26 février 2007

Parallèle osé

Certains parallèles sont difficiles à faire, d’autres sont même à éviter tant l’on risque l’opprobre publique et le pugilat, et pourtant là, suite à quelques lectures instructives dont je mettrai les informations en fin d’article j’ai craqué, je cède à la tentation.

C’est fou comme comparer certaines situations avec d’autres offrent des éclairages différents, des compréhensions autrement plus fines et acerbes que celles qu’on revendique jour après jour et qu’on jette à la figure telle de la nourriture négligemment larguée dans nos mangeoires télévisuelles. Regardez un peu l’excès de biens (au sens marchandises) auquel on a le droit dans cette phase finale d’élections ! c’est spectaculaire, impressionnant tant la propagande se charge de nous inciter à voter pour tel ou tel candidat. Pour un peu j’irais même jusqu’à affirmer avec culot qu’on a le même battage pour chacun d’eux que celui pratiqué par les marques de jouets à l’époque honnie, pour moi du moins, de noël.

Jusque là le constat est banal, usé et ressassé à chaque fin de règne mais tout de même, qu’est ce que je mets en parallèle ? des jouets avec des figures politiques ? pas du tout bien que l’expression « grand échiquier » convienne fort bien aux manœuvres traitresses effectuées à grands renforts de critiques amères par les têtes de listes. Franchement, ma mise en situation va venir, un peu de patience… mais là c’est le moment de l’avertissement, de la prise de précaution nécessaire avec un lectorat que je peux soupçonner, à tort ou à raison, de parti pris ou tout du moins de favoritisme un peu militant. De fait, je conseille à chacun de se rappeler que je ne vais pas poser une critique envers un discours ou bien une idéologie mais sur une méthodologie et ce en la plaçant face au miroir cruel de l’histoire.

Commençons par la froide mise en situation de l’image du passée face à celle du présent et peut-être du futur : prenons un candidat parmi les autres, monsieur Sarkozy et servons nous de sa popularité pour la comparer point par point avec la période noire de la prise du pouvoir par les nazis entre 1927 et 1933. Là j’entends déjà les hurlements de colère : « Comment ?! oser comparer Monsieur S. avec les fascistes ?! Quelle honte ! » On se calme l’aboyeur défendant sa niche comme un cerbère bien embrigadé ! Je le répète une dernière fois : je compare les METHODES et non les IDEES. Je reprends donc après cette vulgaire interruption du lobotomisé pour prendre point par point les étapes de la progression et de l’éventuelle prise de pouvoir.

Les prémices :
M. Sarkozy est apparu depuis plusieurs années comme le « parasite », l’épine dans les pieds de l’ancienne garde de la droite classique. A plus d’un titre il a symbolisé la montée d’une révolte interne n’hésitant pas à piétiner les plats de bande de la droite dure voire extrême en revendiquant une haute opinion de l’Etat et une ferme colère contre les échecs de la gauche « molle ». Populiste, efficace orateur pour qui peut être séduit par un discours axé sur la sécurité et l’ordre, M.S. a posé les fondements d’une nouvelle droite rajeunie et affermie.
1927 : Hitler pousse de plus en plus de gens de la droite déçus par la république de Weimar vers son parti, celui qui affiche clairement une rage féroce contre le communisme envahissant et un désir de nationalisme retrouvant enfin son honneur. L’un dans l’autre les mots sont proches tout en traitant de sujets légèrement différents : l’un réaffirme que la France doit redevenir une grande nation, l’autre revendique une identité qui s’est dissoute peu à peu dans la faiblesse de l’état Germanique.
L’un comme l’autre c’est l’aspect abordable des idées, la force des slogans rappelant à tous que l’identité nationale est vitale qui les a menés à la popularité. N’oublions pas non plus que sans le ralliement de nombreux petits partis satellites Hitler n’aurait rien été d’autre qu’un agitateur de taverne…

L’agitation comme propagande :
Secouer pour provoquer l’explosion est une arme dangereuse surtout quand on serre le tube de nitroglycérine entre les doigts. M.S. a jonglé des mois durant avec la colère populaire contre l’insécurité, profité des phénomènes suscités par la misère et le ras le bol généralisé pour enfin devenir vindicatif en s’assurant que le peuple (disons sa partie dite populaire) le suive dans ses discours de plus en plus acérés. Au sein du parti le même combat d’une élite commence : d’un côté la vieille garde inquiète de la montée du grognard agressif, de l’autre des désavoués se trouvant là un fanion qu’on peut défendre et placer sur le devant de la scène.
Agiter le bocal allemand entre 1930 et 1933 a été aisé : placer la SA commandée par un Röhm prêt à tout pour la révolution mais détesté par l’armée, s’en servir contre les partis résistants à la poussée nazie puis finalement s’en défaire en déclarant l’ancien allié traitre à la patrie, voici la prise de pouvoir d’Hitler. N’oublions pas au surplus que bon nombre des postes tenus au gouvernement jusqu’au début de la deuxième guerre mondiale étaient tenus non par des nazis mais par des membres de la droite traditionnelle ! En restant sur ce parallèle on peut donc supposer que bon nombre des soutiens à M.Sarkozy pensent pouvoir le contrôler une fois sa position affermie… sauf qu’on peut envisager le même échec tant son tempérament fier et orgueilleux ne permettront pas de telles manipulations sans son accord tacite.

Le pouvoir dans la ligne de mire :
Tout d’abord valet du pouvoir en étant ministre, puis chef du parti pour s’assurer les bonnes grâces des têtes d’affiche M.Sarkozy est aujourd’hui l’image concrète d’un candidat plébiscité, du moins en théorie, par la « base ». A présent opposé à tous les autres, il est sur la dernière marche, prêt à prendre le relais du président Chirac, et ce en l’ayant peu à peu égratigné en se plaçant sur le devant de la scène.
Hitler en devenant chancelier se devait de négocier et tergiverser afin de rester dans une logique d’état fort mais non dictatorial basé sur le culte de sa personnalité… mais à la mort du président Hidenburg sa prise de pouvoir fut totale et irréversible. La fin des droits et le début d’une dictature centre sur son pouvoir oligarchique omnipotent.

L’avenir dans une dictature ?
Je ne vais pas pousser le vice jusqu’à craindre une dictature policière, mais tout de même n’est-ce pas là une des principales actions menées par M.Sarkozy : renforcement des mesures de sécurité, élargissement des pouvoirs, augmentation des expulsions de clandestins, durcissement des sanctions pénales… Hitler a agi de même en créant, du moins on suppose qu’il en a été l’instigateur la loi de la détention préventive. Nous devons donc au système nazi d’avant guerre des termes juridiques toujours en activité et dont la légalité réelle laisse perplexe.

Pour référence reportez vous à l’ouvrage suivant :

Ian Kershaw
Hitler : Essai sur le charisme en politique
Edition Folio histoire
ISBN : 2-07-041908-8

19 février 2007

Questions...

Si je devais mener une interview avec moi-même, chose dont je suis capable vu mon égo démesuré et ma faculté à me dédoubler mentalement, je disais donc si je devais me poser des questions et en rédiger un bilan je crains que le résultat serait des plus navrants. A force de croire à mon identité et mon statut d’être unique et indivisible avec mon corps (bien que l’âme s’envole tôt ou tard, avec un poids de 21 grammes d’après S.Freud) soient acquis, j’ai fini par m’auto convaincre de qualités dont je ne suis pas le détenteur. Quel drame d’accepter bon gré mal gré que, finalement, je suis tout aussi corrompu, bas et fielleux que n’importe quel être qui a eu le malheur de traîner son uniforme noir… pardon ses guêtres sur cette hostile.

A qui dois-je donc des comptes en dehors de Dieu ? suis-je finalement comme tout bon cotisant du tout-puissant, l’âme en attente du passage à la balance céleste afin d’en peser la noirceur et les escarres moraux ? toute proportions gardées je ne me crois pas en position de réclamer un jugement équitable et encore moins exécutable sur le champ de la part des instances éternelles. Qu’on en m’en veuille pas, ce n’est pas mon manque de foi qui va à l’encontre des juridictions bibliques, c’est surtout que moi et les soutanes, c’est un peu comme les déportés et les miradors, ça n’a jamais fait bon ménage. Bien évidemment, le doute reste encore de mise, l’équation permettant d’identifier que Dieu est en chacun de nous n’est pas rédigée en termes scientifiques et c’est tout juste si l’ésotérisme a une quelque efficacité pour me convaincre des valeurs des slogans patriarcaux gravés dans la roche.

Tu ne tueras point… ça il serait temps de l’enfoncer dans les crânes vides des soldats arpentant les rues trois par trois le fusil à l’épaule. C’est vrai quoi, en quoi tuer devient un pêcher ? oublierait on qu’on a tué, torturé et brûlé vif pour la seule présence d’une écriture aux capacités infinies d’interprétations ? l’inquisition a fait un véritable plaidoyer pour la torture, le massacre de masse et la diabolisation des symboliques telles que le chat noir, la femme hirsute et l’utilisation de plantes dans les soins dentaires. De fait, ma position est délicate puisque je dois me poser la question (non sens tant psychologique que littéraire) du bien fondé du meurtre dans notre société. Une fois de plus je n’ai pas la réponse, mais j’avoue qu’un petit massacre… et puis non il faudrait alors qu’on me confie des travaux de terrassement et d’aménagements du territoire pour la création de grandes fosses communes.

Suis-je donc stupide au point de croire que mes opinions ont une quelconque portée en dehors du tube cathodique (ou pour les plus modernes l’écran plat dit LCD) ? Je doute que ma position est celle qui me va droit au cœur, celle du néant. Je serai oublié, effacé, dégradé et pas même censuré puisqu’il n’y aura pas de critique suffisamment fou pour perdre son temps avec mes élucubrations linguistiques. Ah, que n’aurais je donc donné pour être représentatif de la colère intérieure des adultes déprimés ! que n’aurais je pas dit pour être le symbole d’un réveil social ! ah… et puis non mon emploi du temps n’aurait pas convenu… encore une question qui ne mène qu’au constat de mon impuissance morale et de ma vacuité intellectuelle.

Alors donc si ça ne sert à rien pourquoi suis-je encore là à m’obstiner à déblatérer des lieux communs sur ma petite personne égocentrique ? pour le plaisir (ta gueule Herbert !) voyons ! les rares paires d’yeux se couchant sur ma prose sont autant de caresses murmurées par un être délicat au réveil d’une nuit trop courte et d’un ébat jamais assez long. Ainsi, je suis probablement l’anti exhibitionniste primaire qui se cache en chacun de nous, celui qui va vomir sur les propos des autres, tout en entretenant pour lui-même la fausse prétention d’avoir une once de jugeote.

Conclusions : je me pose trop de questions, et ma double personnalité s’accommodera mal avec le silence. J’ai besoin de râler, pester et grogner gratuitement sur en vrac les imbéciles, les non votants, les politiciens, les cons qui ne réfléchissent pas (pléonasme), les riches, les puissants et j’en passe.

14 février 2007

Saint… et puis …

Jour des fleurs accumulées dans les vases, des sourires tendres et amollis par le présent de l’être cher, le 14 Février est une journée dont le ridicule dispute la place du « jour le plus con » aux journée du maire, fête des grands parents et j’en passe et des pires. Pourquoi diable faudrait-il qu’on instaure des périodes calendaires pour se souvenir de notre entourage ? qui n’a pas ri du ridicule de l’homme entassé le jour dit avec ses congénères devant la vitrine d’une bijouterie de pacotille, ceci dans la quête expiatrice du bijou « qu’elle n’a pas encore » dans son capharnaüm subtilement nommé boite à bijoux ? personnellement je trouve lamentable de devoir être empressé à ce point un jour par an, les autres étant réservés aux réveils sordides la bouche pâteuse, aux soirées mollassonnes devant une télévision poubelle et aux week-ends piteux dans le trou paumé ou personne ne va jamais.

Bien évidemment que l’émotion va être mise en avant, ce sourire circonstancié et avenant afin de faire comprendre à l’autre qu’on n’a pas oublié, que oui on fait un geste et qu’ « il n’y a pas de personne plus adorable que toi ». L’attendrissement guette alors, les yeux s’embuent et les joues rosissent à la vue du présent rapidement emballé dans un papier à cœurs rouge ou rose, le tout s’accompagnant de l’accolade et du baiser qui se doit d’être au moins aussi chaleureux que le geste. Dites, les hypocrites, vous pourriez faire l’effort de penser au conjoint plus d’une fois l’an ?

Que dire à l’autre, on se doit bien entendu de ne pas rire ou se moquer de « l’intention qui compte », et je reconnais bien volontiers aux couples fraichement unis dans le bonheur à qui succèdera tôt ou tard un désarroi pathétique une vraie intention de plaire et de faire plaisir, mais les autres, parmi celles et ceux qui agissent comme le bétail vagissant dans les parfumeries, fleuristes et bijoutiers, oui combien sont sincères dans l’acte d’offrande et d’idolâtre compensation ? à tout prendre, je crois qu’ils sont aussi sincères que Pinochet ou bien Kadhafi quand ils parlent de démocratie.

On va me traiter de réactionnaire, me taxer d’indifférence et de célibataire aigri, mais bordel regardez vous donc ! qui de vous a offert à votre partenaire autre chose qu’un bonjour piteux et ensommeillé durant ces derniers mois ? réfléchissez bien, soyez sincères avec vous-mêmes et surtout avec l’autre qui n’attend que quelques signes simples pour être heureux. Ca me déprime de me dire que la jolie jeune femme au regard plein d’amour et de tendresse pour l’homme qui l’accompagne devra se contenter d’une charité annuelle, le reste se planifiant entre les sorties hebdomadaires, les anniversaires des deux familles et oh grand moment d’extase conjugale la célébration de la première sortie commune.

Vous me trouvez dur et cruel pour ces couples qui s’aiment ? vous criez au scandale alimenté par mon ulcère et mes nerfs à vif ? loin s’en faut, je me trouve même modéré vu le niveau insultant qu’atteint aujourd’hui la Saint Valentin. L’esprit bon sang, l’esprit est à lui seul mort, enterré, déterré, souillé puis crucifié sur les devantures couvertes de brillantine et de rubans monochromes, le sens même du terme aimer en vient à être aigre et malsain. Aimez vous, sincèrement, chaque jour et non une fois par an !

Demain sera à nouveau un jour comme les autres, classique, sans le relief de ce jour de saint valentin où les amoureux s’enlacent sur les bancs publics… bancs publics…

13 février 2007

Adulte erre…

Ca y est, l’enfant a quitté la bulle parentale, terminé sa croissance si ruineuse chez les fripiers et enfin mis un terme à ses études longues, pénibles et totalement vaines. Le voilà pimpant, fraichement diplômé et fier de pouvoir accrocher à son mur ce bout de papier imprimé à la chaîne que oui il a bien passé l’examen final validant son absentéisme maladif ainsi que son incompétence chronique sur les sujets abordés. Comment lui dire qu’il n’est pas sorti grandi de l’expérience des amphithéâtres désertés et des TP aux sujets antédiluviens ? c’est si difficile de ne pas déceler de la fierté dans les regards emplis de larmes des parents enfin convaincus que l’échéance finale du départ du parasite est bien proche. C’est superbe cette foi de la mère qui embrasse son enfant devenu grand en lui murmurant « tu pourras travailler à présent » car c’est bien là l’objectif final : mettre le rejeton sur le marché de l’emploi puis si possible le caser dans le premier studio ou meublé passant à proximité d’oreilles.

Ah les vingt ans, cette ère des joies et peines des premiers entretiens d’embauche, ces jours difficiles où le jeune adulte doit se passer de la voiture de papa au profit du bus ou du métro ! le choc est terrible car la mobylette remisée au fin fond du garage ou de la cave est devenue ringarde et le scooter si « in » est hors de portée du pécule du morveux se mouchant dorénavant seul. Là commence les problèmes imprévus pour les parents : si le budget et le physique le permettent on continue à entretenir partiellement l’oisillon qui transforme ses rares (voire inexistantes) économies en soirées alcoolisées ou en restaurants inabordables. Les temps de colères sont lointains se disent les géniteurs, lassés, usés et lessivés par tant d’efforts et de nerfs mis à rudes épreuves. Doit-on les blâmer de ne plus avoir de ressource pour générer une quelconque révolte ? à mon sens l’héroïsme ordinaire a ses limites que seuls des parents peuvent connaître.

Quoi qu’il en soit, l’adulte est encore en sommeil, trainant de ci de là au fin fond de l’âme infantilisée de ce grand dadais à coup de télévision poubelle et de Mc Donald ingurgité à la va vite. Horreur, il préfère donc le bidule au poulet au bœuf bourguignon de maman ! Scandale, il se met à fumer comme papa et n’hésite plus à lui souffler la politesse sur le dernier paquet caché dans la commode ! Las des tremblements des mains à force d’usure l’un des deux se décidera enfin à dire au fiston « bon toi tu sors, tu fais ton sac et tu te barres »… du moins en rêves et songes d’une douceur opiacée digne des plus grandes errances baudelairiennes. Et le petit matin se lève, glauque et mou sur les ronflements du fainéant avachi sur sa couche après une nuit blanche crapuleuse chez un « pote ».

Ho, rapidement il ou elle se décidera à convoler avec l’être aimé(e), assurant aux parents enfin débarrassés du « problème » qu’ils paieront sans souci le loyer et les charges, ceci tenant jusqu’à la première lettre de relance bien entendu. Là les points de vue divergent entre ceux fermement décidés à repousser l’attaque vicieuse du descendant en lui rappelant « vous avez décidés, vous assumez », et ceux connaissant le risque inhérent aux dettes, c'est-à-dire le retour de l’enfant prodige après sa première faillite personnelle. Ainsi le chéquier prendra alors des couleurs indéfinissables allant du rouge des joues empourprées de colère du père au violet du banquier affolé par une sortie si soudaine de fonds en grandes quantités. Mais quand on aime on ne compte pas…

Ah ça pour le ressortir le geignard saura y faire ! ne pas compter, surtout ne pas tenir de comptabilité des erreurs, errances et âneries accumulées sur la décennie entre la sortie de l’école et celle de la stabilisation, c’est donc mettre en veille la rage qui s’accumule alors dans la cocotte minute déjà bien pleine d’une ascendance au bord de l’explosion furibonde. Le « Je vais lui péter la gueule à ce grand con » s’apprête à déborder des lèvres couvertes d’écumes enragée et l’on envisage même une intervention de Monsieur Pasteur pour soigner le père devenu impossible à maitriser. Mettez vous donc à sa place à ce pauvre vieux : vingt ans de lente agonie en priant tous les dieux de voir le résultat de l’erreur funeste réussir à prendre son premier et définitif envol, tous ces rêves anéantis par l’accablante inconséquence d’un mioche à qui « bordel on lui a pourtant expliqué comment gérer son argent ! ».

Pas de souci finalement, tôt ou tard l’enfant chéri(e) vous annoncera « je vais me marier » ou mieux encore « on va avoir un enfant ». CHOUETTE ! VENGEANCE ! Ils vont morfler eux aussi, payer la dette colossale en ne dormant plus, en se payant des ulcères à force de craintes injustifiées…

Et merde ils vont se souvenir qu’il y a les grands parents !

JULIE! Merde ferme cette foutue valise, ils arrivent avec les petits enfants! Mais grouille toi bordel ils vont nous voir!

12 février 2007

Une suite …

Comme si tous les malheurs du monde tenaient dans une seule main… c’est bien l’impression sordide que me laissent les adultes lorsqu’ils parlent des déboires vécus après l’âge tendre qui visiblement amène sur l’âge con. Quel parent n’a pas hurlé à la lune et au désespoir en devant découvrir que la gentille petite fille à couettes et nœuds rose bonbon cachait insidieusement une peste insupportable capable tour à tour de transformer sa chambre en réclame à chanteurs sans voix et machos, de se vêtir si mal qu’Emmaüs refuserait la tenue et surtout que le mot non n’est plus une provocation mais un devoir civique ? de tendre gamine votre progéniture aux doigts potelés s’est transformée en tornade intenable qui exige des libertés, réclame des droits et accessoirement creuse le cratère insondable du vide au fond du porte-monnaie.

Je n’ose pas imaginer le nombre de nuits blanches qu’un père ou une mère a pu passer à se torturer l’esprit pour le rejeton métamorphosé du jour au lendemain de l’état minot à l’état adolescent en se répétant « non les yeux rouges ce n’est pas la drogue, c’est juste qu’il joue trop aux jeux vidéos ». Terreur et panique sont les deux mamelles de la période intermédiaire entre le « petit con » et le « grand con » qui devance le « vieux con » à venir. N’oublions jamais que ce qu’on a pu faire adolescents eux aussi peuvent le faire et la liste si longue qu’il est indécent d’en tenter un inventaire. De la première cigarette à la première cuite jusqu’aux premiers ébats horizontaux ces années sont le sacerdoce des parents.

Bien sûr si l’on prend l’optique de l’ado les choses se déforment, s’amplifient ou au contraire se minimisent et ce dans des proportions strictement inverses à celles perçues par l’entourage : la gamelle à mobylette n’est qu’une « grosse bûche sans importance », le cocard pendant le concert rock-destroy-metal-death-heavy-je-sais-pas-trop-quoi se réduit à « ouais le concert, il était coooool », alors que le premier échec amoureux devient le drame national dont le tout à chacun se doit de partager, et la coupe de cheveux inappropriée s’avère être « la honte du siècle ». Surprenante ironie du sort, c’est à ce moment là que les parents, trop heureux de se replonger dans la tendre enfance du détritus qu’est devenu leur descendance, se pâment et arborent des albums de photos en souriant béatement. Là, c’est le cauchemar, la rupture inévitable, le choc des civilisations : horreur et cris se mêlent à la vue du pantalon de velours brun aux pièces cousues avec amour, à la coupe « afro sans le vouloir » ou à la mèche Claude François et fin du fin des supplices LA photographie du morveux en bas âge, nu comme un ver assis au bord de la mer. La vengeance se mange froide, les parents ont su garder le plat au réfrigérateur.

Comme les valeurs peuvent changer en l’espace de quelques semaines ! l’enfant se satisfaisait du vélo maintes fois bricolé, rafistolé et cabossé par les chutes sans gravité puis tout à coup le discours mue au même rythme que la voix : scooter, mobylette se profilent dans les gutturales mélopées de plaisir qu’expectore l’adolescent le nez plongé dans un magazine sans queue ni tête. Et ça ce n’est qu’à 14 ans, que dire alors de ces paralytiques imbéciles qui ont autorisé la conduite accompagnée ? voilà les parents horrifiés à l’idée de donner le volant à la jeune fille de 16 ans, pimpante, souriante et fraîche, du moins l’espèrent-ils en secret une fois la lampe éteinte, et qui a pour seul défaut de ne jamais savoir ce qui est à gauche ou à droite. La terreur se lit dans les regards, ils tremblent, ils frémissent en se disant simplement « faites qu’on en croise pas un » !

Mais le retour de la manivelle salvatrice n’est jamais loin. Ils vont en manger de la vache enragée les moutards, ça va saigner là où ça fait mal… les sorties ! quitte à se plaindre du tempérament asocial de la petite dernière s’assourdissant à coups de rock industriel autant lui apprendre les bonnes manières en lui posant les bornes des horaires et du refus catégorique si le pédigrée du soupirant ne convient pas aux mœurs de la maisonnée. « Pas plus tard que minuit », « lui ?! moi vivante JAMAIS ! » sont des armes de destruction massive du moral adolescent. Et que dire de la sanction divine de l’interdit de sortie le samedi et dimanche ? La force, une fois de plus est dans le camp du parent qui aigri après ces quasi deux décennies de supplice renvoie la balle aux emmerdeurs qui du culottes courtes sont passés aux jeans trois fois trop grands.

Cependant il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, l’adolescent pourra jouer la rébellion en pratiquant le silence de circonstance, l’absence de réaction aux commentaires divers et variés, comportement qui provoque d’ailleurs l’immanquable désespoir des géniteurs terrifiés à l’idée d’avoir élevés un zombie ou pire encore une amibe… mais LA dernière arme, la plus violente, la sanglante fermeture du portefeuille aura raison de toutes ces bravades certes héroïques mais jamais efficaces.

Finalement, une fois l’adolescent passé au statut de jeune adulte, les choses vont empirer…

09 février 2007

Croissance (première partie)

(Ce texte fait suite à une discussion avec une amie dont je tairai le nom)

La thématique de l’enfance est sans cesse reprise quelque soit le sujet abordé. C’est à se demander si nous en tant qu’adultes nous ne serions pas tentés de nous dédouaner de nos comportements en cherchant une interprétation lâche dans une quelconque raison antérieure. Ne dit t’on pas par exemple « il se comporte comme un enfant » ou bien pire encore « il est resté jeune dans sa tête » ? pourquoi l’enfant serait-il notre bouc-émissaire principal alors que nous sommes par essence les responsables de nos actes ?

On aura tôt fait de me dire que je suis cynique et que je défends vertement l’innocence infantile, et je répondrai à cette remarque que j’affirme que le gosse vaut mieux que dix adultes. C’est bien simple, si l’on plaçait un mioche au pouvoir, il trouverait soit le moyen de tous nous contenter en se mettant d’accord avec ses homologues, soit on serait tous atomisés au bout de quelques minutes de pratique du pouvoir. Le bac à sable est phénoménal d’un point de vue social puisque tout enfant y trouve sa place, quelque soit son ethnie ou même son handicap. Le regard discriminant chez les enfants n’est pas inné, mais un acquis que les parents se font fort de leur offrir en guise de cadeau de bienvenue en ce monde. Regardez donc cette marmaille se prêtant pelle, râteau et seau sans se poser de question sur le principe de propriété, ne sont ils pas attendrissant ? Ne grognez pas en prétextant les disputes et violences inhérentes au « c’est MON joujou » ou bien « Pas maintenant je joue avec », ils ne sont que le reflet d’utilisation temporaire et l’enseignement parental primaire sur les préceptes d’égo et surtout d’égoïsme bien placé. « Tu ne prêteras pas ton jouet à un inconnu », n’est-ce pas là une des règles d’or inculquée en bas âge ?

Depuis la naissance l’enfant est un scientifique alors que nous sommes des êtres dotés d’une masochiste sensiblerie : si l’on tend un hochet à un nourrisson celui-ci va procéder par ordre et ce d’une manière non pas empirique mais plutôt digne d’un laboratoire du CNRS ! en mains, forme agréable et toucher acceptable ; taper sur la tête, provoque douleur donc trop dur pour être utilisé avec force ; couleur perceptibles interprétées pour retrouver rapidement l’objet ; mis en bouche c’est non comestible donc rejet ; agitation, bruit intéressant mais surtout réaction béate de l’entourage proche. C’est donc ainsi que les parents s’extasient et que l’enfant lui secoue le jouet, hilare de voir des adultes se laisser abêtir par un bruit de grelots. Seulement l’adulte lui a un pouvoir vengeur, cruel et sans appel : il détient les clés de la nourriture et peut imposer des décisions incompréhensibles pour le mode de fonctionnement infantile primitif. Depuis la tétine enfoncée d’autorité dans la bouche de la petite victime en passant par la gamme des infections nommées « nourriture » (si si c’est marqué dessus) dont l’odeur répulsive fait même fuir les insectes les plus téméraires, l’adulte a un champ d’action et d’action de rétorsion évolué. Qui ne s’est pas posé la question de savoir si la couche n’est pas l’objet le plus intolérable pour la peau d’un enfant ? ne doit-on pas les rougeurs et irritations communes à ce carcan textile informe et finalement malodorant ?

Il est donc clair que dès l’âge le plus tendre on emprisonne notre progéniture pour mieux la contrôler.

Après, tel le plat froid dégusté de la vengeance sourdement fomentée, l’adulte expulse sa colère par des rites non seulement insupportables pour le gamin mais surtout totalement arbitraires. Que de nuits sans sommeil qu’on fait payer à sa descendance ! que de moments d’angoisse pour un simple rhume rendus au centuple ! le temps joue contre l’épanouissement et le mot « retard » est largement aspergé sur nos analyses : il parle « en retard », elle marche « en retard », ils sont « en retard », alors qu’en définitive ce n’est que nos méthodes par trop sadiques qui font que les enfants trainent au lieu de progresser. La mère qui cavale après les soldes ne traine t’elle pas son gosse d’un bras nonchalant au lieu de lui prêter une attention indispensable ? qui n’a pas râlé contre cette petite tête qui vient de découvrir à son corps défendant que le verre n’aime pas les chutes ? insidieusement on leur fait payer les soi disant misères des moments postnataux.

Et pardessus tout cela n’oublions pas ce comportement Pygmalion que chaque adulte a lors du choix des vêtements, des jouets ou pire encore du repas.

La suite au prochain article…

06 février 2007

Quelques notes au coin d’une page

Je me remémore souvent la manie qui me tenait au creux de son vice pendant cette enfance classique (sur laquelle je ne m’étendrai pas) et qui me rendait fou de tout ce qui peut se lire. Avide d’écriture, j’engloutissais tout ouvrage capable de m’offrir l’exil intellectuel ou bien la connaissance, un peu à l’instar de ces scientifiques proches de l’autisme se nourrissant l’âme de pages incompréhensibles par la majorité de la population et le corps à coups de pizzas froides. Bien évidemment cela déplut à la population infantile locale qui (déjà) me prenait pour un être bizarre, un rien timide et surtout susceptible de répondre à des questions imprévues comme la date de naissance d’un roi quelconque (chose dont je me suis départi aujourd’hui), un résultat de mathématique (pire encore…) ou le nom d’un obscur groupe de rock anglais traductible en « pierres qui roulent ».

Bref, c’est errant dans les bibliothèques et les bras chargés de ma drogue papetière que je pris conscience que l’Homme n’avait de respect que pour les choses pouvant se négocier. Moi qui vénérait (et vénère encore) toute forme de littérature (enfin presque, pardonnez-moi de faire l’impasse sur les polars populeux d’une Clark en panne d’inspiration…) voilà que je croisai le regard malsain d’un de ces adolescents gavés de coca cola, de hamburgers, de musique infâme et surtout de bêtise télévisuelle (en noir et blanc). Le barbare prenait un malin plaisir à annoter son livre d’un geste distrait, pliant la couverture et les pages telle une faux couchant l’herbe verte trop fraîchement coupée, arrêtant là sa vie végétale et végétative. Rage ! Colère ! comment osait-il saccager un livre !

Trop court sur pattes pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mes yeux se posèrent sur l’ouvrage torturé par ses soins. Je ne pouvais pas m’approcher pour voir quel auteur était ainsi violenté, mais pas à pas je me décidai, téméraire à venir lui demander sous quel prétexte il offrait sa prose stupide à un livre innocemment livré à ces supplices interdits. Couverture jaunâtre, impossible d’identifier l’origine… encore un pas de biais, prudence de mise afin que le fauve humain ne prenne pas la bravade pour un affront…

Soudain, satisfait de sa lecture, le grand dadais se leva, emporta son sac sur l’épaule (le fameux sac GI kaki 100% revendications populistes et gauchistes débutant) et sous le coude droite l’objet de ma légitime colère. Il se dirigea vers moi, m’ignora singulièrement de son imbécile regard morne porté sur la croupe d’une demoiselle de son âge, puis s’en fut, tel un zombie échappé d’un mauvais Roméro (pléonasme).

Loin de me défaire de cette obsédante incurie, je me tournai et vit que l’ouvrage, le pauvre livre tant maltraité n’était finalement… que les annales d’un BEPC sans intérêt ! L’étudiant de stupide m’apparut alors normal, maigrement, tristement ordinaire dans sa façon de réviser l’examen s’approchant à grandes enjambées. Quel imbécile je me sentis en constatant simplement qu’il ne faisait que ses devoirs et que le dit petit fascicule finirait de toute façon dans une corbeille ou sur le coin d’étagère poussiéreux qu’on réserve généralement à nos souvenirs enjolivés d’étudiant pathétique.

On ne m’y reprendrait plus me dis-je, plus question de défendre le livre envers et contre tout ! Qu’on brûle ceux inutiles scandai-je en moi-même quand une jeune fille, toute de bleu vêtue passa sous mes prunelles gamines… elle écrivait sur son livre de français.

Sus aux barbares !