02 mai 2014

Réactions suite aux commentaires

Tout d'abord, un grand merci à tous: que vous soyez d'accord avec moi (et c'est flatteur), ou pas du tout, vous avez tous exprimés de manière intelligente et construite des idées et des réflexions concernant mes écrits.

Je tiens donc à répondre tant à mes détracteurs qu'à ceux qui m'accordent du crédit.

1° Je ne suis qu'un blogueur
Oui, je ne fais qu'exprimer mes opinions et mes idées. Je n'ai jamais revendiqué une quelconque compétence de journaliste. D'ailleurs, c'est en cela que je suis écoeuré par le discours allant vomir sur la presse, et sur ce qu'est le journalisme. Il n'y a jamais eu, et il n'y aura jamais ici autre chose que mes réflexions que j'expose à la critique.
Le blogueur chronique les évènements, il donne son avis.
Le journaliste relate les faits, et n'a pas pour rôle (sauf s'il n'annonce clairement) de fournir son point de vue.

Ce sont deux exercices notablement différents.

Je vais faire un parallèle osé: pourquoi les gens veulent donner foi à "un blogueur", quand ils critiquent le concept même de religion ou de dogme? Quand un blogueur, comme moi, donne ses opinions, il le fait à son propre titre. Cela veut clairement dire qu'il s'agit non pas d'un travail de presse, mais d'une mise en avant de sa propre personne. Alors, pourquoi donner foi à des opinions, alors que de l'autre côté on est supposé avoir un travail de fond?

2° Le "net" underground
L'immense majorité des utilisateurs du net a que peu de connaissance de ce qu'il existe en dehors des recherches Google, et encore moins des possibilités qui existent de s'exprimer sans être tributaires des géants de la communication.
Bien évidemment qu'il existe des milliards de pages que Google ne détient pas dans sa mémoire! Bien sûr qu'il y a une toile souterraine... mais qui s'en préoccupe? A aujourd'hui, les utilisateurs ordinaires voient Google comme les pages jaunes, ceci sans vraiment en comprendre le fonctionnement réel. De la même manière, que les sources soient Facebook, Twitter, Reddit et j'en passe, toutes ces sources sont des entreprises, susceptibles de censurer de manière complètement unilatérale, et ceci sans véritable capacité de s'en défendre. Comme l'a dit B.Bayard, ces énormes structures sont du minitel 2.0, avec tous les problèmes qui en découlent.
L'usage du "underground"? C'est un choix moral, voire même politique, et force est de constater que, de toute façon, il y a tant des activités "moralement acceptables", que du "infect et nauséabond" dans ce monde souterrain.

Mon constat personnel? Sans visibilité, difficile de faire passer des idées. Choisir l'anonymat souterrain? C'est un choix qui peut relever tant de la sécurité personnelle (dissidence chinoise par exemple), que de la volonté de ne pas être pris par la justice (trafics en tout genre, monde du piratage...). De ce fait, je n'ai pas abordé ces questions, au titre qu'elles sont quelque peu "hors de propos". Oui, évidemment que le souterrain existe, qu'il est actif, mais de là à croire qu'il parvient à influencer les masses, je reste plus que prudent. D'ailleurs, je crois que, malheureusement, la surexposition des monstres tels que Facebook amènent à cacher tout ce qui pourrait amener la foule à s'ouvrir. Le pouvoir de ces structures est ahurissant, à un point tel qu'il sert d'aujourd'hui de profiling social, voire même de dispositif utilisé par les gouvernements pour procéder à des enquêtes. EDVIGE? A la limite du superfétatoire, puisque les gens se chargent eux-mêmes de se ficher...

3° Pourquoi la presse doit vivre?
Parce qu'elle a fait ses preuves. Contrairement aux réseaux qui sont détenus par les états ou les entreprises privées (qui, de fait, sont tenues de se soumettre aux premiers), la presse papier peut survivre par l'édition, être distribuée, transmise, sans avoir le moindre objet technologique en main. Ca ne fait pas d'elle la panacée sur sa qualité, mais elle a au moins l'avantage d'être présente quoi qu'il puise réellement arriver. Selon moi, croire que la toile est en soi une bonne source, c'est une réflexion de "riche". L'immense majorité du monde n'a pas réellement accès à l'information, soit parce que les gens n'ont pas de connexion internet (tiers-monde), ou parce que ces mêmes personnes vivent en dictature (Chine par exemple). En conséquence: l'information circule autrement que par la toile, sous la forme de journaux illégaux, imprimés par des gens déterminés à faire circuler quoi qu'il en coûte des vérités autres que celles détenues par le parti en place. C'est notamment le cas en Corée du Nord où l'on fait parvenir des documents aux habitants, soit sous la forme de clés USB, soit carrément sous la forme d'imprimés, de sorte à ce qu'ils puissent contourner la censure et donc aider à sortir de la propagande d'état.

4° Qu'en est-il de moi?
Pourquoi croit-on que l'opinion sur la toile serait plus saine et structurée que celle dans la presse? Les mêmes clichés, les mêmes propos, les mêmes problématiques apparaissent de chaque côté, pour la simple et évidente raison que la toile est une entité appartenant à la société, et pas quelque-chose de complètement dissocié de celle-ci. Etre actif sur la toile, ça ne sous-entend pas prendre de la hauteur par rapport à la société. Pour moi, cela signifie juste prendre part aux débats, mais de manière différente. Or, l'ennui fondamentale, pour ne pas dire la mésentente, c'est l'intime conviction qu'on peut avoir quand on "pense" pouvoir être "dans le vrai", ceci en l'étalant à qui veut bien le lire. C'est pour cela que je ne désactiverai jamais les commentaires, quitter à les laisser partir dans de mauvaises directions. A mes yeux, je préfère le débat contradictoire, que l'aspect péremptoire que prennent de plus en plus de blogs. Je ne suis pas omniscient, pas plus que j'ai "la" bonne analyse. La seule chose dont j'ai l'intime conviction, c'est qu'en échangeant, en laissant un droit de réponse, qu'on obtient un résultat et un progrès.
Pour ce qui est de mes compétences d'analyse: elles sont si réduites qu'elles s'adossent globalement à nombre de sites, mais avant tout à des livres que je dévore sans compter. A mon sens, je donne mes conclusions, mais elles n'ont de valides que pour moi. Je peux tout à fait manquer une énorme part de la Vérité, soit parce que je n'ai pas creusé dans la bonne direction, soit parce qu'il y a des choses dont j'ignore l'existence! Ca ne veut bien entendu pas dire que j'ai tort, mais pour autant, mais cela m'impose une bonne dose d'autodérision et d'humilité.

5° Conclusions hautement égocentriques
"Je suis d'accord avec moi-même". Voilà ce qu'est un blog.
"Je vous montre un point de vue, faites vous votre opinion". Voilà ce que fait, en principe, un journaliste.

Je compte sur tous mes lecteurs pour qu'ils fassent preuve de sens critique. Je dirais même que je l'exige, parce que c'est la seule manière de ne pas devenir dogmatique.

Enfin, la solution qui me semble la plus envisageable est que le blog reste ce qu'il est, à savoir un support à idées, et que la presse opère sa mutation pour s'insérer dans le monde de l'informatique. A aujourd'hui, trouver un modèle économique viable pour faire vivre une rédaction n'a rien de simple. Est-ce pour autant une raison de faire disparaître ces compétences, ces réseaux, bref de faire mourir ce qui est, selon moi, un des outils les plus importants à venir? Qu'on me dise qu'il y a nombre de journaux qui ne méritent même pas d'être édités, ça je ne peux qu'acquiescer. Qu'on aille jusqu'à mettre tout le monde dans le même panier? Ca non, je m'y refuse clairement. Nombre de journaux se battent pour survivre, pour ne pas être dévorés par les multinationales de l'édition, et ces mêmes journaux tentent de garder une ligne éditoriale claire et saine. Typiquement, je n'aime pas du tout le canard enchaîné, mais pour autant, c'est un journal qui a le mérite d'assumer sa ligne de conduite, et dont les journalistes ont tant une compétence certaine dans le domaine de l'analyse politique, que dans la qualité de leurs réseaux d'information. Est-ce que ce journal doit mourir? Si l'on s'en tient à ce qui a pu être dit ailleurs qu'ici... oui. Pour moi? Hors de question!

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