer les mentalités : fut une époque un cinquantenaire était un vieillard et un préadolescent un petit homme, alors qu’aujourd’hui le sexagénaire retraité est dans la fleur de l’âge, et le jeune adulte un gosse… enfin amusant, tout dépend pour qui : rien ne m’est plus horripilant que de voir des personnages réputés compétents se trémousser à la télévision ou grogner à la radio des idées en vrac sur tous les sujets possibles et imaginables. Pourtant, le renouvellement des générations aidant, et l’absence de conflit global étant encore pour le moment une évidence, on pourrait supposer que des « jeunes » seraient en position de pousser à la fosse les ancêtres et parfois fossiles qui nous encombrent. Hélas non : serions-nous donc passéistes ?

Fidèles à nous-mêmes nous nous acharnons à revendiquer des passions pour ces icônes populaires, ces restes d’un passé « c’était mieux avant », le tout enrobé d’une mielleuse charité pour nos grabataires. Je ne puis me résoudre à comprendre qu’on estime comme normal que les choses soient réduites à une population datant du précambrien sous prétexte de l’expérience. M’est avis qu’un imbécile reste un imbécile, d’ailleurs le langage n’épargnant pas le « vieux con » qui est tout aussi pathétique et pénible que le « jeune con ». Heureusement que le service public de la Mort se charge d’écrémer le banc de nos prédécesseurs sinon il y aurait foule au guichet des ANPE ! Sabotons donc l’idée reçue que le vieux a l’ascendant sur le jeune sous le seul prétexte de ses compétences acquises avec l’âge. Confucius a bien dit que l’expérience ce n’est qu’une lanterne accrochée dans le dos éclairant le chemin parcouru, ce en quoi je suis tout à fait d’accord.

Rendons à César ce qui est à César : certains sont des experts et malheureusement les flambeaux sont difficiles à reprendre. Je songe à certaines véritables pointures comme typiquement M. Bouvard. Certes c’est une relique de l’ORTF et de RTL, certes il a plus d’amis au cimetière qu’un chien n’a de puces, mais tout de même un tel esprit se fait fort rare aujourd’hui. Défendant la belle lettre et le jeu de mots, le personnage me plait d’autant plus qu’il a le sens de la dérision. Ce qui est pathologique dans ce revers à mon envie de rajeunissement c’est que, lorsqu’il fut « gentiment » remercié pour être remplacé par un Dechavanne remuant, son émission phare fut au bord du naufrage. A la vindicte populaire contre le populiste spasmophile RTL reprit alors l’ancêtre pour virer le « gamin ». Ironique non ? Rien que cela me fait frémir d’effroi en me demandant alors légitimement s’il existe bien une relève à une certaine élite intellectuelle et culturelle.
Observez les librairies et demandons nous si l’on dispose réellement de nouveaux profils ou bien si c’est systématiquement sur le tard que le talent se révèle. L’art d’écrire dépendrait-il donc d’un vécu si long qu’il mérite l’éloge de l’édition ? A priori non, certains grands génies de la plume (et aujourd’hui du clavier) se sont révélés très jeunes, si jeunes même qu’on eut du mal à leur reconnaître la parenté de leurs ouvrages. Paradoxe quand tu nous tiens : le talent n’attend pas le nombre des années mais le nombre des années est apparemment une garantie de talent. Agaçant non ?

En réaction à cela je pourrais tout aussi bien prétendre avoir le double de mon âge, me grimer grassement pour apparaître vieux, flétri mais pas trop, un peu comme un acteur dont les cheveux virent au poivre et sel sans qu’aucune coquetterie malvenue soit intervenue pour teindre le tout en brun sombre et ténébreux. N’étant pas fanatique de la cosmétologie moderne, et ne cédant guère qu’à la tondeuse électrique ma tignasse, je suppose que je vais au surplus devoir me plier à la nuque en bataille de sorte à avoir l’air plus qu’à l’être. Illusion pour la couverture ? Pourquoi pas après tout, l’essentiel serait alors d’être lu… si seulement…
De toute manière la vérité est toujours ailleurs : l’expertise est question d’expérience et la jeunesse offre à contrario la fraîcheur d’un regard neuf. On maintient des élites dans les administrations et (moins heureusement) dans les ministères, car au fond un « vieux » c’est rassurant, ça a déjà un pied dans le caveau et au pire on peut le déboulonner en le déclarant « hors limite d’âge ».

Pour mémoire, certains réussissent très bien à s’accrocher aux branches de l’image ou du pouvoir : un Castro malade (qui a dit mort et enterré ?), un Zitrone maintenu jusqu’au bout de ses 81 années d’existence terrestre, il y a de quoi se demander si nous ne sommes pas un rien gérontophile sur les bords…

25 novembre 2007

Poésie gaélique

Voici une poésie traduite par mon ami Thoraval Mc Benah. Bonne lecture !

Version gaéliqueVersion traduite
Heb rann ar Red heb-ken:
Ankou, tad ann Anken;
Netra kent, netra ken,

Daou ejen dioc'h eur gibi;
O sachat, o souheti;
Edrec'hit ann estoni!

Tri rann er bed-man a vez;
Tri derou ha tri divez,
D'ann denn ha d'ann derv ivez.
Teir rouantelez Varzin:
Frouez melen ha bleun lirzin;
Bugaligou o c'hoarzin.

Pevar mean higolin,
Mean higolin da Varzin
Higolin klezeier vlin.

Pemp gouriz ann douar;
Pemp darn enn hoar;
Pemp mean war hor c'hoar.

C'houec'h mabik great e koar,
Poellet gand gallod loar;
Ma n'ouzez-te, me oar.
C'houec'h louzaouen er perik
Meska'r goter ra'r c'horrik;
En e c'henou e vezik.

Seiz heol ar seiz loar,
Seiz planeden gand ar Iar?
Seiz elfen gand bleud ann ear.

Eiz aval o c'houibannat;
Eiz tan gand ann Tantad,
E miz mae e menez kad.
Eiz onner wenn-kann-eon,
O puri enn enez don;
Eiz onner wenn d'ann Itron.

Nao dornik gwenn war dol leur,
E kichen tour Learmeur;
Ha nao mamm o keina meur.
E koroll, nao c'horrigan,
Bleunvek ho bleo, gwisket gloan,
Kelc'h ar feunteun, d'al loar-gann.
Gouiz hag he nao forc'hell all,
E toullik dor ann houc'hzal,
O soroc'hal, o turc'hial,
O turc'hial, o soroc'hall:
Torc'h! Torc'h! Torc'h! d'ar wezen aval!
Ann houc'h koz d'ho tiorreal.

Dek lestr tud gin a welet
O tonet euz a Naomed:
Goa! c'hui; goa! c'hui, tud Gwenned!

Unnek belek houarneset,
O tonet euz a wened,
Gand o c'hlezeier torret;
Hag ho rochedou goadek;
Prenn kolvez da vaz-loaek;
Euz a dri c'hant ho unnek.

O vlejal hi, sonn he fenn.
Korn o sonn boud: tan ah taran;
Glao hag avel, taran ha tan!
Tra ken mui-ken; tra na rann!
Pas de série pour le nombre Un: La Nécessité unique,
Le Trépas, père de la Douleur;
Rien avant, rien de plus.

Deux boeufs attelés à une coque;
Ils tirent, ils vont expirer;
Voyez la merveille!

Il y a trois parties dans le monde:
Trois commencements et trois fins,
Pour l'Homme comme pour le Chêne.
Trois Royaumes de Merlin,
Pleins de fruits d'or, de fleurs brillantes,
De petits enfants qui rient.

Quatre pierres à aiguiser,
Pierre à aiguiser de Merlin,
Qui aiguisent les épées des braves.

Cinq zones terrestres:
Cinq âges dans la durée du temps;
Cinq rochers sur notre soeur.

Six petits enfants de cire,
Vivifiés par l'énergie de la Lune;
Si tu l'ignores, je le sais.
Six plantes médicinales dans le petit chaudron;
Le petit nain mêle le breuvage,
Son petit doigt dans la bouche.

Sept soleils et sept lunes,
Sept planètes, y compris la Poule.
Sept éléments avec la farine de l'air.

Huit vents qui soufflent;
Huit feux avec le Grand Feu,
Allumés au mois de mai sur la montagne de la guerre.
Huit génisses blanches comme l'écume,
Qui paissent l'herbe de l'île profonde;
Les huit génisses blanches de la Dame.

Neuf petites mains blanches sur la table de l'aire,
Près de la tour de Lézarmeur,
Et neuf mères qui gémissent beaucoup,
Neuf korrigans qui dansent
Avec des fleurs dans les cheveux et des robes de laines blanches,
Autour de la fontaine, à la clarté de la pleine lune.
La laie et ses neuf marcassins,
A la porte de leur bauge,
Grognant et fouissant,
Fouissant et grognant;
Petits! Petits! Petits! Accourez au pommier!
Le vieux sanglier va vous faire la leçon.

Dix vaisseaux ennemis
Qu'on a vu venant de Nantes:
Malheur à vous! Malheur à vous! Hommes de Vannes!

Onze prêtres armés,
Venant de Vannes,
Avec leurs épées brisées;
Et leurs robes ensanglantées;
Et des béquilles de coudriers,
De trois cents plus qu'eux onze.

Elle beugle, tête levée:
La trompe sonne: feu et tonnerre;
Pluie et vent; tonnerre et feu;
Rien; plus rien; ni aucune série!

23 novembre 2007

On ne se moque pas !

Il y a des règles comme ça, de celles qu’on établit pour la bienséance ou pour s’éviter la vindicte populaire, et pourtant il existe bien des sujets qui tombent sous le coup de la décence de bon aloi alors qu’on aimerait tous autant que nous sommes les dédramatiser. Rarement civilisation ne fut aussi puritaine et effrayée par la possibilité d’exprimer la moquerie sur les sujets sensibles, comme si jouer la comédie de la personne affectée et triste pouvait changer en quoi que ce soit la donne. A mon sens il est plus probable de mourir d’un cancer que d’une crise de rire, tout comme il est plus certain que la mort est un service obligatoire alors que la naissance elle est optionnelle.

On ne se moque pas de la maladie, quelque soit celle-ci. On ne doit surtout pas traiter des maladies graves comme on pourrait traiter d’imbécillité coutumière de nos voisins, de la bêtise d’un chef d’état éloigné ou encore des bafouillages inélégants d’un politique local. Cancer, Sida, sclérose ainsi que Parkinson se doivent d’être traités avec une compréhension et une prudence digne d’un démineur dans le désert libyen. Pourquoi. ? Tous nous sommes condamnés par la grande faucheuse à aller renouveler la quantité de manière organique dans le sol et tous, êtres de chair, d’os et de cholestérol nous nous préparons à rejoindre la boîte en sapin (ou en isorel en cas de crise majeure). Bref, en quoi est-il si choquant d’oser proférer des imbécilités contre le sida ou le cancer ? La mortalité mondiale est au moins aussi grande par ces deux monstres biologiques que par l’utilisation intensive d’armes à feu ou de machettes, et paradoxalement se moquer ouvertement des tribulations de bourreaux au milieu de la forêt rwandaise ne semble pas choquer outre mesure. Compréhension à deux vitesses ou refus poli mais ferme d’être concerné ? A chacun de savoir où il met les pieds. Pour ma part, n’ayant pas spécialement eu d’entretien avec le passeur du Styx, je crois qu’il me faudrait quelques décennies pour me faire pardonner de lui toutes les profanations verbales et verbeuses proférées par mes soins lors de babillages vains et prétentieux. Toujours est-il que dans l’absolu, cancer, sida, hémophilie, la Mort guette, et s’en moquer comme de ma première paire de chaussettes me semble être un acte de salubrité publique. Moquons nous de la Mort, elle nous fait payer le passage bien assez cher comme ça !

Etrangement, on ose plus facilement se moquer du handicap, l’humour noir et limite sadique semble être entré dans les mœurs alors que chacun est susceptible de découvrir l’existence d’une manière différente à travers la possibilité d’un accident automobile, l’échec d’un suicide ou mieux encore l’impact d’une balle ennemie entre deux vertèbres. L’infamie est donc à deux vitesses, puisque la majorité rigolarde ne se sent pas spécifiquement concernée par les clous perçant les roues d’un fauteuil ou par l’obligation d’essuyer la bave à la lèvre d’un « légume ». D’ailleurs, le terme est plus que péjoratif alors que dire un « cancéreux » n’a rien de malsain. Pour ma part, je ne mésestime ni l’un ni l’autre, les deux ayant la même part de responsabilité dans la future extinction de l’espèce humaine. Tiens, rien qu’en disant ça je risque déjà les foudres de nos chers rêveurs croyant que l’Homme a un avenir radieux et que Lui (pointez le ciel ou le plafond du doigt en proférant de telles assertions) a de grands projets pour nous. Pures conjectures pourrait alors arguer l’agnostique ou l’athée, et à la limite l’infidèle et même l’hérétique, tout dépendant d’une question de dialectique. Bref, se moquer d’une minorité qu’on voudrait invisible pose moins de problèmes moraux.

Faire preuve d’un langage péjoratif est aisé, mais pas sur n’importe quel sujet. Je suis tout particulièrement gavé qu’on m’interdise de me moquer en vrac du nazisme, du traitement des juifs dans les camps, de la politique d’immigration pratiquée après le conflit en Algérie, l’utilisation de la bombe atomique… bref de tout ce qui force à faire jouer la « mémoire collective » et la « moralité personnelle ». Moralité ? Mon c.. pardon mon œil ! Dois-je porter le brassard noir de la honte pour l’exploitation et la torture d’esclaves par l’état royal avant la révolution Française ? Suis-je le digne héritier de la culpabilité des fascistes dans tous les pays du monde ? Vais-je donc alors faire mes excuses publiques aux peuples Polonais, Roumains, Français, Italiens, Espagnols et j’en passe ? Hors de question que je porte sur mes épaules ce qu’autrui a fait. On se pose en tortionnaires sans avoir même levé la cravache et en face on nous incite à courber l’échine sous prétexte que ce sont des ancêtres, nos ancêtres qui s’en sont rendus coupables. Mes ancêtres ? N’étant pas français de souche je suis bien incapable d’affirmer qu’un quelconque « ancêtre » ait été à quelque époque que ce soit un négrier, de même que je doute qu’aucun de mes aïeux ait appartenu à une force de colonisation. Je suis donc péjoratif, provocateur sur ces sujets et je le resterai. Comme l’avait dit mon « maître » avec beaucoup de justesse « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ».

Bien des médias se sont lancés avec plus ou moins de bonheur dans une certaine forme de dédramatisation afin de vulgariser l’information et la rendre accessible. Bien leur en prenne, sauf que systématiquement le discours rigolard est un discours militant et même partisan. On se paie bien la tête du président iranien en oubliant poliment qu’au fond rien ne devrait lui interdire de bâtir des centrales nucléaires, tout comme l’on se paie la tête de G.Bush qui a été élu démocratiquement… Ca y est, je sors encore du cadre puisqu’on ira me dire que le premier n’est pas un démocrate et le second n’est pas un président. Et ? Est-ce à nous de juger à la place des peuples en question ? Le plus comique c’est qu’on trouve ensuite le moyen de râler quand ces derniers se paient notre tête en faisant des français des clichés à la baguette sous le coude. C’est un échange de bons procédés, non ?

Enfin, après tout se moquer c’est avant tout savoir se moquer de soi-même, chose la plus difficile entre toutes. Osez donc vous flageller pour de rire, vous rirez du reste avec bien plus d’aisance…

22 novembre 2007

Vous me pardonnerez

J'ai favorisé la rédaction d'un courrier à une personne importante pour moi plutôt que de rédiger un article ici...
De fait, je vous souhaite une excellente soirée.
JeFaisPeurALaFoule

21 novembre 2007

Crédibilité

La crédibilité ça n'est finalement que la croyance qu’a celui qui écoute que celui qui parle dit la vérité, ou bien qu’il est compétent dans son domaine. Etre crédible c’est avant toute chose avoir un semblant de stature, notamment quand il s’agit d’énoncer des dogmes que les autres devront mettre en application. De fait, il est évident qu’un politicien, un chef d’entreprise ou un commercial doit faire preuve de cette compétence élémentaire pour parvenir au quidam que le ciel est vert, que la hausse du pétrole est une bénédiction et que la mère Bétancourt est encore en vie. Quelque part, C.Pasqua avait raison en lançant la phrase qu’on a mis dans toutes les bouches des politiciens de France : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». A méditer non ?

Tout commence par l’aspect. Il faut indubitablement faire preuve d’une compétence consommée dans l’art de se vêtir avant de prendre une fonction quelconque. On n’imagine pas un ministre en plein conseil vêtu d’un jogging et de baskets, et encore moins le président se plaçant face à ses électeurs en maillot de bain. D’un point de vue proximité ça serait efficace, mais en terme d’image on aurait alors le droit à un sabordage dans les règles… quoi que je trouve dommage qu’aucun ne ce soit osé à de telles frasques, rien que pour rappeler au monde que l’Homme fait la fonction et non l’habit. Dans un autre domaine, on demande bien aux religieux d’affubler de combinaisons pour être sûrs de les reconnaître, et même comme ça il peut arriver que des confusions malencontreuses soient faites. Prenez donc un sikh hindou : le pauvre a le malheur de porter barbe et turban, et devient ainsi le cliché du terroriste qu’on nous agite sous le nez depuis plus d’une décennie (pour ne pas dire deux en France). Par respect pour les autres pourrait-on alors se préoccuper du fond et non de la forme ?

Une fois l’étape vestimentaire, passons à l’oral. L’orateur est nécessairement compétent et se doit forcément de maitriser non pas son sujet mais la terminologie qui s’y rattache. Qu’une personne se déclare experte dans quelque domaine que ce soit et nous attendrons de lui un vocabulaire totalement orienté vers le dit domaine. On n’imagine bien entendu pas un ingénieur atomiste faire des incongruités sur la masse moléculaire ou sur les faisceaux de particules. L’essentiel est d’être donc crédible et non exact, car parmi les auditeurs, combien vont prendre la peine de vérifier, et encore moins combien comprendront le fond des propos ? J’observe souvent la façon dont communiquent nos dirigeants, et tous emploient la force des arguments pour taxer l’adversaire d’incompétence ou pire encore. Ma foi, c’est une façon de faire, être virulent offre des perspectives fortes, bien des personnages historiques peuvent nous en donner la preuve de par leurs bilans respectifs. Ne nous éloignons pas du sujet : la crédibilité passe donc forcément par l’oral à un moment ou à un autre. Ce n’est pas pour rien qu’on exige de bien des écrivains de répondre à des interviews ou de faire des colloques, c’est juste pour impressionner le consommateur et lui prouver que le dit auteur est très bon et pas qu’avec une plume. Peu importe si le tout pue les questions entendues et la phraséologie formatée…

Après, il existe une catégorie d’auto proclamés qui malgré tout ont toute latitude de l’être. Le handicap physique permettant à celui qui en est victime d’avoir une oreille attentive sur les problèmes de cette catégorie de personnes, le navigateur qui n’a plus rien à prouver sur mer et qui en parle à terre, ceux là il est autrement plus difficile de leur faire perdre de leur crédibilité, si toutefois on aurait l’incongruité de tenter ce forfait. Parfois, l’idée peut être séduisante notamment quand il s’agit d’expertises historiques ou politiques, car là c’est l’orientation idéologique qui joue énormément sur la présentation et non les faits par eux-mêmes (car ils sont alors souvent fort bien documentés). On ne va pas prendre en défaut un historien passionné de Napoléon 1er pas plus qu’on ira critiquer un économiste quand il lynche la politique monétaire américaine. Et dire que souvent il y a à redire justement. C’est toute la force du débat non sur les faits mais sur les idées : on peut toujours cracher dans la soupe du voisin et dire qu’on a de bonnes raisons de le faire.

De ces propos je suis le seul propriétaire puisque je suis assez d’accord avec moi-même, en revanche je me pose la question de savoir si vous, vous me trouvez crédible. Rares sont ceux qui font la démarche de laisser un commentaire et quoi qu’on en dise, je ne censure que la publicité qui est apparue par deux fois ici et jamais mes détracteurs… puisque j’en ai jamais eu !

A bon entendeur…

20 novembre 2007

Bousculade et haine ordinaire.

Dix milles années d’Histoire de l’Homme, des civilisations qui ont découvertes le fer, les alliages, la poudre, exploitées l’atome et mises au point l’automobile et le tamagotchi, tout ça pour finir par s’entredéchirer et de cogner dessus à grands coups de sacs dans le métro, c’est là une belle démonstration de notre évolution. Sans rire, regarder les images de ces derniers jours avec les grèves des transports en commun ont de quoi laisser perplexe sur la nature humaine. Les forts piétinant les faibles, les râleurs prenant l’ascendant sur les placides, tout est bon pour s’arroger le droit de passer le premier. On va me dire que l’obligation de se rendre au travail impose la prise de risque ainsi qu’une certaine forme d’agressivité tant la lassitude et l’énervement usent les nerfs, mais à mon sens rien n’impose à l’Homme d’être con et vulgaire… à part bien entendu lui-même.

L’observation des mouvements de foule est une véritable science, car aujourd’hui la connaissance des flux de personnes à travers des équipements publics est devenue indispensable. Depuis les stations de chemin de fer en passant par des lieux de culte, chaque endroit est analysé de manière à rendre la circulation la plus fluide possible. Par exemple il faut savoir que l’enceinte de la Mecque en Arabie Saoudite a été réaménagée pour limiter et canaliser les paniques fréquentes lors des pèlerinages. Certes, le béton, le fer et les panneaux circonscrivent un peu le bétail, mais au bout du compte sa connerie unitaire fait de ce monstre qu’est la foule une bestiole stupide en diable. Pourtant, rien n’est supposé nous prédisposer à l’idiotie car individuellement les questions telles que « bougeriez vous sous le coup de la panique ? » ou bien « hurlez vous dans la foule ? » voient comme réponse « Non » et ce avec une parfaite invariabilité. Je pouffe, pire encore je me moque car ces bons sentiments se voient toujours démentis par les faits. Emeutes incompréhensibles, blessés piétinés par leurs voisins et même leurs amis, dégradations de toute sorte, les bilans sont systématiquement peu flatteurs pour notre bonne race humaine.

Allons regarder les automobilistes : qu’on m’explique ce qui provoque tant de haine dans le fait de saisir un cerceau métallique gainé de caoutchouc car ça me laisse rêveur. Le crétin qui se prend pour un « pilote » et qui emboutit son voisin en décrétant qu’il est innocent, l’ahuri insultant chaque voiture qui a le malheur d’aller plus vite que lui, ainsi que la gourde qui croit que le marquage au sol est décoratif, il y a de quoi dire et de quoi faire peur. Les bouchons sont actuellement ma bête noire tant je suis obligé de les subir, et pourtant j’espère et je tente à tout prix de rester calme et courtois. Hurler ? Sur qui ? Sur le con qui suppose qu’il a toute latitude d’emmerder ses congénères ? A quoi bon, j’ai autre chose à faire que perdre ma salive en vaines affirmations sur sa sexualité ou sur le tempérament volage de son ascendance, et puis globalement je laisse aux autres le soin de jouer avec la vie d’autrui (gruik). Ah, ces moments de pure hilarité à voir deux idiots se disputer le droit de passage, s’écorner les voitures puis en venir aux mains ! Ce petit moment de béatitude quand ils se rendent compte qu’ils sont aussi idiots l’un que l’autre ! Et puis que dire de ces regards hagards qui scrutent la tôle froissée en vain, alors que la courtoisie aurait évité un tel désastre ! Sérieusement, je crois que je suis mieux à les laisser faire, je ne boxe pas dans la catégorie des idiots poids lourds.

En ce moment toutes les catégories se fendent d’une revendication, une grève et de la distribution de sanctions par l’inactivité. Le travailleur bloqué par le train, l’immigré dans l’incapacité de refaire son titre de séjour vu que la préfecture est en grève, il y a de quoi se poser des questions sur la finalité de ces mouvements. On entend parler de pouvoir d’achat, de revalorisation de salaires, mais petite question vicieuse à tous et à toutes : croyez-vous que, ces cons de salariés du secteur privé, peuvent prétendre à ce genre de réévaluations ? Les bas salaires, ont-ils vu une vraie remise en cause de leur précarité ? Je vois d’ici la réponse du « on réévalue le SMIG » oui chouette, comme si cela pouvait compenser une vie urbaine délicate, l’habitat fait de cités dortoirs ainsi que d’emplois peu valorisants… qu’ils échangent avec ceux qui chaque matin se lèvent pour mettre en rayon les marchandises qu’ils consomment, montent leurs voitures ou mieux encore balaient leurs rues. Quand un éboueur est en grève on gueule parce que la rue est devenue sale, mais quand un collègue met en situation précaire des salariés sur la sellette ça nul n’y verra un inconvénient. Enfin bref, il y a de quoi bousculer les manifestants et devenir au moins aussi haineux à leur encontre qu’ils sont irrespectueux de leurs usagers.

Petit aparté au sujet : quand on me parle de pénibilité du travail, j’aimerais bien qu’un jour on reconnaisse la difficulté des métiers tels que pompiers, policiers ou bien infirmière urgentiste. Rien n’est fait pour assurer une continuité et un recrutement valable dans ces domaines, et il est même devenu dramatique de se dire qu’on est obligé de débaucher à l’étranger pour pouvoir faire le plein et assurer un service décent. Qu’on ne vienne pas me taxer de racisme, j’entends simplement par là que les infrastructures de formation existent, que la demande en terme d’emplois est là, mais que ces emplois dans le médical ou dans la sécurité de nous autres concitoyens ne séduisent plus. C’est bien plus profond qu’une simple désaffection, c’est que la nation ne reconnaît plus de mérite à ceux qui servent les autres, les gens ne voyant plus que le service au lieu d’y voir un privilège. Nous ne sommes pas des clients mais des patients chez un médecin, de la même manière que la sécurité et la présence d’une police ce n’est pas « quand on veut et si ça nous arrange ».
Tant que tous nous chercherons l’assistanat pur et simple de l’état à tous les étages, que la fonction publique partira du principe que le pays peut être pris en otage et menacé d’immobilisation nous n’avancerons pas dans la bonne direction. Je suis écoeuré de me dire que bon nombre de nos chers grévistes ont trouvés le moyen d’engueuler les routiers quand ceux-ci ont cherchés à faire valoir leurs droits de grève et de revendiquer des conditions de travail décentes. Et oui, ça bloquait les stations services donc ça emmerdait monsieur ou madame pour partir en week-end… et donc obligés de se rabattre sur le train ! Sacrée ironie vous ne trouvez pas ?

19 novembre 2007

Plasturgie ?

Contracter plastique et chirurgie pourrait donner « plasturgie » qui est effectivement un mot de la langue française et qui décrit les métiers liés à la transformation des matières plastiques. Un plasturgiste est donc un expert de la presse hydraulique, du moule sous vide et non du scalpel supposé gonfler les seins ou raboter le nez en péninsule. Hélas, la chirurgie c’est un peu comme le vin, c’est rarement indispensable et en abuser mène non pas à la plaisante ivresse mais essentiellement à la nausée. J’ajouterais même que l’excès de vin mène à rendre du liquide et l’excès de silicone à rendre ses lèvres.

Pourquoi ce besoin maladif de jouer de la modification physique outrancière ? Est-ce vraiment devenu une nécessité que paraître plutôt qu’être ? Je ne comprends pas vraiment le principe, notamment quand il n’y a que des considérations même pas esthétiques mais juste d’orgueil. Ces acteurs et actrices qui se font refaire la devanture pour être plus « beaux » (sic) ne font finalement que démolir le peu d’authenticité qu’il pouvait leur rester. Il suffit de se pencher sur les clichés du visage d’un certain Stallone pour être pris d’une saine frayeur tant le massacre est flagrant. Franchement, si l’acteur a été apprécié c’est pour sa « gueule » et non pas spécifiquement pour un jeu qui malgré tout le sert fort bien (parfois). Songeait-on du temps des Ventura ou Gabin à charcuter la bobine pour y sculpter de nouveaux traits et virer les rides si significatives de l’âge qui avance ? J’en doute fort, et d’ailleurs les spectateurs s’y seraient fermement opposés.

J’aime bien le naturel, cette composante essentielle dans le corps humain, cette vérité qui même imparfaite en fait toute la qualité. Quoi de plus vrai que le petit grain de beauté qu’on connaît si bien sur le corps de l’autre, ou ce regard qu’on aime tant alors qu’il est très légèrement asymétrique ? Qu’on me dise qu’un corps refait est plus beau et je hurle comme un loup affamé dans la plaine ! Nous n’avons pas à balafrer la beauté pour la rendre « plus belle ». Elle est et restera à mes yeux la perfection du petit défaut bien placé. En quoi des clones devraient-ils peupler nos rues et avenues alors que c’est la diversité même qui fait qu’on peut avoir le loisir de se connaître et même parfois de s’aimer. Toute la pureté du naturel est donc là, dans la différence, dans l’improbable écart qui fait que ce visage là sera celui qu’on aime pardessus toute chose bassement terrestre. Et pourtant les cabinets ne désemplissent pas, les cliniques sont devenues des institutions où l’argent est supposé offrir au tout venant la pointe de la technologie. Laissez moi rire, la pointe du bistouri d’un maître es dépeceur vous voulez dire. Rafistoler son prochain pour lui faire prendre une autre apparence n’a rien d’un acte médical mais plutôt d’un acte de malveillance. C’est même là le gag le plus atroce : le ou la patiente ignore toujours le résultat final jusqu’au moment où l’on ôte les bandages. Sublime non, de se réveiller un visage qui ne nous convient pas !

Après, je donne un énorme crédit à certains artistes de la chirurgie, ces experts qui reconstruisent des visages détruits, soignent des difformités qui par le passé condamnaient les gens à l’isolement, et même réussissent le tour de force de rendre apparence humaine à ceux l’ayant perdue. A eux je rends hommage vu les mains en or et l’œil de peintre qu’ils possèdent. On ne refait pas des traits brûlés comme on suture une plaie, on ne reconstruit pas un nez comme on pratique une ablation de l’appendice, et finalement à eux, et eux seuls, ces Botticelli de la tronçonneuse je rends définitivement hommage dans ce corps de métier où pullule plus de parasites de la peau que de puces sur le dos d’un chien errant.

Enfin, je suis aussi ironiquement admiratif par ces gens qui subissent les contrecoups d’une opération de chirurgie plastique ratée, notamment dans les cas d’esthétique pure. C’est comique et tragique à la fois de voir une gourde espérant se faire gonfler les seins se plaindre que les deux prothèses ne soient pas parfaitement identiques. A hurler de rire, et à verser des larmes devant tant de bêtise. Comme si une opération de chirurgie était un acte léger, bénin, comme se brosser les dents ou se coucher pour dormir par exemple.

Mon conseil ? Je n’en ai aucun. Il arrive parfois que la nécessité physique apparaisse et que le passage sur la table soit un bienfait, mais dans la majorité des cas, n’oubliez jamais : tout traumatisme sur un corps se paie tôt ou tard, et plus l’acte sera sévère, plus l’addition sera salée… qu’on se le dise !
PS: je n'ai pas mis de clichés, à chacun de se faire une idée... la mienne est toute faite.

16 novembre 2007

Ce jour, je suis silencieux

Je vous entends déjà râler en disant que depuis quelques temps je suis de moins en moins prolifique, et qu'il m'arrive régulièrement de faire taire ma plume sous prétexte que je suis fatigué, ou pire encore en mauvaise santé. Bien sûr ça semble incroyable mais moi aussi je suis un pauvre humain pathétiquement fragile et dépendant de son environnement. En ce moment, Paris ressemblant à une fourmilière de voitures, je me vois obligé d'arriver très tôt pour ne pas subir les bouchons, et de partir aussi très tôt pour la même raison.
Dans ces conditions, je ne peux donc pas être bavard comme je le voudrais et laisse donc cette journée ornée de cette vague brève qui, pour une fois, porte bien son nom...
Je me retiens de pousser ma gueulante du jour contre les grèves dont nous sommes tous ici tributaires, je vais encore passer pour un dictateur en puissance ou pire encore un pourri qui ne pense qu'à ses petits intérêts. Toutefois... vous me faites SUER vous les grévistes !
Voilà, c'est dit !

15 novembre 2007

Messieurs les Anglais, tirez les premiers !

La galanterie et le respect de la noblesse ne sont plus aujourd’hui que vocabulaire désuet et assimilés à une forme périmée de comportement. Hélas, trois hélas l’éducation semble plus tenir de la lessiveuse à neurones que de l’accumulation de connaissances tant bien des gens me semblent totalement vidés de toute culture. En quoi est-il si mauvais de pouvoir placer un mot d’esprit ici ou là, d’autant plus quand il s’agit de rendre hommage à un grand esprit de ce monde ? Autant le dire tout de suite, c’est à mon sens le naufrage intellectuel le plus affligeant qui pouvait arriver au monde.

Le passé, être passéiste, non merci. Pas question de compter sur une classe d’intellectuels de descendance nobiliaire, en particulier dans l’idée que je me fais d’une société. Tout concorde à permettre à la population de se rapprocher aisément de la richesse de notre monde, notamment grâce à une scolarisation obligatoire et gratuite. Pourtant, les assassins de la langue et du bon esprit rôdent, et malheureusement ils ne sont pas (loin s’en faut) tous de ces ghettos qu’on appelle banlieues. Musiciens, artistes en tout genre et médias, il semble y avoir un commun accord de désacralisation de la politesse, comme s’il fallait dénaturer en premier tout ce qui constitue et renforce la vie en communauté. Je ne m’étendrai pas sur l’indigence pseudo poétique de nos chanteurs tant certains semblent avoir volé des essais à des collégiens, et encore moins sur le compte de ceux qui profitent du système économique tout en vomissant une haine illégitime dessus. Pathétique…

Alors quelle noblesse me direz-vous ! Je pense à la noblesse de cœur et d’esprit, cette espèce de chevalerie sans la pompe et l’apparat qui a su au fil des siècles se montrer digne d’une éthique générale. La femme se battant pour ses convictions, l’homme défendant courageusement la démocratie contre l’autocrate en place, tous sont des nobles dans le sens philosophique du terme. Et dire que si l’on a le malheur de dire « noble » on pense toujours aux sangs bleus, ces exploiteurs infâmes de la populace réduite en esclavage… en oubliant que bien souvent ces mêmes exploiteurs dépendaient des revenus de la terre, qu’ils assuraient une gestion économique et sécuritaire de la région, et qu’au final à la révolution bon nombre de bourgades défendirent avec acharnement le soi-disant despote. Posons nous la question : en quoi une noblesse intelligente et bien formée diffère tant que ça de nos hauts fonctionnaires de pères en fils, tous titulaires du sésame de l’ENA ? Personnellement je n’en vois que peu, car même la filiation peut alors devenir une marque de fabrique. « Tu seras fonctionnaire mon fils ».

Le courage et l’abnégation sont de nos jours tournés en ridicule, et on taxe même ceux qui en défendent les valeurs de démagogue. Pourquoi avoir craché sur le président quand il a proposé la lecture d’un texte dans les écoles ? C’était donc si scandaleusement anti culturel de rappeler aux jeunes générations le combat de leurs aïeux ? Allons bon, c’est probablement parce que notre « élite » chargée de l’enseignement est majoritairement imbibée d’idéaux bancals et datés de mai 1968, époque où Mao était un héros, Cuba un paradis sur terre et l’étoile rouge le symbole de la liberté des masses… Sic transit et tempus fugit, mes chers professeurs le communisme est un bide total d’un point de vue juridique et vos héros se sont avérés être des bourreaux. Alors pourquoi refuser de le reconnaître et de passer à autre chose ?

De vraie noblesse de cœur j’ai cité en titre un mot célèbre du comte d’Auteroche lors d’une bataille sous Louis XV. Pour la petite histoire (citation d’un site internet) :

« Selon Voltaire (Le siècle de Louis XV), lors de l'avancée de l'infanterie anglaise, les officiers anglais saluèrent leurs homologues français et le capitaine Charles Hay cria : "Messieurs des Gardes françaises, tirez !". Ce à quoi le Comte d'Auteroche, lieutenant, aurait répondu : "Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers, tirez vous-mêmes !". »

L’historien commente :
« Contrairement aux apparences, cet échange ne doit rien à la courtoisie ou à la politesse. Une règle du combat d'infanterie interdisait à une troupe de tirer la première dans un combat rapproché, afin de ne pas être désarmé ensuite devant le feu de l'ennemi, le rechargement des armes s'avérant très long. »

En toute franchise, réalité stratégique ou pas, il y avait un certain esprit lors des combats, cet art consommé de discuter le bout de gras avant de le tailler dans l’aine des soldats sous les drapeaux. Je sais, c’est la guerre, une fois de plus je passe pour un glorificateur de la grande faucheuse, mais reconnaissez que ça a plus de classe que « Hans, je vais te faire sauter le caisson ! »

Sic transit…

13 novembre 2007

Culte !

Ca pour le culte, vous repasserez par la porte de gauche qui mène au presbytère, pour le reste restez donc ici. Le sujet du jour sont ces phrases et ces instants cultes qui s’alignent autant dans la vie qu’au cinéma, et que nous tous nous retenons à jamais pour les réutiliser avec plus ou moins de bonheur. On a tous en mémoire quelques bons mots qui sont hilarants ou tristes et qui sont essentiels dans la culture générale.

L’Histoire est une mine à évènements, contentons nous de ce qui est proche. Bien sûr certains me voient arriver avec mes sabots de fer à propos de la deuxième guerre mondiale, alors qu’en fait je songe à des moments au moins aussi importants dans notre proche passé. Les plus jeunes de mes lecteurs ne seront pas forcément émus par certains, les autres se souviendront peut-être avec une certaine émotion d’images télévisées ainsi que des unes des journaux. Quelle révolution ce fut quand le mur de la honte tomba à Berlin ! Des milliers d’Allemand retrouvant « ceux d’en face » après des années de séparation par la force des baïonnettes. Ce fut l’acte majeur de la décennie car il marqua la véritable chute (à mon sens) de l’empire à l’étoile rouge et le retour à la démocratie de l’Allemagne de l’est. Triste ironie, la RDA portait en son nom ce principe (République Démocratique Allemande) sans en appliquer le moindre précepte de base. C’est pour moi, fils d’immigrés ayant fui l’étoile rouge en Yougoslavie, un moment étonnant où je pus voir l’émotion dans le regard heureux de mes proches.

La "chute" (en Anglais):


Plus proche encore je fus marqué par la fin de l’apartheid, ce régime de la honte et du racisme institutionnel. Soweto scandant le « Mandela ! » à tout rompre, la chute des systèmes ségrégationnistes et enfin la restitution au peuple d’une véritable identité commune à tous. Dans le genre moment culte de l’Histoire, je doute qu’on puisse faire plus fort que ça. Après tout, ce qui est culte c’est à mes yeux quand le peuple se retrouve, quand il se réapproprie son identité et quand il fait chuter les dictatures. La Roumanie, l’ex Yougoslavie, la Pologne, et un jour peut-être l’Irlande du Nord, nombre de peuples attendaient et malheureusement attendent encore la possibilité de vénérer un jour glorieux et non un « bloody Sunday » de triste mémoire…
Politiquement parlant, certains évènements peuvent avoir cette force de moment essentiel : la passation de pouvoir entre Gorbatchev le communiste et Eltsine l’éponge, pardon démo… non j’ai du mal, en tout cas la chute du communisme à la Soviétique, la poignée de main entre Mitterrand et Chirac en 1995, ou tout proche l’avènement d’un Sarkozy pro Américain qui, je pense, deviendra une image historique de la fin d’une certaine idée de la France et de sa protection sociale.

De grands duels politiques pour les présidentielles (extrait d'un DVD) :


Si l’on veut être plus léger, on peut aborder le cinéma avec le sourire taquin que j’arbore en ce moment même. Monsieur Audiard, vous l’auteur de tant de répliques inoubliables, permettez-moi de vous voler quelques instants de bonheur littéraire.
Ah les tontons flingueurs, cette maestria dans la mise en scène de discussions épiques sur des sujets aussi variés que la prostitution, l’alcool de contrebande ou le mariage !

La scène de la gnaule :



Le « happy birthday vu par L.Ventura.


Et puis en vrac…

Pascal
- A l'affût sous les arbres, ils auraient eu leur chance, seulement de nos jours il y a de moins en moins de techniciens pour le combat à pied, l'esprit fantassin n'existe plus ; c'est un tort.
Fernand Naudin
- Et c'est l'œuvre de qui d'après toi, des Volfoni ?
Pascal
- Ce serait assez dans leurs sales manières ; Mr Fernand ? Je serais d'avis qu'on aborde molo, des fois qu'on serait encore attendu... Mais, sans vous commander, si vous restiez un peu en retrait... Hein ?
Fernand Naudin
- Ouais, n'empêche qu'à la retraite de Russie, c'est les mecs qu'étaient à la traîne qu'ont été repassés...

Ah ! Avouez que c’est très très fort, non ? Tiens je vais me le revoir celui-là, histoire que j’aille au lit en ayant le sourire aux lèvres !

12 novembre 2007

La sortie c’est par là.

Bien souvent le départ pour le « dernier voyage » est une chose mal planifiée, imprévue même qui vous tombe dessus comme tomberait un orage au milieu d’un désert. Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, il existe pourtant des méthodes et des idées simples pour se prémunir et surtout protéger ses proches de la tristesse et de la morosité qu’engendre une disparition. Bon là, certains vont aller croire que je prépare une publicité pour une société de pompes funèbres quelconque mais il n’en est rien, ces conseils (si j’ose dire) sont plus à mettre entre les mains de ceux qui ont un certain sens de la dérision et du sens de l’humour. Hélas, ce n’est pas donné à tout le monde.

Traditionnellement on envisage la mort avec un enterrement ou une mise en cendrier, pardon une crémation, le tout enrubanné de noir et de fleurs en couronnes. La tradition veut que tous se recueillent sur un bout de marbre, qu’on aille de la petite larme triste et douloureuse, et même les plus hypocrites pousseront le vice jusqu’à plaindre les proches et élever au rang de héros le défunt. Pourtant, pourquoi se lamenter ? Observez donc la bobine satisfaite de la crapule qui vient de partir avec l’héritage offert à des œuvres inconnues et surtout avec la satisfaction personnelle d’entuber les charognards attendant de se disputer le magot, le tout dans le bureau feutré d’un notaire. Et oui : la mort peut être vicelarde car elle emporte avec humour le précautionneux, celui qui aura pris soin de vous laisser un souvenir « mémorable ».

Dans un premier temps il faut savoir sortir en beauté. Autant le dire tout de suite le costume noir est suranné, égayez la situation ! Dans le rayon des ironiques on peut trouver un vêtement associé au décès lui-même : une blouse pour un cancéreux, un bleu de travail après une chute de parpaings fatale, et franchement rigolo la nudité pour l’accident de baignoire. Evidemment, il faut alors se trouver des complices suffisamment tordus pour oser, mais disons le d’emblée, l’effet sera « choc » ! Les nostalgiques pourront eux aussi s’exprimer par le vêtement : uniforme interdit pour les uns, costume orange fluo avec col pelle à tarte, ou bien encore jean basket de l’adolescence, tout est envisageable, dans la limite de trouver la taille correspondante. Les dictateurs ont souvent demandés la mise en terre en grande tenue de maréchal auto proclamé, des illuminés ayant la foi dans le vêtement du pénitent. Fantaisies ? Non ! Choix de vie et donc revendication lors de la mort !

Après, la décision cornélienne de la mise en boîte de sapin ou de céramique dépend de chacun. Le marbre de la stèle offre le luxe d’un texte ou d’images finement ciselées, et surtout assure une pérennité à la plaisanterie du défunt. Je conseille les classiques « Quand je vous disais que j’allais pas bien ! » « Il fait super humide là-dessous » et le sublime « Quand je vois la place que je prends ici, je me demande comme j’ai pu payer le loyer d’un 100m² pour rien ». Certes, trouver un graveur suffisamment gonflé doit être problématique mais dans l’absolu c’est vous qui payez, donc c’est vous qui voyez ! Question images soyez plus prudents : il serait dommage de placer une photo d’une femme qu’on aime et de se faire enterrer sous les yeux d’une autre, le divorce ayant pris sa place entre la gravure et l’enterrement.
Les amateurs de la flamme eux seront ravis de savoir qu’il est officiellement interdit de vider le contenu d’une urne, le bocal étant une sépulture à part entière. Demandez donc à votre femme de ménage se passer l’aspirateur, vous ferez passer ça sous le coup du malencontreux accident de nettoyage. L’humour sera placé sur le testament lui-même en exigeant par exemple de faire déverser vos restes sur le rosier préféré de la belle-mère ou plus subtil de faire utiliser le bocal comme cendrier pour la famille. Je doute qu’on osera s’en servir, mais reconnaissez que trôner dans le salon pour emmerder ces sales gosses avides de fortune facile a un goût tout particulier…

Poussons le vice : ajoutez ce qui vous vient à l’esprit ! L’orchestre peut jouer ce que l’on désire, et il va sans dire que c’est ce qu’on appelle « partir en fanfare ». Evitez les classiques Te Deum et Requiem, ils sont bien trop proches de l’esprit funéraire que justement nous tentons de dépoussiérer. Après tout, un petit « A, à la queue leu-leu » ou le standard « Maréchal… »… bon pour le dernier ça peut être mal interprété, mais finalement, n’est-ce pas là le souhait final, déranger et faire rire ceux qui savaient rire avec et parfois de vous ?

J’oubliais le meilleur : quitte à faire un pied de nez à la Mort rigolarde et aux héritiers affamés, préparez donc l’entrée du notaire juste au moment des grosses larmes de crocodile pour qu’il déclare à la fermeture du tombeau :

« Vous l’avez dans l’os les vautours, j’ai tout filé à la Croix rouge ! »

Qu’on se le dise, il faut rire avec et de la Mort pour l’aborder avec sérénité. Pour ma part j’ai déjà préparé mon épitaphe :

« Je vous assure, même moi qui était coriace j’avais déjà un pied dans la tombe à ma naissance. »

09 novembre 2007

Ambiance…

L’écrit permet de transmettre énormément plus de choses que l’image, du moins c’est ce que je constate souvent en réfléchissant à la force des livres qui me passent entre les mains. Ils m’offrent une vision enrichie et surtout une stimulation intellectuelle sans pareille, notamment pour l’élévation de l’imaginaire. La magie de l’écrit est là : donner au lecteur une occasion unique de se bâtir lui-même la vision des choses sans se la voir imposée par des clichés.
Le cinéma est nécessairement friand de l’image puisqu’il est le vecteur principal de l’information que la réalisation veut faire passer, mais pourtant bien souvent l’on est déçu par un film non à cause de sa qualité générale, mais parce qu’aucune place n’est laissée à l’esprit du spectateur. Combien de fois il s’avère qu’on peut littéralement deviner la suite d’une scène parce que celle-ci en dit trop d’un coup ? Ca m’horripile d’anticiper et surtout de pouvoir à posteriori me dire « Finalement, il n’y a pas d’intrigue, on sait à l’avance qui va gagner et comment ».

Je maintiens et ce depuis toujours, et surtout par la parole de mes chroniques que l’Homme apprécie son rôle de destructeur autant qu’il se honnit à cause de cela. Les livres parlant de guerre, de haine, mais en même temps d’amour sont tout aussi nombreux que les scénarios rocambolesques ou tristes qui savent nous émouvoir autant que nous terrifier. Certains sont juste bons, d’autres sont de véritables plongées dans l’enfer humain, ce sinistre quotidien qu’on aimerait jamais connaître et qui pourtant nous fascine tous. L’Histoire est un terrain foisonnant, le terreau idéal pour mettre en scène des violences qu’on pourrait croire sorties d’esprits malades. C’est incroyable de se le dire, mais au sortir du conflit mondial (encore lui !) énormément de gens renièrent l’existence même des camps tant celle-ci sembla invraisemblable. Il fallut des témoignages, des milliers de livres, des millions et peut-être milliards de lecteurs pour persuader l’opinion publique de la véracité des faits. L’image même fut mise en doute, critiquée, instrumentalisée par les pouvoirs politiques d’alors, comme si l’horreur ne suffisait pas. Il est intéressant de savoir que de grands écrivains comme Vassili Grossman furent censurés parce que justement l’horreur était trop réelle, et qu’à contrario des films documentaires furent tournés après la libération des camps, de sorte à avoir des pièces à charge pour les futurs tribunaux internationaux. Reconstruire la réalité c’est faire mentir l’image, et l’image peut mentir… tout comme la plume. On fit taire bien des écrivains parce qu’ils étaient trop réalistes, trop honnêtes, et par conséquent candides de croire qu’ils seraient publiés en leur temps

Mon idée du jour c’est de prendre la plume et de jouer avec elle pour vous mettre dans la peau d’un observateur vivant une situation que j’espère nul d’entre nous vivra réellement. Bonne lecture et … bonne frayeur.

C’était le matin, le genre de matin qui ne chante jamais, de ceux où l’on sait que le thermomètre ne grimpera pas dans les positifs et que nul oiseau ne viendra chanter la sérénade près de soi. Piotr se tenait accroupi dans son trou, soufflant sur ses doigts gourds qu’il venait de libérer de la gangue gelée de ses moufles démesurées. La blancheur totale du paysage réverbérait un soleil blafard, un soleil sans chaleur, un soleil sans sourire. Il poussa lentement la culasse, vérifia tant bien que mal que son arme n’avait pas prise l’humidité permanente qui régnait en maître dans les trous d’homme. Au loin, juste à côté des ruines montait entre les murs et les arbres démembrés des ruisseaux de fumée bleutée, signe que les blindés faisaient chauffer les énormes moteurs. Encore une journée à les voir s’avancer et tracer des chemins temporaires dans la neige, encore une journée de hurlements, de vie et de mort. Derrière lui se redressa un copain, le frontovki Karimov dans la linguistique du parti. Un bon gars, un ancien kolkhozien appelé dès la première heure, et toujours en vie ici, dans les décombres de Stalingrad. Il en avait vu, il en avait supporté des choses que nul n’arrivait à lui faire dire, et pourtant il était hilare en permanence, comme si la Vie n’avait plus de sens depuis longtemps.
- Ils vont attaquer, lança Piotr avec calme.
- Ca c’est sûr, répondit son camarade en ôtant la poudreuse de sa vareuse élimée. Ils vont remettre ça, ils sont têtus.
- Tu l’as dit. On fait quoi ?
- Le colonel a dit « on tient », alors on tient. Tu vois autre chose à faire toi ?
- Non pas vraiment.
L’un comme l’autre ne se serait permis de remettre en doute les ordres, tant il était dangereux d’hésiter ou ne serait-ce que commenter les décisions prises en haut. Après tout ils n’étaient que des soldats, pas des Tchouïkov ou Joukov.
Derrière eux la tranchée se mit à revivre : de partout sortirent des têtes, des calots et des casques, le tout accompagnés des tubes des fusils et mitraillettes. Chacun prit une position dans la tranchée antichar, chacun mit en joue et tous murmurèrent aussi bien des prières désormais interdites que des mots de colère frustrée contre les salauds en vert-de-gris.
Au loin un ordre fut lancé, et les machines de guerre frémirent. Dans un chaos irréel la terre rendit son tribu de briques broyées et de corps déchiquetés lors des impacts des obus. Les cris fusaient mais nul ne put les entendre tant le fracas fut terrifiant. De points grisâtres les blindés grossirent à vue d’œil, les canons pointant droit sur la position. Effrayé ? Le soldat n’a pas le temps de trembler ni d’avoir peur, il n’a le temps que d’espérer que l’artillerie fera son boulot et qu’il aura une journée de plus à vivre dans ce cauchemar terrestre.
La première salve tomba trop court, éclaboussant la ligne de terre gelée de neige mêlée. On gueula et engueula intérieurement les artilleurs, ces planqués manchots ne sachant pas ajuster un putain de canon de 120, puis d’un coup le sifflement des obus se fit plus strident, plus brutal, plus proche que jamais. Un char fut instantanément terrassé, le second prit par le flanc la charge, embrasant alors son carburant. A son côté un autre passa à travers la gerbe de poussière et fonça droit sur son objectif. Qu’importait le risque, il fallait percer et faire enfin tomber la ligne Russe, cette foutue ligne impénétrable où chaque rouge tenait sa place en braillant « hourra ! » à chaque Allemand tué.
Piotr aligna son fusil, visa les fantassins cachés derrière les monstres de métal, et pressa la détente. Un de moins. Son voisin en fit autant, comme les milliers de voisins de tranchée qui l’imitèrent sans réfléchir. Ils en tombaient des dizaines à chaque rafale, autant qu’ils en périssaient dans leurs excavations instables et insalubres chez eux. Soudain, un fracas, puis un cri dément se firent entendre. Karimov agita les bras en courant droit vers lui et le heurta de son épaule, le faisant ainsi tomber à terre. Un char était passé et roulait droit sur eux. Ce fut affreusement lent, comme une éternité concentrée dans quelque secondes : au-dessus d’eux défila la carcasse, les roues et les chenilles de l’engin de mort qui s’engouffra de l’autre côté du fossé. Une fois le danger temporairement passé Piotr se redressa, pesta sur son camarade qui venait de lui sauver la vie, et jeta une grenade sur l’arrière du panzer. L’explosion ne fit qu’attiser la colère du titan d’acier qui tourna sa tourelle. L’instant d’après, Piotr se sentir soulevé, enterré dans son tombeau de ruines puis ferma les yeux.

On le secoue. Il tousse, respire à grand peine. Il voit des visages familiers mais ne comprend pas ce qu’on lui dit. Peu à peu l’ouïe lui revient, il est vivant. L’obus l’avait enterré mais pas blessé, un miraculé de plus au milieu des trente morts du petit matin. Karimov lui, n’était plus là pour lui sourire… une tombe de plus qui ne sera pas creusée aujourd’hui, le char l’ayant fait à la place des fantassins…

08 novembre 2007

Que j’aurais aimé me tromper !

J’annonçais très récemment un scénario catastrophe entrainant notamment l’invasion de l’Iran avec pour prétexte le nucléaire et le terrorisme, le tout dans des délais plus ou moins éloignés. Se faisant, il s’avère que l’actualité internationale est bien plus sombre que prévue au titre qu’Israël envisage de son côté des frappes stratégiques sur le territoire Iranien. En termes militaires on appelle cela des « frappes préventives », jeu de mot malsain camouflant mal la réalité qui est « quitte à avoir la trouille d’un voisin, autant lui faire la peau avant que cette peur devienne une réalité ».

Stupéfiante conjonction de faits qu’est la diplomatie mondiale : chacun y va de ses menaces, de ses négociations sous-marines et au final le public, en l’occurrence vous et moi, nous n’avons alors le droit que de picorer la propagande concoctée pour nous, les ahuris sans connaissances. Je m’étrangle de colère quand j’imagine l’état Israélien argumenter sur la proximité de prétendues ogives en Iran, alors qu’eux-mêmes disposent de l’arme atomique. C’est un jeu de dupes où chacun sait que l’autre est un ennemi potentiel et qu’on se doit de l’inquiéter le plus possible. Dans ces conditions, difficile d’envisager la stabilité au moyen orient, que ce soit à court ou moyen terme.

Pourquoi faut-il toujours que des donneurs de leçons viennent nous polluer de leurs conseils tout sauf avisés ? A ce qu’il me semble l’Iran a légitimement le droit de se moderniser et de ne pas être dépendant des autres pour améliorer ses conditions tant économiques que sociales. Pourquoi refuser au peuple Iranien l’électricité à bas prix et par cela le modernisme dont nous autres, pays « développés » nous jouissons depuis bientôt un demi siècle ? Aberration, gestion d’un contexte politique et économique où seule l’hégémonie tient lieu d’objectif, tout concorde à rendre les pays émergents plus dangereux et les pays riches plus arrogants. Pour moi, l’avenir tient dans les grandes lignes d’une utilisation finalement tardive mais inévitable de l’armement nucléaire, et ce non pas par des grandes puissances mais par des états s’étant armés sur le tard.

Concrètement, qui ose croire encore à une paix unifiée sans combat ? N’a-t-on pas vainement repoussé l’invasion de l’Irak en décrétant à juste titre qu’une invasion est un acte de guerre et non un acte d’assistance ? Lors de la dernière visite de notre président celui-ci a revendiqué une amitié des peuples mais une indépendance des opinions ; Dans les deux cas il s’agit bien entendu d’un mensonge éhonté auquel il est le seul à croire : nous n’aimons pas l’arrogance et la condescendance Américaine à notre égard, tout comme nous sommes impuissants pour les empêcher de prendre des décisions en solitaire. La guerre a eu lieu, l’invasion s’est déroulée sous nos yeux pleins d’une inutile fureur, et finalement le territoire est toujours sous le joug d’un occupant bien incapable de gérer le désastre qu’il a lui-même provoqué. De Gaulle se retourne probablement dans son tombeau en imaginant M. Sarkozy offrant des garanties aux USA, ainsi que concernant cette demi soumission de fait. L’homme a critiqué les actions en Irak et les désastres économiques récents, mais pour autant ça n’a été qu’une vague remontrance et en rien une opposition à la politique globale de l’administration Bush. Honnêtement, je suis partagé entre une sincère déception de ce peu d’engagement et le cynisme qui me fait dire qu’un nouveau roquet a pris la place de Blair dans le chenil du cowboy.
Le système électoral Américain permet d’éviter un système de caste où le président se ferait systématiquement réélire… Si seulement cela pouvait aussi garantir que les successeurs soient conscients des difficultés à affronter ! Il est aujourd’hui impensable de laisser l’Irak aux mains des mouvements divers et variés, et un retrait même partiel n’est pas à l’ordre du jour. C’est un peu comme si l’on se coinçait un doigt dans une porte et qu’on espérait l’ôter sans l’ouvrir. Stratégiquement j’ajouterais que de toute façon Israël servira une fois de plus de pied à terre aux Américains, qu’ils seront une espèce de fer de lance de la politique étoilée dans la région, et qu’à terme l’Irak ne sera abandonné, exsangue, à sa population qu’une fois l’Iran mis au pas.

Finalement, là où le tout devient tout particulièrement risible, c’est que ce sont les USA et l’Europe qui ont fait en sorte de déboulonner le pouvoir du Shah et permis le retour d’un fondamentaliste illuminé tel que Khomeiny. Que ceux qui en doutent aillent chercher la biographie de cet homme pour comprendre plus précisément ce qui s’est passé à cette époque. De quoi hurler de fureur !

07 novembre 2007

Un peu de musique pour ce soir

On peut parfois décider de laisser la place à la musique, voici donc le groupe "Archive" découvert par hasard lors de mes pérégrinations sur internet. Le morceau dure la bagatelle de 18 minutes... régalez vous et laissez vous porter par cette ambiance que je trouve très particulière.
Bonne audition! (pour l'achat de l'album, cliquez sur l'image ci-dessous qui vous emmènera directement sur Amazon.fr)

L'album sur AMAZON

06 novembre 2007

Soufflons un peu


Je n’entends pas par là prendre un peu de repos, et encore moins faire preuve de patience concernant bien des points de l’existence, j’envisageais plutôt la méthode éprouvée du soufflet sur les braises de la haine. Amusante analogie entre le brasier humain et celui d’un âtre entretenu par nos soins n’est-ce pas ? Dans les deux cas la chaleur monte, les étincelles fusent et au final l’incendie guette tranquillement couvé par des bûches qu’on croirait éteintes.

La situation internationale est à l’instar d’un bûcher gigantesque où chaque pays est un tronc qui attend sagement de restituer son rayonnement à ses voisins : Pakistan frôlant l’implosion politique, Moyen-Orient sous le joug d’extrémistes étoilés ou en turbans, Afrique vérolé tant par la maladie que par la corruption, nous avons de quoi faire. Qu’on n’aille pas prétendre que la situation est meilleure qu’au sortir du conflit mondial, jamais nous ne fûmes plus proches d’un désastre planétaire. D’une certaine manière, nos attitudes respectives bercées de rêves de domination mondiale, de haine raciale, et de fierté nationale font bon ménage avec le maintien de situations scandaleuses. Est-il possible et logique qu’on se prétende sauveurs alors qu’au demeurant nous sommes des fossoyeurs creusant nos propres tombes ? Pour ma part le doute m’étreint quant à l’intelligence de nos dirigeants…

L’orgueil, ce creuset inaltérable prêt à recevoir le plomb des balles tueuses, à lui seul il est une maladie vénérienne honteuse, une véritable pandémie dont serait jalouse le SIDA s’il avait la capacité de réflexion. Nous éduquons nos enfants dans la suspicion et, en étant paranoïaques nous maintenons « l’autre » dans le doute concernant nos opinions. Honte à nous, nous insufflons sans cesse colère et bêtise dans nos actes, nous soutenons la violence comme d’autres soutenaient des dictateurs en d’autres temps hélas non révolus. L’espace d’un instant nous aurions pu envisager une paix mondiale, une façon de dire halte à la guerre, et pour autant nous nous sommes tous sentis investis d’une mission pratiquement divine : nous autodétruire. Séduisant concept qu’est la faculté de décider de concert de notre extinction, c’est le pied de nez ultime à la Nature en lui hurlant dans les esgourdes « Non ! Le Pinatubo n’aura pas raison de nous, Nous nous en chargeons nous-mêmes ! »

Faites donc, pauvres fous, dispensez vos conseils avisés à la planète entière en égrenant la liste des composants nécessaires à la recette ultime : un peu de plutonium, un soupçon d’électronique, faites cuire à feu vif l’intolérance et servez bien chaud, aux alentours de deux millions de degrés Celsius. On me fait signe dans l’oreillette que certains prétendent que la bombe n’est pas en possession des états « voyous » et que seuls les pays « intelligents » la possèdent. Tiens, j’ignorais que le Pakistan et l’Inde s’adoraient, je ne savais pas plus que la Corée du Nord faisait partie de l’amicale de l’axe du bien, et pardessus tout je supposais donc à tort que confier la clé des missiles à un pantin ignare tel que (pas de nom, un procès est si vite arrivé…) était donc pure folie. C’est évidemment œuvre de rhétorique que d’aller analyser ces faits pour en tirer une analyse d’un avenir somme toute radieux (ou irradié).

Il n’est pas facile de maintenir la pression, pour preuve nous sommes devenus de joyeux lurons avec nos voisins germanophiles : entente cordiale, frontières ouvertes et même des corps d’armée en commun ! Je pense qu’on aurait pu faire hurler de terreur nos prédécesseurs en leur proposant de telles éventualités, et Maginot doit sûrement se retourner dans sa fosse, pardon dans son cercueil en voyant son ouvrage devenir un lieu de tourisme historique. Malgré tout, certaines choses subsistent et résistent fort bien à l’usure du temps. Notez bien que je ne crois pas à la perpétuité des opinions, l’Histoire est suffisamment claire pour nous rappeler que l’ennemi change de forme, de couleur de peau et de religion, mais son essence même elle subsistera toujours. Avant, le terroriste était cagoulé et faisait de la télévision, le tout filmé par des compères complaisants. Aujourd’hui, ils s’équipent de studios privés et font eux-mêmes la production de documentaires, le tout à visage découvert. Evolution des temps, les « méchants » sont aussi médiatiques et compétents en communication que ceux qui les détestent. Allez savoir si les « gentils » ne leur facturent pas des prestations, ça serait du plus bel effet sur un CV : conseiller en communication auprès des rebelles de x, technicien vidéo pour les brigades y…

Je parlais de braises : le feu est mouvant, il aime se nourrir de l’air ambiant, l’empester de sa fumée salissante et en plus se donner une couleur apaisante. Toutes les opinions haineuses lui sont analogues : une dialectique simple sur la destruction, un art consommé de réduire à néant les efforts des hommes pacifiques (non sens ?) et finalement se montrer soi-disant moraux pour séduire les masses. Entre les flammes de l’enfer, les brûlots vains et stupides des hommes et au bout du compte l’incinération systématique de notre environnement, bientôt nous pourrons rendre grâce aux cheminées Godin pour avoir su prendre le marché florissant de la cheminée à domicile. La seule chose qu’ils devront revoir c’est la taille du crématoire, du foyer (encore une fois pardon).

Il m’est difficile de dire « finalement » tant les choses évoluent à toute vitesse : le vent s’engouffre dans les saignées tracées sur le corps malade de l’Humanité, il y dévore encore et encore des quantités atroces de vies, le tout avec l’humour grinçant des lendemains au napalm qui déchantent.

Je voulais aussi aborder la question des « pas doués de Zoé », les pieds nickelés du sauvetage d’enfants au Tchad : nous ignorons à l’heure actuelle les conditions réelles d’organisation de ce désastre, mais malgré tout m’est avis qu’il faut, quand on veut être efficace, s’intéresser au Droit avant même de se préoccuper du rêve. On ne prend pas en charge des enfants sans cette présence d’esprit élémentaire, et probablement le tribunal sera clément en leur prêtant l’excuse inepte « ne se doutaient pas que ça merderait ainsi »… bien que nul n’est censé ignorer la Loi.

« Sic transit gloria mundi » (ainsi passe la gloire du Monde)