30 juin 2008

Putaing Cong !

Ah Marseille !

Si l’on m’avait raconté ce que j’ai vécu à Marseille, je me serais gaussé du conteur en le taxant vertement d’exagérer la vérité, et plus encore de caricaturer ses habitants. Ville cosmopolite s’il en est, Marseille me semblait être croquée avec passion mais avec un rien d’épice en trop qui font les bonnes comédies. Je me suis lourdement trompé sur le compte des marseillais, car oui ils sont des clichés ambulants, des Pagnol, des Raimu en puissance, avec ce goût pour la répartie et la « taille » (comprendre par là asticoter verbalement son interlocuteur) qui font d’eux non pas des spécimens comiques, mais au contraire donnent une existence unique à la cité phocéenne. Pour une fois que je ris des frasques des gens avec tendresse au lieu de râler de leur bêtise, je dois bien admettre que cela valait bien un retour en fanfare !

Imaginez donc : l’image de la terrasse ombragée en pleine vieille ville… ce n’est pas un cliché, c’est authentique ! Cette peau dorée et cet accent incroyablement chantant, c’est du vrai, du sérieux, du respectable ! Etre marseillais, c’est le sens du rythme qui se doit d’être lent quand il fait chaud, mouvant quand la nuit tombe, et insaisissable entre les deux. Comment les décrire ? Comment raconter ces petits instants jubilatoires où les phrases tombent telles des bombes à rire au milieu de la chaleur estivale ? Tenez, un exemple symptomatique. Accueilli par un couple d’amis que j’adore, nous étions tous trois assis à la dite terrasse, sirotant des boissons fraîches en attendant d’aller déjeuner. Voilà qu’un jeune arrive sur une moto d’un autre âge, le genre années 80 qui se refusent à mourir mais qui pourrissent lentement dans le fond de votre placard. La peau bronzée, la tenue légère, le voici qui répond à un ami débarquant lui dans une rutilante voiture neuve. Imaginez les se regardant à travers des lunettes de soleil, le sourire aux lèvres, et préparant la phrase qui saura désarçonner l’autre… (avec l'accent s'il vous plaît)
- Oh ! Tu l’as encore cette moto dis ? Tu devrais la faire recycler !
- Même pas en rêve ! Elle déchire tout ma mobylette !
- 'Tain ! Même le tonnerre mécanique ?
- Le tonnerre mécanique, je le fume tous les jours si je veux avec ma moto !
- Elle devrait finir au musée Grévin plutôt !
- Comme la plus belle des machines !
Et les voilà partant dans un grand éclat de rire. Les deux personnages s’en vont, nous, sirotant un autre verre, voyons revenir le motard qui met son « terrible » engin sur la béquille quand la voiture de son comparse apparaît dans la ruelle, la fenêtre ouverte à travers laquelle hurle alors l’homme à pleins poumons « Tonnerre mécanique ! »… Et oui, c’est ça Marseille : ça parle fort, ça taquine, ça « chambre », ça aime discuter et vivre au rythme du temps et non au rythme du travail.

Et ça continue tous les jours, les histoires de filles rencontrées et draguées depuis les voitures, de coups payés au comptoir à tour de rôle, de plage où déambulent les hommes en quête d’une rencontre, de réponses sèches mais drôles de ces mêmes femmes se moquant des séducteurs incompétents, et puis ces voix qui semblent toutes tirées d’un enregistrement réactualisées d’un Fanny ou bien de la fille du puisatier. Quelque soit l’heure, la ville bouge, vit et respire et va s’abandonner dans la méditerranée pour oublier les tracas du quotidien : l’emploi qui manque, les barres des cités déprimantes, le clanisme prononcé des communautés qui cohabitent sans pourtant s’apprécier.

Je croyais avoir vu des banlieues glauques, des immeubles sinistres et des coins où l’envie de vivre meurt avec l’apparition des habitations. Là-bas ? Les immeubles sont des zoos verticaux où les fenêtres ont des barreaux, où des appartements sont murés pour que personne n’y revienne, où le seul progrès tient en une maison de quartier que fréquentent, hélas, que ceux que la commune souhaiterait affronter. Les musulmans étant très présents (ne dit-on pas à raison que Marseille est la porte de l’orient ?), ces enclaves sont des terrains fertiles pour un communautarisme que renient les vieux et qui séduit les jeunes. Trouver son équilibre culturel à Marseille, c’est comme jongler entre terre de vie et cœur de naissance. Pourtant, tous semblent s’accorder sur le fait qu’il faut savoir vivre en paix pour pouvoir y progresser malgré tout. Durant les émeutes qui ont secouées la banlieue parisienne, Marseille s’est tenue tranquille non du fait d’un déploiement de force mais simplement du fait que les jeunes se sont demandées s’il y avait lieu d’en faire autant.

Comme l’a dit Aznavour :

Vers les docks où le poids et l'ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateaux

Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciels bleus
De mirages

Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nus
Sur les plages

Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre à la main

Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève

Où je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve

Quand les bars ferment, que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le port

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerai dans
La soute à charbon

Prenant la route qui mène
A mes rêves d'enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n'est important
Que de vivre

Où les filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m'a t'on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent

Je fuirais laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil...

20 juin 2008

Maussade

Tiens, ce soir pas d'article... et oui il m'arrive de me reposer la plume et de décréter un silence et donc la défection de mes lecteurs les moins fidèles.
Pour information je ne serai pas présent ici même toute la semaine à venir (oui j'ai des vacances, étonnant non?) et vous n'aurez probablement pas le loisir de voir apparaître des chroniques.
Donc... au plaisir!
JeFaisPeurALaFoule / Frédéric

19 juin 2008

Je revendique d’apprécier les choses débiles

Contrairement à la croyance populaire qui prétend que je ne suis intéressé que par les sujets sérieux voire rébarbatifs, il m’arrive comme tout le monde d’aimer les thèmes légers, drôles et même profondément stupides. Ah, la douce libération de l’esprit quand celui-ci se laisse porter par l’humour sans finesse d’un film au scénario indigent et aux scènes ridicules ! Que je suis amusé par ces personnages improbables dont l’existence même est un défi aux règles de l’évolution ! Il est de notoriété publique que le rire soigne bien des maux et qu’il sait faciliter les soins au cœur… alors passons donc à quelques produits que j’estime avoir la capacité de vous donner un rire franc et sonore, le tout bien arrosé d’une débilité sans fond !

Commençons donc par la lecture… quoi pourquoi y a-t-il déjà une partie de l’auditoire qui s’est fait la malle ? Bon, pour ceux qui restent, je conseille vivement certaines bandes dessinées comme par exemple ce cher Gaston Lagaffe. Roi du non sens, maître des technologies de l’absurde, cet homme vaut à lui seul la palme de l’imbécile heureux qu’on aimerait connaître pour rire avec lui, mais que l’on détesterait côtoyer au travail. Pour ceux qui ne connaissent pas l’olibrius, Gaston est un jeune homme dégingandé travaillant dans un bureau des éditions Dupuis et qui a pour particularité de n’apprécier que peu de choses : le sommeil et inventer des choses inutiles. Homme de toutes les situations, mais jamais de celles que l’on attend, il a en vrac créé un instrument de musique apte à détruire des bâtiments, mis au point un chariot de transport du courrier allant à des vitesses inavouables, ou bien découvert une lessive capable de dissoudre les vêtements. Ca laisse rêveur, non ?

Côté cinéma il y a de quoi faire et je n’ai aucun doute sur vos compétences pour trouver un échantillon redoutable d’humour potache et très terre à terre. Quoi qu’il en soit, certaines œuvres françaises valent largement le détour comme par exemple la trilogie des « La septième compagnie ». Voilà des personnages comme on les aime : pas très futés, pas spécifiquement méchants mais pas complètement ingénu pour autant, ils ont le don de se fourrer dans des situations où seule la chance (et une bonne dose d’idées incongrues) leur permettent de se tirer des ennuis sans une égratignure. Oui bon, d’un point de vue historique c’est d’une nullité absolue, on pourra également râler sur l’aspect stupide des dialogues, mais si ce n’est pas le plaisir de regarder un « nanar » à la française, alors quel est l’intérêt ? Notons de plus qu’il y a dedans une bonne partie des acteurs de série Z qui ont fait la gloire (hum…) des salles obscures des années 70 et 80, la bande des Charlots exceptée. Dans un autre registre on pourra penser à des films bien plus fins mais à l’humour linguistique inusable comme les Tontons flingueurs ou bien les barbouzes.
Je proscris de cette sélection les films américains comme les Scary Movies qui ne sont qu’une vague évocation de films connus et où la parodie n’a même pas le mérite de faire rire. Oubliez également les films pour adolescents qui n’ont quelque chose à offrir qu’aux gamins obèses aux USA. Ici les clichés employés ne pourront que nous mener à l’ennui et aux bâillements. C’est d’autant plus dommage que des comédies légères existent bel et bien comme les films de Jerry Lewis qui, sans pour autant être des œuvres inévitables nous distraient fort bien et s’acquittent avec brio de leur rôle, nous faire rire de plaisanteries grasses sans excès.

Question télévision là je suis déjà plus réservé. Il paraît que certaines séries ont un véritable don pour faire rire : les « H » de Canal+, les « Kamelott » semblent être de bonnes références dans le domaine, mais hélas n’étant amateur ni de l’une ni de l’autre (sans en avoir vu suffisamment toutefois pour leur trouver des défauts), je ne saurais trop vous conseiller d’en voir quelques uns et de vous faire une idée par vous-même. Qui sait, si cela se trouve je rate quelque chose de fondamental dans la culture télévisuelle ! J’avoue par contre une certaine tendresse pour le rire second degré qu’on peut distiller en regardant les séries datées, ces fameuses références de notre enfance qui aujourd’hui nous font hurler de rire aux dépends du « jeu » des acteurs (quand je dis jouer c’est par charité…) et des effets spéciaux. Prenons les standards, que dis-je les tubes du genre : l’agence tout risque avec ses méchants qui ne se font jamais tuer, Supercopter avec ses scènes de combats où le même missile frappe la même colline à longueur d’épisodes, et puis le fin du fin, le nec plus ultra, je veux parler de K2000 ! Oui ! La voiture qui parle, fait de la philosophie, avec un conducteur à la chemise ouverte et à la coupe Saint Maclou ! Le grand David chose au sourire figé par le botox et aux interventions si ridicules qu’on en vient à trouver la voiture plus humaine que le faire valoir qui la conduit. C’est ça l’humour bête : rire de quelque chose qui n’est pas prévu pour agacer les zygomatiques.

Enfin, soyons sympathiques avec tous les médias : il existe énormément de références qu’il me serait trop difficile d’énumérer : les publications en kiosque (avec et sans ironie puisqu’on peut aussi bien rire d’un fluide glacial que se moquer du sérieux d’une Marianne en pleine déconfiture éditoriale), les émissions de télévision (ah, le grand moment des jeux débiles faits pour la ménagère lobotomisée), le cinéma (avec le énième ersatz de film d’action de quatre sous) et enfin la littérature qui recèle de bouquins forts drôles. A chacun de se construire un univers fait de rires, pour ma part je me marre en regardant certaines séries japonaises… dommage que ces références soient et resteront probablement obscures ici !

18 juin 2008

Qu’ils sont pénibles !

Toujours à maugréer, à couiner pour n’importe quoi, à faire de quelques difficultés ou contrariétés des choses insurmontables. Un lacet qui casse et c’est la retraite de Russie, un bus de raté et c’est déjà l’enfer de Dante… Mais pourquoi serions-nous tenus de supporter les plaintes suggestives de larves à peine capables de se prendre en main ? Méchanceté mise à part, avons-nous l’obligation morale de laisser nos tympans subir cette agression sonore qu’est le discours geignard d’un emmerdeur indécis ?

C’est qu’il y en a partout des malheureux qui trouvent leur sort peu enviable et qui s’en font toute une couverture bariolée à exhiber aux passants ! Je pense que ce phénomène existe depuis que l’Homme a découvert qu’il avait conscience de son existence, et qu’à ce moment précis de l’évolution, il a par la même occasion compris son ridicule et sa petitesse dans le monde qui l’environne. J’imagine bien le « plus intelligent » (toute proportion gardée) dans sa grotte ou sous sa hutte se lamenter sur l’épine qui s’est fichée dans sa voûte plantaire… Là, franchement l’image prêterait à rire non ? Et pourtant nous ne rions pas de l’homme moderne qui lui se sentira frustré de ne pas avoir réussi à enfoncer sa carte bleue dans le distributeur, ou pire encore quand celui-ci rétorquera à notre malheureux de service que son compte est débiteur. Attention ! Dans ce genre de cas le seigneur des lamentations viendra vous taper de cinquante sacs en versant d’immenses torrents de larmes et de douleurs sur votre complet marine (ou votre robe neuve, c’est selon) , avec à l’appui le larmoyant témoignage de sa foi en votre indéfectible amitié. Fuyez ! Vite ! C’est un piège aussi grossier que le trou béant au milieu de la route… Quoique, il existera toujours une population prête à plonger, se faire avoir, puis remettre le couvert à la moindre occasion.

« A tout malheur quelque chose est bon », c’est le genre de slogan qui n’entre jamais entre les oreilles du couineur professionnel. Pour lui, s’il est au chômage c’est de la faute aux immigrés, s’il a des difficultés avec sa femme c’est la faute aux médias et à la pollution, et surtout s’il est con c’est parce qu’il n’a pas appris à « causer meilleur ». Pensez-vous que cet animal tenterait de se sortir de sa propre misère intellectuelle ? Sûrement pas, il est tellement plus simple de se plaindre que d’agir ! Bien entendu, on pourra me taxer de méchanceté gratuite tant certaines situations ne permettent vraiment pas de s’en sortir, mais de là à tout avaler et tout pardonner, désolé mais la pilule ne passe que difficilement. Moi qui vous parle, je tolère très aisément les larmoiements et la promiscuité avec un chialeur, une plaintive, mais si ce n’est pas tant par simple amitié teintée de charité, j’avoue que je coupe volontiers court avec celles et ceux qui espèrent faire commerce de leurs malheurs. Gentil d’accord, idiot non. A ces inactifs irritants je réponds souvent « Charité ordonnée commence par soi-même », chose qui a tendance à irriter celui qui désirait devenir un assisté au lieu d’être une personne autonome.

Et puis il y a cette population qui détruit ces clichés, ces gens qui résistent à tout, qui ne montrent que peu leurs douleurs et dilemmes intérieurs. Ils sont là, près de vous, silencieux et souriants alors qu’ils ont de quoi vous faire pâlir de honte et de souffrance. Pourquoi ne les remarque-t-on pas ? La dignité n’a plus de sens quand le ventre réclame, la fierté est facile à faire taire si la vie d’un enfant est en jeu, et de toute façon l’orgueil est plus souvent un mauvais conseiller qu’un guide raisonnable. Vous en voulez du concret dans ce genre ?

Le site coverit

Pourquoi ce site ? Flânez dessus, observez la qualité de présentation, d’idées et de concepts bien agencés. Et bien… C’est l’œuvre d’un ami, un vrai grand ami qui me fait la leçon à chaque seconde qui passe. Tétraplégie haute… cherchez donc sur le réseau les implications que cela représente et vous vous ferez une idée du travail et de la patience nécessaire pour réaliser quelque chose de ce niveau sans avoir l’usage de ses bras.

A tous les plaintifs sans raison, faites vous une idée d’une vie sans mouvement… mais une vie remplie tout de même ! Merci mon pote...

17 juin 2008

Décidément... pauvre presse!

Apparemment d’un côté on annonce une réfection et donc une réduction des budgets militaires, et voilà que de l’autre on annonce strictement le contraire… je suis curieux de savoir où se situe la vérité.

Un article du nouvel OBS sur le même "livre blanc"

Enfin bon passons.

Une des choses des plus pénibles actuellement est l’orgie de brèves sans vérification qui pullulent presque autant que les boutons sur le faciès d’un adolescent acnéique. La comparaison n’est pas innocente : cela apparaît, gonfle, enfle jusqu’à être la seule chose visible puis tout à coup cela éclate pour ensuite retourner au néant, non sans laisser quelques traces visibles pour un bon moment. C’est pénible : d’un côté on vous dit « ça sera de cette manière », puis aussitôt un démenti ou strictement l’inverse sera annoncé. Merci pour la cohérence et l’art de noyer l’information au milieu d’un fatras de torchons toujours plus empressés pour véhiculer les paroles divinatoires plus que les informations indispensables à notre compréhension. A ce rythme les journaux finiront bien par s’empresser d’imprimer les unes avant la fin d’un match en annonçant la victoi… ah pardon, c’est déjà arrivé bien avant l’apparition de l’Internet. Je ne sais pas pourquoi mais les gars des rotatives n’ont probablement pas rigolés, et encore moins les rédacteurs de ces première de couverture bien foireuses.

L’information est une chose qui se doit d’être vérifiée, expliquée de bout en bout et ce si possible de manière non partisane. Là, en prenant d’un côté l’article de la veille et celui qui est en lien dans cette chronique on peut constater deux manières très radicalement différentes de présenter la même chose. Quoi ? C’est si difficile de dire franchement que l’état veut rénover son armée et d’en annoncer le prix ? On favorise l’effet de manchette déclarant la réduction des effectifs dans l’un, réduction quasiment passée sous silence au profit du coût des réformes dans l’autre. Qu’on ne soit pas d’accord j’en conviens, qu’on soit même gavé de voir ce que cela va coûter au contribuable passe encore, mais de là à n’informer qu’à moitié franchement c’est à peine digne d’un journaleux et non d’un journaliste compétent et surtout honnête ! Oh, certains me parleront d’attitudes partisanes, d’autres déclareront sans ambiguïté que certains taisent facilement ce qui est gênant pour le gouvernement, mais jusque là j’aurais pourtant pensé que les deux publications étaient du genre sérieuses et surtout bien informées. Hélas, je m’étais fourvoyé apparemment, mais peu importe l’erreur est humaine, voilà une occasion d’apprendre qu’il y a des demies vérités partout.

Si j’exclue les organes de presse franchement de gauche (non pas communistes, de gauche j’ai dit !) comme Marianne, reconnaissez qu’il y a de quoi rire :

Article "Mon oeil" Dans Marianne

Quel foutoir, rien que le sous-titre laisse rêveur : on mélange les grèves, le pouvoir d’achat, on saupoudre de football pour finir sur Carla Bruni et sur l’épouse du sélectionneur R.Domenech. Mais merde ! C’est du journalisme ça ? Bientôt on va dire quoi pour faire vendre de l’anti Sarkozy de comptoir ? Et ça ose se dire presse intellectuelle ? C’est du pince sans rire ? Non même pas ? Alors c’est pathétique, d’autant plus qu’il s’agit là de la « vitrine » du PS et des mouvances affiliées, et franchement toute personne un tant soit peu rationnelle aurait de quoi être effrayée en lisant une pareille accumulation d’inepties mâtinées d’un racolage ostensible. Oui, ça plaira à celles et ceux intéressés par le « football people », à qui a le désespérant désir d’analyser chaque propos lâché à l’antenne au lieu de se soucier des résultats… Et puis, d’y mêler (surtout) la politique pour se dire « anti Sarko », merci mais c’est de la merde ! Quel est le rapport entre les résultats de l’équipe de France avec la politique sociale en France ??? si quelqu’un voit un lien qu’il me fasse signe parce que là, soit je suis un vrai imbécile grand teint soit ce « truc » osant s’appeler journal se fout de nous. Ecrire du papier pour avoir des pages noircies je n’en vois vraiment pas l’utilité.

Bonne lecture, allez voir, ça vaut le coup d’œil (d’ailleurs la « chose » s’appelle « Mon œil »)

PAUVRE PRESSE !

16 juin 2008

La grande muette

Actuellement tout tourne autour du pouvoir d’achat : et que les prix à la pompe sont trop élevés, et que la marque X revendique d’être la plus économique, et que le gouvernement clame à tue tête qu’il veut réduire les dépenses… Certes, savoir combien les ménages peuvent dépenser est un critère essentiel de la santé économique d’une nation, toutefois j’aimerais que les gens restent prudents concernant les économies qui sont effectivement à réaliser. Contrairement à ce que peuvent penser énormément de personnes n’ayant pour vue que leur fiche d’impôt, une nation ne fonctionne absolument pas comme le budget d’une famille et encore moins comme une entreprise. Dans les faits on pourrait alors dire (à tort) que tous les services dits administratifs seraient des improductifs puisque ne dégageant techniquement pas de chiffre d’affaires. Observer un état ce n’est donc pas analyser la santé d’une société… loin de là.

Là où ma réflexion intervient c’est sur la publication d’un « livre blanc » décrivant les coupes à faire dans les budgets de la défense avec à la clé 54.000 postes qui seraient supprimés à l’horizon 2015. Dans le détail on notera donc des réductions dans tous les corps d’armée, dans les structures dépendant des budgets militaires (DGA et SGA), sans pour autant spécifier si ces budgets seront réalloués ou dépensés sous une autre forme. Si le document précise bien des pistes intéressantes (comme par exemple des dispositifs de surveillance par satellite, le renforcement du pouvoir de l’assemblée dans les choix de maintien ou non des forces armées sur les terrains opérationnels…), il n’édicte pour autant pas une vraie politique de défense à moyen terme. Identifier ses « ennemis » c’est bien, savoir lutter contre eux c’est mieux.

Commençons par les fondamentaux. Il est évident que les troupes mobilisées en masse sans formation militaire suffisante fait partie du passé et qu’aujourd’hui le métier de faire la guerre appartient à une expertise tant technique que physique. Difficile en effet de demander à un conscrit à peine instruit d’utiliser les équipements modernes de communication ou bien d’user avec bon sens des appareils de géo localisation. De là un constat s’impose de lui-même : les nations « modernes » ont donc besoin de forces aisément projetables (c'est-à-dire facilement déplaçables à travers le monde en un temps réduit, avec le suivi logistique nécessaire), faites d’experts dans divers domaines, et surtout adaptables à tous les climats et environnements que ces forces seront amenées à rencontrer. A l’heure actuelle, en dehors des troupes de type commando, voire quelques corps plus ou moins bien préparés, il est difficile et même pour ainsi dire impossible d’envoyer au feu une bonne partie de notre armée, simplement parce qu’elle manque de préparation. Relativisons : toutes les forces armées du monde ont ce problème de professionnalisation et surtout ce besoin d’expertise qui n’est pas facile à dispenser. La menace n’étant plus à nos portes, les interventions de l’armée française seront donc faites à l’étranger, en territoire probablement hostile (civils défavorables à la présence de troupes étrangères dans l’immense majorité des cas), et avec bien des difficultés incompressibles de maintenance et d’approvisionnement. Si cet aspect me semble essentiel, c’est surtout pour se demander si réduire les troupes effectivement en poste a un sens, et surtout quelles sont les troupes qui seront impactées. Depuis la disparition du service obligatoire nombre de casernes sont inutilisées et les hommes servant à l’encadrement reclassés voire simplement mis à la retraite. Qui va-t-on alors dégraisser ? L’indispensable logistique, les administrations qui somme toute font un travail vital de renseignement et de suivi, ou bien sur les comptes de « crapahuteurs » ce qui fera de l’armée une « armée mexicaine » faite de généraux sans soldats ?

Second point non négligeable et plutôt inquiétant : l’intendance. Chaque année la France et les chefs d’états successifs se gargarisent avec les avions modernes, les hélicoptères impressionnants, les chars fabuleux et les missiles infaillibles. Soit. C’est joli, ça en jette, mais qui se rend compte que nombre de ces équipements sont inutilisables faute de pièces, ou même de budget pour s’offrir les réparations nécessaires ? Sait-on que les blindés ne tirent à obus réels qu’à de rares occasions par souci d’économie des munitions ? Nous n’avons pas une mauvaise armée, nous avons une armée à qui il arrive d’avoir des manques flagrants de budgets pour des postes vitaux… à quoi bon avoir des dizaines d’hélicoptères de combat si les deux tiers sont cloués au sol pour réparation ? En temps de paix aucune nation n’apprécie de s’offrir le luxe d’une armée prête à combattre, d’autant plus si les voisins sont pacifiques, cependant il faut alors se poser le choix cornélien qui est soit de réduire son influence internationale en réduisant son armée, soit de plomber les budgets en maintenant une armée solide en ordre de marche. On ne fait pas défiler des décors de carton pâte une fois en opération… loin de là.

Ce qui me chagrine c’est qu’à force de vouloir faire dans l’exclusivité et le « cocorico » pathétique, nous en sommes à assumer le budget d’un porte-avion comportant des tares inacceptables, des chasseurs (Rafale en tête) qu’on arrive à peine à vendre et qui coûtent autrement plus chers que ceux mis à disposition par la concurrence, ou des blindés certes incroyablement efficaces mais trop chers à déployer. Historiquement les allemands avaient parmi les meilleurs blindés du monde, mais c’est la masse qui a valu la victoire à l’URSS, et l’on ne retient rien de cette leçon élémentaire de guerre dite moderne. En tout état de cause nous préparons (d’après le livre blanc) la guerre de l’information, nous voulons des satellites espions, mais pour autant savoir sans pouvoir réagir, à quoi bon ? Je ne vois pas réellement l’intérêt de se doter d’une nasse à infos sans pouvoir d’exploitation…

Dernier point et non des moindres, le livre blanc propose que l’assemblée nationale soit partie prenante dans les décisions de prolongation ou de maintien des actions de l’armée française.

Je cite :
« Parmi les autres points forts, on retiendra qu'après la révision constitutionnelle, le Parlement sera informé des interventions à l'étranger au plus tard dans les trois jours suivant le déploiement des forces. Ce qui laisse de la marge, car le Livre blanc ne dit pas s'il s'agit du début ou de la fin du déploiement, parfois très long. Et surtout, toute prolongation au-delà de quatre mois devra faire l'objet d'une autorisation par les assemblées parlementaires. En toute logique, les opérations en cours au Liban, en Côte d'Ivoire, au Kosovo et en Afghanistan devraient donc faire l'objet d'un débat si la révision de la Constitution est adoptée. »
Là j’ai énormément de mal à cautionner. Pourquoi ? Depuis quand les politiques seront de bon sens concernant les stratégies militaires, et ce qui plus est en sachant qu’ils voudront concilier défense et économies ? On ne peut décemment pas demander à des troupes de faire des miracles, et encore moins leur dire « rentrez à la maison parce que vous coûtez trop chers ». A quand des tableaux de statistiques opérationnelles pour démontrer à l’opinion publique que « Oui ! Nous, l’état, nous pensons que ça marche parce que 100% des civils que nous protégeons sont satisfaits de nous voir tirer sur l’ennemi ». Ridicule, et surtout dangereux en cas de guerre réelle.

De fait, je ne suis pas fermement contre la réduction des budgets militaires, mais je suis pour que la réflexion soit menée dans un ensemble cohérent, pas dans un esprit de propagande permettant à chacun de se rassurer en se disant que la grande muette coûtera moins cher.

Lien vers l'article du journal le point


13 juin 2008

Marins

M’étant jeté corps et âme dans la lecture d’un roman parlant de marins bretons (Pierre Loti : pêcheurs d’Islande), j’ai trouvé dans cette œuvre une des choses qui malgré ma misanthropie me fait aimer une partie de l’humanité : le courage simple. Loin de tous les clichés usés et ressassés concernant la profession de marin, j’y ai découvert une population d’hommes et de femmes dignes, honnêtes, droites et qui plus est courageuses malgré les difficultés du quotidien. Bien que la période décrite soit aujourd’hui pour une bonne part révolue (pêche à la voile), il s’avère que nombre de ces qualités ne sont pas pour autant perdues dans le néant de l’industrialisation à marche forcée. Ecoutons le chant de la mer qui vit au gré du vent, laissons nous bercer par les cris déchirants de ces mouettes qui parlent des naufragés et des disparus.

Je ne suis pas un homme de mer. Je ne suis pas plus attiré par l’immensité bleue que je ne le suis pas la foule anarchique qui s’y jette chaque été, et encore moins par cette population de rôtis humains qui se laissent griller sur le sable ou les galets. Non, je suis attiré par la rude honnêteté de ton et de comportement que peuvent avoir les gens de la mer, ces personnes qui comme personne d’autres dépendent totalement du sort et de la volonté des éléments conjugués. Qui parmi nous connaît l’âpreté et la crainte d’être perdu par une tempête subite ? Qui sait la valeur d’un compagnon de quart qui vous saisit juste au bon moment ? Et puis qui sait la saveur de revoir les siens après une longue et périlleuse campagne de pêche ? Humains ils sont, plus humains que moi ils resteront. On les as trouvés rustres, difficiles à cerner, peu éduqués, mais pourtant ils méritent l’admiration du terrien qui n’a d’autre crainte à avoir que celle d’être saisi d’un rhume. Le pêcheur voue sa vie à se saisir de celle d’animaux cachés dans un gigantesque vivier invisible, celui des profondeurs où même la lumière du soleil arrive à peine à percer.

Aujourd’hui prendre le bateau revient souvent à monter à bord d’une immense machine métallique, un de ces engins sans âme qui n’a pour seul bruit que celui de ses machines puissantes et décidées. Est-ce qu’un cargo à l’équipage disparate a la même âme qu’un de ces bateaux en bois qui emmenait les marins au large, le tout sous la poussée d’une brise fraîche ? Je doute qu’on puisse comparer la moderne sécurité à la belle incertitude du gréement. Et pourtant, toi pêcheur breton parti pour des campagnes dans les mers froides du grand nord, toi qui t’es réfugié dans les fjords, as-tu seulement reçu médaille et félicitation pour ta volonté farouche de mener à bien ton travail ? La terre de Bretagne est constellée de chapelles grises portant plaques et gravures aux noms d’hommes disparus là-bas, loin de la bêtise des hommes, dans les bras de cette maîtresse exigeante et cruelle qu’est la mer. Rien qu’y songer me fait sentir ma pauvre lâcheté d’homme des villes, désespérément en quête de cette force de cœur que peu ont à offrir à présent.

Et toi, femme de marin, femme d’infortune et d’amour, toi qui t’es donnée à ces rudes ouvriers des mers, qui daigne se souvenir de ton prénom ? Pourquoi oublier toute la dignité de ta robe noire, celle du deuil d’un époux parti trop tôt ? Qui se rappelle encore de tes pas lourds dans le village, remontant vers les falaises, sentant le vent mauvais fouetter ta coiffe et ta taille fluette ? Le cœur saigne quand on songe à ces mères qui ont perdues tant de fils dans ces campagnes ingrates et gourmandes en vies, l’âme pleure à la mémoire de générations entières sacrifiées sur l’autel de la pêche. Et toi, grand-mère, tu pleures ton époux, tes deux fils, puis à présent tes petits-fils, tous emportés loin de tes bras et pour qui les tombes demeureront à jamais vides de corps. Chéries soient les mémoires de ces dames droites qui ont supportées tant et trop ! Comment peut-on les oublier, ces femmes sacrifiant jeunesse et beauté pour l’amour inconditionnel d’un homme partant au loin des mois durant ? Elles méritent autels et chants respectueux tant elles ont portées à bout de bras ce monde, cette terre, cette vie qui jamais ne cesse.

Et moi, je tombe amoureux de ce monde, passionné par le courage inébranlable de celui qui s’en remet à la petite vierge en porcelaine fixée dans l’unique cabine. J’envie cette camaraderie qui fait de chacun d’eux un membre d’une seule et même famille. Vous tous qui êtes des gens honnêtes, vous tous qui pensez que le courage se mesure en actes héroïques, demandez vous quel courage il fallait pour lever des lignes dans les mers glacées d’Islande, pour vivre à bord d’un navire en bois dénué de moteur, pour survivre aux caprices de ce qu’on appelle aujourd’hui la météo, et enfin pour se donner corps et âme à une seule et unique passion : la mer. Je vous envie marins, j’envie même votre façon de vivre, cette façon d’être, brut, droit, fier, sincère… Merci à vous d’avoir existé, et en espérant que vos descendants soient toujours ainsi, fiers d’être des marins.

Cliquez sur l'image pour vous retrouver sur le site Amazon.fr pour acheter ce livre.

Cliquez ici pour aller sur Amazon

12 juin 2008

La page blanche

Pour une fois je vis, enfin je subis le syndrome de la page blanche. « Quoi leur raconter ? » me dis-je en me triturant les neurones par l’intermédiaire d’un crayon frottant sommairement sa gomme contre ma tempe. Allons bon ! Le trou ! Le néant de l’écrivain (disons plutôt du râleur) qui se saisit de sa plume, l’étreint jusqu’à l’étouffer et refiler à l’auteur de ces lapalissades une abominable migraine.

Et pourtant, j’en ai des sujets faciles : la guerre, la mort, la faim dans le monde, le pétrole devenant aussi cher que du Chanel, bref, toutes les misères du monde pourraient faire l’objet de mes quolibets les plus sordides… mais là non. Rien qui ne mérite d’être vilipendé, juste l’envie de ne rien dire ! Quoique, en voyant ce que j’ai déjà mis pour vous expliquer que je ne mettrais rien sous vos yeux avides et injectés de sang j’ai de quoi m’inquiéter concernant ma santé mentale. Somme toute je vous souhaite donc à tous une bonne soirée et j’espère pouvoir trouver un terrain favorable à mes élucubrations.

Pour paraphraser deux génies du mal fort incompris :
- Qu’est-ce qu’on fait demain soir Cortex ?
- La même chose que chaque soir Minus : tenter d’écrire quelque chose sur le monde !

11 juin 2008

Santé

En voilà un domaine qui est devenu en l’espace d’une décade une véritable obsession dans les pays riches ! Plus qu’aucun autre domaine (si l’on excepte les cosmétiques et la lutte contre le vieillissement visible), la santé s’avère être un marché plus que rentable, qui plus est qui touche toutes les couches sociales. Tant par son côté inquiétant que son aspect quotidien, elle est donc indiscutablement plus importante que toute chose ; ne dit-on pas « tant qu’on a la santé... »

Après la seconde guerre mondiale, suite à la découverte du macabre traitement des déportés (génocide et expérimentation humaine), la question de santé publique a commencé à devenir un sujet sensible. Jusque là, il était difficile de dire que les états prêtaient réellement une attention soutenue aux pandémies, et ce malgré la grippe espagnole des années 20 ou bien les graves effets des maladies vénériennes. Somme toute, il semblait bien évident que c’était au tout à chacun de prendre soin de soi, quitte à laisser entendre que le pauvre n’ayant pas les moyens d’accéder aux soins était fatalement condamné à errer de dispensaire en dispensaire, de devoir prendre sur lui de financer ses traitements. La « découverte » du cancer, ses premiers traitements (radiothérapie et chimiothérapie) furent déjà une alerte sur l’obligation d’être concret pour les états, d’autant plus que la menace ne se contente pas de cibler une population à risque, mais au contraire susceptible de toucher chacun d’entre nous. De fait, l’aspect social (avec la création d’organismes gérant les remboursements, la prise en charge des médicaments/interventions chirurgicales/hospitalisations) fut mis en place afin que tous ou presque nous soyons sous une tutelle supérieure, une organisation apte à nous fournir une médecine enfin abordable.
Nous savons tous ce qu’il est advenu de ces systèmes : faillite dans certains pays (Suède en tête qui a renfloué celui-ci via des ponctions énormes sur les revenus), endettement abyssal (la France), système privatisé au maximum (USA) ou bien système réduit au minimum, invitant tacitement à s’adresser aux caisses privées (Grande Bretagne).

De là, tout un marché du médicament s’est développé à une vitesse ahurissante. En quelques années les brevets plurent et les laboratoires devinrent rapidement les détenteurs de la santé publique. Donc, de patient nous sommes devenus esclaves tacites de sociétés dont le but premier n’est pas le bienfait de l’humanité mais le profit. Bon, soyons honnêtes, toute société d’un système capitaliste doit faire acte de bénéfices, ou du moins de couvrir ses frais pour survivre, mais de là à instaurer un racket des patients... Sans cibler qui que ce soit, remarquons tout de même que nombre de laboratoires produisent les mêmes molécules, et ce même avant le passage de la dite molécule dans le domaine public (le délai actuel est de 20 ans). La poursuite du bénéfice rapide afin d’amortir les études mène donc à la publicité, au démarchage des médecins, à l’incitation à la consommation et enfin à la revente des produits aux concurrents de sorte que tout le monde y gagne. Et au bout des 20 années, le médicament devient libre de droits, les industriels produisent alors des « génériques » vendus 50% moins chers que le produit originel. En conséquence, tant le prix du médicament que son apparition dans le paysage médiatique et publicitaire deviennent inévitables.

Dans cette logique de course aux bénéfices nous sommes devenus des cibles marketings avant d’être des patients à sauver. Dans cette optique il n’est pas anormal (d’un point de vue économique s’entend) de constater des médecins acceptent des « pots de vin » des laboratoires, ceux-ci prenant la forme d’avantages en nature comme des voyages, des séminaires bidonnés ou bien des billets d’avion (la liste est longue). Comment procèdent-ils ? Merci à la sécurité sociale de leur fournir les statistiques aisément analysables : tout médecin fournit une ordonnance donnant lieu à la délivrance de médicaments. Si le médecin « favorise » une marque, alors le chiffre d’affaires sera plus important pour ce labo le concernant... Cercle vicieux, ce modèle mène donc non à un choix raisonné des traitements mais à une analyse financière de ceux-ci. Je ne dis pas que tous les médecins sont ainsi, loin de moi toute généralisation, d’autant plus qu’il existe encore une part non négligeable d’entres eux qui ont la fibre médicale, celle qui parle de serment d’Hippocrate et de respect de la personne humaine. Toutefois, songez-y lors de votre prochaine consultation : vous pourriez être surpris de voir le même et unique laboratoire sur chacune des boîtes de votre traitement.

Là où la santé devient vraiment un enjeu économique c’est aussi sur les « médicaments » (qui n’en sont pas tous) vendus en libre service ou presque, ces fameux produits sans ordonnance que le tout à chacun a en stock démesuré dans un placard : aspirine, paracétamol, crèmes diverses et variées, sans compter le petit sirop pour la toux ou la pastille qui soulage quand on a abusé de la bonne chère. Mine de rien, n’est-on pas bombardés par ces références ? C’est dingue, des termes tirés de marques deviennent des noms communs ou presque... Je vous en cite quelques uns pour la bonne bouche : VOXPAX, ASPRO, DOLIPRANE, STREPSIL, ALKA-SELTZER, ASPEGIC, DAFALGAN, HUMEX FOURNIER... la liste serait trop longue pour la décliner ici ! Aussi peu sinistre que cela puisse paraître de prime abord, nous vivons dons dans la crainte permanente de la maladie, avec la possibilité d’automédication. De produit de soin le médicament est donc devenu produit de consommation courante. Je suis terrifié rien qu’à l’idée de songer à une personne hypocondriaque et à son budget annuel.

Maintenant que les problèmes de santé deviennent mondiaux, les états sont tenus de se mobiliser. De part notre mobilité est devenue mondiale (en moins de 48 heures vous pouvez aller de l’autre côté du globe), ainsi que par la capacité d’être « porteur sain » (malade non déclaré mais contaminant ses petits congénères), on en arrive donc à des désastres sans commune mesure avec les autres pandémies. La peste fut une horreur, que dire du SIDA ? Maladie pernicieuse car ne se déclarant pas immédiatement (voire jamais pour certains), cette bombe à retardement s’est chargée d’envahir le monde et de mettre les gens dans la terreur des toxicomanes, des homosexuels (merci les clichés !) pour finalement trembler à l’idée que n’importe qui peut être porteur de la maladie (séropositif comme on dit). La fin du siècle précédent (donc le vingtième pour ceux qui sont largués question dates) fut aussi le théâtre d’une petite révolution sanitaire : prion (la vache folle pouvant nous contaminer par la nourriture), sa sœur chez le mouton (la tremblante), la grippe aviaire (H5N1 ou Influenza virus A sous-type H5N1), la nourriture est donc devenue, elle aussi, le terrain de chasse des laboratoires. Je tiens juste à rappeler une petite particularité intéressante : aucun virus n’est détruit par les médicaments ! Et oui, un virus est éliminé par l’organisme soit par le processus de vaccination (qui consiste à nous coller un peu de la souche virale dans la paillasse pour le corps réagisse et se protège contre), ou en faisant en sorte de soulager la machine en traitant les conséquences (on soigne la grippe en faisant baisser la fièvre en gros...). Poussons à l’extrême le raisonnement final : si l’état instaure des vaccinations (ou les rembourse intégralement ce qui revient au même), les laboratoires se gaveront sur le dos de qui ? De l’état, donc le nôtre, enfin celui de ceux qui cotisent ! Magnifique détournement de fonds, non ? Une étude de juillet 2006 annonce une dépense annuelle de 284 Euros par habitant ! Dites, qui dépense la part de mes parents qui ne consomment jamais rien ???

Dernier point : la France est une dévoreuse de médicaments, dont énormément de pilules du « bonheur ». Et oui : anxiolytiques, antidépresseurs, calmants, somnifères... la France se gave littéralement de produits chimiques pour moins s’angoisser du lendemain, mieux dormir malgré le stress, pouvoir rester calme au jour le jour, et finalement le tout avec la bienveillance d’un dealer envers ses toxicomanes. Non content d’avoir des influences sur le comportement, ces médicaments créent une forte dépendance au moins aussi terrible que celle à la morphine par exemple. Qu’on m’explique s’il s’agit d’une solution que de faire des gens des légumes au lieu de les faire communiquer. Bien que je ne sois pas totalement convaincu par l’empirisme des médecines de l’esprit (psychologie et psychiatrie), je leur concède des résultats probants quand le praticien est compétent et surtout conscient de l’impact de ses propos. Pourquoi le généraliste se substitue-t-il souvent à ces méthodes ? Raisonnablement je crains qu’il est plus simple d’inhiber que de soigner, et qu’à terme nous fassions de ces personnes des zombies accrocs et non pas des personnes « saines ». Le client parfait du laboratoire ? Possible...

A lire avec attention... (rapport des services de santé de notre pays)
Ventes d'antidépresseurs entre 1980 et 2001

10 juin 2008

Invasion

Lors d’une récente discussion avec un ami, nous sommes tombés d’accord sur un point essentiel du comportement général des êtres humains, et plus particulièrement sur l’usage de l’invasif (entendre par là l’acte de devenir envahissant) pour nous faire admettre autant l’inacceptable que le superflu. En se penchant sur la question, nous avons constatés que d’une part nous subissons tous l’assaut incessant tant de technologies que d’idéologie, et ce par tous les procédés possibles et imaginables. Concrètement, on pourrait même établir un classement des plus grands envahisseurs des temps modernes. Observons donc ces champions de la prise de position forcée dans la vie de chacun. Partons sur le TOP 3...

Tout d’abord, il y a évidemment les technologies de l’information. Jusqu’à il y a encore quelques années, le tout venant n’était pas tenu d’être joignable où qu’il soit, pas plus qu’il ne se devait de s’être immatriculé sur le réseau via une adresse de messagerie. A présent, je mets au défi qui que ce soit d’accéder aux annonces d’emploi récentes sans se connecter à l’incontournable toile Internet. D’aucun me répondront qu’il s’agit là d’un progrès phénoménal, qu’il offre des perspectives jamais vues, et qui plus que le Web accélère énormément les procédures de recherches. J’en conviens, mais en y réfléchissant de plus près ce « progrès » n’implique-t-il pas implicitement l’obligation de s’équiper ? Oh, je sais, le coût peut s’amortir s’il permet à terme de décrocher l’embauche si attendue, mais pour autant se mettre « à la page » ne garantit en rien l’obtention d’un poste ! De là, une question plus insidieuse sort du néant : s’équiper, oui, mais avec quels revenus ? Soyons logiques : pour pouvoir accéder à Internet il faut payer, et ceci tous les mois, tout comme il faut déjà disposer d’un ordinateur permettant la dite connexion. Une fois ce raisonnement fait on peut donc en conclure que les foyers trop modestes se voient immanquablement exclus de cette évolution de nos mœurs, et qu’ils tentent alors, en s’endettant, de suivre le mouvement. Si l’on prend le même type de raisonnement avec le téléphone portable, on constate le même problème qui devient encore plus aigu : le (futur) salarié devra répondre dans un délai le plus prompt possible à son (futur) employeur afin de se présenter au plus vite sur le lieu de travail. Quid de l’intimité ? Quid de la liberté de mouvement ? A force de vouloir rester connectés nous nous créons des barrières et des camisoles invisibles sous la forme de cartes à puces et d’écrans plats. Pour moi, il est donc évident que l’industrie de l’information est la championne du matraquage, de l’invasion de nos foyers sous la forme du « Si vous ne nous avez pas, vous êtes largués ».

La médiatisation d’un sujet au détriment d’un autre est tout aussi invasif, et ce avec des buts aussi avouables que le besoin d’alimenter la passion des fans, autant que l’inavouable plaisir à enterrer les questions gênantes. Fatalement, quand on prend les deux tiers d’un journal du soir pour y placer des résultats, commentaires et autres interviews de matchs (voir la coupe actuellement en cours), il y a de quoi se demander si le monde s’est assoupi pour la compétition ! Autant le revendiquer tout de suite : quand un championnat s’accorde l’essentiel du temps d’antenne je souffre énormément vu que je n’en suis que les résultats et ce de manière très lointaine. Tout au plus je trouve refuge sur les réseaux câblés qui eux, faute de moyens, ne retransmettent pas les matchs mais se rattrapent sous la forme de rétrospective et autres analyses fumeuses des scores et actions cruciales (d’après eux). Là où cela devient ahurissant c’est que le merchandising s’ajoute par-dessus, comme une couche supplémentaire d’une tarte déjà indigeste. Allez, regardez les rues et avenues : le temps d’une compétition elles deviennent le lieu d’un défilé revendicatif d’une identité nationale (sans limite de frontière, les origines étrangères réapparaissant alors sous la forme d’un maillot, d’un fanion ou bien d’un drapeau placé dans la voiture). Numéro deux donc, le sport dans son ensemble qui me pourrit l’existence non par sa propre essence, mais par l’invasion des médias (et accessoirement de mes temps de repos). J’oublierais presque les conversations d’experts vous déblatérant des analyses d’un niveau d’intelligence proche de celui du cloporte, mais là je diverge.

En troisième position enfin, l’écologie se pose là comme sujet et thème inévitable de ces dernières années. Bien qu’il soit indispensable de gérer notre avenir avec raison, est-il pour autant nécessaire de me faire bouffer des slogans abrutissants, des affiches aussi ridicules qu’obscures que des émissions m’accusant moi de la dernière marée noire. Désolé de vous décevoir les écolos, je suis conscient de la nécessité, mais à ce que je sache les ménages peuvent faire des efforts, mais c’est avant tout aux industries d’adapter leurs produits aux problématiques de demain. Qu’est-ce que je peux y faire, moi, si ces crétins pensent que trois fois plus d’emballage est mieux pour l’image de marque d’une pizza congelée ? En quoi suis-je responsable si la machine à café use et abuse de gobelets non recyclables ? Et puis pourquoi vient-on me dire que les produits pétroliers sont de plus en plus chers ? Les grands groupes maintiennent leurs marges, se gavent sur l’augmentation du tarif du brut (qui lui dépend non du volume mais de la spéculation faite sur celui-ci) et qu’au final, bon gré mal gré nous sommes tenus d’utiliser du pétrole. A ce titre j’objecterais également que c’est essentiellement aux industriels de se poser des questions sur leur façon de consommer : dans un pays capitaliste les gens prennent ce qu’on leur offre, et si l’offre est la même partout les gens prennent la moins chère. C’est ainsi, moins cher signifie souvent plus polluant. Tant que des normes ne seront pas instaurées je ne serai pas ouvert au matraquage du « Economisez de l’énergie » qui tacitement dit « … à place des grandes industries qu’il ne faut surtout pas emmerder ».

09 juin 2008

Pour un néant plein de billets

Pour information: je mets STEAM en sommeil quelques temps, j'ai de quoi faire par ailleurs... désolé pour mes lecteurs assidus (s'il y en a eu!)

Passons à la chronique.

Rien ne me motive réellement aujourd’hui, en tout cas certainement pas la marée d’informations déprimantes qui coule sauvagement à travers le cadre de ma télévision. Tout y est pour les bons scénarios catastrophe : morts en pagaille, crise mondiale tant dans l’alimentaire que les ressources en énergie, valse des dirigeants prompts à se tirer dans les pattes, bref rien qui ne fasse réellement écho à mon ego ou à ma passion pour la critique non constructive et prétentieuse. Si j’allais plus loin j’irais jusqu’à prétendre que le monde n’a que se faire … bon d’accord je vais trop loin, je risquerais alors d’annihiler quelques personnes que je porte dans mon cœur (espérons qu’elles se reconnaîtront). Comme quoi, à vouloir devenir Dieu on prend conscience que ce n’est pas un poste enviable.

Alors, que raconter si la politique, la guerre ou les frasques de la dernière morue, pardon vedette à la mode ne m’intéressent pas ? Et si l’on parlait de moi, enfin juste un petit peu histoire de meubler et de faire comme nombre d’artistes avec des albums fleurant le « facilement composé, aisément vendu, estampillé 100% moindre effort » ? Je ne suis pas narcissique, je n’éprouve pas le besoin de me regarder dans une glace, pas plus que je n’ai de tendresse pour mon image, encore qu’il m’arrive d’en apprécier le côté écorché me permettant de temps en temps d’agacer le tout venant se croyant hors de portée de la plèbe. C’est si difficile de se reconnaître quand on se relit, c’en est terrifiant quand on constate avec horreur les abominations que le temps s’est chargé de nous ôter de la tête. Seigneur, plus de trois cents chroniques acides, plus de trois cents fois j’ai vomi ma colère envers le tout et le n’importe quoi qui compose notre monde, et dire que là-dedans certains vont jusqu’à prétendre y trouver des perles ! Certes, c’est flatteur de recevoir des commentaires élogieux, mais pour autant l’ego, encore lui, se fourvoie en se laissant bercer de la sorte. Non, prétentieux petit être de chair biodégradable tu ne seras pas là suffisamment longtemps pour te vanter d’avoir vécu en vrac la fin du pétrole, la fin du conflit en Israël, pas plus que tu n’auras la « joie » d’être aux premières loges d’un conflit thermonucléaire… encore que ce dernier point reste à discuter. Somme toute, je suis comme tout le monde, de la viande bonne pour l’abattoir et dont les abats se corrompent volontiers au contact de la gnaule et de la nicotine.

Que trouverais-je si j’avais l’occasion de me lire le citron, ou plutôt le marc de café noir me tenant lieu d’esprit ? Sans être plus voyant qu’un aveugle, je puis affirmer avec détermination que j’y verrais quelqu’un de foncièrement amoureux de la nature humaine, amour franchement camouflé sous des tonnes et des tonnes de cynisme de bon aloi. Il est en effet de bon ton de ne pas revendiquer son amour inconditionnel pour l’Homme, ne serait-ce que pour des questions de salubrité. Comment ça je me fourvoie ? Et les saints, les martyrs, les dévoués aux causes les plus pures, n’ont-ils pas subi le joug, le fouet et le bûcher ? Oh je sais, les grandes causes humanitaires avaient la cote et ce … de Crozemarie a trouvé le moyen de tout saboter. Peccadilles, c’est une saine pétoche de l’accrochage par clous à la croix qui me poussent à ne pas évangéliser le monde à ma manière. Soit, je concède également qu’un discours nihiliste comme le mien ne serait pas trop en accord avec la politique commerciale de quelque église que ce soit, mais pour autant que je sache toutes les religions disposent d’écrits sur l’apocalypse. Laissez moi le temps d’en faire un, histoire que je passe tout de même à la postérité !

Je m’égare. Je n’ai aucune envie de devenir réellement célèbre, d’autant plus qu’il s’agit là d’un statut à assumer. Bah oui, réfléchissez donc un instant au lieu de vous gargariser avec mes élucubrations les plus sordides : être célèbre, c’est devoir tenir sa place, accepter de serrer la main à des vedettes, des parasites gravitant autour, ainsi qu’à des gens dont on a absolument pas envie de faire le moindre honneur. Bien heureusement, étant simple chantre de mes opinions et pas porte parole d’un étendard improbable je ne risque pas trop de convenir pour la récupération multipartite de rigueur ces temps derniers. Ceci dit, avoir le succès (même d’estime) vaut la peine d’un point de vue pécuniaire : et vas y que le dernier bouquin me paie ma bagnole, et que je te gratte un article histoire de casquer les charges, et hop une interview pour s’offrir un week-end ailleurs qu’à Paris… non franchement, je n’arrive vraiment pas à envisager la chose autrement que sous l’aspect d’un rentier arrogant.

Finalement, en restant anonyme ou presque, je vous épargne le triste sort de me supporter pendant le dessert sur la une, ou pire encore de devoir vous farcir mes phrases pédantes et toutes faites durant l’insupportable défilé de guignols brailleurs qu’est une émission de variétés. C’est ainsi, je ne jouerai donc pas mon Levy (Marc ! Pas Primo !), je ne serai pas dans une collection « grand public » (que l’on pourrait un peu hâtivement qualifier de décérébration massive), et je ne vous offusquerai pas le regard en m’étalant en première page des journaux torche miches comme on en publie tant.

Réflexion faite… y a-t-il un éditeur dans la salle ? Je prends les chèques, les CB….

06 juin 2008

Y parait que j’ai gagné !

En effet, j’ai ouvert ma messagerie, et voilà que me saute au visage un bandeau rutilant, couvert de paillettes virtuelles et m’annonçant fièrement que je suis celui qui a été sélectionné pour gagner en vrac : un aspirateur sans sac, une machine à laver, la somme de 10.000 dollars, des réductions sur des médicaments nécessitant une ordonnance en France et j’en passe et des pires. A vouloir croire au père noël et à être un tantinet crédule, j’allais cliquer sur le dit bandeau quand soudain mes restes de bon sens ressortirent en hurlant à la mort (mes restes, pas moi, du reste je doute que mes collègues auraient appréciés) « Grand crétin ! C’est une arnaque ! ». Bon effectivement, cela aurait été un tantinet osé de croire à la providence, d’autant plus que j’ai peine à croire au cadeau désintéressé… Excepté peut-être celui fait par dame nature de croiser l’être aimé, mais c’est une autre histoire.

Les gens sont quand même profondément crédule, et qui plus est s’en vantent à tour de bras. Regardez le succès des jeux institutionnalisés sous la forme de la Française des Jeux, du PMU ou encore des casinos : les adeptes seront toujours prêts à en glorifier l’angoisse, le gain facile ou encore l’aspect ludique de la chose. N’étant pas moi-même accroc à ce type de divertissements, j’ai par conséquent un regard extérieur autrement plus acide et décolorant que celui de l’amateur envenimé par l’appât du gain qui ne perçoit que les strass et paillettes des décorations tapageuses. Bougre de pigeon, ne vois-tu pas que la statistique, la scoumoune mathématique se joue de toi ? Pourtant ça paraît évident : trouver six bons numéros parmi 49, réussir le miracle d’avoir le nez creux, c’est quand même de l’ordre de l’improbable ! J’aime aussi le hippisme (non, pas les anciens débiles profond prônant l’amour sans protection et l’usage des stupéfiants comme hygiène de vie) qui a son lot de passionnés aussi ridicules de convaincus d’être des oracles. « Le 8, il a une grosse cote mais aujourd’hui son jockey va lui lâcher la bride et il va dépoter ». Tiens, il a des tuyaux sûrs notre gogo ? Il se renseigne par le biais de la cousine du voisin de la tante par alliance de l’ex du jockey en question ? Splendide, lyrique, mais somme toute parfaitement inutile et bien trop souvent désastreux. Et puis la poésie s’en mêle (avec jeu de mots) concernant les noms de bourrins qui sont autant d’odes au n’importe quoi… je vous passe la liste, ouvrez un canard et marrez vous un bon coup.

C’est tout le paradoxe de l’âme humaine : plus c’est inaccessible plus ça branche tout le monde. Le magot, voilà la cible visée ! Le paumé qui a les poches vides fantasme sur l’euromillion et ses gains démesurés, alors que le bosseur pas trop crétin épargnera ses gains et fera fi de tout placement hasardeux. Deux écoles de conduite, l’une fondée sur le désespoir de sa propre cause, l’autre sur l’espoir patient de réussir une petite culbute, sans impôt bien entendu. Comme l’a dit un humoriste un rien trop vulgaire « Je suis sûr que si l’on faisait un jeu avec un gain sûr mais pas trop élevé, il n’y aurait pas de joueurs ». Je ne peux que soutenir cette affirmation : le jeu, c’est avant tout l’exaltation de trembler quand vos derniers deniers se voient engourdis par la machine à sous, machine ne restituant légalement et obligatoirement que 40% des gains. Dans ces conditions, le calcul est donc simple : en admettant un tordu s’acharnant sur la même machine pendant des années, il n’aurait pour gain que 40% de la mise initiale. A vos calculettes les mordus !

Dans un monde où tout s’accélère, on a inventé les jeux de grattage. Idée de génie que ces machins là car sitôt gratté, sitôt perdu (ou gagné, mais là il s’agit de LA chance…). Tous les concepts, tous les slogans, tous les prétextes sont bons : Le dernier film à la mode, le classique et inusable morpion, le millionnaire qui n’en a que le nom et j’en passe, tout est bon pour attirer le chaland. J’admire la constance des gens à s’offrir le petit « coup de stress » de la journée, tout ça pour mener à une banqueroute systématique ou presque de l’argent investi. Bon, j’admets aussi qu’il existe une espèce de joueur qui est contre toutes les règles établies, l’ordure qui débarque et qui ne joue jamais, et qui sur un coup de tête enfourne le gain maximal en achetant son premier et unique ticket à gratter. Il a de quoi rendre jaloux et énervé n’importe quel être vivant patient… Mais c’est une espèce du genre dont on entend parler mais que personne ou presque ne croise dans sa vie. Pour ma part je n’en ai encore jamais vu, et étant agnostique par nature…

Enfin, je reviens sur le terrain de l’informatique en songeant à la multiplication des jeux payants en ligne. Le casino virtuel est devenu une réalité avec sa roulette à bille de pixels, son poker à mise fixe, ses machines à sous tout aussi abrutissantes et bariolées qu’en vrai. Franchement, entre un financement obscur et un fonctionnement plus que douteux, il y a de quoi rester plutôt dubitatif face à ces cartes jamais tenues en main. N’allez pas me dire que vous avez gagné quelque chose dessus : moi aussi j’ai un petit magot de quelques dollars virtuels traînant sur un salon de poker en ligne, offert par la maison bien entendu. Tout ça pour quoi ? Pour que je prenne un abonnement et que j’aille alimenter ma caisse que je me ferai ensuite un devoir de solder lors de parties endiablées avec des partenaires… hum de confiance (qu’ils disent). Trop pragmatique moi ? Peut-être, mais le clinquant, l’odeur du tapis vert me laissent de marbre.

05 juin 2008

L'épisode 28 est publié

Rejoignez la série "STEAM, un roman en ligne" pour l'épisode 28
Vous remarquerez également le bandeau en haut. Il suffit de cliquer dessus pour rejoindre le site STEAM!Cliquez ici pour rejoindre le site du roman

Photographie

« Ah qu’est ce qu’on était beaux à l’époque ! » se souvient le vieillard trembleur en serrant de ses mains arthritiques des photographies de son adolescence. La mémoire défaillante, la langue pâteuse après l’ingestion d’un énième médicament, il vous regarde l’œil embué par les souvenirs et surtout par l’émotion non feinte d’être un des derniers, si ce n’est le dernier à ne pas avoir rejoint la tombe. Dis moi l’ancêtre, es-tu vraiment sûr que le cliché te rende réellement justice ? Le papier glacé, dans son infinie platitude physique n’est-il pas au contraire un cruel couperet t’avertissant que tes rhumatismes et ta tumeur auront raison de toi ?

La photo est cruelle, elle ne dénature ni ne dépeint réellement ce qu’elle saisit dans la gélatine (ou l’encre vu qu’on se modernise paraît-il), au contraire elle fige un instant avec un penchant tout à fait revendiqué pour l’authenticité. Hélas pour nous, victimes de l’objectif impartial, la pellicule scelle à jamais notre bedaine naissante, notre acné juvénile honnie ou bien les premières rides de la coquette rêvant d’étirement du faciès par quelque expert du bistouri. Je l’affirme : la photographie c’est un assassin des illusions, un bourreau des souvenirs dignes des assises de l’âme ! Qui n’a pas entendu le croulant vanter son physique avenant ou son endurance à la nage ? Qu’il montre les photos… pour être à jamais dépité de ses belles paroles pourtant sincères ! Ah tiens des poignées d’amour, un menton un rien trop proéminant et puis là, ce n’est pas le début de la calvitie ? Seigneur ! Voilà que notre aïeul se voit taillé en pièces par la marmaille pour qui demain est synonyme de « très loin ! ».

N’étant pas de nature cruelle avec mes prédécesseurs (d’autant plus qu’il est trop facile de taper sur un mort et que je lui préfère la chair fraîche de l’avorton pédant qui le rejoindra bien vite sous le marbre), je leur reconnais un trait commun avec moi, c'est-à-dire une certaine aisance à embellir le souvenir avec un certain talent. Non que l’homme soit de nature prétentieuse, c’est simplement que l’esprit et la mémoire ont la fâcheuse tendance à travailler de concert pour faire de l’anodin un évènement extraordinaire ou de faire de la vague copine à peine aperçue au lycée la femme de votre vie à jamais disparue de vos registres. L’appareil photo se charge donc de remettre les choses en place, de démystifier la parole et le souvenir au profit de l’anthropométrie limite judiciaire du barbecue chez la grand-mère défunte. Alors, la photo instrument du diable ? Des tribus prétendaient que la photo leur volait l’âme et qu’il était donc nécessaire de détruire l’accessoire démoniaque, et même éventuellement laver l’affront dans le sang du touriste prétendument explorateur. Je doute que le photographe ait ri à la réflexion, d’autant plus que d’être ficelé à un tronc d’arbre n’a rien d’une situation confortable, enfin là je m’égare…

Pourtant, on peut concéder au cliché quelques qualités qui sont aussi empiriques que techniques. Quand vous ressortez les albums de famille… mais si, vous savez, ces accumulations désordonnées de photomatons, polaroïd jaunis à l’extrême, ces noir et blanc mal cadrés, donc quand vous ressortez la boîte à chaussures reconvertie dans le souvenir, n’est-ce pas un voyage dans le temps ? C’est avec une véritable tendresse qu’on voit l’oncle aujourd’hui en maison de retraite fringuant dans son costume clair assis au volant de son cabriolet attrape minettes, c’est aussi avec amour qu’on se voit bébé, puis enfant, assis sur le vélo que l’on croyait capable de passer la vitesse du son, ou encore avec plaisir de se souvenir de la fête donnée pour un anniversaire et de tenter de se souvenir des prénoms des gens perdus de vue depuis longtemps. Telle une machine à remonter le temps la photographie est aussi mémoire perpétuelle d’endroits ayant ensuite subi la guerre, les bulldozers gourmands ou bien la voiture sûrement mille fois recyclée mais vivace dans le souvenir de la famille. C’est étrange, cette affiche pour une marque presque oubliée de tous, ces vêtements savoureusement démodés, cette coupe de cheveux aujourd’hui improbable, et puis ces rues parisiennes sans voitures… Grâce à ces archives des villages renaissent de la dépopulation rurale, des villes réapparaissent avec le lustre d’antan, des usines ressortent du néant avec le cortège d’ouvriers fiers de l’outil de travail.

En poussant encore un peu plus loin, c’est finalement non la photo qui est cruelle mais l’idée qu’on se fait du passé. Douleur d’un jour, devenue ensuite brûlure légère pour enfin finir souvenir doux à notre mémoire, c’est notre cœur qui parle et non la logique cartésienne de la trichromie chimique made in Kodak. La beauté supposée, c’est la subjectivité du regard de celui qui a vieilli, qui se rend compte que chacun change à son rythme et que l’ami de toujours lui ressemble encore à son portrait d’il y a dix ans déjà. Et oui ! Nous prenons de la bouteille, parfois comme un bordeaux, parfois comme du vinaigre…

Et puis, quel touriste n’est pas armé d’un appareil photo ? N’est-ce pas une façon d’emporter avec nous, à peu de frais, un petit bout de ce pays lointain vu qu’une fois et qu’on ne reverra sûrement jamais ?

04 juin 2008

L'épisode 27 est publié

Rejoignez la série "STEAM, un roman en ligne" pour l'épisode 27
Vous remarquerez également le bandeau en haut. Il suffit de cliquer dessus pour rejoindre le site STEAM!Cliquez ici pour rejoindre le site du roman

Victimes de la publicité

Autant le dire sans détour, nous sommes toutes de sacrées victimes du matraquage audiovisuel dans tous les domaines. Bien qu’il me soit difficile de l’admettre sans grogner contre ma propre photosensibilité, j’avoue avoir la faculté aussi inutile que surprenante de pouvoir reconnaître une quantité astronomique de slogans, musiques de publicités, génériques d’émissions et même, oh suprême don de dire dans certains cas qui en est l’auteur voire même le compositeur. Malgré le sourire moqueur que je détecte déjà sur vos faciès, admettez que, vous aussi, vous êtes tous capables de telles prouesses.

Après avoir laisse méditer vos chers esprits sur la question, j’en vois encore certains qui ne sont pas d’accord avec mon affirmation… D’accord, faisons un petit test :

Il est fou _____, il est fou !
Il faudrait être folle pour dépenser plus ! _____
La perfection au masculin. _____
Nous vous devons plus que la lumière - Donner au monde l'énergie d'être meilleur _____
Elle a tout d'une grande! _____
Nous n'avons pas les mêmes valeurs _____

Laissez vous quelques instants … et notez les réponses. Sidérant non ? Vous avez donc trouvés les marques représentées par ces différents slogans, et qui plus est il vous est donc pénible de vous considérer comme des victimes de la publicité. Considérant cet aspect pénible, enfonçons nous encore plus avant dans la téléphagie : Les musiques d’émission. Je suis certain que vous êtes tous plus ou moins capables de déterminer le nom d’une de ces émissions peu qualitative et surtout au contenu décérébrant rien qu’aux premières notes de son thème… Allez, ne minaudez pas, ne tournez pas autour du pot ! J’en suis moi aussi, tous nous sommes logés à la même enseigne, et les enfants, eux aussi peuvent facilement en faire autant !

Au fait voici les réponses: Afflelou, Eram, Gilette, EDF, Renault Clo et enfin les rillettes Bordeau Chesnel.

Nous avons donc abordés le son et l’image, mais qu’en est il du nom à proprement parler ? Vous souvenez-vous du jeu de collégien nommé le « Baccalauréat » ? La règle en est simple : une lettre, un certain nombre de thèmes, et l’obligation de remplir la liste en trouvant un nom ou un mot correspondant. Par exemple prenons la lettre J et trouvons un prénom, une marque quelconque, un pays, une plante et pour finir un objet. Julie, Jaguar, Japon, jasmin, jogging. Si vous vous sentez l’âme d’un joueur, tentez donc de refaire le même principe en tentant d’accoler une marque par lettre de l’alphabet. Le plus énervant c’est que globalement nous y parvenons quasi totalement ! Pourtant, l’immense majorité de ces références nous sont inutiles puisque jamais ne serait-ce qu’approchées de près ou de loin. Certains diront que les lettres « rares » comme le Y ou le Z sont épargnées… Ah parce que Yoplait, Yves Rocher ou bien Zara c’est inconnu à vos oreilles ? Inutile de hurler de frustration, c’est commun à toute personne vivant en pays dit urbanisé, nous n’échappons donc pas à la mémorisation des marques de manière nominative.

Dernier point qui sublime le reste, les logos. Ah, l’imagination de nos commerciaux et autres experts en communication pour nous coller des symboles colorés afin que nous retenions la marque vantée à corps et à cri. Ca vous tente un petit test, là comme ça, sur le pouce ? Personnellement je vous en mets un fichier dédié, et ne me dites pas que vous êtes incapables de tous les reconnaître, ils sont dans votre quotidien, que cela nous plaise ou non. Alors… jouons !

Cliquez ici pour télécharger le test (au format Excel)

03 juin 2008

L'épisode 26 est publié

Rejoignez la série "STEAM, un roman en ligne" pour l'épisode 26
Vous remarquerez également le bandeau en haut. Il suffit de cliquer dessus pour rejoindre le site STEAM!Cliquez ici pour rejoindre le site du roman

Ironie du paternalisme à outrance.

Le paternalisme semble être, d’après la population toujours vaillante pour prétendre défendre l’héritage de 68, quelque chose de superflu et même pénible dans la société dite « moderne ». Assimilant paternalisme à dogmatisme à outrance, le quidam exige donc que l’omnipotence du symbole du « supérieur » soit abandonnée. Soit. Admettons que subir un paternalisme étouffant est intolérable, que devoir se plier aux règles dictées par l’autorité supérieure et immuable mérite d’être démantelée, mais alors chers « cons » citoyens, pourquoi exiger des gouvernements de prendre part à vos frasques et de demander son arbitrage à tout bout de champ ? Il y a un truc qui cloche, non ?

Commençons une rétrospective du paternalisme à peine voilé qui est demandé par les citoyens à nos dirigeants, ou du moins une partie de l’inventaire qui semble devoir se rallonger chaque jour au rythme des opinions aussi stupides que nuisibles aux libertés individuelles. Une petite note en passant : si vous en voyez d’autres, n’hésitez pas les commentaires sont faits pour vous offrir une tribune !
Revenons à nos moutons (non, pas les français, c’est une formule consacrée, suivez bordel !). Le grand mal du siècle est et sera à mon sens l’éducation de nos descendants. Sujet subissant sans cesse l’assaut des associations d’élèves, de parents et même des fonctionnaires du dit domaine, l’éducation nationale se voit autant vilipendée que glorifiée selon qu’on est côté instituteur ou de l’étudiant. Pourquoi diable y a-t-il une incompréhension aussi profonde entre les décideurs des ministères et ceux qui vivent au quotidien le fonctionnement de l’école ? Peut-être vivons nous là le paradoxe typique d’une administration : d’un côté un terrain mouvant et variant énormément d’un établissement à un autre, et de l’autre un modèle de gestion que l’on tente péniblement d’instaurer à l’échelle nationale. Conséquence inévitable : disparité de moyens, classes surchargées chez les uns et vides chez les autres, disparition d’écoles dans les petites communes et manque de personnel dans les grandes villes. A l’échelle locale on a donc forcément du mal à comprendre qu’un système centralisé puisse agir avec aussi peu de considérations pour les réalités du quotidien. De là, nous avons donc des professeurs qui rêvent que le paternel ministère soit plus lucide, voire même extralucide pour obtenir au moment le bon équipement, le bon budget ou la bonne rénovation indispensable. Maintenant côté parents, c’est encore pire. A force de confondre éducation et enseignement, nombre de géniteurs espèrent que l’école se chargera à leur place d’inculquer les fondamentaux de la politesse et de la vie en société à leurs gosses, comme si un maître d’école pouvait faire de chaque élève un bon citoyen. La démission parentale est pour beaucoup tant dans la délinquance que dans la perte de confiance dans les institutions de notre nation, d’autant plus qu’à force de dénigrer ce qui ne va pas sans rien proposer en échange on en vient à voir le système honni pourrir sans espoir de sauvetage.

J’en conclue donc que l’école se vérole tant parce que l’état central n’a pas de moyen direct de voir ce qui s’y passe point par point que parce que les acteurs du système éducatif sont dans l’optique de désirer une administration parfaitement clairvoyante… Anti paternalistes les gauchistes des lycées ? Tout à coup cela ressemble plus au paternalisme stalinien, non ?

Posons maintenant notre regard sur le paternalisme juridique. Je suppose que nombre d’entres vous ont eu l’occasion d’entendre parler du procès en annulation d’un divorce pour la raison que l’épouse n’était plus vierge (malgré son engagement de l’être) au moment du mariage. Amusante situation pour certains, scandaleuse prise de position pour d’autres, mais pour moi je suis dans une troisième optique. Je m’explique : pourquoi taxer l’état de s’être ingéré dans les affaires privées alors que la demande de jugement émane des justiciables ? Comprenons nous bien : devoir analyser cette situation confine au ridicule, mais hélas je dois rappeler le fonctionnement d’une justice équitable. La justice équitable se doit de répondre sans différence de traitement à toute demande des citoyens du pays. De fait, il y a obligatoirement décision en fin de procès puisque, finalement, la question n’était pas tant de savoir si c’était légitime de se plaindre de ce « mensonge » sur la virginité, mais plutôt de savoir si cela pouvait mener à une rupture administrative du mariage. Vous suivez le raisonnement ? Si le juge s’était d’entrée de jeu déclaré incompétent, qui aurait pu rompre le mariage ? Personne, cela aurait été donc une mauvaise décision. Qui plus est, si l’on partait du principe que le juge peut systématiquement décréter que le jugement n’est pas nécessaire, nous aurions donc droit à une justice sélective totalement subjective et dépendante du bon vouloir de quelques fonctionnaires. Je doute que les deux voisins se disputant un même bout de terrain seraient ravis de s’entendre dire « ça ne nous concerne pas, démerdez vous ». Dans ces conditions, le législateur n’est pas paternaliste, c’est de notre exigence de juger nos relations qu’il apparaît clairement que la nation n’est pas foutue de se prendre en main pour avancer et donc nous épargner l’engorgement imbécile des tribunaux.

Troisième terrain où, malgré le discours libertaire de bon nombre de français l’état est expressément tenu d’être paternaliste, c’est dans l’aspect social au sens large du terme. Entre l’intervention pour sauver les entreprises en difficultés et par exemple la demande d’une prime de noël par les chômeurs, il y a de quoi douter de l’envie des français d’être autonomes. Pourtant les règles sont simples (si l’on était en véritable état capitaliste s’entend) : encaissez, si vous n’y arrivez pas… bonne chance. Il y a de quoi faire : allocations diverses et parfois injustifiées, avantages sociaux indénombrables tant ils sont divers et complexes, prise en charge de toutes les situations même les plus ubuesques… Sans rire, si ce n’est pas le rôle d’un père de famille aimant et trop patient avec sa progéniture je ne sais pas ce dont il s’agit alors ! Prenons un exemple très concret que je trouve par ailleurs scandaleux : la faillite personnelle et le surendettement. Globalement l’idée est de faire disparaître les dettes prenant à la gorge les familles au point de les voir être insolvables. Soit. C’est une démarche sociale qui se comprend, mais sur un plan plus moral et logique je n’arrive pas à tolérer que l’on passe l’éponge sur des situations lamentables. En quoi est-ce à l’état de dire que l’idiot ayant pris dix crédits pour en vrac la voiture, la cuisine équipée ou la télévision plasma peut être sauvé ? Le crédit est un mal nécessaire pour certains cas, pas pour vivre dessus indéfiniment ! Avant même de curer les poches des citoyens stupides, curons les lois qui autorisent des taux d’usure innommables ainsi que l’obtention de crédits sans le moindre contrôle bancaire ! Les Sofinchose et autres organismes de crédits vivent et s’engraissent sur le désir matérialiste des gens, et là pourtant on permet donc à ces sociétés de fleurir et de prospérer en réduisant à néant des familles. Certains profitent déjà du système de la manière la plus outrancière qui soit, c'est-à-dire en faisant en sorte de s’offrir le meilleur des produits, de les faire … disparaître puis de demander l’aide de l’état. C’est du social ça ? C’est un paternalisme stupide qui n’a pas lieu d’être et j’estime même qu’à ce titre il est hors de question d’annuler les dettes de qui que ce soit. Celui qui signe doit en assumer les conséquences, CA ça serait une attitude adulte non ?

Dernier terrain et non des moindres, les gens veulent savoir tout en étant rassurés. Aussi paradoxal que cela puisse paraître la population se fait curieuse sur les « affaires », les malversations mais cela ne la choque pas plus que cela que l’on puisse faire passer des lois sans l’en informer. « Du moment que les chefs savent ce qu’ils font, tout va bien » vous dira l’idiot du village convaincu de la bonne foi de son politicien préféré. Pauvre bougre, avant de vouloir regarder au 20H un ministre faire des excuses ou se défendre sur un dossier, écoute un peu ce qui vient d’être signé dans ton dos : réduction des libertés, politique d’immigration durcie, sanctions pénales plus dures pour énormément de faits généralement admis comme étant de la petite délinquance, enfin bref, à trop lorgner sur l’argent et non sur l’indispensable, te voilà encore et encore materné à tes dépends… Et après ça râle que les politiciens ne respectent pas leurs promesses…

02 juin 2008

L'épisode 25 est publié

Rejoignez la série "STEAM, un roman en ligne" pour l'épisode 25
Vous remarquerez également le bandeau en haut. Il suffit de cliquer dessus pour rejoindre le site STEAM!Cliquez ici pour rejoindre le site du roman

Vulgarisation

c’est dingue comme un terme peut avoir énormément de significations, et pourtant toutes les contenir sans même le vouloir. Là, je songe à ce mot : vulgarisation. Evidemment, la première réaction est de penser au vulgaire, au grossier, bref à une personne rendant un bouquet de rose laid et désagréable, alors que là l’esprit est la vulgarisation scientifique, celle qui est supposée mettre à portée du quidam les choses les plus abstraites et les plus complexes de notre monde. Bien que je sois un fervent partisan de la communication et d’ouvrir la culture et les connaissances au plus grand nombre, je constate non sans un certain dépit qu’à vouloir trop en expliquer on finit par rendre les choses inextricablement incompréhensibles. Vous allez voir, dit comme ça c’est vraiment imbuvable, mais une fois mis en pratique c’est redoutable.

Commençons simple voulez-vous ? Je m’adresse aux gorilles, aux mâles passionnés par la mécanique, à tous ces trucs qui vrombissent et accessoirement dilapident votre capital points sur le permis : la bagnole. Ah ! La voiture, l’outil de représentation, le statutaire par excellence qui vous classe d’emblée comme prolétaire fauché avec la 4L ou comme patron d’entreprise avec la BMW (et éventuellement comme gitan voleur avec la Mercedes hors d’âge, les clichés ont la peau dure). Ce domaine de « connaissances » a ceci d’exceptionnel qu’il offre au tout à chacun l’occasion de briller en société à peu de frais… tout en colportant des idées reçues, des clichés ou des demies informations bien entendues mal assimilées. Mesdames, en tout cas celles n’ayant pas d’affinité avec la tôle et la peinture, ne partez pas, je pense que vous aurez l’occasion de vous moquer de votre homo sapiens de compagnon ! Ah, là vous revenez au pas de course ! Donc je disais… dans l’absolu les véhicules sont siglés de sorte à avertir votre voisin de la puissance, de la gamme et du « luxe » amoncelé sous la carrosserie. Bien entendu, ces chers messieurs ont pour grand jeu de décrypter ces codes obscurs et d’en tirer les … conclusions qui sont supposées, à tort, s’imposer. Un petit exemple ? Les diesels sont aujourd’hui les engins les plus prisés et chaque marque y va de son logo, son sigle pour désigner son fonctionnement : HDI, JTD, TDI, TDCI… Et bien sachez mesdames que tous sont des moteurs à turbo. Ca ne vous parle pas ? Je le comprends, mais maintenant cherchez la lettre « T » dans HDI et vous comprendrez que votre collègue/ami/fiancé/époux/voisin orgueilleux ne fera pas le rapprochement et se dira « Ah ah ! Pas de turbo ! »… Sic… Et oui, et là c’est un exemple flagrant et assez simple à saisir, alors imaginez le passionné s’entendant dire autant de bêtises que de demies vérités sur sa passion, tout cela parce que l’interlocuteur a pris en route une émission supposée expliquer comment c’est fait… une bagnole. Merci donc à la vulgarisation mécanique qui m’offre sans arrêt l’occasion de voir que l’esprit humain absorbe tout, mais se charge aussi d’en faire une mélasse informe et surtout surchargée de on dits parfaitement stupides.

Eloignons nous de l’automobile, certaines femmes ont déjà fuit cette page pour se réfugier dans un roman ou le repassage (oh le cliché ! Je vais encore avoir un œil violet si je continue…). Bref. La télévision, l’internet, tout est fait pour que la culture et la science deviennent des choses aussi courantes et faciles à aborder qu’un plat au micro-onde. Well… dira l’anglais dans un soupir, j’admets qu’il est indispensable de prodiguer un enseignement, mais de là à balancer des concepts trop complexes pour le commun des mortels et qui plus est espérer condenser en une heure (maximum admissible par le téléphage, au-delà il favorisera un mauvais film sur le câble) ce que des scientifiques mettent des années à ne serait-ce qu’effleurer, il y a quand même maldonne. N’étant pas un grand génie des sciences et encore moins un roi des mathématiques de haute volée, je me contenterais donc de songer avec délice aux ulcères que se font sûrement ces pointures à l’audition des conversations oniriques entre néophytes qui, sous couvert d’avoir compris le thème sortira des imbécillités à la hauteur de son incompétence… Mais oui mon gars, on peut faire de l’eau en poudre… ne t’inquiètes pas, elle existe la lime à épaissir… Bref, de quoi se payer quelques bonnes tranches de rigolade sous couvert d’une plaisanterie fort judicieusement balancée dans la mêlée. Ne nous leurrons pas : il ne faut surtout pas se contenter d’avoir lu en diagonale un article pour croire en comprendre tous les tenants et aboutissants. Etant dans l’informatique (qui n’est pas une science en soi, du moins à mon petit niveau), j’ai déjà l’occasion de pourfendre des idées reçues et des « Tiens j’ai lu que en faisant ceci on… » Halte au feu ! Merci de relire dix fois l’article, de se renseigner avant de mettre en péril les photos du petit dernier ou la collection de musique si péniblement récupérée au fil des mois !

Vulgaire, la télévision ? A force de vouloir « bien faire » on finit par défaire. Des noms célèbres sont aujourd’hui dans le commun des esprits, mais ces esprits hors du commun sont-ils compris ? J’ai comme un doute : Hawkins est visiblement un grand génie, son nom ne laisse pas indifférent… mais maintenant en y songeant citez moi sur quoi il travaille et quelles sont ses théories. J’admets d’emblée l’ignorer et être totalement inculte dans son domaine de prédilection. N’essayez pas de savoir tout sur tout, c’est impossible, mais essayez d’en savoir toujours plus, c’est déjà pas si mal !