14 mai 2014

Par rebonds

Tout d'abord merci à sebsauvage d'avoir remonté un message ... qui m'horrifie.
le shaarli de Sebsauvage
Le lien initial chez le hollandais volant
(Notez que j'ai informé les deux auteurs de ma réaction ci-dessous... je n'aime pas prendre les gens en traitre, surtout quand je leur tire dessus)

J'adore... ou plutôt c'est le contraire: j'exècre cette attitude nombriliste et égocentrique qui permet de dire "JE suis actif, les autres sont des cons qui me doivent le respect et la politesse". Dites, là, il n'y a que moi qui fais des bonds? Il n'y a que moi qui trouve le propos scandaleux? J'ose espérer que ce n'est pas le cas!

Alors, par quoi commencer?

Ah si, par cette idée que "l'actif du jour a la priorité sur l'actif d'hier". Pour commencer, l'actif d'hier est celui qui s'est permis de torcher le cul à l'actif du jour, et que ce dernier lui doit en conséquence déférence et respect. Le retraité n'a pas à s'effacer au profit du jeune, sous prétexte que "lui il bosse". Mettons un mot là-dessus: trou du cul! Oui, je le dis haut et fort, réfléchir ainsi, c'est être un trou du cul égocentrique, parce que le fameux vieux s'est cassé le dos pour nourrir le petit con du jour, lui donner une éducation... et donc lui apprendre ce qu'est la politesse. "Monsieur" l'actif, ayez à l'esprit que vous serez tôt un tard un vieux, un "passif", et qu'être traité en "inutile" par les actifs du futur vous fera sentir petit et exclu. Donc oui, merde aux cons, surtout à ceux qui se pensent plus utiles que les autres.

Autre point essentiel à mes yeux... Pourquoi se cantonner aux magasins? Dans les transports, allons-y, disons aux vieux de ne pas prendre le train ni le métro, c'est réservé à ceux qui bossent... et puis surtout, ne leur cédons en aucune manière une place assise, parce que "JE bosse, donc JE suis fatigué". Par curiosité, qui se permettrait une telle réponse à une personne âgée? Allez, j'attends de voir le résultat d'une telle remarque, juste pour le plaisir de me payer la tête de l'abruti qui se fera remettre vertement à sa place.

Le respect s'acquiert, il ne s'exige pas. Quand on pense qu'autrui devrait céder sa place de la sorte, il faut surtout pas être pris au dépourvu le jour où quelqu'un d'autre vous renvoie votre propre impolitesse en pleine face.

De toute façon, pour recentrer sur le sujet, j'estime que chacun peut faire ses courses quand il l'entend, quand il le peut, et qu'il n'y a pas "d'horaire favorable". Oui, faire la queue derrière plein d'autres clients, ça peut se révéler pénible, longuet, et l'on est "toujours plus pressé que son voisin". Ma réponse est on ne peut plus simple: et pourquoi pas instaurer un couvre-feu pour retraités? Pourquoi pas interdire les femmes enceintes dans les magasins? C'est vrai hein, ces connes nous grillent la priorité, à nous qui bossons... Et puis merde aussi, les mioches là qui viennent prendre des bonbons à la boulangerie, c'est casse toi je suis plus pressé que toi!

J'en ai lu des conneries, mais celle-là... c'est un record à battre.

Désolé SebSauvage, je vais être très clair: je respecte ta façon de penser, parce que je la trouve charitable et serviable, mais je ne la cautionnerai pas pour une seule et unique raison: la personne âgée n'a en rien à s'effacer derrière la nouvelle génération. Il y a un égal respect à avoir pour le travailleur, la mère au foyer, la personne handicapée, ou le couple de retraités qui prend son temps.

Et dernier point essentiel: Timo, quand on utilise le mot "vieux" de manière aussi péjorative... je dis Merde au con. Suis-je suffisamment explicite comme ça?

13 mai 2014

Tellement vrai

On me reproche souvent de cracher dans la soupe quand il s'agit de parler de la toile. Pour ma part, je confirme aisément le fait que je m'échine à ne jamais la prendre pour autre chose que ce qu'elle est, à savoir un vecteur de l'information, et certainement pas un outil permettant de la bonifier. Trop de gens mélangent outils et résultats, et le net n'est en rien un fût ayant pour qualité d'améliorer les propriétés des choses qu'il contient. Typiquement, le net est à mes yeux le plus impressionnant moyen de distribuer à parts égales de la merde et de l'or. Alors oui, on va me tanner la couenne en disant "mais il y a tant de belles choses dessus!"... Ah, parce que la galaxie de sites incongrus, inutiles, non informatifs, voire même malsains n'existent pas? Parce qu'il n'y a que pureté dans les eaux internationales du Web? A l'instar des mers du globe, naviguer dans celles de l'internet peut mener tant à des plages magnifiques, qu'aux quarantièmes rugissants de sinistre mémoire.

Alors, qu'est-ce qui est tellement vrai? Une citation me semble parfaitement résumer ce qu'est Internet:

Come to think to it, there are already a million monkeys on a million typewriters, and Usenet is NOTHING like Shakespeare.

[ J’y pense, il y a déjà des millions de singes sur des millions de machines à écrire, et Usenet n’a RIEN de Shakespeare. ]


Cette citation provient du "paradoxe du singe savant".
Le paradoxe du singe savant
Il en existe plusieurs versions, mais l'idée globale est qu'en faisant écrire indéfiniment une infinité de singes sur des machines à écrire, tôt ou tard l'un d'eux finira par taper un Shakspeare... Or, comme la quantité de singes (nous, en l'occurrence) est finie, cela sous-tend qu'on n'obtiendra théoriquement jamais ce résultat. Si l'on extrapole: ce n'est parce qu'on est des milliards à utiliser la toile, que pour autant cela fera de l'un de nous un génie, loin s'en faut. Une autre interprétation serait tout aussi valable: ce n'est pas parce qu'on augmente la quantité d'informations, que pour autant sa qualité s'améliorera.

A mes yeux, le contenu du net est à regarder au cas par cas, et non avec un recul qui n'a aucun sens. Quel recul d'ailleurs? Ce même recul incite l'immense majorité des gens (moi y compris) à utiliser les produits les plus centrés, les plus contrôlés, donc de fait les plus propices à attirer le tout-venant, ainsi qu'à subir très facilement une censure et un contrôle étatique. En l'espèce, quand on se croit pourvu d'un "cerveau", c'est à mes yeux particulièrement prétentieux. La seule et unique Vérité, est que chacun détient la sienne, qu'elle convienne ou non aux autres. De plus, avoir le savoir technologique ne rend pas nécessairement plus intelligent, pas plus que compétent qu'un autre sur énormément de sujets. En revanche, cela semble rendre particulièrement arrogant sur ses propres capacités, et naïf sur le fonctionnement réel du monde qui nous entoure.

Comme n'importe quelle bibliothèque, comme n'importe quel kiosque dans la rue, la toile fournit une énorme quantité d'informations. Au surplus, la toile rend le tout interactif, donc nécessairement plus attractif et plus digeste que des textes bruts. Pourtant, est-ce que la belle présentation rend forcément les choses meilleures? J'ignorais que l'emballage primait sur le contenu... Cela me fait songer au syndrome de la boite de conserves: lorsqu'on colle une étiquette explicite sur une bête boite en aluminium, on en identifie immédiatement le contenu, et l'on va même aller jusqu'à "croire" ce que ladite étiquette revendique. Par exemple, un produit estampillé "BIO" aura les faveurs de certaines personnes, tandis que la conserve juste à côté, sans rien de mentionné en ce sens, sera rejetée... Faute d'attrait. Pourtant, rien ne prouvera au consommateur que les haricots contenus dedans ne sont pas issus de la même ligne de production, les premiers étant vendus juste plus chers pour des questions de marketing. Sur la toile, il en va de même: plus un site est visé comme étant "intéressant" par une communauté, plus il y a de chances que les opinions présentées dessus seront colportées, et ceci que ces idées soient acceptables ou non. L'analogie est d'autant plus proche de la réalité que nombre de sites "en vue" se font les échos de marques, parce que celles-ci s'avèrent plus que généreuses... Mais ceci sans que le lecteur final non averti soit réellement au courant de ce mode de financement pour le moins trouble.

Le net n'a pas d'intelligence au sens humain du terme. Il n'a pas pour but d'instruire, comme je le lis déjà bien trop souvent. L'instruction est une transmission de savoir, mais avec un encadrement adéquat. On ne donne pas, que je sache, une encyclopédie aux gamins en leur disant "démerde toi". Non: on a un encadrement scolaire, avec une pédagogie, et le net est très loin d'avoir une quelconque capacité en ce sens. On a reproché à nos parents d'avoir demandé à la télévision de nous éduquer... Nos gosses ne vont-ils pas nous faire le même reproche, et ce de manière parfaitement légitime? Une technologie, si interactive qu'elle soit, n'a pas la moindre conscience, ni la moindre réflexion. La toile répond, elle donne ce qu'on lui demande et pas plus. Si on lui demande n'importe quoi, si l'on prend les résultats d'une recherche quelconque, il y aura systématiquement, tôt ou tard, des avis contradictoires, voire même une volonté manifeste de déformer ce qu'on pourrait estimer comme étant "vrai".
Les exemples sont plus que nombreux, dont certains particulièrement cocasses: la notion de "google bomb" a été, pendant un moment, une des plus belle démonstration de cet état de fait. Comment? L'idée de base est la suivante: comme Google référence les contenus par leur pertinence, distribuez aussi largement que possible une fausse information, et celle-ci finira immanquablement en tête de liste, donc forcément parmi les liens les plus lus. En conséquence? Lisez donc la description Wikipedia pour bien saisir l'effet obtenu...
Qu'est-ce qu'un bombardement Google

Il n'y a guère besoin d'être un devin pour saisir ce que la toile nous réserve, au titre que celle-ci me semble se comporter comme l'économie réelle des USA, à savoir des phases distinctes, claires, et qui, dans le fond, ne seront jamais profitables pour les clients finaux, c'est-à-dire chacun de nous. Prenons un exemple très élémentaire, à savoir celui de l'économie du pétrole.
- Quand les premiers puits furent exploités, le prix du pétrole était si bas, faute d'usage, que celui-ci coûtait moins que l'eau... Donc, nécessairement, ce produit était considéré comme "bas de gamme". Là, c'est la première étape de la toile, à savoir une économie en devenir, avec plein de petits acteurs sans véritable influence.
- Tout à coup, on se rend compte (les gros industriels) que le produit peut avoir des usages divers et variés... Alors, on rachète tout ce qui bouge, on investit, et on se déclare une guerre sans merci pour obtenir le leadership. La Standard Oil a pratiqué le chantage, les menaces, voire même des méthodes comme provoquer des grèves meurtrières pour faire mourir les concurrents. Conséquence? Concentration des entreprises, regroupement de gré ou de force, pour amener à des monopoles. Côté Web et technologies? Microsoft avec ses rachats massifs, Google avec sa progression dans le domaine du moteur de recherche, Facebook avec son poids financier colossal et ses rachats délirants...
- Troisième étape: les trusts finissent par devenir trop envahissants, pesants, à tel point que les états finissent par s'en plaindre. Le premier procès retentissant contre les trusts a fait exploser la Standard Oil afin de réduire "à néant" ce pouvoir colossal. Le pouvoir de Rockfeller (fondateur de la société) était tel qu'il avait (dit-on) refusé de se présenter aux élections présidentielles aux USA "parce que j'ai plus de pouvoir en dirigeant la compagnie, qu'en étant le président". Démantèlement?
La Standard Oil sur Wikipedia
Regardez la liste des sociétés concernées par l'éclatement, et dites vous bien qu'elles travaillent toujours "en bon entente"... Cette étape est en cours côté réseau et informatique: Microsoft a frôlé le démantèlement de par sa situation de quasi monopole, l'entreprise a pris des amendes à ce propos (on parle en centaines de millions d'Euros, excusez du peu), et Google est actuellement dans la ligne de mire de nombreux pays. A mon sens, cette régulation sera purement orientée états (et non clients), au titre que les pays refusent que des sociétés privées puissent leur dicter leur loi.

Que va-t-il se passer à terme? Ce qu'il se passe aujourd'hui: les grandes entreprises sont encore et toujours de vastes lobbies, dont les méthodes pèsent suffisamment sur les législateurs, de sorte à freiner les plus petits... Et donc bâillonner les éventuels nouveaux concurrents, ou juste faire en sorte de les voir mourir à petit feu. Les "miracles" économiques n'existent pas: Google a su gérer son afflux massif de capitaux, Facebook est en pleine course à l'échalote pour ne pas risquer sa propre existence, l'entrée en bourse de Twitter est un bide absolu, et Yahoo est dans le fond du tour financier. Tout ça pour quoi? Parce que les gros opérateurs se tirent dessus, parce que les petits ne pèsent rien, et que les utilisateurs, vous, moi, vont vers les services les plus fournis, et non ceux susceptibles de les rendre moins dépendants. Qui, parmi vous, a son propre serveur de messagerie? Qui, parmi mes lecteurs, dispose d'un serveur visible H24, le tout hébergé par ses propres soins, et non chez un opérateur quelconque? Redescendons sur terre, et soyons lucides: la toile n'est pas intelligente, son usage très majoritairement dicté non pas par "la liberté", mais clairement par les usages qui conviennent à ceux qui brassent le plus de données.... Donc ces mêmes trusts tant décriés.

Nombre de débats "philosophiques" tournant sur le fonctionnement et le devenir de la toile me font plus que sourire. Il suffit d'observer les différentes méthodes et autres usages qui sont en place pour comprendre qu'il y a de quoi rire, surtout dans les directions des grands trusts du réseau. "Salauds de Google"... Avec dans les commentaires la capacité de cliquer un "+1"; "Pourriture d'annonceurs de publicité", avec dans le même temps un bouton pour "quémander" une assistance pécuniaire; "Facebook vous traque", avec un bouton "like" juste à côté... on n'est plus à un paradoxe près là, non? Les géants du réseau détiennent déjà tout ce qu'il faut pour nous fliquer et nous surveiller, et les états savent très bien s'adresser à eux pour obtenir des informations par devers nous. Qui plus est, nous les aidons de bonne grâce, ceci parce que le service est gratuit. Toutes les tentatives de rendre les mêmes services payants se sont lamentablement effondrés. Le plus flagrant fut les vaines tentatives de créer des services d'annuaires payants pour concurrencer les pages blanches/jaunes. Aujourd'hui, un seul subsiste, parce qu'il a su se rendre sympathique, et que son numéro s'est ancré dans les têtes à travers la publicité. Qui a parlé de mouton déjà...
Abolir les géants, c'est rêver d'une concurrence concrète... Or, celle-ci s'adosse bien souvent à ces mêmes géants (cf les "moteurs de recherche" qui font leur boulot en envoyant des requêtes sur Google et bing), et même si les intentions sont louables, il m'apparaît aujourd'hui comme difficilement concevable de sortir de ces prisons numériques que nous tous, consommateurs plus ou moins avertis, nous nous sommes empressés de bâtir. Il n'y a pas à chercher bien loin pour s'en convaincre: taux de pénétration des systèmes "libres"? Au niveau des particuliers, en dehors de quelques acharnés, je dirais... néant. Usage du libre dans la téléphonie mobile et les tablettes? Tout simplement un néant absolu puisque Androïd n'est pas "libre" au sens strict et pur du terme, même s'il est autrement plus ouvert que les autres systèmes existants. Et ajoutez à cet aspect que TOUT est centralisé dans Androïd... Alors qu'on critiquait Apple avec son Store à ses débuts. Qui avait raison? La firme à la pomme: enchaînez vos clients, ils vous suivront sans broncher. Nous sommes tous enchaînés, plus ou moins efficacement, à ces services centralisés, et quoi qu'on en dise, cela n'est pas fait pour s'améliorer.

Comment sortir de ce modèle? Ce n'est pas en fantasmant sur des solutions totalement décentralisées, supposées neutres, que cela va se faire. En effet, même si nombre de belles idées sont présentes, reste encore à les adopter et surtout à les faire adopter aux plus nombreux, à savoir les "non informés". J'entends souvent un discours qui, sur le fond, est plutôt "gentil": "Les prochaines générations seront plus compétentes et averties, elles feront en sorte de tuer les monopoles, et de faire progresser le monde du virtuel". Un seul mot en réponse: connerie. Mais alors LA connerie absolue, la monstrueuse, gigantesque connerie! Ce n'est pas parce qu'on connaît mieux l'outil, que pour autant les gens en feront forcément un meilleur usage. La télévision s'est incrustée dans les foyers depuis 50 ans environ (je parle de consommation de masse en France...). Les gens peuvent zapper, changer de chaîne, choisir parmi des centaines, que dis-je des milliers de programmes... Qui récolte encore la large majorité des audiences? De la télé de fond de poubelle... Ce qui fait de l'audimat n'est certainement pas ce qui va vous instruire. Et s'il en va ainsi sur le petit écran, il en va de même sur la toile. Soyez lucides et prenez conscience d'une chose: voici le top 10 des sites les plus visités en France.
1.Google
2.Facebook
3.YouTube
4.Amazon.fr
5.Google.com
6.leboncoin.fr
7.Orange
8.Windows Live
9.delta-search.com * Celui-là... c'est à cause de l'immense contamination des navigateurs par des virus pendant de nombreux mois... et qui apparaissent encore régulièrement chez les utilisateurs les moins avertis
10.Yahoo!
Et on va me parler de faire mourir les géants, de se passer d'eux? Ah bon? Et comment le numéro 9, qui est issu d'une pollution par un virus, est aussi présent? Parce que les gens ne savent pas utiliser, ni même veulent savoir bricoler leurs machines! Ils veulent s'en servir, point final! Ce sont des consommateurs, et je ne vois absolument pas comment les en dissuader... puisque je leur donne raison!

L'avenir? Il me semble que c'est un problème d'éducation, et non pas de rêveries absurdes. Evangéliser ne sert à rien, il s'agit à mon sens de former les prochaines générations afin que celles-ci soient simplement plus prudentes avec leurs données, qu'elles réfléchissent avant d'agir... Or, il s'agit là d'un acte déjà présent, puisqu'il s'agit d'éduquer nos gosses. Ne fait-on pas cela depuis des siècles, en essayant de leur inculquer de ne pas lire n'importe quel bouquin, d'avoir l'esprit critique? Si? Alors pourquoi le livre d'hier serait plus con que le site internet d'aujourd'hui? Par quelle magie la toile serait-elle meilleure que les classiques d'antan? Je conclue cette diatribe par ces mots:
Même si nous ne sommes des singes tapant à la machine, cela ne nous empêche pas d'apprendre à mieux s'en servir. Cela ne fera pas de nous des Shakespeare, pas plus que la machine aura de capacité à le devenir. Par contre, nous pourrons revendiquer d'avoir voulu transmettre ce que nous pensons, et c'est déjà pas si mal

06 mai 2014

A méditer

Si vrai...

Oldelaf.com

Sous le feu

Il y a eu comme une sorte d'éclair, un long flash si intense que certains en sont devenus aveugles.

Je suis sourd, je n'entends plus rien. Je sens que quelque-chose coule de mes oreilles. Seuls mes yeux continuent à percevoir mon environnement. Je pose mes doigts sur les lobes, et j'en tire un liquide rouge. Je crois que mes tympans sont crevés. Je ne distingue plus rien, et j'ai du mal à rester debout. J'ai perdu le sens de l'équilibre.

Maintenant, je peux voir ce que les autres ont perçu. Il y a, au loin, une sorte de colonne de poussière qui s'élève majestueusement au-dessus de la ville. Le tube est gris, gigantesque, et se propulse vers le ciel. En son sein une sorte de lueur dorée perle et se condense en une sphère immense, splendide, dont le coeur serait en train de palpiter d'une lueur improbable. Autour d'elle, ce sont des anneaux de nuages qui se forment et s'écartent de la base de ce gigantesque tunnel vaporeux. C'est incroyable, superbe, et mes yeux sont hypnotisés par ce spectacle dantesque.

Le monstre de vapeur et de poussière s'est élevé au-delà des nuages, il a repoussé le ciel et les éléments pour dessiner, tout en haut, un panache de nuages qui retombent si lentement que tout me semble être au ralenti. C'est grandiose et terrifiant, cela me dépasse, je suis si petit, si ridicule... Tout autour de moi, les gens courent, se ruent à travers la ville, comme s'ils cherchaient un refuge. Je les observe, et je souris, car c'est une action complètement vaine... Il est déjà bien trop tard pour fuir, il n'y a ni échappatoire ni le moindre espoir. Je le sais, je le sens au fond de moi, il me reste simplement à attendre le dénouement. Je suis assis à présent, bien au milieu de l'avenue, et mes yeux fixent l'horizon où s'est dessiné ce champignon fatal. Je ne les entends pas hurler, ils doivent crier comme des damnés dont le sort est scellé... je remercie l'onde de choc de m'avoir rendu sourd à tout jamais, je ne m'entendrai pas crier le moment venu.

Certains se sont mis en position foetale, d'autres se sont jetés sous les voitures ou se cachent derrière des murs. Est-ce utile ou futile? Je n'en sais rien, je suis même convaincu que chacun a le droit d'envisager sa fin comme il l'entend. Moi? J'attends. La première onde est arrivée si vite que les vitres ont volé en éclats, que des corps ont été projetés en l'air, tuant certains sur le coup, en blessant des tas d'autres. Maintenant, il ne me reste plus qu'à attendre le second choc, plus violent, létal, qui ne va pas tarder. C'est une affaire d'instants, de secondes, voire moins... mais tout est si lent, si terriblement lent, que j'ai l'impression de pouvoir lire chaque moment de l'existence, comme si tout était distendu, étiré à l'extrême par la vitesse et la brutalité de l'évènement. Patience, cela ne va plus tarder.

Pourquoi? Pourquoi est-ce ainsi que va se finir ce jour? Pourquoi fallait-il que j'assiste à ce spectacle aussi fascinant qu'atroce? Pourquoi la folie s'est emparée de ce monde? Sûrement parce que nous sommes ainsi, prêts à tout, à la pire des extrémités, pour des idéaux temporaires, parce que celui en face ne pense pas "comme nous". Ils ont lancé l'attaque, et les nôtres sont sûrement en train d'en faire autant. L'holocauste a bien lieu, là, maintenant, sous mes yeux écarquillés.

Il vient, il arrive, vif, brûlant et incinérant tout sur son passage. Les vitres restantes éclatent, les façades s'effritent, les arbres sont déracinés, les voitures, les bus, tout s'envole, tout est déchiré et pulvérisé. Sur l'avenue, je vois distinctement les corps se vaporiser au contact de ce souffle démoniaque, comme si le Cerbère grognait sur la Vie de son haleine de Mort. Ils ont le visage qui disparaît, je les vois se contorsionner puis s'évanouir. La douleur est-elle si vive, ou bien n'ont-ils pas le temps de souffrir? Je vais le savoir très bientôt.

Je prends une longue inspiration, comme pour me donner du courage. Un abribus vole en éclats, ses débris lacèrent et tuent ceux qui étaient dessous. Juste à côté, une animalerie s'est embrasée au contact de l'aire surchauffé. Cela a, je l'espère, tué instantanément les gens réfugiés à l'intérieur. Quelle idée stupide... Pourquoi repousser l'inéluctable, sachant que les bâtiments vont tomber en poussière, que la chaleur les fera littéralement cuire à l'intérieur de toutes les structures? Des miraculés survivront peut-être dans les caves plus profondes... et encore, je n'en suis même pas sûr. Alors autant assumer l'horreur, accepter ce sort, et regarder, bien en face, la vague de feu supersonique qui va me frapper de plein fouet.

Ca y est, je sens sa caresse sur ma peau. Je deviens lambeau, et la haute température a instantanément neutralisée mes terminaisons nerveuses. Je ne sens rien ou presque, si ce n'est la gêne de ne plus pouvoir bouger. D'ailleurs, je n'ai plus rien à bouger, mes membres sont en poussière. Je sens mon coeur défaillir, mes yeux ne m'offrent plus qu'une obscurité éternelle. Encore quelques microsecondes, des sensations, qui s'éloignent, je m'éloigne... Je...

Salut à la Corée du Nord!

La chanson ci-dessous salue la volonté Nord Coréenne d'avoir la bombe atomique...

05 mai 2014

Un peu de techno...

Pas logie! Juste de la musique bien bruyante, comme il m'arrive encore d'en écouter. Bonne audition, et attention à vos tympans!

02 mai 2014

Réactions suite aux commentaires

Tout d'abord, un grand merci à tous: que vous soyez d'accord avec moi (et c'est flatteur), ou pas du tout, vous avez tous exprimés de manière intelligente et construite des idées et des réflexions concernant mes écrits.

Je tiens donc à répondre tant à mes détracteurs qu'à ceux qui m'accordent du crédit.

1° Je ne suis qu'un blogueur
Oui, je ne fais qu'exprimer mes opinions et mes idées. Je n'ai jamais revendiqué une quelconque compétence de journaliste. D'ailleurs, c'est en cela que je suis écoeuré par le discours allant vomir sur la presse, et sur ce qu'est le journalisme. Il n'y a jamais eu, et il n'y aura jamais ici autre chose que mes réflexions que j'expose à la critique.
Le blogueur chronique les évènements, il donne son avis.
Le journaliste relate les faits, et n'a pas pour rôle (sauf s'il n'annonce clairement) de fournir son point de vue.

Ce sont deux exercices notablement différents.

Je vais faire un parallèle osé: pourquoi les gens veulent donner foi à "un blogueur", quand ils critiquent le concept même de religion ou de dogme? Quand un blogueur, comme moi, donne ses opinions, il le fait à son propre titre. Cela veut clairement dire qu'il s'agit non pas d'un travail de presse, mais d'une mise en avant de sa propre personne. Alors, pourquoi donner foi à des opinions, alors que de l'autre côté on est supposé avoir un travail de fond?

2° Le "net" underground
L'immense majorité des utilisateurs du net a que peu de connaissance de ce qu'il existe en dehors des recherches Google, et encore moins des possibilités qui existent de s'exprimer sans être tributaires des géants de la communication.
Bien évidemment qu'il existe des milliards de pages que Google ne détient pas dans sa mémoire! Bien sûr qu'il y a une toile souterraine... mais qui s'en préoccupe? A aujourd'hui, les utilisateurs ordinaires voient Google comme les pages jaunes, ceci sans vraiment en comprendre le fonctionnement réel. De la même manière, que les sources soient Facebook, Twitter, Reddit et j'en passe, toutes ces sources sont des entreprises, susceptibles de censurer de manière complètement unilatérale, et ceci sans véritable capacité de s'en défendre. Comme l'a dit B.Bayard, ces énormes structures sont du minitel 2.0, avec tous les problèmes qui en découlent.
L'usage du "underground"? C'est un choix moral, voire même politique, et force est de constater que, de toute façon, il y a tant des activités "moralement acceptables", que du "infect et nauséabond" dans ce monde souterrain.

Mon constat personnel? Sans visibilité, difficile de faire passer des idées. Choisir l'anonymat souterrain? C'est un choix qui peut relever tant de la sécurité personnelle (dissidence chinoise par exemple), que de la volonté de ne pas être pris par la justice (trafics en tout genre, monde du piratage...). De ce fait, je n'ai pas abordé ces questions, au titre qu'elles sont quelque peu "hors de propos". Oui, évidemment que le souterrain existe, qu'il est actif, mais de là à croire qu'il parvient à influencer les masses, je reste plus que prudent. D'ailleurs, je crois que, malheureusement, la surexposition des monstres tels que Facebook amènent à cacher tout ce qui pourrait amener la foule à s'ouvrir. Le pouvoir de ces structures est ahurissant, à un point tel qu'il sert d'aujourd'hui de profiling social, voire même de dispositif utilisé par les gouvernements pour procéder à des enquêtes. EDVIGE? A la limite du superfétatoire, puisque les gens se chargent eux-mêmes de se ficher...

3° Pourquoi la presse doit vivre?
Parce qu'elle a fait ses preuves. Contrairement aux réseaux qui sont détenus par les états ou les entreprises privées (qui, de fait, sont tenues de se soumettre aux premiers), la presse papier peut survivre par l'édition, être distribuée, transmise, sans avoir le moindre objet technologique en main. Ca ne fait pas d'elle la panacée sur sa qualité, mais elle a au moins l'avantage d'être présente quoi qu'il puise réellement arriver. Selon moi, croire que la toile est en soi une bonne source, c'est une réflexion de "riche". L'immense majorité du monde n'a pas réellement accès à l'information, soit parce que les gens n'ont pas de connexion internet (tiers-monde), ou parce que ces mêmes personnes vivent en dictature (Chine par exemple). En conséquence: l'information circule autrement que par la toile, sous la forme de journaux illégaux, imprimés par des gens déterminés à faire circuler quoi qu'il en coûte des vérités autres que celles détenues par le parti en place. C'est notamment le cas en Corée du Nord où l'on fait parvenir des documents aux habitants, soit sous la forme de clés USB, soit carrément sous la forme d'imprimés, de sorte à ce qu'ils puissent contourner la censure et donc aider à sortir de la propagande d'état.

4° Qu'en est-il de moi?
Pourquoi croit-on que l'opinion sur la toile serait plus saine et structurée que celle dans la presse? Les mêmes clichés, les mêmes propos, les mêmes problématiques apparaissent de chaque côté, pour la simple et évidente raison que la toile est une entité appartenant à la société, et pas quelque-chose de complètement dissocié de celle-ci. Etre actif sur la toile, ça ne sous-entend pas prendre de la hauteur par rapport à la société. Pour moi, cela signifie juste prendre part aux débats, mais de manière différente. Or, l'ennui fondamentale, pour ne pas dire la mésentente, c'est l'intime conviction qu'on peut avoir quand on "pense" pouvoir être "dans le vrai", ceci en l'étalant à qui veut bien le lire. C'est pour cela que je ne désactiverai jamais les commentaires, quitter à les laisser partir dans de mauvaises directions. A mes yeux, je préfère le débat contradictoire, que l'aspect péremptoire que prennent de plus en plus de blogs. Je ne suis pas omniscient, pas plus que j'ai "la" bonne analyse. La seule chose dont j'ai l'intime conviction, c'est qu'en échangeant, en laissant un droit de réponse, qu'on obtient un résultat et un progrès.
Pour ce qui est de mes compétences d'analyse: elles sont si réduites qu'elles s'adossent globalement à nombre de sites, mais avant tout à des livres que je dévore sans compter. A mon sens, je donne mes conclusions, mais elles n'ont de valides que pour moi. Je peux tout à fait manquer une énorme part de la Vérité, soit parce que je n'ai pas creusé dans la bonne direction, soit parce qu'il y a des choses dont j'ignore l'existence! Ca ne veut bien entendu pas dire que j'ai tort, mais pour autant, mais cela m'impose une bonne dose d'autodérision et d'humilité.

5° Conclusions hautement égocentriques
"Je suis d'accord avec moi-même". Voilà ce qu'est un blog.
"Je vous montre un point de vue, faites vous votre opinion". Voilà ce que fait, en principe, un journaliste.

Je compte sur tous mes lecteurs pour qu'ils fassent preuve de sens critique. Je dirais même que je l'exige, parce que c'est la seule manière de ne pas devenir dogmatique.

Enfin, la solution qui me semble la plus envisageable est que le blog reste ce qu'il est, à savoir un support à idées, et que la presse opère sa mutation pour s'insérer dans le monde de l'informatique. A aujourd'hui, trouver un modèle économique viable pour faire vivre une rédaction n'a rien de simple. Est-ce pour autant une raison de faire disparaître ces compétences, ces réseaux, bref de faire mourir ce qui est, selon moi, un des outils les plus importants à venir? Qu'on me dise qu'il y a nombre de journaux qui ne méritent même pas d'être édités, ça je ne peux qu'acquiescer. Qu'on aille jusqu'à mettre tout le monde dans le même panier? Ca non, je m'y refuse clairement. Nombre de journaux se battent pour survivre, pour ne pas être dévorés par les multinationales de l'édition, et ces mêmes journaux tentent de garder une ligne éditoriale claire et saine. Typiquement, je n'aime pas du tout le canard enchaîné, mais pour autant, c'est un journal qui a le mérite d'assumer sa ligne de conduite, et dont les journalistes ont tant une compétence certaine dans le domaine de l'analyse politique, que dans la qualité de leurs réseaux d'information. Est-ce que ce journal doit mourir? Si l'on s'en tient à ce qui a pu être dit ailleurs qu'ici... oui. Pour moi? Hors de question!